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5. DOCUMENTS PRÉPARATOIRES

Etudes nationales: Un état des lieux de la radio rurale a été établi dans chaque pays concerné. Ces études ont été confiées à des consultants nationaux et sont disponibles sur demande. On en trouvera la liste en annexe 6. Ils ont été rédigés dans la langue officielle du pays d'origine (français ou anglais).

Deux synthèses de ces études ont été réalisées par Monsieur Jean-Baptiste Ilboudo, du CIERRO pour les pays francophones et Monsieur Michael Pickstock de WREN pour les pays anglophones. Ces synthèses ont été distribuées à l'ensemble des participants de l'atelier, en français et en anglais. Elles sont également disponibles, sur demande.

Evaluation: Une évaluation de l'action menée par la FAO dans neuf pays d'Afrique francophone a été menée par Monsieur John Madjridu CESAO. Un rapport de synthèse de cette mission d'évaluation a été distribué aux participants à l'atelier, en français et en anglais. Ce rapport est également disponible sur demande.

Document de problématique générale: Un document de problématique générale intitulé: "Le Développement de la radio rurale en Afrique: Bilan et perspectives" a été rédigé par la FAO. I1 a été distribué aux participants à l'atelier, en français et en anglais. On en trouvera le texte ci après (chapitre 6).

6. DÉVELOPPEMENT DE LA RADIO RURALE EN AFRIQUE: BILAN ET PERSPECTIVES

Introduction

Assurer la sécurité alimentaire de populations en augmentation rapide, améliorer de façon sensible la production et la productivité de l'agriculture, de l'élevage, de la pêche, tout en maintenant une gestion équilibre des ressources naturelles, créer des revenus et des emplois, améliorer les conditions de vie de la population, au niveau de l'éducation, de la santé, de la nutrition, intégrer les contraintes de la mondialisation de l'économie et des politiques d'ajustement structurel, voilà quelques-uns des défis majeurs auxquels la plupart des pays africains sont confrontés dans le domaine du développement rural.

Ces défis s'inscrivent dans un contexte caractérisé par d'importantes mutations: décentralisation de la décision économique et politique, renforcement de la démocratie et du pluralisme, incitation des opérateurs économiques à reprendre des fonctions longtemps assurées par les Etats, encouragement des acteurs de la société civile à se constituer en organisations et en groupements autonomes de producteurs.

Les changements que connaissent les sociétés rurales africaines sont donc très importants, tant dans les systèmes et méthodes de production et de gestion des exploitations, que dans les circuits d'approvisionnement et de commercialisation, les règlements fonciers, l'organisation interne des communautés, les rapports avec l'Etat.

Réussir ces mutations, et les inscrire de façon durable dans le nouveau paysage des sociétés rurales africaines, implique que ces enjeux soient connus et partagés par tous, que les ressources soient mobilisées de façon optimale et que les communautés rurales disposent des informations, des savoir-faire et des circuits d'échange et de concertation qui leur permettront de s'adapter à des situations techniques, économiques et sociales en rapide évolution.

L'information, le savoir, la technologie constituent, dès lors, des facteurs stratégiques dans ces changements et ils doivent être diffusés, échangés, démultipliés, répandus, adoptés, à des rythmes accélérés pour permettre au monde rural de mieux maîtriser ses outils de production, son insertion dans les circuits économiques, d'améliorer ses conditions de vie, de gérer et de prolonger les ressources de ses terroirs. Les communautés rurales doivent également pouvoir disposer des instruments de communication qui leur permettent d'exprimer leurs points de vue, de les confronter avec d'autres, d'entretenir un dialogue et un débat avec leurs partenaires, d'échanger leurs expériences, savoirs et techniques.

Enfin, la plupart des sociétés africaines sont caractérisées par une grande diversité de groupes humains et linguistiques, répartis sur des territoires quelquefois immenses, avec des moyens de communication limités (routes, moyens de transport et d'échange, télécommunications, etc.), des réseaux électriques très peu développés et des taux d'alphabétisation et de scolarisation encore très faibles.

La radio rurale, pour relever les défis du développement

Dans un tel contexte, la radiodiffusion a toujours constitué le moyen le plus sûr, le plus fiable et le moins coûteux pour communiquer avec le monde rural, en surmontant les barrières de la distance, de l'analphabétisme, de la diversité des groupes concernés.

Pendait de nombreuses années, les responsables du développement ont donc utilisé cet outil pour diffuser divers messages à caractère technique, social, économique ou politique en direction du monde rural, dans une grande diversité de langues et sur des territoires étendus. Ces messages, souvent conçus et produits directement par les ministères techniques concernés, les sociétés de production agricoles, ou les organismes d'encadrement du monde rural, prenaient généralement la forme de causeries, de chroniques agricoles ou de campagnes de vulgarisation, de sensibilisation ou de mobilisation sociale.

Cette forme de communication est longtemps restée verticale, peu interactive, plus axée sur la diffusion de messages et de consignes en direction du monde rura1 que sur la prise en compte de ses besoins et de ses aspirations ou sur l'instauration d'un dialogue.

Progressivement, toutefois, compte-rendu des résultats médiocres de cette communication unilatérale et autoritaire, des dispositions ont été prises pour tenter de se rapprocher de l'auditoire ni et rendre la communication plus interactive: création de stations régionales pour mieux couvrir les besoins socio-économiques et linguistiques des régions; mise en place de clubs d'écoute ou radio clubs, pour établir un dialogue avec les auditeurs, les inciter à engager des actions concrètes et mieux évaluer l'impact des programmes; installation de correspondants régionaux chargés de recueillir les informations locales et de les répercuter sur les programmes centraux.

L'ensemble de ces efforts pour mieux communiquer avec le monde rural montre bien l'intérêt accordé à la radio par les promoteurs du développement et leur prise de conscience progressive de la nécessité d'une communication plus ouverte et plus axée sur la satisfaction des besoins de l'auditoire rural. Ces efforts sont toutefois restes dispersés, cloisonnés, peu sensibles à la stabilité des dispositifs mis en place. Ces premières formes de radios rurales ont ainsi connu une existence irrégulière, tributaire de la volonté des pouvoirs publics et des partenaires extérieurs pour le financement de leurs activités de production et de diffusion.

Depuis le début des années 80, tirant les leçons de ces diverses expériences, la FAO s'est engagée, avec plusieurs partenaires de la coopération bi et multilatérale, dans un programme de relance des radios rurales, en développant une approche nouvelle axée sur la mobilité des équipements, l'interactivité et l'interdisciplinarité des programmes et l'institution de mécanismes de concertation entre les principaux partenaires en présence, afin de transformer ces radios en instruments de communication dynamiques, autonomes, en dialogue permanent avec la population et au service de l'ensemble des acteurs du développement.

Pendant la même période, de nouveaux types de radios, locales et communautaires apparaissaient dans les zones rurales, avec l'objectif de favoriser une communication de proximité, de mieux prendre en compte les besoins et les réalités économiques, sociales, culturelles et linguistiques des communautés rurales et de créer des dynamiques de solidarité et de développement au niveau des terroirs.

Dans les zones urbaines, la libéralisation progressive de l'accès aux ondes et la démocratisation des pouvoirs en place dans de nombreux pays, autorisait par ailleurs l'apparition, sur la bande FM, de radios privées, à caractère commercial ou associatif, qui proposent à l'auditoire des formes radiophoniques nouvelles, alternatives, sans lien avec le pouvoir ou l'administration, souvent axées sur les jeunes auditoires.

Enfin, les associations paysannes, à travers leurs groupements et leurs fédérations ont également commencé, dans plusieurs pays, à installer des stations de radio, qui ont l'ambition de s'organiser en réseaux, pour servir les besoins de communication de ces mouvements associatifs au niveau des communautés villageoises comme à celui de régions ou de pays entiers.

Ainsi, en quelque vingt ans, le concept de radio rurale a-t-il considérablement évolué:

Les radios rurales sont donc progressivement en train de se transformer en supports de communication de proximité et de dialogue au niveau des communautés rurales, et entre celles-ci et les centres de pouvoir économique, politique et social, sur les principaux thèmes du développement comme sur le terrain éducatif et culturel, dans les zones rurales comme en milieu urbain ou périurbain.

Plusieurs conceptions du développement de la radio rurale

Dans des paysages médiatiques en pleine redéfinition, le foisonnement des initiatives, l'apparition de nouveaux acteurs, la déréglementation et la disparition progressive des monopoles créent une situation nouvelle, où plusieurs conceptions du développement de la radio rurale, sans doute plus complémentaires que concurrentes, sont en présence:

Cette multiplicité des acteurs et des initiatives peut représenter une chance pour le développement de la radio rurale, car elle permet une diversification et une pluralité des approches, une couverture plus complète des territoires, davantage de proximité et une meilleure satisfaction des diversités linguistiques et socio-économiques. Elle offre également d'avantage d'opportunités d'appropriation de l'outil de communication par les acteurs du développement eux-mêmes (communautés villageoises, collectivités décentralisées, groupements et associations de producteurs, opérateurs économiques, etc.).

Elle peut toutefois aussi représenter un danger, car ces initiatives, peu coordonnées entre elles, risquent de se développer surtout en milieu urbain et périurbain, en raison des marchés potentiels qu'ils représentent au détriment de zones rurales éternellement laissées pour compte, et se fonder principalement sur des logiques commerciales, partisanes ou confessionnelles, au détriment de missions de service public, seules en mesure de garantir une certaine équité dans le Traitement des citoyens en matière d'accès à l'information et aux médias.

Au-delà de cette diversité des approches, il est important de souligner - à un moment où les nouvelles technologies et les réseaux mondiaux d'information et de communication accaparent l'attention internationale et drainent une part importante des ressources financières disponibles -, que la radio reste encore, pour le monde rural africain, le seul moyen de communication à sa portée, adapté à ses caractéristiques économiques, sociales et culturelles et lui fournissant à la fois á,n accès à l'information et une source expression et de communication. La crédibilité et la survie des radios rurales africaines sont aujourd'hui menacées. Elles doivent s'adapter à un contexte en évolution rapide et relever un certain nombre de défis, s'agissait de leurs infrastructures et équipements, des mécanismes juridiques et institutionnels qui les régissent, de leur capacité de répondre à la demande de leurs auditoires et de s'organiser en réseaux, de la formation de leurs agents. Les partenaires de la coopération internationale doivent conjuguer leurs efforts pour appuyer cette démarche.

Dégager des perspectives globales

Ce sont ces espoirs et ces inquiétudes qui ont été présentés à la FAO par plusieurs Etats, sous forme d'une requête pour l'organisation d'une réflexion et une rencontre internationale de l'ensemble des partenaires, afin de dégager des perspectives globales de développement de la radio rurale en Afrique.

Cette rencontre se situe dans la continuité des réunions internationales déjà organisées par 1'UNICEF, l'Agence de coopération culturelle et technique (ACCI, l'Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (AMARC), le Centre de coopération agricole et rurale (CTA), l'Institut Panos et d'autres organisations, au cours de ces dernières années.

Elle a été précédée par un important travail d'analyse et de bilan conduit par des consultants nationaux dans 21 pays africains, afin d'établir un état des lieux de la radio rurale, de connaître les méthodologies mises en Ïuvre, les configurations institutionnelles existantes, la situation technique des équipements et infrastructures, les problèmes rencontrés, les plans de développement projetés, les besoins exprimés.

Une mission d'évaluation a également été conduite dans les neuf pays dans lesquels la FAO a contribué au démarrage ou à la relance de projets de radio rurale au cours des dix dernières années.

L'ensemble de ces travaux préparatoires est consigné dans des études et des rapports de synthèse qui ont été mis à la disposition des participants à l'atelier, en anglais et en français.

Les objectifs de la rencontre de Ouagadougou sont:

Elle a l'ambition de déboucher sur l'élaboration de grandes lignes d'un plan d'action pour le développement de la radio rurale en Afrique et de rechercher les moyens techniques et financiers nécessaires pour sa mise en Ïuvre.

Missions - Questions juridiques et institutionnelles

Une mission générale de service public

Les radios rurales sont investies de nombreuses missions qu'il est important de situer dans le cadre général d'une mission de service public dont l'objectif essentiel est d'assurer le monde rural l'accès aux outils d'information, de savoir, de dialogue, expression et de décision dont il a besoin pour maîtriser son environnement économique, social et culturel et jouer pleinement son rôle dans le développement du pays.

Cette mission de service public de la radio rurale ne doit pas être confondue avec ce qui a souvent été l'appropriation des moyens d'information et de communication par un état, un gouvernement ou un parti pour délivrer de façon unilatérale des messages sociaux, éducatifs ou idéologiques. La mission de service public des radios rurales se situe à l'opposé de cette conception. Elle a au contraire l'ambition d'être au service du public, de tout le public, sans distinction d'appartenance linguistique, ethnique, religieuse ou philosophique, d'âge, de sexe, de proximité ou d'éloignement des centres de décision. Le service public signifie aussi égalité de traitement à l'égard `de tous les publics, en couvrant l'ensemble des territoires concernés, en diversifiant la thématique des programmes et des langues, pour aborder toutes les questions relatives au développement rural et en garantissant aux différents segments du public concernés une égalité de traitement et d'expression.

Le service public signifie enfin une garantie d'indépendance des radios rurales par rapport aux pouvoirs politiques, économiques ou religieux.

ll est également important de distinguer clairement ce qui relève de la définition des missions de service public de la radio rurale de ce qui appartient à l'exécution de ces missions. La définition des missions de service public doit se situer à un niveau qui permette de dépasser les intérêts particuliers pour prendre en compte l'intérêt commun. Dans cette définition, l'Etat, en concertation paritaire avec l'ensemble des partenaires sociaux économiques et culturels, doit donc jouer un rôle d'incitation, d'orientation et d'arbitrage.

L'exécution de cette mission peut relever, quant à elle, d'opérateurs très divers et être confiée à des organismes publics, parapublics, associatifs, communautaires ou privés, dès lors qu'ils se conforment à la règle commune, définie et acceptée par tous, dans le cadre de cahiers des charges établissant les droits et les obligations de chacun et qu'ils présentent les caractéristiques requises pour se voir attribuer une mission ou une concession de service public.

Des missions spécifiques pour les radios rurales

Ces missions se situent à plusieurs niveaux; les radios rurales doivent être:

Mise en Ïuvre de ces missions: concurrence ou réseau?

Les enjeux du développement, l'importance stratégique de l'accès à l'information et au savoir pour les populations rurales et les faibles moyens existant dans la plupart des pays, font de la complémentarité et de la mise en réseau des radios existantes un impératif catégorique.

Quelles en sont les implications aux plans juridique et réglementaire, comme au niveau institutionnel?

Aux plans juridique et réglementaire

La mise en Ïuvre de ces missions à l'échelle nationale, régionale et locale en prenant en compte l'ensemble des besoins de la population rurale implique la mobilisation concertée et complémentaire de stations de radio qui se situent à plusieurs échelles et niveaux, disposent de moyens différents les unes des autres et fonctionnent selon des règles et des statuts diversifiés. I1 est donc indispensable, au moment où de nouvelles stations de radio s'implantent à un rythme rapide en milieu urbain, comme en zones rurales, de prendre les dispositions juridiques et réglementaires appropriées, à l'échelle nationale, régionale et locale, afin:

L'examen des questions juridiques et réglementaires est déjà largement entamé dans plusieurs pays où des études complètes sur ces questions ont été menées ou sont en cours (2) Ces études devraient faire l'objet d'une large diffusion afin d'inspirer des démarches de même nature dans chacun des pays concernés.

Il est important de souligner que les stations ou les structures de radio rurale relevant du secteur public ne doivent pas échapper à l'examen et à la révision de leur statut juridique et des dispositions réglementaires qui régissent leur fonctionnement; en effet, leur position centrale, l'expérience qu'elles ont accumulée au fil des années, la compétence de leur personnel, l'importance des moyens dont elles disposent en termes d'équipements techniques et de capacité de production, de diffusion, d'ingénierie, de maintenance et de formation devraient faire de ces stations, ou de ces structures, un noyau central pour le développement des différentes formes de radio rurale et leur conférer un rôle important de coordination, de conseil, de formation et d'appui pour l'ensemble des autres stations qui s'implantent en milieu rural.

Dans la plupart des cas, le statut actuel de ces structures publiques de radio rurale leur interdit de jouer ce rôle et leur donne une image peu valorisante auprès des autres acteurs évoluant dans ce secteur. Leur statut doit donc évoluer vers d'avantage d'autonomie sur les plans juridique, administratif et financier, afin de leur conférer une capacité de négociation avec l'ensemble des partenaires concernés, de leur permettre de conclure des accords et des contrats, d'être présentes à tous les niveaux où des initiatives sont prises en matière de développement rural, de constituer une force de proposition auprès des partenaires concernés, de les autoriser à générer des ressources et a les gérer de façon autonome.

Ce nouveau statut des radios rurales publiques devrait tout en maintenant leur mission générale de service public, les détacher des services centraux des radiodiffusions nationales, leur conférer une autonomie administrative, financière et rédactionnelle, les autoriser à disposer, si nécessaire, de moyens de diffusion autonomes, leur donner vocation à constituer des réseaux avec les stations régionales et locales relevant du service public.

Au plan institutionnel

Ces modifications juridiques et réglementaires doivent s'accompagner de dispositions institutionnelles qui permettent aux radios rurales de jouer pleinement leur rôle d'instrument de promotion et de soutien du développement rural et de satisfaction des besoins des auditeurs ruraux en termes d'accès à l'information, au savoir, à la culture, comme en termes expression, de communication et d'échange des idées, des expériences et des savoirs techniques.

Pour y parvenir, il est indispensable:

Pour atteindre ces objectifs, des dispositions institutionnelles précises doivent être prises:

Ces dispositions réglementaires et ces mécanismes institutionnels de concertation, de pluridisciplinarité, d'interactivité, sont souvent lourds et difficiles à mettre en place. Ils sont toutefois indispensables pour garantir que les radios rurales couvrent convenablement les thématiques du développement, prennent en compte les caractéristiques et les besoins de leurs auditoires, ouvrent la voie à des prolongements multimédias. n appartient aux institutions en présence de trouver des formules plus souples pour rendre ces structures opérationnelles et efficaces.

Plusieurs pays ont déjà pris des initiatives intéressantes dans les domaines juridique et institutionnel, en érigeant les radios rurales en directions ou en directions générales, en leur conférant un statut autonome sur le plan administratif et financier, en leur confiant la conduite et la responsabilité des stations régionales et locales ainsi que la responsabilité des programmes en langues nationales.

2. Etude redéfinition du cadre juridique ou institutionnel de la radio rurale et d'identification des partenaires potentiels à l'utilisation de la radio rurale. Cabinet Diallo. Conseil Juridique. Bamabo/Mali. FAO, Juillet 1994.

Equipements, infrastructures et choix technologiques

De sérieuses insuffisances

La réalité du fonctionnement des radios rurales africaines fait apparaître de sérieuses insuffisances en matière d'équipements et d'infrastructures, qui menacent la survie-même des stations.

Les équipements de production sont anciens (quelquefois plus de 20 ans d'âge) et toujours surexploités. Ayant été acquis au gré des dotations offertes par les partenaires de coopération ou grâce à des mécanismes d'aide en équipements, ils sont souvent de composition hétérogène ou constitués de matériels de fin de séries, ce qui est à l'origine de sérieux problèmes de maintenance et d'approvisionnement en pièces détachées et conduit aux cimetières d'équipements techniques que toutes les stations connaissent.

Les radios rurales disposent rarement d'équipements spécifiques; elles par agent en général les quelques studios et matériels de production existants avec les autres structures et services de la radio national. Les besoins des radios rurales, lorsqu'ils sont en compétition avec ceux des autres secteurs, ne sont généralement pas prioritaires, ni en termes de moyens de production, ni en termes de plages de diffusion. n arrive ainsi que, par manque de capacité de diffusion les programmes de la radio rurale ne puissent pas être diffusés aux heures les plus favorables pour l'auditoire rural ou dans une gamme suffisamment étendue de langues pour couvrir les besoins des principales communautés.

Les équipements de production et les émetteurs des stations régionales sont encore plus dégradés et quelquefois totalement hors d'usage pendant des mois ou des années.

Au niveau des stations locales, lorsque les équipements ont fait l'objet d'études techniques avant leur acquisition, en concertation avec les responsables techniques nationaux au niveau des radiodiffusions centrales, ils sont en général cohérents et fonctionnels. C'est notamment le cas des stations créées dans le cadre du Programme de développement des radios rurales locales appuyé par l'Agence de coopération culturelle et technique (ACCT). Le problème qui se pose toutefois est celui de la maintenance de ce matériel, les techniciens compétents se trouvant souvent très loin du site de ces radios. Une panne peut ainsi immobiliser la station pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

Les équipements de production mobiles (magnétophones de reportage, matériels de sonorisation, véhicules équipés pour les sorties sur le terrain ou les reportages) sont rares et surexploités. Les matériels consommables de production (bandes magnétiques, piles, cassettes) sont également très contingentés, en raison de leur provenance lointaine et de leur coût.

Cette difficulté à disposer de moyens mobiles de production et de matériels consommables constitue un handicap majeur pour l'accomplissement des missions des radios rurales et les contraint bien souvent à produire leurs programmes en studio, ce qui est contraire à leur vocation et à leur approche interactive avec le monde rural.

Du point de vue des émetteurs, la situation n'est pas non plus très favorable. Les émetteurs en ondes moyennes ou en ondes courtes, utilisés pour la diffusion des programmes par les stations nationales et régionales, sont loin de couvrir la totalité des territoires visés. Ils sont dans la plupart des cas très anciens et peu fiables.

Les émetteurs en modulation de fréquence sont encore rares en milieu rural, en dehors des stations locales de type communautaire qui, en général, utilisent des émetteurs de faible puissance qui dépassent rarement un rayon d'action de 50 kilomètres.

En ce qui concerne la réception, les récepteurs que l'on trouve sur les marchés sont de provenance très diverses, souvent de qualité technique médiocre et d'un rapport qualité-prix défavorable. Les piles sont également chères et de mauvaise qualité technique. Il n'existe pas de service après-vente pour les récepteurs ni de circuit de maintenance ou d'approvisionnement en pièces détachées.

Les budgets d'équipement, de renouvellement des matériels hors d'usage, d'acquisition de pièces détachées et de maintenance sont faibles, voire inexistants. Ils reposent trop souvent sur des dotations exceptionnelles de partenaires extérieurs, qui n'apportent que des réponses partielles et non durables aux problèmes posés.

Adapter les équipements à la vocation des radios rurales

Cette faiblesse en équipements, infrastructures techniques et moyens financiers constitue un handicap majeur pour le bon fonctionnement et le développement des missions des radios rurales africaines. L'originalité et la spécificité de leurs missions devraient pourtant se traduire par des équipements et des infrastructures adaptés à leur vocation et à leur environnement:

Rechercher des solutions concertées

La recherche de solutions à ces problèmes d'équipements et d'infrastructures constitue une priorité absolue et doit être entreprise en concertation avec les différents partenaires en présence, tant au plan national qu'aux niveaux interafricain et international.

Au niveau national

L'établissement de plans et de schémas directeurs de développement des équipements et infrastructures techniques des radios rurales représente un élément de départ incontournable. Ces plans et schémas devront harmoniser les composantes nationales régionales et locales et comporter les éléments suivants:

Aux niveaux interafricain et international

De nouvelles orientations pour la formation et la recherche

Les radios rurales sous leurs formes actuelles représentent, on l'a vu dans les chapitres précédents, un secteur d'activités récent, encore peu structuré du point de vue juridique, réglementaire et institutionnel, comme en matière d'infrastructures, d'équipements ou de choix technologiques. Il en va de même pour les questions relatives à la formation et à la recherche.

Formation, des initiatives dispersées et insuffisantes

Il existe un seul établissement de formation spécialisé en radio rurale. Il s'agit du Centre interafricain d'études en radio rurale de Ouagadougou (CERF) créé par l'URINA, qui, en presque vingt ans d'existence, a assuré la formation des producteurs et techniciens spécialisés en radio rurale en poste dans les radios rurales de la plupart des pays d'Afrique francophone. Le CIERRO propose un cycle de deux années d'étude qui débouche sur un diplôme reconnu par les fonctions publiques des pays concernés. Il assure des recyclages et des sessions de formation de courte durée. ll a également une mission de recherche, de documentation et de diffusion en matière de radio rurale.

Aucun établissement de même nature n'existe pour les pays d'Afrique anglophones ou lusophones.

Parmi les agents qui ont bénéficié d'une formation, ceux qui ne proviennent pas du CIERRO ont été généralement formés dans le cadre d'établissements ou de centres qui n'offrent pas de spécialisation en radio rurale, comme les écoles de journalisme, les centres de formation liés aux radios et télévisions ou aux structures publiques d'information dans la plupart des pays africains, les universités, les instituts de formation à la communication à l'étranger, comme l'Institut national de l'audiovisuel (INA) en France, le Centre de formation de la Deutsche Welle en Allemagne, le Centre de formation de Radio Netherlands.

Il est toutefois important de noter que la grande majorité des personnels affectés dans les radios rurales n'ont pas bénéficié d'une formation initiale qualifiante de longue durée et ont généralement été formés sur le tas ou ont suivi, dans le meilleur des cas, des sessions de formation de courte durée.

Ces sessions de courte durée tentent d'apporter une réponse à une demande de formation de plus en plus importante, compte-rendu du rythme soutenu de création de nouvelles stations au c ours des dernières années. Elles sont généralement organisées parles partenaires extérieurs des radios rurales, souvent en collaboration avec le CIERRO, dans le cadre de projets de création ou de relance des radios rurales ou à travers des projets plus thématiques portant sur les questions d'environnement, de santé, de nutrition, de sécurité alimentaire, de population, qui envisagent d'utiliser la radio rurale comme instrument d'information, de mobilisation ou d'éducation.

I1 s'agit notamment de projets soutenus par 1'ACCT, 1'UNICEF, la FAO, le CTA, l'UNESCO, les coopérations allemande, suisse, néerlandaise, et d'autres partenaires.

Ces sessions de formation s'adressent parfois à des équipes mixtes, constituées pour partie de producteurs et d'animateurs de radio, souvent sans formation initiale, et de techniciens des différents secteurs du développement, provenant de ministères, institutions publiques, ONG et autres organismes associés au développement rural.

Elles sont généralement centrées sur un apprentissage ou un perfectionnement portant sur les techniques de production radiophoniques, les techniques d'enquête sur le terrain, d'animation d'émissions publiques villageoises, de réalisation de reportages et de magazines, de confection de microprogrammes ou de production de feuilletons ou de théâtre radiophonique.

Ces formations, en raison du soutien financier et logistique dont elles bénéficient, grâce aux partenaires extérieurs des radios rurales, peuvent privilégier le travail sur le terrain et disposent des moyens de mobilité ainsi que des ressources et matériels consommables nécessaires: véhicules de reportage équipés, carburant, groupes électrogènes, matériel mobile d'enregistrement, de sonorisation et d'éclairage pour les émissions publiques villageoises, bandes magnétiques, cassettes et piles en quantité suffisante, ainsi que de moyens matériels et financiers pour organiser des jeux-concours au niveau des villages, acheter des prix pour les jeux, prévoir des gratifications pour les musiciens et animateurs locaux etc.

Ces conditions matérielles et techniques permettent de faire un travail de formation/production et de profiter de l'opportunité des sorties sur le terrain, pour recueillir la plus grande quantité possible de matériau sonore afin de nourrir les programmes de la radio rurale avec des éléments provenant du milieu rural pendant plusieurs semaines.

Ces formations, cependant, font rarement l'objet d'un suivi au niveau des structures nationales et les agents formés se retrouvent bien souvent, de retour dans leurs stations, dans l'incapacité de mettre en pratique l'apprentissage dont ils ont bénéficié, par manque de moyens de déplacement, de matériel mobile de production, de ressources financières, de matériel fongible.

I1 arrive aussi fréquemment que les agents formés à la production de programmes de radio rurale (dans le cadre du CIERRO ou de sessions de formation spécifique de courte durée), soient affectés à d'autres secteurs de la radio ou d'autres médias (journal parlé, télévision, presse écrite, agence de presse, service de presse des ministères, secteur privé, etc.), lorsqu'ils appartiennent au personnel de la Radio nationale, ou qu'ils ne soient pas autorisés à poursuivre des activités de production au sein des équipes de la radio rurale, lorsqu'ils proviennent de ministères, d'organismes de développement, d'ONG, etc.

Par ailleurs, la formation à d'autres spécialisations que celles de la production, s'agissant notamment des métiers techniques (prise de son, montage, exploitation, maintenance), des métiers de programmation, d'administration et de gestion, des métiers de recherche, n'est pas suffisamment couverte, de façon systématique et à une échelle significative.

Plusieurs initiatives notables ont cependant été prises dans ces domaines par 1'ACCT, le CIRTEF, l'UNESCO, 1'UNICEF, la FAO, la coopération Suisse, la GTZ, le CTA et d'autres organisations, par l'organisation de sessions de formation de courte durée portant sur les thèmes de l'exploitation et la maintenance des matériels et équipements, particulièrement pour les radios locales, l'organisation de services d'archivage et de documentation sonore, la gestion et l'administration des stations locales, le marketing, l'étude des auditoires.

Ces initiatives sont cependant restées ponctuelles et sans coordination entre elles.

En décembre 1992, un colloque était organisé à Bordeaux (France) par 1'ACCT, réunissant les principaux partenaires associés au développement des radios rurales et communautaires en Afrique francophone. Les conclusions et recommandations de cette rencontre ont particulièrement insisté sur la nécessité d'une collaboration plus étroite entre ces partenaires, sur une prise en compte coordonnée des besoins en formation des radios rurales africaines, qu'elles se situent aux niveaux local, régional ou national, sur la production en commun d'outils pédagogiques de formation ainsi que sur la formation de formateurs provenant des radios rurales africaines.

Une importante initiative dans ce sens a été prise, en 1993, par la FAO, 1'UNICEF et le CERRO, dans le cadre d'un projet conjoint qui a débouché sur la mise au point et l'expérimentation d'un ensemble multimédia de formation en radio rurale et la formation de 13 formateurs, provenant de huit pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre. Ces formateurs disposent du savoir-faire et de l'outil pédagogique leur permettant de répondre aux besoins en formation, dans le domaine de la production de programmes de radio rurale, dans leurs pays respectifs. Un premier bilan de cette initiative a été présenté, au cours d'une autre réunion internationale, organisée par 1'ACCT à Bamako, Mali, en novembre 1994.

Ce matériel et ces formateurs, ont cependant été, pour le moment peu mobilisés, pour assurer la formation de nouveaux producteurs de radio rurale, alors que le besoin existe réellement dans ces pays. n y a à cela deux raisons essentielles:

Ce bilan met en évidence la nécessité de situer les questions de formation au niveau des priorités nationales et d'examiner les plans et programmes de formation en lien étroit avec les problèmes d'équipements et d'infrastructures, comme avec ceux des dispositions juridiques, institutionnelles et économiques permettent aux radios rurales d'assurer réellement les missions dont elles sont investies, de façon autonome et durable.

Si ces éléments ne sont pas réunis, l'investissement en formation risque d'être inutile, soit parce qu'il ne pourra pas être réinvesti, faute d'infrastructures, d'équipements, de moyens de production et de diffusion, soit parce que les structures de radio rurale ne disposeront pas du statut et des ressources nécessaires pour l'accomplissement de leurs missions, soit enfin parce que les agents formés iront investir ailleurs le savoir et les compétences techniques qu'ils ont acquis pendant la formation.

De nouvelles orientations sont nécessaires

Au niveau de chaque pays

Aux niveaux interafricain et international

La recherche, secteur prioritaire, mais peu développé

Tout plan de développement de la radio rurale en Afrique devra s'appuyer sur un réseau de stations aux missions et aux statuts bien définis, sur des infrastructures et équipements adaptés au contexte socio-économique et aux conditions d'exploitation de chaque station, sur des personnels compétents et motivés. De telles ambitions sont impossibles sans la mise en place de secteurs de recherche qui seuls peuvent permettre aux radios rurales de mieux orienter leur action, notamment aux niveaux de leurs programmes et de la connaissance de leurs auditoires, et de mieux maîtriser leur développement, aux ni veaux technique, économique et institutionnel.

Les programmes de recherche sont restés très timides et insuffisants, dans la plupart des pays concernés et les stations existantes ont été de plus souvent créées avec des investissements minimaux, sans que de véritables études n'aient été entreprises sur ces différents aspects. C'est sans doute ce qui explique l'incohérence que l'on peut observer dans ce secteur ainsi que la précarité des structures existantes (équipements inadaptés, statuts et cahiers des charges non définis, programmation hasardeuse, auditoires non identifiés, matériels en panne, budgets d'équipement et de fonctionnement inexistants).

Des efforts ont été cependant entrepris dans une période récente, avec l'appui de plusieurs partenaires extérieurs, notamment dans les domaines de la recherche sur les auditoires et des équipements adaptés aux besoins des stations locales et communautaires. Ces efforts restent toutefois ponctuels et dispersés et la durabilité de ces initiatives est compromise par une absence de suivi à l'issue des assistances extérieures.

Il est donc essentiel de définir et de mettre en Ïuvre, au niveau de chaque pays, comme au niveau interafricain, de véritables programmes de recherche qui devraient s'articuler selon les axes principaux suivants:

Ces axes de recherche doivent se développer au niveau de chaque pays, comme à l'échelle interafricaine.

Vers un plan d'action pour le développement de la radio rurale en Afrique

Les radios rurales, sous leurs différentes formes, configurations et réseaux, constituent un outil essentiel pour relever les défis auxquels les sociétés rurales africaines sont confrontées. Elles doivent apporter au monde rural les moyens d'information et d'expression ainsi que les réseaux de communication et d'échanges dont il a besoin pour maîtriser son environnement économique, social et culturel. Dans le cadre d'une mission générale de service public, elles doivent garantir la démocratie et le pluralisme, être plus autonomes sur les plans administratif et financier et devenir techniquement plus fonctionnelles et économiquement plus rentables.

Pour relever ces défis, des conditions politiques, institutionnelles, techniques et économiques doivent être réunies au niveau de chacun des pays concernés, comme à l'échelle interafricain. Les partenaires techniques et financiers de la coopération internationale doivent unir leurs efforts et coordonner leurs appuis pour la mise en Ïuvre d'un plan global de développement de la radio rurale en Afrique.

Aux plans politique et institutionnel

Les Etats doivent s'engager à faire du développement des radios rurales une priorité. Cet engagement doit affirmer fortement la volonté de chaque pays de doter le monde rural de moyens d'information, de communication et d'accès au savoir qui contribuent à combler les inégalités qui se creusent dans ce domaine entre le monde urbain et les zones rurales:

L'étude de statuts juridiques adaptés aux missions des radios rurales, dans leurs différentes configurations, l'adoption de dispositions réglementaires permettant d'accroître l'autonomie administrative et financière des structures publiques de radio rurale, la constitution de réseaux entre les niveaux national, régional et local, la mise en Ïuvre d'une véritable concertation entre les acteurs et partenaires, voilà les principaux éléments qui doivent être pris en compte aux plans politique et institutionnel au niveau de chacun des pays concernés pour assurer un développement durable de la radio rurale

Aux plans des équipements et infrastructures

Un programme de développement de la radio rurale en Afrique n'est pas concevable en dehors d'un réexamen global et complet des équipements et infrastructures existants et des conditions techniques d'acquisition, d'installation, d'exploitation et de maintenance des matériels, équipements et infrastructures existants, s'agissant de la production, de l'émission ou de la réception, aux échelles nationales, régionales et locales.

Ce réexamen doit être entrepris avec l'aide des partenaires techniques et financiers internationaux, en prenant en compte:

Aux plans de la formation et de la recherche

Les questions relatives à la formation et à la recherche sont essentielles au développement de la radio rurale en Afrique.

Au niveau national, elles doivent être considérées comme prioritaires. Un secteur recherche/formation au service de tous les acteurs engagés dans la mise en Ïuvre de nouvelles formes radiophoniques au service du développement qui doit être constitué dans chaque pays.

Au niveau interafricain, un mécanisme de coordination et d'appui aux programmes nationaux de recherche/formation doit être mis en place avec le soutien des partenaires de la coopération internationale.

Une telle mission pourrait être confiée au CIERRO, pour ce qui concerne les pays francophones et à des structures équivalentes, s'agissant des pays anglophones et lusophones; elle devra s'appuyer sur un réseau de chercheurs et de formateurs africains en radio rurale ainsi que sur la constitution et l'exploitation d'un centre de ressources international dans ce domaine.

Au niveau international, la collaboration entre les principaux organismes partenaires des radios rurales africaines doit être poursuivie et intensifiée pour coordonner les appuis apportés aux différents pays et aux structures interafricaine en matière de recherche et de formation s'agissant notamment:

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