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Nature


Nature

La nature de la diversification, c'est-à-dire sa composition et son rôle dans la stratégie des ménages en matière de revenus, varie substantiellement selon les zones agro-climatiques.

Dans les zones saheliennes et soudaniennes du nord, où l'agriculture est plus risquée et où les conditions agro-climatiques sont difficiles, la recherche de revenus extra-agricoles est plus "extravertie", c'est-à dire tournée vers la migration ou les activités dans les villes locales. Le but est de compenser autant que possible les risques liés à l'agriculture locale en trouvant des sources de revenus ne dépendant pas directement de l'économie agricole ou d'activités para-agricoles. Pour le Burkina Faso par exemple, le tableau 2 en annexe montre que la part des revenus provenant de la migration est de 10 % dans la zone sahélienne, 2 % la zone soudanienne, et seulement I % dans la zone guinéenne (pourcentage moyen sur une enquête de 4 ans, 1981 - 1984), avec des chiffres beaucoup plus élevés en années de sécheresse dans la zone sahélienne (environ 25 %). Reardon et al. (1993) montrent que dans les régions centrales ou du nord du Burkina Faso, du Niger et du Sénégal, près de la moitié des revenus hors exploitation provient d'activités directement lices, en amont ou en aval, à l'agriculture locale.

Pour le Burkina, le Niger et le Sénégal, Reardon et al. (1993) ont montré que la diversification est plus importante dans la zone sahélienne que dans la zone soudanienne, bien que les risques de sécheresse soient aussi grands dans les deux zones. Les ménages soudaniens sont ainsi plus dépendants de l'agriculture à haut risque de ces deux zones. Reardon et al. (1988) ont noté que, de manière traditionnelle, des ménages de la zone sahélienne ont toujours recherché d'autres sources de revenus hors du secteur agricole local afin de limiter les variations de revenus dues à la forte variabilité historique de la pluviosité. Or, d'un point de vue historique justement, la pluviosité et l'agriculture de la zone soudanienne ont été satisfaisants; ce n'est que depuis les dernières décennies que les sécheresses périodiques et leurs conséquences ont déstabilisé l'agriculture. Peu d'exploitants ont adopté des mécanismes d'ajustement comme ceux du nord.

A l'opposé, au sud, dans la zone guinéenne, où l'agriculture est moins risquée et où les conditions agro-climatiques sont plus favorables, la diversification est plus "introvertie", à savoir orientée vers les activités liées à la production (activités locales hors exploitation, en amont ou en aval de l'agriculture ou de l'élevage). Reardon et al. (1993) ont montré qu'au Burkina Faso, au Niger et au Sénégal, environ 90 % des revenus hors exploitation proviennent de ce type d'activités liées.

Dans les trois pays, environ 40 % des revenus de la zone guinéenne proviennent d'activités hors exploitation; ce pourcentage excède celui rencontré dans la zone soudanienne et est similaire à celui de la zone sahélienne. Mais il s'agit d'un pourcentage moyen qui cache des différences dans les activités hors exploitation à l'intérieur de la zone guinéenne. Les ménages de la zone guinéenne burkinabé, en raison de la forte densité de population, et nigérienne, en raison du trafic transfrontalier avec le Nigéria et le Bénin (voir Hopkins et Reardon, 1993) ont tendance à pratiquer beaucoup plus d'activités hors exploitation au niveau local que ceux de la zone sénégalaise du sud-est, moins densément peuplée. Anderson et Leiserson (1980) confirment ce point en notant que les infrastructures routières et la densité de population sont des déterminants de l'extension des activités hors exploitation liées à la production dans une région donnée.

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