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Livres


Une étude sur l'économie pastorale
L'action de l'homme sur la nature

Une étude sur l'économie pastorale

The economics of pastoralism: a case study of sub-Saharan Africa (L'économie pastorale: une monographie sur l'Afrique au sud du Sahara), par Z.A. Konezacki Frank Cass and Co. Ltd., Londres, 1978. 185 pages, 9,50 £.

Le pastoralisme n'a guère retenu l'attention des économistes et, dans sa majorité, la littérature sur le sujet relève de l'anthropologie, des sciences naturelles ou de l'écologie. L'ouvrage de Konezacki, avec ses études sur diverses économies pastorales subsahariennes, comble heureusement cette lacune.

D'après l'auteur, le pastoralisme est une activité économique dans le cadre de laquelle l'homme et les troupeaux d'animaux domestiques vivent en symbiose, ce qui exclut tant l'élevage commercial à grande échelle que l'exploitation de quelques têtes de bétail sur des terres agricoles. En fait, les spéculations animales constituent la principale source de subsistance des populations pastorales, encore qu'elles puissent se combiner avec des productions végétales. Le pastoralisme se présente sous diverses formes: nomadisme, semi-nomadisme, transhumance (migrations saisonnières), toutes étudiées par Konezacki.

Le livre est centré sur les zones à faible pluviométrie (moins de 500 mm par an) et sur les pays les moins développés de ces zones. Selon Konezacki, les ressources herbagères des zones arides sont soit mal utilisées, faute d'une approche scientifique, soit inutilisées en raison de difficultés d'accès. Cette situation est d'autant plus grave qu'en l'absence d'autres possibilités locales d'emploi, le pastoralisme assure la subsistance de la majeure partie de la population de ces régions.

Parmi les caractéristiques du pastoralisme au sud du Sahara, l'auteur cite notamment: (a) les conditions écologiques défavorables qui limitent les capacités du sol; (b) la proportion insignifiante de terres cultivées, la majeure partie du sol étant couverte par des pâturages, des prairies ou des forêts; (c) le fait que l'élevage est la principale source de subsistance et la base de l'économie; (d) la survivance de pratiques pastorales désuètes: troupeaux nombreux, propriété collective des terrains de parcours qui ont tendance à être surpâturés; (e) le volume généralement négligeable du commerce des produits de l'élevage, les économies pastorales étant pour une large part autarciques.

D'après l'auteur, le principal problème auquel doivent faire face les populations pastorales des zones arides consiste à ajuster la taille de leurs troupeaux en fonction des sources naturelles d'alimentation. Il importe, précise-t-il, d'assurer un équilibre stable sur le plan tant écologique qu'économique entre les populations humaine et animale d'une part et la terre d'autre part. Il établit une intéressante comparaison entre un modèle de société pastorale «idéale», qui répond aux conditions essentielles pour parvenir à cette fin et la société pastorale telle qu'elle se présente dans la réalité. Si l'on veut atteindre l'équilibre indispensable à la survivance du pastoralisme comme mode de vie et mode de production, conclut Konezacki, une intervention extérieure est inévitable.

L'ouvrage traite aussi de l'aménagement scientifique des terres pastorales, généralement surpâturées, et des problèmes que pose l'expansion des troupeaux.

L'auteur consacre un des chapitres à une monographie sur la Somalie, en centrant l'attention sur les aspects économiques du pastoralisme nomade. Près des deux tiers des Somalis sont des nomades et ce fait pèse évidemment d'un grand poids sur l'économie. La planification économique à partir de 1950 et les facteurs qui ont conduit à un accroissement spectaculaire des exportations de produits de l'élevage sont examinés. L'auteur passe aussi en revue les mesures prises par le gouvernement pour remédier aux conséquences de la récente sécheresse.

Les effets de la sécheresse qui a sévi dans les pays du Sahel - Mauritanie, Sénégal, Mali, Haute-Volta, Niger, Tchad - et a ému le monde entier, sont évalués. Une place spéciale est faite aux interventions de l'homme qui ont directement ou indirectement provoqué une famine généralisée et d'énormes pertes dans la population animale: luttes contre les maladies par la vaccination et l'immunisation conduisant à un accroissement excessif des effectifs, exécution de programmes de creusement de puits profonds en vue de développer les installations d'abreuvement, ce qui a entraîné un surpâturage dans un rayon de plus en plus large, etc. L'auteur met à juste titre en question non pas les intentions des planificateurs mais leur connaissance des problèmes qu'ils avaient à résoudre. Il analyse de façon critique les propositions faites pour surmonter les difficultés fondamentales de ces régions, notamment les projets de sédentarisation obligatoire.

L'auteur décrit également la situation de la production animale du Botswana, où la population vit en grande partie de l'élevage. Il souligne l'augmentation rapide du cheptel et la dégradation des pâturages qui en résulte; il fournit des renseignements sur les efforts faits par le gouvernement pour assurer l'aménagement des terrains de parcours de façon scientifiquement contrôlée.

L'ouvrage se termine par un exposé des approches adoptées pour résoudre l es problèmes du pastoralisme sud saharien. Konezacki fait observer qu'une étude attentive des méthodes modernes de planification appliquées au secteur pastoral démontre que l'on continue de recourir à des mesures qui encouragent le développement excessif des troupeaux, même si tel n'est pas le but recherché; les planificateurs ont par ailleurs négligé de prévoir des mesures propres à améliorer l'aménagement des terrains de parcours, la commercialisation et les régimes fonciers. Konezacki affirme aussi que les résultats des tentatives faites par les gouvernements pour sédentariser les nomades ont été décevants et il ajoute que les crédits consacrés à ces programmes seraient mieux utilisés si on s'en servait pour améliorer les méthodes pastorales de production.

Il suggère aussi une série de mesures sectorielles notamment (a) l'introduction d'un plan d'assurance destiné à protéger les pasteurs nomades contre les calamités naturelles; (b) la réforme des régimes fonciers en vigueur; (c) l'adoption de politiques visant à créer des emplois de rechange; (d) l'institution de coopératives agricoles pour les petits éleveurs et (g) la limitation de la taille des troupeaux. Bref, conclut Konezacki, il ne s'agit ni de maintenir le statu quo ni de faire table rase du passé, mais de réformer la situation actuelle.

P. ARGAL

L'action de l'homme sur la nature

Conservation and agriculture, J.G. Hawkes, Gerald Duckworth and Co., Londres, 1978, 14 £ (au Royaume-Uni), 284 pages.

Cet ouvrage traite de l'action qu'exerce l'un sur l'autre l'homme et son milieu naturel et indique comment trouver une juste voie entre la protection de l'environnement et l'utilisation des terres. Les auteurs des articles sont des spécialistes de différentes disciplines, notamment l'archéologie, l'écologie, la foresterie et la géographie.

Plusieurs d'entre eux se penchent sur l'histoire du développement de l'agriculture. G.W. Dimbleby examine dans un vaste contexte temporel et spatial certains des changements notables imprimés à l'environnement naturel par l'évolution de la forêt, d'abord terrain de chasse et de cueillette voué par la suite à des activités d'élevage et de culture. H. Thorpe a élaboré une monographie décrivant l'action réciproque de la terre et de la population, et retraçant l'évolution de l'environnement au cours de trois millénaires dans le comté de Warwick (Royaume-Uni). D. Brothwell examine l'influence des populations humaines sur la survivance, la biologie et la santé d'un grand nombre d'espèces animales, en particulier celles qui présentent un intérêt pour l'alimentation.

Une section de l'ouvrage traite de la menace qui pèse sur les ressources génétiques mondiales et des moyens de protéger le matériel indispensable au développement de lignées et races améliorées de plantes et d'animaux domestiques. Le point de vue défendu ici est que la bonne utilisation ou l'exploitation irrationnelle de toutes les ressources, y compris des ressources génétiques, dépendent en fin de compte de décisions de caractère politique. L'action politique est donc, selon les auteurs, tout aussi nécessaire que la recherche scientifique pour protéger les ressources génétiques. Erna Bennett, généticienne attachée à la Division de la production végétale de la FAO, souligne les menaces pesant sur les ressources génétiques végétales et la nécessité de les protéger. Elle fait observer que s'il existe une multitude d'espèces végétales, l'homme n'en a utilisé qu'un nombre relativement restreint et qu'en outre les principales cultures peuvent se compter sur les doigts de la main. M. O. Frankel présente une excellente étude sur le potentiel génétique des plantes alimentaires. L'auteur traite de la prospection et de la conservation des ressources génétiques ainsi que de leur évaluation systématique, indispensable pour leur utilisation: il donne une description détaillée du matériel récolté ainsi que des renseignements sur l'éducation et la formation du personnel. J.L. Henson, traitant des animaux de ferme devenus rares au Royaume-Uni, note que certaines races utiles ont disparu tandis que d'autres pourraient fort bien s'éteindre à moins que de sérieux efforts ne soient faits pour les sauver.

Centrant son attention sur la forêt et les ressources forestières, M. K.F.S. King, Chef du Conseil international de la recherche agrosylvicole, Nairobi, et ancien Sous-Directeur chargé du Département des forêts de la FAO, évoque le rôle économique et écologique des forêts dans le développement, en particulier dans le tiers monde. Les forêts peuvent être aménagées de façon à favoriser le développement économique, exercer un rôle protecteur et servir à des fins récréatives. L'auteur fait observer que l'exploitation et l'aménagement forestiers peuvent toutefois mettre en danger certaines essences et finalement modifier le jeu de la concurrence en forêt. Tout devrait donc être mis en œuvre pour protéger les essences menacées et conserver des zones représentatives des formations végétales et des écosystèmes dans le monde entier.

Examinant l'état actuel du patrimoine génétique des essences forestières, R.H. Kemp et J. Burley indiquent que le nombre d'essences menacées d'extinction est assez restreint mais cette affirmation risque d'être contredite par beaucoup de spécialistes de la conservation. Les auteurs s'inquiètent toutefois de la destruction massive de la forêt dans bien des parties du monde, en particulier dans les régions tropicales, car elle pourrait entraîner la disparition d'essences de valeur mal connue. Ils pensent que l'on n'a exploré que quelques-unes seulement des essences dont on sait déjà qu'elles peuvent être utilisées avec profit dans des forêts de plantation hautement productives, et il est à craindre que des provenances intéressantes disparaissent avant même que l'on ait eu la possibilité de les évaluer et de s'en servir.

Une autre section de l'ouvrage est consacrée à la production alimentaire en Inde. M.S. Gill dresse un bilan lucide des efforts efficaces faits pour accroître la production de blé dans les régions irriguées du nord-ouest (Pendjab). J.C. Harris souligne les progrès de la production rizicole dans l'Etat méridional de Tamil Nadu et J.B. Hutchinson évalue l'ensemble des résultats obtenus dans le domaine de la production alimentaire en Inde.

La question de l'équilibre à maintenir entre la production alimentaire et la protection de la nature est également abordée. M.W. Holdgate estime que cet équilibre est une composante dont il faut tenir compte dans l'exploitation des sols. Pour décider de la vocation d'une terre, dit-il, il convient de prendre en considération ses caractéristiques écologiques propres, notamment les conditions socio-économiques des communautés vivant dans la région.

Ce volume, agréablement présenté, devrait intéresser un vaste public, mais s'adresse en particulier à ceux qui ont pour mission de protéger l'environnement.

P. ARGAL

Cahiers techniques de la FAO...

Cette collection présente constamment de nouvelles études sur les problèmes propres à la sylviculture. Elles existent pour la plupart en français, anglais et espagnol. On peut se les procurer, contre remboursement des frais, auprès de la Section distribution et ventes, FAO, via delle Terme di Caracalla, 00100, Rome ou auprès des agents et dépositaires dont la liste figure à la page 3 de la couverture

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