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1.3. La nature de l'information à collecter

L'apport des sciences sociales à l'aménagement des forêts est en construction et l'identification des variables les plus pertinentes est à étudier; leur hiérarchie, leur configuration, leur niveau de précision sont loin d'être acquis. Les clefs du diagnostic nous sont, pour beaucoup, mal connues. Les indications qui suivent sont proposées en l'état de nos connaissances, des réflexions et des débats actuels.

On a insisté sur la nécessité de caractériser "l'objet socio-économique" de l'étude. Cela peut être moins évident qu'il n'y paraît. En effet, si l'on s'intéresse à un massif forestier particulier, les populations concernées peuvent comporter les pasteurs nomades qui en parcourent l'espace, les transporteurs et les consommateurs de la filière bois, tout un ensemble de populations parfois difficiles à localiser et à atteindre.

La connaissance, qui nous sera nécessaire, ne peut pas se limiter à un instantané descriptif de l'ensemble des acteurs et des usages, aussi précis soit-il. Elle doit concerner les relations, les alliances, les conflits réels ou sous-jacents qui conditionnent les comportements des différents groupes. Il est donc nécessaire d'atteindre une compréhension des fonctions qui caractérisent ce système multi-acteurs et qui conditionnent la maîtrise de l'espace forestier et ses évolutions potentielles.

Pour atteindre cet objectif, l'approche doit souvent privilégier la connaissance du foncier et la maîtrise des ressources. Ajoutons que l'aménagement opère dans un contexte politique, législatif et administratif en évolution, au regard duquel tout le travail local doit être évalué.

D'autres éléments complémentaires peuvent s'avérer utiles pour mieux comprendre certaines situations particulières:

- le fonctionnement social (liens familiaux, autorités locales, liens de parenté, hiérarchie sociale, alliance, partage, transmission, etc.);

- les activités économiques (dynamiques de production agricole ou dans d'autres secteurs, flexibilité, auto-suffisance, etc.);

- les modes de vie (codes, rites, institutions, comportements, etc.);

- la dynamique démographique locale (pyramide des âges, indicateurs de natalité, mortalité, émigration, immigration saisonnière ou non en cherchant les caractères évolutifs);

- les idéologies (valeurs, image du groupe, de la société, clivage, etc.).

Enfin, on ne saurait trop insister sur la nécessité d'évaluer les avantages et les inconvénients dus à l'aménagement des forêts pour les différents acteurs concernés, tant du point de vue de l'initialisation du projet que des impacts différés. Les coûts récurrents pour les populations locales doivent être pris en compte, car ils sont très souvent un indicateur de la viabilité économique des aménagements "participatifs".

1.4. GPS et GIS de nouveaux outils pour les sciences sociales ?

Des outils récents comme les GPS et les SIG ouvrent des perspectives nouvelles dans le domaine des sciences sociales, en offrant la possibilité de lier des informations à leur référence spatiale. C'est clairement le cas pour la localisation des populations mais aussi lors de l'étude de l'appropriation spatiale du domaine forestier. Ce progrès reste cependant à conforter. Il faudra sans doute apprendre à manipuler et valider ce type d'information, car on conçoit bien que dans les zones de conflits, il sera difficile d'obtenir des renseignements fiables. Par exemple, si l'on cherche à délimiter une forêt villageoise: les parcours effectués par différents villageois ne donneront pas nécessairement les mêmes limites. Par ailleurs, l'analyse spatiale est sur le plan théorique peu développée et incapable à ce jour de tirer profit de l'ensemble de ces progrès métrologiques et informatiques. De nouveaux savoir-faire sont donc à acquérir.

Enfin, notons que les SIG vont permettre de mettre en relation l'information biologique, physique et socio-économique et qu'il s'agit là d'un atout essentiel.

2. Multi-usages et multi-acteurs

2.1. Multi-usages
2.2. Multi-acteurs


2.1. Multi-usages

Haut lieu de la biodiversité, la forêt contient une ressource potentielle particulièrement abondante, que les hommes ont mis en valeur avec plus ou moins d'intensité et d'exhaustivité selon leur dépendance et leur proximité à l'espace forestier. Sur ce plan, les usages de la ressource des forêts tropicales sèches sont particulièrement diversifiés. Au-delà du bois, des parcours et des réserves de terres agricoles, la forêt pourvoit à de nombreux besoins puisqu'on y trouve perches, piquets, miel, pharmacopée, viande, fruits, noix, feuilles, gomme, chaume, nattes, vanneries, etc. Ce qui fait dire à certains observateurs que "parmi les économies africaines celle du Sahel est sans doute la plus dépendante de la production végétale primaire" (Bernus et al. 1993).

Depuis les années quatre-vingt, les gestionnaires reconnaissent la nécessité de prendre en compte cette multiple fonctionnalité lors de l'aménagement des forêts de zones sèches. Mais il a fallu combler le vide des savoirs agronomiques et forestiers par rapport à la ressource dite sauvage: "là où l'oeil ne voit qu'arbustes épineux et arbres desséchés un savoir ancestral sur les multiples usages des ressources végétales du milieu permet à ses habitants de reconnaître et de trouver de nombreux produits comestibles qui se relaient au long des mois et des saisons" (Bergeret et Ribot, 1990).

Aujourd'hui, les inventaires relatifs aux produits forestiers non ligneux se multiplient (encadré n° 22) et l'on trouve de nombreuses listes associant espèces et produits, illustrant de façon spectaculaire la multiplicité des usages potentiels de nombreuses espèces. Ainsi, les 1 14 espèces d'arbres et d'arbustes du Sahel décrites par Von Maydell (1992) ont toutes sans exception plusieurs usages. Cette diversité d'usages se retrouve autant en Afrique qu'en Amérique latine (Parra Hake, 1985) et en Inde (Singh, 1982).

Encadré n° 22: Ressources alimentaires tirées de la brousse au sud-est du Sine-Saloum au Sénégal.

Cassia obtusifolia (herbacée, utilisée pour la sauce, protège des diarrhées infantiles)
Cordyla pinnata Lepr. (arbre, fruits utilisés pour la sauce ou par tous selon leur maturité)
Lannea velutina A. Rich. (arbre, fruits consommés par les enfants surtout)
Hexalobus monopetalus A. Rich. (petit arbre, fruits très appréciés)
Ziziphus mauritiana Lam. (arbre ou arbuste, baies très sucrées, se conservent près de six mois)
Strychnos spinosa Lam. (arbuste, fruits et feuilles utilisés pour la sauce)
Gardenia erubescens Stapf & Hutch. (arbuste, jeunes fouilles utilisées pour la sauce)
Icacina senegalensis A. Juss. (arbuste, pulpe des traits consommés par les enfants, tubercule autrefois consommé)
Leptadenia hastata Decne (herbacée, utilisée pour la sauce du soir)
Diospyros mespiliformis Hochst. (arbre, baies consommées chues, pharmacopée: dysenterie)
Spondias monbin L. (arbre, prunes jaunes appréciées surtout par les enfants)
Grewia lasiodiscus K. Schum. (arbuste, fruits rouges consommés par les enfants)
Securinega virosa Baill. (arbre ou arbuste, Délits noirs consommés par les enfants, tubercules utilisés en pharmacopée)
Hibiscus asper Hook. (bissap sauvage, jeunes feuilles consommées en attendant la maturité du bissap cultivé)
Annona senegalensis Pers. (arbre ou arbuste, fruits rouges orangés récoltés par tous)
Lannea velutina A. Rich. (petit arbre, petits noirs mangés par les enfants)
Sterculia setigera Del. (arbre, exsudat mucilagineux?
Grewia flavescens Juss. (arbre ou arbuste, fruits bovins consommés par les enfants)
Ficus platyphylla Del. (arbre, feuilles et fruits non matures utilisés dans la sauce)
Dioscorea praehensilis Benth. (liane, igname sauvage, principale ressource de famine)
Cola cordifolia R. Br. (arbre à fruits rouges)
Raphionacme daronii Berhault (tubercules se mangent crus en forêt)
Raphionacme brownii S. Ell. (tubercules se mangent crus en foret)
Digitaria exilis Stapf. (herbacée, fonio sauvage dont les graines se mangent cri temps de disette ou de famine)
Borassus aethiopum L. (arbre, rônier, le lirait est comestible, le bourgeon terminal est mangé cru ou cuit)
Termitomices sp. (champignon, consommé cou ou cuit par tous)
Vitex madiensis Oliv.(arbuste, l'édits sucrés manges par les enfants, fouilles utilisées en tisane)
Cissus Waterlotii A. Chev. (arbuste, fruits noirs sucrés)

Extraits de Bergeret, 1986.

Maghembe (1994) insiste sur la conservation du patrimoine génétique des arbres fruitiers sauvages présents dans le miombo au Malawi méridional. Plus de cinquante espèces d'arbres indigènes produisent des fruits comestibles, consommés notamment lors des pénuries saisonnières et des périodes de famine.

Notons toutefois le manque de quantification de l'usage de ces ressources. Dans un même milieu, les stratégies alimentaires peuvent différer selon chaque ethnie et selon le contexte de pénurie ou d'abondance dans lequel on se trouve. Ainsi, pendant les périodes particulièrement sèches, la brousse peut servir de recours ultime pour une alimentation de survie.

L'étude des produits forestiers non ligneux a été longtemps négligée ou peu systématisée; aujourd'hui, on leur trouve de nombreux intérêts (encadré n° 23). Ce changement d'attitude à de multiples raisons comme le signale la FAO. Les principaux facteurs qui ont entravé le développement des Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL) dans le passé comprennent:

- les préjugés contre l'utilisation des ressources sauvages;

- un manque d'appréciation de la valeur des PFNL dans l'économie nationale;

- un manque de compréhension du rôle des PFNL dans la vie des communautés rurales;

- la préférence des techniciens de terrain et des scientifiques pour des produits requérants une haute technologie plutôt que des produits naturels, qui requièrent des procédés plus simples;

- la substitution des produits naturels dans l'industrie par des substances de synthèse pour réduire les coûts;

- le manque d'information, la difficulté d'accès à la littérature et le manque de formation adéquate.

Les facteurs encourageants le développement des PFNL sont aujourd'hui:

- la détérioration des facteurs économiques internes et externes qui restreint les importations et pousse les gens vers les ressources naturelles locales;

- l'augmentation de la publicité autour des PFNL, de l'économie nationale ou communautaire et de la conservation de l'environnement;

- les nouveaux marchés créés par les mouvements "verts" dans les pays occidentaux et par les mouvements migratoires à l'échelle mondiale;

- la recherche de nouveaux produits biochimiques pour le domaine pharmaceutique et l'industrie (FAO, 1991).

Les productions primaires et secondaires des forêts peuvent avoir une importance considérable même au niveau commercial. Ainsi les exportations de la Somalie, centrées sur les peaux, la viande, la vente de bétail, dépendent presque exclusivement des arbres et de la forêt. La gomme arabique génère des revenus importants pour de nombreux pays sahéliens et notamment le Soudan. Ces produits forestiers non ligneux génèrent une entrée vitale de devises et permettent d'économiser des importations coûteuses (Sharma et al., 1994).

La faune sauvage des espaces forestiers peut aussi être utilisée directement comme source de produits (encadré n° 24). Elle participe aussi à la dynamique forestière, par exemple comme disséminatrice de semences. Le tourisme basé sur l'observation ou la chasse de la grande faune est une autre valorisation de la forêt. Cependant, la faune sauvage est rarement incluse dans les aménagements des formations végétales. L'aménagement forestier ne la prend pas en compte classiquement, elle risquerait de compliquer leur conception et leur mise en place. Peltier (1994-b) montre qu'envisager une gestion de la faune au profit des villageois, souvent chasseurs eux-mêmes, permettrait de mener une lutte efficace contre le braconnage et augmenterait la valeur économique de la forêt aux yeux des populations rurales.

Encadré n° 23: Produits dans le domaine végétal (FAO 1991)

Alimentaires: plantes sauvages, domestiques et semi-domestiques (y compris herbes, champignons) et leurs racines, tubercules, bulbes, tiges, feuilles, pousses, fleurs, fruits, graines comestibles; graisses et huiles, épices et assaisonnements, substituts au sel, édulcorants, substituts à la présure, substances pour attendrir les viandes, breuvages, boissons alcoolisées et infusions, désaltérants, etc.

Fourragers: aliments pour le bétail et animaux sauvages, dont les oiseaux, les poissons et les insectes comme les abeilles, les vers à soie, les insectes à laque, etc.

Pharmaceutiques: médicaments, anesthésiques, baumes, pommades, lotions, purgatifs, tant pour les hommes que 1 pour un usage vétérinaire, etc.

Toxiques: pour la chasse, poisons ordaliques, hallucinogènes, pesticides, fongicides, etc. Certains peuvent avoir un rôle pharmaceutique spécialement comme anesthésique.

Aromatiques: huiles essentielles pour les cosmétiques et l'industrie du parfum (marché international hautement spécialise et vulnérable), onguents, encens, etc.

Biochimiques: graisses et huiles non comestibles, enduits maritimes, cires, gommes et latex, teintures, tannins, substances biochimiques pour les plastiques et les revêtements, industries de la peinture et du vernis, etc.

Fibreux: pour les vêtements, la sparterie, le cordage, la vannerie, les balais, le kapoc, le liège, etc.

Ligneux: bois pour l'artisanat.

Ornementaux: plantations ornementales et horticoles, commerces des fleurs coupées et séchées, etc.

Encadré n° 24: Produits dans le domaine animal (FAO, 1991)

Mammifères: viande, cuir, peau, fibre, corne, arrêtes, produits pharmaceutiques, etc.

Oiseaux: viande, oeufs, plumes, nids comestibles, guano, etc.

Poissons: chair, huile, protéine fourragère, etc.

Reptiles: chair, cuir, peau, carapace, toxines, produits pharmaceutiques, etc.

Invertébrés: invertébrés comestibles, exsudat de plante, miel, cire, soie, laque. Etc.

Outre ces apports directs en produits végétaux et animaux extractibles, la forêt peut présenter de nombreux intérêts indirects d'existence (encadré n° 25).

Encadré n° 25: Fonctions écologiques et environnementales de la forêt (FAO, 1991)

Parcours: pâturage, broût, ombrage et habitat pour le bétail et la faune sauvage, etc.

Protection et amélioration des sols: engrais vert, humus, fixation d'azote, stabilisation, ombrage, habitat, haies, etc.

Parcs et réserves: pour la conservation de la flore et de la faune, le tourisme, les loisirs, la chasse, le tir, la pêche, la chasse photographique, l'observation des oiseaux, la collecte d'invertébrés, etc.

Esthétique: site spectaculaire ou historique, etc.

Aujourd'hui, dans certaines régions où la végétation tend à se dégrader, les savoirs se transmettent plus difficilement dans les miombos d'Afrique australe et orientale, les jeunes générations perdent une partie de la connaissance traditionnelle relatives aux arbres fruitiers Autant les savoirs et savoir-faire locaux en matière d'usage ont longtemps été sous-estimés, autant les systèmes locaux de gestion des ressources ont été ignorés ou détruits.

2.2. Multi-acteurs

Dans la période ante coloniale en Afrique sub-saharienne, les maîtrises traditionnelles sur les ressources naturelles renouvelables, sur les espaces et sur les terres étaient entre les mains des Peuhls. Ceci illustrait la prééminence de l'élevage et du pastoralisme sur les autres activités économiques, et conditionnait la "représentation" que chaque habitant avait de la forêt. "Pour tout sahélien sénégalais, qu'il soit peuhl toucouleur ou ouolof, la notion de "forêt" n'a pas du tout le même sens que pour l'habitant actuel des pays tempérés. Ici la forêt est bien moins le complexe vivant producteur de bois. La forêt c'est d'abord et presque exclusivement ici le terrain où l'on envoie les troupeaux à la pâture" (Grosmaire, 1957).

A la fin du XIXème siècle, les représentations européennes du pâturage destructeur des ressources végétales sont introduites et la notion de séparation spatiale, qui était étrangère à la pratique des éleveurs, est importée à travers le droit forestier colonial écrit sur le mode du code forestier français.

De son côté, le développement des activités agricoles propose "une image plus paysanne" de la forêt, pour laquelle l'unité de gestion est plutôt l'espèce que la formation végétale, et qui s'affirme forcément différente de celle de l'éleveur

Par ailleurs, la valeur d'usage des végétaux pour les paysans n'est pas reconnue par les intervenants extérieurs au milieu rural (encadré n° 26) Contrairement à la vision purement ligneuse des forestiers sur la forêt, les paysans considèrent la brousse comme un espace à "ressources multiples et diverses réparties dans leur territoire de façon adéquate selon les exigences de milieu mais aussi selon la fréquence des besoins de chacune des ressources. La réussite de reboisement ne peut résulter alors que d'une complémentarité des objectifs et des savoirs sylvicoles entre les forestiers et les paysans" (Bergeret et Ribot, 1990).

Encadré n° 26: Un exemple de participation de l'approche sociologique à l'acceptabilité d'une forêt classée

Les paysans malinkés (proches de Barnako au Mali) considèrent en général la forêt (ou la brousse) comme bonne à rien ou comme dangereuse et effrayante tant qu'elle n'est pas transformée par l'homme pour lui être utile La perception qu'ils en ont est révélée par la classification traditionnelle de l'espace forestier "L'organisation de la brousse est à l'image de celle complexe du monde (...). La connaissance paysanne est préférentiellement et modestement orientée vers la saisie et la mise en valeur des espaces humanisés, progressivement conquis dans le douzaine de la brousse (...). Le principe anthropomorphique qui anime les diverses procédures du savoir et le caractère pragmatique utilitaire du rapport de l'homme à l'environnement structurent en profondeur; la démarche paysanne en matière de gestion des ressources naturelles"

Ces considérations d'ordre sociologique ne sont pas dénuées de conséquences pratiques par exemple pour l'acceptabilité négociée d'une forêt classée:

- "tant qu'elle est un espace fermé par le fait d'une décision administrative la forêt classée exclut la reproduction naturelle du principe de colonisation progressive de la brousse en fonction des besoins paysans en terre de culture. Elle s'institue ainsi dans un rapport de concurrence avec le territoire agricole En conséquence toute incursion du paysan dans son domaine apparaît du même coup comme une attitude visant à compenser le déséquilibre qu'elle entraîne;

- tant qu'elle est un espace géré par l'administration (...), la forêt classée est perçue (...) comme un lieu désacralisé, artificiel Elle inspire donc moins/a recherche d'une conciliation avec les forces surnaturelles qui l'habitent que la peur d'encourir une sanction administrative;

- le classement d'une forêt semble consacrer sa catégorisation implicite en "espace inutile". Il y a là une incompatibilité avec la "sensibilité" paysanne qui se représente tout espace vierge comme potentiellement colonisable

Aussi la participation paysanne dans la perspective d'une action ´le mise en valeur et d'exploitation de la forêt classée se donnera pour ambition, non pas de se conforter aux schémas de perception paysanne de/a réalité ce qui serait vain-, mais de créer une dynamique nouvelle qui aurait pour effet:

- d'intégrer la forêt aux systèmes locaux de production de telle manière que ceux-ci en deviennent plus cohérents et plus performants;

- de favoriser une appropriation cognitive (le la forêt classée par les populations en "l'humanisant". Il s'agira, pou, ce faire, de promouvoir en son sein des activités et des formes de sociabilité compatibles avec sa sauvegarde (...). (Anderson et al., 1992).

Ainsi, les référentiels associés aux différents groupes, bûcherons, pasteurs, éleveurs, agriculteurs, administrateurs, etc. traduisent les activités de chacun, ce qu'il attend de la forêt et donc, de façon indirecte, des options sur sa gestion.

3. La prise en compte de facteurs socio-économiques lors de l'aménagement

3.1. Du problème foncier à la maîtrise des ressources
3.2. La gestion des terroirs et la forêt


Aménager pour les sciences sociales c'est en quelque sorte comprendre et régler les rapports des hommes vis-à-vis de l'espace forestier et de ses ressources. La problématique foncière est une des entrées primordiales pour étudier ces rapports et pour éventuellement en établir de nouveaux. Une autre entré, parallèle ou complémentaire de l'approche foncière, réside dans une étude plus spatiale des phénomènes de développement.


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