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2. SYNTHÈSE DES TRAVAUX DE L'ATELIER

L'atelier s'est tenu du 10 au 14 juin 1996 dans la salle des conférences du Ministère des affaires étrangères. Le programme de l'atelier et la liste des participants figurent en annexe.

10 juin 1996

Cette première journée a été consacrée à la cérémonie d'ouverture officielle, à un panel de discussion introduisant la problématique de l'atelier et à la présentation de la synthèse des études effectuées pendant la phase préparatoire.

La cérémonie d'ouverture officielle a été présidée par le Ministre de la communication et de la culture du Burkina Faso qui a prononcé le discours d'ouverture de l'atelier après que des allocutions aient été présentées par le Secrétaire général de l'URTNA, la Directrice Générale de la culture et du multimédia de l'Agence de la francophonie, et le Représentant de la FAO au Burkina Faso.

La séance plénière a été présidée par Monsieur Ibrahima Sane, Directeur de la Radio du Sénégal.

Le panel de discussion sur le développement de la radio rurale en Afrique, animé par M. Jean Pierre Ilboudo, FAO, a été précédé par un exposé introductif de problématique générale, présenté par M. Jacques Sultan, FAO.

Les membres du panel ont abordé les thèmes suivants:

Chaque intervenant a présenté un bref exposé du thème dont il avait la charge. Le texte de ces différents exposés est proposé dans le chapitre 6.

Le débat qui a suivi a été d'un excellent niveau et a permis de mettre en évidence les principaux problèmes qui se posent aujourd'hui pour le développement de la radio rurale en Afrique.

Trois exposés ont ensuite été présentés par MM Jean-Baptiste Ilboudo, Michael Picsi Gock et John Madjn. Ils constituaient la synthèse des études préalables entreprises par ces trois consultants (1). Ces études ont été distribuées, en français et en anglais, à l'ensemble des participants.

Ces exposés ont permis respectivement de présenter l'état des lieux des radios rurales dans onze pays francophones, cinq pays anglophones et un pays lusophone, sur la base des études menées par des consultants nationaux dans ces différents pays et de dresser le bilan de l'action entreprise par la FAO pour soutenir la radio rurale dans neuf pays d'Afrique francophone et lusophone.

L'état des lieux des radios rurales laisse apparaître un bilan mitigé. Elles présentent en effet des acquis incontestables et leur popularité auprès du monde rural est reconnue; toutefois, leur fonctionnement et leur développement sont handicapés, voire bloqués, par de nombreuses contraintes, lices à la situation technique des équipements, la situation juridique et institutionnelle, la faiblesse des ressources financières et le développement insuffisant de la formation et de la recherche.

Le débat général qui a suivi l'ensemble de ces exposés a été très riche. I1 a mis en évidence ce qui constitue le thème central de l'atelier, à savoir que les radios rurales africaines se trouvent aujourd'hui à la croisée des chemins et qu'elles doivent trouver des solutions novatrices pour assurer leur survie et leur développement:

11 juin 1996

Cette deuxième journée a été consacrée aux déclarations des partenaires de la coopération bi et multilatérale et à la constitution des trois groupes de travail.

La séance plénière a été présidée par Madame Aïda Opoku-Mensah de l'Institut PANOS (Londres).

Plusieurs partenaires des radios rurales africaines ont exposé les grandes lignes de leur programme d'action en matière de soutien à la radio rurale durant la séance du matin. Il s'est agi essentiellement du CTA, de l'ACCT, de l'UNICEF, du CRDI, de la Coopération française, de la GTZ, de UIT, de la Deutsche Welle, de l'Institut Panos, de l'UNESCO.

Tous ces intervenants ont fait part de leur contribution au développement de la radio rurale en Afrique, contribution qui se manifeste sous des formes diverses, en fonction de la nature des programmes de ces différents organismes et qui se caractérise souvent par une diminution des ressources disponibles.

Les partenaires ont toutefois indiqué leur intérêt à poursuivre leur appui aux radios rurales africaines, en préservant la diversité des interventions et la pluralité des approches, mais en s'inscrivant dans le cadre d'un plan d'action concerté pour le développement de la radio rurale en A6ique. Une telle approche permettra une meilleure complémentarité des apports et un meilleur usage des ressources financières, l'objectif partagé par tous étant le renforcement des capacité nationales afin de conduire les radios rurales à une véritable autonomie.

Les thèmes saillants de ces intervenions ont été les suivants:

En règle générale, les intervenants se sont félicités de l'initiative de la FAO, de l'URTNA et du Gouvernement du Burkina Faso d'avoir organisé cet atelier et ont indiqué leur disponibilité pour améliorer la concertation internationale et inscrire leurs futurs programmes d'appui aux radios rurales dans le cadre d'un plan d'action concerte.

L'atelier s'est ensuite divisé en groupes de travail afin d'approfondir les thèmes soulevés durant les séances précédentes. Trois groupes ont été constitués:

Groupe 1: Infrastructures, équipements et choix technologiques
Groupe 2: Missions des radios miles, aspects juridiques, institutionnels et réglementaires
Groupe 3: Nouvelles orientations pour la formation et la recherche

12 juin 1996

Cette journée a été essentiellement consacrée à la réunion des trois groupes et à la restitution de leurs travaux.

La séance plénière de restitution des travaux des groupes a été présidée par Monsieur Abioulaye Sidibe, Directeur général de la Radio Télévision du Mali.

Le groupe 1 a fait ressortir la nécessité préalable d'un engagement politique fort des différents Etats concernés pour le développement de la radio au bénéfice du monde rural, en faisant valoir que l'accès à la radio pour tous doit être reconnu comme un droit au service public de l'information.

Un tel engagement devra trouver sa concrétisation dans la définition de politiques nationales de communication pour le développement qui mettront en évidence le rôle moteur que la radio rurale joue dans le processus du développement.

S'agissant des options technologiques, le groupe a indiqué que les technologies s'appuyant sur le numérique et les satellites sont encore hors de portée des radios miles africaines, compte tenu des investissements financiers qu'elles supposent; il a toutefois recommandé que les options favorisant l'utilisation de la Modulation de Fréquence et de l'énergie solaire soient systématiquement explorées, de même que la possibilité de constituer des centrales d'achat pour réduire les coûts d'acquisition des matériels d'exportation et d'édifier des industries locales de production de matériels radiophoniques.

Il a également recommandé que tout plan de développement des infrastructures et des équipements techniques soit conçu en collaboration étroite avec le système de télécommunications exploité dans chaque pays et qu'il y avait lieu d'être particulièrement attentif à la lutte contre les effets de la foudre, particulièrement dévastateurs sur les équipements techniques.

Le groupe 2 a fait ressortir que les principales missions de la radio rurale concernaient la diffusion rapide d'informations à l'ensemble du monde rural, la sensibilisation, la mobilisation et le dialogue social et que ces missions doivent se situer dans le cadre général d'une mission de service public.

Les statuts juridiques des radios rurales doivent être adaptés à ces missions et permettre leur réalisation. Ces statuts sont de types très divers et leur adoption implique une analyse préalable des missions des radios rurales et des contraintes qu'elles rencontrent pour leur réalisation.

Au titre de ces contraintes, le groupe 2 a notamment relevé:

Le groupe a ensuite recommandé que chaque pays entreprenne une étude pour la mise en place d'un cadre juridique approprié pour les radios rurales en explorant les pistes de réflexion suivantes:

Le groupe 3 a réaffirmé l'importance stratégique de la formation et de la recherche pour le développement de la radio Rurale en Afrique. n a souligné le rôle moteur que joue le CIERRO dans ce domaine ainsi que la nécessité de disposer d'un établissement équivalent pour les pays d'Afrique anglophone. La formation en situation professionnelle doit être privilégiée mais les cycles de formation à l'étranger doivent également être pris en considération. La formation des techniciens, des ingénieurs et des spécialistes du marketing doit être renforcée. La formation des producteurs doit être basée sur une méthodologie appropriée d'approche du milieu. A ce titre, les méthodes accélérées de recherche participative (MARP) doivent faire partie de la panoplie des outils d'approche du milieu dont les producteurs et animateurs de radio rurale doivent disposer. Les niveaux de formation doivent être adaptés aux différents types de stations existantes et correspondre à des besoins identifiés par les stations qui doivent élaborer leurs propres plans de formation. Un effort particulier doit être fait pour former davantage de femmes aux différents métiers de la radio rurale.

Les choix en matière de formation doivent être faits en privilégiant les structures de formation existantes et en favorisant une coordination entre les différents centres ou cellules de formation, à travers un réseau qui devrait être animé par le CIERRO et organiser des échanges de documents, programmes et outils de formation, stages et visites sur le terrain. L'ouverture d'un cycle de formation de niveau 3 au CIERRO a également été jugée essentielle. La formation des formateurs devra être renforcée en partant des initiatives existantes, notamment le kit de formation en radio rurale mis au point par la FAO, l'UNICEF et le CIERRO. Sur ces bases, un réseau de formateurs en radio rurale devra être développé.

Un vaste programme de recherche devrait être entrepris afin de mieux connaître la nature et la vocation des radios rurales existantes, approfondir la connaissance des auditoires et de l'impact des programmes, développer des programmes plus interactifs et participatifs, s'agissant notamment des femmes. La recherche devrait également s'appliquer à mieux identifier les critères de rentabilité des radios rurales, leur positionnement sur le marché de la communication en milieu rural et les conditions économiques de leur durabilité. Enfin un volet de la recherche devra être consacré à la technologie, en prenant en compte les nouveaux outils de communication existants et en recherchant les équipements et infrastructures les plus adaptés aux missions des radios rurales.

13 juin 1996

Cette quatrième journée a été essentiellement consacrée à traduire les conclusions et recommandations des groupes de travail en un plan d'action pour le développement de la radio rurale en Afrique.

La séance plénière a été présidée par le Dr Tunji Arrokoyo, du Nigeria.

Pour faciliter et harmoniser le travail des groupes, la FAO a présenté un cadre méthodologique, ainsi qu'in projet de plan d'action. Le cadre métodologique proposait de traduire les conclusions des groupes en termes concrets: description du contexte et des bases de l'action, engagements, objectifs et activités. Un projet de déclaration générale définissant le cadre et les principaux axes de ce plan d'action a également été proposé.

Sur cette base, et après un débat général en plénière, l'atelier s'est à nouveau séparé en groupes de travail. Aux trois groupes déjà formés s'est ajouté un quatrième groupe constitué des représentants des partenaires de la coopération internationale et du représentant de 1'URTNA, afin de définir les modalités et les mécanismes de la concertation internationale pour la mise en Ïuvre du plan d'action.

14 juin 1996

Cette cinquième et dernière journée a été consacrée à la restitution des travaux des groupes, a un débat en plénière, à l'adoption de la déclaration générale et du plan d'action pour le développement de la radio rurale en Afrique et à la cérémonie officielle de clôture.

La séance plénière a été présidée par Monsieur Dominique Hounkonnou du Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA).

Les groupes ont proposé un certain nombre d'amendements à la proposition de déclaration et de plan d'action présentée par la FAO. On trouvera le texte de cette déclaration et de ce plan d'action amendés au chapitre 3.

La cérémonie officielle de clôture de l'atelier s'est déroulée dans l'après-midi du 14 juin, sous la Présidence de Madame le Ministre de la fonction publique et de la réforme administrative assurant l'intérim du Ministre de la communication et de la culture et en présence de Monsieur le Ministre des affaires étrangères.

Les allocutions de Madame le Ministre de la fonction publique et de la réforme administrative et de Monsieur le Représentant de la FAO ont été précédées par la présentation du rapport final de l'atelier par Monsieur Jean-Baptiste Ilboudo, du CIERRO et son adoption.

La cérémonie de clôture a été suivie par un cocktail offert par le Ministre de la communication et de la culture.

Conclusions

Cet atelier a constitué un moment exceptionnel de rencontre entre tous les acteurs engagés dans le développement de la radio rurale en Afrique.

La participation de 21 pays africains francophones, anglophones et lusophones, au niveau des responsables des organismes nationaux de radiodiffusion ou de radio rurale dénote l'intérêt porté par ces pays au renforcement de ce secteur particulièrement important pour le développement rural.

La présence des principales organisations des Nations Unies, de représentants des organismes de coopération bi et multilatérale partenaires des radios rurales africaines tels que 1'ACCT, le CIRTEF, le CTA, le CRDI, la GTZ, la Deutsche Welle, DANICOM, 1a coopération française la coopération suisse, l'Institut PANOS, le GRET, le CECI, 1'INADES, ainsi que de représentants de nombreuses autres organisations publiques, privées ou associatives intervenant dans ce secteur a permis une expression très diverse, des débats riches et des contributions pertinentes, tant au niveau des séances plénières qu'à celui des groupes de travail.

La contribution du Gouvernement du Burkina Faso, à travers l'accueil qu'il a réservé à l'ensemble des participants et les conditions matérielles qu'il a permis de mobiliser pour le bon déroulement des travaux de l'atelier, a constitué un élément déterminant de réussite de cette rencontre. L'URTNA et le CIERRO ont apporté une contribution précieuse à l'organisation, la gestion et l'animation de l'atelier.

L'atelier a mis en lumière la nécessité, pour le monde rural africain, de disposer de radios dynamiques, vivantes, démocratiques et interactives. La diversité des initiatives prises dans ce domaine et l'intérêt manifesté par les différents acteurs en présence pour cette forme de communication montrent bien qu'il s'agit d'un secteur bien vivant et en phase d'expansion même si ce développement se fait dans une certaine dispersion des ressources et des énergies.

L'atelier a donc souligné la nécessité, pour accompagner ce mouvement et pour ouvrir la voie d'un développement durable pour les radios rurales africaines, que les Etats et leurs partenaires s'engagent résolument dans ce secteur, prennent des décisions novatrices et définissent de nouvelles orientations, tant en matière juridique et institutionnelle, qu'en termes d'infrastructures et d'équipements techniques et dans les domaines de la recherche et de la formation.

L'atelier de Ouagadougou aura été une étape importante dans ce processus car il a permis de définir une plate-forme commune d'action sur la base d'une analyse détaillée de la situation des radios rurales en Afrique et d'un dialogue entre l'ensemble des acteurs en présence.

Une déclaration et un plan d'action pour le développement de la radio rurale en Afrique ont été adoptés par l'atelier.

La FAO, 1'URTNA et le Gouvernement du Burkina Faso ont été investis de la responsabilité du suivi de cet atelier, de la recherche des financements et de la mise en Ïuvre des objectifs et activités définis par le plan d'action. 11 leur appartient désormais d'assurer les tâches suivantes:

1 Il agit des documents suivants:

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