Cultures irriguées

Table des matières - Précédente - Suivante

Alors que les données dont il était question dans les sections précédentes se rapportent aux superficies physiques, les cultures irriguées sont exprimées en termes de superficies cultivées. La même parcelle peut donc être comptabilisée plusieurs fois si l'on y pratique plusieurs cultures dans l'année.

Les données très incomplètes ne permettent pas d'établir des tableaux statistiques par pays présentant les superficies couvertes par chacune des grandes cultures avec contrôle de l'eau en Afrique. Cependant, en additionnant l'ensemble des données chiffrées disponibles, on obtient une information concernant environ 10,5 millions d'hectares. Ce chiffre correspond à 75% des superficies physiques avec contrôle de l'eau et peut donc être considéré comme représentatif de la situation des cultures avec contrôle de l'eau au niveau de l'Afrique et de ses grandes régions. Les données sont présentées synthétiquement au tableau 4, dans lequel les spéculations ont été regroupées en six grandes classes.

TABLEAU 4
Principales cultures irriguées (données partielles)

Région Riz Autres céréales Maraîchage Fourrages Cultures industrielles Arboriculture Total
  1000ha 1000 ha 1000 ha 1000 ha 1000 ha 1000 ha 1000 ha
Nord 538 2 221 423 1 207 80 459 4 928
  (11 %) (45%) (9%) 24%) (2%) (9%) (100%)
Région 384 839 61 4 471 1 1760
soudano- sahélienne (22%) (48%) (3 %) (-) (27 %) (-) (100%)
Golfe de 993 52 168 - 21 6 1 240
Guinée (80%) (4%) (14%) (-) (2%) (-) (100%)
Centre 21 - 4 - 42 4 71
  (29%) (-) (6%) (-) (59%) (6%) (100%)
Est 173 80 158 - 33 8 452
  (38%) (18%) (35%) (-) (7) (2%) (100%)
Iles de 880 - - - 31 - 911
l'ocean Indien (97%) (-) (-) (-) (3) (-) (100%)
Sud 147 358 42 353 198 32 1 130
  (13%) (32%) (4%) (31 %) (17%) (3%) (100%)
Total 3 136 3 550 856 1 564 876 510 10 492
  (30%) (34%) (8%) (15%) (8%) (5%) (100%)

La culture la plus répandue est le riz, qui représente à lui seul près d'un tiers des spéculations. On observe cependant une grande disparité entre les régions. Cultivé principalement dans les marais et bas-fonds, le riz est majoritaire dans les zones humides du golfe de Guinée et de l'Est. Il est également très développé sur les plateaux de Madagascar. Dans les régions du Nord et du Sud, il ne représente qu'une proportion relativement faible des cultures. Parmi les autres céréales, le blé et le maïs sont cultivés et irrigués surtout dans les pays du Nord (Egypte, Maroc) et du Sud (Afrique du Sud) ainsi qu'au Soudan et en Somalie. Le sorgho est cultivé principalement dans la zone soudano-sahélienne, notamment en cultures de décrue.

Le maraîchage (auquel ont été ajoutées les tubercules) est présent dans toutes les régions et dans pratiquement tous les pays. Il représente environ 8% des superficies cultivées avec contrôle de l'eau en Afrique. Il est même recensé comme étant la spéculation avec contrôle de l'eau la plus répandue en Algérie, en Mauritanie, au Kenya, au Burundi et au Rwanda. L'arboriculture, qui représente 5 % du total, est concentrée presque uniquement dans les pays du Nord. Il s'agit principalement d'agrumes. Les cultures industrielles irriguées sont quant à elles présentes surtout au Soudan et dans les pays du Sud (coton et oléagineux principalement). Outre ces deux cultures, on trouve également dans cette catégorie la canne à sucre, le café, le cacao, le palmier, les bananes, le tabac et les fleurs. A part la canne à sucre, présente indistinctement dans toutes les régions, sauf dans le Nord, les autres cultures sont généralement concentrées dans un nombre restreint de pays. Enfin, la catégorie de plantes fourragères et des pâturages irrigués, bien que ne concernant qu'un nombre très restreint de pays (concentrés dans les régions du Nord et du Sud), représente une part importante des superficies avec contrôle de l'eau (15%). Le trèfle d'Alexandrie, cultivé presque exclusivement en Egypte, représente la première spéculation de ce pays en termes de superficie (1 million d'hectares). Les autres cultures fourragères et pâturages irrigués se trouvent principalement au Maroc et en Afrique du Sud, ce dernier pays possédant la plupart des pâturages irrigués (220 000 ha).

Taux d'utilisation des superficies équipées

L'un des indicateurs les plus couramment employés pour évaluer le taux d'intensification de l'utilisation des terres irriguées est l'intensité culturale, ou rapport entre les superficies cultivées en irrigué (incluant les doubles et triples cultures) et les superficies équipées pour l'irrigation. Cependant, à l'échelle nationale, ce coefficient n'est presque jamais disponible ou est trop peu fiable. Un autre indicateur possible est le taux d'utilisation des périmètres équipés, c'est-à-dire la part des superficies équipées réellement utilisées pour l'irrigation au moins une fois dans l'année. Ce taux peut varier sensiblement avec les années, notamment lorsque ces périmètres présentent des problèmes d'approvisionnement en eau. Le tableau 9 indique le taux moyen d'utilisation des superficies équipées en maîtrise totale ou partielle des 30 pays pour lesquels les données étaient disponibles. L'analyse régionale ne permet pas de dégager des tendances dans la variation de ce taux. Il semble que celui-ci soit plus lié aux conditions socio-économiques spécifiques de ces pays qu'à des critères liés à la position géographique et au climat.

Ainsi, huit pays sur trente ont un taux d'utilisation de 100% et plus de la moitié des pays sont au-dessus de 80%. A l'inverse, des pays comme le Lesotho, le Bénin, l'Angola, le Mozambique et l'Erythrée montrent des taux d'utilisation très bas, inférieurs à 50%. Les raisons très diverses qui expliquent cette situation sont détaillées dans les monographies par pays. Les superficies équipées des 30 pays représentent 8,3 millions d'hectares. Environ 1,5 million d'hectares, soit 18% de la superficie, ne sont pas irrigués.

Environnement et santé

L'Afrique, comme les autres régions en développement, souffre de sérieux problèmes relatifs à l'impact de l'irrigation sur la santé et l'environnement. Malheureusement, très peu d'information quantitative est disponible à ce sujet pour les pays africains. La salinisation des terres irriguées est une réalité pour certains périmètres irrigués, notamment en Egypte, en Namibie, au Maroc, en Ethiopie ou au Sénégal. Bien que la pollution de l'eau par l'agriculture ne soit pas très importante en Afrique étant donné le niveau relativement faible d'utilisation des engrais et des produits phytosanitaires, des problèmes de ce type sont toutefois enregistrés en Afrique du Nord.

Les problèmes de santé liés au développement de l'irrigation et les maladies transmises par des vecteurs en irrigation, telles la schistosomiase et la malaria, sont par contre des fléaux de première importance en Afrique. Environ 90 à 95 pourcent des décès dus à la malaria dans le monde sont concentrés en Afrique. Les données spécifiques relatives aux pays et liant la pratique de l'irrigation à la santé sont, une fois de plus, très souvent inexistantes ou incomplètes. Dans les cas où des statistiques fiables ont été trouvées, elles ont été rapportées dans les monographies.


Table des matières - Précédente - Suivante