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Détermination des principaux paramétres intervenant dans le calcul des crues et des apports


Caractéristiques physiques, physiographiques et anthropiques du bassin
Précipitation


Caractéristiques physiques, physiographiques et anthropiques du bassin

La détermination des caractéristiques du bassin consiste à calculer, ou évaluer, les paramètres explicatifs, indispensables à la mise en oeuvre de la méthode proposée.

Certains paramètres physiques peuvent être calculés, sans grandes difficultés, avec une précision satisfaisante. D'autres, au contraire, ne pourront faire l'objet que d'estimations essentiellement qualitatives qui demandent une bonne connaissance du milieu à étudier et une certaine expérience. La reconnaissance de terrain, déjà mentionnée, sera d'une grande utilité pour apprécier certaines caractéristiques, notamment la géomorphologie, la dégradation hydrographique, la couverture végétale, y compris les cultures.

Le projeteur doit au préalable rassembler toute la documentation cartographique et photographique disponible sur la zone étudiée. Elle renseigne sur la géométrie du bassin versant, sur la forme du réseau hydrographique, la nature et l'occupation des sols et la présence d'ouvrages de génie civil qui pourraient influencer l'écoulement des crues.

Caractéristiques morphométriques

• La superficie (S) du bassin, exprimée en km2, peut être déterminée avec une précision acceptable, excepté en zone très plate. Dans ce cas, la délimitation de la ligne de partage des eaux est parfois très imprécise et seule une bonne connaissance du terrain peut permettre de lever certaines incertitudes. Un examen stéréoscopique des photographies aériennes est également recommandé. Un petit planimètre polaire est en général suffisant pour mesurer la superficie.

• L'indice de compacité (Icomp = 0,282 . P . S-1/2), qui intervient dans le calcul de l'indice de pente, ne peut être calculé, avec suffisamment de précision, que si le périmètre P est mesuré sur un contour de bassin très simplifié. Pour cela, il est nécessaire de supprimer toutes les sinuosités qui ne correspondent pas à la tête d'un thalweg actif. Pour vérifier que la stylisation du périmètre est suffisante, on s'assurera que la longueur du rectangle équivalent L n'est pas sensiblement supérieure à la longueur du plus long cours d'eau, depuis son origine jusqu'à l'exutoire. P est mesuré à l'aide d'un curvimètre ou d'une bande de papier.

• L'indice global de pente Ig = D/L est calculé après construction de la courbe hypsométrique du bassin qui donne le pourcentage de la superficie S du bassin versant situé au-dessus d'une altitude donnée H. en fonction de cette même altitude. Puisque dans une région de géomorphologie homogène, la pente diminue de l'amont vers l'aval, l'indice Ig diminue lorsque S augmente. Néanmoins, la longueur du rectangle équivalent étant généralement proche de celle du plus long cours d'eau, Ig reste voisin de la pente longitudinale. Si les pentes transversales sont peu différentes de Ig (différence de moins de 20%), ce dernier représente assez bien la pente du bassin. Dans le cas contraire, on calcule un indice de pente global corrigé Igcor défini par la formule:

(1.8)

où:

n

2

pour L<5 km

3

5 km<L<25 km

4

25 km<L<50 km

5

50 km<L

IT est déterminé en faisant la moyenne de quatre à six pentes transversales calculées en prenant la ligne de plus grande pente des versants. Il est exprimé en m/km.

On prendra garde aux bassins présentant un réseau hydrographique en forme d'éventail très ouvert pour lesquels la longueur du rectangle équivalent est très différente de la longueur du thalweg le plus long. Dans ce cas, l'indice de pente global représente très mal la pente du bassin et il serait préférable d'utiliser la largeur du rectangle équivalent.

Infiltrabilité des sols

L'estimation de l'infiltrabilité globale représente un point particulièrement délicat pour l'estimation des crues, car un bassin, même de dimensions modestes, ne présente jamais des conditions édaphiques homogènes.

Pour une hauteur pluviométrique annuelle inférieure à 800 mm, l'hydrodynamique superficielle est peu ou pas conditionnée par les organisations pédologiques internes. Les éléments déterminants de l'infiltrabilité sont les caractères d'état de surface qui intègrent le couvert végétal, la surface du sol et les organisations pédologiques superficielles ayant subi des transformations sous l'effet des facteurs météorologiques, fauniques ou anthropiques. Des essais effectués au simulateur de pluie ont montré que sur des argiles, des regs, et même sur certains sables faiblement argileux, pouvait se former une pellicule très imperméable, parfois appelée pellicule de battance. En zone tropicale sèche, les phénomènes sont plus complexes puisque l'infiltration dépend à la fois des états de surface, y compris le couvert végétal qui peut jouer un rôle important, et des organisations pédologiques internes, principalement par l'intermédiaire des propriétés des horizons humifères.

La classification qualitative adoptée par Rodier comprend six classes (l'indice placé entre parenthèses correspond à l'ancienne nomenclature utilisée par Rodier et Auvray, 1965):

• TI (P1): bassin rigoureusement imperméable, sans irrégularités, n'existant pas à l'état naturel (aire en béton non fissuré);

• Un bassin naturel particulièrement imperméable PI, qui se situe à la frontière des classes I et TI (voir ci-après);

• I (P2): bassin imperméable. Pas moins de 85 à 90 % de la surface sont constitués par des sols imperméables: roche très saine et sans trop de rugosité, regs (plaines d'argiles et de cailloux très vite saturées), glacis (surfaces planes à faible pente aux sols les plus divers, mais à forte propension à engendrer des formations pelliculaires), colluvions argileuses, argiles pouvant parfois présenter des fentes de retrait telles que celles rencontrées fréquemment dans les bas-fonds (vertisols par exemple). Les sols argilo-sableux, sablo-argileux, voire sableux peuvent également être classés dans cette catégorie, s'ils sont recouverts d'une pellicule superficielle impermeable stable;

• RI (P3): bassin relativement imperméable. Mélange en proportions à peu près égales de sols imperméables (I) et de sols perméables (P. voir ci-après). Si au contraire, le bassin est relativement homogène, il peut être constitué de sols imperméables avec une couverture végétale non négligeable qui gène la formation de pellicules imperméables, de sols à recouvrement gravillonnaire continu d'épaisseur notable, de certaines arènes granitiques et, enfin, de sols avec des formations pelliculaires fragiles;

• P (P4): bassin perméable, constitué d'éboulis rocheux avec produits de décomposition assez perméables, de cuirasses ferrugineuses très disloquées, d'affleurements rocheux tectonisés et diaclasés avec des pentes non négligeables, de sols sableux sans pellicule imperméable ou avec un couvert végétal significatif et de sables grossiers;

• TP: bassin très perméable, formé d'affleurements rocheux très diaclasés et disloqués avec de faibles pentes, de dunes et d'arènes épaisses, et de carapaces latéritiques excessivement fissurées.

Un bassin peut éventuellement être classé à la limite de deux catégories, par exemple I/RI.

FIGURE 2: Aspect des réseaux hydrometriques

Aspect du réseau hydrographique

L'indice de compacité, qui ne prend en compte que la forme du contour du bassin, ne permet pas de quantifier d'une manière satisfaisante l'aspect du réseau hydrographique (figure 2). Un bassin dont le réseau hydrographique a la forme d'un éventail très ouvert aura un indice de compacité élevé qui ne reflète pas les conditions d'écoulement, le réseau de drainage étant alors perpendiculaire à son plus grand axe. Ce cas ne représente qu'un aspect particulier d'un réseau radial dans lequel tous les affluents, sensiblement d'égale importance, convergent vers un même point. La valeur du coefficient de pointe d'un tel bassin est supérieure à la moyenne qui correspond sensiblement à un bassin de forme dendritique. Si, au contraire, le réseau est en arête de poisson et, surtout, si une grande partie des affluents du cours d'eau principal se présentent d'un seul côté (réseau déporté), les hydrogrammes de chaque tributaire auront des difficultés à se fondre en un seul, et le coefficient de pointe sera inférieur à la normale. Ceci justifie la nécessité d'utiliser la "check-list" pour prendre en compte certaines singularités (cf. annexe 1, 3a1).

Dégradation hydrographique

Au Sahel, la dégradation hydrographique reste généralement peu marquée sur des bassins dont la superficie ne dépasse pas 10 km2. Elle est beaucoup plus fréquente dès que la superficie drainée augmente. L'ampleur du phénomène peut, malgré tout, être plus ou moins sensible:

• premier stade, la dégradation est caractérisée par un lit majeur anormalement large, parcouru en son milieu par un lit mineur continu. Le ruissellement rapide est peu altéré, mais la durée de l'écoulement retardé est majorée et, surtout, les pertes par infiltration minorent le coefficient de ruissellement Kr;

• deuxième stade, le lit mineur n'est plus continu, le lit majeur étant parcouru par divers chenaux plus ou moins bien marqués. Dans les zones très plates, se forment des successions de mares qui se remplissent progressivement et finissent par communiquer entre elles en produisant un écoulement généralisé;

• troisième stade, le réseau de chenaux s'estompe pour ne former qu'un marécage que le cours d'eau ne franchira qu'en année exceptionnellement humide.

La localisation du site à étudier est donc primordiale. Pour les deuxième et troisième formes de dégradation, il faudra estimer avec quelle fréquence les mares ou les marécages peuvent être submergés, avant d'affirmer que le débit décennal est nul.

En région tropicale sèche, les phénomènes de dégradation hydrographique sont sensiblement plus rares (voir check list, annexe 1, 3b).

Végétation et superficie cultivée

Le couvert végétal naturel n'est pas un facteur de différenciation des bassins, puisqu'il est très lié au découpage climatique utilisé dans le choix des régions étudiées. En revanche, la mise en culture peut influencer sensiblement l'écoulement, mais de manière souvent contradictoire (voir check list, annexe 1, 3a4):

• les techniques traditionnelles de cultures sur sols nus, utilisées en Afrique de l'ouest, ont tendance à diminuer l'infiltrabilité à cause de la formation de pellicules imperméables;

• un sol nu infiltre moins qu'un sol protégé par un couvert végétal (végétation naturelle ou cultivée). De plus, la suppression de la végétation arbustive, avant mise en culture, favorise le ruissellement après tassement naturel du sol lors des premières fortes pluies;

• certaines pratiques culturales (formation de billons) et certaines mesures de conservation des sols peuvent, au contraire, ralentir le ruissellement et augmenter l'infiltration.

L'influence de la mise en culture se traduit donc le plus souvent, en l'absence d'aménagements ou de techniques spécifiques, par une imperméabilisation du sol. Il en sera tenu compte, si les zones cultivées représentent plus de 20% de la superficie du bassin, en portant une attention particulière aux pratiques culturales et à la présence de formations pelliculaires (voir check-list, annexe 1, 3a4a).

Dans le lit d'un marigot, la présence d'une végétation ripicole arbustive dense peut amener à diviser par deux le débit maximum des crues. Toutefois, dans les conditions actuelles, une telle végétation a tendance à disparaître (voir check-list 3a4b).

Présence d'ouvrages et d'aménagements

L'impact des ouvrages et aménagements susceptibles de changer les conditions naturelles d'écoulement devra être analysé. Une piste traversant un bassin peut réduire sensiblement l'écoulement à l'aval s'il n'est pas trop violent. Si un pont ou une buse a été construit, le débit maximum pouvant transiter par l'ouvrage devra être apprécié (voir la section décrivant l'utilisation des formules d'écoulement et check-list 3a5). Il faudra prendre garde aux constructions précaires et aux débouchés manifestement sous-évalués qui viendront renforcer le débit naturel, en cas de destructions. De même, un village situé sur un petit bassin perméable peut constituer l'unique surface susceptible de produire du ruissellement.

Précipitation

Estimation de la hauteur d'averse décennale ponctuelle P10

La hauteur d'averse décennale P10 est assimilée à la pluie journalière de même fréquence. Elle peut être déterminée à partir d'ajustements statistiques effectués sur les observations d'un poste de référence. Néanmoins, une approche pratique et suffisamment précise, dans de très nombreux cas, consiste à utiliser les cartes d'isohyètes (figures 3 et 4). Ces documents permettent de déterminer P10 par interpolation linéaire, connaissant la longitude et la latitude du bassin versant.

Comme cela est indiqué dans la check-list, la bande littorale qui s'étend le long du Sénégal et de la Mauritanie présente des formes d'averses particulières. Les valeurs du coefficient de ruissellement Kr10 et du coefficient de pointe a10, étant estimées par la méthode Orstom sans tenir compte de cette particularité risquent d'être sensiblement surestimées.

FIGURE 3: Précipitation annuelle Pan

FIGURE 4: Précipitation journalière décennale P10 (CIEH 1985)

Estimation de la précipitation décennale moyenne sur le bassin Pm10

La précipitation moyenne sur le bassin Pm10 est obtenue en multipliant la hauteur de précipitation ponctuelle P10 par le coefficient d'abattement A, déterminé par l'équation simplifiée de Vuillaume (1974):

(1.9) avec:

• S la superficie du bassin, en km2;

• Pan la hauteur moyenne de précipitation annuelle, en mm.

Les droites de la figure 5 peuvent également être utilisées.

FIGURE 5: Coefficient d'abattement A d'une pluie décennale

 

Chapitre 2: Description de la zone d'application des méthodes


Situation géographique
Géologie
Physiographie
Climat
Les sols

La végétation naturelle


Une description détaillée de la zone d'application des méthodes peut être trouvée dans Albergel et al. (1983), surtout en ce qui concerne la frange sahélienne. Un résumé de cette description est présenté ci-dessous.

Situation géographique

La zone d'étude est l'Afrique sahélienne et tropicale sèche. Elle s'étend entre 2° et 20° de latitude nord, et entre 16° de longitude ouest et 24° de longitude est.

Cet ensemble englobe principalement les pays suivants: Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Côte d'Ivoire, Ghana, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Sénégal, Tchad et Togo (voir carte en annexe 2).

Géologie

Le bouclier ouest-africain est un vieux socle pénéplané montrant un faible relief dans la zone étudiée. L'esquisse géologique, présentée en figure 6, en montre les principales formations: les formations sédimentaires du tertiaire et du quaternaire du bassin sénégalo-mauritanien et du bassin des Iullemeden, les formations primaires du nord-ouest du bouclier ouest-africain, les grès du précambrien supérieur qui couvrent toute la frange sud du bassin sédimentaire de Taoudénit située au nord-ouest du Mali ainsi qu'une grande partie du Ghana, avec les zones d'altitude plus élevée et caractéristiques de l'orogenèse précambrienne (massifs sud sahariens et bouclier nigérien), et les formations métamorphiques du précambrien moyen et inférieur (Burkina Faso, sud Mali, Côte d'Ivoire et Ghana).

Physiographie

La carte du relief de l'Afrique occidentale (figure 7) montre la prédominance des altitudes comprises entre 200 et 500 m tandis que les altitudes inférieures à 100 m ne se rencontrent, à l'exception de la plaine sénégalo-mauritanienne, que le long d'une bande littorale relativement étroite. Les régions élevées, d'altitude supérieure à 1 000 m, n'occupent que des surfaces limitées. L'Afrique occidentale est donc, dans son ensemble, un immense plateau, dans lequel on peut distinguer, du point de vue hypsométrique, trois grandes régions: deux régions de hauteurs encadrant une région déprimée.

FIGURE 6: Esquisse géologique de l'Afrique de l'Ouest (FABRE, 1971)

FIGURE 7: Afrique de l'Ouest: relief

Le faîte septentrional est composé de l'Adrar de Mauritanie, de l'Adrar des Ifoghas, de l'Ahaggar et de l'Aïr. La région intermédiaire déprimée se divise en quatre unités qui sont, d'ouest en est:

• la cuvette sénégalo-mauritanienne, drainée par le fleuve Sénégal;

• la cuvette structurale du Niger occidental, traversée par le fleuve Niger mais drainée dans sa bordure ouest par le fleuve Sénégal;

• une région déprimée centrale qui englobe le bassin des Volta et la cuvette structurale du Niger moyen oriental;

• la moitié occidentale de la cuvette structurale du lac Tchad.

Le relief dunaire

Les massifs de dunes forment en Afrique occidentale une bande continue longue d'environ 4 000 km et large de 200 à 500 km. Ils se suivent de l'Océan Atlantique à la cuvette du Tchad et s'avancent au Nigéria jusqu'à la latitude de 12° nord. Leur modelé variable devient très oblitéré dans les régions méridionales où l'on passe des dunes aplaties à une plaine sableuse monotone.

Il n'est pas possible de distinguer la limite entre sables vifs et sables fixés. Entre le Sahara et le domaine sahélien où les sables sont presque entièrement fixés, existe un important domaine intermédiaire où l'on rencontre à la fois des zones revêtues et des espaces de dunes vives.

 

Climat


La circulation atmosphérique
Les climats


La circulation atmosphérique

La circulation générale de l'atmosphère au-dessus de l'Afrique de l'Ouest dépend à la fois des hautes pressions tropicales et de l'équateur météorologique dont les migrations saisonnières déterminent les caractéristiques des flux d'air et les types de temps résultants.

En hiver boréal, l'équateur météorologique, sous l'influence des anticyclones des Açores et du Sahara, migre vers le sud jusqu'à la latitude de 4° nord. Se mettent en place deux circulations d'alizés, aux caractères différents, impulsées par les deux anticyclones et qui vont commander le temps pendant la saison sèche qui dure de quatre mois dans le sud jusqu'à sept mois dans le nord.

L'alizé maritime est issu de l'anticyclone des Açores. De direction nord à nord-ouest, il est humide, frais et parfois froid avec une faible amplitude diurne des températures. Ce flux, malgré son humidité, est inapte à engendrer des précipitations. Cet alizé maritime est responsable de l'humidité déposée sous forme de rosée et des journées très claires de saison sèche.

L'harmattan, de direction est dominante, est l'alizé continental saharien. Il se caractérise par une grande sécheresse et des amplitudes thermiques très accusées. Il est accompagné de brumes sèches. Sa sécheresse entraîne une très forte capacité d'évaporation.

En été boréal, le réchauffement de l'hémisphère Nord, consécutif au mouvement zénithal du soleil, entraîne la mise en place d'une dépression thermique très creuse au Sahara et l'affaiblissement de l'anticyclone des Açores, avec une position septentrionale très marquée. Pendant ce temps, l'anticyclone de Sainte-Hélène, dont la puissance s'est beaucoup accrue du fait de la vigueur de l'hiver austral, opère une migration vers le nord entraînant celle du Front Inter Tropical (FIT) vers sa position extrême en août: 20° nord.

La circulation aérienne s'inverse et prend une orientation sud-ouest. L'Afrique de l'Ouest est alors envahie par le "flux de mousson" résultant de l'alizé issu de l'anticyclone de Sainte-Hélène. Son parcours maritime l'a chargé d'un grand potentiel d'eau précipitable. Son influence se fait sentir sur toute la zone intertropicale de mai à octobre pour les régions les plus méridionales et de juillet à septembre pour la frange la plus au nord.

L'installation progressive de la mousson, son épaisseur et ses perturbations, dont le moteur est l'air polaire se déplaçant sous forme de noyaux anticycloniques mobiles avec des trajectoires variables, déterminent les types de précipitations. L'arrivée du Front Inter Tropical sur une région se caractérise par l'apparition de cumulus qui prennent de l'épaisseur et provoquent des orages isolés. Au sud de ce front, des bandes de cumulo-nimbus de direction nord-sud se déplacent d'est en ouest et sont à l'origine d'orages organisés, appelés ligne de grains, dont la formation et l'entretien sont liés aux noyaux anticycloniques. Lorsque l'air de mousson est assez haut, on observe des pluies régulières et moins intenses.

Les climats

Au nord du 10ème parallèle environ, il existe une seule saison sèche et une seule saison des pluies par an. Pour une latitude donnée, la durée de la saison des pluies et la hauteur de pluie annuelle dépendent du laps de temps séparant la montée et la descente du FIT.

En régime désertique (moins de 300 mm de pluie annuelle), la saison des pluies ne dure que deux mois, de la mi-juillet à la mi-septembre.

En régime sahélien (pluie annuelle de 300 à 750 mm), elle s'étend sur trois à quatre mois, le mois d'août étant le plus arrosé, le reste de l'année ne comportant généralement aucune averse.

En régime tropical pur (750 - 1200 mm), la saison des pluies s'allonge et passe à cinq mois, voire six à la limite sud de cette zone. Entre le 9ème parallèle et l'équateur, soit au sud de la position nuageuse la plus méridionale du FIT, l'air continental ne fait que de très brèves incursions durant l'hiver ("coups d'harmattan"). Le climat passe progressivement vers le sud à deux saisons sèches et deux saisons des pluies, la transition entre régime tropical et régime équatorial étant progressive. En descendant vers le sud, la saison des pluies du régime tropical s'allonge et marque parfois un léger fléchissement en juillet-août (régime tropical de transition); puis le dédoublement de la saison des pluies apparaît nettement (régime équatorial de transition) avec deux saisons des pluies et les deux saisons sèches.

Les sols

Les régions intertropicales de l'Afrique de l'Ouest entre 200 et 1500 mm de pluviométrie annuelle sont caractérisées par des altérations s'intercalant entre la surface et la roche saine. Les sols mis en place à partir de ces altérités se différencient, à l'échelle du continent. en fonction principalement de la pluviométrie annuelle et, à l'échelle locale, en fonction de la topographie. Du nord au sud, on peut distinguer les formations suivantes:

- au-dessous de l'isohyète 400 mm, les sols ferrugineux peu lessivés sableux sur dunes ou les sols bruns rouges subarides;

- entre 1000 et 400 mm, les sols ferrugineux lessivés plus ou moins gravillonnaires, les vertisols et les sols bruns sur roche basaltique;

- au-delà de 1000 mm, les sols ferrallitiques désaturés plus ou moins gravillonnaires, vertisols et sols bruns sur roches basaltiques.

La végétation naturelle


La zone sahélienne
La zone soudanaise
La zone guinéenne


En Afrique de l'Ouest, on distingue (Chevalier, 1938) six domaines phytogéographiques (figure 8) parmi lesquels trois sont dominants dans la zone d'études:

- la zone des steppes à épineux ou zone sahélienne;

- la zone de la brousse à parcs ou zone soudanaise;

- la zone des savanes subforestières avec galeries, ou zone guinéenne.

La zone sahélienne

La zone sahélienne est caractérisée par le groupement végétal à Acacia raddiana très répandu sur les substrats sableux. Il comprend: Acacia senegal, Balanites aegyptiaca, Boscia senegalensis, Ziziphus mauritiana, Capparis decidua, Aristida mutabilis, etc. La dégradation du couvert végétal y est marquée par l'extension du Balanites aegyptiaca pour le couvert arbustif et du Cenchrus biflorus (Cram-Cram) pour le tapis herbacé où il se substitue à Chloris prieuri et Schoenefeldia gracilis. Le tapis herbacé y est discontinu.

La zone soudanaise

La zone soudanaise peut être subdivisée en trois secteurs (Jaeger, 1968):

- Un secteur soudano-sahélien (500 à 700 mm de pluviosité interannuelle);

- Un secteur soudanien (700 à 1000 mm de pluviosité interannuelle);

- Un secteur soudano-guinéen (1000 à 1600 mm de pluviosité interannuelle).

Le secteur soudano-sahélien est caractérisé par deux types de groupements végétaux: le groupement à Acacia seyal sur sols argileux et le groupement à Combretum glutinosum sur sols plus légers. Le groupement à Acacia seyal comprend des arbres de grande taille: Adansonia digitata (baobabs), Sterculia tomentosa, dominant des fourrés de Guiera senegalensis, Maytenus senegalensis, Combretum glutinosum, Anogeissus leiocarpus et d'espèces épineuses comme Balanites aegyptiaca et Ziziphus mauritiana. Le groupement à Combretum glutinosum varie d'une savane arbustive à une savane arborée comprenant, outre de nombreux Combretum glutinosum, Combretum nigricans, Guiera senegalensis, Boscia senegalensis Grewia bicolor, Piliostigma reticulatum, Bombax costatum, Pterocarpus erinaceus, Khaya senegalensis, Andropogon gayanus, etc.

FIGURE 8: Les domaines phytogéographiques d'Afrique de l'Ouest (Chevalier, 1938)

Le secteur soudanien, proprement dit, est caractérisé par la savane arborée comprenant une strate supérieure constituée d'Adansonia digitata, Khaya senegalensis, Parkia biglobosa, Pterocarpus erinaceus, etc., une strate moyenne composée de petits arbres et arbustes: Lannea acida, Ziziphus mauritiana, Tamarindus indica, Dalbergia melanoxylon, Combretum micranthum, Combretum glutinosum, Combretum aculeatum, etc., et une strate herbacée qui se dessèche après l'hivernage: Andropogon gayanus, Andropogon tectorum, Cymbopogon giganteus, Imperata cylindrica, etc.

Le secteur soudano-guinéen est occupé par des savanes arborées dans lesquelles on rencontre Butyrospermum parkii (Karité) répandu dans toute la zone soudanaise avec Terminalia macroptera, Pterocarpus erinaceus, Cordia africana, Parkia biglobosa, Khaya senegalensis, etc., ainsi que des espèces répandues dans les forêts de la zone guinéenne: Lophira lanceolata, Erythrophleum suaveolens, Carapa procera, Trema guineensis, etc. De petites galeries forestières se développent le long des cours d'eau.

L'action de l'homme aboutit, dans le secteur soudano-sahélien, à l'abondance de Faidherbia (Acacia) albida et Adansonia digitata, dans le secteur soudanien, à l'abondance de Butyrospermum parkii et de Parkia biglobosa et dans le secteur soudano-guinéen, à l'abondance de Borassus aethiopum et Parkia biglobosa. Les savanes soudanaises, riches en andropogonées, sont parcourues chaque année par les feux de brousse.

La zone guinéenne

La zone guinéenne forme une large auréole sur la bordure nord de la forêt équatoriale. Parmi les espèces représentatives de ces forêts, on peut citer: Lophira lanceolata, Vitex doniana, Erythrophleum suaveolens, Carapa procera et Trema guineensis. Les forêts se distinguent des savanes boisées soudanaises par des boisements plus denses et par la présence, au bord des cours d'eau, de galeries forestières.


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