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2/.   ANALYSE DE SITUATION (suite)

222.22/.- Eaux sub-naturelles : Lacs artificiels

Ainsi, les eaux naturelles de Côte d'Ivoire, à l'exception des lagunes du cordon littoral, n'offrent aucune possibilité piscicole réellement importante, du moins si on la compare à celles des pays soudano-sohéliens riches de grands fleuves à larges débordements saisonniers.

La Côte d'Ivoire ne dispose que d'un réseau hydrographique exclusivement formé de fleuves de moyenne importance, de rivières de petite importance, les uns et les autres côtiers.

D'autre part, ici plus un fleuve est long, plus son bassin est étendu, plus les sources et son haut bassin sont reportés vers le nord. Vers ce nord justement où la pluviométrie est à la fois plus faible et surtout plus irrégulière au plan interannuel.

Dès lors, la maîtrise de l'eau, impératif-base du développement pour une série de secteurs sous les climats en parmanence chauds - énergie, agriculture, élevage, alimentation humaine - passe par le stockage en retenues superficielles.

Et celles-ci en une petite génération humaine, se sont multipliées dans tout le pays. Certains sont d'initiative: privées, d'autres, les plus nombreuses, sont initiative publique ou du moins d'intérêt collectif.

Les programmes les plus importants sont générés par :

E.E.C.I.Energie Electrique de Côte d'IvoireEnergie
SODECI Boisson humaine
SODESUCRE Agriculture
ODERIZ "
SODEPRA Elevage
COFRUITEL Agriculture

Lacs EECI

E.E.C.I. (Energie Electrique de Côte d'Ivoire) a construit 4 grands lacs à but hydro-électrique et projette d'en construire encore 4 au cours de la prochaine génération humaine. Elle en gère en outre un de moindre importance à San Pedro, en collaboration avec SODECI.

Par ordre chronologique de mise sous eau, les grands lacs sont ou seront les suivants :

• Ayamé I sur Bia195914 000 ha
• Ayamé II
, lac de reprise d'Ay. I
196414 000 ha
• KossouBondama1972160 000 ha
• Taabo
lac de reprise de Kossou
19788 000 ha
• BuyoSassandra198055 000 ha
• Soubré
lac de reprise de Buyo
1990/95 ?8 000 ha
• AtakroKomoe2000 ?-
• Malamalasso
lac de reprise d'Atakro
2000 ?-
• Tiboto-NyaakéCavally2000 ?(30 000 ha)

La conjoncture économique actuelle a eu pour effet de reporter à des dates futures imprécisables, la construction de Soubré (mise sous eau prévue 1983), Atakro, Malalasso et T-N. Aucune date autre que 1990/1995 ? ne peut présentement être avancée par EECI : en fait la situation économique décidera quasi souverainement. Aucun renseignement n'a pu nous être fourni sur le lac de San Pedro - petit suivant les normes EECI - géré conjointement par EECI/SODECI.

.. Ayamé (1959)

C'est un des grands lacs nationaux parmi les plus connus. Grâce d'une part, au travail du rapporteur, en 1965–67, d'autre part aux travaux scientifiques que mène actuellement l'équipe de Pf. Kouassi de l'université d'Abidjan.

Le lac se situe dans le S-E Ivoirien, par 5°30' de latitude N et 3° de longitude 0. Il barre le cours moyen du fleuve côtier Bia. Sa surface varie de 19 700 ha à la cote IGN-91, à 8400 ha à IGN-85.

Quoique le bassin-versant soit totalement situé sous des pluviométries supérieures à 1700 mm, l'irrégularité climatique interannuelle est suffisamment prononcée pour générer des variations importantes de la surface et des volumes lacustres. En particulier, en mars 1984, conséquence de la pluviométrie déficitaire de 1983, le lac se restreignait pratiquement à l'ancien lit de la Bia. Le régime hydraulique lacustre comprend l saison de hautes eaux, intégrant un léger étiage secondaire en 09, s'étalant de 07 à 11, l saison de décrue de 11 à 5, et l saison de crue, de 05 à 10. Les surfaces inondables-exondables atteignent 7000 ha.

Le lac se range dans les lacs stratifiés en permanence avec épilimnion, hypolimnion et thermocline faiblement différenciées. La température varie de 24 à 32° au cours de l'année. Le taux d'oxygène de 4 à 7 ppm en surface à 0/2 ppm vers 10 m. Les eaux sont faiblement minéralisées avec une conductivité de 60 μmhos (surface - hautes eaux) à 270 (10 m -étiage). Le pH est légèrement acide, mais des fleurs d'eau le rendent parfois légèrement basique.

Les biomasses phytoplanctoniques sont maximales en étiage. Les biomasses zooplanctoniques répondent à un cycle apparent présentant 3 poussées annuelles : octobre, janvier-mars, juillet-août; une dizaine d'espèces dominent : 1 copepode, 4 cladocères et 5 rotifères.

La faune ichtyenne lacustre est celle de la rivière. appauvrie de certaines espèces très rhéophiles et enrichie de 2 espèces planctonophages introduites : T. niloticus et Heterotis, lesquelles se sont parfaitement adaptées.

La productivité estimée par nous à 60 kg/ha/an en 1965 (C. REIZER, 1967) a été calculée par N. Kouassi (1980) égale à 59 kg/ha/an.

La productivité, établie sur base du rendement productif des eaux aux surfaces moyennes*, peut donc s'estimer égale à

59/60 kg/ha/an × ± 14 000 ha = 826/840 tonnes/an

* Les travaux du Pf Kouassi permettront de corriger ce chiffre, actuellement utilisé, des surfaces moyennes.

Sur base de 2 t/pêcheur/an, le lac peut donc héberger rationnellement

± 420 pêcheurs professionnels permanents

Ayamé II, de faible surface, encombré de Pistia, affublé d'un marnage important, aux rives aunes donc difficiles d'abord, ne présente que très peu d'intérêt pour la pêche professionnelle. Il n'est fréquenté que par quelques pêcheurs sportifs.

..Kossou (1972)

Le lac de Kossou est de loin le plus vaste des plans d'eau de Côte d'Ivoire. Il barre le Bandama (Blanc) en amont immédiat de la confluence Bandama (Blanc) - Maraoué (Bandama rouge), au droit de Yamoussoukro - Bouaflé, à proximité immédiate de Bouaké. Il est situé en plein centre du pays, à l'ouest immédiat du “V Baoulé” entre 7 et 8° de latitude nord, 5 et 6° de longitude 0. La surface aurait dû théoriquement atteindre 160 000/170 000 ha, mais depuis sa création, Kossou vit des problèmes de remplissage et sa surface maximale jamais atteinte été de ± 100 000 ha.

Kossou a bénéficié d'un projet PNUD-FAO; cussi les études le concernant sont-elles nombreuses. Il en ressort ceci, en extréme résumé.

Les hauteurs limnimétriques et conséquemment les surfaces noyées participent d'un cycle annuel comprenant des hautes eaux de mai à novembre, avec maximum vers juillet ou septembre, des eaux descendantes de novembre à mai, avec étiage en avril-mai. L'irrégularité interannuelle est prononcée. Elle se matérialise d'abord par le fait que le lac n'a pü être encore rempli à la côte prévue, ensuite par le fait, spectaculaire, des faibles surfaces atteintes en mars 1984 : celles-ci sont à peine plus importantes que le lit moyen du Bandama.

La physico-chimie est celles des autres lacs, Ayamé et Buyo, avec un pH fluctuant autour de 7, une conductivité variant de 70 à 180 μmhos, une température passant de 25 à 27° C.

Note importante : le lac est l'objet d'un phénomène de retournement hydrique qui ramène en surface, des ions anoxiques, gênants pour le peuplement piscicole, en particulier quand il est élevé en cages. Ce phénomène se produit généralement en période d'Harmattan, entre novembre et février, et en saison des pluies, de juin à septembre. Sauf relation vraisemblable à la pression atmosphérique, les retournements sont imprévisibles.

Phytoplancton et zooplancton présentent des biomasses et des variations de même type qu'à Ayamé.

La population piscicole est celle du Bandama Blanc soit près de 80 espèces, diminuée à nouveau d'espèces trop rhéophiles mais enrichie de T. nilotica et Heterotis introduites dans un but de réequilibration écologique. Ces 2 espèces sont parfaitement acclimatées.

La productivité peut s'estimer comparable à celle d'Ayamé soit ± 60 kg/ha/an.

Dès lors, la possibilité annuelle sera, suivant les côtes :

60 kg/ha/an × ± 100 000* = 6 000 tonnes/an IGN - 203
60 kg/ha/an × ± 80 000 = 4 800 tonnes/an IGN -

soit ± de 2400 à 3000 pêcheurs professionnels permanents

.. Taabo (1978)

Taabo est le “lac de reprise” de Kossou. Il se situe en avaì bien sûr de ce dernier; mais en aval aussi de la confluence Bandama (Blanc) - Maraoué (Bandama Rouge), par contre, il est en amont de la confluence Bandama-Nzi. Il est à proximité de la station scientifique de Lamto, entre Toumodi au nord et Tiassalé au sud, sur le cours moyen inférieur du fleuve.

Taabo couvre une surface de ± 8000 ha, soumise à un marnage journalier important saisonnier plus faible.

La possibilité est de l'ordre de

60 kg/ha/an × ± 8000 ha = 480 tonnes/an

soit ± 240 pêcheurs professionnels permanents

.. Buyo (1980)

Deuxième lac d'importance du pays, Buyo barre le Sassandra vers les 2/3 inférieurs du cours, à l'aval immédiat de la confluence Sassandra-Nzo. Le lac se situe donc dans l'ouest-centre ivoirien, non loin de Daloa, par 6‘30’ de latitude N et ± 7° de longitude 0. La surface varie de 90 000 ha à la côte IGN-200, à 20 000 ha à IGN - 186,5.

Le bassin-versant au droit du barrage est tout juste en zone forestière. Les apports seront donc uniquement influencé par le haut Sassandra, soumis à un régime tropical de transition, et le Nzo, influencé par le régime montagnard de Man. Les variations de hauteurs liminimétriques et corrélativement de surface noyée, montrent un maximum de ± 07 à ± 11, et un étiage se situant vers 04/05. L'irrégularité inter-annuelle est marquée. En particulier, en mars 1984, le lac se restreint au lit du Sassandra.

Au plan scientifique, le lac a été quasi non-étudié. Le mieux est donc de lui appliquer les résultats d'espérance piscicole obtenu à Ayamé.

Ce qui donne

60 kg/ha/an × ± 55 000 ha = 3300 tonnes/an

soit ± 1650 pêcheurs professionnels permanents

.. Soubré (1990/1995 ?)

Le lac de Soubré, reprise de Buyo, devait être mis sous eau en 1983. La conjoncture économique a reporté sa construction à une date ultérieure que EECI situe vers 1990 – 1995.

La surface moyenne sera d'environ 8000 ha, soumise à un marnage journalier important, saisonnier plus faible.

La possibilité serait de l'ordre de

60 kg/ha/an × ± 8 000 ha = ± 480 tonnes/an

soit ± 240 pêcheurs professionnels permanents

.. Atakro - Malamalasso - Tiboto - Nyouké

Aucune date n'a pu être avancée par EECI quant à la construction/mise sous eau de ces 3 importants plans d'eau. Sauf qu'il n'entreraient en aucune façon dans la capacité de production avant 2000. A moins d'un changement important, et favorable, de la conjoncture économique internationale et nationale.

Dans la présente étude, nous sommes donc amenés à ne pas les prendre en considération.

.. Bilan lacs EECI → 2000 (données fortement arrondies)

1.Kossou5000 t/an2500 pêch. prof. perm.
2.Buyo33001650
3.Ayamé  840 ( → 850)  420 ( → 425)
4.Taabo  480 ( → 500)  240 ( → 250)
5.Soubré  480 ( → 500)  240 ( → 250)
TOTAUX ±10000 ( → 10150)± 5000 ( → 5075)

• Lacs SODECI

La SODECI, Société de Distribution d'Eau en Côte d'Ivoire, a la charge d'assurer l'approvisionnement en eau potable des collectivités nationales. Dans la plupart des cas, elle fait procéder par la Direction Centrale de l'Hydraulique (DCH, Min. des TP et Transports) à la construction de retenues de moyenne importance.

Le paramètre fondamental pour la SODECI étant le volume stocké, il est quelquefois difficile de pouvoir disposer de surfaces noyées importantes pour les hydrobiologistes. Paradoxe quand on sait que les volumes ont été à chaque fois établis d'après les surfaces, mais celles-ci lors des phases finales des études sont oubliées. “Les lacs sont presque toujours construits dans un seul but”.

Les lacs SODECI se distribuent dès lors dans toute l'étendue du territoire. La liste suivante, exhaustive jusqu'en 1985 voire 1990 le démontre.

Les surfaces noyées varient de quelques dizaines d'ha à quelques centaines d'ha. Les profondeurs de 5 m à 10 m. Les variations de niveau sont de type saisonnières.

La productivité de ces lacs, en ordre de grandeur, varie de 80 kg/ha/an, les plus petits étant en principe plus productifs.

La surface sous eau, impossible à chiffrer, pourroit être de ± 10 000 ha.

Sur ces bases plus qu'approximatives, la possibilité des lacs SODECI serait la suivante :

150 kg/ha/an × 10 000 ha = ± 1500 t/a

soit ± 750 pêcheurs professionnels permanents

Les lacs SODECI posent un problème particulier : leurs eaux détiennent des quantités gênantes de matières organiques, particulièrement sous forme de végétaux supérieurs : Pistia stratiotes surtcut, et Nymphaea lotus.

Désireux de trouver remède à ce problème, la DCH a fait appel à un ingénieur-conseil qui, après analyse, recommande l'introduction, expérimentale il est vrai, de Ctenopharingodon idellus.

Cette question sera discutée en détail sous § 31.

Enfin, à ces lacs SODECI - DCH “stricts”, l'on doit ajouter les lacs construits par le FED pour l'approvisionnement en eau de boisson humaine. Ils se situent pour la plupart dans la région de la “Boucle du Cacao”: Dimbokro-Bougouanou-Mbahiakro-Bocanda. Leurs surfaces sous eau varient individuellement de ± 10 à ± 60 ha (Daoukro), avec un total estimé à 1000 ha.

Leur productivité doit avoisiner aussi 150 kg/ha/an.

Ces lacs ne sont que rarement gérés par la SODECI et l'eau “potable” n'en est donc pas traîtée.

De ce fait la possibilité “SODECI” étendue aux lacs “FED” serait

150 kg/ha/an × 11 000 ha = ± 1650 tonnes/an

soit ± 825 pêcheurs professionnels permanents

Lacs COFRUITEL

La COFRUITEL est une coopérative de commercialisation des fruits et légumes.

Déjà avant 1960, beaucoup de planteurs de bananes disposaient de lacs de barrage utilisé comme volant hydrique régulateur permettant d'assurer la continuité de l'irrigation. C'est dire que ces retenues sont situés en Côte d'Ivoire forestière.

Pressentant ceci, le rapporteur avait en 1965, effectué une enquête auprès de COBAFRUIT, prédécesseur de COFRUITEL, en collaboration avec la FAO (Ingénieur O. RADELET). Le rapporteur n'en a plus qu'une connaissance qualitative mémorisée car au cours d'un des déménagement qui ont jalonné sa carrière les documents en question ont été perdus… Tous les lacs de planteurs couvraient de 3 à 10 ha étaient déboisés et n'hébergeaient que la population piscicole du marigot barré; aucun n'était pêché. A l'époque, certains furent empoissonnés à partir de T. nilotica et Heterotis niloticus.

Lors de son séjour, le rapporteur a lancé une vaste enquête auprès des 800 membres de la COFRUITEL par le canal du secrétariat général de cette dernière et en collaboration avec la D.P.P.C. Dès que les résultats en seront connus, ils seront transmis à qui de droit après exploitation.

Pour l'heure, les surfaces semblent varier de ± 5 à 20 ha et la surface totale mise sous eau voisine de ± 2000 ha.

La productivité de ces eaux forestières, légèrement acides, faiblement minéralisées mais moyennement ensoleillées et de faibles surfaces devrait être de ± 100 kg/ha/an.

Dès lors, la possibilité COFRUITEL serait :

100 kg/ha/an × 2000 ha = 200 tonnes/an

soit + 100 pêcheurs professionnels permanents

• Lacs SODEPRA

La SODEPRA, société de Développement de Produits Animaux (tutelle : Ministère du Développement Rural depuis 11.83), c la charge de développer l'élevage en Côte d'Ivoire.

Alors que la CI méridionale se prête assez mal à l'élevage de bovins - en fait seuls les tourins ndama sont trypanotolérants, la CI septentrionale par contre, le permet infiniment mieux sous réserve d'un traitement chimique des galeries forestières - malheureusement - parfois de leur éradication, gites des tsé-tsés. D'autre part, la sécheresse actuelle qui sévit depuis de nombreuses années en Sahel, a provoqué une migration de longue durée des Peuhls et de leurs troupeaux jusqu'au sud de Korhogo voire de Dabakala.

La SODEPRA a donc entrepris 3 programmes de développement de l'élevage incluant la construction de locs-abreuvoirs :

Les lacs SODEPRA - Nord (Zone 1 ci-dessus) présentent certaines caractéristiques écologiques particulières :

Ces lacs sont utilisés comme étangs de grossissement, basés sur un empoissonnement annuel en Tilapia nilotica.

Leur productivité, d'après Mme Depelchin, avoisinerait 700 à 800 kg/ha/an.

De ce fait, la possibilité globale des lacs SODEPRA serait voisine de

750 kg/ha/an × 200 ha = ± 150 tonnes/an

soit ± 75 pêcheurs professionnels permanents

Le programme SODEPRA-Nord ne prévoit que peu d'extension future pour ce qui concerne les plans d'eau-abreuvoirs.

• Lac Hydro-agricoles divers Nord et Centre surtout SODESUCRE et EX-SODERIZ surtout

SODESUCRE d'une part, chargée de la production de sucre de canne, et SODERIZ, chargé de la riziculture ont construit, la première dans le Nord, la seconde dans tout le pays, une série de retenues de surfaces individuelles très diverses. Dissoute en 1978, SODFRIZ a confié ses lacs à la CIDT surtout.

Koffi (1984) estime que la surface totale ennoyée dans le nord est voisine de 10 000 ha, les plus grands plans d'eau étant :

• Morisson3700 ha
• Nafoun1500 ha
• Lakpoho620 ha
• Solomougou500 ha
• Gbon150 ha

Koffi (communication personnelle) effectue pour l'heure le même type d'enquête dans le Centre Ivoirien. Il semble que les surfaces sous eau y atteignent 2000 ha, en sus des lacs précédemment cités.

Sur base d'une productivité moyenne de 100 kg/ha/an la possibilité serait :

100 kg/ha/an × 12 000 ha = 1200 tonnes/an

soit ± 600 pêcheurs professionnels permanents

222.23/-. Synthèse - Vue d'ensemble

Compte tenu de la conjoncture économique, il apparait préférable d'axer la politique en matière de pêche lacustre, sur les chiffres actuels de surfaces noyées, de productivité et conséquemment de possibilité et de nombre de pêcheurs équivalents -professionnels nécessaires.

La comptabilisation des possibilités piscicoles fluviales et lacustres nous conduit dès lors aux chiffres estimés suivants.

PêcheriesPté ha/anSurf. en ha.Possib.* en t/anNbre Pecheurs
• Flouves et rivières  10 0005 000
• Lacs artificiels TOT  13 3506 675
• EECI
    
• Kossou
6083 0005 0002 500
• Buyo
"55 0003 3001 650
• Ayamé
" 850425
• Taabo
"8 000500250
(• Soubré
"8 000500250)
• SODECI/(FED)
15011 0001 650825
• Hydro-Agric.divers
10012 0001 200600
• COFRUITEL
1002 000200100
• SODEPRA
75020015075
TOTAUX GENERAUX  23 35011 675

* chiffre arrondi

La possibilité actuelle - et à peu de choses près elle demeurera telle quelle jusqu'en 2000 - de la C.I. est donc de l'ordre de

25 000 tonnes/an dont 15 000 en barrages
dont 10 000 en fleuves.

223/.- PRODUCTION REELLE

223.1/.- Contexte général

223.11/.- Administration spécialisée

Depuis sa création, l'administration de tutelle des Pêches et de la Pisciculture Continentale (avec au sans les Eaux lagunaires, c'est selon) s'est éloignée ou rapprochée d'une part des Eaux et Forêts, d'autre part des Pêches Maritimes; suivant les hasards des restructurations ministérielles.

Au début, indiscutablement, le modèle s'inspirait directement du modèle européen-continental, lequel sépare les Pêches Maritimes des Pêches Continentales, ces dernières étant intégrées dans le “Service” des Eaux et Forêts.

Tout juste avant la mission du rapporteur, la Direction de la Pisciculture et des Pêches en Eaux Continentales (DPPG), excluant les eaux lagunaires, émargeait du Ministère des Eaux et Forêts. Son organigramme interne était structuré en inspections régionales piscicoles (7) et en cantonnements départementaux piscicoles (21).

A la faveur d'une restructuration ministérielle survenue en 11. 1983, le nouvel organigramme général du Ministrère du Développement Rural est le suivant.

Il se remarque essentiellement :

  1. la réunion sous une même Direction de toutes les pêches (industrielles et artisanales, maritimes, lagunaires et dulcicoles) et de toutes les aquicultures (maritimes, lagunaires, dulcicoles)

  2. la subdivision de cette direction en 3 sous-directions:

  3. la “recentralisation” de toutes les activités générales au niveau des Directions régionales du D.R.. Celles-ci deviendraient les véritables centres de décision d'exécution des programmes.

Cette administration DPPC dispose plus ou moins du personnel suivant en poste direct ou affecté dans des projets (PNUD - Buyo):

• Ingénieur:2 dont 1 jeune stagiaire
• Ing. Techniques:± 10
• Techn. Sup.:± 15
• Techniciens:± 20

223.12/.- Recherche

Les organismes chargés - au ayant été chargés - des recherches sur les eaux dulcicoles nationales sont - ou ont été :

La Division des Recherches piscicoles du CTFT, créée dans la décennie 1950 s'est surtout occupée de pisciculture au sens strict du terme. Elle a cependant produit quelques travaux en matière de pêche en eaux libres :

• Lac d'AyaméC. REIZER1969
• Lacs de KorhogoC.PETEL1974
• Fleuves et rivièresJ. LAZARD1975.

Le Laboratoire d'Hydrobiologie de l'ORSTOM travaille pour l'heure sous contrat avec l'O.M.S. dans le cadre de la compagne de lutte contre l'onchocercose, précisément quant aux retombées environnementales du traitement insecticide des gîtes à simulies. Organisme préoccupé aussi et peut-être surtout de recherche fondamentale l'ORSTOM-Bouaké a produit divers travaux auxquels nous sommes référés, notamment celui relatif à la distribution ichtyofaunistique du Bandama.

L'initiative la plus intéressante est récente : elle émane du Profeseur Kouassi, responsable du Laboratoire de Zoologie de la Faculté des Sciences de l'Université d'Abidjan. Prenant le lac d'Ayamé comme support essentiel, l'équipe du Prf. Kouassi en étudie le fonctionnement environnemental écologique et humain. Les travaux suivants sont notamment publiés :

• Effort de pêcheN.Kouassi1980
• Fluctuations capturesN.Kouassi1981
• PlanctonCollectif1982–1982–1983.

Le projet PNUD-FAO/Kossou a généré un assez grand nombre de travaux sur le plus grand des lacs artificiels nationaux.

Théoriquement les projets PNUD-FAO-IVC/77003 et 84/001 comprenaient l'un et l'autre un volet “Développement Pêches” (et donc recherches minimales), mais en vérité peu de crédits ont été affectés à ce thème; l'essentiel allant aussi à la pisciculture sensu stricto.

Sur un plan plus général, certains travaux sont évidemment utilisables, ainsi en est-il de la climatologie, de l'hydrologie, de couvert végétal, de la végétation aquatique et de l'environnement humain, trois paramètres en réaction sur le modèle pêcherie. Divers organismes nationaux, étrangers ou multinationaux les prennent en compte.

L'observation fondamentale - et positive - est bien la tentative actuelle de l'université (Prf. Kouassi) de créer un Centre de Recherches hydrobiologiques. Le cadre existe, la motivation aussi; ne manque pour l'heure qu'un volume budgétaire suffisant.

223.13/.- Formation

6, voire 7 niveaux de formation et de fonction se hiérarchisent dans le domaine des Pêches Ivoiriennes : Pêcheurs sensu stricto, préposés, techniciens, techniciens supérieurs, ingénieurs des techniques, ingénieurs, docteurs vétérinaires.

Leur formations respectives sont assurées comme suit : Pêcheurs sensu stricto (tutelle : Min. du Développement Rural) Les pêcheurs sont formés directement sur le terrain. Chaque condidat est pris en charge par un préposé spécialisé en poste fixe en périphérie des lacs. Le temps de formation est fonction essentiellement de la capacité de la motivation du préposé et de la rigueur de l'encodrement supérieur. Sur Buyo, certains encadreurs forment un pêcheur en 3 semaines; tandis que les moins bons ont besoin de 4 mois pour un résultat identique.

Mais l'expérience de Buyo démontre aussi que le pêcheur ivoirien équipé et formé obtient des résultats supérieurs aux spécialistes “bozos” venus de leur lointain Mali.

De plus en plus, autour des lacs artificiels, et sur-tout de Buyo, les pêcheurs demandent à s'installer définitivement sur les lieux mêmes oú s'effectue leur formation. Il se crée ainsi, outour de chaque préposé un véritable village de pêcheurs nationaux. Opération bénéfique car elle facilite la poursuite de l'encadrement, au-delà de la période de formation initiale.

Un seul point négatif donc : le rythme trop bas de formation obtenu par certains encadreurs.

• Préposés (Tutelle : Min. du Développement Rural) Les préposés sont formés à l'Ecole de Pêche de Kossou.

Le recrutement s'effectue sur concours du niveau CEP (Ecole primaire). La formation dure 6 mois. Les effectifs d'élèves sont de ± 12/formation. Le rythme théorique est de 2 promotions/an.

Les résultats sont divers : il est indiscutable que les premières promotions comportaient des agents excellemment formés et motivés. Mais l'esprit de l'école a changé : le concours est trop livresque, trop théorique, il se limite pratiquement à une épreuve de français et de mathématiques; aucune prise en compte de l'origine “professionnelle” du candidat, alors que le recrutement pourrait privilégier à tout le moins les riverains, anciens des rivières et nouveaux des lacs artificiels.

La formation reçue est trop théorique, les enseignants-pêcheurs-professionnels trop peu nombreux; en fait il n'en est qu'un seul. Ici, la formation devrait être à 80 ou 90 % basée sut la protique professionnelle.

L'Ecole de Kossou o le mérite d'exister. Elle doit être mointenue, du fait de la demande considérable octuelle et future. Son rythme de formation doit être de 12 × 2 par on au maximum. Mais le programme doit être revu vers la diminution des cours théoriques (10 à 20 % au grand maximum), la quasi-totalité du temps devant être consacré à l'exercice sensu stricto de la pêche. Le nombre de pêcheurs professionnels d'encadrement doit être porté à 3, chacun prenant en charge 4 élèves au maximum. La formation pisciculture doit être supprimée.

Le site de Kossou convient parfaitement.

Les “Préposés” doivent pouvoir être recyclés, durant l mois chaque année. Ce recyclage se ferait au mieux sous forme de stages-séminaires organisés par un encadreur de niveau supérieur sur chacun des lacs, ou groupes de lacs.

La formation de Préposés-Pisciculteurs doit être organisée outrement et autre part qu'à Kossou. A ce niveau, la spécialisation doit être extrême pour une efficacité optimale.

• Techniciens PVA (niveau B2) (Tutelle : Min. de l'Agriculture).

Les Techniciens PVA' (anciennement Moniteurs) reçoivent la formation suivante :

La formation reçue à l'E.F. de Bouaké est quasi exclusivement axée sur la gestion de la forêt classée donc protègée. Les cours relatifs à l'hydrobiologie n'atteignent pas 40 heures/ 2 ans.

Ces techniciens forestiers sont donc spécialisés en dehors de notre discipline et nantis d'une philosophie protectionniste et non de production ou même d'exploitation du milieu naturel. Dès que ces diplômés sont affectés dans la nature, ils marquent une tendance très nette è devenir “contemplatifs”.

Avec le rapprochement de toutes les pêches au sein de la même direction, le recrutement pourra s'étendre aux Techniciens de l'Elevage formés dans une Ecole Spécialisée en la matière mais où les études ne durent qu'un an.

La formation spécialisée en Pêches Continentales (et d'ailleurs aussi en Pisciculture) fait défaut.

Techniciens Supérieurs PVA (niveau B1) (Tutelle : Min. de l'Agriculture).

Les Techniciens Supérieurs (anciennement Assistants) des PVA sont formés comme suit :

• Recrutement sur concours sur niveau BEPC
+ Lycée agricole de Bingerville
+ Ecole spécialisée Agriculture ou Elevage
                                                   ou Forêts (E.F. du Beven)

(niveau BEPC + 3 ans + 2 ans).

Certains en outre ont effectué une année de formation spécialisée au Centre de Formation des Pêches de Bouaké.

Sous “l'ancien régime”, seuls étaient récrutés les T.S. forestiers diplômés de l'E.F. de Banco (Abidjan).

Le Lycée Agricole de Bingerville délivre un diplôme d'agriculture tropicale de niveau réel BAC mais sans équivalence de droit. Cette mesure a été prise pour éviter la “fuite vers le haut” des diplômés.

Les remarques formulées à ce propos de la formation en hydrobiologie reçue dans les différentes écoles d'application post-LA, sont identiques à celles émises à propos du niveau précédent : elle est quasi-nulle.

Par contre, les titulaires de Brevet Professionnel Supérieur des Pêches, formés en l an au CFP doivent être considérés comme vraiment spécialisés. Mais chose étonnante, cette année d'étude supplémentaire n'est pas valorisée dans la fonction publique. En outre, les agents brevetés BPSP sont considérés comme polyvalents par leurs administrations et pas nécessairement affectés à des tâches exclusivement piscicoles. De 1967–1968 à 1982–83, 40 Ivoiriens ont été formés au CFP.

• Ingénieurs des Techniques (niveau A2) (Tutelle : Min. de l'Agriculture).

Les actuels Ingénieurs des Techniques sont formés à l'Institut Agricole de Bouaké.

Le recrutement est fait sur concours du niveau BAC. Les études durent 3 ans, ou plus exactement 3 × 11 mois de cours + l mois de congé. Elles se clôturent par un mémoire.

La philosophie de l'IAB est originale : elle pratique une pédagogie de projet, s'appuie sur le concret et, par la suppression du système scolaire des vacances et l'adoption du régime des salariés, rapproche les étudiants du travail vroi qui les attend.

La pratique des stages de terrain est généralisée.

Les reproches que l'on peut adresser à l'Ecole sont que la philosophie initiale n'est guère correctement appliquée : les stages en particulier sont plutôt mal organisés. Enfin, au plan de l'hydrobiologie, il n'est quasiment aucun projet qui ait été développé.

Cependant, l'Ecole en faisant du Développement Rural Intégré, sans peut-être le dire explicitement, remplit un rôle de premier plan.

Les IT diplômés de l'IAB sont bien appréciés dans le monde du travail pour autant qu'ils soient, dès leur titularisation, affectés à des travaux de terrain. Faute de quoi, ils sont souvent atteints aussi de la malodie du “travail assis ou de crayonnage”.

Sur le plan hydrobiologique, l'IAB n'a encore formé aucun spécialiste.

• Ingénieurs.

Les Ingénieurs Agronomes Ivoiriens sont formés, soit à l'étranger (5 ans d'études post-BAC + mémoire), soit en partie dans le pays suivant la formulation suivante :

• Recrutement sur concours niveau DUES (BAC + 2 ans)
+ Ecole Nationale Supérieure Agronomique - ENSA
+ Grandes Ecoles de 3° cycle étrangères
+ mémoire
(niveau DUES + 2 ans + 1 an).

Les avis sur la valeur de la formation reçue à l'ENSA sont très partagés. Il semble que l'on puisse dire que les élèves de niveau supérieur sont très correctement formés. Quant aux outres ce serait nettement moins bon.

Les Ingénieurs spécialisés en hydrobiologie ont été formés :

• Universitaires sensu stricto

Il existe aussi la possibilité de suivre la filière universitaire classique, à savoir :

• BAC

+ 1° cycle2 ans (niveau DUES ou DEUG) 
+ 2° cycle2 ans (niveau maîtrise) 
+ 3° cycle• 1 an avec mémoire → DEA
• thèse de spécialité → DT 3° cycle
• thèse d'Etat → Dt d'Etat.

Les vétérinaires, absents de l'Administration des Eaux et Forêts, mois présents dans le Service des Pêches Maritimes et Lagunaires et donc dans l'actuelle direction des Pêches sont formés classiquement en 6 années d'études post-BAC en Grandes Ecoles spécialisées.

On notera à ce propos que le Service du Professeur Kouassi de l'Université d'Abidjan forme des hydrobiologistes “de recherche” par la formation suivante :

• Maîtrise sciences:Univ. d'Abidjan
• AEA:Univ. étrangère spécialisée
• DEA:Univ. d'Abidjan
• Dt 3° cycle:Univ. d'Abidjan.

• Vue d'ensemble

Schématiquement la situation se présente comme suit :

Légende

  1. Ecole des Pêches de Kossou : CEP + 6 mois
  2. Ecoles spécialisées Techniciens Agriculture Elevage BEPC + 1 an 21 Ecole Forestière de Bouaké BEPC + 2 ans
  3. Lycée Agricole de Bingerville (DAT)
  4. Lycée délivrant BAC officiel
  5. Ecoles spécialisées de TS dont Forestière du Banco : BAC + 2 ans 51 Centre de Formation Piscicole de Bouaké (BPSP, non reconnu) Théoriquement accessible en l an post-BAC
  6. Institut Agricole de Bouaké BAC + 3 ans
  7. ENSA : DEUG + 2 ans
  8. Ecoles d'Applications d'Ingénieurs, étrangères
  9. Grandes Ecoles au

Les remorques les plus frappantes sont les suivantes :

223.14/. - Conclusion

Au plan administratif, la Côte d'Ivoire vient de se doter d'un nouvel organigramme caractérisé par un regeoupement de toutes les pêches et de toutes les aquicultures sous la même direction générale et la même tutelle ministérielle.

Au plan de la recherche, 2 organismes se préoccupent pour l'heure des eaux libres, d'une part l'ORSTOM - Hydrobiologie Bouaké dans le cadre d'un contrat OMS-Onchocercose, d'autre part une équipe de Laboratoire de Zoologie de l'Université dirigée par ie Professeur Kouassi qui, faute de moyens vrais, se limite au seul lac d'Ayamé.

Au plan de la formation, il se remarque que les spécialistes en pêches ne sont formés qu'à 3 niveaux : préposés par CEP + ½ année, techniciens supérieurs par BAC + 2 + 1, ingénieurs à l'étranger.

223.2/. - Contexte technique

223. 21/.- Pêches moritimes

Peu tourné vers la mer l'Ivoirien n'a également que peu développé la pêche artisanale d'inspiration traditionnelle. Les ressources de son plateau continental étaient beaucoup plus exploitées par les Ghanéens, voire les Sénégalais que par les Nationaux.

Aussi, dans la décennie 1960, le Gouvernement a-t-il pris l'option prioritaire de mettre en place une flotte de pêche de nature industrielle, ne pouvant s'appuyer sur une flottille artisanale qui aurait pu être améliorée.

Cependant, la pêche artisanale côtière a connu un certain essor, d'autant qu'un projet financé par la C.C.C.E. (Caisse Centrale de Coopération Economique) se charge de développer le secteur de San Pedro depuis 1977.

La pêche maritime industrielle actuelle dispose d'un armement de près de 60 navires : 25 chalutiers, 21 sardiniers, 10 thoniers, l'un ou l'autre palangrier. Il est généralement admis que cette infrastructure est surdimensionnée par rapport aux ressources nationales. Aussi la C.I. dépend-elle d'accords internationaux, notamment avec la Guinée, qui ouvrent aux bôteaux ivoiriens des champs de pêche plus étendus. Une part importante (40%), surtout issue des thoniers, est traitée sur place et exportée.

En 1981, cette production maritime se répartissait comme suit :

• Pêche industrielle  
  • Sardiniers22.500 T  
  • Thoniers18.500 T(réexportées en totalité)
  • Chalutiers  7.000 T  
TOTAL P.I. 48.000 T 
• Pêche artisanale 13.000 T 
• TOTAL Pêche maritime  61.000 T

dont 42.500 T demeurent en Côte d'Ivoire.

223.22/.- Pêches lagunaires

Il est généralement estimé que le potentiel halieutique lagunaire théorique de 20.000 T, n'est que partiellement exploité. Alors que des signes évidents de sur-exploitation apparaissent en lagune Aby, ils sont déjà moins prononcés en Ebrié et seraient plutôt indicateurs de sous-exploitation en Fresco.

Le cas de la lagune Aby est particulier : le plan d'eau (42.530 ha) a été l'objet d'un projet de développement à financement national, de type au moins semi-industriel, sinon industriel senês tournantes, embarcations motorisées. Les pêches y ont connu ces dernières années une chute spectaculaire, témoignant d'une sur-exploitation intense. Pour preuve, le tableau suivant :

 1979198019811982
 T%T%T%T%
Ethmalose  6.900634.00055   60011   40011
Autres  4.100373.200454.400893.10089
TOTAUX11.000 7.200 5.000 3.500 

Cette situation est à considérer comme un accident de parcours, qui du strict point de vue scientifique est intéressant car il permet d'approcher de façon plus précise le chiffre de productivité - base, soit 180 kg/ha/an pour Aby, un peu moindre pour les autres.

La production halieutique lagunaire réelle peut donc être estimée à ± 13.000 t/an/1982.

223.23/.- Pêches dulcicoles

223.23.2/.- Impression d'ensemble

La Côte d'Ivoire est en situation particulière quant à sa population active : 30 % de celle-ci est d'origine et demeure de nationalité étrangère.

Le milieu des Pêcheurs Continentaux subit aussi le phénomène, amplifié d'une part par l'absence de tradition halieutique nationale, d'autre part, par l'excellence de la tradition halieutique de groupes allochtones proches, Bozos et Somonos du Niger malien tout particulièrement, mais aussi Ghanéens, voire Béninois.

Ce facteur présente une importance première comme les pages suivantes le montreront. Il domine en fait le monde de la pêche dulcicole nationale, particulièrement sur les grands et moyens lacs artificiels.

223.23.2/.- Fleuves et rivières

Il y a à peine une génération, la pêche en eaux courantes ne s'exercait que durant l'étiage et par le fait de groupes étrangers migrants : Ghanéens, Béninois, Maliens.

La situation s'est profondément modifiée depuis :

Le matériel utilisé est de facture moderne : filets maillants dormants en nylon, palangres non appatées, nasses, pirogues monoxyles, parfois assemblées, le poison naturel ou de synthèse, est encore trop souvent employé dans les petites rivières côtières du Sud.

La produçtion est consommée en frais sur place, à 95 %. La quantification est difficile vu la dispersion de l'effort de pêche, géographique et humaine. Elle atteint, en première approximation, la possibilité, soit d'après Lazard - 1976, 20.000 t; mais à notre estime, comme nous l'avons dit antérieurement, ce chiffre est surévalué : 10.000 t nous paraissent plus proche de la réalité. Quelques endroits éloignés demeurent sous-exploités : le Komoé, entre Alépé et Bétié, le Cavally entre Tai et Grabo.

La fermeture de la pêche lacustre en 1983/84 (Cfr. infra) a provoqué une dérive des pêcheurs, des lacs vers les fleuves, entraînant en certains endroits au moins, une sur-exploitation nette. Le problème devrait se résoudre de lui-même avec la réouverture des eaux stagnantes; la résilience des poissons ivoiriens fera le reste.

A noter, l'importance grandissante de la pêche sportive, lancer et traîne surtout, s'adressent préférentiellement à Lates et Hydrocyon (ceci est également vrai pour les lacs).

Les fleuves, écologiquement perturbés depuis la construction de grands barrages, sont à surveiller de très près si on veut sauvegarder leur possibilité naturelle.

Aucun projet de développement ne s'est préoccupé de la pêche en eaux courantes.

223.23.3/. - Lacs artificiels

Comme dit antérieurement, en une génération, la Côte d'Ivoire s'est doté d'un outil remarquable de maîtrise de ses eaux courantes, les lacs artificiels de toutes destinations, de toutes importances, sont nombreux dans le pays.

Du point de vue du développement de leurs pêches, les retenues nationales ont vécu des sorts divers. Mais, à l'exception des lacs privés COFRUITEL au Sud, tous sont mis en valeur.

Les embarcations de pêche ont d'abord été in pirogue monoxyle puis, suite aux initiatives des projets Kossou puis Buyo, une pirogue assemblée, moins durable certes, mais infiniment moins couteuse et surtout meilleure valorisatrice du bois abattu. L'actuelle pirogue Buyo présente de multiples avantages même sur la Kossou et doit être conseillée. C'est un des points les plus positifs du projet CCCE.

Les engins de pêche sont de facture moderne : le filet maillant dormant domine.

La production est aussi difficile à chiffrer qu'en eaux courantes. Il nous semble que l'on doivent distinguer :

Nous proposons dès lors de retenir des chiffres de production égaux aux chiffres des possibilités, soit in globo 15.000 t/an.

En fait, le problème majeur de la pêche sur les lacs ivoiriens tient à la présence d'étrangers face à des nationaux maintenant formés - indirectement par les préposés issus du Centre de Kossou - et désireux de s'adonner à la pêche professionnelle. Face à ces pêcheurs étrangers, les Ivoiriens ont - ont eu - une réaction, soit de retrait (“nous n'irons pêcher que quand les Bozos seront partis - Ayamé - 1984”), soit de conflit (“Kossou -09/83”). Les incidents furents nombreux justement à Kossou, amenèrent morts d'hommes et incitèrent finalement les ministres de tutelle à fermer la pêche du 01.10.83 au 31.03.84. D'où, comme dit antérieurement, la dérive des pêcheurs des eaux lacustres vers les rivières. La pêche a été réouverte le 01.04.84, mais dans les conditions développées ci-dessous. La philosophie de celles-ci est bien dans l'esprit politique de la CI, elle pourrait se résumer ainsi de façon très interprétative : “La CI est accueillante à tous, y compris aux pêcheurs étrangers, mais à condition que les activités n'y soient pas pratiquées de façon anarchique”. D'où les conditions imposées. Parmi celles-ci, à remarquer l'exigence d'un certificat de résidence qui implique l'accord des autorités villageoises coutumières. Le but final est néanmoins de remplacer progressivement les étrangers par des nationaux.

MINISTERE DU DEVELOPPEMENT RURALREPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE
MINISTERE DE L'INTERIEURUnion - Discipline - Travail

Décision No                     

VU   le décret no 83–1314 du 18 novembre 1983, portant nomination des Membres du Gouvernement;

VU   le décret no 78–449 du 17 mai 1979, fixant les attributions du Ministère de l'Intérieur et portant organisation dudit Ministère;

VU   la nécessité de règlementer les activités pêches sur les lacs de barrages et d'une façon générale dans les eaux intérieures du territoire ivoirien

Les Ministres du Développement Rural et de l'Intérieur

DECIDENT

Article 1er - La pêche professionnelle dans les eaux intérieures ivoiriennes est soumise désormais à l'obtention d'un permis de pêche délivré par les services compétents.

Article 2 - Le permis de pêche est nominatif et personnel, il est renouvelable tous les ans sur demande du titulaire

Article 3 - Le permis de pêche est soumis à une taxe dont le montant et les modalités seront définis ultérieurement

Article 4 - L'obtention du permis implique le respect du règlement en vigueur.

R E G L E M E N T

Article 5 - La décision d'autorisation sera assortie d'une plaque d'immatriculation pour la pirogue, portant le même numéro que le permis de pêche. Cette plaque sera fixée à l'avant gauche de la pirogue.

Article 6 - Les engins utilisés sont exclusivement les lignes, les palangces, l'épervier, les nasses, les filets maillants et les sennes.

Article 7 - Les présents règlements ne concernent pas les pêcheurs occasionnels utilisant une ou plusieurs lignes.

Article 8 - La non observation du règlement entraîne le retrait temporaire ou définitif du permis de pêche.

Article 9 - Les services de police, police-pêche, gendarmerie et des Eaux et Forêts sont habilitéd à constater les infractions au présent règlement.

Article 10 - La présente décision sera enregistrée et publiée partout où besoin sera.

LE MINISTRE DU DEVELOPPEMENT RURALLE MINISTRE DE L'INTERIEUR
  
G. LAUBHOUET VALLY.L. KONAN KOFFI

L'analyse comparative des situations de fait vécues sur les 4 grands lacs EECI - Kossou, Buyo, Ayamé, Taabo - est d'autant plus riche d'enseignements que les politiques y appliquées furent différentes.

Ayamé

Mise sous eau en 1959, la retenue n'a bénéficié d'aucun programme de formation malgré les recommandations que faisait le rapporteur, auteur d'une monographie du lac en 1967.

Le résultat est le suivant :

• 1964 : 120 pêcheurs dont 6,soit 6,6 % Ivoiriens
• 1978 : 1.058 pêcheurs dont 50,soit 4,7 % Ivoiriens

Avec 1.058 pêcheurs, le lac atteint une densité de

= 0,1 pêcheur/ha (10 P/km2), supérieur aux normes Henderson.

Il s'en déduit ceci :

Kossou

Mis sous eau en 1970, la retenue a bénéficié d'un programme de développement, notamment supporté par le PNUD-FAO. Celui-ci a entre autres initiatives, généré la création du Centre de Formation des Préposés des Pêches, toujours en fonctionnement. Une trentaine de préposés ont été formés et affectés au lac. Il apparait, en outre, que durant le dit-projet les pêcheurs ont été formés et encadrés. A son issue, près de 500 pêcheurs ivoiriens étaient en opération.

Le projet pris fin en 1975 et l'encadrement fut confié à l'Administration des Pêches (DPPC). Fin 1983, un nombre extrêmement faible de pêcheurs nationaux continuaient leurs activités. Par contre, les étrangers y étaient nombreux, et des heurts risquaient de se produire, relatés antérieurement.

Il s'en déduit ceci :

Buyo

Mis sous eau en 1980, Buyo vit présentement un projet de développement de 1o phase.

Cet encadrement réalisé par un organisme autonome, l'ARSO, actuellement dissout, est supporté financièrement par la CCCE.

L'opération qualifiable donc de 1o phase a débuté très lentement pour différentes raisons : fin 1983, 238 pêcheurs avaient été formés. En vitesse de croisière, la formation devrait être de 1 pêcheur/mois/encadreur, soit 1 × 12 × 16 = 192 pêcheurs/an. Fin 1985, à l'expiration du projet, 622 pêcheurs ivoiriens seraient au travail.

Comme nous le disions ci-dessus, la mise en route a été laborieuse, à commencer par une perte quasi-sèche de 16 mois.

Les causes sont à rechercher dans la lourdeur administrative résultant des relations BNDA/CCCE/pêcheurs-charpentiers; mais aussi, et peut-être surtout, dans l'absence flagrante de dynamisme de certains encadreurs; ainsi.

Sur cette base, exiger de chaque encadreur, la formation d'un pêcheur par mois relève du possible immédiat. Enfin, rappelons qu'à Buyo, il y a confusion - voulue - entre l'encadrement “Développement - Projet CCCE sensu stricto” et l'encadrement “DPPC sensu stricto” : les mêmes personnes cumulent sinon dirigent les deux opérations. Ce n'est pas idéal. A l'actif de Buyo, la mise au point d'une pirogue très performante.

Taabo

Lac de reprise de Kossou, Taabo n'a connu d'autre projet que du fait de l'administration. Les résultats sont du type mitigé fortement.

223.23.3/.- Conclusion

Les pêcheries dulcicoles, encadrées par la DPPC au plan administratif, n'ont connu de projet vrai de développement que sur Kossou (abandonné) et Buyo (actuel).

De l'expérience vécue sur les grands lacs EECI, se dégage une ligne de conduite :

  1. - 2 phases au moins  A/- initiale : encadrement dense
    B/- de poursuite : encadrement plus léger

  2. - Les opérations de développement doivent être confiés à une autorité A/- autonome
    B/- doté de la personnalité juridique et financière

  3. - L'administration doit voir son rôle confiné dans la surveillance et le respect de l'application des lois.

223.24/.- Conclusion

Pêches maritimes, lagunaires et dulcicoles - courantes et stagnantes - se différencient nettement. Un seul point est commun et encore : le peu de tradition halieutique des Ivoiriens, à l'exception de groupes lagunaires.

Les choses ont néanmoins fortement changées en une génération : des Ivoiriens sont devenus pêcheurs professionnels efficaces, en particulier en eaux douces lacustres, sous l'impulsion des projets de coopération multi- et binationaux, mais aussi du contexte socio- économique.

Mais dans le même temps, nombre de professionnels étrangers, qualifiés ici de “Bozos”, ont aussi pris en charge l'exploitation des eaux douces, particulièrement lacustres.

Le contact entre ces deux groupes a généré soit un retrait des nationaux (Ayamé - lacs du Nord), soit des conflits ouverts (Kossou). Les interventions administratives ont été d'abord de fermer la pêche, ensuite de la réouvrir sous conditions strictes d'inscription et d'autorisation. Solution à l'africaine s'il en est.

L'analyse met aussi en évidence que le “Développement” ne peut être réalisé efficacement que par des organismes autonomes. L'administration sensu stricto doit avoir un rôle outre.

223.3/.- Contexte commercial

De ce point de vue, la situation ne connaît aucun problème : la dispersion géographique des sources de production, la position centrale de 3 des grands lacs, le regroupement de l'habitat en entités citadines bien distribuées dans tout l'espace national, l'excellence du reseau routier, le climat socio-économique générateur d'initiatives, le niveau des revenus monétaires enfin, autant de faits qui expliquent cette situation harmonieuse.

Le poisson est en très grande quantité consommé frais, sur place d'abord, à distance ensuite, transporté dans ce cas par camion isotherme sous glace (exemple : Kossou → Abidjan).

Les prix, voriables suivant les espèces, les tailles et bien sûr les marchés, vont de 200 fr/kg au minimum à 1.000 voire 1.500 fr au maximum (gros Lates au Chrysichthys sur le morché d'Abidjan. Un prix moyen approximatif serait de 500 fr/kg - 1984).

Sur cette base, le volume monétaire producteur annuel atteindrait approximativement : 500 f1 CFA/kg × 25.000.000 kg = 12,5 × 109 fr CFA

223.4/.- Synthèse

Les pêches - et l'acquiculture - maritimes, lagunaires et dulcicoles - sont, depuis peu, placés sous une même tutelle ministèrielle, sous une même direction.

La recherche n'a été le fait que de trois organismes :

La formation n'est assurée qu' à certains niveaux. Fait totalement défaut, une Ecole d'Agents Techniques (BEPC + 2).

Au plan technique, l'Ivoirien, peu pêcheur à l'origine, se met à cette activité s'il est formé, équipé et encadré suffisamment et pendant assez longtemps (10 ans). Mais le problème actuel principal demeure les conflits entre autochtones et allochtones.

Aucun problème n'existe en ce qui concerne la commercialisation. Les sources de poisson dulcicole indigène ont littéralement remplacé les approvisionnement séculaires orginaires du Mali.

224/.- DIAGNOSTIC

La comparaison des termes du trinôme classique, Possibilité - Production - Demande, conduit au diagnostic suivant :

Dès lors, la situation actuelle - tendance à la sur-exploitation - se maintiendra, voire s'amplifiera d'ici l'an 2000.

Ainsi se justifie :

1o - la mise en place de structures administratives pour une gestion équilibrée des ressources existantes;

2o - la mise en place de “techniques intermédiaires” d'intensification; en l'occurence, l'élevage en cages, relais intéressant entre la pêche en milieu naturel et la pisciculture en milieu maîtrisé.


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