Table des matières - Précédente - Suivante


L'intensification de la culture du maïs dans les exploitations cotonnières Mandiana en Haute Guinée

Sayon MARA
Projet de développement rural de Haute Guinée, Conakry, Guinée

Le maïs est une culture vivrière particulièrement répandue en Haute Guinée. Traditionnellement cultivé sur «terres de cases» (ou tapades) dans la plupart des préfectures, le maïs est cependant cultivé depuis très longtemps en culture de plein champ sur la préfecture de Mandiana, où il constitue la culture principale des exploitations agricoles et l'aliment de base de la population.

Ces dernières années, on note une nette évolution de cette culture, tant en ce qui concerne son importance dans les systèmes de production que sa place dans les systèmes de culture. En effet, sur la préfecture de Mandiana où son implantation est ancienne, la place réservée au maïs est grandissante et fait l'objet d'une intensification technique de plus en plus poussée. Par ailleurs, pour d'autres préfectures comme celle de Kankan par exemple, elle évolue progressivement du statut de culture de tapade au statut de culture de plein champ.

Cette évolution actuelle est avant tout le fait d'une importante demande paysanne, sans qu'elle soit intégrée ou motivée, comme c'est habituellement le cas, par une organisation plus globale de la filière, notamment dans les domaines de la transformation et de la commercialisation.

Le projet de développement rural de Haute Guinée (PDRHG), centré sur le développement de la production cotonnière, met en place un certain nombre d'actions pour répondre à cette demande paysanne d'intensification technique de la production (figure 1).

Le maïs et la politique du projet

Le PDRHG, depuis sa création en 1985, a toujours entrepris des actions de vulgarisation concernant les vivriers et notamment le maïs. Ces actions reposaient essentiellement jusqu'à ces dernières années sur le transfert et l'application des techniques d'intensification du coton vers les vivriers, à savoir

Ces actions se sont élargies ces dernières années à l'approvisionnement en intrants (engrais, herbicide et semences), qui correspondent à une demande paysanne de plus en plus forte.

Les paysans désireux de bénéficier de conseils techniques et d'intrants sont désormais recensés par les services d'encadrement, ce qui permet de quantifier les besoins en intrants. La vente de ces intrants prend deux formes:

La diffusion du matériel agricole est basée sur le même système de vente, le crédit étant dans ce cas un crédit à moyen terme échelonné sur quatre campagnes.

Figure 1. Zone d'intervention du PDRGH

Tableau 1. Nombre de paysans et surfaces encadrés pour le maïs par le PDRHG pendant la campagne 1993-1994.

Secteurs de paysans Surface (ha) Nombre
Siguiri 1 190 1 055
Mandiana 6911 5993
Kankan 591 990
Dabola 317 463
Total 9009 8501

Evolution des systèmes de production et intensification

On distingue schématiquement trois grands systèmes de culture, dans lesquels la place du maïs varie: le «système de Mandiana», le «système de Siguiri» et le «système de Kankan» (figure 2).

Le «système de Mandiana», une intensification croissante

Mandiana est de loin la préfecture de Haute Guinée, où la culture du maïs est la plus développée. Le maïs y constitue depuis fort longtemps la culture principale des exploitations agricoles et l'aliment de base de la population rurale. Il est cultivé sur de grands champs: plus de 1,5 ha en moyenne actuellement par exploitation (PDRHG, 1 992a), cette surface étant assez étroitement fonction de l'équipement disponible sur l'exploitation. Les études ont montré que la surface de ces champs a progressivement augmenté, parallèlement au développement de la culture cotonnière sur la zone (PPDRHG, 1992b) et au développement de l'équipement de culture attelée (PDRHG, 1992c).

Une étude du Programme des Nations-unies pour le développement (PNUD, 1984) estimait à 7 500 ha la superficie annuelle cultivée en maïs sur la préfecture. Nos estimations montrent que cette surface serait actuellement de plus de 10 000 ha.

A cette extension notable des surfaces s'ajoute une évolution importante de l'itinéraire technique. A titre d'exemple, 74 % des paysans encadrés en 1993-1994 ont pratiqué le semis en ligne, dont 7 % mécaniquement à l'aide d'un semoir. Le sarclage mécanique a également progressé de façon notable grâce à l'utilisation croissante des multiculteurs et des corps sarcleurs vendus par le projet.

Mais l'évolution la plus spectaculaire concerne l'utilisation des intrants (engrais et herbicide). Il est remarquable de noter à ce sujet que cela ne correspondait pas au départ à des thèmes de vulgarisation prioritaires du projet: concernant les sarclages, par exemple, le projet a toujours privilégié le sarclage mécanique, permettant de valoriser la force de traction animale de l'exploitation, par rapport aux herbicides, généralement coûteux et donc à priori peu intéressants en l'absence d'une filière maïs organisée. Pourtant, il nous a rapidement été donné de constater qu'une forte demande paysanne concernant ces intrants existait, certains producteurs n'hésitant pas à s'approvisionner dans les pays voisins si nécessaire. Soucieux de répondre à cette demande paysanne, mais aussi d'assurer des intrants de qualité à des coûts acceptables, le projet a donc décidé d'en assurer l'approvisionnement sur la base de la demande recensée. Ces intrants sont vendus à prix coûtant, prix du transport inclus, et ne font donc l'objet d'aucune subvention.

Ainsi, lors de la campagne 1993-1994, sur les 6 911 ha encadrés en maïs sur Mandiana, 4 439 ha ont reçu une dose moyenne en NPK de 160 kg/ha, 1 628 ha ont reçu une dose moyenne en urée de 68 kg/ha, et 2 324 ha ont été désherbés (la dose moyenne utilisée est de 3,5 I/ha, la dose vulgarisée étant de 4,1/ha).

La préfecture de Mandiana a consommé à elle seule 85 % des engrais vendus par le projet à destination des vivriers sur l'ensemble du projet et plus de 99 % des herbicides. C'est dire si l'intensification de cette culture y fait l'objet d'un engouement particulier. Les hypothèses qui permettent de l'expliquer sont actuellement les suivantes:

Figure 2. La place du maïs dans les systèmes de culture en Haute Guinée.

Tableau Il. Evolution des quantités d'intrants vendues par le PDRHG sur la préfecture de Mandiana.

Type d'intrant 1991-1992 1992-1993 1993-1994
NPK (kg) 52 350 445700 710550
Urée (kg) 3 715 120 000 111 150
Herbicide (I) 0 1 910 7880

En recourant à cette stratégie d'intensification, les exploitations visent un double objectif: assurer la production alimentaire de la famille, mais surtout dégager des surplus de production qui seront écoulés dans les zones minières (orpaillage artisanal) de la préfecture de Siguiri et du nord de la préfecture de Mandiana. L'assurance de revenus monétaires dégagés par le coton leur permet de conserver leur surplus maïs jusqu'à la remontée des cours', en général à partir de janvier, date à laquelle débute la période d'orpaillage.

Le «système de Siguiri»

Le maïs fait partie des principales cultures de l'exploitation, avec le riz dans les zones de plaine et l'arachide et le mil-sorgho sur plateaux gravillonnaires. Il est cultivé sur de grandes surfaces, néanmoins moins vastes qu'à Mandiana (un peu moins de 1 ha en moyenne).

L'intensification y est actuellement nettement moins poussée qu'à Mandiana et la demande paysanne dans ce domaine est pour l'instant moins forte. Celle-ci se développe cependant si l'on en juge par l'évolution actuelle des semis en ligne, l'utilisation de semences améliorées et d'engrais. A cela, plusieurs raisons possibles:

Le «système de Kankan»

Le système que nous dénommons «Kankan»recouvre à la fois des systèmes présents dans la préfecture de Kankan et également la préfecture de Dinguiraye, l'ouest de Dabola et le nord de Kouroussa (Haute Guinée «ouest»).

Bien qu'assez largement répandu dans ces zones, le maïs ne constitue pas ici une des principales cultures des exploitations. Viennent avant les cultures de manioc, fonio, riz et arachide. De fait, il ne constitue qu'un complément dans l'alimentation, même si sa part a tendance à augmenter.

Il est encore cultivé sur les tapades à proximité des habitations, ce qui lui permet de bénéficier d'apports de fumure organique et d'autres déchets organiques divers. Aucune autre technique d'intensification vulgarisée n'y est pratiquée.

Cependant, sous l'impact du projet qui y a diffusé des semences améliorées, la culture du maïs de plein champ commence à se développer, à la fois sur Kankan (sous-préfectures de Baranama sur Kankan et de Cisséla sur Kourousa). Sur ces zones, la culture du maïs prend un essor particulier, même si les techniques intensives y restent actuellement marginales.

Si ce développement a pour objectif principal un complément pour l'autosuffisance alimentaire des familles, des surplus n'en sont pas moins dégagés qui sont évacués par des commerçants collecteurs sur les principaux marchés urbains les plus proches (Kankan, Kouroussa et Dabola).

La commercialisation

La commercialisation des vivriers n'est pas dans la vocation du PDRHG, qui se concentre sur l'appui à la production en répondant autant que faire se peut à la demande paysanne. Aucune action visant à organiser la (ou les) filières maïs de Haute Guinée n'a pour l'instant été expérimentée dans la région.

Les flux actuels des excédents de production restent intrarégionaux - une partie du maïs de Dabola est cependant évacuée sur la Guinéé forestière (PPDCFDT, 1991) - et on ne peut proprement parier de filière formelle de commercialisation. Ces flux alimentent principalement les zones minières et les régions déficitaires proches (Faranah et Kouroussa).

De fait, on constate que l'absence de filières interrégionales organisées (qui pourraient permettre d'approvisionner les régions déficitaires de Guinée maritime et de Moyenne Guinée) n'a jusque-là pas été une entrave majeure à l'intensification progressive de la culture, au moins dans les zones traditionnellement productrices (en particulier Mandiana).

Conclusion

Le maïs est une culture traditionnellement répandue en Haute Guinée. Deux grands systèmes de cultures sont présents, qui évoluent actuellement avec l'appui du PDRHG: la culture de tapades et la culture de plein champ.

La culture de tapades, à proximité des habitations et de surface limitée, est localisée au sud-est et au nord-ouest de la Haute Guinée. Essentiellement destinée à compléter l'alimentation de la famille, elle devient progressivement une production dégageant de petits revenus monétaires par développement de la culture de plein champ.

La culture de plein champ, au nord-est de la Haute Guinée, sur des surfaces plus importantes, connaît une intensification technique importante (plus particulièrement sur la préfecture de Mandiana). Aliment de base des familles, les excédents de production sont revendus sur les marchés locaux et alimentent centres urbains proches et zones minières du nord de la Haute Guinée. Cette production constitue une source de revenus non négligeable pour les exploitations.

Les flux restent, à quelques exceptions près, intrarégionaux et sont l'objet de petits réseaux de commercialisation locaux, ce qui n'a pas été jusque-là une entrave à l'intensification de la culture, laquelle correspond à une forte demande paysanne.

Cependant, une meilleure organisation de la commercialisation, permettant de mettre en contact producteurs et acheteurs, donnerait sans doute un essor plus grand encore à cette culture et conforterait une dynamique déjà en marche. Cela devrait faire l'objet d'expérimentations et d'interventions de la part de structures spécialisées dans ce domaine.

Références bibliographiques

PDRHG, 1992a. Les systèmes de culture dans les préfectures de Kankan, Mandiana et Siguiri. PDRHG, suivi-évaluation, avril 1992,

PDRHG, 1992b. Impact du projet sur les vivriers. PDRHG, suivi-évaluation, octobre 1992.

PDRHG, 1992c. Typologie structurelle des exploitations. PDRHG, suivi-évaluation, décembre 1992.

PNUD-DTCD, 1984. Etude socio-économique régionale, bilan-diagnostic au niveau des préfectures de Haute Guinée. PNUD-DTCD.

PPD-CFDT, 1991. Marchés et commercialisation des produits agricoles. PPD-CFDT. lui

 

Transfert du gêne d'endosperme tendre sur une variété élite de maïs à grain dur en Afrique de l'Ouest

Mavulé ESSEH-YOVO
IICV, Cacaveli, Togo

Résumé Dans le contexte d'un programme de transfert utilisant un cultivar local amélioré, ZL2-SE comme donneur de gène à endosperme tendre, la texture dentée de Poli 16SR, une variété de maïs blanc précoce d'origine CIMMYT à grain dur, fut convertie en texture farineuse après croisement et un double rétrocroisement suivi de trois autofécondations successives avec choix de grain à endosperme tendre à chaque génération. Quand le bulk BC2-S3-Cl de la variété convertie fut comparée au parent récurrent Poil 16SR, sa texture de grain s'est avérée significativement plus farineuse que celle du matériel original. Ce résultat montre que le rétrocroisement successif peut être utilisé pour un transfert rapide du gène d'endosperme tendre. L'application d'un tel schéma de sélection faciliterait de beaucoup l'amélioration de ces variétés élites de maïs à haut rendement, résistantes aux maladies et aux insectes, mais qui ne sont pas acceptées par les utilisateurs du fait qu'elles ont un rendement faible en farine et qu'elles sont difficiles à transformer dans le cadre de la mouture sèche traditionnelle.

Abstract. Pool 16SR, an early white dent CIMMYT maize variety with hard endosperm, was converted to floury grain texture by crossing and backcrossing it twice with an improved local soft endosperm cultivar, ZL-2-SE, with selection in each crossing generation for signs of the floury texture and then selfing to S3 while selecting for a soft endosperm. When the bulk of the BC2-S3-Cl selection of the converted variety was compared to the recurrent parent Pool 16SR, its grain texture was more floury than the original one. This result demonstrates that continuous backcrossing can be used for rapid transfer of soft endosperm. Such a tendency should facilitate the improvement of those high-yielding maize varieties which were not adopted because they lacked high yield flour and easiness of processing for traditional dry milling.

Bien que de remarquables progrès aient été réalisés par les sélectionneurs de maïs dans le domaine de l'amélioration du rendement et de la résistance aux maladies et aux insectes, les variétés élites de maïs rencontrent très peu d'enthousiasme auprès des utilisateurs dans certains pays d'Afrique de l'Ouest. La raison en est que, très souvent, leurs qualités meunière et gustative laissent à désirer. Peu d'informations relatives aux types de maïs destinés à des utilisations spécifiques sont disponibles (ROONEY et SERNA-SALVIDAR, 1987). Toutefois, sur la base de certaines hypothèses de travail préétablies qui pourront être confirmées et enrichies au fur et à mesure des investigations récurrentes, on peut affirmer que les types de maïs à endosperme tendre sont appréciés pour leur haut rendement en farine et leur facilité de transformation en mouture sèche traditionnelle (OMUETI et al., 1993).

Le maïs à endosperme tendre, utilisé par les indigènes du continent américain pour la mouture manuelle, fut sélectionné pour son caractère farineux contrôlé par le gène f1 ou l'un des facteurs de cette classe tels que f1 et h (COE et NEUFFER, 1977). La relation génique F1/f1 est caractérisée par des effets de dosage dans l'endosperme où la triploïdie permet l'expression de quatre configurations différentes: triplex, duplex, simplex et multiplex pour f1 (op. cit). SCHWARTZ (1965) suggéra que le phénomène de dérivation (parenté sexuelle par laquelle un facteur est transmis) peut être la cause des effets observés pour F1 où deux doses de F1 (transmis maternellement) confèrent une texture vitreuse au grain, alors que deux doses de f1 (transmis maternellement) aboutissent à la formation de grains àendosperme tendre. Ces effets de dosage F1/f1 sont très facilement perceptibles à l'oeil nu (COE et NEUFFER, 1977).

ALLARD 0 960) estime que la méthode de sélection par rétrocroisement trouve sa plus grande facilité d'appli cation là où Ie caractère à transférer peut déjà être identifié dans les populations hybrides, soit par inspection visuelle soit par de simples tests.

Sur la base de ces informations et d'expériences, l'objectif de la présente étude est de montrer que le schéma de rétrocroisement successif peut être utilisé pour le transfert rapide du gène d'endosperme tendre des écotypes locaux sur des variétés élites de maïs à grain dur.

Matériels et méthodes

En avril 1984, à Ativémé (Togo), Pool 16SR, une variété composite de maïs blanc du CIMMYT (Centro lnternacional de Mejoramiento de Maiz y trigo) à cycle précoce et à texture dentée, fut croisée avec un cultivar amélioré à endosperme tendre, ZL2-SE du Togo, qui fut utilisé comme parent femelle avec environ 2 500 plants. A la récolte, les 250 meilleurs épis furent sélectionnés en tenant compte de la texture farineuse du grain. Cinquante graines àendosperme tendre furent mélangées pour former le bulk F1. Pendant les saisons culturales de septembre 1984 et d'avril 1985, deux croisements de retour successifs furent réalisés sur Pool 16SR (sans intervention d'autofécondations ou d'endogamie), avec environ 5 000 plants dans chaque génération de rétrocroisement à une densité de 55 000 plants à l'hectare. Les 250 épis ayant la fréquence la plus élevée de grains à endosperme tendre furent retenus à chaque génération de rétrocroisement. Le bulk balancé du BC1 fut semé en mélange pour l'étape suivante de sélection. Après le second rétrocroisement (BC2), les épis sélectionnés furent semés en épi-ligne et subirent trois autofécondations successives avec choix des grains à endosperme tendre des meilleurs épis de chaque famille. En avril 1987, suite au test de 250 lignées BC2-S3 les 50 meilleures familles à endosperme tendre furent retenues. Cinquante graines furent prélevées des talons de réserve de chaque famille S3 sélectionnée et furent semées en mélange en septembre 1987. La population résultante constitue AB21 -SE, qui fut multipliée en avril 1988.

En septembre 1988, à Ativémé (Togo), fut conduit un essai comparatif variétal comprenant AB21 -SE, Pool 16SR, ZL2-SE et deux témoins qui sont respectivement EV 8430SR, une variété précoce du CIMMYT à endosperme blanc vitreux, et LBPA (local blanc précoce Ativémé), un écotype local blanc farineux tout venant. Un dispositif de bloc randomisé complet avec quatre répétitions fut utilisé au cours de cette expérience. La superficie de la parcelle élémentaire était constituée de 6 lignes de 5 m de long. Le semis fut effectué à une densité de 55 000 plants/ha avec deux plants par poquet.

La dose d'engrais appliquée à l'hectare était composée de 60 kg N, 30 kg P,O, et 30 kg K2O En vue d'éviter toute contamination des grains, chaque entrée fut soumise à une régénération par voie endogamique. A maturité complète, les quatre lignes centrales furent récoltées et les épis furent séchés jusqu'à environ 15 % de taux d'humidité. Un échantillon de 1 000 grains fut prélevé de chaque entrée par répétition, pour une évaluation de la texture du grain. Les variétés furent notées sur la base de la performance individuelle des grains en utilisant l'échelle d'évaluation à 5 points, où:

1 = 100 % farineux
2 = 75 %farineux
3 = 50 % farineux
4 = 25 % farineux
5 = 0 % farineux

Les grains ayant une note comprise entre 1 et 2 étaient considérés comme tendres tandis que ceux dont la notation variait entre 4 et 5 étaient classés comme durs. Les notes moyennes parcellaires étaient calculées en multipliant le nombre de grains dans chaque classe par la valeur de sa note et la somme de ces produits était divisée par le nombre total de grains. L'analyse statistique fut réalisée sur la base de la note moyenne par entrée.

Résultats et discussion

Le tableau 1 montre la distribution des fréquences (%) des types de grains définis sur la base du taux de farine accumulée dans les graines des différentes variétés testées. Les données indiquent que la fréquence des grains à forte et très forte dose de farine (notes 1 et 2) a varié de 0 % dans le Pool 16SR original à 96 % dans AB21-SE, qui n'est que la version farineuse de Pool 16SR résultant du programme de transfert du gène à endosperme tendre.

Tableau 1. Distribution des fréquences (%) des types de grains définis sur la base du taux de farine dans les graines des différentes variétés de maïs testées

Matériel Nb. grains testés % de grains ayant la note
1 2 3 4 5
Pool 16SR 4000 0 0 4 90 6
AB21 -SE 4000 48 48 4 0 0
ZL2-SE 4000 38 54 8 0 0
LBPA 4000 21 22 45 12 0
EV-8430SR 4000 0 0 0 18 82

AB21 -SE se rapproche plus de ZL2-SE, parent nonrécurrent, que de Pool 16SR en ce qui concerne la texture farineuse du grain. Le tableau Il montre qu'il existe une différence significative entre les notes moyennes de la dose de farine concentrée dans les graines des différentes variétés testées. AB21-SE (1,55) diffère donc significativement de Pool 16SR (4) et de EV 8430SR (4,8) au seuil de 5 %, mais non de ZL2-SE (1,65). Elle s'avère même significativement plus farineuse que. la variété témoin local tout venant LBPA (2,43).

Tableau Il. Moyenne des notes codées du taux de farine par grain dans les graines des différentes variétés de maïs testées.

Matériel Notes moyennes Groupes homogènes
AB21 -SE 1,55 A**
ZL2-SE 1,65 A
LBPA 2,43 8
Pool 16SR 4,0 c
EV-8430SR 4,8 D

** Test de Duncan: Les moyennes suivies d'une même lettre ne sont pas significativement différentes les unes des autres au seuil de 5 %.

Ces résultats indiquent que la dose de farine concentrée dans l'endosperme est d'une héritabilité simple, facilement accumulable dans le contexte d'un schéma d'amélioration combinant croisement et rétrocroisements suivis d'autofécondations successives avec choix du type de grain désiré à chaque étape de sélection.

Si la méthodologie de sélection utilisée dans le présent programme de transfert a été efficiente, c'est parce que, d'une part, l'effet de dosage associé au gène f1 dans l'endosperme peut être identifié avec précision à l'oeil nu, et d'autre part parce que la taille de la population testée a été suffisamment large. Ceci est en accord avec les assertions d'ALLARD (1960), qui estime que le schéma de rétrocroisement est très indiqué pour le transfert des caractères susceptibles d'être identifiés déjà dans les populations hybrides, soit par inspection visuelle soit par simple test.

Cela étant, on pourrait suggérer que le rétrocroisement successif peut être utilisé pour un transfert rapide du gène d'endosperme tendre. Une telle application faciliterait l'amélioration de ces variétés élites à haut rendement, résistantes aux maladies et aux insectes, qui ne sont pas acceptées par les utilisateurs du fait qu'elles ont un rendement faible en farine et qu'elles sont difficiles à transformer dans le cadre de la mouture sèche traditionnelle.

Références bibliographiques

ALLARD R.W., 1960. Principles of plant breeding. New York, John Wiley and sons.

COE Ir. E.H., NEUFFER M.G., 1977. The genetics of Corn. ln Corn and Corn Improvement. G.F. SPRAGUE (ed). Wisconsin, USA, American Society of Agronomy.

OMUETI O., DUNMADE V.M., KLING J., 1993. Uses of maize as local food in Nigeria. ln Maize, improvement, production and utilization in Nigeria. FAKOREDE M.A.B., ALOFE C.O. and Kim S.K. (eds). Ibadan, Nigeria, Maize association of Nigeria, 272 p.

ROONEY L.W., SERNA-SALVIDAR S.O., 1987. Food uses of whole corn and dry-milled fractions. In Corn Chemistry and Technology. WATSON S.A. and RAMSTAD P.R. (eds). St Paul, Minnesota, USA, American Association of Cereal Chemists, 605 p.

SCHWARTZ D. 1965. Résolution of gene action in maize. Proc. XI. Int. Cong. Genet. 2:131-135.


Table des matières - Précédente - Suivante