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11/.- Avertissement

La FAO a requis l'avis du rapporteur dans le cadre d'une expertise “Pêches Continentales” en Côte d'Ivoire, définie par les termes de références cités ci-après.

Le présent rapport a été rédigé à l'issue d'une mission de 7 semaines qui s'est déroulée du 12 mars au 27 avril 1984 inclus, et plus précisément du 13 mars au 24 avril en Côte d'Ivoire.

12/.- Termes de Références

"Il s'agit de procéder à la réalisation d'un plan DIRECTEUR NATIONAL pour la promotion de la Pisciculture et de la Pêche Continentale à court, moyen et long terme et couvrant la période de 1984 à 2000.

La programmation des opérations de développement sera essentiellement basée sur les données techniques fournies par la Direction de la Pisciculture et des Pêches en Eaux Continentales (Ministère des Eaux et Forêts) et se rapportera notamment à:

Il sera mis en relief la méthodologie pour continuer le développement de la Pêche et de la Pisciculture à partir des acquis ainsi que la méthodologie pour le choix de la politique progressive de développement par période de cinq ans.

Ce plan procèdera à l'analyse des principales structures actuelles de :

et procedera aussi à l'analyse des Services et Organismes tiers dent le concours indispensable pourrait garantir le réussite de l'exécution des programmes des opérations à réaliser ainsi que les possibilités d'assistances diverses.

Le document décrira en détail les tâches et les responsabilités des personnels à tous les niveaux :

Quarante jours de mission sont nécessaires pour la réalisation de ce document.

La mission doit se composer de :

Le plan aboutira à une série de recommandations particulières à appliquer pendant la période des cinq (5) premières années du plan et d'un planning présenté sous forme de tableaux.

N.B. Le document devrait également contenir des suggestions sur la nature, le statut, le rôle et l'importance de la structure nationale appelée à remplacer les Projets en tant que Services d'interventions pratiques sur le terrain et dépendant de l'Administration Centrale”.

Le présent rapport ne concerne que l'aspect pêche.

13/.- Emploi du temps

12.03.8406.45 Départ Rulles
08.20 Départ Luxembourg - Findel
12.55 Arrivée Rome (via Zürich)
15.00 Rome FAO HQ et Fisheries Department
 ROME
13.03.84Rome FAO - FD
13.05 Départ Rome
18.50 Arrivée Abidjan
 ABIDJAN
14.03.84Abidjan PNUD
15.03.84Abidjan DPPC
16.03.84Abidjan DPPC
17.03.84Abidjan Consultation Documentation
Abidjan → Brakré : visite du lac
 BRAKRE
18.03.84Brakré
Brakré → Abidjan
 ABIDJAN
19.03.84Abidjan - PNUD
Abidjan → San Pedro
 SAN PEDRO
20.03.84San Pedro → Buyo
 BUYO
21.03.84Lac de Buyo
Buyo/Guissabo : lac de Buyo
Buyo → Man → Touba
 TOUBA
22.03.84Touba → Waninou : lac SODEFEL
Touba → Odienné → Boundiali → Nafoun → Korhogo
 KORHOGO
23.03.84Korhogo : lacs Sodesucre/CIDT
24.03.84Korhogo → Ferkessédougou → Kafine (lac) → Katiola (lac) → Bouaké
 BOUAKE
25.03.84Bouaké : lacs du Kan et Loka
26.03.84Bouaké → Kossou (lac) → Taabo (lac) → Abidjan
 ABIDJAN
27.03.84ABIDJAN DPPC (documentation)
28.03.84ABIDJAN DPPC (documentation)
CTFT (documentation)
29.03.84ABIDJAN CCCE (Projet Buyo)
CTFT (documentation)
30.03.84ABIDJAN DPPC (documentation)
ORSTOM - CRO (documentation)
31.03.84ABIDJAN DPPC (documentation)
01.04.84ABIDJAN Rédaction
02.04.84ABIDJAN DPPC
ORSTOM - CRO
03.04.84ABIDJAN DPPC
COFRUITEL
EECI
SODESUCRE
SODEPRA
04.04.84ABIDJAN DPPC (meeting - debriefing partiel)
SODECI
Université
05.04.84ABIDJAN Université
DCH
06.04.84ABIDJAN DPPC
PNUD (debriefing partiel)
07.04.84ABIDJAN Rédaction partielle
08.04.84ABIDJAN Rédaction partielle
09.04.84ABIDJAN SODESUCRE
DCH
EECI
10.04.84ABIDJAN Documentation
11.04.84ABIDJAN → Ayamé (lac)
 AYAME
12.04.84Ayamé → Abengourou → Atakro (Komoe) → Abengourou
 ABENGOUROU
13.04.84Abengourou → Bondoukou
 BONDOUKOU
14.04.84Bondoukou → Bouna → Tantama (Volta)
 BOUNA
15.04.84Bouna → Kafolo (Komoe) → Korhogo
 KORHOGO
16.04.84Korhogo (SODEPRA)
Korhogo → Ferkessedougou → Kafolo
 KAFOLO
17.04.84Kafolo → Gansé (Komoe in PNK)
 GANSE
18.04.84Gansé → Dabakala → Bouaké
Bouaké : Projet IVC/84/001
Bouaké → Abidjan
 ABIDJAN
19.04.84ABIDJAN - PNUD
20.04.84ABIDJAN - Rédaction
DPPC (debriefing)
21.04.84ABIDJAN - Rédaction
22.04.84ABIDJAN - Rédaction
23.04.84ABIDJAN - Rédaction
24.04.84Abidjan -  DPPC
EECI
PNUD (RES - Rep debriefing)
21.45 Départ Abidjan
25.04.8407.50 Arrivée Rome
Rome HQ et FD
     FD : Debriefing
26.05.84
ROME FD : Rédaction
27.05.84
ROME FD : Rédaction
21.45 Départ Rome LdV
22.45 Arrivée Luxembourg - Findel
28.05.8400.25 Arrivée Rulles.

14/. Personnalités rencontrées

FAO - RomeDr Kojima
Dr Henderson
Dr Welcomme
Dr Coche
Mme Blessich
Mr Gaudet
PNUD - AbidjanMr Rotival
Mr Wong
DPPC - AbidjanMr Djédjé
Mr Chevalier
Mr Bahy
   Buyo
Mr Meazieu
CCCE - AbidjanMr Frey
   Buyo
Mr Derolland
Université - AbidjanPf Kouassi
PNVD-IVC-84/001 BouakéMr Nuggent
Mr Diarra
Mr Koffi
Mr Holle
EECI - AbidjanMr Anwatta
Mr Kwame
Mr Nguessan
Mr Conan
SODEPRA - AbidjanMr N
    Korhogo
Mr Depelchin
Mme Depelchin
DCH - AbidjanMr Ramana
Mr Thibaut
Lycée Moderne - KorhogoMr Haveaux
COFRUITEL - AbidjanMr Guilbert
FAO - Catonou Mr Collard
Dr Jorion

15/.- Remerciements

Nous tenons tout spécialement à remercier les personnalités suivantes qui ont permis que cette mission se déroule harmonieusement et efficacement:

Mais notre gratitude va surtout à Monsieur Koffi, du projet IVC/84/001 qui fut notre cicerone pendant notre première tournée “terrain” dans l'Ouest Ivoirien.

Une mention très spéciale est réservée à Monsieur Chevalier, Conseiller Technique de la DPPC qui fut, tout au long de notre mission, en sus de ses charges habituelles, notre officier de liaison, notre pilote, notre alter ego, à travers toute la Côte d'Ivoire.
La mission lui doit beaucoup.

2/.   ANALYSE DE SITUATION

21/.- Renseignements généraux

211/.- ECOLOGIE

2111/.- Géographie

La République de Côte d'Ivoire fait partie de l'Afrique de l'Ouest et est riveraine du Golfe de Guinée sur 500 km.

Elle couvre 322.000 km2. Elle est limitée à l'Ouest par le Libéria et la Guinée, au Nord par le Mali et la Haute Volta, à l'Est par le Ghana.

Elle apparait comme un quadrilatère situé entre 4°30' et 11° de latitude nord et 2°30' et 8°30 de longitude ouest.

2112/.- Climat

De par sa position géographique, la totalité de la Côte d'Ivoire est soumise à l'influence du FIT (Front Intertropical). En fait, deux masses d'air très différentes, séparées justement par le FIT, se déplacent sur le pays.
Au Nord du FIT : l'Harmattan, chaud, sec, d'origine SE saharienne Au Sud du FIT : la mousson, humide, d'origine SO océanique.

Le FIT se déplace en oscillant dans une direction N-S, entraînant avec lui quatre zones qui lui sont liées; du Nord au Sud :

Zone H : soumise à l'Harmattan, située au Nord du FIT;

Zone A : large de 400 km, où règne le climat de la grande saison sèche;

Zone B : large de 800 à 1.000 km, soumise à la Mousson, avec son climat de saison de pluies;

Zone C : caractéristique de la petite saison sèche.

Dans sa position la plus septentrionale, la zone C arrive à la latitude de Bouaké. Dans sa position la plus méridionale, le FIT descend jusqu'à la latitude d'Abidjan.

AoûtJanvier

Deux facteurs différencient les climats; la présence et l'intensité de l'Harmattan (Zone H), la présence d'une petite saison sèche (Zone C).

Pour ce qui concerne la Côte d'Ivoire

- au Sud : succession zones A-B-C-B-A = 2 saisons sèches et 2 saisons pluies;
la température est peu variable de 24 à 27°C;
l'humidité relative est très élevée;
l'Harmattan se fait peu sentir;
la pluviométrie atteint 2.000 mm, elle est régulière.

- au Nord : succession zones H-A-B-A-H = une seule saison de pluie et une seule saison sèche;
la température est plus variable;
l'humidité relative demeure plus basse et souvent plus variable;
l'Harmattan souffle au maximum en janvier;
la pluviométrie atteint 1.200 à 1.400 mm, elle est moins régulière au plan inter-annuel.

- au Centre : climat de type intermédiaire, très variable selon les années.

Enfin, nous insistons sur une donnée fondamentale : la pluviométrie interannuelle, paramètre capital de toute production biologique en climat chaud, est d'autant plus variable que l'on-se situe vers le Nord.

2113/.- Géologie

La Côte d'Ivoire appartient de ce point de vue à la “vieille plate-forme granitique” africaine; son socle est âgé de 200 millions d'années et plus. La couverture est presque complètement absente sauf sous la forme de couches sédimentaires récentes dans l'étroit bassin côtier.

Au plan litnologique, les sols sont en général lessivés à très lessivés; les roches sont peu perméables et peu solubles.

2114/.- Flore

Les formations végétales de Côte d'Ivoire se rattachent à deux Domaines (Guinéen et Soudanais) et à six Secteurs (4 + 2) géographiques.

Divisions géographiques.Formation végétale dominante écologiques dnants
Domaine Guinéen  
• Secteur OmbrophileForêt dense humideSaison sèche nulle ou<5 mm<br>Déficit hydrique cumulé<400mm
•             MésophileF.D.H. Semi-décidue GuinéenneSS de 4 à 6 mois DHC < 600mm
•             LittoralMosaique de climats édaphiquesNature des sols Proximité de la mer
•             MontagnardFDH de montagnePluviosité et humidité dues à l'altitude
Domaine Soudanais  
• Sud SoudanaisSavaneSS > 8 mois
Foret claire avec ilôts de FD sècheDHC > 800 mm
• SoudanaisSavane claireSS 7 mois
Forêt claireDHC > 600mm

Au plan hydrobiologique sauf dégradation localisée, par exemple dans les contreforts des “montagnes occidentales”, la couverture végétale est partout suffisamment présente pour éviter l'érosion et des transports solides importants sauf en tout début de crue.

2115/.- Conséquences hydrobiologiques hypothétiques

Le balayage du territoire national par le FIT, avec ses caractéristiques pluviométriques quantitatives et rythmiques, cycliques ou non et le sens du drainage général du Nord peu et irrégulièrement arrosé, vers le Sud mieux et plus régulièrement arrosé, entraîne pour conséquence hypothétique, que le régime des eaux sera d'autant plus sous la dépendance des pluies des hauts-bassins que ceux-ci seront étendus. Les risques d'irrégularités hydriques interannuelles sont donc proportionnels aux dimensions des bassins versants.

Les très faibles capacités de stockages géologiques profonds transformeront fleuves et rivières en gouttières. En outre, les seules sources permanentes en eau seront superficielles.

Les caractéristiques géologiques - insolubilité notamment - rendront les eaux peu minéralisées et donc intrinsèquement peu productives.

La couverture végétale diminue d'importance du Sud au Nord.

Les érosions pluviales et fluviales seront plus importantes au Nord qu'au Sud, les transports fluviaux solides en période de pluies - crues aussi.

212/.- ANTHROPOLOGIE

2121/.- Structures administratives

La Côte d'Ivoire compte actuellement 34 départements et 163 sous-préfectures. Ce découpage administratif est basé sur une combinaison de considérations techniques et politiques parmi lesquelles :

L'évolution s'est caractérisée par une multiplication des circonscriptions aboutissant à un maillage de plus en plus serré du tissu administratif.

Sur un plan pratique, on peut considérer que le département est l'unité de gestion.

2122/.- Structures ethnoculturelles

L'image du peuplement résulte de différents facteurs :

Deux grands vides subsistent : au Sud-Ouest entre le Libéria et Sassandra (le répulseur en serait la pluviosité trop importante) et au Nord-Est (Réserve de Bouna).

La situation culturelle est difficile à appréhender, car du fait colonial, la Côte d'Ivoire est un carrefour

Les proportions entre ces différents groupes autochtones sont les suivantes :

- AKAN46%
- KROU23%
- VOLTAIQUE16%
- MANDES15%
(Mandés Sud
  8%)
(Mandingués
  7%)

Aucun de ces groupes à l'exception de lagunaires, n'est véritablement pêcheur; les occupations principales sont l'agriculture, la cueillette (groupes forestiers), la chasse (Lobi notamment). Mais les Krou sont d'excellents marins.

A cause de la bilharziose en fonds des vallées, peu d'agglomérations étaient riveraines des fleuves. Par ailleurs, la pluviométrie autorise les cultures sous pluie et les plaines d'innondation, sièges habituels des cultures de décrue n'existent qu'au long de la Bagoe et du Baoulé.

Ces deux phénomènes majeurs expliquent le regroupement en interfluves et non en rives des cours d'eau.

2123/.- Structures démographiques

La population ivoirienne était estimée à 9.160.000 en 1983 sur base du recensement de 1980. Soit une densité brute de 28,6 habitants/km2, alors que la moyenne africaine est de l'ordre de 10.

Cette population présente trois caractéristiques essentielles:

2124/.- Voies de communication

Le réseau routier compte 45.000 km dont plus de 3.000 asphaltés; en particulier, Abidjan, Bouaké, et les grandes villes régionales sont en liaison.

2125/.- Conséquences pour l'économie piscicole

Deux paramètres importants et favorables apparaissent ici : d'une part, la distribution de la population, à la fois dispersée dans l'espace et regroupée, de plus en plus, en entités semi-urbaines de petite et de moyenne importance; d'autre part, l'excellence particulière du réseau routier, lequel permet de ce fait un transport aisé et rapide du poisson.

22/.- Poisson en Côte d'Ivoire

221/.- DEMANDE POTENTIELLE EN POISSON

2211/.- Exigences nutritionnelles théoriques

221.11/.- Exigences totales

Les besoins énergétiques d'un être humain, évalués en calories d'après la théorie énergétique de l'alimentation varient avec la taille, le métabolisme basal, l'activité, l'âge, le climat; et pour les femmes, l'état de grossesse ou d'allaitement.

Pour un homme de 50 kg, sous climat chaud, d'une activité physique moyenne, ses besoins journaliers s'évaluent généralement à 2.500/3.000 calories.

221.12/.- Exigences protéiques globales

Sur cette même base d'un poids individuel de 50 kg par habitant, les exigences globales s'établissent à l gr de protéine/ kg habitant/jour : 50 gr/habitant/jour ou 18,250 kg/habitant/an.

221.13/.- Exigences protéiques animales

Encore que certains nutritionnistes estiment qu'il convient d'attacher plus d'importance à l'équilibre entre les divers acides aminés qu'à l'origine animale ou végétale des protéines de la ration alimentaire, il est généralement admissible que la ration protéique devrait être disponible à raison de ⅔ sous forme animale.

Sur cette base, la ration protéique animale est en Côte d'Ivoire de :

33,3 gr/habitant/jour ou 12,155 kg/habitant/an.

2212/.- Habitudes et disponibilités alimentaires

221.21/.- Au niveau nutritionnel global

Il est très généralement admis que l'Ivoirien ne souffre plus depuis longtemps, voire n'a jamais souffert de sous-nutrition générale : ses besoins énergétiques globaux sont largement couverts depuis de nombreuses décennies.

221.22/.- Au niveau protéique global

Suivant les Food Balance Sheets de la FAO-1980, la quantité de protéines globales nécessaires à l'Ivoirien (50 gr/hab./jour) est disponible statistiquement depuis 1901. En 1977, elle atteignait 53,9 gr/habitant/jour. Depuis 20 ans, dès lors, sauf cas individuels régionaux, la malnutrition protéique n'existerait plus.

221.23/.- Au niveau protéique animal

La quantité de protéines animales disponibles par habitant et par jour a évoluée de 12,9 gr en 1961–65, à 15,3 gr en 1977, à 16,7 gr en 1982.

Sur cette base, les prévisions seraient donc de :

Rien d'utopique dans ces caluls, la Côte d'Ivoire est engagée dans un processus de développement autant qualitatif que quantitatif. Les volontés présidentielle et gouvernementale sont telles : “Après avoir été le premier planteur de Côte d'Ivoire, j'en deviendrai le premier éleveur” (F. HOUPHOUET-BOIGNY, 1983).

Il convient cependant de faire remarquer que ces quantités n'ont que valeur statistique : les écarts autour de cette moyenne nationale sont considérables : de 8 gr en milieu rural à 24 gr en milieu urbain.

Cependant, il est deux correctifs à apporter ici : d'une part, la population urbanisée en Côte d'Ivoire atteint 40 %, elle bénéficie à la fois d'une plus grande disponibilité en protéines sur des marchés économiques bien approvisionnés et de revenus financiers élevés; d'autre part, les chiffres concernant le milieu rural ne peuvent qu'être inférieurs à la réalité du fait de l'importance de l'auto-consommation, particulièrement pour ce qui concerne les petits apports protéiques (viande de chasse, petite pêche, récolte de mollusques, d'insectes, etc …)

2213/.- Demande “poisson” actuelle

Le Ministère de la Production animale fixe pour 1982, les demandes suivantes, en kg/habitant pour la nourriture animale :

• Poisson24,1 kg
• Lait et dérivés20,7 kg
• Viande bovine5,8 kg
• Volaille2,6 kg
• Viande ovine/caprine1,2 kg
• Oeufs1,1 kg
• Gibier1,1 kg
• Viande porcine0,7 kg.

Ce qui, compte tenu des pertes et des taux de conversion en protéines conduit au tableau suivant :

• Poisson3,47 kg56,9 %
• Viandes diverses1,83 kg30,0 %
• Lait0,66 kg10,8 %
• Oeufs0,14 kg2,3 %
TOTAL :6,10 kg soit 16,7 gr/jour (cfr 222.3)

On doit donc considérer que la demande en poisson atteint pour 1982 :

24,1 kg/habitant × 9.897.000 hab. soit + 214.000 tonnes.

Cette demande, disons-le de suite n'est couverte que grâce aux importations, la production tant marine que lagunaire voire continentale, tant par la pêche que par la pisciculture n'atteignant que 86.300 T en cette même année 1982. 86.300 T/214.418 T : les besoins ne sont couverts qu'à concurrence de 40 % par la production strictement nationale.

2214/.- Demandes prévisionnelles

221.41/.- Rappel à propos de la démographie

De 8.897.000 habitants en 1982, la population de la Côte d'Ivoire passera à :

• 10.160.000 habitantsen 1985
• 12.500.000en 1990
• 18.900.000en 2000.

Sous réserve, rappelons-le, que le taux d'accroissement national demeure de 2,4 % et le taux d'immigration de 1,4 %. Ce qui estrien moins que certain. D'une part, il est convenu dès à présent que les taux de naissance marquent une tendance à baisser avec l'augmentation du niveau de vie, d'autre part, l'immigration en Côte d'Ivoire va-t-elle continuer à ce rythme ?

221.42/.- Demandes futures

Le Ministère de la Production animale a évalué les demandes prospectives en produits animaux pour 1985, sur base d'une part, de la croissance démographique (hypothèse + 3,8 % par an) d'autre part, d'un taux annuel de croissance de la demande spécifique, variable avec les périodes.

Le tableau suivant établi les chiffres jusqu'en l'an 2000

Population   Taux annuel de croissance de la demande “poisson”Consommation individuelleBesoins
1982   8.897.0007,2 %24,1 kg214.000 T
1985 10.160.0004,6 %30,0 kg305.000 T
1990 12.500.0001,5 %38,0 kg475.000 T
2000 18.900.000 44,0832.000 T

Suivant ces hypothèses, le total atteindrait en l'an 2000, le total à vrai dire vertigineux de 832.000 T.

Si maintenant on suppose une demande individuelle stabilisée à 30 kg, telle celle de 1985, la simple augmentation de la population hisserait le chiffre à . 18.900.000 habitants × 30 kg/hab./an : 567.000 en l'an 2000.

On remarque que le niveau individuel annuel - 44 kg -est très largement dépassé dans toutes les régions grandes productrices telles la Moyenne Vallée du Sénégal et le Delta Central du Niger.

2215/.- Conclusion

Le progression démographique d'une part, le niveau croissant de consommation protéique d'autre part ont pour conséquence que la demande en “poisson” de la République de Côte d'Ivoire

• s'est située vers214.000 T en 1982;
• se situera vers305.000 T en 1985;
• se situera au-delà de 500.000 T en l'an 2000 (800.000 T ?).

222/.- POSSIBILITE PISCICOLE NATURELLE ET PARANATURELLE

Les ressources halieutiques de la Côte d'Ivoire sont de différents ordres : mer, lagune, eaux continentales douces naturelles, lacs artificiels intérieurs grands et petits.

222.1/.- Eaux maritimes et lagunaires

Cet aspect de la question n'est pas de notre ressort. Nous le citerons cependant, d'une part pour être complet, d'autre part afin de mieux préciser leurs parts dans la possibilité générale et par conséquent l'importance relative des eaux continentales douces.

Les ressources en pêche des eaux maritimes territoriales de la Côte d'Ivoire sont relativement faibles : le plateau continental est étroit et parcouru en permanence par le courant chaud du golfe de Guinée; il ne bénéficie d'aucun upwelling enrichissant. La “possibilité” de ce plateau est donc limitée (OAU, 1968). Elle est en tout état de cause inférieurs aux capacités d'absorption du morché national (± 45 000 T/an).

Les lagunes couvrent en Basse Côte d'Ivoire, une surface de 120 000 ha. Leur productivité, parfois affectée par des problèmes de pollution localisée, notamment en Ebrié, est généralement estimée à ± 170 kg/ha/an. Leur possibilité, distribuée en Ethmalose, pélogique et Tilapia -Chrysichthys, littoraux, serait dès lors voisine de 20 000 t/an.

222.2/.- Eaux douces

222.21/.- Eaux naturelles : Fleuves et rivières

Les 3/4 de la surface de la Côte d'Ivoire sont drainés dans le sens nord-sud par des fleuves importants : Bandama, Sassandra, Komoé, Cavally, Bia, dans les interfleuves inférieurs desquels se situent de grandes rivières côtières : Agnéby, San Pedro, Mé, Tabou…
S'ajoutent le Niger au Nord-Ouest, la Volta à l'extrème nord-est et pour être complet, le Tano en extrème sud-est et le Nipoué qui fait frontière à l'ouest.

Komoé, Sassandra et Bandama sont de grands complexes allochtones nés en savane, aux confins soudanais. Leur régime est du type tropical de transition; étiage prononcée en soison sèche, crue marquée en saison pluvieuse mais sans débordements latéraux. Leurs débits cependant demeurent modestes.

Les grandes rivières méridionales côtières présentent un régime équatorial ou équatorial de transition, suivant de près les précipitations locales : à la grande saison sèche correspond un étiage net, la petite saison des pluies entraîne une crue nantie d'un creux secondaire correspondant à la petite saison sèche, après quoi le niveau remonte avec la seconde saison des pluies. La faiblesse du relief côtier entraîne souvent l'apparition de vastes marais forestiers, à moins que l'embouchure ne se situe en lagune.

Les deux rivières tributaires du Niger. Baoulé et Bagoé, diffèrent des cours d'eau précédemment décrits : ils s'écoulent du sud au nord, leur crue annuelle est absolument univoque, mais surtout elles disposent d'un véritable lit majeur inondable comprenant même un lac - défluent naturel, le Dalabo au nord de Boundiali, en rive gauche de la Bagoé.

La physico-chimie nous est connue dans ses grandes lignes grâce aux travaux de ILTIS et LEVEQUE (1982). Il en ressort ceci :

- Le Bandama (97 000 km2 - 700 km - 0,40 % en moyenne Qm : 700 m3/s)

Le Bandama est le fleuve le plus important du pays. Il est formé d'abord de la confluence du Bandama Blanc et de la Maraoué en rive droite (550 km) puis du Nzi en rive gauche. (725 km)

La branche maîtresse, le Bandama blanc, prend source entre Boundiali et Korhogo; la Maraoué un peu plus au sud et à l'ouest; le Nzi au sud-est de Ferkessédougou. Le Bandama se jette dans l'extrémité orientale de Ja lagune de Fresco.

La pluviométrie du bassin varie de 2 000 mm/an au sud à 1400 mm/an au nord. Le bassin se distribue à raison de 72 % en savane boisée, 29 % en forêt, 9 % en savane.

L'hydrogramme présente une courbe de crue quasi-univoque assez étalée avec un petit fléchissement des hautes eaux en août durant la petite saison sèche.

Au plan biologique le Bandama est le fleuve le mieux connu de Côte d'Ivoire, du fait des travaux de l'ORSTOM essen tiellement. Non seulement on dispose d'une liste faunistique quasi complète mais cussi de l'image de la distribution des poissons au long du cours; en outre, certains travaux ont porté sur les peuplements algaux (ILTIS, 1982).

82 espèces ani été identiriées dans le bassin sur les 100 que laisse prévoir la loi d'Arrhénius. A remarquer essentiellement l'absence de véritable microphage pélagique (Sarotheroniloticus), Heterotis, introduits depuis le lac Kossou) et la présence de Lates niloticus, Clarias lazera, Auchenoglanis biscutatus, Protopterus annectens.

Sur le plan du régime alimentaire dominent les espèces se nourrissant de couvertures biologiques, d'organismes benthiques, d'invertébrés.

La biomasse, dans le cours moyen varie de 25 à 85 kg/ha de donne l'image suivante de la distribution :

Une série de lacs de petite et moyenne importance barrent le cours du Bandama et de ses affluents en partie haute (zone de Korhogo). Mais surtout, il est 2 lacs hydroélectriques de très grande taille dans le cours moyen : Kossou et Taabo; nous en reparlerons ultérieurement.

- Sassandra (75 000 km2 - 650 km - 0,50 % - Qm : 425 m3/s)

Le Sassandra prend source aux environ d'Odienné. Cette branche principale reçoit en rive gauche, le Lobo né au sud de Séguéla et en rive droite, e Nzo originaire du nord-ouest de Man; celui-ci présente la particularité de draîner une partie du massif de Man et l'extrémité orientale de la Dorsale guinéenne.

Le Sassandra débouche en mer auprès de la ville qui porte son nom, après avoir encore reçu tout juste à la fin de son cours, le Davo. Mais ce dernier doit plutôt être considéré comme côtier.

La pluviométrie du bassin varie de 1500 mm au nord à 1740 mm au sud. Le bassin se distribue sous savane boisée à galerie pour la partie haute, sous forêt pour le cours inférieur.

L'hydrogramme est du type tropical de transition.

Le Sassandra n'a été que sommairement prospecté au plan ichtyofaunistique, ce qui explique que l'on ne connaisse que 68 espèces sur les 83 théoriquement présentes. Aucune espèce microphage. Lates présent.

Trois barrages moyens (Daloa, Duekue, Gagnoa s/Davo) mais surtout un barrage hydroélectrique important barrant son cours : Buyo. Dans un avenir rapproché, un 2° barrage hydroélectrique viendra compléter l'équipement : Soubré.

- Komoé (72 000 km2 - 900 km - 0, 25 % - Qm= 430 m3/s)

La Komoe et ses affluents, la Lerobo occidentale et la Lerobo orientale, prennent naissance en Haute Volta, vers 600 m d'altitude. L'embouchure se situe à l'est de la lagune Ebrié. A partir de son cours moyen, au sortir du Parc National auquel elle a donné son nom, elle ne reçoit plus que des affluents de faible importance; son bassin y est étroit.

La pluviométrie varie de 1200/1300 mm sur les sources à 2100 mm à l'embouchure. Le bassin traverse les 3 zones de végétation régionale, savane, savane boisée à galeries, forêt.

L'hydrogramme n'est en rapport qu'avec le régime, tropical, des pluies du Haut bassin : la crue est donc absolument univoque. En Basse Côte d'Ivoire, la Komoe est hydrauliquement allochtone.

71 espèces de poissons ont été identifiées sur un total théorique de 83. Dominance soudanienne (± 50 %). Aucune endémique. Absence de microphage; présence de Lates.

Il est sur le Sassandra et pour l'heure 3 barrages de moyenne importance, destinés à l'alimentation humaine :

Ouangolodougou, Tanda et Abengourou. Deux retenues hydroélectriques sont prévues d'ici l'an 2000 : Attakro et Malamalasso.

- Cavally (22 000 km2 - 700 km - 0,85 %)

Le Cavally prend sa source sur le flanc nord-ouest du mont Nimba en Guinée vers 600 m. Il ne reçoit que des affluents sans grande importance. Il décrit d'abord un arc de cercle pour contourner le massif montagneux puis prend la direction sud et entre en Côte d'Ivoire. A partir de Toulépleu, le fleuve fait frontière avec le Libéria et ce jusqu'à la mer qu'il atteint à Cap Palmas.

La pluviométrie varie de 1700 sur les sources à 2400 mm à l'embouchure. Le bassin est tout entier situé sous forêt.

L'hydrogramme est du type mixte montagnard/tropical de transition.

40 espèces dénombrées sur 61 théoriques : le niveau de prospection non seulement est faible mais en outre localisé aux cours supérieur et moyen. Toutes ou presque dès lors sont guinéennes. T. nilotica est absent. Mais Lates est présent quoique non renseigné par Daget et Iltis : il est connu des pêcheurs sportifs.

Un grand lac de barrage hydroélectrique est programmé: Tiboto-Nyaaké.

- Bia (9 500 km2 - 300 km - Qm = 83 m3/s)

La Bia prend source au Ghana au nord du 7° parallèle.

Elle débouche en lagune Aby. Son bassin versant est entièrement situé sous forêt.

La pluviométrie varie de 1500 mm sur les sources à 2000 mm à l'embouchure.

Le régime hydrique est de type tropical.

34 espèces de poissons ont été identifiées sur 50 potentielles. 21 sont guinéennes, 4 seulement soudaniennes. Aucune espèce n'est microphage. Lates est absent.

Deux grands lacs de barrage hydroélectrique ont été mis sous eau, en 1959 Ayamé I, en 1965 Ayamé II.

- Agnéby (8 700 km2 - 200 km - 1,25 % - Qm: 50 m3/s)

L'Agnéby prend source dans la région de Bougouanou et se jette en lagune Ebrié à Dabou. Son bassin est entièrement sous forêt.

La pluviométrie varie de 1200 mm au nord à 2000 mm au sud. Régime hydrique évidemment tropical.

La faune connue compte 29 espèces sur 48 théoriques dont 2 soudanniennes et 7 indifférentes. Aucun microphage bien sûr. Lates est absent.

Il existe sur l'Agnéby au moins 4 retenues de moyenne importance destinées à l'approvisionnement en eau potable d'Agboville, Bongouanou. Mbatto et Rubino.

L'extrème nord-ouest du pays est draîné par un ensemble de rivières d'importance moyenne groupés autour du Baoulé et de la Bagoé, tous deux affluents du Bani.

Le Baoulé prend sa source à Odienné sous 1600 mm; Le Bagoé naît à Boundiali sous 1400 mm, tous deux en savane arborée.

Leur régime est univoque mais à grande irrégularité interannuelle (du moins comparés aux autres régions fluviales du pays). Leur principale caractéristique est l'existence d'un lit moyen inondable; ce sont les seuls cours d'eau de Côte d'Ivoire à en disposer. Et l'on sait l'importance des lits moyens dans les productions piscicoles fluviales.

Leur faune est peu connue mais elle est à coup sûr à dominante soudanienne avec notamment Heterotis, Gymnarchus, Tilapia nilotica, Lates.

3 barrages réserves d'eau potable ont été construits, dont 1 très important à Boundiali/Gbemai sur la Bagoé elle-même.

- Synthèse - possibilité piscicole fluviale

Lazard a estimé en 1976, à l'issue d'une vaste enquête (269 villages étudiés sur 25 zones homogènes des points de vue ethnique, hydrologique, et floristique) que la possibilité piscicole fluviale atteignait

± 25 000 tonnes/an à raison de 50 % en grands fleuves
 50 % en petit marigots

Ce chiffre nous paraît vraiment trop élevé pour être suffisamment crédible. Nous préférons, jusqu'à plus amples informations, le chiffre de
        10 000 t/an.


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