Au niveau du ménage, il y a des déterminants qui "poussent" et des déterminants qui "tirent" la diversification. Les facteurs qui poussent augmentent le risque en agriculture et, ainsi, induisent la diversification dans les activités non agricoles (dont les résultats sont assez indépendants de ceux des cultures), afin de minimiser le risque concernant l'ensemble des revenus. Les ménages les plus pauvres ayant tendance à avoir plus d'aversion pour le risque sont par conséquent plus influencés par ce type de facteurs (Newbery et Stiglitz, 1980).
Reardon et al. (1993)ont identifié cinq facteurs qui peuvent pousser la diversification dans les zones sahéliennes et soudaniennes:
- des rendements bas et instables;
- une saison culturale courte;
- le manque d'irrigation;
- un marché du capital/crédit sous-développé;
- des contraintes foncières.
Dans le cas des trois zones au Burkina Faso, Reardon et al. (1992), d'après des données concernant les ménages recueillies sur quatre ans, ont déterminé que la diversification était favorisée par la nécessité de compenser les mauvaises récoltes - en réponse à une agriculture stagnante et risquée. Les contraintes ou le dysfonctionnement du marché du crédit font que les ménages qui disposent de biens solvables et de récoltes vendables sont plus à même de diversifier leurs revenus. Par contre, les contraintes foncières ne semblent pas favoriser la diversification, bien qu'on ait pu noter des contraintes croissantes liées aux superficies cultivables dans les zones sahéliennes et soudaniennes (Matlon, 1990).
Les facteurs qui tirent la diversification induisent la réallocation de ressources vers des activités non agricoles, dans le but d'exploiter les opportunités et d'augmenter les revenus. Parmi les facteurs qui tirent, on peut citer:
- les termes de l'échange (différence de rentabilité des facteurs entre secteurs) entre l'agriculture et le secteur non agricole;
- les opportunités de migration vers les villes, les activités minières ou les plantations;
- les opportunités locales hors exploitation, lices par l'amont ou l'aval à la production agricole.
Des études au niveau des ménages ont montré que l'allocation intersectorielle des facteurs par les ménages de la zone et, en conséquence, la diversification des revenus étaient influencées par les termes de l'échange entre secteurs qui, à leur tour, sont influencés par les politiques macro et sectorielles. Norman (1973) a montré que les différences de rémunération influencent la répartition du travail chez les ménages du Nord-Nigéria entre le maraîchage de contre-saison et les activités hors exploitation. Reardon et al. (1992) ont montré que les termes de l'échange influencent la diversification des revenus au Burkina Faso. Delgado (1989) a montré que les différences de taux de salaire entre les secteurs agricoles et extra-agricoles influencent l'adoption de la traction animale.
