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6. CONCLUSION

De l'étude de marché, il apparaît clairement que le marché potentiel de demande est très important et peut être grossièrement évalué à 90.000.000 d'alevins pour les deux CIRPA d'Antsirabe et de Fianarantsoa. Les commandes d'alevins recensées par la CIRPA/projet ne représentent qu'environ 2% de ce potentiel, même si on y ajoute les autres sources d'approvisionnement en alevins qui échappent au contrôle de la CIRPA/projet et qui sont estimées à 2, voire 3% de ce même potentiel ; il existe toujours un énorme fossé entre le potentiel pouvant être exploité, et ce qui l'est réellement. Différentes causes peuvent expliquer ce phénomène, dont principalement, le manque d'alevins de qualité sur les lieux d'utilisation et l'approche souvent marginale de la rizipisciculture par les intéressés. Les réponses apportées par la CIRPA/projet, à cet état de fait, consistent à développer un réseau de producteurs privés devant pouvoir permettre une réelle diffusion d'un plus grand nombre d'alevins de qualité mais aussi un système de vulgarisation efficace concernant les techniques rizipiscicoles en tant que véritable spéculation plutôt que comme une activité tertiaire. Il est intéressant de remarquer que les producteurs privés d'alevins assurent de par eux-mêmes des services de vulgarisation et cela, pour des raisons évidentes de marketing. L'introduction d'une nouvelle souche de carpe de haute qualité permettrait aux producteurs privés de proposer sur le marché un produit encore plus distinct de ce que l'on trouve actuellement et qui pourrait servir de label de qualité.

L'étude technique reprend globalement les options de production retenue dans l'étude de faisabilité fictive, et si les coûts de fonctionnement sont en hausse en raison de l'inflation, les coûts des infrastructures en milieu rural ont pu être évalués à 20.000 Fmg/are. Ce coût est à comparer aux 392.800 Fmg/are pratiqué par le secteur commercial et retenu dans l'étude de faisabilité fictive. Le dimensionnement de la station a été fait de façon à ce que l'objectif de production soit de 100.000 alevins cessibles et porte sur 26,6 ares de surface utile en étangs dont : 4 étangs d'alevinage de 5 ares, 2 étangs de géniteurs de 3 ares et 2 étangs de ponte de 0,3 are. L'étude technique a également permis d'évaluer les coûts des infrastructures et du petit matériel à 1.552.000 Fmg et le fonds de roulement annuel à 1.125.000 Fmg.

L'étude organisationnelle, bien que très peu développée, reflète la forme d'exploitation en usage dans le milieu rural des Hautes-Terres malgaches et qui correspond à une exploitation de type familiale avec un responsable d'exploitation bien défini appartenant à la cellule familiale. Le recrutement de personnel qualifié au niveau de l'exploitation n'est pas envisageable, primo, du fait de la petite taille des exploitations et secundo, par manque de personnel qualifié disponible. Le responsable d'exploitation devra donc être formé et suivi par un service de vulgarisation efficace jusqu'à ce qu'il devienne autonome.

L'étude financière nous permet de qualifier la spéculation de production d'alevins comme très rentable avec un taux de rentabilité interne de 71% dans des conditions de fonctionnement retenues. La rentabilité financière élevée de la spéculation de producteurs privés doit pourtant être nuancée car une chute de production de 30% en alevins ramène le taux de rentabilité interne à 36%. On peut donc caractériser la spéculation de production d'alevins comme très profitable mais assez sensible au risque de chute de production. La maîtrise de l'alevinage peut devenir très efficace par un bon suivi des techniques et un peu d'expérience, mais ne pourra jamais être considérée comme totale. Il est pertinent de remarquer qu'un producteur s'assurant d'une bonne maîtrise de l'alevinage pourra s'assurer un rendement à l'alevinage supérieur à 5.000 alevins par are, comme retenu pour nos calculs, et ainsi augmenter encore la rentabilité de son exploitation.

L'impact socio-économique n'a pas été étudié, mais il nous semble important de mentionner ici que 100.000 alevins achetés par des rizipisciculteurs dégagent un complément de revenu brut de 4.128.000 Fmg à 10.492.000 Fmg pour ces rizipisciculteurs, c'est-à-dire une augmentation de la marge brute de 24 à 61% par rapport à la riziculture classique1.

1 Mise en charge de 25 alevins/are sans alimentation pour une durée d'élevage moyenne de 4 mois, (Rajemison, 1990).


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