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Livres


Servir l'intérêt public
La foresterie au Sahel
Inventaire des arbres menacés
Arbres tropicaux: Atlas d'identification

Livres

Servir l'intérêt public

The purpose of forests: follies: of development. The speeches and writings of Jack Westoby. (Exploiter les forêts: les folies du développement - Discours et écrits de Jack Westoby, présentés par A.J. Leslie). Oxford et New York, Basil Blackwell Ltd., 1987. 343 p. Prix: £stg 35.

Admirateur de vieille date de Jack Westoby, j'étais sûr que le livre dans lequel Alf Leslie a rassemblé les discours et les écrits de Jack serait un ouvrage hors du commun. Je dois dire que je n'ai pas été déçu.

Ce livre vous fait faire un voyage à la découverte d'un des esprits les plus originaux et les plus perspicaces que la foresterie internationale ait connu depuis le début du siècle. Jack Westoby sait être tour à tour charmant, convaincant, irritant, choquant et même exaspérant avec ses opinions, ses diagnostics et ses conseils pour refaire le monde forestier. Même s'il peut parfois paraître excessif, on perçoit tout au long du livre l'intégrité et la sincérité incontestables de Westoby, sa volonté profonde d'aider les gens, surtout les pauvres, les sans-terre et les déshérités, et ses efforts pour que les forêts soient utilisées au mieux dans ce sens. L'extrait de la Déclaration finale du 7e Congrès forestier mondial de Buenos Aires, qu'il cite dans un discours prononcé à Melbourne en 1974, aurait pu être de lui: «La foresterie ne s'occupe pas seulement des arbres mais surtout de la façon dont les arbres peuvent servir la population.»

Notre voyage de découverte commence avec le document souvent cité: «Le rôle des industries forestières dans la lutte contre le sous-développement économique», paru en 1962 dans le rapport de la FAO sur La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture. Le rôle que les industries forestières et le commerce des produits forestiers pourraient jouer dans l'économie des pays en développement y est étudié dans le contexte d'une consommation mondiale de produits forestiers en forte expansion et d'une offre en baisse, notamment dans les régions industrialisées. Si les arguments développés reflètent en grande partie les thèses habituelles de l'époque, ils sont exposés avec tant de conviction et d'énergie que ce document a eu beaucoup d'influence sur les politiques forestières dans de nombreuses régions du monde et que ses effets se font encore sentir de nos jours.

Westoby lui-même, généralement en avance, s'est ensuite écarté de cette thèse, apprenant parfois à ses dépens mais toujours prêt à faire part de son expérience. Il parlait souvent avec un enthousiasme de missionnaire, rappelant à son auditoire les erreurs passées pour se tourner vers des lendemains pleins d'espoir: «Aucune génération de forestiers n'a connu l'exaltation, l'aventure et les défis de notre époque», déclarait-il devant la 9e Conférence de la foresterie du Commonwealth, en Inde, en 1968.

Jack Westoby n'était pas forestier de formation, mais il pouvait honnêtement déclarer dans un discours à Canberra en 1974: «De tous les non-forestiers du monde, je suis probablement celui qui connaît le mieux les forestiers.» Ce qu'il relève chez nous est parfois loin d'être flatteur et il nous voudrait supérieurs au commun des mortels: «Le premier devoir (des forestiers) est de servir non leur employeur, mais l'intérêt public», écrivait-il dans un document destiné au 9e Congrès forestier mondial, qui a eu lieu à Mexico en 1985.

Leslie a regroupé les 16 chapitres de l'ouvrage en trois parties pour mieux faire ressortir l'évolution de la pensée de Westoby. La première, «The Promise» (l'espoir), couvre la période 1962-1969; la deuxième, «Rethinking» (nouvelles réflexions), 1968- 1974, et la troisième, «New Directions» (nouvelles orientations), 1975-1985. On aurait tort de dire que Westoby est devenu de plus en plus pessimiste face à la lenteur, voire l'arrêt du développement forestier. Il serait plus juste de parler d'une exaspération qui se traduit par la promotion de solutions de plus en plus radicales et par des attaques acerbes contre ce qu'il considère comme le conservatisme des hautes instances forestières. Toutefois, il reconnaît dans une conférence à l'Université de Berkeley (Californie), en 1985, que son objectif n'est pas de convaincre, mais d'engager son auditoire à approfondir lui-même ses hypothèses.

En matière de foresterie et de développement, Westoby a abordé au fil des années des thèmes extrêmement variés: responsabilités des pays industrialisés vis-à-vis des pays en développement; nécessité d'une réorientation profonde de la division mondiale du travail dans les industries forestières; professionnalisme en foresterie; rôle de l'éducateur forestier; échanges, au plan international, de recherches et d'expériences; absence des femmes en foresterie; importance capitale de la volonté politique et d'une organisation sociale efficace (exemple de la Chine) pour la réalisation des objectifs forestiers.

A quel public ce livre s'adresse-t-il? Ce sera d'abord un recueil de textes excellents mais originaux pour les écoles forestières qui ont inscrit la foresterie internationale à leur programme. Il ouvrira des perspectives nouvelles aux étudiants et même aux enseignants; il les fera réfléchir sur le contenu de la foresterie, en particulier dans le monde en développement, et sur la façon dont les forestiers doivent faire face à l'évolution des besoins et des priorités de la société. Parallèlement, l'ouvrage s'adresse à tous ceux qui, responsables ou conseillers, s'occupent du secteur des forêts et des industries forestières, pas nécessairement parce qu'il les convaincra d'accepter toutes les idées ou solutions proposées par Westoby, mais parce qu'il les fera eux aussi réfléchir, et leur fera peut-être prendre des décisions en tenant compte d'une base sociale plus large. En outre, cet ouvrage devrait intéresser, au-delà du secteur forestier, tous ceux qui travaillent sur les vastes problèmes du développement socio-économique, ou s'en préoccupent, et pour qui les études de cas du secteur forestier seront précieuses. Enfin et surtout, les forestiers eux-mêmes tireront profit de la lecture de ce livre qui ne manquera pas de les stimuler.

Quelques critiques mineures cependant: le titre de l'ouvrage ne correspond pas bien à son contenu. Les «folies du développement» donnent une idée trop négative de ce qui, dans l'ensemble, est un message de foi profonde dans l'avenir de la foresterie. Deuxièmement, la pensée originale de Westoby et les divers messages qu'il nous adresse auraient été plus convaincants dans un livre plus court. Leslie a le souci, bien compréhensible, de ne pas trahir les textes originaux, mais il arrive ainsi, en particulier dans la première partie, à encombrer le lecteur de détails superflus, par exemple sur les tendances de la production et des échanges de produits forestiers. Troisièmement, le lecteur se demande parfois: «Westoby prévoyait telle ou telle évolution, mais que s'est-il passé en réalité?» Il aurait été intéressant et instructif que Leslie termine l'ouvrage par un chapitre faisant écho à son excellente introduction.

Il s'agit là de critiques mineures qui n'entament en rien l'intérêt du livre dans son ensemble. La foresterie internationale a eu la chance d'adopter - ou d'avoir été adoptée par - un homme d'une perspicacité et d'une intelligence remarquables, qui avait de surcroît un grand pouvoir de communiquer par écrit et oralement. Souhaitons que Jack Westoby nous aide encore longtemps à sortir de notre routine!

T. Peck
Economiste principal (forêts)
FAO, Genève

LE BAOBAB (ADANSONIA DIGITATA) un des arbres les plus utiles du Sahel

La foresterie au Sahel

Arbres et arbustes du Sahel: leurs caractéristiques et leurs utilisations, par H.-J. von Maydell. Rossdorf; TZ-Verlagsgesellschaft 1986, ouvrage broché. 525 p. Format 15 x 21 cm. Prix: DM 56 (frais de port en sus).

Il s'agit de la version révisée d'un livre publié en 1983.

Ce livre comble une lacune de la documentation forestière sur les pays du Sahel, et il faut en féliciter l'auteur et l'éditeur. Non seulement il contient beaucoup d'informations précieuses sur 114 essences d'arbres et d'arbustes du Sahel, mais il est aussi abondamment illustré par de très belles photos en couleurs représentant soit l'arbre ou l'arbuste en entier, soit des gros plans des feuilles, fleurs, fruits, écorce, etc., avec parfois jusqu'à six photos pour une même essence.

Ce livre est le fruit de près de 10 ans de collaboration de l'auteur avec l'Agence allemande de coopération technique (GTZ) sur des projets dans les pays du Sahel, surtout au Sénégal et au Burkina Faso, où il a rassemblé des informations sur les noms vernaculaires des essences dans plusieurs langues, la répartition géographique des essences et leurs exigences du point de vue climatique et pédologique, les méthodes de régénération et de traitement, les utilisations comme source de bois de feu, charbon de bois et bois de sciage, l'emploi des feuilles, des fleurs et des fruits dans l'alimentation humaine et animale et les diverses parties des arbres et arbustes utilisées à des fins médicales, tinctoriales, etc. On étudie également l'intérêt des essences du point de vue de la protection et de l'amélioration des sols, ainsi que pour la création de rideaux-abris et de haies vives. Toutes ces informations sont fournies pour chaque essence dans les premiers chapitres du livre, sous forme de tableaux faciles à consulter.

La majeure partie du livre, soit plus de 300 pages, est consacrée à la description des essences présentées par ordre alphabétique avec illustrations en couleurs. La liste des différentes utilisations de chaque essence est particulièrement intéressante, notamment pour les forestiers qui travaillent avec les populations locales dans des programmes de foresterie communautaire.

Prenons par exemple la rubrique Combretum glutinosum (p. 213):

«Utilisations. Le bois est jaune, dur, dense (900 kg au m3) et relativement résistant. Construction de huttes et fabrication d'outils, excellent bois de feu et de charbonnage. Il faudrait faire des essais de plantations. On extrait de l'écorce, des feuilles et des racines un colorant jaune qui est couramment utilisé. Les cendres servent à fixer la teinture à l'indigo. En période de disette, cet arbre est brouté par le bétail.

Cette essence a de très nombreuses applications en médecine locale. L'écorce sert à traiter la grippe et les rhumatismes et panser les plaies. Les racines sont utilisées comme anthelminthiques, contre la toux, la blennorragie et les troubles gastriques. On se sert des feuilles contre le paludisme, les saignements, les hématomes, les troubles biliaires, les maux de tête, les plaies, les rhumatismes et les coliques, pour soigner les blessures et comme diurétique. Les jeunes pousses et l'écorce seraient aphrodisiaques, les fruits et les graines efficaces contre la syphilis et les furoncles; les graines sont utilisées sur les blessures et pour soigner les animaux. L'infusion de feuilles sèches (Rat) est une boisson courante au Sénégal, en Gambie et dans d'autres pays. Avec la sève de l'arbre, on prépare une boisson pour les femmes enceintes. Baumer (1983) indique qu'on se sert souvent d'une tige de Combretum glutinosum comme calendrier dans les villages, chaque incision représentant une année.»

Ces informations, indispensables lorsqu'on s'occupe d'essences indigènes sur le terrain, étaient jusqu'à maintenant difficiles à obtenir.

Le livre se termine par plusieurs annexes donnant les noms scientifiques, les synonymes et les noms vernaculaires en français et dans plusieurs langues locales d'Afrique de l'Ouest (Bambara, Djerma, Gourmanché, Haussa, Moré, Peulh, Sérer, Tamachek et Wolof). Le livre contient aussi un vocabulaire allemand, anglais et français des termes utilisés pour décrire les caractères botaniques des essences. Une des annexes récapitule les exigences agroclimatiques de chaque essence; une autre indique le poids des graines et donne des photos en couleurs pour environ deux tiers des essences retenues. Cette dernière annexe complète parfaitement les photographies d'arbres et de fruits car on doit souvent identifier des graines sans Voir l'arbre correspondant.

Il s'agit donc d'un livre extrêmement pratique et utile que tous les forestiers travaillant dans le Sahel devraient avoir lorsqu'ils vont sur le terrain ou s'entretiennent avec les villageois.

J. Fries
Université des sciences agronomiques de Suède

Inventaire des arbres menacés

Databook on endangered tree and shrub species and provenance. (Inventaire des essences et provenances d'arbres et d'arbuste menacés). Etude FAO: Forêts n° 77, Rome 1987, ouvrage broché. Format 15 x 21 cm. 522 p.

A sa 5e session, qui s'est tenue à Rome en 1981, le Groupe FAO d'experts des ressource génétiques forestières a inscrit sur sa liste d'essences méritant de retenir l'attention 81 essences considérées comme menacées d'extinction ou de grave épuisement génétique. Ces 8 essences menacées au niveau de l'essence ou de la provenance sont étudiées dans ce ouvrage. Certaines ont déjà été décrites par la FAO en 1981 dans un projet d'inventaire des essences et provenances d'arbres forestier menacés, élaboré en collaboration avec l'Union internationale des instituts de recherches forestières (IUFRO) et le Programme des Nation Unies pour l'environnement (PNUE).

Cette liste constitue no pas un inventaire exhaustif des espèces ligneuses menacées mais une sélection de essences qui, selon les experts, doivent être inscrites d'urgence dans les programme sur les ressources génétiques. Il existe de nombreuses liste nationales de la flore et de la faune menacées, qui complètent la liste actuelle des essences présentant un intérêt socio-économique international. Les informations tirées des listes nationales sont régulièrement collationnées et mises sur ordinateur par l'Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources (UICN), qui se spécialise dans l'enregistrement des données sur les essences considérées comme en danger, menacées et vulnérables au niveau de l'essence elle-même plutôt qu'au niveau intraspécifique.

L'objectif principal de cet ouvrage est d'appeler l'attention des responsables, des chercheurs et des organisations internationales et nationales sur la nécessité de protéger les essences étudiées.

L'ouvrage donne des informations sur la répartition, l'écologie, la biologie, les utilisations actuelles ou possibles, la sylviculture, l'état génétique et les mesures correctives adoptées ou recommandées pour protéger les ressources génétiques au niveau des essences et des provenances.

Il s'efforce de donner une description aussi fiable que possible de chaque essence: plus de 40 chercheurs appartenant à une vingtaine d'instituts du monde entier ont participé à l'établissement des fiches récapitulatives.

Toutefois, pour de nombreuses essences les informations sont encore loin d'être complètes, et les mesures de conservation devront donc être complétées par des études plus approfondies sur les essences en question.

On espère que cet inventaire facilitera l'adoption de mesures de conservation pour les essences énumérées comme pour celles identifiées au niveau national, ainsi que la description et la conservation in situ et ex situ d'autres essences menacées d'extinction ou d'épuisement génétique quand le besoin s'en fera sentir.

INVENTAIRE FAO des mesures de conservation s'imposent

Arbres tropicaux: Atlas d'identification

Arbres des forêts denses d'Afrique centrale. J. Vivien et J.J. Faure. Paris, Agence de coopération culturelle et technique du Ministère des relations extérieures, de la coopération et du développement. 1985. 565 p.

Les descriptions d'essences données dans ce volume réservent une place particulière à la facilité d'accès. Le critère de sélection est le suivant: le tronc doit pouvoir atteindre 60 cm de circonférence. Une liste de 333 essences existant au Cameroun et dans d'autres pays d'Afrique tropicale, regroupées par familles classées dans l'ordre alphabétique, a ainsi été dressée.

Pour chaque essence de la liste on trouve une description composée d'un nombre précis de rubriques présentées chaque fois dans le même ordre. Les renseignements suivants sont tout d'abord donnés: le nom botanique, c'est-à-dire le nom scientifique le plus récent, les noms locaux, c'est-à-dire les noms dans les principales langues vernaculaires utilisées dans la forêt au Cameroun et dans d'autres pays d'Afrique, et la répartition des essences au Cameroun, avec des informations phytogéographiques ou écologiques sur la répartition en Afrique tropicale.

Vient ensuite une description détaillée des différentes parties de l'arbre: la base, qui a très souvent un aspect typique et que les auteurs décrivent avec photographie à l'appui; le tronc, avec indication de la hauteur et de la circonférence; la cime, lorsque les branches et le feuillage sont typiques de l'essence; et l'écorce, dont l'aspect extérieur et la section transversale sont tous deux importants pour l'identification (une série de belles photographies en couleurs de sections transversales d'écorce montrant les couches internes de l'aubier figure en annexe).

En ce qui concerne les feuilles, les auteurs indiquent dans la description si elles sont caduques ou sempervirentes, comment elles sont disposées par rapport à la branche, si elles sont simples ou composites, et quelle est leur forme. La description est généralement complétée par un dessin. Les fleurs sont décrites seulement si elles sont grandes, bien visibles ou ont une odeur particulière. Le fruit est mentionné si le type en est connu (baie, drupe, cosse, capsule, etc.), et le nombre, la taille, la couleur et les caractéristiques des graines sont indiqués.

La productivité des essences, basée sur les résultats de divers inventaires effectués au Cameroun, est donnée par deux chiffres, le premier indiquant la densité d'arbres à l'hectare et le deuxième le volume brut à l'hectare. Il est également fait mention des propriétés physiques: densité du bois, aussitôt après l'abattage et, une fois sec, dureté et veinure. Les propriétés mécaniques connues concernent la compression transversale et la compression axiale.

Enfin, on énumère les principales utilisations industrielles, artisanales et autres. La description est complétée par une carte de répartition des essences. Enfin, les listes alphabétiques des noms scientifiques, des noms connus et des noms vernaculaires sont données en annexe.

Dans l'introduction de cet imposant ouvrage, les auteurs déclarent qu'ils ont cherché à établir non pas un manuel de botanique, mais un livre à la portée de tous, aussi bien des forestiers que des simples curieux, objectif qu'ils ont certainement atteint.

Fay Banoun


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