Table des matières

I. CADRE STRATÉGIQUE D'ENSEMBLE

Vers 2015

1. En 2015, la FAO fêtera son soixante-dixième anniversaire. Où en sera-t-elle alors? Que reste-t-il à faire d'ici là? Au tournant du siècle, et du millénaire, les Membres de la FAO ont décidé d'affronter ces questions en mettant au point un Cadre stratégique pour guider les activités de l'Organisation au cours des quinze prochaines années.

2. La question de savoir quelle direction la FAO doit prendre et ce qui lui reste à faire d'ici à 2015 est indissolublement liée à celle qui consiste à prévoir ce que sera la situation mondiale à cette date. S'agissant de prévoir l'avenir, la seule certitude est l'incertitude. Les projections démographiques et économiques n'indiquent qu'un scénario probable en fonction des tendances actuelles.

3. Selon les dernières projections des Nations Unies, la population mondiale devrait croître d'environ 75 millions par an en moyenne jusqu'en 2015, date à laquelle elle atteindrait 7,2 milliards. Les populations vivant dans ce qui est aujourd'hui le monde en développement seront responsables de plus de 90 pour cent de cette augmentation. En 2015, on estime que la population africaine aura progressé de 55 pour cent par rapport à son niveau de 1995, tandis que celle de toutes les autres régions en développement considérées en bloc sera supérieure de près d'un tiers à ce qu'elle était en 1995.

4. À moyen terme (jusqu'en 2005) la croissance économique devrait être plus soutenue dans le monde en développement que dans les pays développés, avec des différences considérables entre les pays. Toutefois, l'évolution de la répartition des richesses mondiales entre les nations sera sans doute lente; à l'heure actuelle, 78 pour cent du PIB mondial provient des pays à revenu élevé, dont la population ne représente que 15 pour cent de la population mondiale, tandis que 2,5 pour cent seulement de ce PIB est attribuable aux économies à faible revenu qui rassemblent 35 pour cent de la population mondiale. En outre, comme l'ont montré les événements récents qui ont conduit à l'instabilité financière régionale ou mondiale en 1997/98, des récessions économiques aux conséquences négatives sur l'emploi, l'agriculture et la sécurité alimentaire sont toujours possibles.

5. La faim devrait persister, bien qu'à des niveaux légèrement atténués. Le nombre de personnes chroniquement sous-alimentées dans les pays en développement est désormais estimé à 828 millions pour la période 1994-96. C'est en Asie que le nombre absolu de personnes sous-alimentées (512 millions) est le plus élevé, tandis que la région où la proportion la plus forte de la population est sous-alimentée (39 pour cent) est l'Afrique. Si des efforts considérables ne sont pas faits pour améliorer les approvisionnements alimentaires et surmonter les inégalités, en 2015, l'incidence de la sous-alimentation pourrait atteindre 30 pour cent de la population dans certains pays.

6. Les sous-alimentés chroniques se trouveront de plus en plus parmi les habitants pauvres des villes. A l'heure actuelle, la population mondiale, qui est de 6 milliards, se trouve encore en majorité dans les zones rurales. Toutefois, le nombre total des habitants des villes devrait augmenter de plus de 60 millions par an et d'ici à 2010, les zones urbaines devraient dépasser en population les zones rurales. D'ici à 2015, 26 villes du monde, situées pour la plupart dans des pays classés aujourd'hui comme en développement, pourraient avoir une population supérieure à 10 millions d'habitants.

7. Une action nationale et internationale peut éviter ou atténuer les conséquences négatives de certaines de ces tendances, notamment en matière de sécurité alimentaire. On attendra des systèmes politiques, économiques et sociaux qu'ils établissent l'environnement nécessaire pour assurer un accès équitable à l'alimentation. L'agriculture au sens large du terme, c'est-à-dire avec les pêches et les forêts, devra répondre aux besoins de populations de plus en plus nombreuses et urbanisées, tout en protégeant la base de ressources naturelles au profit des générations à venir.

Encadré 1. Acte constitutif de la FAO

Préambule:

"Les États qui adhèrent au présent acte, résolus à développer le bien-être général par une action particulière et collective, afin:

  • d'élever le niveau de nutrition et les conditions de vie des populations placées sous leur juridiction respective;
  • d'améliorer le rendement de la production et l'efficacité de la répartition de tous les produits alimentaires et agricoles;
  • d'améliorer la condition des populations rurales;
  • et ainsi de contribuer à l'expansion de l'économie mondiale et de libérer l'humanité de la faim;

constituent par les présentes l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, ci-après désignée sous le nom "l'Organisation", par l'intermédiaire de laquelle les membres se tiendront mutuellement informés des mesures prises et des progrès accomplis dans les champs d'activité énoncés ci-dessus."

L'Article premier définit le mandat de la FAO comme suit:

"1. L'Organisation réunit, analyse, interprète et diffuse tous renseignements relatifs à la nutrition, l'alimentation et l'agriculture. Dans le présent acte, le terme "agriculture" englobe les pêches, les produits de la mer, les forêts et les produits bruts de l'exploitation forestière.

2. L'Organisation encourage et, au besoin, recommande toute action de caractère national et international intéressant:

    (a) la recherche scientifique, technologique, sociale et économique en matière de nutrition, d'alimentation et d'agriculture;

    (b) l'amélioration de l'enseignement et de l'administration en matière de nutrition, d'alimentation et d'agriculture, ainsi que la vulgarisation des connaissances théoriques et pratiques relatives à la nutrition et à l'agriculture;

    (c) la conservation des ressources naturelles et l'adoption de méthodes améliorées de production agricole;

    (d) l'amélioration des techniques de transformation, de commercialisation et de distribution des produits alimentaires et agricoles;

    (e) l'institution de systèmes satisfaisants de crédit agricole sur le plan national et international;

    (f) l'adoption d'une politique internationale en ce qui concerne les accords sur les produits agricoles.

3. L'Organisation a en outre pour fonctions:

    (a)de fournir aux gouvernements l'assistance technique qu'ils demandent;

    (b) d'organiser, en coopération avec les gouvernements intéressés, les missions nécessaires pour les aider à exécuter les obligations nées du fait d'avoir souscrit aux recommandations de la Conférence des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture et au présent acte; et

    (c) de façon générale, de prendre toutes dispositions voulues pour atteindre les buts de l'Organisation tels qu'ils sont définis dans le préambule."


8. Compte tenu de ce scénario général, il est possible d'identifier un certain nombre de tendances et de forces qui auront probablement une influence sur les activités à venir de la FAO. Ces tendances et ces forces peuvent se résumer comme suit:

9. Chacune de ces tendances présente à la fois des risques et des avantages pour l'Organisation. Le Cadre stratégique dans lequel s'inscrira la réaction de la FAO aux défis implicites dans ce scénario doit commencer par examiner le but que s'est fixé l'Organisation.

But

10. Le but fondamental de la FAO est énoncé dans le Préambule de son Acte constitutif (encadré 1) qui affirme la résolution des membres "à développer le bien-être général par une action particulière et collective, afin:

11. L'ordre dans lequel figurent les éléments du Préambule et le nom même de l'Organisation, qui associe alimentation et agriculture, sont significatifs, en ce qu'ils reconnaissent tant la nécessité absolue d'assurer un niveau de nutrition et des conditions de vie correctes à tous que le rôle de l'agriculture dans la poursuite de cet objectif. Dans un rapport présenté à la première Conférence, tenue à Québec, qui a créé la FAO le 16 octobre 1945, les auteurs de l'Acte constitutif indiquent: "S'il est un principe fondamental sur lequel repose la FAO, c'est que le bien-être des producteurs et celui des consommateurs sont en dernière analyse identiques". Il appartiendrait à la FAO d'identifier et de souligner ce cadre plus vaste dans lequel les intérêts des producteurs et des consommateurs apparaissent identiques. Et comme le précisait l'Article premier de l'Acte constitutif, le terme "agriculture" englobe les pêches, les produits de la mer, les forêts et les produits bruts de l'exploitation forestière.

12. Que l'objectif de la FAO demeure pertinent, capital et valide, a été réaffirmé au moment de la célébration du cinquantième anniversaire de la FAO, en 1995. A cette occasion, l'Organisation a pu réfléchir à l'expérience acquise et à son action future. Deux faits sont apparus clairement. Le premier est que des progrès considérables ont été accomplis en matière d'alimentation et d'agriculture et pour réduire la proportion de personnes chroniquement sous-alimentées dans les pays en développement. Le second est que, malgré tous ces progrès, les personnes sous-alimentées représentent encore un cinquième de la population mondiale, soit en chiffres absolus plus de 800 millions de personnes qui n'ont pas accès à une nourriture suffisante pour satisfaire leurs besoins fondamentaux.

13. Dans la Déclaration de Québec, approuvée par la Réunion ministérielle convoquée à Québec (Canada), puis adoptée officiellement par la Conférence de la FAO, les membres ont rappelé chacun des éléments spécifiques du Préambule et réaffirmé leur soutien politique à l'Organisation pour qu'elle puisse s'acquitter de "sa mission de contribuer à l'édification d'un monde dont tous les peuples puissent vivre dans la dignité, libérés de préoccupations alimentaires".

14. Ils ont souligné que la promotion de l'agriculture, de la foresterie et des pêches jouait un rôle clef dans la quête d'un développement économique durable, la responsabilisation des producteurs et des consommateurs, l'utilisation durable des ressources naturelles aux fins du développement et la nécessité de construire un partenariat mondial aux fins du développement durable. Dans sa substance, la Déclaration de Québec réaffirmait les principes fondamentaux qui ont présidé à la création de la FAO. Elle était formulée, toutefois, de façon à refléter des changements de perspectives, découlant des cinquante ans d'expérience de l'Organisation et de l'émergence ou de l'acceptation de nouveaux paradigmes se dégageant ou acceptés à la lumière de cette expérience.

15. Les nouveaux paradigmes émergeaient encore plus clairement des conclusions d'une série de conférences et de sommets internationaux convoqués dans les années 90. Ceux-ci ont suscité un large consensus international sur le développement, qui représentait la réponse de la communauté internationale à la situation à la fin du vingtième siècle. Ils appelaient l'attention, notamment, sur la nécessité d'une lutte concertée contre la pauvreté et la dégradation de l'environnement. Il restait, toutefois, à mettre plus clairement en évidence la priorité absolue à accorder à la lutte contre la faim, comme manifestation la plus extrême et la plus inacceptable de la pauvreté, et la nécessité de produire suffisamment d'aliments pour nourrir l'humanité tout en protégeant et en préservant les ressources de la planète. Il appartenait au Sommet mondial de l'alimentation de s'appuyer sur les accords conclus dans les instances qui l'avaient précédé pour ajouter la dimension essentielle de la sécurité alimentaire au programme d'action pour le XXIe siècle.

Le Sommet mondial de l'alimentation - nouveau point de référence

16. À la session même où elle a adopté la Déclaration de Québec, la Conférence de la FAO a décidé en 1995 de convoquer le Sommet mondial de l'alimentation. Le Sommet, tenu un an plus tard, a été le premier rassemblement mondial au niveau politique le plus élevé à axer ses travaux uniquement sur la sécurité alimentaire. En adoptant la Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale et le Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation, il a renouvelé l'engagement de la communauté internationale à assurer de la nourriture à tous. La Déclaration énonce à la fois le but ultime et l'objectif immédiat: "Nous proclamons notre volonté politique et notre engagement commun et national de parvenir à la sécurité alimentaire pour tous et de déployer un effort constant afin d'éradiquer la faim dans tous les pays et, dans l'immédiat, de réduire de moitié le nombre des personnes sous-alimentées d'ici 2015 au plus tard."

17. Le dénominateur commun des déclarations et plans d'action adoptés par les conférences mondiales est la responsabilité nationale et la solidarité internationale. Les objectifs définis sont des objectifs que seuls les États peuvent atteindre, mais les institutions multilatérales, chacune dans les limites de son propre mandat et de son domaine de compétence, sont appelées à les aider dans cet effort.

18. La FAO a un rôle important à jouer en aidant les pays à mettre en oeuvre les dispositions du Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation qui relèvent de son mandat, ainsi qu'en suivant, par l'intermédiaire de son Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA), les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs du Sommet. Parce qu'il définit les buts mêmes de la FAO, le Plan d'action est fondamental.

19. En même temps, l'Organisation s'est vu confier l'importante responsabilité, dans le cadre du système des Nations Unies, de contribuer à l'exécution de certaines parties du Programme Action 21 adopté par la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement (CNUED), ainsi qu'à certains aspects des activités décidées par d'autres conférences des Nations Unies traitant notamment des femmes, des enfants, de la population et du développement social.

Objectifs mondiaux

20. En gardant présent à l'esprit les Textes fondamentaux de la FAO, il est possible de définir trois objectifs mondiaux interconnectés, dont l'Organisation s'emploie à faciliter la réalisation par ses Membres, à savoir:

21. Ces buts ont été formulés en tenant compte d'un certain nombre de textes adoptés lors de diverses conférences internationales et, en particulier, par le Sommet mondial de l'alimentation et la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement. On soulignera qu'il n'est pas question ici de rouvrir les débats qui se sont tenus dans ces instances, mais d'embrasser tous les aspects examinés à cette occasion. L'intention est davantage de mettre en lumière les aspects des questions examinées auxquelles la FAO est appelée à contribuer, compte tenu de son mandat et de ses domaines de compétence.

22. En poursuivant ces objectifs, la FAO doit s'appuyer sur un ensemble solide de valeurs qui la définit en tant qu'institution (Encadré 2). Elle doit également avoir un sens clair de sa mission et des victoires à remporter.

Mission

23. La mission de la FAO, conformément à l'objectif qui lui a été imparti (Préambule de l'Acte constitutif) et compte dûment tenu de son mandat (Article premier de l'Acte constitutif) est d'aider à instaurer la sécurité alimentaire dans le monde pour les générations actuelles et futures.

24. Dans les quinze années à venir, l'Organisation aidera les Membres à lutter contre l'insécurité alimentaire et la pauvreté rurale; à mettre en place un cadre politique et réglementaire favorable à l'alimentation et à l'agriculture, aux pêches et aux forêts; à assurer une augmentation durable de l'offre et des disponibilités alimentaires; à conserver et à mettre en valeur la base de ressources naturelles et à enrichir les connaissances en matière d'alimentation et d'agriculture, de pêches et de forêts.

Encadré 2. Valeurs

Le domaine d'action de la FAO touche au plus fondamental des droits et des besoins de l'humanité, à savoir être libéré de la faim, ainsi qu'à des secteurs cruciaux de l'économie mondiale - agriculture, forêts et pêches.

Certaines valeurs fondamentales sous-tendent l'Acte constitutif auquel les États souscrivent en devenant membres de l'Organisation et sont énoncées dans le serment qui lie les fonctionnaires du Secrétariat:

Engagement: L'Organisation, de composition mondiale, se consacre à la promotion du bien-être commun grâce à la coopération entre nations; l'intégrité et le dévouement à cet idéal sont demandés aux fonctionnaires du Secrétariat.

Indépendance: La FAO est une instance au sein de laquelle les Membres s'efforcent d'élargir le consensus, et pour ce faire, l'impartialité du Secrétariat est indispensable.

Partenariats: La FAO appartient à la grande famille des institutions du système des Nations Unies consacrées à la promotion de la coopération économique et sociale internationale et reliées à l'Organisation des Nations Unies elle-même en vertu de l'Article 57 de la Charte; ses fonctionnaires appartiennent à une fonction publique internationale adhérant à des principes communs.

Compétence: On attend de la FAO qu'elle soit un centre d'excellence dans son domaine, son Secrétariat oeuvrant pour assurer les plus hauts niveaux d'efficacité et de compétence technique.

Égalité: La FAO s'engage à promouvoir la pleine et égale participation des femmes au développement et à mettre en oeuvre le principe de parité parmi son personnel.

Diversité: La FAO tire sa force également du respect d'approches et de voies diverses vers une destination commune; son Secrétariat recrute donc son personnel sur une base géographique aussi large que possible.

Unité: En se réunissant au sein de l'Organisation, les nations affirment qu'elles croient à la nécessité d'une action collective et leur volonté d'agir en ce sens et le Secrétariat accepte d'appliquer loyalement les décisions des membres de l'Organisation.

Vision

25. Pour l'Organisation, le succès signifie demeurer pleinement sensible aux idéaux et aux besoins de ses membres et être reconnue comme organisation chef de file et partenaire indispensable pour contribuer à l'édification d'un monde libéré de la faim.

26. Au cours des quinze prochaines années, elle sera: un centre d'excellence et une source de connaissances et de conseils faisant autorité dans le cadre de son mandat; le dépositaire et le fournisseur prééminent de capacités et de services multidisciplinaires dans ses domaines de compétence; un partenaire actif des organisations, appartenant ou non au système des Nations Unies, qui partagent ses buts et ses valeurs; une institution bien gérée, efficace et rentable; un point de convergence de la bonne volonté et des ressources internationales au profit de ses membres, ainsi qu'un gestionnaire responsable des ressources qui lui sont confiées et le défenseur et l'avocat de ses propres buts et de ceux de ses membres.

27. La deuxième partie du document traite de la façon dont la FAO traduira cette orientation stratégique générale en stratégies d'action concrètes. Elle met en lumière le défi auquel est confrontée l'Organisation qui doit à la fois faire preuve de ténacité et de suffisamment de souplesse dans un monde en pleine évolution.

II. STRATÉGIES DE L'ORGANISATION

28. Les stratégies de l'Organisation comprennent à la fois les stratégies permettant de faire face aux besoins des Membres et celles qui se rapportent aux questions intersectorielles. Les premières concernent ce que la FAO fera pour aider les Membres à réaliser leurs objectifs alors que les secondes traiteront de la manière dont elle s'acquittera de ses tâches.

29. Les deux groupes de stratégies exigent d'examiner les moyens d'action dont dispose l'Organisation. On peut les regrouper approximativement en domaines "normatif" et "opérationnel", y compris les activités de coopération technique. Toutefois, il est souvent difficile de les différencier clairement en raison des synergies inhérentes à un programme multidisciplinaire exécuté dans le cadre d'une structure décentralisée.

30. Étant donné que le Programme ordinaire de la FAO sert de base et de point de départ à la formulation du Cadre stratégique, les stratégies visant à répondre aux besoins des Membres sont avant tout de caractère normatif. Toutefois, elles feront également intervenir des activités opérationnelles, à condition que les Membres les demandent, que les ressources humaines et financières nécessaires soient disponibles et qu'elles soient la suite pratique d'une activité normative et d'une utilité directe pour les États Membres.

31. Le Programme ordinaire continuera de fournir certains intrants importants pour des activités opérationnelles, notamment par l'intermédiaire du Programme spécial pour la sécurité alimentaire (PSSA) et du Programme de coopération technique (PCT). Néanmoins, l'essentiel du financement devra provenir comme par le passé de sources extrabudgétaires. Les mesures visant à accroître l'efficacité des activités de coopération technique de l'Organisation et à trouver les ressources nécessaires sont traitées dans le cadre des stratégies concernant les questions intersectorielles.

Stratégies visant à répondre aux besoins des Membres

32. La méthode adoptée pour formuler les cinq stratégies traitées ci-dessous et leurs objectifs connexes s'inspire de deux principes de base:

33. L'objectif des stratégies de l'Organisation est de définir plus clairement l'importance et la direction des travaux de l'Organisation aux services de ses Membres, en se concentrant sur les domaines dans lesquels elle a des avantages comparatifs. Lors de la définition des objectifs stratégiques, on a pris pour hypothèse que leur réalisation dépendra de l'action des États Membres aussi bien que de celle de la FAO. Le Cadre stratégique n'a aucune incidence sur les ressources, mais il n'empêche que le volume et le type de ressources mises à disposition seront des facteurs déterminants du succès.

34. L'orientation stratégique des travaux de l'Organisation entre les années 2000 et 2015 suppose des programmes interdisciplinaires, mais elle n'exclut pas la formulation de plans stratégiques sectoriels, comme le Plan stratégique forestier de la FAO. Les objectifs globaux mentionnés dans la Partie I du document seront accompagnés d'objectifs thématiques et souvent de plans ou programmes d'action spécifiques convenus par les pays. C'est notamment le cas de la Déclaration et du Plan d'action de Kyoto sur la contribution durable des pêches à la sécurité alimentaire, de la Déclaration de Leipzig et du Plan d'action mondial sur la conservation et l'utilisation durable des ressources phytogénétiques pour l'alimentation et l'agriculture. Des objectifs et des plans thématiques intersectoriels, comme le Plan d'action de la FAO sur le rôle des femmes dans le développement, continueront d'orienter la démarche de l'Organisation.

A. Contribuer à l'éradication de l'insécurité alimentaire et de la pauvreté rurale

35. La réalisation de l'objectif global défini par le Sommet mondial de l'alimentation exigera des efforts spéciaux de la part des pays où les problèmes sont les plus aigus, ainsi que des initiatives spéciales en leur faveur. En général, ces pays se caractérisent par une pauvreté généralisée, principalement dans les zones rurales; une faible croissance de la production alimentaire par habitant; une disponibilité d'aliments par habitant insuffisante et variable et un accès inégal aux denrées alimentaires disponibles. Ce groupe inclut également les pays exposés aux catastrophes naturelles et aux crises humanitaires ou qui subissent déjà leurs conséquences, principale cause de l'insécurité alimentaire.

36. Cette stratégie concerne les grands facteurs qui contribuent à certaines tendances préoccupantes de l'environnement extérieur: persistance de la pauvreté, élargissement du fossé entre riches et pauvres, inégalité d'accès aux avantages du progrès économique et technique et risque permanent de crises complexes ou liées à des catastrophes. Les moyens d'action normatifs comporteront entre autres l'identification et la diffusion d'outils d'appui aux décisions et aux politiques générales, des directives et informations sur les pratiques optimales et le renforcement des capacités pour les secteurs tant publics que non gouvernementaux. Dans le cadre de sa coopération technique avec les États Membres, la FAO se concentrera sur des activités qui sont à la fois urgentes et appropriées, compte tenu de son mandat et de ses avantages comparatifs. Dans les interventions d'urgence par exemple, l'appui à la coordination de l'aide et à la planification du relèvement de l'agriculture pourrait gagner en importance.

A.1 Moyens d'existence durables dans les zones rurales et accès plus équitable aux ressources

37. La pauvreté est l'une des causes principales de l'insécurité alimentaire. Les efforts visant à augmenter l'offre de denrées et à accélérer la croissance économique auront globalement un effet positif pour les pays et la société mais, à moins d'être accompagnés de mesures ciblées complémentaires, ils ne seront pas en mesure d'éliminer complètement la pauvreté et l'insécurité alimentaire en milieu rural. Ce sont les personnes vivant dans des zones marginalisées du point de vue économique et environnemental qui risquent le plus d'être laissées pour compte, mais la pauvreté et l'insécurité alimentaire frappent également les personnes démunies vivant dans des zones plus favorisées.

38. Pour garantir à ces populations des moyens d'existence plus stables et la sécurité alimentaire, il faut absolument tenter d'accroître les opportunités et les choix qui s'offrent aux individus et d'améliorer la productivité des ressources, en vue d'augmenter les revenus ruraux et d'améliorer l'accès aux denrées alimentaires. Il est indispensable, dans cette optique, de faciliter un accès équitable aux ressources naturelles et économiques et aux services sociaux, et des mesures spécifiques pourraient donc être requises afin de traiter des inégalités entre hommes et femmes. Il s'agit en fait d'améliorer les moyens d'existence des populations rurales, les revenus agricoles et la sécurité alimentaire, à la fois dans les zones économiquement marginalisées et à déficit vivrier et parmi les populations démunies vivant dans des zones plus favorisées.

Composantes de la stratégie

39. La stratégie repose sur les composantes vivantes:

Partenariats et avantages comparatifs

40. Dans le domaine du développement rural intégré, la FAO possède des compétences dans des domaines essentiels pour améliorer les revenus ruraux et les possibilités d'emplois (alimentation et nutrition, cultures, élevage, pêches et forêts). C'est la seule institution internationale qui s'occupe de tous les aspects relatifs au régime foncier en milieu rural. Elle a acquis des compétences spécifiques pour le renforcement des capacités et des institutions, en élaborant et en appliquant des processus et des méthodes participatives pour aider les ruraux pauvres à saisir les opportunités qui s'offrent et accéder aux ressources nécessaires. Des approches particulièrement novatrices ont notamment été conçues, dans le cadre du Programme spécial pour la sécurité alimentaire, pour identifier les problèmes et tester, démontrer et reproduire des stratégies d'amélioration des moyens d'existence dans les zones rurales. La FAO a également des compétences reconnues en matière de mobilisation des investissements dans le secteur de l'agriculture, des pêches et des forêts.

41. Comme la lutte contre la pauvreté est l'un des principaux objectifs des Membres et intéresse aussi au plus haut point le système des Nations Unies, les contributions de la FAO au secteur rural ne sont pas fournies de façon isolée mais font partie intégrante d'un effort plus global. Les investissements visant à améliorer l'accès à l'eau potable et aux services d'assainissement, à l'énergie, aux services sanitaires et à l'éducation seront décisifs pour obtenir un meilleur niveau de vie dans les zones rurales. A cet égard, la FAO cherchera à intégrer davantage son action au sein du système des Nations Unies (notamment avec le PAM, le FIDA, l'OMS, le BIT, l'UNESCO, l'UNICEF, le PNUD, le FNUAP, le PNUE, le PNUCID et l'UNIFEM. Le réseau du développement rural et de la sécurité alimentaire du CAC constituera un important moyen de faciliter cette intégration tant au siège que sur le terrain. Les partenariats seront également renforcés avec les systèmes du GCRAI, les établissements universitaires et les instituts nationaux de recherche. On recherchera de nouvelles alliances, fondées sur des objectifs communs et la complémentarité des activités, avec des organisations qui s'occupent du développement rural et de la lutte contre la pauvreté, y compris des ONG spécialisées et des organismes communautaires (en particulier les associations regroupant agriculteurs, populations rurales, femmes et jeunes) et avec le secteur privé. Faisant fond sur la longue coopération avec la Banque mondiale, les banques de développement régionales et le FIDA, la FAO s'efforcera de stimuler une augmentation des contributions d'APD à l'appui de la sécurité alimentaire.

A.2 Accès des groupes vulnérables et défavorisés à une alimentation suffisante, saine et nutritive

42. La lutte contre la pauvreté devrait théoriquement conduire à la sécurité alimentaire pour tous, mais il y a de bonnes raisons de se concentrer directement et immédiatement sur les problèmes de sous-alimentation et de malnutrition. Un apport alimentaire insuffisant sur une période prolongée constitue une grave menace pour la santé, empêche une croissance et un développement normal chez l'enfant, réduit les capacités mentales et abaisse la productivité des adultes valides, autant de facteurs empêchant les individus de sortir de la misère. Pour atteindre l'objectif fixé lors du Sommet mondial de l'alimentation, il faut que les pays adoptent des mesures spécifiques visant à obtenir directement des améliorations durables de la nutrition chez les pauvres et les personnes socialement défavorisées. Faute de quoi, de larges segments de la population passeront toute leur vie à souffrir de sous-alimentation et de malnutrition et ne seront pas en mesure de contribuer au processus de développement, ou d'en bénéficier pleinement.

43. Le défi pour les pays touchés par une sous-alimentation généralisée et pour la FAO, qui tente de les aider, est de répondre à ces besoins dans un domaine d'où l'État se retire progressivement, et d'obtenir, allouer et gérer des ressources en faveur de "dispositifs de protection sociale" et de programmes connexes qui garantissent l'accès à une alimentation suffisante, saine et nutritive dans les zones urbaines et rurales. À cet égard, on tiendra pleinement compte des progrès réalisés en vue d'élaborer une approche fondée sur le droit à la sécurité alimentaire. Dans l'immédiat, il faut clairement identifier les victimes de l'insécurité alimentaire, les zones où elles habitent et les raisons de cette insécurité. Sur la base de ces informations, les programmes d'action pourront être ciblés plus efficacement.

Composantes de la stratégie

44. La stratégie repose sur les composantes suivantes:

Avantages comparatifs et partenariats

45. La FAO possède une masse critique de compétences dans les domaines de planification et des politiques nutritionnelles nationales, de l'évaluation nutritionnelle, de l'élaboration de programmes axés sur les besoins des groupes vulnérables et des victimes de l'insécurité alimentaire et sur l'amélioration de la qualité et de l'innocuité des aliments au niveau des ménages, des communautés et des municipalités. En outre, la FAO est bien placée pour concevoir et adapter des méthodes et des concepts de protection sociale, en faisant appel à une démarche multidisciplinaire qui associe compétences sociales et économiques, techniques et juridiques. S'appuyant sur les systèmes d'information gérés par diverses unités, l'Organisation a également toutes les compétences nécessaires pour mesurer, surveiller et évaluer l'insécurité alimentaire et la vulnérabilité aux niveaux mondial, régional et national. En plus de son action au niveau des systèmes d'information et des conseils de politique générale, la FAO a une longue expérience des activités d'amélioration de la nutrition fondées sur les apports alimentaires, au niveau des ménages et des communautés.

46. Le Groupe de travail interinstitutions sur le Système d'information et de cartographie sur l'insécurité alimentaire et la vulnérabilité (SICIAV) regroupe des institutions du système des Nations Unies, des organismes bilatéraux et des ONG internationales qui s'occupent activement de diverses questions couvertes par le SICIAV. Le Sous-Comité de la nutrition du CAC, auquel la FAO participe, est le cadre naturel où peut être établi un réseau constructif de liens de coopération, notamment pour faciliter le suivi de la Conférence internationale sur la nutrition (CIN). Des arrangements de coopération existent avec le FIDA, en matière de lutte contre la pauvreté, et avec le PAM, sur des programmes d'aide alimentaire qui complètent les efforts de développement à long terme. Dans le cadre de cette stratégie, il est possible de renforcer davantage la coopération et les efforts conjoints entre les organisations basées à Rome qui s'occupent d'alimentation. Comme la sous-alimentation est souvent la conséquence de maladies, il est indispensable de poursuivre les partenariats avec l'OMS et l'UNICEF. La FAO s'efforcera d'encourager les institutions du système des Nations Unies ainsi que les institutions financières internationales, les établissements universitaires et les instituts de recherche, les associations parlementaires, les ONG et les groupes intéressés du secteur privé, à collaborer à des programmes ciblés.

A.3 Plans d'intervention et action efficace et durable en cas de crises alimentaires ou agricoles

47. Le meilleur moyen de faire face à des situations d'urgence est la prévention, mais des crises alimentaires ou agricoles continueront de se produire à la suite de catastrophes naturelles telles que sécheresses, inondations, feux, infestations de ravageurs et maladies, ou de catastrophes provoquées par l'homme telles que guerres et conflits internes. Des bouleversements imprévus des systèmes financiers et économiques peuvent également conduire à des situations d'urgence qui ont, elles aussi, des retombées négatives sur les populations locales. Souvent, les populations les plus gravement touchées par les catastrophes vivent dans des zones rurales, mais la désorganisation des systèmes agricoles et alimentaires peut avoir des conséquences graves à la fois pour les ruraux et pour les citadins, et ce sont en général les personnes démunies qui sont les plus vulnérables.

48. Il s'agit d'accroître la résistance et la capacité des pays et des populations à faire face aux effets des catastrophes, qui pèsent sur la sécurité alimentaire des pays et des ménages et, lorsque des catastrophes se produisent effectivement, de contribuer aux interventions d'urgence qui facilitent la transition entre l'aide et le relèvement des secteurs alimentaire et agricole.

Composantes de la stratégie

49. La stratégie repose sur les composantes suivantes:

Partenariats et avantages comparatifs

50. L'avantage comparatif de la FAO en matière d'aide humanitaire provient directement du savoir-faire, des connaissances et de l'expérience qu'elle a accumulées en tant qu'institution spécialisée. Elle a démontré qu'elle a la capacité technique de surveiller les ressources naturelles et de favoriser avec d'autres les efforts internationaux de prévision, de prévention et d'atténuation des catastrophes naturelles. Au sein du système des Nations Unies, elle est sans conteste l'Organisation chef de file pour l'alerte rapide en cas de pénuries alimentaires, grâce à son Système mondial d'information et d'alerte rapide (SMIAR), et pour la prévention et la réponse rapide contre les ravageurs et les maladies transfrontières des animaux et des plantes (EMPRES), notamment grâce à ses activités de lutte contre le criquet pèlerin ou les autres migrateurs nuisibles. Elle a les compétences requises pour évaluer les besoins d'aide et fournir une assistance permettant le relèvement rapide des capacités productives dans les secteurs alimentaires et agricoles, qui sont vitales pour les pays sinistrés où l'agriculture est l'activité prédominante. Elle peut donc prendre l'initiative pour l'élaboration d'options ciblées de relèvement et de développement du secteur rural, ainsi que l'identification de projets prioritaires d'investissement. En s'attachant par ailleurs à la sécurité alimentaire des ménages et au bien-être nutritionnel des populations touchées, la FAO est en mesure d'offrir une approche globale en matière de redressement et de relèvement.

51. La FAO réalise, conjointement avec le PAM, des évaluations des cultures et des approvisionnements alimentaires ainsi que des évaluations de la sécurité alimentaire et de l'état nutritionnel des ménages et elle a établi des liens solides avec les institutions des Nations Unies s'occupant d'aide humanitaire, y compris l'OCHA, le PAM, l'OMS, l'UNICEF, le PNUE et le HCR, ainsi qu'avec des organismes régionaux, des gouvernements nationaux et des ONG internationales et nationales, notamment en ce qui concerne l'alerte rapide et les évaluations alimentaires et nutritionnelles. Les interventions en cas de situations d'urgence et l'aide rapide au relèvement à la suite de catastrophes sont fournies dans le cadre des mécanismes de coordination et de gestion de l'aide d'urgence créés au sein du système des Nations Unies (y compris le Conseil de sécurité), fondés sur le Comité permanent interorganisations et le Comité exécutif pour l'aide humanitaire en liaison avec les principales institutions d'aide humanitaire (gouvernements, institutions des Nations Unies, Mouvement de la Croix Rouge, ONG et donateurs). Sur le terrain, les ONG sont également parmi les principaux partenaires d'exécution, notamment en cas de situations d'urgence complexes. Pour ce type d'activité, on continuera de rechercher des ressources auprès d'organismes de financement bilatéral et multilatéral ainsi qu'auprès d'institutions financières régionales et internationales qui ont à coeur de soutenir les efforts de reconstruction.

B. Promouvoir, élaborer et renforcer les politiques et cadres réglementaires pour l'alimentation, l'agriculture, les pêches et les forêts

52. A l'échelle internationale comme à l'échelon national, les politiques et cadres réglementaires qui régissent les secteurs de l'alimentation, de l'agriculture, des pêches et des forêts jouent un rôle de plus en plus déterminant dans une économie mondiale dont l'interdépendance et le caractère intégré ne cessent de s'accentuer. La stratégie de l'Organisation s'appuie sur son rôle bien établi d'instance mondiale neutre, mais aussi de dépositaire d'un certain nombre d'instruments internationaux, qui oeuvre en coopération étroite avec d'autres organisations dans les domaines des ressources naturelles liées à l'alimentation et à l'agriculture, comme dans ceux de l'environnement et des échanges commerciaux. Par ailleurs, cette stratégie tient dûment compte du fait que les Membres réclament une assistance croissante pour le renforcement de leur capacité d'élaboration de politiques, de cadres réglementaires et de normes.

53. Les moyens servant à mettre en oeuvre cette stratégie comprennent, notamment: la fourniture de services de secrétariat, y compris la coordination des activités; les conseils et les analyses d'ordre technique ainsi que l'appui aux négociations; l'échange d'informations et d'expérience par le biais d'études, de lignes directrices et autres publications; le renforcement des capacités, destiné à faciliter la participation des pays aux négociations internationales et aux mécanismes de suivi; enfin, les activités de mise en valeur des produits de base. On s'emploie en outre à faciliter l'application des instruments internationaux au niveau des pays en aidant ces derniers à mobiliser des ressources auprès des principaux donateurs d'aide multilatérale et bilatérale.

B.1 Instruments internationaux concernant l'alimentation, l'agriculture, les pêches et les forêts ainsi que la production, l'utilisation sans danger et les échanges commerciaux équitables de produits agricoles, halieutiques et forestiers

54. Il convient de poursuivre le renforcement des politiques internationales et cadres réglementaires concernant l'alimentation, l'agriculture, les pêches et les forêts, car il constitue un préalable important sur la voie de la sécurité alimentaire pour tous. Ce cadre doit contribuer à la conservation, à la bonne gestion et à l'utilisation durable des ressources naturelles; il doit également aider à garantir des approvisionnements adéquats en denrées alimentaires saines, et promouvoir le commerce des produits alimentaires et agricoles ainsi que l'adoption de politiques commerciales d'ensemble tendant à assurer la sécurité alimentaire grâce à un système mondial d'échanges commerciaux équitable et orienté vers le marché.

55. Dans cette perspective, l'une des tâches principales consiste à faciliter la pleine participation, en parfaite connaissance de cause, de tous les membres de la FAO à la poursuite de l'élaboration d'un cadre réglementaire approprié dans les domaines relevant du mandat de l'Organisation, en accordant la place voulue aux préoccupations propres aux pays en développement et aux économies en transition.

Composantes de la stratégie

56. La stratégie s'appuie sur les composantes suivantes:

Avantages comparatifs et partenariats

57. La FAO est idéalement placée pour fournir une tribune à la fois mondiale et neutre pour le renforcement des politiques internationales et des cadres réglementaires régissant l'alimentation, l'agriculture, les pêches et les forêts. En effet, lorsqu'elle s'emploie à élaborer et à faire adopter des accords, des codes de conduite, des engagements, des normes et autres instruments internationaux sur des questions relevant de son mandat, l'Organisation est à même de puiser dans son riche savoir-faire technique et juridique multisectoriel et dans sa vaste expérience. Grâce aux activités de la Commission des ressources génétiques pour l'alimentation et l'agriculture (CRGAA), la FAO jouit d'une compétence reconnue de promoteur de négociations intergouvernementales concernant des instruments internationaux qui traitent de certains aspects de la diversité biologique liés à l'alimentation et à l'agriculture. La Convention internationale sur la protection des végétaux (CIPV) offre, quant à elle, une plate-forme neutre à la coopération internationale en vue de la négociation et de l'harmonisation des politiques visant à protéger les plantes et les produits végétaux contre les ravageurs. Quant aux normes d'hygiène alimentaire adoptées par la Commission du Codex Alimentarius, ou à celles régissant la protection phytosanitaire adoptées sous l'égide de la CIPV, elles sont reconnues par l'OMC comme critères de référence applicables aux échanges internationaux. De plus, la FAO dispose d'une structure unique de groupes intergouvernementaux sur les produits, qui permet aux États de se concerter à propos des denrées agricoles de base.

58. S'agissant des avantages comparatifs dont elle dispose, la FAO continuera de s'appuyer, dans l'accomplissement de sa mission, sur des partenariats avec les organisations internationales pertinentes et celles de la société civile - y compris les associations de producteurs et de consommateurs. Les exemples d'une telle coopération ne manquent pas: avec l'OMS pour les travaux du Programme mixte FAO/OMS sur les normes alimentaires et de la Commission du Codex Alimentarius; avec l'IPGRI et le GCRAI dans le domaine des ressources génétiques pour l'alimentation et l'agriculture; dans d'autres domaines, la FAO coopérera avec les organismes compétents en matière de ressources naturelles, d'environnement et d'échanges commerciaux. Cette collaboration nécessite un soutien constant, dans la perspective de l'alimentation et de l'agriculture, aux secrétariats de conventions, telles que la Convention sur la diversité biologique, la Convention de lutte contre la désertification et la Convention Ramsar. Cette coopération se poursuivra également avec les secrétariats de la Convention sur les changements climatiques et la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, de même que sous la forme d'une participation aux négociations entreprises sous l'égide du PNUE sur les polluants organiques persistants (POPS). Enfin, la FAO continuera d'apporter son appui à l'idée de droits liés à l'alimentation, auprès du Comité des droits économiques et sociaux et du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme.

B.2. Politiques nationales, instruments juridiques et mécanismes d'appui conformes aux exigences nationales et compatibles avec les politiques internationales et cadres réglementaires

59. On s'attend à ce que les gouvernements poursuivent leur désengagement progressif du secteur de la production, pour se tourner davantage vers la fourniture de biens et services d'ordre public ainsi que l'établissement d'un cadre propice à une croissance économique durable et à la lutte contre la pauvreté. Il faut également s'attendre à ce que la concurrence pour l'obtention des ressources naturelles, alliée à l'expansion des phénomènes de privatisation et de mondialisation, alourdisse la tâche des États en matière de réglementation. Il y aura donc un besoin croissant, à l'échelon national, de politiques et de cadres réglementaires destinés à répondre aux besoins intérieurs tout en restant compatibles avec les politiques et les cadres réglementaires adoptés au niveau international.

60. Il faudra notamment, de manière impérative, répondre aux besoins des pays en développement ou des économies en transition, élaborer et mettre en oeuvre les politiques nationales qui s'imposent ainsi que les instruments juridiques et mécanismes d'accompagnement, tout en gardant à l'esprit le caractère limité des ressources dont disposent les gouvernements, de même que la nécessité d'appliquer les mécanismes réglementaires de la façon la plus efficiente possible. Dans cette perspective, les domaines à privilégier en matière de conseils juridiques et techniques spécialisés sont les suivants: ressources génétiques, protection des plantes, qualité et hygiène des aliments, pêche responsable, santé animale, régime foncier et institutions rurales, protection du milieu naturel (forêts, faune, ressources hydriques et pédologiques et lutte contre la désertification), ainsi que les conséquences des accords commerciaux internationaux dans les secteurs de l'alimentation et de l'agriculture.

Composantes de la stratégie

61. Les composantes de la stratégie seront les suivantes:

Avantages comparatifs et partenariats

62. La FAO dispose d'une capacité largement démontrée pour ce qui est de conseiller ses membres sur l'incidence des politiques internationales et des cadres réglementaires, notamment en ce qui concerne le commerce des produits alimentaires et agricoles, les politiques et la législation nationale connexe, et la fourniture d'une assistance technique pour leur formulation et leur mise en oeuvre. Cette capacité s'appuie sur les moyens dont dispose la FAO pour analyser les évolutions et prévoir les tendances en matière d'alimentation, d'agriculture, de pêches et de forêts, de même que sur sa connaissance approfondie des politiques internationales et cadres réglementaires, y compris de leur application à l'échelon national. Ajoutons que la FAO profite de la synergie qui se crée entre ses activités normatives et ses programmes opérationnels.

63. Pour l'élaboration des politiques nationales et des cadres réglementaires, les partenaires naturels de l'Organisation sont les gouvernements. Cela n'empêche pas la FAO de maintenir un dialogue, qu'elle entend poursuivre, avec la société civile et avec le secteur privé sur les mêmes questions. Ainsi, sa coopération avec l'Union interparlementaire (UIP) est destinée à se renforcer, et les partenariats seront maintenus avec les organisations à vocation technique et commerciale quant au contenu technique de l'assistance fournie, cette dernière pouvant aller des mécanismes permettant aux organisations concernées d'offrir un appui technique aux activités d'assistance de la FAO - comme, par exemple, l'OMS en matière d'hygiène des produits alimentaires et d'autres aspects liés à la santé, ou le PNUE sur les questions d'ordre environnemental - aux dispositions prévoyant un soutien de la FAO aux activités conduites par d'autres organisations - par exemple, l'OMC pour la mise en oeuvre de l'Accord sur l'application de mesures sanitaires et phytosanitaires. Par ailleurs, la FAO s'efforcera de mobiliser des fonds auprès des donateurs à l'appui des initiatives prises par les États Membres dans ces domaines.

C. Augmenter durablement l'offre et la disponibilité d'aliments et d'autres produits des secteurs agricole, halieutique et forestier

64. Si l'on veut satisfaire les besoins d'une population croissante et dont l'urbanisation s'intensifie, il conviendra, dans un avenir prévisible, d'améliorer de façon substantielle le volume et la qualité de l'offre intérieure ainsi que des disponibilités de produits agricoles. Dans les pays en développement tout particulièrement, il faudra de façon impérative améliorer la productivité des secteurs de l'agriculture, de l'élevage, des pêches et des forêts, où l'adoption de techniques plus modernes est de nature à redresser rapidement et sensiblement la production ainsi que le revenu des producteurs. Il faudra également veiller à renforcer les volets économiques et institutionnels de toutes les activités ayant un fondement agricole, y compris les systèmes de transformation et de commercialisation, afin d'en améliorer de manière générale l'adaptabilité.

65. Les axes principaux d'une telle stratégie seront: améliorer les politiques ainsi que les cadres institutionnels et se pencher sur les difficultés de gestion des systèmes, en tenant compte de l'évolution du rôle de l'État et de l'importance de l'initiative privée; appuyer le transfert et l'utilisation de technologies appropriées visant à obtenir une intensification durable des systèmes de production. La FAO, soucieuse d'offrir aux pays le choix entre une variété d'options applicables de façon concrète, entend élaborer et diffuser des instruments à caractère normatif (lignes directrices, recueils de «pratiques optimales», etc.), fournir des conseils et une assistance en matière de politiques et de mesures techniques, et promouvoir le renforcement des capacités. Elle s'attachera à diffuser, après en avoir effectué la synthèse, des informations concernant la technologie, les méthodes et les instruments d'appui à la décision, et préconisera l'adoption de solutions ayant fait leurs preuves.

C.1. Politiques et mesures institutionnelles propres à améliorer l'efficacité et l'adaptabilité des systèmes de production, de transformation et de commercialisation et à faire face à l'évolution des besoins des producteurs et des consommateurs

66. Bien souvent, les imperfections du marché, la faiblesse des institutions de soutien ou celle des politiques adoptées constituent une entrave à l'efficacité des systèmes de production, de transformation et de commercialisation chargés de produire et d'amener aux consommateurs une offre quantitativement et qualitativement appropriée de produits agricoles, halieutiques et forestiers. Ces facteurs gênent la mobilisation des ressources devant servir au développement agricole et rural - ils nuisent notamment à l'investissement dans les moyens et les services productifs - et ralentissent l'adoption de technologies et de pratiques appropriées. En outre, ces imperfections tendent à freiner l'adaptation des systèmes à l'évolution des conditions, comme par exemple la nécessité d'approvisionner des populations urbaines en expansion constante.

67. Face à la commercialisation croissante de l'activité agricole, il devient de plus en plus nécessaire de donner la priorité à l'amélioration des services de soutien à la production, notamment à la fourniture d'intrants et au crédit rural. Par ailleurs, un secteur productif dynamique a besoin de s'appuyer sur des systèmes efficaces de commercialisation, de traitement d'après-récolte et de transformation, mais aussi sur des informations concernant la demande qui aident les cultivateurs à prendre leurs décisions. Il faut donc des politiques et un cadre institutionnel qui encouragent la mobilisation des ressources, des institutions de soutien plus efficaces et capables de s'adapter à l'évolution des conditions tout en étant plus accessibles aux usagers, et une meilleure réactivité de la part des cultivateurs, des pêcheurs et des autres producteurs comme de la part de l'industrie agro-alimentaire et des entreprises de commercialisation. Dans cette perspective, la FAO axera ses efforts sur la fourniture d'un éventail suffisant d'options aux pays intéressés et sur le renforcement de leur aptitude à les sélectionner et à les mettre en oeuvre. Il conviendra d'accorder une attention particulière au rôle des femmes dans les activités de production, de transformation et de commercialisation.

Composantes de la stratégie

68. La stratégie s'appuiera sur les composantes suivantes:

Avantages comparatifs et partenariats

69. La FAO, dont l'éventail de compétences couvre notamment l'agriculture, les forêts et les pêches, de la politique aux ressources et de la production à la transformation et à la commercialisation, est une source majeure de conseils indépendants sur les politiques à adopter dans ces secteurs. Elle joue un rôle pilote dans un nombre important d'initiatives internationales tournées vers la gestion durable des forêts et des pêcheries. La FAO a élaboré et expérimenté des méthodes d'appui à la formulation de politiques agricoles axées sur la participation et sur la problématique homme-femme, ainsi que des méthodes d'aide à l'amélioration des systèmes de vulgarisation. Elle est également reconnue pour le travail normatif accompli sur les systèmes de soutien à la production et à l'après-production, souvent en partenariat avec les organismes donateurs; de ce fait, elle est bien placée pour dispenser des conseils sur les politiques et les mesures institutionnelles les plus appropriées dans ce domaine. Sa réputation n'est plus à faire en ce qui concerne la mobilisation des ressources destinées à l'investissement agricole et rural, et son expérience est grande en matière d'aide à la préparation des plans et des projets d'investissement - par exemple, pour la mise en valeur et l'utilisation des terres et des eaux -, dans la perspective d'une optimisation de l'allocation des ressources. Elle est également bien placée pour donner des avis sur les compromis et les synergies entre la fonction de production agricole et les autres utilisations des terres. Dans le cadre du système des Nations Unies, elle est maître d'oeuvre du Chapitre 14 du Programme Action 21: Promotion d'un développement agricole et rural durable.

70. La FAO entend poursuivre sa collaboration avec les autres organismes des Nations Unies en matière d'analyse des politiques et d'aide aux activités sectorielles et sous-sectorielles, de même que pour la fourniture aux États Membres, sur demande, d'informations indépendantes et d'analyses sectorielles, qui complètent le travail de macropolitique accompli par les institutions de Bretton Woods. Tout en apportant une assistance à la formulation des politiques et à l'élaboration d'instruments décisionnels, la FAO continuera de renforcer ses liens avec le GCRAI, le monde universitaire et les organismes de recherche, les agences bilatérales de développement, les ONG et les associations de producteurs, de commerçants, de transformateurs et de consommateurs. Dans cette perspective, la coopération avec les organisations de la société civile et du secteur privé dans son ensemble est destinée à se développer, compte tenu de la nécessité d'aborder les questions proches des préoccupations des consommateurs et de renforcer le rôle du secteur privé dans la fourniture d'approvisionnements agricoles adéquats, y compris par le biais d'éventuelles initiatives conjointes de mise en valeur de l'infrastructure locale et du secteur agro-alimentaire.

C.2 Adopter des technologies appropriées pour intensifier durablement les systèmes de production et assurer une offre suffisante de produits alimentaires et agricoles, halieutiques et forestiers et de services

71. Si l'on veut répondre aux besoins croissants tout en préservant le patrimoine de ressources naturelles, il faut impérativement transformer la production, tout particulièrement au niveau des petits producteurs. Une telle entreprise nécessitera une intensification efficace des systèmes de production, ce qui implique un élargissement du choix de denrées à produire, de même que l'identification et l'adoption de pratiques culturales plus efficaces et plus durables. L'adoption de technologies améliorées est la condition requise pour de meilleures activités en amont et en aval de la production, mais également pour un développement rural durable dans un contexte élargi.

72. Dès que l'on dépasse les niveaux de subsistance, la production devient une activité concurrentielle; il est donc fondamental pour le producteur, mais aussi pour l'ensemble de l'économie et pour le caractère durable du développement, que l'on parvienne à affiner le système de production par des améliorations technologiques. Le défi consiste, de manière générale, non pas à optimiser la production d'une denrée prise isolément, mais à promouvoir des approches holistiques et à reconnaître les différentes dimensions économiques et sociales - au nombre desquelles la parité homme-femme - qui accompagnent le transfert et l'adoption de technologies appropriées. Parallèlement aux conseils portant sur les nouvelles techniques et à la promotion de la recherche appliquée, on s'attachera à donner aux producteurs les moyens de porter leur productivité jusqu'à des niveaux communément obtenus dans les démonstrations de terrain au moyen de techniques existantes.

Composantes de la stratégie

73. La stratégie comprendra les composantes suivantes:

Avantages comparatifs et partenariats

74. En sa qualité d'organisme de coparrainage du système GCRAI et d'hôte du CCT ainsi que du Secrétariat SNRA du Forum mondial sur la recherche agronomique, la FAO joue un rôle déterminant d'aide à l'orientation de la recherche aux niveaux international et national en matière d'alimentation et d'agriculture. L'expérience technique accumulée au cours d'années de soutien aux efforts nationaux de recherche-développement garantit à la FAO le patrimoine d'expérience et de savoir-faire dont ont besoin les pays assistés pour saisir les occasions qui s'offrent à eux et s'affranchir des entraves, notamment d'ordre technologique, en vue d'une intensification durable et concurrentielle de leurs systèmes agricoles. De ce fait, la FAO peut aider à orienter et à axer la recherche sur les besoins des hommes et des femmes qui se consacrent à la production et à la transformation, tout en facilitant et en guidant la recherche-développement dans ce domaine.

75. La FAO poursuivra son étroite collaboration avec le monde universitaire, le GCRAI et les organismes nationaux de recherche, les autres centres d'excellence ainsi que les autres organismes bilatéraux et multilatéraux de développement. La mise à l'épreuve et l'application de stratégies, de méthodes, de techniques appropriées et de normes en matière de développement nécessitent des alliances stratégiques avec les institutions nationales et régionales de même qu'avec la société civile, y compris le secteur privé. A ce propos, la FAO continuera de solliciter l'appui de sources traditionnelles de financement tout en recherchant des modalités novatrices dans ce domaine, telles que la coopération Sud-Sud, dans le cadre du PSSA.

D. Appuyer la conservation, l'amélioration et l'utilisation durable des ressources naturelles pour l'alimentation et l'agriculture

76. Le bien-être des générations actuelles et futures est menacé, en particulier dans les pays en développement, par la dégradation des terres, la rareté, la pollution et la salinisation de l'eau, la destruction des forêts, la surexploitation des ressources marines du monde, l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre et l'appauvrissement des ressources génétiques et de la diversité biologique. Les écosystèmes fragiles sont les plus menacés. Le défi est de trouver un équilibre approprié entre la conservation et l'utilisation durable des ressources naturelles. Ceci suppose d'adopter des politiques et des mesures qui soient favorables à une gestion efficace et socialement opportune des ressources en terres et en eaux, ainsi que des ressources halieutiques et forestières, et soient propres à renforcer les effets positifs et limiter les effets négatifs sur l'environnement et les ressources naturelles, en tirant profit du caractère multifonctionnel de l'agriculture.

77. La FAO continuera de fournir une assistance à la communauté mondiale pour tout ce qui concerne la conservation et la gestion des ressources naturelles, en mettant en oeuvre le Programme Action 21 de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement. Cette stratégie de l'Organisation, qui vise principalement à faciliter l'application pratique des mesures requises, impliquera une évaluation des ressources naturelles et la fourniture d'avis de politique générale et de conseils techniques à tous les niveaux et dans toutes les disciplines, ainsi que des échanges d'informations et de connaissances. Une série d'outils normatifs seront mis au point et utilisés de façon à optimiser la prise de décision, la programmation et la formulation des projets. Il s'agira notamment de pratiques optimales, de directives, de normes, d'avis sur des approches participatives sensibles à la problématique homme-femme, ainsi que de critères et d'indicateurs de la gestion des ressources naturelles, notamment pour les coûts économiques, sociaux et environnementaux et les avantages de la remise en état des milieux dégradés.

D.1 Gestion intégrée des terres, des eaux, des forêts, des pêches et des ressources génétiques

78. Les programmes et politiques orientés vers la conservation et la mise en valeur des ressources naturelles échouent souvent, au moins en partie, car les ressources sont rares et soumises à des demandes concurrentes, pour les besoins du développement. Plus la compétition pour les ressources s'intensifie, plus il devient nécessaire de mettre à profit les synergies positives entre les diverses fonctions de l'agriculture et les utilisations multiples des ressources, notamment la conservation au bénéfice des générations futures. La gestion intégrée des ressources naturelles vise à atteindre les deux objectifs de conservation et de développement, dans le contexte de l'évolution actuelle de la population (croissance et urbanisation en particulier).

79. L'enjeu est d'identifier et de promouvoir des systèmes de gestion intégrée des ressources qui soient économiquement viables, écologiquement durables et socialement et culturellement appropriés. A cette fin, il faudra effectuer des évaluations intersectorielles pour déterminer les compromis à opérer et renforcer les mécanismes de règlement des différends au sujet de la conservation et de l'utilisation durable des terres, des eaux et des ressources génétiques pour l'agriculture, les pêches et les forêts.

Composantes de la stratégie

80. La stratégie repose sur les composantes suivantes:

Avantages comparatifs et partenariats

81. Les compétences techniques de la FAO et le grand nombre de disciplines qu'elle couvre garantissent l'incorporation de dimensions économiques, sociales, juridiques et institutionnelles dans les approches de gestion des ressources naturelles, et assurent notamment que le développement rural, l'équité entre les sexes, la population et les questions connexes auront la place qu'ils méritent. Son statut d'organisation internationale lui permet de soutenir des débats et des échanges de vue de niveau normatif et opérationnel, sur des problèmes débordant les frontières nationales et des questions intéressant de nombreux pays: la FAO est donc en mesure de promouvoir la coopération entre différentes parties prenantes pour résoudre les problèmes au fur et à mesure de leur apparition. Cette capacité est notamment attestée par le Plan d'action mondial de Leipzig pour la conservation et l'utilisation durable des ressources phytogénétiques pour l'alimentation et l'agriculture, le Fonds mondial pour la protection intégrée, l'Initiative pour la fertilité des sols et le Partenariat global pour l'eau. En outre, sa coopération avec des ministères de la planification, de l'agriculture, des forêts, des pêches, des ressources en eau et de l'environnement, et son expérience dans la mise au point et la promotion d'approches participatives pour la gestion communautaire des ressources naturelles, contribuent à renforcer les liens intersectoriels indispensables au succès de la mise en oeuvre des approches intégrées de la gestion des ressources naturelles. Au sein du système des Nations Unies, la FAO est le maître d'oeuvre pour la mise en oeuvre des Chapitre 10 (Planification et gestion intégrées des terres) et 11 (lutte contre le déboisement) d'Action 21, et un partenaire de premier plan pour d'autres chapitres pertinents.

82. Pour promouvoir les approches intersectorielles et les mécanismes de collaboration requis, la FAO doit établir des liens de coopération étroits avec diverses organisations appartenant ou non au système des Nations Unies, entre autres, avec des institutions financières internationales (Banque mondiale, FIDA, banques régionales), le FEM et certaines organisations du système des Nations Unies (ex: OMS, PNUD, PNUE, FNUAP etc.). Elle doit également collaborer avec des institutions scientifiques, des centres du GCRAI et des ONG internationales (ex UICN, IIED et WRI), ainsi qu'avec des instituts de recherche nationaux, ce qui suppose, dans ce dernier cas, de renforcer leurs capacités. Pour résoudre les problèmes intéressant les ressources naturelles, dans les communautés, elle s'efforcera d'obtenir la collaboration des diverses parties prenantes de la société civile. Pour les questions transfrontières en particulier, les partenariats avec des commissions et des institutions régionales et sous-régionales restent importants.

D.2 Conservation, remise en état et mise en valeur des environnements les plus menacés

83. Des mesures de soutien axées sur la conservation, la remise en état et la mise en valeur des environnements les plus menacés doivent être prises pour garantir un équilibre entre les besoins humains immédiats de nourriture et d'autres moyens de subsistance, et l'impératif de prévenir une dégradation inutile et irréversible des ressources présentes dans ces zones.

84. Les principales tâches sont de surveiller comme il convient les écosystèmes fragiles et d'identifier les tendances et les menaces qui pèsent sur ces systèmes. Dans les pays en développement en particulier, il faut également dans les plus brefs délais évaluer et prendre en considération les coûts économiques, sociaux et environnementaux de la gestion et de la mise en valeur de ces écosystèmes.

Composantes de la stratégie

85. La stratégie repose sur les composantes suivantes:

Avantages comparatifs et partenariats

86. La FAO est bien placée pour aborder les problèmes de conservation et de remise en état dans une perspective multidisciplinaire et aider, dans les États Membres, les institutions et les organisations des secteurs public et privé et de la société civile, à adopter des solutions pratiques pour préserver les écosystèmes fragiles. Forte de ses capacités institutionnelles et de ses compétences en matière de surveillance des ressources naturelles, la FAO est également en mesure de garantir la compatibilité des données concernant les ressources naturelles avec d'autres données connexes concernant l'alimentation et l'agriculture. Pour conseiller des solutions concrètes pour les environnements menacés, la FAO peut aussi s'appuyer sur la fonction qui lui a été dévolue, en tant qu'institution dépositaire d'un certain nombre de conventions internationales comme le Code de conduite pour une pêche responsable, et sur son rôle de maître d'oeuvre ou de partenaire de premier plan pour la mise en oeuvre des chapitres d'Action 21 ayant trait aux écosystèmes fragiles (ex: déboisement, montagnes et terres arides). Au sein des Nations Unies, la FAO est l'Organisation chef de file pour les critères et les indicateurs de la gestion durable des forêts.

87. L'accent sera mis sur les partenaires internationaux, régionaux, nationaux et locaux qui interviennent dans la mise en oeuvre des chapitres d'Action 21 sur les écosystèmes fragiles et des conventions internationales y afférentes. Des partenariats étroits devront être établis avec d'importantes institutions des Nations Unies comme le PNUE et l'UNESCO, et des institutions financières internationales comme le FIDA s'occupant de conservation et de remise en état des écosystèmes fragiles. La FAO collaborera aussi avec des institutions de recherche et des universités, pour mettre au point des méthodes de suivi et d'évaluation des écosystèmes fragiles. En tant qu'instance neutre, la FAO peut travailler en liaison étroite avec des ONG et avec les sociétés civiles pour trouver un équilibre entre les demandes concurrentes exercées sur les ressources et encourager la participation des communautés locales à la conservation et au développement.

E. Améliorer la prise de décisions par la fourniture d'informations et d'évaluations et encourager la gestion des connaissances en matière d'alimentation et d'agriculture

88. La gestion des connaissances est cruciale pour faciliter la prise de décisions efficaces. Il faut, à cet effet, recueillir, synthétiser et partager des connaissances et des données d'expériences, et les combiner systématiquement avec des informations et des analyses statistiques précises. Cette stratégie de l'Organisation tire sa légitimité de l'Article I de l'Acte constitutif de la FAO, qui définit son mandat comme suit "L'Organisation réunit, analyse, interprète et diffuse tous renseignements relatifs à la nutrition, l'alimentation et l'agriculture". Le fait que le Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) de la FAO ait été chargé de surveiller la suite donnée au Sommet mondial de l'alimentation, confirme la responsabilité de l'Organisation pour ce qui est du suivi et de l'évaluation, à l'échelle mondiale, de tous les aspects de l'alimentation et de l'agriculture et des progrès accomplis sur la voie de la sécurité alimentaire pour tous.

89. L'avènement des nouvelles technologies, notamment d'Internet, a apporté de nouvelles possibilités mais aussi de nouveaux défis, pour la FAO, dans ce domaine. L'Organisation peut désormais mieux gérer les informations et les connaissances qu'elle produit, garantir leur diffusion en temps voulu à un large public, et aussi tirer profit des possibilités du Web pour faciliter des partenariats dans le domaine de la gestion de l'information. Toutefois, l'accès aux nouvelles technologies reste, d'une manière générale, limité dans les pays en développement. Le défi pour la FAO est donc de continuer à prendre les devants dans ce domaine et, dans le même temps, d'adapter ses outils au niveau technologique des infrastructures de communication des États Membres, de façon à ce que ceux qui ont des infrastructures insuffisantes reçoivent les informations de manière efficace et pour un coût minime. Il est également essentiel de maintenir et de renforcer l'efficacité de l'Organisation en ce qui concerne la sensibilisation aux questions intéressant le développement rural et la sécurité alimentaire afin d'encourager la prise de décisions et l'action. On s'attachera en particulier à adapter les informations aux besoins des clients.

E.1 Une base de données intégrée, contenant des statistiques, des informations et des connaissances actuelles, pertinentes et fiables, accessibles à tous les clients de la FAO

90. Les clients de la FAO (ses Membres, la communauté internationale et le public au sens large) continueront à avoir besoin d'informations à jour et pertinentes, pour faciliter la prise de décisions et l'élaboration des politiques. Il est donc essentiel de maintenir et d'améliorer la portée, la quantité, l'utilité, la rapidité et l'accessibilité de l'information collectée et diffusée. En outre, avec la révolution des communications, l'environnement extérieur est de plus en plus exigeant sur le plan de la qualité; il faut donc accorder une attention plus grande à l'amélioration des produits d'information ou au maintien de leur qualité.

91. La qualité des informations de la FAO dépend étroitement de la capacité des États Membres à fournir des données fiables et complètes. Il est donc nécessaire de soutenir /ou d'améliorer les capacités de collecte et d'analyse des données, au niveau des pays. On cherchera aussi à améliorer la qualité des données en reliant les informations et les données intersectorielles provenant des différentes disciplines représentées à la FAO. Les travaux normatifs de ventilation des données en fonction de la problématique homme-femme et d'autres paramètres seront poursuivis. L'Organisation s'efforcera d'intensifier les échanges d'informations avec d'autres réseaux qui sont à présent en place et peuvent renforcer ses capacités internes.

Composantes de la stratégie

92. La stratégie repose sur les composantes suivantes:

Avantages comparatifs et partenariat

93. En tant qu'instance neutre, la FAO peut élaborer des normes et des méthodes internationalement reconnues pour garantir la compatibilité et l'excellence de l'information. Son réseau - soutenu par ses États Membres conformément à leurs obligations statutaires envers l'Organisation - garantit la circulation des informations à destination et en provenance des pays et permet de poursuivre les activités de renforcement des capacités nationales pour la production d'informations utiles et fiables et la gestion des connaissances. Cette masse d'expériences et de connaissances, conjuguée à ses capacités multidisciplinaires et à ses compétences techniques, font de la FAO une source d'information qui fait autorité.

94. Les partenariats externes actuels, dans le domaine de l'échange de données et d'informations, comprennent des institutions nationales, des institutions financières internationales, d'autres organisations des Nations Unies, des institutions du GCRAI, des ONG et des organismes régionaux. Le rôle de la FAO dans l'établissement de normes et de méthodologies en matière de données et de statistiques continuera à renforcer celui de la Division de la statistique des Nations Unies. Les récents progrès technologiques permettent de multiples partenariats, pour la tenue de bases de données uniques, comme le Système d'information mondial sur les plantes et les ravageurs, et surtout pour l'établissement et la tenue de bases de données partagées entre plusieurs partenaires, comme le Système mondial d'observation terrestre (SMOT). De nouveaux partenariats seront établis pour garantir la diffusion efficace de l'information aux clients de la FAO. On cherchera à obtenir un soutien financier de donateurs potentiels pour améliorer les capacités nationales de collecte et de gestion de l'information.

E.2 Évaluations régulières, analyses et études prospectives dans le domaine de l'alimentation et de l'agriculture

95. La FAO fournit des évaluations et des analyses mondiales à la communauté internationale. Le défi pour l'Organisation est de répondre à la demande croissante et de plus en plus diversifiée de ces services, tout en les adaptant à l'évolution des besoins de ses membres.

96. La FAO poursuivra la préparation des produits principaux, comme Agriculture: horizon 2015, la Situation de l'alimentation et de l'agriculture, la Situation mondiale des pêches et de l'aquaculture, la Situation des forêts du monde, et les Perspectives de l'alimentation; elle réalisera aussi des évaluations plus spécifiques, des analyses et études prospectives sur l'alimentation et l'agriculture, à partir de données précises et à jour. Ces études peuvent intéresser un ou plusieurs secteurs. Les sujets traités couvriront des domaines prioritaires comme l'alimentation et la nutrition, d'importants secteurs comme l'agriculture, les pêches et les forêts, ainsi que des questions intersectorielles d'intérêt majeur, comme la diversité biologique, les changements climatiques et la dégradation des ressources. D'importantes questions socio-économiques, telles que l'équité entre les sexes et la pauvreté, seront également étudiées. On s'attachera avant tout à présenter les évaluations sous une forme permettant de maximiser l'impact sur les publics visés, afin de les sensibiliser aux problèmes et de les pousser à agir.

Composantes de la stratégie

97. La stratégie repose sur les composantes suivantes:

Avantages comparatifs et partenariats

98. L'avantage comparatif de la FAO tient en premier lieu à son interface directe et officielle avec les gouvernements nationaux et leurs données et informations sur l'alimentation et l'agriculture, et en second lieu à son rôle d'instance neutre pour les évaluations et les analyses. Son mandat et sa gamme de compétences, étayée par une expérience tant normative que de terrain, facilitent grandement la préparation d'études exhaustives interdisciplinaires. Les évaluations de la FAO couvrent toutes les phases du cycle production-consommation et prennent en considération un large éventail de questions sociales, économiques et environnementales dans les domaines de l'agriculture et des ressources naturelles connexes. Tout ceci contribue à faire de l'Organisation une source d'études qui font autorité, et sont internationalement reconnues pour leurs contributions aux politiques générales et aux questions techniques dans les secteurs concernés.

99. Les travaux analytiques de la FAO reposent sur des apports provenant de sources très diverses. Les partenariats externes sont donc fondamentaux pour l'obtention d'évaluations et d'analyses fiables et exhaustives. La FAO continuera à renforcer les liens et à former des alliances avec des partenaires nationaux et internationaux, notamment avec des institutions financières internationales, d'autres organisations des Nations Unies, le GCRAI et les systèmes de recherche nationaux, des universités, des instituts de recherche, d'autres centres d'excellence, des organismes de développement et des organisations de la société civile. Ces partenariats engloberont des examens par des spécialistes du secteur, des évaluations et analyses conjointes, la mise au point et l'application d'outils et de méthodes courants, notamment de modèles et d'analyses de scénarios, et la création de réseaux afin d'obtenir les meilleures données et informations disponibles pour valider les conclusions et constatations.

E3. La sécurité alimentaire au centre des préoccupations internationales

100. Le Sommet mondial de l'alimentation a servi à rappeler que "la faim et l'insécurité alimentaire sont des problèmes aux dimensions planétaires qui risquent fort de persister, voire de s'aggraver de façon dramatique dans certaines régions, si des mesures énergiques et concertées ne sont pas prises de toute urgence, compte tenu de l'accroissement prévu de la population mondiale et de la pression exercée sur les ressources naturelles". En adoptant le Plan d'Action qui sera mis en oeuvre par les pays et la communauté internationale, le Sommet a également invité la FAO et d'autres organisations du système des Nations Unies à "élever la prise de conscience mondiale des questions de sécurité alimentaire par des activités de plaidoyer à l'échelle du système des Nations Unies, et à appuyer les engagements du Sommet mondial de l'alimentation en faveur de la sécurité alimentaire mondiale."

101. Les documents du Sommet couvrent toute une gamme d'"efforts coordonnés et de responsabilités partagées" indispensables pour atteindre ses objectifs et attribuent au Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) la responsabilité du suivi de l'exécution du Plan d'action. La FAO est donc investie d'une responsabilité majeure, qui est de collecter et d'analyser les informations provenant de toutes les sources pour faciliter le suivi du Comité. En outre, la FAO a un important rôle à jouer dans le suivi des conférences et sommets mondiaux à l'échelle du système des Nations Unies. Le rôle principal de la FAO sera de promouvoir, avec ses partenaires, l'action à l'échelle nationale et internationale pour atteindre les objectifs du Sommet et faire en sorte que la question de la sécurité alimentaire reste au premier plan des préoccupations de la communauté internationale.

Composantes de la stratégie

102. La stratégie repose sur les composantes suivantes:

Avantages comparatifs et partenariats

103. Avec ses capacités d'information et de gestion des connaissances dans le domaine de l'alimentation et de l'agriculture, la FAO est particulièrement bien placée pour exercer les responsabilités mondiales qui lui incombent en matière de surveillance, d'analyse et de promotion des mesures du suivi du Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation. Ces mêmes avantages comparatifs permettent à la FAO de jouer un rôle clé au sein du système des Nations Unies, mais aussi dans la société civile, en sensibilisant et en encourageant l'action au niveau international.

104. Outre le fait qu'il fait rapport au Conseil et à la Conférence de la FAO, le CSA fournit des rapports sur le suivi du SMA, par l'intermédiaire du Conseil de la FAO, au Conseil économique et social des Nations Unies, qui est chargé de contrôler la mise en application des conférences et des sommets mondiaux. Le Comité administratif de coordination (CAC) est responsable de la coopération inter-institutions au sein du système des Nations Unies. La FAO continuera, en collaboration avec le PAM et le FIDA, à chercher à optimiser la synergie entre les partenaires des Nations Unies pour le suivi du Sommet mondial de l'alimentation, par l'intermédiaire du réseau CAC sur le développement rural et la sécurité alimentaire, dont la FAO assure le secrétariat. Le Système des Nations Unies a aussi demandé à la FAO d'assurer le secrétariat pour les travaux inter-institutions de développement du SICIAV. Les organisations de la société civile pourront collaborer à l'évaluation globale des progrès accomplis vers la réalisation des objectifs fixés par le SMA au CSA et dans d'autres instances. D'autres exemples importants "du rayon d'action" de la FAO sont la coopération avec l'Union interparlementaire (UIP) et avec des organisations intergouvernementales régionales et sous-régionales.

Stratégies pour aborder les questions intersectorielles dans toute l'Organisation

105. Outre l'élaboration de stratégies opérationnelles pour fournir des services aux Membres, plusieurs questions intersectorielles retiennent également l'attention. Cette partie du document présente une synthèse de ces questions et propose des stratégies pour les aborder. Ces stratégies s'appliqueront à la mise en oeuvre de tous les programmes de la FAO et aussi à la réalisation des objectifs stratégiques visés à la section précédente.

Garantir l'excellence

Problème

106. Les flux d'aide publique au développement ont diminué et les ressources mises à la disposition des organisations d'aide multilatérale ont été réduites, alors que le nombre des organisations s'intéressant à des domaines qui touchent aux secteurs de compétence de la FAO augmentaient. La FAO se doit donc de maintenir et de renforcer son rôle en tant que source éminente d'information, de conseils et d'assistance, faisant autorité dans ses domaines de compétence.

107. La FAO est dans une situation privilégiée pour tirer parti de ses atouts: mandat mondial, 50 années d'activités, rôle de chef de file reconnu dans divers domaines techniques, vaste gamme de disciplines réunies sous un même toit, présence dans de nombreux pays et neutralité et indépendance reconnues de tous. La FAO a toutefois un mandat tellement vaste qu'elle ne peut pas assumer un rôle de premier plan dans tous les domaines, d'autant moins que les ressources mises à sa disposition sont limitées. Lorsque la FAO ne joue pas un rôle de premier plan, elle doit absolument planifier ses activités en fonction de celles réalisées par d'autres, pour réduire le chevauchement d'efforts et encourager les synergies, et elle doit renforcer ses partenariats et alliances, sur la base d'une répartition claire des tâches.

108. Il est néanmoins essentiel d'identifier les domaines dans lesquels la FAO devrait pouvoir conserver l'avantage technique et de prendre les mesures nécessaires pour renforcer encore ses capacités et son rôle de centre d'excellence dans ces domaines. Les critères ci-après sont proposés pour la sélection de ces domaines: la question doit avoir des répercussions transfrontières; elle doit offrir la possibilité d'accords pour soutenir l'action internationale; il doit y avoir une demande manifeste et croissante d'activités dans ce domaine; et la FAO doit posséder un avantage comparatif, compte tenu de ses caractéristiques et de ses atouts particuliers. Lors du renforcement des activités dans ces domaines, il faut également prévoir des partenariats, mais l'accent sera mis principalement sur le maintien et le renforcement du rôle de la FAO en tant que source reconnue d'information et d'avis faisant autorité auprès des Membres, de la communauté internationale et du grand public.


Stratégie

109. La stratégie est la suivante:

  1. établir des critères opérationnels pour identifier et sélectionner les domaines d'excellence et, sur cette base, choisir un nombre donné de domaines clés dans lesquels la FAO a de bonnes possibilités de parvenir à l'excellence, ou de conserver ce statut;
  2. aborder la question sous tous ses aspects (base d'information et "mémoire institutionnelle", aspects normatifs et politiques générales, action concrète);
  3. mettre en place les mesures nécessaires pour valoriser les ressources humaines (y compris des programmes accélérés de formation professionnelle du personnel technique) et pour assurer le contrôle de la qualité des réalisations;
  4. assurer le suivi des progrès accomplis et, en fonction des ressources, créer une composante "Apprentissage organisationnel" pour assurer un examen et des ajustements continus à la lumière des résultats obtenus.

Promouvoir l'approche interdisciplinaire

Problème

110. Les approches interdisciplinaires sont une condition indispensable à la réussite et à la durabilité du développement rural. Dans les activités de la FAO, les approches interdisciplinaires et les programmes intersectoriels reposent sur les compétences disciplinaires de l'Organisation et permettent de produire des résultats qui n'auraient pas pu être obtenus par une seule division ou un seul département agissant isolément. En outre, ces approches sont essentielles pour garantir qu'une attention voulue soit accordée, dans tous les programmes et activités, à des priorités générales de l'Organisation telles que les questions de parité et la promotion de méthodes participatives de développement.

111. L'enjeu fondamental pour l'Organisation est de compléter le nouveau processus de planification du programme par des arrangements souples, de façon à:

112. Cette stratégie envisage les mesures à prendre pour renforcer la capacité interdisciplinaire au sein de la FAO. Il faut néanmoins que cette question soit replacée dans le contexte plus large des partenariats et alliances, notamment dans le cadre du système des Nations Unies, car la FAO, en tant qu'institution spécialisée, doit veiller à ce que ses activités contribuent aux efforts intersectoriels de l'ensemble du système des Nations Unies. Cette question est couverte par la stratégie sur l'Élargissement des partenariats et des alliances.

Stratégie

113. La stratégie proposée consiste à:

  1. renforcer la capacité d'identification des problèmes interdisciplinaires et intersectoriels, de formulation des objectifs, de définition des priorités, de planification, de suivi et d'évaluation, à la fois pour les stratégies de l'Organisation et pour les thèmes prioritaires (par exemple prise en compte des questions de parité, processus participatif);
  2. élaborer en détail et appliquer le nouveau modèle de programmation fondé sur une planification intersectorielle et, le cas échéant, sur la formulation de programmes interdisciplinaires dans le Plan à moyen terme;
  3. renforcer les mécanismes infra et interdépartementaux pour faciliter la coopération et le partenariat dans les divisions et les départements et entre ceux-ci pour les aspects intersectoriels liés à la mise en oeuvre du programme;
  4. examiner et améliorer les procédures d'allocation des ressources, de suivi et d'évaluation afin d'encourager davantage le travail interdisciplinaire;
  5. introduire des indicateurs de performance et reconnaître, à cet égard, les avantages dérivant des approches interdisciplinaires.

Élargir les partenariats et les alliances

Problème

114. La FAO est avant tout un membre de la famille des Nations Unies et les partenariats qui découlent de ce statut et qui constituent un avantage comparatif important doivent être élargis et renforcés compte tenu du processus de réforme des Nations Unies actuellement en cours. Il faudra également accorder une attention particulière au renforcement des liens et aux possibilités de synergie entre les organisations basées à Rome - FAO, PAM, FIDA et IPGRI. Ce renforcement de la coopération pourrait aboutir à la conclusion, d'un commun accord, d'une alliance pour le développement agricole.

115. L'évolution du contexte mondial exige également de nouveaux partenariats avec des acteurs importants - étatiques ou non étatiques - oeuvrant en dehors du système des Nations Unies, afin de garantir la complémentarité, de réduire la fragmentation de l'action, d'exercer une influence accrue sur les questions de politique et de réduire les coûts. L'apparition ou le renforcement d'organisations intergouvernementales qui encouragent la coopération régionale et sous-régionale pourrait ouvrir la voie à de nouvelles possibilités d'activités conjointes ou de travaux en coopération. Tout en maintenant son indépendance et sa neutralité, la FAO doit instaurer des relations et des partenariats constructifs et efficaces avec des acteurs non étatiques, sur la base des avantages comparatifs de chacun. Elle pourra ainsi centrer davantage son action sur les problèmes socio-économiques et intersectoriaux, y compris sur les questions de population et de parité.

Stratégie

116. Des considérations générales concernant la nature des partenariats avec différents types d'organisations figurent dans la Partie III ci-après. La stratégie d'élargissement des partenariats et des alliances comprend trois volets.

117. La stratégie de renforcement des partenariats au sein du système des Nations Unies et avec d'autres organisations intergouvernementales sera la suivante:

  1. rester un partenaire actif de l'action interinstitutions au niveau international et poursuivre la coopération avec les autres organisations des Nations Unies au niveau national, dans le cadre du système des coordonnateurs résidents des Nations Unies;
  2. continuer en coopération avec le FIDA et le PAM à guider le réseau du CAC sur le développement rural et la sécurité alimentaire, à l'appui de la mise en oeuvre du Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation et continuer à participer à l'action interinstitutions et intergouvernementale de suivi des autres conférences et sommets importants;
  3. rester un partenaire actif des programmes de financement comme le PNUD et le FNUAP, pour répondre aux demandes des pays bénéficiaires et participer, en tant que partenaire à part entière, à des initiatives comme les évaluations communes par pays et les cadres d'assistance au développement des Nations Unies;
  4. renforcer encore la collaboration avec les instituts de financement internationaux, en misant sur leur volonté de collaboration élargie avec la FAO; renforcer la collaboration avec le GCRAI par les liens institutionnels établis (Banque mondiale, PNUD, PNUE) et les activités conjointes avec les centres eux-mêmes;
  5. renforcer davantage la coopération "bilatérale" et les activités conjointes entreprises avec des organisations (par exemple des organisations du système des Nations Unies comme l'OMS et le FNUAP) et avec des organismes régionaux et sous-régionaux oeuvrant dans des domaines relevant du mandat de la FAO, ou dans des secteurs complémentaires.

118. La stratégie de renforcement des partenariats avec la société civile et les organisations non gouvernementales sera la suivante:

  1. améliorer la mise en commun des informations et la collaboration avec les réseaux d'ONG techniques et régionales;
  2. encourager le dialogue aux niveaux national, régional et mondial et améliorer l'accès aux réunions techniques de la FAO;
  3. promouvoir les comités nationaux chargés de la campagne "De la nourriture pour tous";
  4. faciliter les programmes de coopération spécifique, par exemple en améliorant la participation des organisations de la société civile (OSC) à la planification, la formulation et l'exécution de programmes et de projets spécifiques, avec une attention particulière au PSSA; en encourageant le renforcement des capacités des OSC et en participant à leur côté aux efforts de redressement agricole;
  5. rendre les programmes de la FAO plus attirants pour les donateurs d'aide bilatérale et multilatérale qui attachent de l'importance à la participation des OSC;
  6. renforcer le dialogue avec les OSC/ONG sur l'utilisation des ressources qu'elles investissent elles-mêmes dans les programmes de développement agricole et de sécurité alimentaire.

119. La stratégie de renforcement des partenariats avec le secteur privé consistera à:

  1. engager un dialogue pour balayer tout malentendu qui pourrait exister concernant une institution comme la FAO et pour mieux comprendre quels seraient les intérêts agro-industriels éventuellement compatibles avec les objectifs de la FAO;
  2. instaurer une politique et des pratiques communes au sein de la FAO concernant les partenaires du secteur privé, pour renforcer la collaboration sans compromettre l'indépendance de la FAO;
  3. rechercher avec le secteur privé le moyen d'orienter les investissements dans les technologies nouvelles pour le meilleur profit des pays en développement;
  4. mobiliser les ressources du secteur privé en faveur des programmes de la FAO, grâce à un appui financier, aux recettes tirées des service rendus par la FAO au secteur privé, à des ententes et à des projets bilatéraux avec le secteur privé;
  5. promouvoir le rôle d'"honnête courtier" de la FAO pour accroître les investissements du secteur privé dans l'agriculture;
  6. s'attacher à renforcer les capacités du secteur privé dans les pays en développement, surtout en ce qui concerne la fourniture de services efficaces d'approvisionnements en intrants, de commercialisation et de transformation, ainsi que de services financiers.

Continuer à améliorer le processus de gestion

Problème

120. Il s'agit fondamentalement de disposer d'un processus de gestion qui réponde aux besoins de l'Organisation, compte tenu de l'évolution de l'environnement extérieur et, plus précisément, du nouveau Cadre stratégique qui privilégie les approches interdisciplinaires et l'élargissement des partenariats. De ces changements découlent divers impératifs au niveau de la gestion:

121. Il convient également de reconnaître le statut particulier de la FAO en tant qu'organisation publique de services et membre du système des Nations Unies, ainsi que la nature particulière de ses effectifs et du contexte international dans lequel elle opère:

122. Les ressources humaines sont au coeur de tout organisme fournissant des services. Dans le cas de la FAO, elles représentent 84,5 pour cent du budget ordinaire, dont 68,4 pour cent pour le personnel et 16,1 pour cent pour les autres ressources humaines. Le problème essentiel est d'optimiser la planification, le recrutement, la gestion et la mise en valeur de ces ressources afin d'attirer et de retenir des fonctionnaires ayant les compétences requises. Dans les 15 prochaines années, on prévoit un renouvellement de 70 pour cent des effectifs. Cela représente, certes, un risque de perte de capacité et de mémoire institutionnelle, auquel il faudra remédier par des mesures appropriées, mais cela permettra aussi à l'Organisation d'acquérir ou de renforcer les compétences et les qualifications nécessaires pour relever les défis à venir.

Stratégie

123. La stratégie susmentionnée s'inscrit dans le droit fil des efforts déployés pour améliorer le processus de gestion et la majeure partie de ses éléments est déjà en cours d'exécution; il faut néanmoins reconnaître que l'application complète de cette stratégie pourrait prendre plusieurs exercices biennaux. La stratégie comprend deux éléments.

124. Au titre de la création d'un contexte de gestion facilitant l'application des stratégies de l'Organisation et la réalisation de ses objectifs stratégiques:

  1. concevoir tous les projets de terrain et les activités du Programme ordinaire en fonction d'objectifs bien définis et, si possible, limités dans le temps, avec indication de points de repère sous la forme de réalisations attendues et identification d'indicateurs spécifiques de performance;
  2. introduire un régime d'évaluation plus complet, y compris des procédures officielles d'auto-évaluation;
  3. remanier les délégations de pouvoirs, les responsabilités et les obligations redditionnelles de façon à mieux refléter le nouvel environnement, y compris attribution aux gestionnaires des programmes de la responsabilité de la gestion budgétaire;
  4. mettre au point et appliquer des systèmes intégrés d'appui dans les domaines suivants: comptabilité et gestion financière; valorisation des ressources humaines; planification des programmes; préparation des budgets; planification des activités et suivi de la mise en application; cela suppose la création d'une grande base de données pour toute l'organisation comportant des données validées, qui seront la principale source d'information de gestion;
  5. fournir des outils analytiques appropriés pour que les utilisateurs utilisent au mieux les données disponibles.

125. Au titre de l'encouragement du dévouement et de la motivation du personnel et de la reconnaissance de l'innovation et de l'excellence:

  1. pour le renouvellement des effectifs, agir au niveau du recrutement initial du plan de carrière et de la valorisation des ressources humaines de façon à mieux répondre à l'évolution des besoins en fonction des priorités de programme, et à favoriser la diversité linguistique;
  2. mettre au point des arrangements souples et efficients pour mobiliser et déployer les ressources humaines nécessaires afin de répondre avec souplesse aux besoins et aux priorités des programmes;
  3. continuer à créer une culture de gestion qui favorise la parité homme-femme, encourage l'esprit d'initiative et le travail d'équipe et définit clairement les responsabilités pour la gestion des ressources humaines; à cet effet, les systèmes de contrôle des performances seront liés aux objectifs stratégiques de l'Organisation par le truchement des systèmes de planification des programmes;
  4. se conformer aux politiques de gestion des ressources humaines du régime commun des Nations Unies, y compris: traitements et indemnités, parité et répartition géographique, politiques applicables aux conditions de travail et à la vie de famille et transferts interinstitutions;
  5. continuer à favoriser une collaboration fructueuse entre le personnel et la direction par des consultations avec les fonctionnaires, notamment avec les associations du personnel, sur les conditions d'emploi.

Assurer un effet multiplicateur des ressources pour la FAO et ses Membres

Problème

126. La FAO est entravée dans l'accomplissement de sa mission par la diminution des ressources mises à sa disposition au titre du Programme ordinaire et par le déclin des contributions extrabudgétaires destinées à la coopération technique. Il n'est pas réaliste de s'attendre à une augmentation du niveau de l'aide publique au développement (aide multilatérale) au cours des prochaines années, étant donné les tendances actuelles dans les pays donateurs. En outre, l'augmentation des besoins d'aide d'urgence et des besoins prévus de reconstruction et de redressement se traduira probablement par une diminution correspondante des ressources disponibles pour le développement à long terme. Les ressources limitées qui seront probablement mises à la disposition de la FAO pour le développement agricole devront être utilisées en fonction de priorités soigneusement établies. L'objectif sera d'accroître les synergies entre travaux normatifs et activités opérationnelles et de renforcer la fonction bivalente du programme de terrain: d'un côté, mettre en úvre les concepts et réalisations élaborés dans le cadre des travaux normatifs et, de l'autre, assurer un retour d'information à partir du terrain, pour permettre d'affiner ces mêmes travaux normatifs.

127. Il faut s'attacher à accroître les ressources totales appliquées aux principaux programmes adoptés par l'Organisation et pas nécessairement les ressources gérées directement par la FAO. A cet égard, il faudra absolument mobiliser les ressources intérieures et extérieures, publiques et privées en faveur du secteur agricole et rural, y compris des forêts et des pêches. La FAO peut contribuer à la réalisation de cet objectif essentiel en aidant les gouvernements à formuler des stratégies nationales de développement créant un environnement propice à l'investissement et à la participation du secteur privé. De même, elle peut aider les membres à préparer des programmes et projets d'investissement afin d'optimiser les allocations de ressources en fonction des objectifs prioritaires, compte dûment tenu des capacités nationales d'absorption. A cet effet, la FAO doit mobiliser toutes les parties prenantes, aux niveaux national et international, pour assurer leur identification aux objectifs, leur engagement et un suivi adéquat, sous la forme du financement des activités hautement prioritaires par les institutions de financement internationales et les principaux donateurs d'aide multilatérale.

Stratégie

128. La stratégie proposée consiste à assurer un effet multiplicateur des ressources pour aider la FAO à exécuter les activités prescrites dans son mandat, en gérant le programme avec efficience et efficacité; il faudra également cibler les activités en fonction des domaines prioritaires et regrouper, diversifier et accroître les sources de financement. La FAO profitera de ses bureaux décentralisés pour maintenir des liens appropriés avec les structures décentralisées de décision de beaucoup de donateurs.

Conception, efficience et efficacité du Programme

129. En ce qui concerne le Programme de travail ordinaire, l'approche consiste à améliorer la gestion du Programme pour que les membres soient assurés de la pertinence et de la validité des activités et des priorités de la FAO.

130. Pour ce qui est des programmes d'investissement et d'assistance technique, l'accent sera mis sur la justesse de la formulation, l'efficacité et la rapidité, selon les modalités suivantes:

  1. renforcer le système actuel axé sur les pays, en étroite collaboration avec les États Membres, grâce aux apports des représentants de la FAO et des services décentralisés;
  2. garantir des ressources adéquates pour la formulation de programmes et de projets bien conçus;
  3. élargir l'application de systèmes efficaces pour permettre de contrôler le coût du soutien fourni aux différents types de projet, identifier systématiquement les lacunes de la mise en oevre et présenter des rapports aux donateurs dans les meilleurs délais;
  4. poursuivre la politique des gains d'efficience en vue de réduire le coût de l'appui aux programmes de terrain et de placer la FAO dans une meilleure position pour obtenir des ressources;
  5. analyser en permanence les politiques ainsi que les priorités sectorielles et géographiques des donateurs d'aide publique au développement afin d'identifier les nouvelles possibilités de renforcement de la coopération, qui peut prendre la forme d'une assistance technique et de services de formation dans les secteurs présentant un intérêt mutuel.

Ciblage des programmes

131. En ce qui concerne les programmes normatifs de l'Organisation, il est essentiel de mobiliser des ressources extrabudgétaires:

  1. pour appuyer les projets pilotes de la FAO destinés à expérimenter et mettre à l'épreuve les hypothèses normatives formulées en réponse à des questions d'actualité;
  2. pour appuyer directement les activités du Programme ordinaire afin d'accroître les ressources totales mises à la disposition de l'Organisation pour ses fonctions normatives en veillant bien à ce que l'indépendance de la FAO ne soit pas compromise (par exemple pour la fixation de normes);
  3. pour maximiser l'impact de ses programmes ciblés et encourager les synergies entre travaux normatifs et activités de terrain, en utilisant le cas échéant ses propres ressources humaines et financières et en encourageant des activités conjointes avec les donateurs.

132. Pour le programme de terrain, les priorités seront les suivantes:

  1. garantir une approche intégrée, les projets étant fondés sur des stratégies à long terme et de grande ampleur favorisant l'obtention de résultats durables;
  2. assurer une action interdisciplinaire pour mettre en valeur les avantages comparatifs de la FAO et rendre ses projets plus attrayants pour les donateurs comme pour les bénéficiaires;
  3. accorder la priorité aux activités du programme de terrain ayant un effet catalyseur sur la mobilisation de ressources techniques et financières supplémentaires en faveur du développement agricole;
  4. concentrer les activités sur des domaines où il existe une demande tangible pour les services de la FAO, notamment pour le relèvement de l'agriculture après les catastrophes et l'identification et la préparation de projets d'investissement.

Regroupement, diversification et expansion des sources de financement

133. Outre les différents moyens qu'elle déploie actuellement pour atteindre les donateurs traditionnels, la FAO devra:

  1. renforcer le dialogue avec les pays en développement émergents, comme ceux d'Asie et d'Amérique latine, ainsi qu'avec les pays en transition, qui souhaitent soutenir la coopération pour le développement et utiliser la FAO comme truchement, en particulier pour des pays des mêmes régions;
  2. encourager les gouvernements des pays en développement à utiliser la FAO comme moyen de transfert de technologies et de connaissances spécialisées qui seront financées par leurs propres ressources ou par le produit des prêts engagés au titre des fonds fiduciaires unilatéraux;
  3. renforcer encore les programmes de partenariats que la FAO a mis en place depuis 1994 et créer de nouveaux partenariats avec le secteur privé et les fondations privées ainsi qu'avec la société civile dans son ensemble pour accroître l'effet multiplicateur des ressources de la FAO;
  4. servir de catalyseur pour la coopération émergente entre les municipalités et les autres entités régionales dans les pays développés et les pays en développement;
  5. mobiliser les dons des particuliers, pour des interventions de faible ampleur dans les pays en développement.

134. La FAO sera mieux à même de réaliser avec succès les activités susmentionnées si elle réussit à projeter une image positive et dynamique comme décrit ci-après.

Diffusion des messages de la FAO

Problème

135. La communication doit être considérée comme une partie intégrante des programmes de fond de la FAO. L'efficacité et la crédibilité de l'Organisation en tant que tribune où s'établissent les politiques, centre d'excellence multilingue, et source de connaissances et de compétence techniques dépendent dans une large mesure de son aptitude à communiquer. La FAO ne peut pas compter sur l'influence de quelques personnes bien informées pour "vendre" à l'extérieur la valeur ajoutée de l'Organisation. L'aptitude de la FAO à s'entourer du soutien nécessaire pour s'acquitter de son mandat dépend de la qualité et de l'efficacité de ses activités de communication pour maintenir une image crédible et cohérente auprès du public, consolider la compréhension et le soutien dont elle bénéficie, corriger les erreurs d'appréciation et informer les sphères compétentes des services qu'elle offre à la communauté internationale.

136. La FAO doit diffuser des messages généraux liés à son mandat au sens large, ainsi que des messages spécifiques destinés à certaines sphères ou liés aux priorités de l'Organisation. La diffusion efficace de ces messages suppose un dialogue et un échange véritable d'informations et d'opinions au sein du secrétariat et avec les membres de la FAO et les interlocuteurs clés tels que les médias, les partenaires du système des Nations Unies, la société civile, le secteur privé et la communauté technique et scientifique. Une communication efficace suppose l'allocation adéquate de ressources humaines et financières dans toute l'Organisation. Même en période d'austérité budgétaire, il faut continuer à investir dans ce processus de partage de l'information et de persuasion de l'opinion publique.

Stratégie

137. La politique et la stratégie de communication de l'Organisation, introduites en 1998, sont l'instrument servant à gérer les divers besoins et ressources de communication de la FAO. Ses éléments fondamentaux - planification participative, lignes de force de l'organisation et exécution décentralisée - constituent un cadre de coordination et de coopération pour toutes les unités de l'Organisation. La stratégie comprend les éléments suivants:

  1. identifier et cibler les sphères externes stratégiques et se concentrer sur les questions prioritaires et les opportunités, en utilisant de façon planifiée et coordonnée une série de moyens pour atteindre des groupes cibles bien définis et interagir avec ceux-ci;
  2. communiquer directement avec la société civile et le grand public pour les sensibiliser aux problèmes relevant du mandat de la FAO, y compris utiliser de façon stratégique tous les moyens d'information disponibles pour communiquer des messages essentiels sur le thème de la sécurité alimentaire et promouvoir le rôle important de la FAO, qui aide les pays à réaliser les objectifs du Sommet mondial de l'alimentation;
  3. organiser la Journée mondiale de l'alimentation, des manifestations spéciales apparentées et des campagnes "De la nourriture pour tous" pour mieux sensibiliser le public et collecter des fonds destinés aux activités de promotion de la sécurité alimentaire et de développement agricole et rural;
  4. passer en revue, coordonner et suivre l'application des politiques, stratégies et programmes de communication, notamment publication de produits d'information de grande qualité, qui projettent de façon cohérente une image appropriée de l'Organisation;
  5. assurer une approche dynamique et systématique de la planification et de la budgétisation des communications pour faire en sorte que la campagne d'information du public soit bien planifiée et financée et qu'elle appuie le programme de travail technique de l'Organisation en restant fidèle à son esprit;
  6. mettre en place une "culture de la communication" sur la base de connaissances partagées, où le personnel de la FAO devient un partenaire informé et convaincu collaborant aux efforts de communication.

III. PROGRAMME DE MISE EN OEVRE DU
CADRE STRATÉGIQUE

138. Le Cadre stratégique constitue une partie essentielle du processus amélioré du budget-programme qui a été approuvé par l'Organisation. Lorsqu'il sera intégralement mis en oevre, ce processus comportera le Cadre stratégique, qui porte sur une durée de 10 à 15 ans, le Plan à moyen terme (PMT) qui concerne une période de six ans et un Programme de travail et budget (PTB) biennal. Le Plan à moyen terme assurera la liaison entre les objectifs stratégiques arrêtés et le Programme de travail de la FAO. Il deviendra donc le Plan de la FAO pour une période de six ans, tandis que le Programme de travail et budget deviendra pour l'essentiel le Plan d'action de la FAO à court terme.

139. Les fonctions indispensables de suivi de la mise en oevre et d'évaluation du programme seront maintenues dans la nouvelle procédure. En particulier, un nouveau processus d'évaluation est actuellement élaboré en accord avec le Comité du Programme. Le processus proposé est plus complet et il réorientera certaines études d'évaluation de façon qu'elles portent, autant que possible, sur les progrès faits en matière de réalisation des objectifs stratégiques fixés dans ce cadre. Le nouveau processus prévoit également une rationalisation des modalités d'établissement des rapports visant à permettre de présenter un Rapport d'évaluation du Programme plus concis au Conseil et à la Conférence.

140. On trouvera dans le tableau ci-après les éléments du nouveau processus:

Document

Période

Fréquence

Objet

Cadre stratégique

10-15 ans

à peu près tous les six ans

Donner une orientation stratégique

Plan à moyen terme

6 ans

plan continu tous les deux ans

Établir les priorités du programme et les besoins en ressources des projets

Programme de travail et budget

2 ans

2 ans

Allouer des ressources et solliciter l'approbation pour le programme biennal

Rapport sur l'exécution du Programme

2 ans

2 ans

Fournir un rapport quantitatif a posteriori sur l'exécution du programme

Rapport d'évaluation du Programme

6 ans ou plus

2 ans

Fournir une évaluation sélective, qualitative et analytique de l'exécution du programme

Cadre de planification

Le Cadre stratégique

141. Le Cadre stratégique délimite d'une façon générale les domaines dans lesquels les membres de l'Organisation ont besoin des services de la FAO. Pour ce faire, il définit douze objectifs stratégiques avec les stratégies correspondantes qui deviennent la base de toute planification du programme au sein de l'Organisation. Il définit aussi les principales questions stratégiques intersectorielles dans toute l'Organisation qui doivent être traitées pour faire en sorte que la FAO possède la capacité optimale de fournir les services demandés par ses membres ou se dote de cette capacité. En outre, le Cadre stratégique comprend une définition des critères pour la fixation des priorités en vue de leur application au Plan à moyen terme selon les modalités décrites ci-après.

142. Alors que le Cadre stratégique porte sur une période de 10 à 15 ans, on admet qu'il pourrait être nécessaire de le mettre à jour régulièrement - soit du fait d'événements internationaux majeurs (par exemple conférences internationales importantes), soit en raison de l'évolution de l'environnement interne et externe. A cet égard, on estime que la période prise en compte pour des stratégies relatives aux questions intersectorielles dans toute l'Organisation est généralement plus brève que celle des stratégies qui doivent permettre de répondre aux besoins des Membres. Par conséquent, à titre indicatif, on peut dire qu'une révision tous les six ans environ peut être appropriée mais il faudrait réexaminer cette question plus près de l'échéance.

Le Plan à moyen terme

143. Le Plan à moyen terme proposera des programmes qui correspondent à chaque objectif stratégique du Cadre stratégique. Ils seront accompagnés d'informations sur les résultats prévus à obtenir, en particulier résultats, critères et indicateurs de l'efficacité. Il s'agira d'un plan continu qui doit être mis à jour tous les deux ans par suppression des programmes achevés et incorporation des programmes que l'on se propose de faire démarrer pendant la nouvelle période de planification. La révision tiendra aussi compte des conclusions des évaluations et des rapports sur l'efficacité de la mise en oevre mais elle ne les reprendra pas, par économie.

144. Les unités de programme qui constituent le Plan à moyen terme appartiennent à trois catégories: les projets techniques (PT), les activités de programme continues (APC) et les accords de services techniques (AST), les deux dernières concernant les résultats et les services que l'Organisation est tenue de fournir de manière relativement constante ou continue (voir plus loin "Méthodologie de planification" pour une définition détaillée). Étant donné que les projets techniques ont une durée maximale de six ans, un tiers seulement en moyenne seront "nouveaux" pendant un exercice biennal, ce qui réduit le volume de travail concernant le réexamen du Plan. Le document sera axé sur la justification des unités "nouvelles" que l'on se propose d'introduire pendant l'exercice biennal suivant, mais il présentera en même temps tous les renseignements concernant chaque objectif stratégique. Chacune des nouvelles unités sera accompagnée d'une explication plus détaillée des objectifs, des réalisations, des périodes correspondantes, des apports et des coûts estimatifs pendant la durée prévue.


Programme de travail et budget

145. Au lieu d'être le fondement du système de planification et d'établissement du budget de l'Organisation, comme c'est le cas actuellement, le PTB fera une moins grande place au programme et donnera une importance accrue au budget et il constituera le Plan de mise en oevre détaillé pour une tranche biennale du Plan à moyen terme. En tant que tel, il permettra de mieux adapter les activités convenues aux ressources budgétaires disponibles.


Rapport d'évaluation du Programme

146. La forme exacte de ce rapport est actuellement examinée par le Comité du Programme. Sa portée devrait être davantage fonction du nouveau processus inhérent au Cadre stratégique et au Plan à moyen terme. En outre, s'il est prévu de continuer à présenter au Comité du Programme des rapports d'évaluation détaillés, on peut envisager un Rapport d'évaluation du Programme plus concis, constituant la synthèse de tous les rapports présentés au Comité, ce qui permettra d'abréger le Rapport, comme l'a demandé le Conseil.

Rapport sur l'exécution du Programme

147. Certains membres ont proposé que le Rapport sur l'exécution du Programme et le Rapport d'évaluation du Programme soient regroupés en un seul document. Cependant, étant donné la différence des périodes qu'ils couvrent et de leur portée, on estime généralement que le Rapport sur l'exécution du Programme doit maintenant être refondu et regroupé avec les comptes vérifiés certifiés et le Rapport annuel de la FAO, jusqu'ici publiés séparément pour produire un rapport biennal de la FAO. Cela permettrait à la fois d'éviter les chevauchements et de réduire les frais généraux. Cela suppose également que le document soit un peu plus concis et plus attrayant. On pense pour l'instant que la meilleure façon de procéder consisterait à placer les données quantitatives concernant les réalisations sur WAICENT, plutôt que de les incorporer dans le document proprement dit.

Méthodologie de planification - Nouveau modèle de programmation

148. Les documents du PMT et du PTB seront fondés sur un nouveau modèle de programmation, ayant les caractéristiques suivantes:

149. L'avantage du nouveau modèle de programmation est que ces caractéristiques, ensemble, fourniront un mécanisme de mobilisation d'une masse critique de ressources, dans des délais donnés, afin d'obtenir un résultat visé et précis. Ces résultats seront conçus de manière à contribuer à la réalisation d'un ou plusieurs des objectifs stratégiques fixés et convenus dans le Cadre stratégique.

150. Le modèle de planification va évoluer avec l'expérience concernant son application, mais on envisage, pour l'instant, la formulation de projets techniques (PT), d'activités de programme continues (APC) et d'accords de services techniques (AST), définis comme suit:

151. Pour chacune des unités susmentionnées, les éléments suivants seront indiqués:

Logique: Contribution à la stratégie de l'Organisation en question, identification du besoin à satisfaire et indication des raisons pour lesquelles il est important que la FAO - plutôt qu'une autre institution ou organisation - réponde à ce besoin.

Objectifs: Exprimés en fonction de leur pertinence pour les objectifs stratégiques et des avantages pour les utilisateurs, avec des objectifs quantifiés lorsque cela est possible.

Résultats: Les principales réalisations qui permettront d'atteindre l'objectif fixé seront identifiées non seulement en ce qui concerne le résultat visé, mais encore au point de vue des délais impartis, de sorte que l'on établira des points de repère utiles au suivi. Elles seront probablement, dans la mesure du possible, réparties entre les catégories suivantes:

Pour les principales réalisations, il sera nécessaire d'identifier:

les utilisateurs plus particulièrement visés - qui utilisera les réalisations? (par exemple personnel technique des institutions publiques et privées intéressées);

efficience - est-ce là le moyen le moins coûteux d'obtenir des réalisations d'une qualité souhaitée au moment souhaité?

critères et indicateurs d'efficacité - la réalisation a-t-elle été utilisée et par qui? par exemple l'adoption de normes par les pays est un critère de l'efficacité, la publication de normes ne l'est pas.

Liens: Des liens de trois types devront être identifiés et définis:

Arrangements pour la gestion: indication claire des arrangements envisagés pour la gestion, en particulier lorsque les activités font intervenir diverses unités.

Évaluation préalable: Chaque projet technique et activité de programme continue fait l'objet d'une évaluation préalable spécifique visant à déterminer la priorité de la proposition en appliquant les critères qui sont décrits plus en détail ci-après.

Fixation des priorités dans le contexte du nouveau
cadre de planification

152. Si les Membres ont des vues divergentes sur l'importance relative de chacun des douze objectifs stratégiques, le cadre proposé ne les classe pas par ordre d'importance ou de priorité. Cela, parce que l'importance des priorités entre en jeu au stade de l'affectation des ressources qui est antérieur (élaboration du Plan à moyen terme).

153. Des critères seront utilisés pour déterminer la priorité qui doit être accordée aux unités du Programme à moyen terme qui contribueront à la réalisation de l'objectif stratégique. Cependant, le Cadre stratégique est le document approprié pour établir les critères pour la fixation de priorités, ce qui nécessite un examen des avantages comparatifs de la FAO, puis de ses partenaires potentiels et de leurs capacités.

Critères pour la fixation des priorités

154. L'élaboration de critères concrets et efficaces sera progressive, mais avec l'entrée en vigueur initiale du Cadre stratégique, les critères suivants, tirés des données d'expérience, seront appliqués:

155. Des procédures et des mécanismes internes plus détaillés pour l'élaboration et l'évaluation des unités de programme seront établis pour le premier Plan à moyen terme, en fonction des objectifs fixés dans le Cadre stratégique.

Principaux avantages comparatifs

156. Il est certain que l'avantage comparatif est un critère important pour la fixation des priorités et il en découle que ce critère doit être mieux défini. Les principaux avantages comparatifs de la FAO découlent d'une analyse des points forts généraux de l'Organisation, et l'on admet que s'ils sont considérables, ils ne constituent des avantages comparatifs que s'ils sont appliqués comme il convient à des problèmes pour lesquels l'intervention d'une organisation comme la FAO est nécessaire.

157. Il est également certain que les avantages comparatifs brièvement décrits ci-après pourraient être appliqués à la plupart des institutions spécialisées des Nations Unies, et, dans ce cas, il serait entendu qu'ils s'appliquent à la FAO dans le domaine de son mandat, et conformément à la répartition des activités entre les institutions du système des Nations Unies. En ce qui concerne les autres organisations ou groupes d'organisations "de référence" (par exemple les organisations intergouvernementales ne faisant pas partie des Nations Unies, les instituts universitaires/de recherche, les organisations à but non lucratif ou de volontaires, sociétés privées d'experts-conseils), les avantages comparatifs de la FAO s'appliqueront même dans les cas où le domaine d'activité de l'instance de référence est analogue à celui de l'Organisation.

Mandat et statut en tant qu'organisation intergouvernementale mondiale

158. Le mandat et la composition de la FAO lui permettent d'avoir une vision mondiale des problèmes qui relèvent de son domaine de compétence. En tant qu'organisation intergouvernementale, elle est en mesure de traiter les problèmes, à la fois au plan national et au plan international, directement et en partenariat avec d'autres organisations. A cet égard, la FAO peut fournir des compétences à la fois techniques, économiques et juridiques.

La FAO, "honnête courtier"

159. La FAO peut agir en "honnête courtier", en identifiant et en préconisant des solutions communes indépendantes de perspectives idéologiques et nationales données. A cet égard, elle peut constituer une tribune neutre pour la négociation et l'élaboration d'accords internationaux, de codes de conduite, de normes techniques et d'autres instruments.

Une source d'informations et une mémoire institutionnelle inégalées

160. La masse de données d'expérience et d'informations recueillies, analysées et diffusées en permanence, constitue un atout unique, qui est mis à la disposition des Membres et permet d'appuyer les activités du Secrétariat. Sans elle, il serait pratiquement impossible d'effectuer une bonne partie des activités essentielles qu'attendent les États Membres, et dont l'autorité et la valeur tiennent au fait que la FAO est en mesure de donner une dimension (sa mémoire institutionnelle) que ne sauraient fournir d'autres sources.

Capacité d'établissement de vastes réseaux avec des Membres et d'autres partenaires

161. L'Organisation peut facilement s'adresser aux décideurs des États Membres. Dans le cadre du système des Nations Unies, elle participe à un grand nombre d'initiatives internationales et est en mesure d'offrir un cadre institutionnel pour la coopération entre les pays, au-delà des divisions géographiques, voire politiques et culturelles. La réussite d'un certain nombre d'activités menées par l'Organisation a été attribuée à cette capacité d'instauration d'un réseau mondial, et notamment à l'accès direct de la FAO à des sources spécialisées de compétence utile à l'alimentation et à l'agriculture, aux nombreuses activités de coopération technique qu'elle parraine et à son très grand nombre de groupes d'experts et d'organes consultatifs ainsi qu'à son multilinguisme. A cela, il faut ajouter les liens croissants avec les milieux des ONG et des organisations de la société civile qui favorisent la diffusion des activités de la FAO au-delà des milieux gouvernementaux.

Capacités décentralisées

162. Les capacités décentralisées de la FAO viennent compléter sa vocation mondiale et sa capacité d'établissement de réseaux. Elles favorisent et, souvent, offrent la principale logique de la mise en oevre d'activités demandées par les pays membres qui concernent, soit un seul pays, soit plusieurs États. La présence au plan national (par l'intermédiaire des représentants de la FAO) et aux plans sous-régional et régional (par le truchement des bureaux régionaux et sous-régionaux) est essentielle pour assurer une réponse rapide aux demandes et la prise en compte des besoins locaux.

Compétence et pluridisciplinarité du personnel

163. Les compétences et le dévouement d'un personnel pluridisciplinaire et multilingue, attaché à la cause du multilatéralisme et lié par les règles de conduite de la fonction publique internationale, peuvent être considérés comme un avantage comparatif primordial. L'existence d'un très grand nombre de spécialités au sein du Secrétariat (tant au Siège que dans les unités décentralisées) permet la continuité de l'action et constitue une ressource unique pour les activités normatives et pour l'appui à la coopération technique et aux activités de mobilisation des investissements.

Capacité de répondre aux besoins imprévus des pays membres

164. Les activités du Programme ordinaire de la FAO et ses programmes de terrain financés par des ressources extrabudgétaires sont étayés et complétés par le Programme de coopération technique qui fournit un mécanisme précieux permettant de répondre aux besoins immédiats et/ou imprévus des pays membres. Forte, en outre, des contacts qu'elle a avec les gouvernements ainsi que de la présence de représentants permanents à Rome, l'Organisation est à même de prendre des mesures immédiates tout en s'efforçant de mobiliser ou de réunir des ressources en vue d'une aide ultérieure.

Bonne gestion financière et administrative

165. L'Organisation a une gestion financière et administrative saine et judicieuse. Les contrôles financiers et internes sont très efficaces, comme en témoigne le fait qu'en plus de 50 ans d'activité, les comptes de la FAO ont toujours été approuvés sans réserve par le Commissaire aux comptes et que l'Organisation n'a jamais été insolvable.

Partenariats

166. Le concept des avantages comparatifs est fondé sur l'existence d'autres institutions qui peuvent offrir des services analogues. Le partenariat avec ces institutions doit être envisagé dans une optique anticipative afin d'éviter les chevauchements et d'accroître l'impact effectif de la FAO en tirant profit de la capacité qu'ont ces partenaires de réaliser ses objectifs stratégiques.

167. La question du partenariat est axée sur la raison pour laquelle la FAO, plutôt qu'une autre institution potentielle, doit oevrer pour satisfaire l'un ou l'autre des besoins identifiés. Pour analyser cette question, il faut avoir une connaissance à jour et complète des avantages comparatifs, des capacités et des programmes d'autres organisations opérant dans le domaine en question. Le partenariat efficace est fondé à la fois sur l'échange d'informations et de données d'expérience et sur la coopération, sur la base d'une répartition du travail convenue d'un commun accord avec un grand nombre de partenaires. Mais aussi et surtout, elle ouvre la voie à la mobilisation de la contribution d'autres instances à la réalisation des objectifs généraux que la FAO ne pourrait pas atteindre par ses propres moyens. S'il existe déjà d'importants échanges de données d'expérience et une coopération, tant au plan institutionnel qu'au plan des diverses unités techniques, la mise en oevre de la stratégie intersectorielle dans toute l'Organisation d'élargissement des partenariats et alliances devrait renforcer la "culture de coopération" au sein de l'Organisation.

168. En règle générale, pour la mise en place d'un partenariat efficace, la FAO doit s'efforcer de veiller à ce que la coopération concerne des questions et problèmes spécifiques et vise à l'obtention de résultats tangibles, en particulier au niveau national. Les relations de coopération avec des partenaires tireront profit des liens institutionnels préexistants et des complémentarités intrinsèques mais comporteront des modalités pratiques et des instruments qui varieront selon le contexte.

Organisations du système des Nations Unies

169. En ce qui concerne le système des Nations Unies, la suite donnée aux conférences et sommets mondiaux, notamment le Sommet mondial de l'alimentation, qui façonnent la ligne d'action de la communauté internationale, est un aspect essentiel. Le système doit aider les pays à traduire les engagements, en particulier ceux qui ont été pris dans le cadre des conventions internationales et du suivi de la CNUED, en mesures efficaces et concrètes, en s'appuyant sur les possibilités de synergie du système. La FAO devra en particulier continuer à s'orienter vers l'avenir pour assurer une approche cohérente du système des Nations Unies pour la mise en oevre du Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation et participer à d'autres initiatives à l'échelle du système dans la perspective des questions d'alimentation et d'agriculture. Il faut être particulièrement attentif à un renforcement ultérieur des liens entre les organisations ayant leur siège à Rome.

Institutions financières internationales

170. La FAO peut continuer à utiliser ses compétences techniques multidisciplinaires pour susciter des investissements dans l'alimentation et l'agriculture, par le truchement des relations tripartites fructueuses qu'elle a avec la Banque mondiale et d'autres institutions financières internationales et les gouvernements des États intéressés eux-mêmes. Dans le domaine des conseils de politique, l'Organisation doit s'efforcer d'adapter ses avis sectoriels à l'aide macro-économique générale octroyée par ces institutions. Elle doit également tirer profit du fait qu'elles sont prêtes à élargir la base de la coopération à l'appui de programmes nationaux précis tels que les statistiques agricoles ou l'aquaculture, ainsi que le montrent de nouveaux protocoles d'accord signés avec eux au plus haut niveau.

Organismes de recherche

171. En maintenant les liens institutionnels qu'elle entretient avec le GCRAI, qu'elle coparraine avec la Banque mondiale, le PNUD et le PNUE, la FAO peut établir de nouveaux contacts étroits et entamer des activités conjointes avec les centres eux-mêmes, en facilitant la diffusion des résultats obtenus par les institutions de recherche grâce à une action catalytique à l'appui du transfert de technologies, en tenant au maximum compte des situations locales. La collaboration avec les organisations orientées vers la recherche ne pourra être que favorisée par la présence des secrétariats des SNRA et du CCT (et à l'avenir probablement aussi du Groupe de la coordination interinstitutions en matière d'environnement) à la FAO, et on peut utiliser le plus possible les modalités d'établissement de réseaux.

Organisations intergouvernementales

172. Un certain nombre d'organisations intergouvernementales (OIG), et en particulier beaucoup d'OIG régionales, s'intéressent aux questions d'agriculture et peuvent participer activement aux programmes de coopération en matière d'alimentation et d'agriculture. Compte dûment tenu des avantages comparatifs que ces organisations peuvent avoir dans certains contextes régionaux, la FAO doit continuer à étudier les modalités de coopération afin de tirer le meilleur parti des complémentarités, comme le prévoit son mandat.

Société civile

173. La FAO doit aussi continuer à s'adapter aux changements significatifs qui sont en train d'intervenir dans les rôles et responsabilités respectifs des États, du marché et de la société civile. La FAO ne peut pas rivaliser avec la structure capillaire des organisations de la société civile, en particulier les organisations d'agriculteurs et de consommateurs et le grand nombre d'ONG qui opèrent dans le domaine de l'alimentation et de l'agriculture, jusqu'au niveau des communautés d'agriculteurs elles-mêmes. Cependant, elle peut jouer un rôle catalytique utile en mobilisant l'action au plan national, en appuyant des coalitions et en stimulant des échanges de données d'expérience. Elle devra donc élargir les partenariats constructifs avec des acteurs autres que les États, en tirant profit de sa longue expérience et de sa mémoire institutionnelle pour des activités concrètes conjointes, par exemple avec les organisations de producteurs ruraux.

Secteur privé

174. Les liens avec le secteur privé devraient comporter un dialogue actif propre à stimuler la connaissance mutuelle des potentiels de coopération, tout en respectant les caractéristiques des partenaires. La FAO peut associer sa grande expérience de terrain et sa connaissance des besoins en matière de développement alimentaire et agricole aux capacités exceptionnelles d'entreprise des agents du secteur privé, par exemple en jouant le rôle d'"honnête courtier" pour accroître les investissements du secteur privé dans l'agriculture et les investissements dans de nouvelles technologies en vue de procurer des avantages accrus aux pays en développement.

Calendrier de mise en oevre

175. On trouvera au tableau ci-après le calendrier proposé de mise en oevre jusqu'à l'approbation du Cadre stratégique par la Conférence en novembre 1999 et après:

Document

Comités techniques

Comité du Programme/
Comité
financier

Conseil

Conférence

Cadre stratégique
2000-2015

Janv. à mars
1999

Mai et sept. 1999

Juin et nov. 1999

Nov. 1999
(pour décision)

Plan à moyen terme
2002-2007

Janv. et
mars 2001

Sept. 2000

Nov. 2000
(pour décision)

Nov. 2001
(pour information)

Programme de travail et budget
2002-2003

s.o.

Mai et sept. 2001

Juin et nov. 2001

Nov. 2001
(pour décision)

Rapport sur l'exécution du Programme
2002-2003

Janv. à mars
2005

Sept. 2004

Nov. 2004

Nov. 2005
(pour décision)

Rapport d'évaluation du Programme
2005 (concernant une période approximative allant de 1998 à 2003)

Si nécessaire

Mai et sept. 2004

Juin 2005

Nov. 2005
(pour décision)


ABRÉVIATIONS

ADPIC Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent le commerce
ADRAO Association pour le développement de la riziculture en Afrique de l'Ouest
APD Aide publique au développement
BIRA Bureau interafricain pour les ressources animales
BIT Bureau international du travail
BM Banque mondiale
CAC Comité administratif de coordination
CBO Organisation communautaire
CCA Bilan commun de pays
CCD Convention sur la lutte contre la désertification
CCT Comité consultatif technique (GCRAI)
CDB Convention sur la diversité biologique
CDD Commission du développement durable
CEE Commission économique européenne
CGRAA Commission des ressources génétiques pour l'alimentation et l'agriculture (FAO)
CIAT Centre international d'agriculture tropicale
CICR Comité international de la Croix-Rouge
CIFOR Centre pour la recherche forestière internationale
CILSS Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel
CIMMYT Centre international d'amélioration du maïs et du blé
CIN Conférence internationale sur la nutrition
CIPV Convention internationale pour la protection des végétaux
CIRA Centres internationaux de recherche agronomique
CIRAF Centre international pour la recherche en agroforesterie
CITES Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction
CNUCED Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement
CNUED Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement
CPI Comité permanent interorganisations
CSA Comité de la sécurité alimentaire mondiale (FAO)
DFID Department for International Development (UK)
ECHA Executive Committee for Humanitarian Assistance
ECOSOC Conseil économique et social
EMPRES Système de prévention et de réponse rapide contre les ravageurs et des maladies transfrontières des animaux et des plantes
ESC Équivalent subvention à la consommation
EUFMD Commission européenne de lutte contre la fièvre aphteuse
FAOR Représentant de la FAO
FEM Fonds pour l'environnement mondial
FIDA Fonds international de développement agricole
FMI Fonds monétaire international
FMRA Forum mondial sur la recherche agronomique
FNUAP Fonds des Nations Unies pour la population
GCRAI Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale
GPA Programme mondial de lutte contre le SIDA
HCR Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés
ICARDA Centre international de recherches agricoles dans les régions sèches
ICIMOD Centre international de mise en valeur intégrée des montagnes
ICLARM Centre international d'aménagement des ressources bioaquatiques
ICRISAT Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides
IED Investissement étranger direct
IEF Institut européen des forêts
IFI Institution financière internationale
IFPRI Institut international de recherche sur les politiques alimentaires
IGAD Autorité intergouvernementale sur le développement
IIASA Institut international pour l'analyse des systèmes appliqués
IIED Institut international pour l'environnement et le développement
IITA Institut international d'agriculture tropicale
ILRI Institution internationale de recherche zoogénétique
IPGRI Institut international des ressources phytogénétiques
IPTRID Programme international pour la recherche technologique sur l'irrigation et le drainage
IRRI Institut international de recherches sur le riz
ISME Société internationale des écosystèmes de mangrove
ISRIC Centre international de référence et d'information pédologique
ISTRO Organisation internationale de recherche du travail du sol
LMR Limite maximale de résidus
OCDE Organisation de coopération et de développement économique
OCHA Bureau de la coordination des affaires humanitaires (NU)
OIBT Organisation internationale des bois tropicaux
OIE Office international des épizooties
OING Organisation internationale non-gouvernementale
OIT Organisation internationale du travail
OMC Organisation mondiale du commerce
OMC SPS Organisation mondiale du commerce - Accord sur l'application des mesures sanitaires et phytosanitaires
OMPI Organisation mondiale de la propriété intellectuelle
OMS Organisation mondiale de la santé
ONG Organisation non gouvernementale
ONUDI Organisation des Nations Unies pour le développement industriel
OPS Organisation panaméricaine de la santé
OSC Organisation de la société civile
OSS Observatoire du Sahara et du Sahel
OTC Obstacles techniques au commerce
OUA Organisation de l'unité africaine
PAM Programme alimentaire mondial
PIC Consentement préalable en connaissance de cause
PNUCID Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues
PNUD Programme des Nations Unies pour le développement
PNUE Programme des Nations Unies pour l'environnement
PSSA Programme spécial pour la sécurité alimentaire (FAO)
RAMSAR Convention on Wetlands of International Importance, Especially as Waterfowl Habitat
RPGAA Ressources phytogénétiques pour l'alimentation et l'agriculture
SMIAR Système mondial d'information et d'alerte rapide sur l'alimentation et l'agriculture (FAO)
SICIAV Système d'information et de cartographie sur l'insécurité alimentaire et la vulnérabilité
SMA Sommet mondial de l'alimentation
SMOT Système mondial d'observation terrestre
SNRA Système national de recherche agricole
SOFA Situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture (FAO)
UICN Alliance mondiale pour la nature
UIP Union interparlementaire
UNCLOS Conférence des Nations Unies sur le droit de la mer
UNDAF Plan cadre des Nations Unies pour l'aide au développement
UNDRO/IDNDR Bureau du Coordonnateur des Nations Unies pour les secours en cas de catastrophe/Décennie internationale de la prévention des catastrophes naturelles
UNESCO Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture
UNHCHR Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme
UNICEF Fonds des Nations Unies pour l'enfance
UNIFEM Fonds de développement des Nations Unies pour la femme
UNITAR Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche
UNV Programme des volontaires des Nations Unies
UPOV Union internationale pour la protection des obtentions végétales
USDA Département de l'agriculture des Nations Unies
UTF Fonds fiduciaire unilatéral
WAICENT Centre mondial d'information agricole (FAO)
WRI Institut mondial pour les ressources
WWF Fonds mondial pour la nature

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