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2.3 Lutte contre la dégradation de l'environnement

2.3.1 La Charte mondiale des sols

La 21ème session de la Conférence de la FAO (1981) a adopté la Charte mondiale des sols, qui énonce un ensemble de principes pour une utilisation optimale des ressources mondiales en terre, pour l'amélioration de leur productivité et pour leur conservation au profit des générations futures. Cette Charte appelle les gouvernements, les organisations internationales et les utilisateurs de la terre en général à s'engager à gérer celle-ci dans une perspective à long terme et non de commodité immédiate. Elle appelle en particulier l'attention sur la nécessité de politiques d'utilisation des terres qui incitent la population à participer aux travaux de conservation des sols, compte tenu à la fois des éléments techniques et socio-économiques d'une utilisation efficace des terres.

2.3.2 Programmes d'action spéciaux

Le Programme d'action spécial sur la forêt au service du développement des collectivités locales, lancé en 1977 avec un soutien financer de l'ASDI (Agence suédoise d'aide au développement international), a été axé sur trois domaines: diffusion des connaissances sur la foresterie sociale; mise au point de matériels et assistance technique à petite échelle au niveau national pour la formation, l'exécution de projets pilotes, les enquêtes; enfin, sensibilisation au potentiel de la foresterie sociale.

Tableau 3. Principales zones climatiques et périodes de végétation (répartition par région)

Le tableau indique des pourcentages de superficie


Asie

Amérique

Total

Afrique

du SO

du SE

du sud

centrale

Superficie: millions d'ha.

6 495

2 878

677

898

1 770

272

Pourcentage de la superficie totale

100

44

11

14

27

4

Climat/période de végétation







Froid - fortes contraintes de température







- Période de végétation nulle

4

-

17

5

3

-

Tiède/frais - pas de fortes contraintes de température







- Sec: période de végét. nulle

21

29

54

4

5

13

- Période de végét. insuffisante: 1-74 jours

12

17

11

6

6

23

Total partiel: ne convenant pas à des cultures pluviales

37

46

82

15

14

36

- Période de végétation courte: 75-179 jours

18

19

15

23

13

23

- Période de végétation longue: 180-365 jours

42

34

3

52

66

41

- Humide toute l'année

3

1

-

10

7

-

Total partiel: convenant à des cultures pluviales

63

54

18

85

86

64

Total: pourcentage

100

100

100

100

100

100

Source: FAO 1983. Terres. vivres et population, Rome

Tableau 4. Conditions du sol pour l'agriculture (répartition par région)

Le tableau indique des pourcentages de superficie


Asie

Amérique

Total

Afrique

du SO

du SE

du sud

centrale

Superficie: millions d'ha.

6 495

2 878

677

898

1 770

272

Pourcentage de la superficie totale

100

44

11

14

27

4

Etat du sol







Sols sans limitation inhérente de la fertilité

21

19

8

36

20

44

Sols comportant de sévères limitations de la fertilité

22

15

-

25

41

6

Sols argileux ayant une forte tendance à se craqueler

3

3

1

6

1

5

Sols salinisés

3

2

8

2

3

1

Sols mal drainés

6

5

-

8

10

5

Sols peu profonds

14

13

26

11

11

22

Sols à texture grossière

14

20

19

6

8

6

Sols semi-désertiques et désertiques

13

16

34

5

5

11

Divers

4

7

4

1

1

-

Total: pourcentage

100

100

100

100

100

100

Le Programme d'action spécial sur la forêt au service du développement rural met l'accent sur l'élaboration de systèmes d'utilisation des terres qui intègrent l'arboriculture et l'agriculture (agroforesterie) d'une façon qui soit à la fois respectueuse de l'environnement et optimalement productive pour les populations rurales Des projets financés par la Norvège sont en cours dans cinq pays.

Le Programme sur la foresterie et l'énergie rurale a été lancé en 1981 afin de mobiliser des ressources pour des projets de foresterie à grande échelle dans les terres arides, en mettant l'accent sur les plantations de bois de feu Des projets sont en cours au Sénégal, au Kenya et au Soudan et d'autres sont prévus pour le Mali, le Togo et le Ghana. Si le but de ces projets est avant tout de répondre aux besoins urgents en bois de feu de ces pays, ils sont aussi destinés à faire partie intégrante de leurs programmes de développement rural.

Le Plan d'action forestier tropical (PFAT) a été conçu et élaboré sur plusieurs années à partir de 1984/85, grâce aux efforts conjugués au plan mondial des gouvernements, organismes forestiers, institutions des Nations Unies et organisations non gouvernementales. Il s'applique à toutes les forêts tropicales et notamment aux savanes boisées et aux steppes semi-arides. Il a donc un impact direct sur les mesures de foresterie visant à combattre la désertification, au travers de ses composantes de plantation d'arbres et de boisement et par son action qui a pour but de préserver les écosystèmes de la forêt tropicale et de développer les ressources en bois de feu.

2.3.3 Éducation et formation forestières

L'éducation forestière à tous les niveaux est une activité majeure de la FAO. Au cours des deux dernières décennies, la FAO a aidé les pays en développement à améliorer leurs moyens en matière de foresterie au travers de son programme de projets de terrain et de bourses de formation supérieure. Des collèges et des facultés de foresterie ont été créés avec son aide au Nigeria, en Libye, en Ouganda et au Gabon. Une étude des moyens de recherche forestière est en cours en Afrique afin de déterminer s'il est possible de créer un réseau viable d'échange d'informations et d'activités conjointes dans les domaines de la production et de l'utilisation du bois de feu.

Dans la région du Proche-Orient, il a été créé une école de chefs de district à Latakia et une école forestière au Maroc. Le collège forestier de Chypre a reçu une aide sous forme de bourses. Des cours de formation aux techniques de production de bois de feu ont été organisés dans les pays du Sahel en 1978-79.

Des activités de formation à la planification du développement forestier dans les zones arides sont en cours depuis nettement plus de dix ans. Le premier séminaire financé par l'ASDI s'est tenu à Rome en 1971; 13 cadres de dix pays en développement y ont participé. En 1972, un autre séminaire a été organisé à Ibadan pour 23 cadres nigérians. Des cours de formation ont été organisés au Liban, en URSS, au Danemark, en Libye et en Inde sur l'aménagement des bassins versants, la stabilisation des dunes de sable, les aspects pratiques de la production de bois de feu, des études sur les espèces polyvalentes d'arbres et d'arbustes pour les zones arides, les rideaux-abris et le boisement. La FAO a collaboré avec le DANIDA à la conduite de certains de ces cours.

2.3.4 Échanges d'informations

Les échanges d'informations ont été favorisés par les Commissions régionales des forêts de la FAO et les réunions de spécialistes (notamment la Conférence mondiale sur l'eucalyptus, le Groupe de travail des eucalyptus, le Groupe de travail sur les techniques de boisement, la Commission internationale du peuplier). Une large gamme de manuels et d'ouvrages de référence ont permis de diffuser des connaissances: "Méthodes de plantation forestière dans les savanes africaines", "Les eucalyptus dans les reboisements", "Peupliers et saules" et "Tools and equipment for planting and reforestation" ainsi que les Études FAO: Forêts (1 à 52), les Cahiers FAO: Conservation (1 à 10) et Unasylva.

2.3.5 Missions techniques

Plusieurs missions techniques se sont rendues dans des pays d'Amérique latine, du Proche-Orient et d'Afrique. Trois d'entre elles concernaient principalement les rideaux-abris, la lutte contre la désertification, l'écologie et la création de stations de recherche. En 1976, par exemple, le Bureau régional de la FAO pour le Proche-Orient a organisé une mission en Égypte, en Jordanie, au Soudan, en Tunisie et en Libye pour étudier les problèmes de désertification et établir un programme de recherche et une structure organique d'exécution de ces programmes.

2.3.6 Projets de terrain

Ces vingt dernières années, de nombreux projets ont été exécutés en zone aride, l'accent étant mis sur les questions de conservation, l'aménagement des bassins versants, la stabilisation et le boisement des dunes de sable, la production de bois de feu et l'aménagement agro-sylvopastoral. Une quarantaine de projets financés par le PNUD, des fonds fiduciaires et le PCT sont actuellement en cours. Six de ces projets sont régionaux et les autres concernent les pays suivants: Algérie, Bolivie, Brésil, Burkina Faso, Cap-Vert, Chili, Chine, Éthiopie, Guinée, Haïti, Kenya, Libye, Mauritanie, Maroc, Niger, Pakistan, RDP du Yémen, Arabie saoudite, Sénégal, Somalie, Soudan, Togo, Tunisie et Turquie.

3. La foresterie en zone aride dans le programme de la FAO


3.1 Formulation de la politique et des programmes
3.2 Projet FAO/CIRGP/PNUE sur les ressources génétiques pour l'amélioration de la vie rurale dans les zones arides et semi-arides
3.3 Formation
3.4 Manuels, matériel de référence, aides audiovisuelles


3.1 Formulation de la politique et des programmes

L'intérêt des forestiers pour le développement des zones arides s'est intensifié au cours des vingt dernières années. En 1954, le Quatrième Congrès forestier mondial s'est penché en particulier sur la régénération des sols dégradés et des déserts. Il a reconnu à cet égard qu'il restait encore beaucoup à apprendre sur le rôle précis que pouvait jouer la végétation dans les projets de régénération des zones désertiques et a recommandé que des recherches soient menées sous les auspices d'un organisme régional approprié. À la sixième session du Congrès forestier mondial en 1966, l'urgence d'une action concernant les zones désertiques a été soulignée une fois encore. Une commission technique du Congrès a appelé l'attention du Directeur général de la FAO sur la nécessité de poursuivre des études concernant l'utilisation des terres désertiques et semi-désertiques et de stopper l'avancée du désert, en particulier dans la zone critique adjacente au Sahara. Vu l'intérêt manifesté par le Congrès pour cette question, la FAO s'est tournée vers l'Organisation de l'unité africaine (OUA), dont la commission scientifique et technique a tenu une réunion sur les zones arides à Khartoum en avril 1972.

À la Quatorzième session de la Conférence de la FAO (1967), un groupe de forestiers venus de dix pays limitrophes du Sahara s'est réuni de façon informelle pour discuter du problème et a recommandé que les résultats de ces discussions soient portés à l'attention de la session suivante de la Commission des forêts pour l'Afrique (CFA). Celle-ci a examiné la question des terres marginales à ses sessions de 1969 et 1972.

À la Conférence des Nations Unies sur l'environnement qui s'est tenue à Stockholm en 1972, de nombreux délégués ont manifesté un vif intérêt pour les zones arides et ont recommandé un programme spécial financé par le PNUE.

En examinant les objectifs à moyen terme et les priorités de la FAO en matière de forêt, la 9ème session de la Conférence de la FAO (1977) a accordé la priorité à un accroissement et à une planification soigneusement étudiée des investissements, ainsi qu'à un reboisement visant à lutter contre la désertification, à protéger les bassins versants et à accroître la production de bois de feu

Une attention particulière est consacrée à l'aridité et aux problèmes qui s'y rapportent, en particulier en Afrique, au Proche-Orient et dans la région méditerranéenne. Les commissions régionales des forêts de la FAO ont étudié en profondeur les problèmes de la foresterie en zone aride et ont élaboré des politiques d'utilisation des terres, de conservation des sols, d'aménagement des forêts et de pacage. La Commission des forêts pour l'Afrique s'est penchée avec une attention particulière sur les problèmes d'aridité dans la zone du Sahel, au sud du Sahara. La Consultation CILSS/BNUS/FAO sur le rôle des forêts dans un programme de réhabilitation du Sahel (Dakar, 1976), a souligné l'importance de la forêt et le rôle des forestiers dans la lutte contre la désertification. Elle a établi un plan d'action qui visait à utiliser la forêt pour lutter contre la désertification et mettait l'action en particulier sur:

a) la conservation des sols et la protection du couvert végétal;
b) les études relatives aux possibilités de restauration de la fertilité du sol;
c) la régulation du système d'approvisionnement en eau;
d) la production de combustibles, de fourrages et d'autres matières premières.

Des propositions de projets ont été formulées conjointement par la FAO et les ministères nationaux des forêts des pays du Sahel. Les grandes lignes d'un programme forestier s'inscrivant dans le cadre d'un plan plus vaste de réhabilitation et de développement rural ont été définies.

La 8ème session de la Commission des forêts pour le Proche-Orient (1978) a examiné le rôle de la foresterie dans la remise en état des terres dégradées et dans l'accroissement de la production agricole et animale. La Commission a estimé que, compte tenu des problèmes considérables dus à une utilisation mauvaise ou abusive des terres, il fallait accorder une haute priorité à la régénération des terres dans la région et faire en sorte que les programmes scolaires comportent une étude des forêts et de l'aménagement du territoire. Des recommandations analogues ont été formulées par la 11ème session de la Commission des forêts pour l'Asie et le Pacifique (1981), qui a affirmé la nécessité d'intégrer les deux principaux secteurs de l'utilisation des terres, l'agriculture et la foresterie en se fondant sur les études scientifiques de la capacité d'utilisation des terres.

Examinant les rapports d'avancement nationaux, la 6ème session de la Commission des forêts pour l'Afrique (1983) a constaté que 60% des terres en Afrique souffraient de désertification et a estimé que c'était là la menace la plus grave qui pesait sur l'environnement africain. C'est pourquoi le principal objectif de la politique des forêts dans divers pays d'Afrique est de lutter contre la désertification et il a été décidé d'attribuer la priorité au travail à court et à moyen terme afin d'assurer:

a) la mise en place de nouveaux systèmes d'aménagement (qui pourraient accroître la contribution de la forêt à la lutte contre la désertification, à l'emploi régional, au développement rural et à la protection de l'environnement) et

b) l'intégration de la foresterie à d'autres formes d'utilisation des terres, en particulier l'agriculture.

Les récents traités du Département des forêts mettent particulièrement l'accent sur la restauration, l'aménagement et le développement des terres arides. L'aperçu prospectif préparé pour le 9ème Congrès forestier mondial, "La foresterie au-delà de l'an 2000", consacre un chapitre spécial aux terres arides et semi-arides. Par ailleurs, deux des cinq programmes d'action préparés à la demande du Comité sur le développement des forêts dans les tropiques sont axés sur les terres arides: "La forêt dans l'utilisation des terres" et "Energie et bois de feu". Le document établi à la demande du Comité des forêts, "Le rôle des forêts dans la sécurité alimentaire", met aussi en lumière le rôle de la forêt dans la protection de l'environnement et dans la production directe de denrées alimentaires dans les terres arides.


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