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2. PRINCIPAUX PRODUITS AGRICOLES DISPONIBLES POUR L'ALIMENTATION

L'agriculture centrafricaine, intégrée à l'organisation sociale traditionnelle de chaque village, occupe 75% de la population dont plus ou moins la moitié est réellement active (Anonyme, 1984). L'agriculture ne constitue pas un vrai métier, exception faite pour les planteurs industriels de café, mais elle est une des multiples activités de subsistance du paysan, parmi la cueillette, la chasse, la pêche et l'élevage du petit bétail, activités qui ont toutes pour premier but l'autosuffisance.

Bien que les produits récoltés soient encore nombreux, ces activités sont en déclin et seront à la longue remplacées par les activités agricoles et les élevages stimulées par l'introduction de techniques modernes et le développement des circuits de l'argent.

L'agriculture se partage en cultures de rente et en cultures vivrières, toutes ces cultures sont extensives. Les outils utilisés sont souvent rudimentaires et peu nombreux. L'utilisation des engrais chimiques sont jusqu'à présent limités.

Une grande partie du pays ne peut être exploitée à cause de la faible profondeur du sol et l'abondance de surfaces rocheuses (Decoudras, 1984). La surface agricole exploitée représente, suivant les préfectures, de 0.9 à 39.2 pour 1000 de la superficie totale du pays. La moyenne par préfecture pour la zone agricole est de 18.4 pour 1000 (Anonyme, 1984).

La situation géographique de la RCA et les pluies suffisantes, en durée et en quantité, sont favorables à des rendements élevés. L'abondance de parasites, les fortes précipitations qui accélèrent la décomposition du sol, les techniques traditionnelles appliquées et le manque d'outils, sont les principaux facteurs limitants.

En République Centrafricaine, on distingue deux terroirs agricoles (Figure 1) : d'une part, une zone cotonnière dans les régions de savane où les principales cultures associées sont, dans l'ordre d'importance, le manioc, le maïs ou le mil, l'arachide, le coton et le sésame; et d'autre part, une zone caféière dans les régions de forêts tropicales où les principales cultures associées sont, le manioc, le café, l'arachide, le paddy, le maïs et le sésame (Decoudras, 1984).

A l'heure actuelle, trois cultures commerciales sont exportées. Il s'agit, dans l'ordre d'importance financière, du café, du coton et du tabac. Une palmeraie et une plantation de canne à sucre, toutes deux industrielles, sont en cours de mise en place. La commercialisation de ces produits est organisée par des sociétés et des acheteurs agréés.

La commercialisation des produits vivriers est jusqu'à présent inorganisée. Quelques collectes irrégulières des matières premières comme le manioc, le maïs, l'arachide et le sésame sont réalisées par des sociétés et des acheteurs agréés ou clandestins. A l'heure actuelle on compte quelques 170 acheteurs agréés. Cette commercialisation n'est guère favorisée par la dispersion de la population agricole, le mauvais état de la plupart des pistes rurales et les bénéfices trop importants des intermédiaires. Une très grande partie des produits est cependant échangée dans le cadre de la très solide structure familiale africaine.

Les prix réels en brousse sont souvent supérieurs aux prix officiels. De plus, ils varient en fonction de l'éloignement de Bangui, de la saison de l'année, de la position du village par rapport aux axes de communication, et de l'état des pistes. Les prix officiels chez le producteur ou rendus Bangui, de Septembre 1984 pour quelques produits importants, se trouvent dans le tableau 1 ci-dessous. Le tableau 2 reprend l' évolution des principales productions agricoles depuis la campagne agricole 1976–1977.

TABLEAU 1 : Prix officiels des principaux produits agricoles, Septembre 1984 (en F CFA/kg)

ProduitProducteurBangui
arachides coques55180
arachides graines120260
maïs70195
mil-sorgho60180
sésame100225
riz paddy80210
riz blanc225350
coton graine90-
manioc150-
banane plantain50-
banane douce60-

TABLEAU 2 : Evolution des principales productions agricoles depuis 1977 (en milliers de tonnes)

Produit1977197819791980198119821983
café marchand14.715.216.116.817.017.112.7
coton graine28.132.127.822.617.928.333.4
tabac2.72.01.81.21.31.20.7
manioc (cossettes)277.5223.8258.9257.5271.5272.1235.5
arachides (coques)88.697.7121.9123.5124.6126.6113.0
maïs39.739.433.740.946.148.240.8
sorgho-mil47.841.447.046.154.757.051.2
sésame10.37.610.511.311.110.99.7
paddy10.912.612.413.011.812.210.5

Ci après se trouve :

  1. Une description des principaux produits et sous-produits agricoles disponibles en République Centrafricaine.
  2. La disponibilité de ces produits.
  3. Leur utilisation pour l'alimentation des poissons et des animaux monogastriques élevés en association avec les poissons.

La nomenclature des produits décrits est, selon Göhl (1981), les teneurs analytiques selon Göhl (1981), le Memento de l'Agronome (Anonyme, 1980) et les résultats d'analyse de laboratoire. Les données chiffrées sont d'après :

2.1. Racines et fruits amylacés

2.1.1. Manioc (Manihot esculenta, C. Rantz)

Le manioc est la culture la plus importante en République Centrafricaine, tant en tonnage produit (moyenne annuelle autour de 300 mille tonnes de cossettes) qu'en surface cultivée. Il est très apprécié par la population et constitue la base de leur alimentation. Deux tiers de la production est autoconsommée et un tiers est commercialisé vers les centres urbains.

La culture du manioc continue à s'étendre, même dans le nord du pays où il a tendance à remplacer le mil et le sorgho. Son succès est dû à une très grande faculté d'adaptation tant au sol qu'au climat.

A l'heure actuelle, il n'existe aucune plantation commerciale dans le pays. Le prix varie, selon l'éloignement de la capitale, de 2.500 à 800 F CFA par bassine ce qui représente 210 à 70 F CFA/kg.

Les tubercules sont essentiellement composées d'amidons. Les taux des matières azotées et des vitamines sont très faibles. Au moment de la récolte, les racines contiennent de 50 à 60 pour cent d'humidité et doivent subir une dessication avant d'être incorporées dans un aliment farineux.

Les racines, surtout les zones corticales, contiennent de l'acide cyanhydrique, substance très toxique et soluble dans l'eau. On le trouve plus fréquemment dans les maniocs amers que dans les maniocs doux. La quantité de ce poison dépend surtout des conditions du sol. Le rouissage est obligatoire pour se débarasser de cette toxicité.

Compte-tenu de sa bonne digestibilité, la farine de manioc convient à l'alimentation animale et pourrait remplacer les céréales comme base énergétique dans la ration. Les limites d'utilisation sont de l'ordre de 60 à 70 pour 100 pour les porcins et de 25 pour cent pour la volaille. Des pourcentages plus élevés, jusqu'à 50–60 pour cent ont été utilisés, à condition que les acides aminés soient équilibrés.

Les porcs acceptent aussi bien les tubercules frais que la farine. L'utilisation dans l'alimentation aquacole est plus restreinte à cause de son prix relativement élevé. Des quantités limitées pourront être incorporées. Les poissons ont une tolérance moins élevée pour les glucides que les animaux de ferme.

Les feuilles de manioc, plus riches en protides, lipides et minéraux ont une valeur alimentaire plus élevée et pourront être utilisées comme fourrage pour le petit bétail et la volaille. L'utilisation des feuilles de manioc comme aliment complémentaire est très répandue dans la pisciculture rurale en République Centrafricaine. On pourra également rouir le manioc dans le bassin de pisciculture.

2.1.2. Patate douce (Ipomoea batatas, L. Lam.)

La patate douce est cultivée en quantité restreinte pour l'autoconsommation. Son prix est nettement plus élevé que celui du manioc (250 à 300 F CFA/kg à Bangui).

Les racines fraîches, contrairement au manioc, sont peu digestes. Par contre, la farine des tubercules est parfaitement digestible et ne contient aucune substance toxique. Celle-ci est une excellente source énergétique. Le taux des matières azotées est faible mais deux fois plus élevé que le manioc.

La farine des tubercules et les feuilles peuvent être utilisées de la même façon que celle du manioc pour l'alimentation des animaux monogastriques et des poissons.

2.1.3. Banane (Musa sp.)

Il n'existe aucune plantation industrielle de bananes en République Centrafricaine. Celles-ci sont exploitées uniquement pour la consommation humaine. La production en zone caféière est beaucoup plus importante que dans les savanes.

Actuellement, quelques planteurs de café cherchent un marché pour la farine de banane. Celles-ci est disponible en quantité restreinte et est préparée à base de fruits verts récupérés chez les villageois. Le prix relativement élevé de 90 F CFA/kg est comparable à celui des céréales et donc peu favorable à l'introduction dans l'alimentation animale. Cette farine pourrait servir comme “aliment de secours.

La matière sèche des fruits verts est essentiellement constituée d'amidon. Celui-ci en murissant, est transformé en glucides. La banane, en particulier la peau des bananes vertes, contient des tannins actifs qui peuvent provoquer une diminution de la digestibilité des protéines. Par contre, les tannins de la peau des bananes mûres seront transformés en une forme inactive.

Les fruits mûrs, parfaitement digestes, sont fréquemment utilisés pour l'alimentation complémentaire des porcs qui en sont friands. La farine de bananes, préparée uniquement à base de bananes vertes, pourrait remplacer de 70 à 80 pour 100 les céréales dans l'alimentation des porcs et de 5 à 10 pour 100 dans celle des volailles. Jusqu'à présent, la farine de bananes n'est pas utilisée pour l'alimentation aquacole mais il est vraisemblable que son taux d'incorporation, comme source d'énergie, soit de l'ordre de 10 à 20 pour 100.

2.2. Céréales et sous-produits des céréales

Les céréales sont essentiellement cultivées pour l'autosuffisance alimentaire. Il s'agit d'excellentes sources énergétiques car elles sont avant tout composées d'amidon. Cet amidon est d'une digestibilité élevée et ne nécessite pas de traitement spécial tel que la cuisson pour être utilisé.

Les sous-produits de céréales sont relativement riches en matières azotées et en acides gras insaturés. Toutes les issues de céréales présentent un très fort déséquilibre phospho-calcique. Le calcium est très peu abondant. Les céréales et leurs sous-produits sont souvent incorporés dans les granulés pour poissons. L'amidon, gélifié après cuisson ou traitement thermique, est un excellent liant et augmente considérablement la stabilité des granulés dans l'eau.

2.2.1. Maïs (Zea mays L.)

La production nationale de maïs, pour la plupart du maïs blanc, se situe autour de 40 mille tonnes par an. Les Préfectures de l'Ouham, de la Ouakka et de la Basse-Kotto sont les zones de production les plus importantes, avec en 1984 une production annuelle de respectivement 11,5 ; 7,5 et 6 mille tonnes.

Le maïs est récolté du mois d'Août au mois de Décembre. La plus grande partie du maïs est autoconsommée. Cette céréale est la base de l'alimentation dans la préfecture de l'Ouham, tandis que le maïs n'est qu'un aliment secondaire dans les autres préfectures. Les paysans agriculteurs n'ont pas l'habitude d'entreposer le maïs séché comme ils le font pour le mil ou le sorgho.

La commercialisation sur Bangui ou sur le Tchad est organisée par des acheteurs agréés ou clandestins. A Bangui, on trouve également du maïs importé illégalement du Zaïre. La quantité annuelle disponible à Bangui pour l'élevage et l'industrie se situe entre 2 et 4 mille tonnes.

Les grains de maïs contiennent essentiellement de l'amidon, peu de cellulose et une quantité relativement élevée de matières grasses. La teneur et la valeur biologique des matières azotées sont faibles, la proportion de lysine en particulier, est déficiente. La cuisson n'apporte aucune amélioration aux performances. Cette céréale est une excellente source énergétique pour le bétail, d'autant plus qu'elle ne contient aucun produit nocif.

Le maïs constitue, dans beaucoup de pays du monde la base de l'alimentation des animaux terrestres. La digestibilité de l'amidon de la graine non-traitée est élevée pour les animaux gastriques, mais semble moins importante pour les poissons. Cette digestibilité pourra être élargie en incorporant le maïs écrasé ou moulu grossièrement. Son utilisation pour les animaux n'est que restreinte par la nécessité de maintenir l'équilibre énergie-protéines. Le taux d'incorporation pour les porcs et la volaille est de l'ordre de 60 à 70 pour 100 et va jusqu'à 40 à 50 pour 100 pour les poissons. Des proportions très élevées peuvent provoquer l'apparition de graisse molle chez les porcs ce qui est dû à la quantité importante de matières grasses in-saturées. Son prix élevé à Bangui est de 80 à 120 F CFA/kg et la présence sur le marché des sous-produits des céréales ne favorise guère son utilisation dans la formulation d'un aliment complet pour poisson. Les grains entiers sont utilisés en pisciculture pour l'alimentation complémentaire des carpes et des tilapias.

Le pigment du maïs jaune, le cryptozanthine, a la propriété de jaunir la peau, la graisse et le jaune d'oeuf alors que le maïs blanc décolore ce dernier.

A l'heure actuelle, une quantité limitée de maïs est utilisée pour l'élevage en République Centrafricaine. Cette céréale est recherchée par environ 80 aviculteurs privés, une dizaine d'éleveurs de porcs et un centre avicole industriel. Ce dernier consomme à lui seul aux alentours de mille tonnes par an. En ce qui concerne l'industrie, une brasserie achète entre 300 (1984) et 900 (1983) tonnes de maïs par an pour la fabrication d'une bière épaisse uniquement à base de maïs.

2.2.2. Mil/Sorgho (Pennisetum sp, Sorghum sp.)

En République Centrafricaine comme ailleurs, le mil et le sorgho sont cultivés dans des endroits arides, là où la pluviométrie est insuffisante pour la culture du maïs.

La production de mil et de sorgho, en particulier du sorgho dans ce pays, s'élève à 51 mille tonnes en 1984. 90 pour 100 de cette production vient des préfectures de l'Ouham et de l'Ouham-Pende où cette céréale constitue la base alimentaire de la population. La récolte s'effectue de Novembre à Février/Mars.

De grandes quantités sont séchées et entreposées en silos pour l'autosuffisance alimentaire des villageois. Neanmoins, la production est nettement supérieure à l'autoconsommation et des quantités importantes sont commercialisées sur le Tchad et sur Bangui, où cette céréale est surtout consommée par la population musulmane.

Il n'y a aucune donnée disponible sur la commercialisation et la consommation de cette céréale à Bangui. La quantité disponible pour l'élevage est estimée entre 1 et 2 mille tonnes.

La composition des mils et des sorghos est voisine de celle du maïs; ils sont plus riches en cellulose et contiennent moins de matières grasses. La valeur énergétique du sorgho est inférieure à celle du maïs, celle du mil est inférieure à celle du sorgho. Les sorghos peuvent contenir de l'acide tannique, substance qui diminue la disponibilité en méthionine dans l'aliment. L'addition de cet acide aminé synthétique réduit cet effet. Les teneurs en acide varient remarquablement selon les variétés et les endroits.

Les mils et les sorghos sont utilisés dans l'alimentation animale comme source d'énergie à des taux identiques à ceux du maïs. Néanmoins, les performances obtenues avec les aliments à base de mils et de sorghos pauvres en tannins sont, dans l'ensemble, inférieures à celles obtenues avec le maïs. Des résultats améliorés pourront être réalisés avec un mélange de maïs et de sorgho/mil.

2.2.3. Riz (Oryza sativa L.)

Le riz est une céréale destinée essentiellement à la consommation humaine. Il est cultivé en quantité restreinte par les paysans pour compléter leur ration alimentaire. La production du paddy (riz non décortiqué) s'élève autour de 10 mille tonnes par an.

Une grande partie de la production est rendue consommable grâce au pilonnage effectue par les villageois. Ce traitement ôte les enveloppes, glumes et glumelles et la partie superficielle de la graine proprement dite. Ces déchets, dispersés dans le pays, représentent environ 30 pour 100 du poids du paddy. Ils sont pratiquement inutilisables pour les porcs. La volaille, présente dans chaque village centrafricain parvient à trier la partie mangeable, son et brisures. Le riz non décortiqué est constitué de la graine et de ses enveloppes, glumes et glumelles. Ces dernières contiennent essentiellement de la cellulose et sont riches en sillice. Leur valeur alimentaire est nulle. En cas d'urgence, on pourrait incorporer le riz paddy dans la ration pour la volaille et les poissons à des taux modérés, inférieurs à 40 pou 100 pour la volaille. Ce produit est impropre à l'alimentation du porc. Les enveloppes de riz irritent serieusement la muqueuse intestinale et entraine des diarrhées sanglantes. Le prix du riz paddy (80 F CFA/kg) chez le producteur est égal à celui des autres céréales.

Le riz décortiqué non blanchi, le riz blanc et les brisures sont d'excellentes sources d'énergie, contenant peu de protéines d'une bonne qualité bilogique. Ils pourront être incorporés dans l'alimentation animale avec les mêmes pourcentages et autant de performance que le maïs. Le riz décortiqué non poli est riche en vitamines du groupe B et du groupe E. Le polissage diminue le taux de ces vitamines ainsi que le taux de protéines et de matières grasses. Son prix très élevé de 225 F CFA/kg chez le producteur (deux fois plus cher que le maïs) le classe parmi les aliments d'urgence en cas de carence générale des autres céréales et de leurs sous-produits.

Une quantité restreinte de riz est décortiquée et polie mécaniquement. Le pays compte environ une dizaine de décorticeurs. Le décorticage engendre une séparation nette entre les enveloppes, le son de riz proprement dit, la farine de cônes (farine basse de riz) et du riz blanc. En République Centrafricaine, comme dans beaucoup de pays, on mélange les deux derniers sous-produits de la rizerie, et le sous-produit mélangé est vendu comme son de riz. La quantité de son de riz disponible dans le pays avoisine 50 tonnes par an dont la moitié à Bangui où ce produit est vendu à 40 F CFA/kg. Le démarrage de plusieurs projets de production de riz par des coopérations asiatiques risque de doubler la quantité de riz disponible à Bangui dans les années à venir.

Le son de riz contient assez peu de matières azotées mais est riche en amidon, lipides et vitamines. La teneur en cellulose est relativement forte ce qui limite l'utilisation pour l'alimentation animale. La farine de cônes contient plus de matières azotées et de lipides et moins de cellulose. Les matières azotées sont caractérisées par un déficit en lysine et methionine. La forte teneur en acide gras in-saturés provoque assez rapidement l'acidification due à l'oxydation de ces acides ce qui limite la durée de conservation de cet aliment. Un mélange de son et de farine de cônes, tel qu'on le pratique à Bangui, augmente la conservation.

Les taux d'incorporation sont dans l'ordre de 30 à 40 pour 100 pour les porcs, de 25 pour 100 pour la volaille et jusqu'à 50 pour 100 pour les poissons. Dans beaucoup de pays africains, le son de riz est utilisé comme aliment complémentaire pour les poissons de grossissement en étangs. Après cuisson ou traitement thermique, le son de riz augmente considérablement la stabilité des granulés dans l'eau.

2.2.4. Blé (Triticum sp)

Le blé était importé en République Centrafricaine jusqu'en 1983 par la société SICPAD pour la fabrication de la farine de blé. Après une interruption de deux ans et demi due aux prix officiels trop élevés, cette société reprendra l'importation des graines à partir de Juillet 1985. Les sous-produits de cette minoterie disponibles en grande quantité seront : le son de blé, le remoulage et les brisures de blé.

La composition du son de blé est voisine de celle du son de riz. Ce premier contient plus de matières azotées (de 15 à 20 pour 100) et nettement moins de lipides. Les taux d'utilisation pour l'alimentation animale sont comparables à ceux du son de riz.

Le remoulage est plus pauvre en cellulose que le son de blé mais plus riche en amidon qui est très digestible. Ce sous produit de la minoterie pourra être incorporé aux mêmes taux que le son de blé ou même plus élevé.

Les brisures, essentiellement composées d'amidon, sont une excellente source énergétique d'une valeur nutritive comparable à celle du maïs. Les brisures pourront remplacer cette céréale dans la ration alimentaire. Elles sont utilisées jusqu'à 30 à 50 pour 100 pour les porcs et jusqu'à 50 pour 100 pour la volaille. Ce sous-produit est rarement utilisé pour la pisciculture compte tenu du prix plus élevé que celui des autres sous-produits de la minoterie. Le son et le remoulage de blé sont par contre largement utilisés pour l'alimentation aquacole.

2.2.5. Drêches de brasserie

Le principal sous-produit de brasserie est représenté par les drêches. Elles sont le résidu soluble du malt et d'autres céréales concassées, séparées par filtration ou décantation pendant le brassage. Elles sont composées d'amidons, de sucres, de protéines (jusqu'à 24 pour 100 de la matière sèche), de cellulose et de minéraux.

La République Centrafricaine, plus précisément sa capitale Bangui, dispose de deux brasseries de bières blondes, MOCAF et CASTEL, à base de malt, et une brasserie de bière épaisse à base de maïs, SOPROBA, qui produisent chacune respectivement 1400,2400 et 75 tonnes de drêches humides par an.

Les drêches à base de malt sont gratuites et les éleveurs de volaille récupèrent une partie à l'état frais à l'usine. Ce qui reste est jeté. Les drêches de maïs sont vendues 20 F CFA/kg, prix trop élevé pour un produit contenant essentiellement de l'eau. Le taux d'humidité des drêches à l'état frais se situe aux alentours de 70 à 80 pour 100.

Les drêches de brasserie pourront être incorporées dans l'alimentation animale soit à l'état pateux (humide), soit à l'état sec après séchage qui peut être fait artisanalement (au soleil) ou industriellement. La forte teneur en cellulose (20 à 25 pour 100) limite son utilisation pour des animaux monogastriques. Les taux d'utilisation des drêches sèches jusqu'à 30 pour 100 ne nuira pas à la croissance des porcs. On pourra les incorporer à des pourcentages de l'ordre de 20 à 40 pour 100 pour des pondeuses et de 20 pour 100 pour des poulets de chair. Des proportions élevées entrainent une faible augmentation de l'indice de consommation. Des taux de 40 pour 100 ont donné des résultats satisfaisants avec le tilapia, Tilapia nilotica. Autour de la capitale, les drêches de brasserie sont souvent utilisées comme aliment en réservoirs (compostières) ou elles sont jetées directement dans l'eau comme aliment complémentaire. Dans ce dernier cas, on obtient des taux de conversion faibles de l'ordre de 12 à 13 (Hastings, 1973).

2.3. Fruits oléagineux et sous-produits de huilerie

Les graines oléagineuses sont traitées pour en extraire l'huile selon deux procédés différents : le pressage à chaud au voisinage de 100°C (le procédé expeller est le plus fréquent), ou l'extraction par des solvants. Les tourteaux expeller et les tourteaux extractions sont les résidus de cette extraction industrielle.

Les tourteaux, riches en matières azotées sont pour cette raison, classés parmi les sources de protéines pour l'alimentation animale. Les tourteaux expeller contiennent plus de matières grasses (5 à 8 pour 100) mais moins de matières azotées que les tourteaux extraction dont le taux de lipide avoisine 7 pour 100. Le traitement thermique modifie en général quelque peu les protéines avec, entre autres, une légère réduction de la lysine disponible.

En République Centrafricaine, on ne trouve que des tourteaux de pression procédé expeller qui ont une valeur énergétique plus élevée mais une valeur nutritive légèrement inférieure aux tourteaux obtenus par traitement chimique. Ces tourteaux expeller sont des sources de protéines économiques et disponibles en grandes quantités.

Compte tenu des substances toxiques présentes dans les différents tourteaux, il est conseillé d'incorporer une combinaison de tourteaux plutôt qu'un seul tourteau.

2.3.1. Coton (Gossypium sp)

Le coton est la culture de rente la plus importante tant en superficie exploitée qu'en production annuelle. Cette culture est obligatoire pour les villageois (50 ares par homme de 18 à 60 ans) dans la zone de climat soudanien (région de savane) depuis 1924.

Sa production est tombée de 53 mille tonnes en 1971 à 18 mille tonnes en 1982. Les causes de cette baisse sont multiples : qualité des semis, semis tardifs, variétés utilisées, mauvais état des pistes rurales et techniques traditionnelles appliquées.

La société d'économie mixte SOCADA (Société Centrafricaine de Développement Agricole) a organisé une relance de cette culture de rente qui parait effective. La période de récolte 1984–1985 est remontée à 50 mille tonnes de coton graine. Cette société prévoit une production croisière de 65 mille tonnes pour la campagne 1987–1988 en gardant la même superficie exploitée.

La récolte du coton graine est organisée par la dite société. Ces coton graines sont égrenés (séparation des fibres et des graines) dans les usines dispersées dans la zone cotonnière.
La quantité des graines s'êlève à 60 pour 100 du coton graine et représente donc 30 mille tonnes pour la campagne 1984–1985, 5 mille tonnes de ces graines sont sélectionnées et préservées comme semenence pour la campagne cotonnière suivante. La production croisière de graines de coton pour l'année 1988 serait de 30 à 35 mille tonnes, compte tenu de l'introduction d'une nouvelle variété dont le ratio fibre/graine est plus avantageux.

A l'heure actuelle, la SOCADA ne possède aucune huilerie qui fonctionne pour extraire l'huile des graines de coton. Par conséquent, toute cette quantité de graines de coton (25 mille tonnes) est brûlée, à l'exception d'une petite quantité utilisée par la pisciculture en zone Est (Bambari). Les graines sont gratuites et disponibles dans les usines d'égrenage. La SOCACDA a programmé la construction d'une huilerie moderne à Bossangoa, qui aura la capacité de traiter 30 mille tonnes de graines par an. Selon le plan de travail, cette usine serait opérationnelle d'ici 3 à 4 ans et produira 10 mille tonnes de tourteau de coton par an.

A présent, on importe sur commande un minimum de 20 tonnes de tourteau de coton à Moundou (Tchad) par l'intermédiaire de la société nationale de coton du Tchad (Coton Tchad) représentée à Bangui. En 1984, cette usine a produit 5 mille tonnes de tourteau de coton. Pourtant, la capacité annuelle est de 20 mille tonnes, en temps normal et avec un climat politique stable.

L'utilisation des graines et du tourteau de coton est limitée par la présence du gossypol libre, produit toxique logé dans de minuscules glandes localisées dans l'amande. Le gossypol lié à la lysine n'est pas nocif.

Les graines entières sont rarement incorporées dans les mélanges pour animaux. L'excès de matières grasses, de cellulose (coques) et le taux de gossypol libre limite l'utilisation pour la nourriture des animaux monogastriques. Le pourcentage d'incorporation s'élève à 5 pour 100 pour les pores et de 5 à 10 pour cent pour les poulets de chair. En République Centrafricaine, les graines entières sont utilisées avec beaucoup de succès par la pisciculture, comme aliment fertilisant qui est soit placé en réservoir (compostière), soit jeté en vrac dans le bassin. Les meilleures performances ont été obtenues avec la deuxième méthode (Behagel, expert-associé FAO, communication personnelle). Hastings (1973) note un taux de conversion de 18.9 pour le tilapia, Tilapia nilotica et de 19.2 pour le silure, C. lazera nourris avec des graines entières.

Un bon tourteau de coton provient de l'extraction de l'huile des graines décortiquées. Il est un excellent aliment pour l'élevage car il contient un faible taux de cellulose, il est riche en protéines (environ 45 pour 100) mais il est déficitaire en lysine et en methionine. Les taux d'utilisation sont de l'ordre de 20 pour 100 pour les porcs et la volaille. Des distributions jusqu'à des taux élevés de 40 à 50 pour 100 sont utilisés avec des tourteaux décortiqués sans gossypol. Les tourteaux contenant une faible teneur en gossypol pourront être incorporés dans l'alimentation des poissons jusqu'à 40 à 50 pour 100, sinon il serait préférable de ne pas excéder 15 à 20 pour 100. Les tourteaux de coton pourront également être utilisés comme aliment complémentaire pour les poissons en étang de grossissement.

La teneur en gossypol libre du tourteau de coton en provenance du Tchad est relativement faible (1,8 mg/kg). Ce produit toxique pourra être inactivé par addition du sulphate ferreux qui provoque une combinaison du gossypol et du fer. La dose de ce produit par rapport au gossypol libre varie de 1 : 1 (porcs) à 4 : 1 (pondeuses).

2.3.2. Arachide (Arachis hypogaea L.)

Les arachides sont cultivées sur toute l'étendue du territoire Centrafricaine essentiellement pour l'autosuffisance alimentaire de sa population, soit comme arachide de bouche, soit comme huile. L'arachide est un aliment traditionnel incorporé dans presque chaque plat. La production annuelle des arachides coques atteint 100 à 120 mille tonnes.

Une quantité limitée, moins de 10 pour 100, est rachetée par la société SICPAD pour l'extraction de l'huile à partir d'arachides décortiquées. Cette huilerie a produit en 1984 1600 tonnes de tourteau d'arachide, vendu depuis plus de trois ans à 65 F CFA/kg. Ce sous-produit de huilerie est disponible de Novembre à Avril.

Les tourteaux, obtenus à partir d'arachides décortiquées contiennent peu de cellulose. Les teneurs en matières azotées sont relativement élevées et mêmes supérieures à celles des tourteaux de coton. Ces tourteaux sont, comme les tourteaux de coton, déficitaires en methionine et en lysine. Le taux de matières grasses, essentiellement des acides gras insaturés, est assez important (4 à 8 pour 100).

Certains tourteaux sont contaminés de substances toxiques, des aflatoxines produites par un champignon (Aspergillus flavas), qui sont responsables d'intoxications mortelles chez les animaux de ferme. Ce champignon prolifère si la teneur en humidité est trop forte (plus de 15 pour 100). Les plus importantes sont les aflatoxines B1, B2 et G. Ces poisons ne sont pas detruits par un traitement thermique ou chimique. L'entreposage des tourteaux bien séchés dans un endroit adéquat avec un faible taux d'humidité est donc indispensable. Seuls les tourteaux exempts d'aflatoxines ou en contenant très peu ( 1,25 mg/kg) sont utilisables; au-delà de ce seuil, ils sont douteux et on devrait diminuer les taux d'incorporation. Ces tourteaux pourront être utilisés largement, jusqu'à 30 pour 100, pour les porcs et la volaille et jusqu'à 50 pour 100 pour les poissons.

2.3.3. Sésame (Sesanum indicum L.)

La culture de sésame est moins répandue que celle de l'arachide. La production est plus importante dans le nord du pays compte tenu des faibles exigences pluviométriques. Sa production s'élève à presque 10 mille tonnes par an. Sa destination se tourne vers la consommation humaine. Une partie considérable, presque 20 pour 100, est achetée et traitée par la société SICPAD pour l'extraction de l'huile, après la campagne d'arachide. En 1984, cette huilerie a produit a produit 400 tonnes de tourteau de sésame disponible de Février à Juillet. Le prix de vente est égal à celui du tourteau d'arachide (65 F CFA/kg).

Les tourteaux de sésame ont des caractéristiques analytiques proches de celles des tourteaux d'arachides. Ils contiennent un taux élevé de méthionine, par contre, la teneur en lysine est encore plus faible que celle des tourteaux d'arachide. On ne connait aucun facteur toxique à ce tourteau. On pourra incorporer les tourteaux de sésame sans risque, à des pourcentages identiques à ceux des tourteaux d'arachide. Il est cependant préférable de les combiner avec d'autres tourteaux. Ces sous-produits de huilerie pourront assurer l'apport quantitatif en protéines à condition que les déficits en acides aminés, notamment en methionine et lysine, soient corrigés.

2.3.4. Palmier à huile (Elaeis guineensis Jacq.)

Le palmier à huile est un arbre qui est, avant tout, cultivé pour ses fruits dont on extrait l'huile de palme de la pulpe des fruits, et de l'huile palmiste des amandes retirées des noix du fruit.

Une société d'état, CENTRAPALM, exploite depuis quelques années, la première plantation industrielle de palmier à huile (2500 hectares) à proximité de Bangui. Une huilerie provisoire extrait, depuis 1984, de l'huile de la pulpe des fruits; les noix ne peuvent être traitées. La production de cette année en huile de palme et de tourteau de palme a été respectivement de 10 et 50 tonnes. Cette société a prévu une huilerie moderne adaptée à la production des fruits de cette plantation pour l'extraction de tous les corps gras des fruits. Cette huilerie sera opérationnelle dès 1986. A partir de cette date, on disposera à Bangui de tourteau de palme et de tourteau de palmiste. Les estimations de production de ces deux tourteaux sont respectivement de 10.000 et 300 tonnes pour 1986 et de 35.000 et 1.050 tonnes pour 1990 (production maximale). A part une quantité importante de tourteau de palme, utilisée comme combustible pour le fonctionnement de l'usine, ces sous-produits seront entièrement disponibles pour l'alimentation animale.

Les tourteaux de palme, résidus de l'extraction de l'huile de la pulpe du fruit sont essentiellement constitués de fibres. Du point de vue nutritif, ils sont nettement différents des tourteaux obtenus à partir de graines oléagineuses. Ils sont pratiquement dépourvus de matières azotées, mais sont riches en glucide et en cellulose. Ces tourteaux ne paraissent pas avoir un réel intérêt pour l'alimentation animale, à l'exception des ruminants. Pour la pisciculture, on pourra les employer comme aliment fertilisant de la compostière (en réservoir).

Les tourteaux de palmiste, résidus de l'extraction de l'huile des amandes du fruit, sont relativement pauvres en matières azotées (15 pour 100) mais riches en glucides et en cellulose (20 à 30 pour 100). On n'a pas signalé de toxicité des tourteaux de palmiste. Ces tourteaux sont considérés comme étant un aliment d'aptitude mixte (énergie et protéines) et pourront être incorporés à des faibles pourcentages pour l'alimentation animale, de l'ordre de 20 à 30 pour 100 pour les porcs et de 15 à 20 pour 100 pour la volaille (pondeuses). Jusqu'à présent, ils ne sont pas incorporés dans l'aliment de complément pour poissons, mais pourront l'être à des taux d'utilisation restreinte. On pourra également les employer comme aliment complémentaire en étang.

Compte tenu du prix favorable de 250 F CFA/l., l'huile de palme non clarifiée est la seule huile que l'on peut utiliser pour l'alimentation animale. Toutes les autres huiles sont beaucoup trop onéreuses. L'huile de palme est riche en matières grasses, essentiellement en acides gras insaturés, et en vitamines (notamment des groupes A et D). Sa valeur énergétique est contestée. Cette huile est fréquemment incorporée jusqu'à 5 pour 100 comme source de vitamines.

2.4. Aliments d'origine animale

Les aliments d'origine animale sont caractérisés par des taux élevés en matières azotées, en vitamines et en oligo-éléments. Ces protéines animales, riches en acides aminés essentiels, en particulier en lysine et en methionine, peuvent compléter les protéines végétales qui sont souvent déficitaires de ces acides aminés, dans un aliment composé pour animaux.

2.4.1. Farine de poisson

En général, les farines de poisson sont des sous-produits de pêche industrielle. Les farines de poisson entier sont plus équilibrees que les farines de déchets. Une société locale importait jusqu'en 1982 de la farine de poisson du Sénégal à un prix égal à celui de la farine de sang (400 F CFA/kg). Depuis lors, cette société a quitté les lieux et à l'heure actuelle, on ne trouve plus de société qui pourrait importer de la farine de poisson à un prix acceptable.

Durant la saison sèche, on trouve par contre à Bangui, au marché du Km5, une quantité limitée de miettes et surtout d'arêtes de poissons séchés d'eau douce de provenance du bassin du Chari, qui est vendue de 150 à 200 F CFA/kg. La qualité de ce sous-produit comme source protéique est douteuse. Il est avant tout pourvu de minéraux.

Les farines de poisson sont riches en lysine, methionine et minéraux et sont très digestes. Une petite quantité pourra considérablement augmenter la valeur nutritive d'un aliment composé. Les taux d'incorporation pour les porcs et la volaille sont limités par l'équilibre protéines-énergie entre 5 et 10 pour 100. Les poissons, qui exigent un apport protéique plus important, peuvent consommer de la farine de poisson jusqu'à 50 pour 100. L'incorporation n'est limitée que par le prix souvent élevé dans des pays enclavés. A l'heure actuelle, on s'intéresse beaucoup au remplacement de ces protéines animales par des protéines végétales moins onéreuses, notamment des tourteaux corrigés avec des acides aminés synthétiques.

2.4.2. Farine de sang

L'abattoir frigorifique de Bangui abat environ 50.000 boeufs par an selon le mode coranique, pour une capacité annuelle de 90.000 têtes. En 1984, seulement 42.000 boeufs ont été abattus en dix mois de fonctionnement. A l'exception de la peau, les cornes, le contenu de la panse et le sang, tout est récupé pour la consommation humaine.

La farine de sang est préparée industriellement avec le sang récupéré auquel on ajoute parfois des morceaux de peau, des os ou de la viande. L'abattoir de Bangui a produit 18,5 tonnes en 10 mois de farine de sang en 1984. Le sang est vendu à 400 F CFA/kg et est disponible, irrégulièrement, deux fois par semaine. En temps normal, càd 12 mois de fonctionnement, la production s'accroît jusque 24 tonnes par an. A l'heure actuelle, la Société d'Etat de Gestion des Abattoirs (SEGA) qui exploite tous les abattoirs de la Centrafrique, négocie l'introduction du mode de saignée classique, plus efficace et plus productif avec les éleveurs centrafricains, en majorité de religion musulmane. Ainsi, la production de farine de sang serait triplée et la qualité améliorée. Environ 100.000 boeufs sont abattus chaque année par les abattoirs de province et les bouchers clandestins. Une quantité limitée de ce sous-produit est récupérée par des petits éleveurs qui le font cuire dans un fût au feu de bois avant de le faire sécher. Le sang séché se présente sous formes de fragments irréguliers de quelques centimètres. Ces fragments broyés donnent une farine de sang artisanale qui peut être utilisée comme la farine de sang industrielle.

Son utilisation dans l'alimentation animale est de l'ordre de 5 à 10 pour 100 pour les porcs et la volaille et jusqu'à 20 à 25 pour 100 pour les poissons.

2.4.3. Contenu des panses

Un deuxième sous-produit d'abattoir est le contenu des panses. ce sous-produit, environ 30 kg par boeuf, peut être récupéré, séché au soleil et broyé pour être employé dans l'alimentation animale. A Bangui, les éleveurs de volaille récupèrent une partie du contenu du rumen séché (aux alentours de 25 à 50 tonnes par an).

Les contenus des panses, constitués par l'aliment indigeste du rumen, sont riches en cellulose et en vitamines, en particulier en vitamines du groupe B de la flore du rumen. Son utilisation, comme apport vitaminé est partiquement limité aux ruminants. Des quantités limitées pourront être incorporées aux aliments pour animaux monogastriques. Cet aliment n'a jusqu'à présent jamais été utilisé pour l'alimentation piscicole. Le prix élevé de ce sous-produit de l'abattoir (190 F/kg) ne favorise guère son emploi.

2.4.4. Farine d'os calcinés

En République Centrafricaine, les miettes d'os calcinés sont fabriquées artisanalement. Les os sont récupérés chez les bouchers et sur les marchés; ils sont incinérés dans un feu de bois (toute la matière organique est brûlée) après quoi ils sont écrasés en morceaux. Les miettes d'os calcinés sont vendues à 50 F CFA/kg. La production annuelle à Bangui est estimée aux environs de 50 tonnes alors que le potentiel est au moins dix fois plus élevé.

Avant l'utilisation, les miettes d'os sont broyées en poudre. La farine d'os calcinés est essentiellement constituée de minéraux où dominent le calcium (± 34 pour 100) et le phosphore (± 16 pour 100). Elle est facile à manipuler et se conserve bien. Cette farine d'os est très souvent utilisée pour satisfaire les besoins en calcium et en phosphore dans l'alimentation animale.

2.4.5. Coquilles d'huîtres

Les huîtres d'eau douce sont ramassées par des artisans en cours de saison sèche quand les fleuves et les rivières contiennent relativement peu d'eau. La quantité de coquilles d'huîtres disponibles à Bangui pour l'alimentation animale est estimée à une centaine de tonnes par an. Le potentiel pour toute l'étendue du pays est immense et est difficilement chiffrable.

Les coquilles sont composées presque exclusivement de carbonate de calcium. Elles pourrons être incorporées aux aliments pour animaux monogastriques comme source de calcium. Ces coquilles broyées sont parfois données à volonté (ad libitum) aux pondeuses.

2.4.6. Divers

Périodiquement, on ramasse en Centrafrique des termites et des chenilles en grandes quantités, surtout dans la forêt tropicale. Elles sont très appréciées par la population et ont un réel intérêt pour l'alimentation humaine. L'approvisionnement de celles-ci est irrégulière et la presque totalité est consommée par la population centrafricaine.

Le reliquat pourra être utilisé comme source protéique temporaire dans les aliments pour animaux domestiques ou comme aliment complémentaire en étangs de pisciculture. Hastings (1973) note une très haute valeur nutritive pour la farine de chenilles, comparable à celle de la farine de soja. Les chenilles boucannées se conservent très bien.

2.5. Légumineuses

Les légumineuses fraîches peuvent avoir un certain intérêt pour l'alimentation des animaux de ferme. Elles sont riches en protéines, minéraux et vitamines et on les utilise assez régulièrement comme aliment complémentaire à volonté. Les légumineuses à usage alimentaire les plus répandues en République Centrafricaine sont le kudza, Pueraria sp. et le Stylosanthes sp.

2.6. Divers

2.6.1. Levure de brasserie

Les deux brasseries de bière blonde à Bangui, MOCAF et CASTEL, sont équipées pour séparer les levures de fermentation du mout. Par contre, elles ne possèdent aucun équipement pour déshydrater la levure fraîche. Ces brasseries produisent à l'heure actuelle 240 et 780 hectolitres de levure humide par an, ce qui représente environ 100 et 300 tonnes de levure desséchée. Une quantité minime de levure fraîche est récupérée à l'usine par quelques éleveurs locaux, tout le reste est rejeté dans le fleuve Oubangui.

Les levures de brasserie sont d'excellentes sources de protéines avec une haute valeur nutritive et une digestibilité élevée. Elles sont riches en matières azotées, glucides et vitamines du groupe B, à l' exception de la vitamine B12. La composition de ces acides aminés est proche de celle des protéines animales. Le taux d'utilisation de la levure séchée est donc de l'ordre de 2 à 5 pour 100 pour les animaux monogastriques et de 5 à 10 pour 100 pour les poissons. On pourra également humecter l'aliment composé et broyé pour les porcs et la volaille avec 1/2 à 1 volume de la levure fraîche, à condition que celle-ci ait été bouillie pour désactiver les enzymes présents. Ces animaux s'habituent vite à une légère amertume du houblon. La levure fraîche pourra également être employée pour l'aliment composé pour poissons (voir par.5.3.2.)

2.6.2. Mélasse de canne

Un projet de canne à sucre dans la préfecture de la Ouakka est en voie de réalisation. Ce projet envisage une plantation industrielle de canne à sucre (Saccharum officinarum L.) et une usine d'extraction du sucre. Théoriquement, cette sucrerie devrait être opérationnelle à partir de Décembre 1987. Cette usine produira deux sous-produits agricoles : la bagasse et la mélasse. La première sera utilisée comme combustible pour faire fonctionner la sucrerie. La seconde sera entièrement disponible pour les élevages et la pisciculture. La production annuelle de la mélasse sera de 2.000 tonnes. Afin de faciliter la manipulation de ce produit sirupeux on y ajoute souvent de l'eau.

La mélasse de canne contient essentiellement des sucres non cristallisés dont deux tiers sont des saccharoses et un tiers des sucres intervertis (glucoses et fructoses). Elle est presque dépourvue de matières azotées mais elle est riche en minéraux. La mélasse est riche en potasse mais pauvre en phosphore et en calcium.

La mélasse de canne peut figurer dans l'alimentation animale comme source énergétique très digeste de l'ordre de 5 pour 100 (volaille et poissons) et de 15 à 20 pour 100 pour les porcs; au-delà, les risques de diurèses dues à la richesse en potassium augmentent considérablement. Il est prouvé que les porcs préfèrent un aliment sucré à un aliment non sucré.

2.6.3. Parches de café

Le café (Coffea arabica L.) est la culture de rente la plus importante (en valeur) de la République Centrafricaine. La production de café marchand a diminué jusqu'à 12,7 mille tonnes en 1983, ceci est dû à la sécheresse exceptionnelle de la saison sèche 1982–1983. Par contre, la production est remontée jusqu'à 16.4 mille tonnes en 1984. Les fruits du café sont séchés au soleil, après quoi ils sont décortiqués mécaniquement. Le résidu de ce décorticage, la parche de café, est composée de pulpes séchées et des parches proprement dites (les coques du fruit). La production annuelle de ce sous-produit s'élève aux alentours de 16 tonnes en 1984. On peut les obtenir gratuitement dans les coopératives de café, chez les planteurs industriels ou chez quelques acheteurs agréés, dispersés dans la zone caféière.

Les parches de café sont riches en cellulose et glucides et peuvent être contaminées avec de l'acide tannique. L'utilisation de cet aliment à faible valeur nutritive est restreinte dans l'alimentation des ruminants (jusqu'à 20 pour 100). On pourra les employer en pisciculture rurale comme aliment fertilisant de la compostière (en réservoir) à condition que le prix de transport ne soit pas excessif.

2.7. Résumé des ingrédients les plus importants

Le tableau 3 ci-après résume la quantité des principaux ingrédients à usage alimentaire disponibles, leur prix au kilogramme rendu à Bangui, et la période de disponibilité. Les prix des produits disponibles sur le marché après 1985 ne sont pas indiqués

TABLEAU 3 : Principaux ingrédients disponibles en R.C.A. pour l'usage alimentaire des animaux domestiques

Ingrédientquantité annuelle en tonnescoût/kg
F CFA
période de disponibilité
Drêches de brasserie non préssées3900nultoute l'année
Levure de brasserie sèche (hectol.)400nultoute l'année
Remoulage de blé1000*?toute l'année
Son de blé1250*?toute l'année
Brisure de blé250*?toute l'année
Tourteau arachide160065Nov.à Avril
Tourteau sésame40065Févr.à Juillet
Tourteau coton10000**?Févr.à Octobre
Tourteau coton (Tchad)800055Févr.à Octobre
Tourteau palmiste300***?Toute l'année
Son de riz5040Toute l'année
Maïs400090–110Août -Mars
Mil/Sorgho200080–100Oct. à Juin
Farine de sang24400Toute l'année
Farine os calcinés5050Toute l'année
Mélasse de canne2000**?Toute l'année

* à partir de 1986
** à partir de 1988
*** à partir de 1986, prévu 1050 tonnes en 1990

2.8. Composition analytique des produits alimentaires

Dans le tableau ci-dessous se trouvent les compositions analytiques des produits alimentaires disponibles en République Centrafricaine. Les ingrédients les plus importants ont été analysés au laboratoire du département de la pisciculture et de la pêche continentale de l'Université Agricole de Wageningen (Pays-Bas) (matière sèche, matières protéiques brutes, cendres). Le chiffre mentionné dans ce tableau est la moyenne de trois analyses effectuées sur les échantillons de 1981, 1982, et 1983. La matière sèche est exprimée en pourcentage; toutes les autres compositions sont données en pourcentage de la matière sèche.

Les abréviations utilisées sont les suivantes :

M.S.: matière sèche
M.P.B.: matières protéiques brutes
Cell.: cellulose brute
M.G.: matière grasse
E.N.A.: extractif non azoté
M.M.: matières minérales (cendres)
Ca: calcium
P.: phosphore

TABLEAU 4 : Composition analytique de différents ingrédients à usage alimentaire pour les animaux domestiques en RCA.

ingrédientsM.S.M.P.B.CellM.G.E.N.A.M.M.CaPMet+ LysLys
manioc, cossettes88.92.03.00.791.52.80.140.120.050.11
manioc, feuilles14.522.822.86.240.67.61.030.35  
Patate, cossettes86.23.62.40.690.82.60.060.17  
banane plantain89.24.72.61.687.04.10.050.08  
maïs88.3*14.7*2.44.676.51.8*0.030.360.420.29
mil91.812.41.85.677.92.30.400.360.320.23
sorgho89.010.92.13.979.83.30.190.200.320.23
son de riz90.0*10.1*22.26.947.713.1*0.090.610.310.54
son de blé88.3*16.9*14.33.857.97.1*0.151.440.270.39
remoulage89.3*19.3*11.64.859.25.1*0.161.360.330.61
drêche de brasserie séchées91.321.9*19.65.845.96.8*0.300.500.250.71
graines de coton92.222.228.521.623.44.30.140.61  
tourteau de coton89.5*45.8*5.915.824.77.8*0.221.551.221.46
tourteau d' arachide90.3*53.6*5.910.422.97.2*0.110.651.251.70
tourteau de sésame90.248.08.310.024.49.31.421.132.181.05
tourteau de palme91.35.825.09.554.35.40.330.05  
tourteau de palmiste90.618.827.86.342.84.30.270.710.600.70
farine de sang84.3*80.4*2.70.57.49.0*0.250.212.886.30
farine de poisson89.077.1-11.51.69.81.461.382.775.74
farine d'os calcinés98.3----95.735.015.5  
levure de brasserie séchée90.957.12.80.431.58.40.301.661.134.07
contenu de panses égouttées67.315.128.61.538.716.10.610.50  
mélasse de canne83.33.3--88.87.91.490.03  
coquilles d' huîtres99.5----97.235.80.05  
parches de café90.09.732.61.848.67.30.290.03  
Pueraria32.718.042.92.430.66.10.710.18  
Stylosanthes29.219.820.93.628.027.7    

* les données marquées d'un sont la moyenne de trois analyses de laboratoire.


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