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2. GESTION FINANCIERE

2.1. INTRODUCTION

2.1.1. GENERALITES

La gestion financière concerne toutes les activités où l'on utilise de l'argent. Elle détermine également le fonctionnement d'une entreprise et la conduite des activités programmées.

Chaque jour, nous dépensons de l'argent pour l'achat de biens de consommation (nourriture, articles ménagers, etc …).
Pour pouvoir dépenser de l'argent, nous devons avoir une source de revenu comme le salaire, la vente des récoltes au marché, la vente de produits artisanaux (p.e. des nattes, paniers, etc …), le travail chez un voisin, etc …. Toutes les décisions que nous prenons et qui impliquent de l'argent sont appelées gestion financière.
Une gestion financière peut être bonne ou mauvaise.
Une mauvaise gestion ne permet pas toujours de démarrer toutes les activités programmées.

Exemple : un paysan a vendu sa récolte de tomates en août. Avec ses recettes, il a acheté un cochon. Il était très content de son achat. En octobre, il aurait voulu acheter des alevins pour faire de la rizipisciculture, mais malheureusement, il n'avait plus d'argent et il ne pouvait donc pas faire l'activité voulue.
Une bonne gestion financière permet de réaliser sans difficultés toutes les activités programmées.

Exemple : si le paysan qui a acheté un cochon avait fait une bonne gestion, il aurait pu effectuer les deux activités. Il aurait fait une prévision en argent et réalisé une épargne en août avec les recettes de tomates pour l'achat d'alevins en octobre. Ainsi, il aurait pu acheter un cochon un peu plus petit avec l'argent restant.

2.1.2. TRESORERIE (1)

L'ensemble des entrées et des sorties d'argent d'une exploitation agricole est appelé “trésorerie” et le rythme d'entrée et de sortie d'argent appelé aussi “cycle de trésorerie” détermine la complexité de la gestion financière.

Sachant que l'on ne peut pas dépenser plus que l'on ne gagne, on peut donc dire que les dépenses dépendent des entrées d'argent. L'ensemble des entrées et des sorties d'argent est appelé “ ésorerie” et le rythme d'entrée et de sortie d'argent s'appelle le cycle de trésorerie. La différence entre l'entrée et la sortie d'argent est appelée solde en caisse (voir fiche 2.2.2.(4)).
Un autre terme couramment utilisé pour l'entrée d'argent est “recette” et celui pour la sortie d'argent “déboursé”.
Le cycle de trésorerie est régulier pour un salarié.
Chaque mois, il perçoit un salaire avec lequel il devra couvrir ses dépenses mensuelles. Sa gestion financière est relativement simple puisque le salaire est fixe. Il aura donc une entrée d'argent mensuelle connue et fixe qui lui permet de faire des prévisions de sortie d'argent.
Au contraire, un paysan n'a ni une entrée ni une sortie d'argent fixes mais dispose de plusieurs sources de revenus et dépenses. Ses recettes et déboursés varient énormément selon le calendrier agricole et entraînent un cycle de trésorerie très irrégulier. Par conséquent, la gestion financière est plus compliquée pour un paysan.

2.1.2. TRESORERIE (2)

La bonne gestion d'une micro-entreprise agricole est basée sur une bonne gestion de la trésorerie.

Presque toutes les micro-entreprises agricoles à Madagascar sont basées sur un système de production pluriactive. En effet, un paysan a plusieurs activités: agriculture, élevage et autres.
Concernant les activités agricoles, les déboursés et les recettes sont irrégulièrs mais fixes au cours de l'année et sont déterminées par le calendrier agricole. Par exemple, on constate souvent qu'il n'y a pas d'entrée financière d'origine agricole en février et en octobre.
Le moment des sorties d'argent et celui des entrées d'argent sont moins rigides pour les activités d'élevage parce que l'achat et la vente sont déterminés par le paysan. En réalité, le moment de la vente est souvent déterminé par les besoins financiers des activités agricoles.

Exemple : un paysan veut vendre un cochon afin d'acheter de l'engrais minéral pour sa culture de riz dans le but d'assurer une bonne récolte. Il compte sur un bon prix de vente de son cochon.
Finalement, la récolte et les recettes de vente d'une micro-entreprise agricole sont sujettes à des fluctuations et ne sont jamais garanties. Un paysan a ainsi besoin d'une bonne gestion de la trésorerie pour réussir.

Exemple : pour la vente de son cochon, le paysan a obtenu moins d'argent que prévu, il ne peut donc acheter autant d'engrais que prévu et aura par conséquent une récolte de riz moins importante.

2.2. PRINCIPES D'UNE BONNE GESTION FINANCIERE

2.2.1. INTRODUCTION

Une bonne gestion financière vise la rentabilité et l'autofinancement d'une exploitation agricole. Pourcela, il faut sélectionner les activités qui semblent intéressantes financièrement, faire une bonne planification financière pour la campagne en question et effectuer une évaluation à la fin de celle-ci.

Avant de commencer une campagne agricole, il faut tout d'abord sélectionner les activités à faire. Ce choix est basé sur les comptes prévisionnels, c'est-à-dire un compte qui prévoit tous les déboursés et recettes de chaque activité (voir fiche 2.2.2.(4)). Ceci permet de comparer les activités entre elles, c'est-à-dire le solde en caisse, l'excédent ou le déficit et considérer leurs interactions, etc … avant de décider de celles à réaliser. 
Ensuite, il faut faire une planification financière des activités sélectionnées, y compris un budget de trésorerie, c'est-à-dire une prévision des entrées et des sorties de fonds sur une base mensuelle (voir fiches 2.2.3.(2)et (3)) avec comme objectif la réalisation d'un autofinancement.
Malgré cela, il pourrait y avoir un déficit du solde en caisse pendant certains mois de l'année parce que les dépenses et les recettes sont réparties de façon irrégulière sur toute l'année. Une bonne gestion financière pourra le prévoir et mettra en épargne une partie des revenus afin de compenser ces périodes de déficit.
Finalement, la rentabilité de chaque activité devra être déterminée à la fin de la campagne par un compte d'exploitation de chaque activité qui détermine le solde en caisse final et le bénéfice ou la perte de l'activité (voir fiches 2.2.4.(4) et (5)) afin de décider de la poursuite ou de l'arrêt de l'activité.

2.2.2. DETERMINATION DES ACTIVITES - DESCRIPTION - (1)

Chaque activité (culture, élevage ou autres) a ses caractéristiques spécifiques. Avant de pratiquer une activité, il faut bien l'identifier et déterminer les raisons de son choix. Une bonne description de l'activité - que l'on peut obtenir par les réponses aux questions posées dans les pages suivantes - aidera à la prise de décision.

Quel est le caractère de l'activité ?
Il existe des activités d'autoconsommation afin d'assurer la nourriture familiale et le fonctionnement de la ferme, comme la culture de riz, de manioc, de patates douces, etc …
En revanche, il existe des activités qui sont surtout destinées à générer de l'argent (activités spéculatives) comme les cultures de contre-saison (pommes de terres, blé …), l'élevage porcin ou de poissons. En outre, il y a des activités qui ne sont pas toujours destinées à un objectif de nécessité concrète mais plutôt pour avoir du prestige, p.e. l'élevage de zébus. 
Quelles sont les charges en nature ? (travail du paysan, fumier, son de riz, etc … )
Il y a des cultures qui demandent assez de travail du côté familial paysan, comme la culture de riz et les cultures pluviales.
En revanche, il y a des activités qui demandent moins de travail comme l'élevage de porcs, de volailles et de poissons. Il faut également inventorier la demande de fumier pour la culture de riz, la demande de son de riz pour l'élevage porcin.
Quelles sont les sorties d'argent (déboursés) ?
Presque toutes les activités occasionnent des sorties d'argent (déboursés), mais il y a de grandes différences dans leur montant.
La riziculture traditionnelle et la culture sur tanety n'entraînent pas beaucoup de sorties d'argent. Au contraire, la riziculture améliorée demande de l'argent pour l'achat d'engrais comme le NPK et l'urée.
L'élevage porcin, de volailles et de poissons demandent aussi respectivement un financement qui leur est propre.

2.2.2. DETERMINATION DES ACTIVITES - DESCRIPTION - (2)

Pour décider d'une activité à faire ou non, il est également important d'en déterminer le financement, les produits en nature escomptés ainsi que les entrées d'argent.

Quelle est l'opportunité du moment de financement ?
Presque toutes les activités occasionnent des dépenses en argent. Le financement d'une activité dépend de la disponibilité en argent au moment où elle en a besoin. Cela est déterminé par le calendrier agricole.
Il y a des activités avec des impératifs de calendrier rigide comme les activités agricoles et piscicoles et d'autres avec un calendrier plus souple comme l'élevage de porcs et l'artisanat.
Quels sont les produits en nature ?
Les récoltes des activités de l'autoconsommation ne sont pas destinées à être vendues et sont donc des produits en nature. Même les activités spéculatives fournissent certains produits qui ne sont pas vendus.
Afin de bien valoriser une activité, il faut déterminer le genre et la quantité des produits en nature qu'elle fournit, p.e. pour la culture de riz, c'est le riz mais également le son de riz ; pour l'élevage porcin - une activité spéculative - c'est le cochon consommé à la ferme, mais aussi le fumier.
Quelles sont les entrées d'argent (recettes) ?
Avec la vente de la récolte, le paysan reçoit de l'argent aussi appelé entrée d'argent. Il faut bien inventorier les entrées d'argent prévues pour une activité afin de décider d'une telle activité.

2.2.2. DETERMINATION DES ACTIVITES - DESCRIPTION - (3)

En outre, il faut comparer les produits escomptés par rapport aux charges d'une activité, examiner son interaction avec d'autres activités et les risques à prendre afin de bien pouvoir décider.

Quels sont les produits escomptés par rapport aux charges ?
Comme pour les charges, les produits sont composés d'une partie en argent - les recettes - et d'une autre partie en nature qui valorise les produits non vendus (p.e. le riz autoconsommé). L'appréciation de la valeur des produits par rapport aux investissements est assez subjective car elle dépend de la valeur donnée par le paysan aux charges et produits en nature.
Concernant les entrées et sorties d'argent, il est clair que tout dépendra de l'accroissement des sorties d'argent par rapport aux entrées, p.e. une recette de 150.000 Fmg avec des déboursés de 50.000 Fmg sera mieux appréciée qu'une recette de 500.000 Fmg avec des déboursés de 400.000 Fmg.
Quelles sont les interactions avec les autres activités ?
Les activités du paysan sont inscrites dans le calendrier agricole. L'introduction d'une nouvelle activité aura un effet sur les autres activités par ses besoins en argent, en travail, en fumier, etc …. En revanche, elle apportera aussi des recettes qui peuvent stimuler d'autres activités.

Exemple: la production d'alevins fait utiliser des terrains rizicoles et mobilise le paysans pour des travaux normalement prévus pour la riziculture. On devra estimer si le résultat est rentable, compte tenu de la diminution de la production de riz.
Quels sont les risques de perte ?
Avant de décider des activités à pratiquer, le paysan devra connaître les risques à courir.

Exemple: les effets climatiques sur les activités culturales (sècheresse, inondations, gel), les problèmes sociaux (vols, blocages du canal d'eau, etc …), les maladies (p.e. pour l'élevage de porcs, de volailles, etc …).

Attention : la maîtrise des techniques d'une activité (le savoir-faire) détermine ses résultats, donc il faut bien s'en informer pour pouvoir décider. 

2.2.2. DETERMINATION DES ACTIVITES - COMPTE PREVISIONNEL - (4)

Le compte prévisionnel est le premier outil de gestion financière pour la planification financière des activités.

La planification financière des activités commence en réalité avec un compte prévisionnel qui prévoit le solde en caisse final et le résultat (bénéfice ou perte) de chaque activité donnée. En principe, le compte prévisionnel est du même modèle que le compte d'exploitation (voir fiche 2.2.4.(4)). Il est composé de deux (2) parties : “activités en argent” et “activités en nature”. Il faut également faire un compte prévisionnel du budget familial qui est aussi considéré comme une activité.
Dans la partie “activités en argent” du compte prévisionnel, on inscrit toutes les entrées et les sorties d'argent attendues à l'issue de la campagne de l'activité afin de connaître le solde en caisse final escompté.
Pour les sorties d'argent, il faut les adapter aux augmentations prévues entre le moment de l'établissement du compte prévisionnel et le moment de l'achat.
Dans la pratique, on se limite souvent à remplir seulement la partie “activités en argent” parce que le solde en caisse déterminé est déjà un bon indicateur de rentabilité. De plus, il est plus difficile de faire des prévisions pour remplir correctement la deuxième partie.
Pour le calcul du résultat, on doit également valoriser toutes les charges en nature prévues (comme le travail du paysan, le fumier utilisé, etc …) et les produits en nature prévus (comme la quantité de pommes de terre à autoconsommer, de son de riz, etc …). Le résultat -la différence entre le total des produits (en argent et en nature) et celui des charges (en argent et en nature)-constitue le résultat estimé (excédent ou déficit).
Le compte prévisionnel estimera aussi le solde en caisse final et l'excédent ou le déficit qui faciliteront  la décision à prendre sur la réalisation ou non de l'activité.

Attention : Pour faciliter la gestion financière, nous ne prévoyons pas de faire, pour l'instant, un bilan de l'activité. Pour ce faire, les investissements sont considérés comme des déboursés. 

2.2.2. DETERMINATION DES ACTIVITES - DECISION - (5)

Outre l'idée de rentabilité, il y a aussi d'autres arguments qui jouent un rôle dans le processus de décision sur le démarrage d'une activité.

Quelle activité sera pratiquée ? Cela dépendra de plusieurs facteurs dont le caractère de l'activité en est un (voir fiche 2.2.2.(1)). Pour les activités spéculatives, la décision à prendre est basée surtout sur la comparaison du solde en caisse final et l'excédent prévu par rapport aux charges (en nature et en argent) et aux risques à prendre.
Pour les activités sociales et celles d'autoconsommation, la décision sera plus subjective et dépend de la valorisation que le paysan fait des charges et des produits en nature.
De plus, la détermination de la période des besoins de chaque activité aussi bien en argent qu'en nature est un facteur décisif. “Est-ce que j'aurai suffisamment d'argent et d'autres moyens au moment où mon activité en aura besoin ?”

Exemple : pour démarrer l'activité de production d'alevins, il faut disposer du financement pour l'achat de géniteurs en juin (30.000 Fmg) et d'intrants en août (50.000 Fmg) et en septembre (50.000 Fmg) ainsi que des intrants pour nourrir les géniteurs.
Finalement, les interactions négatives et positives sur les autres activités doivent être prises en considération afin de décider de pratiquer ou non l'activité.

Exemple: le financement de l'achat d'un zébu (300.000 fmg) avec les recettes de l'activité de production d'alevins peut avoir des conséquences sur le financement de cette activité, en particulier en juin, août et septembre, quand les besoins en sortie d'argent sont importants.

2.2. PRINCIPES D'UNE GESTION FINANCIERE

2.2.3. PLANIFICATION FINANCIERE - INTRODUCTION - (1)

Pour réaliser l'autofinancement d'une entreprise, il faut faire une bonne planification financière prévoyant les déboursés et l'utilisation des recettes de chaque activité pendant toute la campagne.

La planification financière commence par l'établissement d'une prévision mensuelle des entrées et des sorties d'argent prévues pendant la campagne, appelée aussi “budget de trésorerie”. Ceci permettra de prévoir le solde en caisse mois par mois pour chaque activité.
On commence avec les activités pour lesquelles les entrées et les sorties d'argent sont plus ou moins fixées comme pour toutes les activités de culture, mais également pour la production d'alevins.
Après, il faut prévoir comment chaque activité sera financée, en particulier pour les périodes où on prévoit un solde en caisse négatif, en suivant les destinations des recettes de toutes les activités. 
Ensuite, on complète le budget de trésorerie pour les activités pour lesquelles les entrées et sorties d'argent sont moins rigides, comme la plupart des élevages.
En effet, le moment de la vente est plus ou moins flexible et souvent décidé par le paysan afin d'obtenir un autofinancement de son exploitation agricole.
Pour garantir un autofinancement, la prévision d'une épargne est fortement recommandée pour les activités spéculatives qui demandent un investissement important afin d'éviter une dépendance des autres activités et les risques d'échec. 

2.2.3. PLANIFICATION FINANCIERE - BUDGET DE TRESORERIE - (2)

Pour établir une bonne planification financière de toutes les activités, il faudra commencer par préparer les budgets de trésorerie de celles pour lesquelles les sorties et les entrées d'argent sont fixées par le calendrier agricole.

Pour chaque activité dont les sorties et les entrées d'argent sont fixées par le calendrier agricole (comme les activités culturales et la production d'alevins) et le budget familial (qui est également considéré comme une activité), on commence par déterminer les déboursés prévus mensuellement. Dans la pratique, on ne pourra faire un budget de trésorerie que des activités qui nécessitent beaucoup de déboursés. Pour les autres activités avec un minimum de déboursés, on les ajoute au budget de trésorerie du budget familial.
Aprés, on détermine une estimation des recettes attendues pour chaque activité par mois. Ensuite, il faut déterminer les soldes en caisse par mois de toutes les activités.
Exemple:en décembre, un paysan a décidé d'améliorer sa gestion financière. Il a déterminé ses activités et établi ses budgets de trésorerie. Il a commencé par faire ceux des trois activités agricoles : production d'alevins, culture de pommes de terre et riziculture puis, celui du budget familial qui sont les plus rigides concernant les moments de sortie et d'entrée d'argent.
En se basant sur le total des soldes en caisse des activités agricoles auxquelles on a ajouté le budget familial, on constate souvent que pendant plusieurs mois, il y aura un solde en caisse négatif, c'est-à-dire qu'on aura besoin de plus d'argent pendant ces mois pour le financement des activités qu'il n'y en a de disponible.
Il faut alors trouver une solution.

Exemple: suivant les budgets de trésorerie des quatre activités, le paysan de notre exemple constate qu'il y aura un important solde en caisse négatif en août, septembre et octobre.

2.2.3. PLANIFICATION FINANCIERE - BUDGET DE TRESORERIE - (3)

Les budgets de trésorerie des autres activités comme l'élevage qui ne sont pas imposés par des entrées et sorties d'argent rigides devraient être adaptés à ceux des autres activités dans le but de faciliter l'autofinancement de chaque activité.

Malgré les soldes en caisse positifs en fin de campagne, on peut arriver à un solde en caisse négatif pendant certains mois pour certaines activités. Pour résoudre ce problème, il faut prévoir une épargne formée par les recettes respectives de chaque activité en fin de campagne.
La meilleure façon d'assurer un autofinancement de l'exploitation agricole est l'autofinancement de chaque activité même qui ferait alors sa propre prévision en argent pour la campagne suivante.
L'élevage peut également fonctionner plus ou moins comme une caisse d'épargne parce que les moments d'entrée d'argent d'élevage dépendent surtout de la décision du paysan pour la vente. C'est doncla flexibilité de ces moments des recettes qui peut résoudre les soldes en caisse négatifs prévus pour certaines périodes d'une ou plusieurs autre(s) activité(s).

Exemple : un paysan pratique l'élevage de porcs. Pour cela; il a prévu l'achat de trois porcelets en janvier pour un montant de 60.000 Fmg. Il prévoit suffisamment de nourriture pour les porcs à la ferme comme du son de riz, de l'azolla et du tourteau d'arachide. Avec la vente de chaque cochon pour 100.000 Fmg prévue en juillet, août, septembre, il prévoit un solde en caisse positif pendant cette période. 
Pour compléter la planification financière, il faut également faire des prévisions d'épargne, éventuellement par des activités d'élevage en relation avec les besoins en argent des activités suivant le budget de trésorerie.
Dans certains cas, un autofinancement ne pourra pas être réalisé et le paysan aura le choix entre l'annulation d'une activité ou la demande de crédit.

2.2.4. REALISATION - CAHIER DE COMPTE - (1)

Un cahier de compte pour chaque activité est le principal outil pour suivre la réalisation des activités.

Pour savoir si la réalité se passe conformément à la prévision mensuelle des recettes et déboursés (budget de trésorerie), il faut faire un enregistrement jour par jour de tous les déboursés (sortie d'argent) et recettes (entrée d'argent), c'est-à-dire tenir une comptabilité.
En principe, on a besoin d'un cahier de compte pour noter toutes les sorties et entrées d'argent pour chaque activité.
Comme pour les budgets de trésorerie, dans la pratique, on peut sélectionner les activités qui comportent les plus grands déboursés et recettes. Les autres activités peuvent être incluses dans le cahier de compte du budget familial.

Exemple: un producteur d'alevins tient quatre cahiers de compte : un pour la production d'alevins, un pour  l'élevage de porcs, un pour la culture de pommes de terre et un pour le budget familial dans lequel la riziculture et la culture de manioc sont comprises. 
Pour pouvoir évaluer le résultat d'une activité (le bénéfice ou la perte), il faut également tenir compte des produits et des charges en nature. Dans la pratique, on peut prendre la page gauche du cahier pour tout ce qui concerne les activités en argent, c'est-à-dire les entrées et sorties d'argent (recettes et déboursés), et la page droite pour les activités en nature, c'està-dire les produits et les charges en nature.

2.2.4. REALISATION - CAHIER DE COMPTE - (2)

Les résumés mensuels du cahier de compte sont destinés à la vérification de la planification financière et éventuellement à son adaptation. Les enregistrements du cahier de compte sont également nécessaires pour pouvoir faire le compte d'exploitation à la fin de la campagne.

En prenant le cahier de compte à la fin de chaque mois, le total de toutes les recettes et des déboursés est ainsi fait et le résultat financier (solde en caisse) déterminé pour chaque activité.

Exemple : le paysan qui a fait en janvier un élevage de porcs a eu de la chance et il a pu acheter quatre porcelets au lieu de trois pour 60.000 Fmg. A cause d'un violent orage qui a abîmé sa vieille porcherie, il était, en revanche, obligé d'acheter du bois pour 20.000 Fmg pour la réfection. Le résumé mensuel du cahier de compte en janvier montre un total des déboursés de 80.000 Fmg et un total des recettes de 0 Fmg.
Au cas où le résultat financier est assez différent de celui prévu dans le budget de trésorerie, il faut vérifier ses effets sur la planification financière et si nécessaire, l'adapter.
Ainsi, la planification financière ne reste pas un outil statique. Au contraire, par la rétroaction des réalisations, cette planification sera toujours actualisée.
Exemple : pour son activité d'élevage de porcs, le paysan constate en janvier un déficit imprévu de 20.000 Fmg, en faisant la comparaison du résumé mensuel de cette trésorerie avec le budget de trésorerie.
Ainsi, le paysan devra vérifier comment il pourra combler le solde en caisse négatif de la trésorerie de l'élevage porcin.
Il faut également déterminer les totaux des charges et produits en nature (exprimés en hommes-jour, kg, etc …) qui seront utilisés à la fin de la campagne pour déterminer la rentabilité de chaque activité à l'aide de compte d'exploitation.

Exemple : notre paysan/éleveur de porcs tiendra également compte de tout le travail effectué pour la réfection de la porcherie et également de tout le travail de fonctionnement (alimentation, nettoyage, etc…) ainsi que l'utilisation des intrants disponibles chez lui.

2.2.4. REALISATION - DESTINATION DES RECETTES - (3)

Au moment des entrées d'argent (recettes), on ne doit pas oublier que c'est l'utilisation correcte de cet argent qui détermine l'autofinancement de chaque activité et la réussite de l'exploitation agricole.

Pendant la réalisation des activités programmées, il y aura des moments d'entrée d'argent (recettes). Leur utilisation qui est déjà prévue dans le budget de trésorerie est l'aspect le plus important de la réussite d'une exploitation agricole. Il faudra donc bien déterminer et suivre leur destination.
La destination des recettes de chaque activité est constituée de plusieurs éléments. D'abord, dans le cas où le paysan a fait un emprunt, il faut procéder au remboursement.

Exemple : un paysan qui a réalisé une culture de pommes de terre à l'aide d'un crédit le rembourse dès novembre après la vente de son produit, c'està-dire des pommes de terre.
Après, il faut assurer la continuation de l'activité pour la campagne suivante par la prévision de son financement et si nécessaire en épargnant une certaine somme d'argent.

Exemple : le paysan prévoit 144.000 Fmg pour autofinancer la culture de pommes de terre pour la saison suivante dont 120.000 Fmg correspondent aux dépenses en argent de la campagne actuelle. De plus, il a ajouté 24.000 Fmg pour couvrir une éventuelle augmentation de 20% des prix. Ainsi, pour autofinancer la prochaine culture de pommes de terre, le paysan fait une épargne de 144.000 Fmg.
Le reste des recettes est divisé entre le budget familial et le financement des autres activités suivant le calendrier des recettes et déboursés.

Exemple : le paysan divise le reste entre le budget familial et la riziculture conformément à la planification financière. Puisque le prix de vente des pommes de terre était plus élevé que prévu cette année, il a obtenu un surplus d'argent qu'il a décidé d'investir dans l'extension de sa ferme piscicole.

2.2.4. REALISATION - COMPTE D'EXPLOITATION - (4)

Pour une gestion financière correcte, à part le fait d'établir une bonne planification financière, il faut évaluer chaque activité pour connaître son solde en caisse final et son bénéfice ou perte : c'est le compte d'exploitation.

A part la réalisation d'une bonne planification des activités, il faut connaître les résultats de chaque activité pour l'analyser et l'évaluer.
Le compte d'exploitation détermine le solde en caisse final, le bénéfice ou la perte (résultat) et les modalités de réalisation de chaque activité et est préparé respectivement pour chaque activité en fin de campagne.

Exemple : le compte d'exploitation pour la culture de pommes de terre devra être fait en novembre, celui de la production d'alevins en février (voir fiche 2.2.4.(1)).
Comme pour le compte prévisionnel (voir fiche 2.2.2.(4)), le compte d'exploitation est composé de deux parties. Une première partie “activités en argent” qui montre les revenus et les dépenses en argent. Une deuxième partie “activités en nature” qui valorise toutes les charges et tous les produits en nature.
Un compte d'exploitation bien fait donnera des résultats exacts aux paysans et sera un bon moyen d'analyse et d'évaluation pour justifier et/ou améliorer l'activité.
Basé sur l'analyse et l'évaluation du compte d'exploitation, un nouveau compte prévisionnel pour la prochaine campagne est préparé et aussi un nouveau budget de trésorerie.

2.2.4. REALISATION - COMPTE D'EXPLOITATION - (5)

Le compte d'exploitation est composé de deux parties, -les activités en argent et celles en nature- qui, ensemble, permettent d'évaluer le solde en caisse final ainsi que le bénéfice ou la perte (résultat).

La première partie “activités en argent” détermine le solde en caisse final de l'activité et également l'origine des déboursés et des recettes. C'est le cahier de compte qui fournit les données qui sont groupées par rubrique, p.e. achat d'aliments, de bois, de porcelets ou salaire, etc…

Exemple: le paysan qui a acheté quatre porcelets en janvier fait le compte d'exploitation de son élevage porcin après la vente du dernier porc en septembre.
Il commence par les activités en argent. Il a vendu trois (3) porcs pour 300.000 Fmg. Ses dépenses en argent étaient de 95.000 Fmg dont l'achat de bois et de tourteaux d'arachide qui n'étaient pas prévus. 
Il y a également un volet “activités en nature” où l'on valorise toutes les charges et tous les produits en nature. Il faut également comptabiliser le travail du paysan et celui des autres membres de la famille, les intrants utilisés disponibles chez le paysan, la récolte autoconsommée, etc …. Ces renseignements sont également fournis par le cahier de compte.

Exemple: le quatrième porc ayant été autoconsommé en juin est valorisé à 100.000 Fmg. De plus, le paysan a utilisé du son de riz (1.000 kg) valorisé à 100.000 Fmg et de l'azolla (800 kg) à 24.000 Fmg. Il a également comptabilisé son travail de 20 hommes-jour à 20.000 Fmg.
Ensuite, on peut calculer le résultat de l'activité, c'està-dire le bénéfice ou la perte. Ce résultat est déterminé par la différence entre le total des produits (en argent et en nature) et le total des charges (en argent et en nature).

Exemple: au total, les entrées d'argent et les produits en nature s'élèvent à 400.000 Fmg. Celui des sorties d'argent et les charges en nature à 217.400 Fmg. La différence entre 400.000 Fmg et 217.000 Fmg est un résultat positif (bénéfice) de 182.600 Fmg.

2.2.4. REALISATION - COMPTE D'EXPLOITATION - (6)

Finalement, le résultat (bénéfice ou perte) de l'activité est déterminé par la différence entre le total des produits et le total des charges des deux parties. Quant au solde en caisse final, il est déterminé par le bilan de la première partie “activités en argent” uniquement.

Normalement, si le compte d'exploitation est conforme au compte prévisionnel, il y aura un solde en caisse final positif et un résultat positif, c'est-à-dire un bénéfice pour les activités spéculatives. Ces résultats font alors l'objet d'analyse et d'évaluation (voir fiche 2.2.4.(7)).
Exemple: un paysan a acheté 3 porcelets pour 60.000 Fmg. Ses charges en nature sont de 150.000 Fmg. Après 5 mois, il a vendu 2 cochons pour 100.000 Fmg chacun.
Le troisième qui a été consommé à la ferme, est valorisé à 100.000 Fmg. Le solde en caisse sera donc de 140.000
Fmg et le bénéfice de 90.000 Fmg. 
La possibilité d'avoir un solde en caisse négatif et un résultat positif ou bénéfice existe. C'est souvent causé par de nouvelles activités spéculatives qui demandent au début des investissements pour les constructions et l'achat de matériels ou dans les cas où les produits ne sont pas vendus. Ainsi, le financement de cette activité dépendra des recettes des autres activités ou d'un crédit. Une bonne gestion financière prévoit d' arriver le plus vite possible à un solde en caisse suffisamment important pour permettre d'autofinancer l'activité et d'éviter de perturber les autres activités.
Il y a également des cas où, malgré un solde en caisse positif, l'activité spéculative subit un résultat négatif (= perte). L'activité utilise beaucoup d'intrants produits à la ferme et de main-d'oeuvre qui sont comptabilisés edans la colonne charges en nature. Il faut, soit améliorer le fonctionnement de l'activité, soit l'arrêter et destiner les intrants et la main-d'oeuvre disponibles à une autre activité dont la rentabilité est assurée.
Exemple: un paysan a acheté 3 porcelets pour 60.000
Fmg puis pour 60.000 Fmg d'intrants. Ses charges en nature (son de riz, maïs, tourteau d'arachide, travail) sont valorisées à 220.000 Fmg. Le paysan a vendu 2 cochons pour 200.000 Fmg, le troisième - autoconsommé - est valorisé à 100.000 Fmg. Le total de tous les produits et charges donne un résultat négatif de - 40.000 Fmg. Ainsi, malgré un solde en caisse final de 80.000 Fmg, le paysan subit une perte. 

2.2.4. REALISATION - ANALYSE ET EVALUATION - (7)

Le compte d'exploitation et la destination des recettes en comparaison avec le compte prévisionnel et le budget de trésorerie font l'objet d'analyse et d'évaluation.

L'objectif général de l'analyse et de l'évaluation est d'identifier les problèmes de gestion -aussi bien technique que financière- ainsi que de déterminer des alternatives afin d'améliorer la rentabilité de l'exploitation agricole. L'analyse et l'évaluation du compte d'exploitation montre si le choix de l'activité a été justifié en comparant le résultat (bénéfice ou perte) avec les charges, les risques pris, etc ….
En faisant la comparaison du compte d'exploitation d'une activité spéculative avec celui d'une autre, on peut hiérarchiser ces activités selon leur degré de rentabilité (rapport bénéfice/charges). On peut également analyser si une activité s'accommode avec les autres, p.e. “Ne demante-t-elle pas trop de main d'oeuvre ou de recettes d'autres activités ?”. On peut aussi se demander si l'utilisation des recettes de l'activité pour d'autres est justifiée.
Par ailleurs, il faut aussi analyser et évaluer la gestion technique, y compris les activités de marketing- vulgarisation.

Exemple : un producteur d'alevins a entendu dire que plusieurs rizipisciculteurs ne reviendront plus acheter des alevins chez lui. Pour quelles raisons ? Est-ce la qualité des alevins ou le transport ? Ou la non application des techniques ? Il est important de connaître les raisons afin de pouvoir y remédier. Ensuite, il faut faire un nouveau compte prévisionnel et budget de tresorerie (planification financière) ainsi qu'un nouveau plan de travail, y compris le marketing-vulgarisation pour la prochaine campagne en fonction des améliorations identifiées.

2.3. GESTION FINANCIERE DE LA PRODUCTION D'ALEVINS

2.3.1. INTRODUCTION

Comme pour toute activité, il faut connaître les caractéristiques de la production d'alevins pour faciliter sa gestion financière.

La gestion financière de la production d'alevins fait partie de la gestion financière générale d'une exploitation agricole. Cette activité a, comme toute autre activité, ses caractéristiques spécifiques qu'il est nécessaire de connaître afin de pouvoir la gérer de façon convenable.
La production d'alevins est une activité classée parmi les activités spéculatives et qui, bien gérée, peut générer beaucoup d'argent. Dés la première année, un producteur privé peut avoir un solde en caisse suffisamment important pour rembourser son crédit éventuel et épargner suffisamment d'argent pour financer la campagne suivante.
La période d'entrée des recettes est de novembre jusqu'en février. Six mois plus tard, en août-septembre, le producteur privé a encore besoin d'une somme d'argent relativement élevée pour le financement de la campagne suivante. Ainsi, pour assurer une bonne continuation de l'activité de production d'alevins, il faut une bonne gestion financière, y compris un compte prévisionnel réaliste, un bon budget de trésorerie et un compte d'exploitation à la fin de la campagne (cf. fiches 2.2.).

2.3.2. PLANIFICATION FINANCIERE

Une bonne gestion financière de la production d'alevins démarre par le compte prévisionnel adapté aux objectifs de production qui décrit et estime les besoins et détermine une estimation des recettes attendues.

Comme pour chaque activité, une bonne gestion financière commence avec un compte prévisionnel. Le compte prévisionnel de la production d'alevins est composé d'une estimation des coûts (en argent et en nature) nécessaire pour la réalisation de l'objectif de production d'alevins déterminé à l'avance par le plan de travail (gestion technique). Le compte prévisionnel fait également une estimation des revenus prévus.
Exemple: un nouveau producteur privé fait son premier compte prévisionnel pour un objectif de vente modeste de 12.500 alevins. Il prévoit de pouvoir réaliser un solde en caisse d'environ 220.000 Fmg.
Un producteur d'alevins débutant prépare son compte prévisionnel quand il démarre sa nouvelle activité. Un producteur privé expérimenté fait son compte prévisionnel le plus vite possible après la vente d'alevins (en février) afin de savoir la somme qu'il devra épargner pour les sorties d'argent, p.e. pour l'achat des intrants en août-septembre. Le producteur privé a également le choix de faire un budget de trésorerie à l'avance dans laquelle l'achat d'intrants est prévu au moment où ils sont les moins chers à condition de pouvoir stocker et maîtriser le stockage des aliments en particulier.
Avant la planification financière, le producteur d'alevins a également fait un plan de travail ou plan d'activités détaillé pour la campagne de production d'alevins, y compris les activités de marketing et de vulgarisation afin d'assurer une bonne gestion technique. C'est à partir de son plan de travail que le producteur peut faire une bonne planification financière.

Exemple: un producteur qui a décidé de construire un étang d'alevinage de plus pour apporter sa superficie exploitée à 16 ares, prépare un compte prévisionnel pour cette superficie et tient compte des charges de construction.

2.3.3. FINANCEMENT - PREMIERE CAMPAGNE - (1)

Pour sa première campagne, le producteur a en général besoin d'un financement extérieur, c'est-à-dire d'un crédit piscicole.

Après la détermination du compte prévisionnel suivi d'un budget de trésorerie, le producteur privé d'alevins cherche le financement approprié de son activité.
Exemple: le producteur d'alevins de notre exemple (voir fiche 2.3.2.) prévoit une sortie d'argent de 156.000 Fmg afin de pouvoir réaliser l'activité de production d'alevins. Maintenant, il devra chercher des sources de financement pour la réaliser.
Souvent le producteur privé arrive à trouver un peu d'argent pour financer une certaine partie de l'activité, p.e. pour le salaire des ouvriers, l'achat de bambou, de piassava, d'épuisette ou de hapa, mais il n'a pas suffisamment d'argent pour un financement complet.
Exemple: même si notre producteur d'alevins veut bien commencer, il n'a que 40.000 Fmg disponibles pour l'achat de bambou, de piassava et de géniteurs.
Dans ce cas, le producteur d'alevins peut s'adresser à la banque et faire une demande de crédit piscicole pour faciliter le démarrage.
Exemple: le producteur d'alevins débutant a demandé un crédit bancaire de 120.000 Fmg pour le financement des besoins en chaux, en NPK, en urée et en provende.
Il achètera une épuisette et un hapa avec les recettes de la première vente.

2.3.3. FINANCEMENT - CAMPAGNE SUIVANTE - (2)

La bonne rentabilité de la production d'alevins rend possible un autofinancment dès la deuxième campagne.

Le crédit bancaire pris pour le financement de la première campagne avec 5 ares d'étang d'alevinage est en général autour de 120.000 Fmg, c'est-à-dire environ 75% des charges réelles.
Bien gérer l'activité de production d'alevins est très rentable et le résultat peut être amélioré par rapport au compte prévisionnel (voir fiche 2.3.2.). Dès la première campagne, le producteur d'alevins peut déjà arriver à vendre autour de 17.000 alevins qui lui donneront une recette de 510.000 Fmg si tous les alevins sont vendus à 30 Fmg l'unité. Ainsi le producteur n'a aucune difficulté pour le remboursement de son crédit piscicole.
Exemple: le producteur d'alevins a remboursé son emprunt (120.000 Fmg) plus intérêt et taxe (10.000 Fmg) en février.
Après le remboursement du crédit, il lui reste assez d'argent pour financer une nouvelle campagne. Ainsi, dès la deuxième campagne, le producteur privé peut autofinancer son activité puisque il n'aura plus besoin d'un crédit.
Exemple: le producteur d'alevins débutant a réalisé une vente de 17.000 alevins avec une dépense en argent de 160.000 Fmg. Avec une recette de 510.000 Fmg, le solde en caisse est de 350.000 Fmg, ce qui est suffisant pour financer la prochaine campagne. Il fait un nouveau compte prévisionnel et prévoit une dépense en argent, y compris une augmentation des prix et un poste “imprévu” de 200.000 Fmg. Ce montant est placé sur un compte d'épargne. 
De cette manière, le producteur d'alevins n'aura plus besoin d'un crédit après seulement une campagne, à condition d'avoir une bonne gestion aussi bien financière que technique.
Ainsi, un crédit bancaire est surtout un moyen d'aide à un producteur d'alevins débutant qui veut démarrer l'activité de production d'alevins conforme aux normes techniques et qui n'a pas suffisamment de fonds en liquide disponible chez lui.

2.3.3. FINANCEMENT - DESTINATION DES RECETTES - (3)

En général, la pérennisation et l'autofinancement de l'activité de production d'alevins dépendent surtout de la destination des recettes.

Un producteur d'alevins qui a démarré recevra relativement beaucoup d'argent pendant la vente d'alevins en novembre-février. Avec cet argent, il a quelques obligations à assumer. D'abord, il faut rembourser les emprunts dont le crédit bancaire, y compris les intérêts et les taxes.
Ensuite, une épargne est nécessaire pour le financement de la campagne suivante parce que l'autofinancement de l'activité est un objectif important. De toute façon,, le paysan producteur d'alevins n'a en général pas beaucoup d'autres ressources financières. Le montant de cette épargne est déterminé par le nouveau compte prévisionnel qui est établi tout de suite après la vente d'alevins. Pour l'établissement du compte prévisionnel,le producteur privé prévoit une augmentation des intrants pour la prochaine campagne. Pour disposer de plus de flexibilité, le producteur pourrait ajouter un poste “imprévu” afin d'éviter qu'il ne soit bloqué par de petites surprises.
Le reste des recettes est divisé entre le budget familial et le financmeent des autres activités suivant leurs budgets de trésorerie. Ainsi, si on suit une bonne gestion financière en faisant une bonne destination des recettes, l'activité de production d'alevins s'autofinancera dès la deuxième campagne.

Exemple: le producteur privé de notre exemple a destiné le restant des recettes, après le remboursement du crédit et la prévision d'une épargne, au budget familial et l'achat de porcelets.

2.3.3. FINANCEMENT - DESTINATION DES RECETTES - (4)

Un compte d'épargne à la banque est la meilleure assurance pour pouvoir financer une nouvelle campagne de production d'alevins.

Au moment où le producteur privé a déterminé le montant des déboursés pour la campagne suivante, il lui faut déposer cet argent dans un endroit sûr.
Souvent, le producteur privé dépose cet argent temporairement dans une activité comme l'élevage de porcs qui est considéré, à défaut, comme un compte d'épargne. Cette pratique est conseillée pour le surplus d'argent de l'exploitation afin d'améliorer l'élevage porcin mais est fortement déconseillée si on utilise l'élevage porcin comme une épargne traditionnelle. L'élevage porcin comme celle de poissons peut générer beaucoup d'argent à condition d'avoir une gestion financière rigide qui ne permet pas de, tantôt nourrir les porcs et tantôt, les faire jeûner.
Exemple: si l'épargne de la production d'alevins est investie dans l'élevage porcin, un échec éventuel de cette activité ne sera non seulement grave pour le résultat de l'élevage porcin mais empêchera également la continuation de la production d'alevins par manque de financement.
La meilleure solution est d'ouvrir un compte d'épargne à la banque ou de faire une épargne locale auprès d'une mutuelle agricole ou d'un autre sytème d'épargne. Quand l'argent y est déposé, il est en sécurité et en plus, il produit de l'argent.

2.3.3. FINANCEMENT - DESTINATION DES RECETTES - (5)

Chaque banque possède plusieurs formes d'épargne. IL faut bien se renseigner afin de savoir quelle forme d'épargne est la plus intéresante et rapporte le plus d'argent.

A la banque, il existe plusieurs comptes d'épargne avec des conditions et des taux d'intérêts différents.
N'hésitez pas à bien vous renseigner à la banque avant de vous décider quel compte à ouvrir. Il y a également dans les différentes banques des comptes d'épargne spécifiques, adaptés à votre situation.
Un producteur d'alevins ayant reçu la plus grande partie de ses recettes de la vente d'alevins en décembrefévrier peut épargner la somme d'argent prévue pour le financement de la prochaine campagne pendant six (6) mois. En effet, il n'aura besoin de cet argent pour financer une nouvelle campagne qu'en août/ septembre prochain.
Ainsi, il pourra bloquer son argent pendant six mois, ce qui donnera plus d'intérêts.
Normalement le compte bloqué d'une durée de 6 mois (de février à août) sera le meilleur. La provision est garantie avec le taux d'intérêt relativement élevé. 

2.3.4. REALISATION - CAHIER DE COMPTE - (1)

Le cahier de compte d'une production d'alevins est l'outil de base pour pouvoir déterminer la rentabilité de cette activité en fin de campagne.

Le cahier de compte est composé d'une partie “en argent” où le producteur privé doit enregistrer toutes les déboursés et les recettes dès le début et jusqu'à la fin de la campagne.
Les achats d'intrants avec le crédit sont également comptabilisés comme une dépense en argent. De même, le remboursement du crédit à la fin de l'exercice avec les recettes est aussi comptabilisé comme une sortie d'argent. Les recettes sont facilement déterminées par l'utilisation d'un carnet de vente d'alevins qui donne, en plus, des renseignements sur le nombre d'acheteurs, le nombre d'alevins vendus, etc…, ce qui est important pour le marketing-vulgarisation (voir fiche 1.1.1.(2)). Le crédit reçu de la banque est également considéré comme une entrée d'argent.
Il y a également une partie “en nature” où le producteur privé devra enregistrer toutes les charges en nature comme son travail et celui de sa famille (exprimé en hommes-jour) et les intrants produits à la ferme, nécessaires pour l'activité comme le fumier, le son de riz, etc … (quantifiés en kg) ; les charges en nature seront valorisées à la fin de la campagne dans le compte d'exploitation.
Dans cette partie “en nature”, il y a également un endroit où le producteur privé inscrit ses produits en nature comme le nombre d'alevins donnés comme cadeau ou le nombre d'alevins mis en grossissement.
Même s'ils ne sont pas vendus, ils sont considérés comme un résultat de production qui devra être valorisé à la fin de la campagne pour en tenir compte lors de la détermination de la rentabilité de l'activité. Le nombre d'alevins mis en grossissement reviendra également dans le cahier de compte concernant le grossissement, mais dans ce cahier, il est inscrit dans la colonne “charges en nature”.

2.3.4. REALISATION - COMPTE D'EXPLOITATION - (2)

Afin de pouvoir déterminer le solde en caisse final et le résultat de l'activité de production d'alevins, il faut établir un compte d'exploitation.

A la fin de la campagne de production d'alevins en février, le compte d'exploitation est préparé. Le compte d'exploitation est composé de deux parties : “activités en argent”, “activités en nature” et est basé sur les données du cahier de compte. Pour le remplissage de la partie “activités en argent”, tous les déboursés et toutes les recettes sont groupés par rubrique (p.e. achat d'intrants, vente d'alevins, etc …). Le solde en caisse est déterminé par la différence entre le total des recettes et le total des déboursés.
Toutes les charges et tous les produits en nature qui sont également notés dans le cahier de compte sont groupés par rubrique et valorisés dans la partie “activités en nature”, p.e. l'utilisation de 200 kg de fumier est valorisée à 4.000 Fmg.
Le résultat (bénéfice ou perte) de l'activité est déterminé par la différence entre le total des produits (en nature et en argent) et le total des charges (en nature et en argent).
Exemple : notre producteur privé a déterminé un total des produits de 666.000 Fmg et un total des charges de 339.000 Fmg qui donnent un résultat positif, c'està-dire un bénéfice de 327.000 Fmg. 

2.3.4. REALISATION - COMPTE RENDU DE CAMPAGNE - (3)

A la fin de campagne, il faut également faire un compte-rendu de la campagne composé de deux parties : les résultats techniques et la description du marché.

Le compte d'exploitation permettra d'analyser financièrement l'activité de production. Pour permettre une analyse complète de l'activité, il faudrait également faire un compte rendu de campagne. Le compte rendu contient deux parties, à savoir, les résultats techniques de la production d'alevins et la description du marché. Ce compte-rendu sert à faire l'analyse et l'évaluation complètes de la gestion technique de la production d'alevins.
Une description de tous les étangs (nombre et type) qui étaient disponibles pour la production d'alevins est résumée dans le compte rendu de la campagne. Ensuite, les résultats étang par étang, en commençant par les étangs de géniteurs puis les étangs de ponte, puis les étangs d'alevinage sont décrits. De plus, un résumé des résultats de ponte et d'alevinage y figurent.
La description du marché est basée sur les données du carnet de vente. Cette description détermine le nombre d'acheteurs, le nombre moyen d'alevins achetés par acheteur, les régions où habitent les acheteurs - très importantes ! -, la destination des alevins (pisciculture/rizipisciculture), la surface empoissonnée, etc …. Ces données sont importantes pour connaître les caractéristiques de la clientèle et les contraintes du marché, afin de pouvoir déterminer les bonnes activités adaptées au marketing-vulgarisation.

Exemple: si le carnet de vente montre qu'il y a beaucoup de rizipisciculteurs dans un Fokontany qui achètent peu d'alevins chez le producteur, il sera intéressant d'organiser une ou plusieurs séances de formation sur la rizipisciculture améliorée dans ce Fokontany. 

2.3.4. REALISATION - ANALYSE ET EVALUATION - (4)

L'analyse et l'évaluation de l'activité de production d'alevins permettent de juger de sa rentabilité aussi bien financière que technique, permettent de justifier le choix de cette activité et d'assurer la bonne installation en tant que producteur privé d'alevins et animateur (rizi)piscicole.

L'analyse et l'évaluation du compte prévisionnel, du budget de trésorerie et du compte d'exploitation permettent d'apprécier sa rentabilité financière, identifient les contraintes de la gestion financière, et permettent d'identifier des solutions afin d'améliorer la rentabilité de l'activité spéculative qui est la production d'alevins.
Il faut également analyser et évaluer la gestion technique pratiquée, y compris les activités de détermination du marché et de marketing-vulgarisation effectuées pour améliorer et assurer le fonctionnement ainsi que l'installation à moyen terme en tant que producteur/animateur.

Exemple : il faut vérifier si les séances de formation sur la (rizi)pisciculture améliorée et les conseils donnés ont atteint leurs objectifs : p.e. les paysans qui ont participé à ces séances sont-ils satisfaits et ont-ils acheté plus d'alevins ? Par ailleurs, il faut identifier les contraintes/problèmes éventuels de marketing-vulgarisation et y apporter des solutions éventuelles. 
Les constatations faites et les recommandations trouvées lors de l'analyse et de l'évaluation seront la base d'un nouveau plan de travail et d'une nouvelle planification financière améliorés.

2.3.5. COMPTE D'EXPLOITATION D'UNE STATION TYPE

Le compte d'exploitation simplifié d'une station piscicole en milieu rural productrice de 100.000 alevins cessibles en année de croisière est présenté ci-dessous. Cette présentation confirme la bonne rentabilité de l'activité de production d'alevins.

Pour réaliser sa production d'alevins, l'exploitant a acheté tous les intrants nécessaires (chaux, NPK, urée, provende) et dont la quantité respective est conforme à la technique préconisée.
Quant à la provende, il a préféré l'acheter à une usine de provende au lieu de la fabriquer lui-même. Sur son temps de travail qu'il a comptabilisé à 600.000 Fmg, il devra payer 108.000 Fmg de charges sociales, ses recettes de la vente de 100.000 d'alevins s'élèvant à 3.000.000 Fmg.
Ainsi, le solde en caisse de cette spéculation qui est la production d'alevins est de 2.482.450 Fmg.
L'exploitant a valorisé son travail à 600.000 Fmg qu'il récupère à la fin de la campagne. Il a utilisé 1.620 kg de fumure organique qu'il a valorisée à 40.500 Fmg. Au total, les charges en nature s'élèvent à 640.500 Fmg. 
Les résultats de ce compte d'exploitation, c'est-à-dire la différence entre le total des produits (en argent et en nature) et celui des charges (en argent et en nature) est un solde positif ou bénéfice de 1.841.950 Fmg.
Bon travail et bon succès !

PROMOTION DE L'AQUACULTURE ET PRIVATISATION DE LA PRODUCTION D'ALEVINS PROJET PNUD/FAO-MAG/88/005

Liste des documents préparés au cours du projet

Documents techniques

Fl :DP/MAG/88/005. Doc. Tec. No1. : Etude de faisabilité d'une station privée de production d'alevins de carpe commune à Madagascar. 1ère partie : étude fictive. P. Lardinois et J. Janssen, 1990.
Fl :DP/MAG/88/005. Doc. Tec. No 2. : Etude de faisabilité d'une station privée de production d'alevins de carpe commune à Madagascar. 2ème partie : étude réelle. P. Lardinois et J. Janssen, 1992.
Fl :DP/MAG/88/005. Doc. Tec. No3. : Compte rendu de la campagne rizipiscicole et piscicole 1989–1990 sur les Hautes-Terres de Madagascar, 1992.
Fl :DP/MAG/88/005 Doc. Tec. No 4. : Manuel pour le développement de la pisciculture à Madagascar, 1992. Version française et malgache. 214 p.
Fl :DP/MAG/88/005 Doc. Tec. No 5. : Les producteurs privés d'alevins en milieu rural dans la région pilote du Vakinankaratra. D. Ranaivoarijaona. 1992.
Fl :DP/MAG/88/005 Doc. Tec. No 6. : Compte-rendu de la campagne rizipiscicole et piscicole 1990–1991 sur les Hautes-Terres de Madagascar, 1993.
Fl :DP/MAG/88/005 Doc. Tec. No7. : Manuel sur la Boîte à Images Rizipisciculture. 1993. Version française et malgache.
Fl :DP/MAG/88/005 Doc. Tec. No 8. : Manuel sur la Boîte à Images Pisciculture. 1993. Version française et malgache.
Fl :DP/MAG/88/005 Doc. Tec. No 9. : Enquête géographique rizipiscicole et piscicole dans les régions pilotes du Vakinankaratra et du Betsileo. Campagne 1991–1992. 57 p.
Fl :DP/MAG/88/005 Doc. Tec. No 10. : Compte-rendu de la campagne rizipiscicole et piscicole 1991–1992 sur les Hautes-Terres de Madagascar, 1993.
Fl :DP/MAG/88/005 Doc. Tec. No 11. : Intégration de l'activité piscicole dans les systèmes de production chez quelques producteurs privés d'alevins dans les régions-pilotes du Vakinankaratra et du Betsileo. 1993.

Rapports d'experts conseils

Rapports finaux d'activités

Comptes-rendus de la Circonscription du Vakinankaratra

Comptes-rendus de la Circonscription de Fianarantsoa

Divers

LISTE DES PUBLICATIONS

Programme Sectoriel Pêche (FAO-MAG/92/004)

DOCUMENTS TECHNIQUES

Rakotomanantsoa, S. et J. Janssen , Manuel sur les diaporamas rizipisciculture et pisciculture. Programme Sectoriel Pêche PNUD/FAO. MAG/92/004-DT/1/94 : 24 p.

Troadec, J.P., La Recherche Halieutique à Madagascar : Organisation et Programmes Prioritaires. Programme Sectoriel Pêche PNUD/FAO. MAG/92/004-DT/2/94 : 68 p.

Van den Berg, F. et J. Janssen, Manuel pour le Développement de la Pisciculture à Madagascar. Volume 2 : Marketing et Gestion financière d'une micro-entreprise de production d'alevins en milieu rural. Programme Sectoriel Pêche PNUD/FAO. MAG/92/004-DT/3/94 : 77 p.

DOCUMENTS OCCASIONNELS

Pajot, G., Développement de la pêche artisanale sur la côte Est : Mission d'appui technique. Programme Sectoriel Pêche PNUD/FAO. MAG/92/004-DO/1/94.

AUTRES

Kasprzyk, Z., Andrianaivojaona, Ch. et G. Dasylva, Pêches et Aquaculture à Madagascar. Plan Directeur. 1993. 98 p.

Avalle, O. et R. Randriatomponiony, Rapport Technique d'Elevage (ferme pilote d'aquaculture de crevettes, Nosy-Be). 1994. 21 p.

Avalle, O., Dépliant sur l'aquaculture de crevettes. 1994. 4 p.

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