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FICHES TECHNIQUES SUR L'ELEVAGE DE P. MONODON EN BASSIN

Les fiches techniques que nous présentons dans ce cahier d'information des pêches ont été préparées par le projet PNUD/FAO/MAG/88/006 “Ferme pilote d'aquaculture de crevettes de Nosy-Be”
(Le texte est de O. Avalle, CTP de ce projet, et de A. J. Rothuis, expert-associé, en collaboration avec les biologistes responsables de la ferme. Les illustrations ont été réalisées par L. Raharisoa).

Ces fiches feront prochainement l'objet d'une publication sous forme d'un manuel pratique pour l'élevage de P. monodon en bassin. Elles décrivent des techniques récentes pour l'élevage semiintensif de P. monodon en bassin.

Ces techniques ont été développées en partie par différents centres de recherche aquacoles tels que l'IFREMER, AQUACOP, le SEADEC. et en partie par le projet PNUD/FAO/MAG/88/006 “Ferme pilote d'aquaculture de crevettes”, à Nosy-Be.

La DPA remercie vivement M. Avalle d'avoir autorisé la publication de ces fiches en avant première dans ce numero de cahier d'information des pêches.

1. OBJECTIF

Ces fiches ont pour objectif de décrire des techniques pour l'élevage de crevette P. monodon ou “giant tiger”, en système “semi-intensif”. Cette méthode d'élevage est caractérisée par :

Ce type d'élevage se pratique dans des bassins en terre de dimensions variables (1 – 20 ha) dont l'alimentation en eau de mer est faite par pompage. (fig.1)

Les techniques pour l'élevage semi-intensif sont fiables et bien maîtrisées à l'heure actuelle.

Les rendements obtenus sont compris entre 2 et 5 tonnes par hectare et par an.

Ces fiches concernent surtout les techniques d'élevage basées sur un ensemencement direct des post-larves (P 15 ou P 20) dans les bassins de grossissement.

2. BIOLOGIE DE P. MONODON

Les adultes de P. monodon vivent en mer dans les zones d'une profondeur de 20 à 70 m (fig.2).

La reproduction dépend surtout de la saison, des conditions climatiques (salinité et température) et également du cycle lunaire.

Après l'éclosion des oeufs (> 1.000.000 par femelle), les larves ont une période planctonique. Au cours des 2 à 3 semaines suivant l'éclosion, les larves passent par différents stades larvaires qui se terminent par le stade post-larve.

Ces post-larves vont alors remonter dans les estuaires et les mangroves, où elles vont rester 4 et 5 mois. Elles se nourrissent de petits crustacés, de moules, de vers et de détritus.

Devenus “sub-adultes”, les crevettes retournent alors vers la mer pour commencer un nouveau cycle de reproduction.

Fig. 1

Fig. 1. Les Bassins de grossissement

Fig. 2

Fig. 2. Le cycle de vie de P. monodon

FICHE No1

PREPARATION DU BASSIN

1. Analyse du fond

Avant de démarrer un nouvel élevage, une analyse de l'état du fond bassin est nécessaire. Les paramètres principaux sont :

Le premier est déterminé par un mélange d'une petite quantité de sol avec de l'eau distillée. Après que les particules de terre aient sédimenté, le pH du liquide est mesuré. La valeur normale est approximativement 8. Un pH d'un sol acide peut être amélioré par le chaulage en utilisant une dose de 1 – 2 tonnes de chaux vive par hectare. Cela a aussi l'avantage de désinfecter le sol.

Pour les bassins neufs, un pH entre 6,5 et 7,0 peut s'améliorer pendant l'élevage par de fréquents changements d'eau.

Le fond d'un bassin doit être dur. La couche organique qui se forme sur le fond après quelques élevages (restes d'aliments, faeces, etc.) est un milieu favorable pour les bactéries pathogènes des crevettes. Aussi dans les conditions anérobiques, la réduction des matières organiques entraîne un dégagement de gaz toxique (H2S). Une couleur noire et une mauvaise odeur sont les caractéristiques d'un sol réduit.

Fig. 3

Fig. 3. Le moine d'entrée, vue laterale (a. grilles, b. batardeaux)

Fig. 4

Fig. 4. Le moine d'entré, vue supérieure (a. grille, b. batardeaux, c. grille maille 1 cm, d. canal d'alimentation)

2. Préparation du fond

Entre deux élevages, il est recommandé de faire un assec d'une dizaine de jours. Cet assec permet une oxydation de la matière organique et une élimination des prédateurs (crabes, poissons) et des organismes pathogènes. Une fois bien asséché, il est nécessaire d'aérer le sol en utilisant un équipement agricole et de le recompacter ensuite. Pour terminer, la terre sédimentée dans le caniveau de vidange doit être enlevée.

Au cas où la pente du bassin ne permet pas une vidange complète, il faut traiter l'eau qui reste avec de la roténone. Une ou deux applications à 5 ppm sont en général efficaces pour tuer les poissons. Il est à noter que ce produit perd de son efficacité dans l'eau boueuse.

3. Installation des grilles

Pour éviter l'entrée des prédateurs et compétiteurs au remplissage du bassin ou une fuite des crevettes au cours d'un changement d'eau, des moines d'entrée et de vidange sont équipés de grilles (fig. 3, 4, 10). Du début d'élevage et jusqu'à un poids moyen de 2g, on utilise une maille de 700 microns posée sur des supports type filet en plastique “Netlon” 0,5 cm (fig. 5). Plus tard cette maille sera enlevée et les deux grilles de “Netlon” resteront jusqu'au moment de la pêche.

Fig. 5

Fig. 5- Nelloyage des grilles avant Lomise en place (a. grille nellon 0,5 cm, b. grille maille 0,7 mm)

4. Remplissage

Le remplissage du bassin se fait au minimum une semaine avant l'ensemencement afin de développer la production planctonique. Le moine de vidange est fermé avec de la terre placée entre les batardeaux. Pendant le remplissage, les grilles d'entrée d'eau doivent être nettoyées et contrôlées en continu.

5. Fertilisation

Le but de la fertilisation est de développer la production naturelle du bassin par l'augmentation de la densité planctonique et d'organismes consommables par les crevettes (zooplancton, organismes bentiques, petits crustacés, etc …). Ceci est particulièrement important au début d'élevage lorsque la biomasse de crevettes est réduite. Cette production naturelle joue un rôle très important dans le système semi-intensif.

On distingue deux types de fertilisation :

Les engrais organiques (“chicken manure”) sont utilisés directement par les crustacés où ils suivent le cycle de la destruction et minéralisation bactérienne. Mais l'action est lente et la quantité nécessaire d'engrais est importante (1.000 – 2.000 Kg/ha).

Les engrais inorganiques ont une action plus rapide. L'azote et le phosphate favorisent la production primaire (algues). La dose et le temps nécessaires pour démarrer le “bloom” de phytoplancton dépendent de la richesse de l'eau, du sol et de l'évolution du milieu de culture. On recommande une dose initiale de 12 Kg d'ures et de 4 Kg de triple superphosphate par hectare. Le superphosphate doit être bien dissous pour éviter un blocage de son activité au contact du sol. La distribution dans les bassins de plus d'un hectare se fait par bateau. Une autre possibilité est de mettre l'engrais dans un sac perméable à l'entrée d'eau.

FICHE N o 2

L'ENSEMENCEMENT DES POST LARVES

1. Transport

Le transfert des post-larves de l'écloserie aux bassins doit se faire avec beaucoup de précaution.

Si l'écloserie est près de la ferme, le transport est normalement fait dans des réservoirs en plastique ou en fibre de verre, équipés d'aération et/ou d'oxygène. La densité est de 500–1.000 PL20 par litre (ou 2.000–4.000 PL5 par litre).

Si le transport est plus long, des sacs en double plastique de 20 à 40 1 sont utilisés. Les sacs remplis de 4 à 10 1 d'eau et gonflés à l'oxygène, sont placés dans des boîtes isothermiques. La densité est de 200 à 500 PL20 par litre (ou 1.000–2.000 PL5 par litre). Pour diminuer l'activité respiratoire de post-larves, la température de l'eau est abaissée à 20°– 24°C.

2. Acclimatation

L'ensemencement des post-larves dans les bassins représente un changement assez grand des conditions d'élevage. Une acclimatation au nouveau milieu est nécessaire pour limiter le stress dû aux différences de température et de salinité. La méthode d'acclimatation dépend du moyen de transport utilisé.

a) Réservoir

Videz la moitié d'eau et la remplacez lentement par l'eau du bassin (fig. 6). Une différence de 2° à 3°C peut être compensée en une heure. Pendant l'acclimatation, il convient de bien nourrir les post-larves en Artemia pour empêcher le cannibalisme. Quand la température et la salinité sont identiques, les crevettes sont ensemencées par vidange du réservoir.

Fig. 6

Fig. 6. acclimatation des post - larves on reservoir

b) Sac en plastique

Si la différence de température est très faible, laissez flotter les sacs dans le bassin. Vérifiez surtout la différence de salinité; si elle est de plus de 5 ppt, il faut alors transférer les post-larves dans un réservoir et acclimater les animaux en procédant comme au paragraphe précédent.

3. Contrôle d'ensemencement

L'utilisation d'une “cage de survie” est une méthode simple pour contrôler le succès d'un ensemencement (fig. 7). Une cage flottante en netlon, équipée d'une maille de 500 microns, est fixée dans le bassin, au niveau du moine de vidange. Cent post-larves acclimatées sont mises dans la cage. Après 24 heures on compte les crevettes vivantes. Si la mortalité est supérieure à 5%, une quantité équivalente de post-larves est réensemencée le lendemain.

Fig. 7

Fig. 7 Cage de survie

FICHE N o 3

QUALITE D'EAU

1. Paramètres

Le diagnostic du milieu d'élevage se fait par la mesure de plusieurs paramètres (fig.8):

Fig. 8

Fig. 8. Les instruments de mesure pour le contrôle de la qualité d'eau (a. Oxymètre, b. Salinomètre, c. thermométre, d. disque de secchi)

On mesure l'oxygène et la température le matin entre 5–6 heures. Le soir entre 15–17 heures on relève l'oxygène, la température, le secchi et la salinité. Le pH est mesuré 2–3 fois par semaine. La couleur (verte, brune) et l'aspect (transparence, turbité) de l'eau sont également observés. Les données sont notées sur une fiche (fig. 9).

Un contrôle hebdomadaire de l'ammoniaque, des nitrites et des nitrates peut être utile en fin d'élevage, quand la biomasse est élevées (>200g/m2).

ParamètresToléranceOptimum
Température  (°C)25–3429
Oxygène (ppm)3saturation
Secchi  (cm) 35–50
Salinité (ppt)5–4020
pH 7,0–8,88,2
Ammoniaque  (mg NH3-N/1)0,30
Nitrite  (mg NO2-N/1)60
Nitrate  (mg NO3-N/1)2000

2. Le contrôle du milieu

Les paramètres physico-chimiques ont une relation directe avec le développement du phytoplancton, zooplancton et macro faunes dans le bassin. La productivité naturelle est elle-même dépendante de l'augmentation de la biomasse de crevettes (excrétion), de la décomposition de l'aliment, ainsi que de la minéralisation progressive du substrat. Le contrôle du milieu se fait par les changements d'eau, la fertilisation et la quantité d'aliments.

• oxygéne (ppm)

• Disque de secchi (cm)

• pH

FERME PILOTE DE NOSY-BE

  METED
DATE:MATIMFICHE DE SUIVI QUOTIDIENSOLEILNUAGEUXPLUIEORAGE

BASSINSA L I M E N T A T I O NOBSERVATIONSP A R A M E T R E S
 NATURÉRATION
(kg)
RESTEBASSINANIMAUXOXYGENE
(mg/1)
STEMP.
(°C)
SECCHI
(ca)
PHHAUT
(ca)
DEBIT
(%/j)
BM            
B6            
B5            
B4            
B3            
B2            
B1            
BG            
SOIRSOLEILNUAGEUXPLUIEORAGE

BASSINSALIMENTATIONOBSERVATIONSPARAMETRES
 NATURÉRATION
(kg)
RESTEBASSINANIMAUXOXYGENE
(mg/1)
STEMP.
(°C)
SECCHI
(ca)
PHHAUT
(ca)
DEBIT
(%/j)
BM            
B6            
B5            
B4            
B3            
B2            
B1            
BG            

Fig 9.- Fiche de bassin

Les changements d'eau sont fonction de la biomasse des crevettes.

Biomasse (gr/m2)Changement d'eau (%/jour)
<20
2 – 102
10 – 204
20 – 406
40 – 608
60 – 8012
80 – 10015
100 – 12020
120 – 14025
>140>25

Il est possible de réaliser des changements d'eau séquentiels, par exemple 30% une fois par semaine ou de maintenir une arrivée d'eau en continu, ou une combinaison des deux. Un changement d'eau séquentiel se fait par une vidange partielle (sortie d'eau par le fond) suivie d'un remplissage au même niveau (fig.10).

Fig. 10

Fig. 10 Moine de vidange : sortie d'eau par le fond (a. canal d'évocvotion, b. bassin)

Le calcul du débit en continu se fait par des mesures au niveau des batardeaux du moine d'entrée (fig.11).

Fig. 11

Fig. 11. Le calcul du débit ou niveau du moine d'entrée (a canal d'alimentation, b. bassin)

La formule pour calculer le débit est :

Q = u * (2*g)1/2 * L * H3/2 (déversoir à seuil mince avec contraction latérale)

Pour les bassins :

Q = 1,705 * L * H3/2 avec avec Q = débit en m3/sec
 L = longueur de la section de passage d'eau (m)
 H = hauteur de la lame d'eau (m)

Après une forte pluie, il peut y avoir un phénomène de stratification de l'eau. L'eau déssalée de surface cause un réchaffement de l'eau du fond et aussi une diminution d'oxygène. Si la différence de salinité entre la surface et le fond est plus de 5 ppt, une évacuation de l'eau de surface (5–10 cm) est nécessaire (fig.12).

Fig. 12

Fig 12. Moine de vidange : sortie d'eau de surface (a. canal d'évocation, b. bassin)

Pour maintenir une population d'algues suffisantes (secchi entre 35–50 cm), il faut fertiliser les bassins régulièrement, surtout en début d'élevage quand l'apport d'aliment composé est encore faible. La quantité d'engrais totale comme la fréquence d'application dépendent du site. Il est préférable de commencer avec plusieurs applications d'une petite dose, par exemple 6 Kg d'urea et 2 Kg de triple superphosphate par hectare et par semaine.

Avec les engrais organiques, on peut utiliser une dose de 300–500 Kg/ha.

FICHE No4

ALIMENTATION

1. Ration

La quantité d'aliment nécessaire pour avoir une bonne croissance, sans polluer le bassin, est fonction de la densité et du poids des crevettes, puis de la production naturelle du bassin, de la qualité de l'aliment et des facteurs physiques (température, salinité et oxygène).

Le tableau suivant donne un exemple pour P. monodon dans un système semi-intensif.

Poids de crevettes (g)% de la biomasse à distribuer par jour
112
310
58
86
104
143 – 4
182 – 2,5
>182

La méthode pour estimer la biomasse est décrite à la fiche No5.

2. Type d'aliment

Plusieurs sociétés produisent un aliment composé pour P. monodon. Le taux de protéines doit être de 35 à 40%, 5–7% et la stabilité du granulé dans l'eau, de 2 heures au minimum. Le tableau ci-dessous donne un exemple pour la composition d'un aliment.

Ingrédient%
céréales35
tourteaux (arachide, coton, soja)15
farine de poisson47
complexe minéraux/vitaminiques3

En général, l'aliment est disponible sous différentes formes, en particules d'un diamètre de 0,1 – 1,5 mm pour le prégrossissement (“starters”) et granulés d'un diamètre de 2 – 3 mm et d'une longueur de 3 – 7 mm pour le grossissement (“growers”).

3. Distribution et contrôle de la consommation

D'une façon générale, la ration d'aliment est fractionnée en deux distributions, 40% le matin (entre 6 – 9 heure) et 60% le soir (17 – 19 heure). Pour des quantités plus importantes d'aliment, il est préférable de faire plusieurs distributions entre 17 et 24 heure, afin d'améliorer la consommation de l'aliment par les crevettes.

La distribution, dans les bassins de moins d'un hectare se fait à partir des digues, pour les bassins plus grands, par bateau. Des piquets plantés dans le bassin indique le parcours à suivre pour bien répartir l'aliment sur l'ensemble de la surface (fig. 13, 14).

Fig. 13

Fig. 13. Distribution de l'aliment la matin

Fig. 14

Fig.14. Distribution de l'aliment le soir

Le contrôle de la consommation d'aliment par les crevettes, se fait en utilisant des mangeoires qui sont faites d'un cadre en bois (1 × 0,5 m) équipé d'une maille de 1 mm. A chaque distribution, une petite quantité de granulés est mise dans la mangeoire et après 15 - 30 minutes, la consommation est vérifiée. Dans les bassins de plus d'un hectare 4 – 8 mangeoires sont nécessaires (fig. 15).

Fig. 15

Fig. 15. Une mangeoire

La deuxième méthode est la vérification par plongee. Une à deux fois par semaine, 2 heures après la distribution d'aliment, une partie du fond du bassin est inspectée en notant les restes d'aliment et l'état du fond (sol réduit).

La troisième méthode est l'observation directe des crevettes. Si les animaux tournent ou sont visibles sur les bordures des bassins pendant la journée, c'est une indication que la quantité d'aliment est insuffisante.

Sur la base de ces trois méthodes et sur l'estimation de l'indice de conversion, on peut adapter ou corriger la ration d'aliment.

FICHE No5

SUIVI DE LA BIOMASSE

1. Estimation du poids moyen

Une série d'échantillonnages permet de suivre la croissance de crevettes et de les observer (aspect général, couleur, maladies). La fréquence de l'échantillonnage est de l'ordre de 7 à 10 jours.

Suivant la taille des animaux on utilise différents types de filets :

la cage à maille fine, l'épervier, la senne.

Il est nécessaire de réaliser les échantillonnages en plusieurs endroits du bassin car la répartition des crevettes est souvent hétérogène. Le nombre minimal est d'environ 100 animaux par échantillonnage.

Les crevettes d'un poids inférieur à 1 g sont pesées à sec sur une balance de laboratoire. Les animaux plus grands sont pesés égouttés, sur une balance de terrain.

Toutes les données sont relevées sur une fiche d'échantillonnage (fig. 16).

Date: FICHE D'ECHANTILLONNAGE
Bassin No     
Elevage No     
Espèce     
Nombre     
Poids total (g)     
Poids moyen (g)     
Observations     

Fig. 16 - Fiche d'échantillonnage

2. Estimation du nombre

Cette estimation, avec le poids, permet de calculer la biomasse totale, ce qui est indispensable pour bien évaluer la ration alimentaire.

Au début de l'élevage, le nombre de crevettes ensemencées doit être connu avec précision.

Semaine après l'ensemencementMortalité (%)
15
410
81
91
101

Ensuite on évalue la mortalité en suivant le tableau ci-dessus. On estime la mortalité à 15 % au cours des quatre semaines après l'ensemencement, à ce moment correspond le début de l'alimentation. A partir de la 8ème semaine on estime la mortalité hebdomadaire à 1 %, et à partir de la 16ème semaine à 0,5 %.

Une mortalité des post-larves peut être induite par plusieurs facteurs :

Mais, après plusieurs cycles d'élevage, l'expérience de l'éleveur permet en partie d'éviter ces différentes causes de mortalité.

Afin d'évaluer la quantité de crevettes restant dans un bassin après plusieurs mois d'élevage, on peut utiliser la technique de dénombrement à l'épervier.

Avec un filet épervier dont la surface développée est connue, on peut estimer le nombre de crevettes d'un bassin en multipliant la moyenne des captures (au minimum 20 lancers par bassin) par la surface totale du bassin.

3. Analyse des données

Après chaque échantillonnage, on calcul les paramètres suivants :

L'indice de conversion pour une période déterminée donne une indication importante pour évaluer la ration alimentaire. En général, cet indice ne doit pas dépasser 2. Si cet indice dépasse 2, la ration doit être diminuée de quelques pourcents.

Les courbes de croissance permettent de visualiser l'augmentation du poids moyen et de comparer les données avec des élevages précédents (fig. 17).

GROSSISSEMENT P. MONODON ELEVAGE EXTENSIF ET SEMI-INTENSIF

Fig. 17

Fig. 17

FICHE No6

LA RECOLTE

1. Récolte partielle

Une récolte partielle peut avoir 2 objectifs :

  1. éliminer du bassin les animaux dont le poids moyen est nettement supérieur à la moyenne des autres ;
  2. faire une pré-récolte dans le cas de grand bassin ou la biomasse totale à la pêche dépasse les capacités de traitement de l'unité de conditionnement.

Elle se fait par l'intermédiaire d'engins de pêche fixes disposés dans le bassin pendant quelques jours, ou par chalut tracté. La maille est en rapport avec la taille de sélection désirée.

2. Récolte totale

Une récolte totale se fait par vidange du bassin et concentration des crevettes dans un filet à l'extérieur du moine de sortie, dans le canal d'évacuation (fig. 18). La préparation du bassin et du matériel de pêche commence deux jours avant la date de la pêche.

Fig. 18

Fig. 18. Dispositif pour la recolte totale des crevettes (o. moine de vindage, le canal d'évacuation.)

La vidange doit être faite lentement afin que les crevettes se concentrent lentement devant le moine de vidange. Si le niveau est suffisamment bas, les grilles de sortie sont enlevées et les crevettes descendent dans le filet. L'opération de pêche doit être terminée au plus tard 2 heures après le lever du soleil. Ceci garantit une meilleure qualité du produit en évitant les risques d'échauffement des crevettes dans le bassin et au cours du transport jusqu'au bâtiment de prétraitement.

3. Le prétraitement

Le prétraitement des crevettes (fig. 19) consiste en :

Fig. 19

Fig. 19 - Le prétraitement des crevettes (a. bac de glace, b. bac de metabisalfite c - table de tri, d- panier de transport e. balance)

4. Analyse des données

A la fin d'un élevage, on calcule la production (en Kg par hectare et par an) et l'indice de conversion. Les données sont enregistrées sur une fiche synthétique (fig. 20).

ELEVAGE No BASSIN No SURFACE ALIMENT    
90.24 B3 5115 PRESIDENT    
ENSEMENCEMENT ESP. DATE AGE No POIDS M. (G) POIDS T. (KG) No ELEV. NURSERY
  P.MONO 10/10/90 15 37595 0,0075 0,28 N9004M
PECHE P.MONO 05/02/91 133 4724 21 99,20  
P.MONO 08/02/91 136 1868 22,8 42,59  
P.MONO 14/03/91 170 31645 34,1 1079,09  
    TOTAL 38237   1220,89  


DENSITE INI. (No/M2)7,35
CHARGE INI. (6/M2)0,06
DENSITE FIN.7,48
CHARGE FIN.238,69
SURVIE (%)101,71
DUREE (J)155,00
CROISSANCE (%BM/J)5,43
RENDEMENT (KG/HA/AN)
5619,42
ALIM. TOTAL (KG)2472,10
IND. CONVERSION
2,03
COEFFICIENT DE VARIATION (%)
FEMELLES20,08
MALES15,92
TOTAL
23,72
FERTILISANT (KG) 
UREA18,00
TSP6,00
PARAMETRESMINMAXMOYENNE
OXY. MATIN (PPM)1,25,43,6
OXY. SOIR3,09,45,7
TEMP. MATIN (°C)26,531,529,8
TEMP. SOIR28,034,532,3
SECCHI (CM)207042
PH7,478,057,77
SALINITE (PPT)263934

Fig. 20

FICHE No7

PROBLEMES

L'observation quotidienne de tous les bassins est le seul moyen pour éviter les problèmes.

Les maladies de crevettes ont souvent leur origine dûe à une dégradation du milieu : suralimentation, surfertilisation, changements d'eau insuffisants, intervalle trop court entre deux élevages, utilisation d'un aliment de mauvaise qualité, etc…

Un bonne vérification de la qualité d'eau, de l'état du fond et de l'état de crevettes, doit être faite régulièrement.

Au cas où une maladie ou un arrêt de croissance est signalé sur un bassin, le seul remède d'urgence consistera à un changement d'eau total pendant quelques jours.

Si une maladie infectieuse est constatée, il est préférable d'arrêter l'alimentation et la fertilisation. Les traitements directs du bassin (vert malachite, formaline, CuSO4) ne sont pas réellement efficaces et techniquement possibles sur des grandes surfaces. On utilise plûtot des granulés avec un antibiotique. Mais ce traitement est souvent trop coûteux. Alors, la seule alternative qui reste sera une récolte totale.

FICHE No8

LA SELECTION D'UN SITE

Le choix d'un site convenant pour un élevage de crevettes en filière semi-intensive, tiendra compte des considérations ci-après :

  1. Les conditions climatiques :

  2. Les caractéristiques de l'eau :

  3. Le terrain et les sols :

    La zone préférentielle pour l'élevage semi-intensif est la zone supralittorale située en arrière de la mangrove. L'exploitation de ces zones évite la destruction de la forrêt de palétuviers (écosystème important pour les stocks de poissons et de crustacés).

  4. Les conditions socio-économiques

FICHE No9

LA PLANIFICATION D'UNE FERME

Une ferme pour l'élevage des crevettes se compose de :

En général, les bassins sont disposés de la façon illustrée sur la fig. 21. La superficie des bassins de prégrossissement correspond à 10 % environ de la superficie des bassins de grossissement.

Fig. 21

Fig.21. Plan d'une Ferme Industrielle

A. La station de pompage

Le calcul pour dimensionner la capacité de la station de pompage se fait en deux étapes :

1) Volume nécessaire pour le renouvellement d'eau quotidien des bassins de grossissement.

Hypothèse : Taux de renouvellement moyen par jour : 10%

Durée de grossissement : 5 mois

Durée d'assec                 : 0,5 mois après la récolte

Nombre de récoltes par an           : 12/5,5 = 2,2

Durée d'occupation des bassins : 5 × 2,2 = 11 mois

H : hauteur d'eau moyenne dans un bassin (m)
S : superficie d'eau (m2)
V : volume d'eau = H × S (m3)
N : nombre de bassins  
NA : nombre de mois d'activité des bassins = N × 11
    mois - bassins  

Q1 = (N × 11) / 12 × V × 0,10 (m3 /jour)

2) Volume nécessaire pour le remplissage

Hypothèse : Taux de remplissage : 33 %/jours/bassin

Q2 = (2,2 × N × 3)/365 × V × 0,33 (m3/jour)

Le débit total Qt = Q1 + Q2 (m3/jour)

T : temps de pompage par jour (heures) suivant la hauteur de la mer

La capacité des pompes doit être de : Qt/T (m3/h)

De la même façon, il est possible de calculer le débit pour les bassins de prégrossissement. La station de pompage comprend un simple bâtiment pour abriter les pompes et les moteurs. Les pompes sont en général de type centrifuge à moteur diesel et réducteur pour un fonctionnement à faible vitesse de rotation.

B. Le canal d'alimentation

Le canal d'alimentation est dimensionné pour assurer le débit calculé au chapitre précédent. En augmentant son volume il peut agir comme un bassin réservoir, utilisé pendant les heures de basse mer où la station de pompage ne fonctionne plus.

C. Les bassins

Les principales caractéristiques sont :

D. Les bâtiments

En fonction de la taille de la ferme et des conditions d'implantation, les bâtiments comprennent :

pregrossissement P. monodon densite final 31/M2

Fig. 22

Fig. 22 - Courbe de croissance (prégrossissement)

FICHE No10

LE PREGROSSISSEMENT

Il consiste à prégrossir des post-larves en système intensif dans des bassins en terre ayant une superficie de 0,5 à 1 hectare. Les juvéniles sont alors transférés dans les bassins de grossissement.

Cette technique présente l'avantage de réduire le temps d'occupation des bassins de grossissement (augmentation du nombre de cycles par an), d'augmenter le taux de survie par un contrôle rigoureux de l'état du fond et de l'entrée d'eau, et de bien connaître la biomasse le jour de l'ensemencement du bassin de grossissement:

Suivant la température, la salinité et la densité, le prégrossissement prend 6 – 8 semaines. La densité initiale est de 30 – 40 PL10 - PL15/m2. Le taux de survie est d'environ 80 – 90 %.

La préparation du bassin, l'ensemencement, l'alimentation, la fertilisation et la récolte sont presque identiques à un grossissement. De par la forte densité des post-larves, l'alimentation commence 1 à 2 semaines après l'ensemencement.

Poids
(g)
ration
(% biomasse/jour)
diamètre granulé
(mm)
0,01300,3PL feed
0,01 – 0,125 – 200,5 – 1,0-"-
0,1 – 0,520 – 151 – 2Starter
0,5 – 1,015 – 121 – 2-"-
1 – 210> 2Grower

Le transfert de juvéniles dans le bassin de grossissement se fait dans des casiers immergés dans un grand réservoir d'eau de mer, alimentés avec de l'air ou de l'oxygène. Ce réservoir est installé sur une voiture ou une remorque tractée.

Normalement, les conditions dans les bassins de prégrossissement et de grossissement étant identiques, une acclimation avant l'ensemencement n'est pas nécessaire.

Liste des fournisseurs d'un aliment composé pour l'élevage de P. monodon
AFRIQUELIVESTOCK FEED Ltd
 Claude Delaitre road
 Guibies
 ILE MAURICE

ASIEGOLD COIN Ltd
 PO Box 1849
 SINGAPORE 9036

 PRESIDENT ENTREPRISES CORP.
 2 – 20 Yan Harng
 Yeong Kang
 Tainan
 TAIWAN

 SAN MIGUEL CORPORATION
 6766 Ayala Avenue
 Makati Metro Manila
 PHILIPPINES

 CP (Charoen Phokphand
 Feedmill Co. Ltd)
 36, Soi Yenchit
 Chand Road
 Bangkok
 THAILANDE

EUROPEAQUALIM
 B.P. 1
 Z.I. de Mersac
 16440 ROULLET ST ESTEPHE
 FRANCE

 HENDRIX S.P.A.
 37060 Mozzecane VERONA
 ITALIE

 TROUW & Co. Bv. INTERNATIONAL
 Boxmeer
 PAYS BAS

U.S.A.RANGEN INC.
 PO Box 706
 Buhl
 IDAHO 83316
 U.S.A.

Cette liste n'est pas exhaustive et ne donne que les adresses de fabricants ayant une réputation internationale.

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