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Le maïs, une alternative pour la production de la zone sud du Mali

Baba Antoine BERTHE
Syndicat des producteurs de coton et vivriers du Mali, Kadiolo, Mali

Le Mali est un pays sahélien, dont la population est à 90% rurale. Notre zone d'intervention, sous l'encadrement technique de la Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT), couvre à peu près un dixième du territoire national avec plus du tiers de la population totale. C'est la partie sud faisant frontière avec la Côte- d'Ivoire la Guinée et le Burkin a Faso.

Le coton reste de loin la première culture de rente, sinon la seule, valorisée sur l'ensemble de la zone. En culture vivrière, on trouve principalement le milsorgho, le maïs, le riz et le fonio. Le régime pluviométrique se situe entre 500 et 1 100 mm.

L'évolution de la culture du maïs

Mon intervention, qui se veut courte, se limitera à l'aspect de la commercialisation du maïs.

Autrefois, la production du maïs était relativement limitée, malgré les bonnes conditions pluviométriques, pour les raisons suivantes:

Mais à partir de la mise ne place du projet maïs, financé par le Fonds d'aide à la coopération (FAC) en 1976 et sous le contrôle de la CMDT, une nouvelle dynamique a été donnée à la production de cette céréale. C'est ainsi que les surfaces ordinairement emblavées ont été multipliées par 5 et les rendements qui étaient de l'ordre de 80 kg/ha sont montés en moyenne à 2 000 kg/ha, sinon plus. Pour la campagne 1992-1993, sur une surface de 103 220 ha, 204 768 tonnes ont été produites. Autant dire que le maïs reste, parmi toutes les céréales, la plus produite c'est la culture qui d'une manière généraIe, vient après le coton afin de bénéficier des arrières effets des fertilisants apportés à ce dernier.

Des années de l'Indépendance jusqu'à 1984, la commercialisation des céréales était assurée par l'Etat qui fixait le prix au producteur et celui de la cession aux consommateurs. L'Office des produits agricoles du Mali (OPAM), société d'Etat, était chargé de la collecte, du stockage et de la redistribution. Compte tenu de ses moyens, il était amené à mandater des structures d'encadrement telle que la CMDT ou des structures coopératives pour assurer la commercialisation primaire (collecte au niveau du producteur).

Sous l'instigation des bailleurs de fonds, l'Etat malien, à l'instar des autres pays africains toujours à la recherche d'une politique agricole appropriée, institua la libéralisation de la commercialisation des céréales. Cette décision était unilatérale et sans calcul des conséquences pour l'Etat et pour les premiers intéressés que sont les producteurs agricoles. Ces derniers ont été laissés à la merci des opérateurs économiques peu scrupuleux pour la plupart d'eux.

Cependant, le producteur du sud du Mali avait traditionnellement deux préoccupations majeures: remplir ses greniers de céréales et payer l'impôt per capital. A la suite de cette décision de libéralisation, l'évolution de la production céréalière s'est quelque peu ralentie, mais il faut reconnaître que des quantités importantes restent sur les bras des producteurs qui finissent par les brader, afin de faire face à des besoins urgents avant que l'argent du coton n'arrive.

Les petits commerçants, conscients des problèmes financiers que rencontrent les producteurs à un certain moment de l'année, n'hésitent pas à accorder des prêts d'argent qui sont remboursables avec des taux allant de 25 à 50 % et généralement en nature (les céréales surtout).

Par ailleurs, le coton ne paye pas toujours son homme. Le prix au producteur est très bas et les intrants sont assez chers. Parfois, il arrive que le producteur soit obligé de vendre une partie de ses céréales pour faire face au règlement de son crédit de campagne, au paiement de son impôt et aux besoins familiaux (mariage et autres problèmes financiers). Par ailleurs, le coton est soumis àd'incessantes fluctuations liées à l'environnement économique international.

Les améliorations envisageables

• Création de banques villageoises de céréales permettant:

• Transformation des excédents, permettant de créer des activités valorisant les produits agricoles et d'engendrer des revenus (c.f. communication de B. GOITA).

• Prêts de fin de campagne agricole permettant aux producteurs de faire face aux dépenses engagées pour la récolte du coton et tant d'autres. Ces prêts sont pris en charge par la Banque nationale du développement agricole (BNDA) à la place des commerçants locaux.

• Intervention du PRMC (Programme de restructuration du marché céréalier) sur les mécanismes assurant la libéralisation de la commercialisation des céréales, afin d'aboutir à une fixation automatique de leur prix, à travers:

Nos propositions de solution

• Multiplier les banques de céréales villageoises.

• Soutenir la transformation par les minoteries villageoises et favoriser la symbiose ville-campagne.

• Créer et soutenir des bourses de céréales. Au moment où le producteur de maïs du sud du Mali a des problèmes d'écoulement de sa production, l'éleveur se demande ce qu'il va manger demain. Pourquoi ne pas provoquer la rencontre de l'un et de l'autre, et mettre des moyens à la disposition de chacun d'entre eux?

• Favoriser l'accès des producteurs aux appels d'offre nationaux et régionaux autour des céréales.

• Susciter et encourager la consommation des produits alimentaires à base de maïs, dans les campagnes et les agglomérations.

• Assurer l'équipement agricole des exploitations à travers les prêts à moyen terme et à des taux d'intérêt accessibles (économiques);

• Trouver des moyens pour que les prêts de campagne soient accordés sans que le coton soit la seule garantie.

Présentation du SYCOV

Bref historique du SYCOV

L'histoire du syndicat des producteurs de coton et vivriers du Mali (SYCOV) peut être résumée par les propos suivants, extraits des interventions du président du SYCOV, Baba Antoine BERTHE, lors de la réunion organisée à Paris par la Fondation pour le progrès de l'homme (FPH), le 9 décembre 1992, sur le thème «regards croisés sur les organisations paysannes maliennes».

«Le SYCOV, syndicat que je préside, étend son action sur la zone CMDT (Compagnie malienne pour le développement des textiles) du sud du Mali, dont la superficie est de 96 000 km² et la zone de l'OHVN (Opération haute vallée du Niger) qui compte plus de deux millions d'habitants. Le coton y est la principale culture, et comme il est également le premier produit d'exportation du Mali, les enjeux économiques sont grands. Notre syndicat représente l'aboutissement d'un mouvement de revendications parti des associations villageoises (AV) de la région de Koutiala. En effet, c'lest en 1975 que la CMDT a commencé à se décharger d'un certain nombre de ses missions, avec la création de la première AV dans la région de Fana. Très vite, alors qu'elle aurait pu n'être qu'une contrainte de plus pour les paysans, cette délégation des tâches s'est révélée potentiellement avantageuse pour les producteurs, auxquels PAV a permis d'investir collectivement et de se procurer de nouveaux outils de travail. Les AV se sont ensuite développées différemment en fonction des villages et des leaders qui les animaient; elles seront certaine. ment amenées à se modifier, mais elles ont été et demeurent actuellement la base de tout le mouvement paysan. En 1989, les représentants des AV avaient pris l'habitude de se concerter sur les différentes attitudes àprendre vis-à-vis de la CMDT, sans que le contexte politique d'alors permette aux organisations paysannes de s'exprimer de manière plus large. De fait, ce n'est qu'après les événements du 26 mars 1991 et les Etats généraux nationaux qui ont suivi que le mouvement a pu prendre de l'ampleur et s'organiser.

Deux éléments vont alors accélérer les revendications des paysans. Tout d'abord, durant la campagne 1990-1991, la CMDT délègue à la BNDA la charge de récupérer l'argent de la fourniture d'intrants. Celle-ci prélèvera la totalité des fonds sans vérifier si les villages ont utilisé toutes les quantités d'intrants livrées, et cette opération va causer de graves déséquilibres dans la trésorerie et la gestion des AV, attisant aussi la colère des producteurs. En second lieu, alors que les paysans de Koutiala veulent pouvoir disposer en quantité suffisante des aliments pour bétail issus de la transformation du coton et fabriqués par une usine de leur région, ceux-ci sont envoyés prioritairement dans d'autres zones du Mali. Le mécontentement grandit donc et le 6 mai 1991, un millier de paysans de la région de Koutiala, constitués en coordination des producteurs des AV et des Tons, présenteront à

CMDT un cahier de doléances en douze points, qui obligera bientôt l'Etat à intervenir et à négocier directement avec les paysans, choix que la CMDT leur avait refusé au départ.

Après ces événements, en septembre 1991, la CMDT a organisé à Ségou un séminaire entre certains de ses membres, les leaders des AV et des représentants du pouvoir politique, pour mettre en place un partenariat et en définir les étapes. Nous avons ainsi discuté de tous les problèmes des paysans et de la filière coton, notamment de la commercialisation, de la campagne agricole et de la répartition des aliments de bétail. De la fin octobre 1991 à janvier 1992, différentes structures se sont organisées: la coordination villageoise, celle des secteurs, celle des zones et bien d'autres. Le 29 janvier 1992, un bureau national provisoire du mouvement s'est constitué, chargé de préparer le congrès constitutif du syndicat qui a eu lieu en septembre 1992 sous la présidence de Monsieur le ministre du Développement rural et de l'Environnement, et au cours duquel a été clairement définie la mission du SYCOV Comme le précisent ses statuts, celui-ci a pour objectif de défendre les intérêts des producteurs, de les représenter face à tous les partenaires de la filière coton et de participer à toutes les décisions le concernant dans la zone CMDT et celle de l'OHVN,»

L'organisation du SYCOV épouse le dispositif de développement mis en place par la CMDT afin de faciliter le dialogue avec «l'administration» de la CMDT. C'est ainsi qu'il existe:

L'adhésion au syndicat est un acte individuel et volontaire, mais pour le moment, il s'est agi d'une adhésion de masse puisque ce sont les AV qui ont construit le syndicat (cf. la coordination initiale des AV à Koutiala) et qui lui fournissent ses moyens de fonctionnement (chaque AV prélève sur ses recettes 10 000 FCFA pour la coordination de zone, chaque zone reverse 25 000 FCFA au secteur, chaque secteur 25 000 FCFA à la région). il y a plus de 120 000 exploitations en zone CMDT et OHVN.

Actuellement, le SYCOV a entrepris de vendre des cartes individuelles d'adhésion, ce qui lui permettra d'évaluer précisément sa base réelle, 1 000 FCFA par chef d'exploitation.

Le SYCOV est considéré comme partenaire représentatif des paysans du sud du Mali au niveau national et participe à ce titre à la renégociation du contrat-plan qui réunit le gouvernement, la CMDT, les bailleurs de fonds et les producteurs pour définir les modalités de fonctionnement de la filière coton pour plusieurs années.

Le président du SYCOV tient fréquemment à préciser que: «Le propos du mouvement n'est pas que revendicatif: en instaurant un partenariat efficace et positif, une de ses missions est de donner un nouveau souffle à la filière dont nous nous sentons, d'une certaine manière, moralement responsables».

La politique du SYCOV

L'action syndicale

L'action syndicale proprement dite est menée de façon autonome par le SYCOV, même si celui-ci fait appel à des conseillers extérieurs ou des partenaires occasionnels.

L'INFORMATION DES MILITANTS

L'information des militants doit être large et diversifiée et porter (par exemple)

Elle doit être véhiculée par les supports les mieux adaptés (le journal et la radio sont à envisager).

LA FORMATION DES RESPONSABLES SYNDICAUX

Il importe que les responsables syndicaux aient les connaissances et les compétences techniques et pédagogiques requises pour expliquer les enjeux des actions, animer les réunions syndicales, gérer l'information, bref assurer une véritable promotion des adhérents de base grâce à un fonctionnement démocratique de la structure.

LA DÉFENSE DES INTÉRÊTS DES PRODUCTEURS DANS LE CADRE DE LA COGESTION DE LA FILIÈRE COTON

Le SYCOV doit avoir une bonne connaissance de l'évolution des marchés internationaux, de l'environnement économique de la production (coûts de transformation et taxes sur le coton et sur les biens de production agricoles).

Une connaissance approfondie des contraintes et des atouts de l'environnement d'une part et d'autre part de la situation réelle des producteurs, de leurs aspirations et de leurs attentes, permettra au SYCOV d'affiner sa stratégie, argumenter ses positions et d'accroître sa participation à la cogestion de la filière.

La définition d'une politique régionale de développement agricole en partenariat avec les opérateurs institutionnels

UN AUTO-ENCADREMENT PAYSAN

La restructuration du dispositif d'encadrement se traduit de fait par le désengagement des agents CMDT du terrain au profit d'un auto-encadrement paysan (équipes techniques formées pour assumer certaines tâches: vaccination du bétail, lutte antiérosive, etc.). Bien qu'il convienne de se féliciter de cette évolution, il faut se garder de croire qu'on puisse se satisfaire du niveau de maîtrise technique atteint par les producteurs (qui serait entretenu par ces services de base). Beaucoup reste à faire en matière de développement agricole pour adapter en permanence les systèmes de production, améliorer les performances techniques et économiques des exploitations agricoles, et créer les conditions d'une agriculture durable (on a observé depuis longtemps une baisse notable de la fertilité dans les zones les plus anciennement cultivées en coton).

Le SYCOV ne peut pas se désintéresser de ce domaine d'activité car sa base risquerait d'être compromise à terme mais il ne semble pas possible ni souhaitable, qu'à court terme, le SYCOV développe un dispositif propre de conseil agricole ou de recherche appliquée.

UN DISPOSITIF D'APPUI AUX PRODUCTEURS

Il convient de concevoir un nouveau dispositif d'appui aux producteurs qui prenne en compte d'une part les compétences existant dans les villages (qu'il s'agit d'étendre et de renforcer) et d'autre part les compétences des structures d'appui et en premier lieu de la CMDT.

Ce nouveau dispositif devrait être conçu d'un commun accord entre partenaires, notamment par une négociation entre le SYCOV et la CMDT; il devrait figurer dans le contrat-plan au même titre que les dispositions relatives au prix du coton, à l'organisation économique de la filière, etc.

Ensuite, ce nouveau dispositif devrait être bâti à partir d'objectifs définis en commun. De nombreux axes de travail sont identifiés: diversification des productions et des activités; amélioration des résultats techniques et économiques des exploitations, conservation et gestion des ressources naturelles, etc. Il serait sans doute fort utile de ne pas juxtaposer ces axes de travail mais de les intégrer dans une démarche de développement local, permettant aux producteurs de définir leurs propres plans et programmes d'action.

Enfin, ce nouveau dispositif devrait résulter d'une réparation des fonctions et des tâches entre les producteurs organisés et les structures d'appui; le nouveau rôle des agents de la CMDT, ainsi que les compétences qu'ils devraient avoir, seraient alors précisés d'un commun accord à l'issue de cette réflexion.

Ces analyses et ces propositions pourraient être réunies dans une plate-forme d'orientation qui définirait, du point de vue du SYCOV, les conditions du partenariat.

Si cette plate-forme était acceptée, le SYCOV serait progressivement placé au centre du dispositif d'appui au développement régional et serait en mesure de contrôler et d'orienter les interventions dans le milieu. On peut penser qu'à terme, on évolue vers une structure de développement directement sous l'autorité de l'organisation professionnelle du type chambre régionale d'agriculture.

DE NOUVELLES FONCTIONS

Par ailleurs, les organisations professionnelles vont être amenées, tôt ou tard, à assumer de nouvelles fonctions.

Ce sont les AV qui s'occupent de la commercialisation primaire du coton (pesée, classement). D'autre part, le syndicat a placé des responsables professionnels aux ponts (à l'entrée de l'usine) quand la CMDT effectue ses propres pesées. Dans ce domaine, il ne devrait pas y avoir de changements majeurs prochainement.

Par contre, la question du transfert de la fonction approvisionnement aux producteurs est à l'ordre du jour. Ces opérations, qui portent sur des quantités de produits considérables, présentent des risques techniques et financiers non négligeables. Le SYCOV doit se préparer cependant à promouvoir une centrale d'achat de type coopératif en cas de désengagement de la CMDT.

Le SYCOV suit avec intérêt certains projets qui organisent des services d'appui aux producteurs: c'est le cas de Kafu Jiginew qui développe des caisses coopératives d'épargne et de crédit ainsi que du centre de gestion qui propose un suivi en gestion aux AV. Comme il s'agit de services d'intérêt général, il conviendra sans doute de rechercher une collaboration plus officielle entre ces structures et le SYCOV, qui pourrait se traduire par une participation aux conseils d'administration ou d'orientation.

Enfin, il est proposé au SYCOV de prendre une participation dans le capital de la CMDT. Cette éventualité mérite d'être bien pesée au regard du rôle du syndicat et de l'intérêt des producteurs.

Quoi qu'il en soit, le désengagement progressif de l'Etat (et de la CMDT notamment) oblige le SYCOV à relever de nouveaux défis, à négocier les conditions du transfert de responsabilités et à aider les producteurs à s'organiser pour assumer de nouvelles fonctions, car il est bien entendu que le SYCOV ne devrait pas assurer directement des fonctions de gestion; il doit aider à promouvoir des structures autonomes (centrale d'achat, crédit coopératif...) même s'il va de soi que les militants syndicaux seront fortement impliqués dans la direction de ces structures.

Le besoin d'appui institutionnel

L'importance de la base sociale du SYCOV et des enjeux économiques, sociaux et écologiques sur lesquels il doit se prononcer justifient des appuis extérieurs en information, formation, des appuis à la réflexion et aussi des appuis matériels et financiers.

La volonté d'appuyer l'émergence et le renforcement d'organisations paysannes autonomes, capables de nouer des relations contractuelles, sur la base d'un partenariat avec les autres acteurs (publics ou privés) du développement est aujourd'hui largement affirmée par tous.

Or, dans les relations «contractuelles» qui s'instaurent actuellement ici et là en Afrique, les partenaires ne sont pas à armes égales et le partenaire paysan est très largement désavantagé; le SYCOV n'échappe pas à cette règle.

En effet, le SYCOV ne dispose souvent que de très peu de moyens matériels et financiers pour animer un travail auprès de ses adherents, succiter une reflexion de la base au sommet, répondre aux sollicitations qui lui sont faites; il doit compter sur ses propres forces, dont on sait qu'elles sont sur le plan financier et matériel fort réduites, surtout eu égard aux moyens dont disposent d'autres partenaires (véhicules, essence, personnel salarié, etc.).

Les prétentions du SYCOV semblent dans ce domaine modestes mais encore au-dessus des ressources propres qu'il pourra dégager grâce aux cotisations.

L'accès à l'information est limité tant par la nature des informations qui parviennent à l'organisation paysanne, que par la forme sous laquelle elles lui parviennent. Ainsi, le SYCOV n'a pas tous les moyens nécessaires pour éclairer et nourrir ses analyses, les argumenter ou les nuancer si nécessaire. A l'inverse, la CMDT et les bailleurs de fonds disposent d'un personnel nombreux et compétent pour préparer les dossiers, les discussions. La difficulté est accrue par la «jeunesse» du SYCOV, le manque de temps qui ne lui a pas permis de former des cadres syndicaux avertis et de se doter de spécialistes pour les différentes questions débattues.

Le SYCOV doit, dans un premier temps tout au moins, se battre sur tous les fronts à la fois avec des moyens de départ fort limités (tant au plan matériel et financier qu'en ressources humaines). Le SYCOV semble en effet engagé dans une course contre la montre dans laquelle se joue, sur quelques années, sa crédibilité interne et externe. D'une part il doit obtenir des résultats rapidement pour consolider son assise, car les adhérents de base ont des attentes concrètes à son endroit; d'autre part il doit s'affirmer vis-à-vis de l'extérieur.

Apporter un appui institutionnel au SYCOV, c'est contribuer à réduire ces «inégalités»; c'est une attitude positive; elle ne se nourrit d'aucune défiance ou quelconque hostilité à l'endroit des autres partenaires et singulièrement de la CMDT. Essayer d'appuyer (peu ou beaucoup) le SYCOV ne signifie pas «être de son côté» contre la CMDT (dont tout le monde a pu apprécier l'efficacité passée et présente et l'ouverture au dialogue de nombreux de ses agents); appuyer le SYCOV signifie tenter de contribuer à l'instauration d'une concertation entre acteurs, dont les bases soient le moins déséquilibrées possibles, une vraie concertation avec ce qu'elle comporte de désaccords, de tensions, mais aussi d'analyses partagées et de volonté d'aboutir à des compromis acceptables par toutes les parties.


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