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Environnement

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Notre avenir à tous: Le rapport de la CMED

La Commission mondiale de l'environnement et du développement (CMED) a été créée par la résolution 38/161 de l'Assemblée générale des Nations Unies à l'automne de 1983. Conformément à cette résolution, le Secrétaire général a nommé le président et le vice-président de la Commission, qui ont à leur tour choisi les 21 autres membres dont la moitié devaient obligatoirement être ressortissants de pays en développement.

La Commission a présenté son mandat en organisant une série de réunions publiques à travers le monde pour solliciter l'opinion des hommes politiques, des scientifiques et des experts ainsi que des organisations non gouvernementales et du grand public.

En avril 1987, elle a présenté son rapport intitulé «Notre avenir à tous», mais généralement appelé Rapport Brundtland, du nom du président de la Commission, Gro Harlem Brundtland, premier ministre norvégien. Cet ouvrage est publié en édition de poche par l'Oxford University Press, Oxford, Royaume-Uni.

Le message du rapport est essentiellement le suivant: il ne peut y avoir de croissance économique soutenue sans un environnement équilibré; il est grand temps de faire de la notion de développement durable un principe éthique mondial et de reconnaître que la protection de l'environnement est la base du développement économique et social à long terme.

La Commission estime que si les politiques de développement et de protection de l'environnement ne changent pas, l'instabilité sociale et écologique ne peut que s'aggraver. Comme les lois naturelles et celles de l'économie étroitement interdépendantes sont immuables, ce sont donc les politiques et les institutions qu'il faut changer.

Sur le plan institutionnel, l'aménagement des ressources naturelles et la protection de l'environnement sont dissociés de la gestion économique, fait observer la Commission. La plupart des organismes chargés de l'environnement ont été créés dans le but de réparer les dégâts causés par d'autres ministères s'occupant, au sein des mêmes gouvernements, de la production et de la croissance économique.

AMÉNAGEMENT INTÉGRÉ DES BASSINS VERSANTS EN THAÏLANDE ces projets doivent recevoir une aide accrue

Les gouvernements ne parviennent pas à faire en sorte que les organismes dont l'action dégrade l'environnement aient eux-mêmes la responsabilité de prévenir cette dégradation; c'est là une grave lacune institutionnelle.

Il faut que les grands ministères économiques et techniques soient responsables de la qualité de l'environnement dans les zones touchées par leurs décisions et que de puissants ministères de l'environnement soient créés pour contrôler leur action.

Le rapport est axé sur six domaines prioritaires: population, sécurité alimentaire, disparition des espèces et des ressources génétiques, énergie, industries et établissements humains.

La question des forêts est traitée dans plusieurs contextes.

Le rapport insiste sur la nécessité de modifier les systèmes de fiscalité et d'exploitation forestières ainsi que les modalités de concession, ce qui permettrait d'accroître les recettes de plusieurs milliards de dollars, d'utiliser plus efficacement les ressources et de mettre un frein au déboisement.

La Commission estime que le bois de feu est une ressource en voie de disparition et que de nombreux pays doivent immédiatement aménager leur secteur agricole afin de produire en abondance du bois de feu et d'autres combustibles végétaux. La ligniculture commerciale, les plantations dendroénergétiques et les «ceintures vertes» permettront de satisfaire les besoins en bois de feu des zones urbaines, tandis que les zones rurales qui manquent de bois devront en produire au même titre que les cultures de subsistance, en utilisant diverses techniques agroforestières.

La Commission a noté que les programmes de préservation des écosystèmes forestiers doivent s'appuyer sur la population locale, qui est à la fois victime et responsable des dégâts. Il faut accorder la priorité à la production vivrière et aider les cultivateurs à pratiquer une agriculture plus intensive; les gouvernements doivent veiller à ce que les politiques de conservation tiennent compte avant tout des intérêts des agriculteurs.

La Commission estime que les ressources génétiques animales et végétales constituent une richesse économique inexploitée qui vaut des milliards de dollars; mais comment réaliser ce potentiel, alors que les forêts tropicales disparaissent à un rythme accéléré et surtout alors que les bénéfices reviennent aux pays industrialisés, qui ont les moyens et les techniques nécessaires pour capitaliser les gains, tandis que les pays en développement, auxquels appartiennent ces ressources, n'ont pas encore pu avoir leur part des profits?

Les programmes d'assistance au développement devraient consacrer une part accrue de leur aide à l'amélioration de l'environnement et à la valorisation des ressources: reboisement et plantations de bois de feu, protection des bassins versants, conservation du sol, agroforesterie et remise en état des réseaux d'irrigation.

La Commission a noté qu'un plan d'action en faveur des forêts tropicales coûterait 1,3 milliard de dollars par an, pendant cinq ans, soit l'équivalent d'une demi-journée de dépenses militaires mondiales.

Les conclusions et les recommandations de la Commission corroborent les priorités et les stratégies du Plan d'action forestier tropical, dont l'objectif est d'aider les pays en développement à assurer la conservation et le développement durable des ressources forestières. Les principales recommandations du Plan concernent l'intégration des arbres dans l'agriculture, la rationalisation de la dendroénergie, l'agroforesterie et les petites industries forestières au service de la sécurité alimentaire, la conservation des écosystèmes, la participation populaire et les réformes institutionnelles.

R. Pardo

RAPPORT DE LA CMED «Les élèves des écoles rurales doivent apprendre ce qu'est le déboisement et ce que peuvent faire les communautés et les pour y remédier.»


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