Table des matières - Précédente - Suivante


4. Introduction et réintroduction de faune sauvage

Introduction: il s'agit d'installer une espèce exotique dans une zone où elle ne semble pas avoir existé jusque là. Cette option est à traiter avec beaucoup de prudence et n'est pas à retenir en règle générale. Il existe de nombreux exemples de désastres écologiques provoqués 'dans le passé par ce genre d'opération. Souvent, leurs répercussions sur la production agricole ont été graves.

Beaucoup d'écologistes rejettent par principe cette introduction mais elle peut se justifier dans quelques cas exceptionnels où le milieu écologique a été gravement perturbé (Jungius, 1978; Child, 1978 (a)+(b)). Il faut toujours dans ce cas procéder d'abord à une étude exhaustive.

Réintroduction: dans ce cas, il s'agit de réintroduire une espèce disparue au cours de l'histoire dans une partie de son ancien parcours connu ou présumé, option qui est reconnue comme acceptable et même souhaitable. La réintroduction de l'oryx d'Arabie actuellement en cours dans certaines parties de son parcours d'origine en est un exemple devenu classique (Jungius, 1978; Filter, 1982; Nelson, 1985). Pour que l'opération ait des chances raisonnables de réussite, il faut prendre les séries suivantes de mesures:

- Étude de faisabilité: elle comporte deux éléments essentiels: le premier consiste à recueillir des données sur l'écologie et le comportement de l'espèce qu'on se propose de réintroduire et à déterminer les raisons de sa disparition.

Le second consiste à étudier le site proposé pour la réintroduction afin de s'assurer qu'il répondra aux exigences écologiques de l'espèce et que les raisons de sa disparition ont cessé d'exister.

- Préparation de la zone: avant de pouvoir exécuter le programme, il faut appliquer des mesures adéquates de protection, aménager la zone de réintroduction, construire les enclos appropriés et mettre en place la logistique de l'approvisionnement en aliments et en eau. Une surveillance vétérinaire doit être assurée.

Un programme de vulgarisation/information doit être organisé pour informer à la fois la population voisine de la zone de lâcher et le public en général de la réintroduction de l'espèce, afin d'obtenir leur soutien. Cet aspect doit être considéré comme vital pour la réussite à long terme des réintroductions.

- Lâcher: avant d'être lâchés, les animaux doivent être parqués dans des enclos dans la zone où ils seront réintroduits afin qu'ils puissent s'acclimater et former des groupes sociaux qui pourront se maintenir et se reproduire une fois lâchés, faute de quoi les animaux se disperseront et finiront presque certainement par mourir.

Lorsque les animaux à lâcher sont difficiles à obtenir, le mieux sera peut-être de maintenir un noyau destiné à la reproduction à l'intérieur d'un enclos de 5 à 10 ha. On pourra alors lâcher de temps en temps des groupes sociaux qui se seront formés à mesure que la reproduction se fera. La composition effective des unités à lâcher doit être déterminée pour chaque espèce en fonction de la structure par sexe et par âge de ces unités dans les conditions naturelles.

Il importe de noter ici qu'il vaut mieux installer les enclos au centre d'une zone d'habitat idéal pour l'espèce. En outre, surtout pour les animaux aux déplacements saisonniers, il faut faire les lâchers à l'époque la plus mauvaise de l'année (hiver ou saison sèche selon le cas) dans des parties du parcours qui constitueront probablement plus tard l'habitat des animaux en question pendant la mauvaise saison.

- Suivi: les animaux lâchés doivent être munis d'une plaque d'identification et, lorsqu'il s'agit d'espèces menacées ou qui se déplacent sur de longues distances, il peut être souhaitable de munir chaque bête d'un collier radio qui permettra de la localiser une fois lâchée, car il importe de suivre les bêtes avec soin; les informations obtenues serviront lors d'opérations ultérieures du même type.

- Sélection du stock génétique: les bêtes prévues dans les programmes de réintroduction doivent être sélectionnées à partir de populations ou de sous-espèces identiques ou aussi proches que possible de celles qui ont été exterminées. Elles devront aussi provenir de régions où l'environnement est aussi dur ou plus dur que sur le site d'introduction.

Lorsqu'on devra utiliser des bêtes provenant de parcs zoologiques, il faudra prévoir une longue période d'acclimatation dans des enclos situés sur le site de lâcher. Il sera également indispensable de les habituer progressivement à se nourrir et à pourvoir à leurs propres besoins dans la nature. C'est pourquoi, il faudra prévoir des enclos relativement étendus, comme on l'a mentionné plus haut. Il convient de noter que pendant cette période, il faudra que les ruminants se créent une flore digestive appropriée ou qu'on la leur fournisse artificiellement afin qu'ils puissent s'adapter à l'alimentation locale (Jungius, 1978; Child, 1978 (a)+(b)).

5. Rôle de l'utilisation de la faune sauvage dans la mise en valeur des terres arides

Il n'est guère douteux que la faune sauvage peut constituer une ressource précieuse dans les zones arides. Elle est compatible avec leurs environnements fragiles et son utilisation peut être intégrée à des systèmes agro-sylvopastoraux. En outre, sa gestion peut être intégrée à la plupart des activités de conservation et de réhabilitation qui font partie de la lutte contre l'avancée du désert.

Un condition indispensable à l'utilisation ultérieure de la faune dans les zones arides est de s'assurer qu'elle est compatible avec les réalités socio-économiques de la vie dans ces zones. Comme dans le cas des autres disciplines relatives aux ressources naturelles, il est indispensable de réévaluer des approches techniquement et écologiquement acceptables de l'utilisation de la faune sauvage, pour s'assurer qu'elles conviennent au développement rural (Child, 1984).

Spinage (1983) souligne cependant que, la plupart du temps, la faune sauvage est déjà largement et intensivement utilisée comme ressource alimentaire. Cette utilisation est d'ailleurs souvent largement excessive, ce qui conduit à la disparition de la ressource en question.

Les ressources des zones arides en faune sauvage ont elles aussi été soumises à d'autres pressions très importantes au cours des dernières décennies: en particulier la monopolisation des sources d'eau par l'homme et son bétail, la concurrence dans l'utilisation de ressources végétales limitées, en particulier aux saisons critiques et la chasse motorisée à l'aide d'armes sophistiquées très destructrices.

De ce fait, dans de nombreuses parties des zones arides du monde, les ressources en faune sauvage sont aujourd'hui très diminuées et souvent sur le point de disparaître. Là où c'est le cas, il faudra, pour que l'utilisation de la faune sauvage joue son rôle dans les systèmes polyvalents et profite aux populations locales, des programmes à long terme de restauration des ressources. Ces programmes pourront, lorsque ce sera nécessaire, être associés à des activités de restauration de l'habitat. Dans les cas extrêmes, le point de départ de tels programmes serait la réintroduction des espèces.

6. Recherche et développement

Ce qui précède montre que pour que l'utilisation des ressources en faune sauvage soit plus largement acceptée et adoptée, en particulier dans les zones arides, les efforts de recherche et de développement doivent peut-être se concentrer sur deux domaines principaux.

Le premier est la nécessité de se préoccuper des dimensions sociologiques, culturelles et économiques de l'utilisation de la faune sauvage. Le second est la mise au point de meilleurs techniques et systèmes d'aménagement qui permettent de tirer parti des avantages biologiques et écologiques que la faune sauvage peut offrir. King (1975), par exemple, a montré que le fait d'appliquer à l'oryx les mêmes méthodes d'élevage qu'au bétail de la même région réduit les avantages qu'offre cette espèce. Lorsqu'on confine l'oryx dans un Kraal la nuit, ils ne peut bénéficier de la rosée comme source d'eau, qui réduirait ses besoins en eau de surface. Il faut donc remplacer cette approche simpliste par une autre qui d'une part soit socialement et culturellement acceptable et, d'autre part, conserve l'aptitude de l'oryx à vivre sans eau de surface.

Au niveau de l'utilisation des populations sauvages, des transferts de technologies entre pays et régions peuvent être envisageables. Cependant, il faut d'abord évaluer les systèmes d'utilisation traditionnelle en termes biologiques et écologiques, afin d'élaborer des stratégies viables et, si possible, plus efficaces. En même temps, il faut identifier et développer les pratiques qui peuvent être intégrées dans les systèmes polyvalents (Child, 1984).

En ce qui concerne la transformation, la priorité qui est peut-être la plus urgente en termes de recherche appliquée pour améliorer l'utilisation de la viande de la faune sauvage dans les économies de subsistance consiste à appliquer des techniques de séchage, de fumage et de salage plus efficientes et de meilleurs systèmes de stockage. Les méthodes indigènes localement efficaces pourront servir à mettre au point des techniques peu coûteuses et nécessaires pour des opérations à petite échelle sur le terrain (Woodford, 1983).

7. Conclusions

L'utilisation des ressources en faune sauvage peut apporter une contribution supplémentaire utile aux programmes intégrés de lutte contre la désertification. Il existe de bonnes techniques de transformation des produits de la faune sauvage et ce qu'il faut, ce sont des systèmes de gestion plus appropriés. Ces ressources ont souvent été très surexploitées et les programmes d'utilisation devront être précédés de mesures qui viseront à rétablir et à renforcer la base de ces ressources.

8. Références

Child, G.S. 1978(a), Protection of Wildlife and Re-establishment of the Ecological Balance of the Steppe Region. Syrian Arab Republic: Consultant Report; Project SRY/72/004 Integrated Agricultural Development, FAO, Rome, 9 pp.

Child, G.S. 1978(b), Report on the Establishment of National Parks and Reserves in the Libyan Arab Jamahirya. Rapport de mission, FAO, Rome, 9 pp.

Child, G.S. 1984, Management of Wildlife in the Future of Africa in Advancing Agricultural Production in Africa. Proceedings of the Commonwealth Agricultural Bureau. First Scientific Conference, Arusha, Tanzanie, 12-18 février 1984, 12 pp.

Dasman, R.F. et Mossmann, A. 1964, African Game Ranching. Pergamon Press, New York. 75 pp.

Filter, R. 1982, Arabian Oryx Returns to the Wild Oryx Vol. 16, No. 5. pp. 406-410.

Furley, R. (sous presse), Potential Use of Gazelles for Game Ranching in the Arabian Peninsula.

Geerling, Chris et de Bie, S. Wildlife Utilization as a Type of Land Use: An Approach to, Implementation. Paper presented at Consultation on 1985 the Role of Forestry in Combating Desertification, 24-28 juin 1985. Saltillo, Mexique, 3 pp.

Joubert, Eugène, Brandt, P.A.G., et Visagie, G.P. 1983, An Appraisal of the Utilization of Game on Private Land in South West Africa. Madoqua, Vol. 13, No. 3, pp. 197-219.

Jungius, H. 1978, Plan to Restore Arabian Oryx in Oman: Oryx Vol. 16, No. 4 pp. 329-336.

King, J.M. et Heath, B.R. 1975, Domestication de la faune pour la production animale en Afrique - Expériences réalisées à Galana. Revue mondiale de zootechnie N° 16, FAO, Rome, pp. 23-30.

Nelson, J.B. 1985, Return to Azraq. Oryx Vol. 19, No. 1 pp. 22-26.

Spinage, C.A. 1983, L'élevage du gibier: Possibilité d'une exploitation soutenue de la faune sauvage au Burkina Faso. Séminaire sur l'utilisation de la faune. Septième session de la Commission des forêts pour l'Afrique. Groupe de travail de l'aménagement de la faune et des parcs nationaux. Document FO:AFC/WL:83/6.1. 19-21 septembre 1983. Arusha, Tanzanie, 5 pp.

Van den Heever, L.W. 1965, Biltong Hygiene. S. Afr. Med. J. 39. pp. 14-16.

Woodford, M.F. Utilisation. au niveau de la subsistance, du gibier et des produits de la faune en Afrique. Séminaire sur l'utilisation de la faune. Septième session de la Commission des forêts pour l'Afrique. Groupe de travail de l'aménagement de la faune et des parcs nationaux. Document FO:AFC/WL:83/6.5. 19-21 septembre 1983. Arusha, Tanzanie, 6 pp.

3.9 Réhabilitation des milieux salins


1. Introduction
2. Sols salins
3. Végétaux pour les sites salins
4. Méthodes de réhabilitation
5. Utilisation fourragere des arbustes halophytes
6. Études de cas
7. Lacunes dans les connaissances
8. Conclusions
9. Références


C.V. MALCOLM,
Principal Research Officer,
Division of Resource Management, Western Australian
Department of Agriculture

1. Introduction

Sources d'érosion et de désertification, les milieux salins peuvent être transformés pour produire entre autres du fourrage et du combustible, ce qui permet de libérer de bonnes terres agricoles pour des cultures indispensables mais non résistantes au sel.

L'ingénierie, qui a été naguère le pilier des programmes de remise en valeur, ne convient souvent pas en raison du manque d'eau, des dépenses qu'elle nécessite, du manque de matières premières (par exemple combustible) et de difficultés techniques (par exemple qualité de l'eau, sols imperméables, absence de terrains de décharge). L'une des solutions possibles consiste à cultiver des plantes résistant suffisamment aux conditions salines ou alcalines sans nécessiter de travaux de récupération des terres. On s'intéresse de plus en plus à la culture de plantes très résistantes au sel pour les sols salins (Barrett-Lennard et al., 1985) ou pour une irrigation avec une eau très saline (O'Leary et al., 1984).

De récentes estimations (FAO, 1982) montrent que 44 pays d'Afrique et d'Asie du Sud manquent cruellement de terres agricoles pour nourrir leurs populations. En outre, les approvisionnements en bois de feu s'épuisent rapidement du fait de la surexploitation de la végétation (FAO, 1981). Les pays d'Afrique et d'Asie du Sud contiennent 183 millions d'ha de terres salines (Dudal & Purnell, 1985), dont 91 millions d'ha sont classés comme solonchaks, avec des niveaux de conductivité électrique de l'extrait à saturation (ECe) de 1500 mSm-1 dans la couche supérieure du sol 0,75 m à 1,25 m. Ces sols conviennent à la culture de plantes halophytes mais non aux plantes glycophytes normales (Malcolm, 1985a). Onze autres pays d'Amérique centrale connaissent une très sérieuse pénurie de terres pour l'agriculture, mais il n'y a dans cette région que 2 millions d'ha de terres salines.

Les sols salins sont généralement très érosifs, du fait de leurs hauts niveaux de sodium échangeable; ils sont souvent dénudés par la surexploitation et sont la source de vents chargés de sel et/ou de sable ou de ruissellements salés vers les cours d'eau ou les terres adjacentes. Le couvert végétal pauvre de nombreuses zones salines ne parvient pas à utiliser les eaux souterraines salines; le niveau des nappes est donc inutilement élevé et peut contribuer à des cours d'eau ou des réserves d'eau souterraines. La reconstitution du couvert végétal des zones salines permet de lutter contre l'érosion éolienne et l'érosion par l'eau, aide à utiliser les eaux souterraines en excès, fournit des aliments et un couvert pour les animaux domestiques ou la faune sauvage et/ou fournit du bois de feu et améliore le paysage.

La salinité et l'alcalinité du sol limitent le nombre de plantes cultivables (Richards, 1954) et peuvent limiter le rendement même de celles qui présentent une grande tolérance à ces conditions (Greenway et Munns, 1980). Les conditions d'établissement de plantes sur les sols salins étant extrêmement hostiles (Malcolm, 1985b), ces sols ont été exclus des nombreux programmes de reconstitution du couvert végétal, de sorte que d'importantes superficies restent inexploitées et improductives. Le but du présent article est d'examiner les possibilités de remise en état des environnements salins, d'évaluer les contraintes et de recommander des programmes d'action futurs.

2. Sols salins


2.1 Répartition et étendue
2.2 Définition
2.3 Évaluation des terres pour la plantation d'halophytes


2.1 Répartition et étendue

On a estimé que 7% de la superficie mondiale des terres (920 millions d'ha) étaient plus ou moins salins, 3% (400 millions d'ha) présentant un caractère salin ou sodique dominant. La répartition de ces terres par région est donnée par Dudal et Purnell (1985).

On trouvera au Tableau 1 des estimations des superficies de terres salines dans 17 pays et dans la région soudano-sahélienne. Il existe des cartes et des compilations pour quelques pays (notamment l'Australie, l'Inde, le Pakistan). Dans certains autres (Égypte, Soudan), les surfaces de terres salines ne sont connues que pour les régions irriguées mais on sait qu'il existe d'autres étendues salines. On sait par ailleurs qu'il existe de vastes étendues salines dans des pays comme la Tunisie, mais on ne connaît par leur superficie.

2.2 Définition

Les sols salins sont classés en fonction de leur degré de salinité et/ou d'alcalinité et des caractéristiques de leur profil (par exemple structure columnaire à l'horizon B. Szabolcs, 1974).

Pour la Carte mondiale des sols (FAO/Unesco, 1971-1981), les limites suivantes ont été adoptées:

Solonchak

ECe

(conductivité électrique de l'extrait à saturation) 1500 ms m dans la couche supérieure 0,75-1,25 m

Phase saline

ECe

4mS m-1 dans la couche supérieure de 1 m

Solonetz

ESP

(pourcentage de sodium échangeable) 15 dans la couche supérieure de 0,4 m

Phase sodique

ESP

6 dans la couche supérieure de 1 m.

Les valeurs limites de ECe et ESP ont des incidences différentes selon les parties du monde en raison des facteurs climatiques, végétaux et pédologiques (Dudal et Purnell, 1985; Szalbolcs, 1974). D'autres critères tels que SAR (taux d'absorption du sodium) peuvent être préférés à ESP (Soil Science Society of America, 1971) et des facteurs tels que la saturation en eau peuvent beaucoup modifier la signification des données de salinité (Barrett-Lennard, 1985). La souplesse a donc été recommandée dans l'application des valeurs limites (Szabolcs, 1974). Dudal et Purnell (1985) estiment qu'il est nécessaire de disposer de données sur les limites critiques de salinité et de sodicité dans des conditions spécifiées pour des espèces particulières.

Les valeurs limites pour la foresterie sur les sites salins sont mal définies. À un "Atelier sur l'évaluation des terres pour la foresterie" (Laban, 1980), on a considéré que les sites convenaient pour la foresterie s'ils "n'étaient pas ... vulnérables à la salinisation" (Bennema et al., 1980). Killian (1980) a conclu qu'il n'était probablement pas réaliste d'essayer d'établir un système unique standardisé de classification mondiale des sites pour la foresterie. Il a recommandé l'utilisation d'une terminologie standardisée et une interprétation pratique large de la terminologie utilisée.

Un système d'évaluation des terres pour l'agriculture en sec (FAO, 1983), qui adopte des valeurs limites spécifiées mais souples pour des facteurs tels que salinité, saturation en eau (disponibilité d'oxygène) et teneur du sol en éléments nutritifs, peut aussi être utile pour la foresterie. Son adoption exigerait la définition de valeurs limites s'appliquant à des espèces et des milieux donnés. Un niveau de salinité donnant un potentiel de rendement de 90% pour une espèce est retenu comme limite entre les sites très appropriés et modérément appropriés. Les sites marginalement appropriés et non appropriés sont différenciés par la valeur de salinité de "rendement zéro". La limite de salinité entre les sites modérément et marginalement appropriés est déterminée par des facteurs économiques et sociaux.

2.3 Évaluation des terres pour la plantation d'halophytes

Des informations émanant de pays comme l'Inde et l'Australie indiquent que les terres salines peuvent se diviser en quelques grands types (voir Tableau 1), qui représentent des conditions écologiques extrêmement différentes.

Dudal et Purnell (1985) ont distingué cinq groupes principaux de terres salines et les ont subdivisées selon trois zones climatiques. Une subdivision supplémentaire est donnée au Tableau 2 en fonction des types climatiques figurant dans le Times Atlas of the World (1973), avec une classification supplémentaire des déserts en chauds et froids.

Les zones côtières salines se rencontrent dans la plupart des zones climatiques, mais on n'a trouvé que dans la zone méditerranéenne, les zones de steppe aride et de désert chaud des exemples de cuvette endoréique (fermée). La plus grande concentration d'exemples indiqués au Tableau 2 se situe dans les climats humides sub-tropical, méditerranéen et sec.

Dans l'une quelconque de ces subdivisions, la répartition des plantes qui poussent sur les sols salins est fonction de leur tolérance à des facteurs tels que l'inondation, la profondeur de la masse phréatique, le type de sol, la pluviométrie et la salinité (Novikoff, 1961; Kassas et Zahran, 1967; Ungar, 1972; Jefferies et al, 1979; Malcolm, 1983a; Sankary, 1985).

Il faudrait un système de classification des sites qui tienne compte des besoins écologiques des espèces.

Les halophytes présentent une réduction de croissance de 50% à des concentrations de NaCl allant jusqu'à 630 mm en solution aérée, contre un maximum de 130 mm pour les glycophytes les plus tolérantes au sel (Greenway & Munns, 1980). Ces valeurs correspondent à peu près à des valeurs de ECe de 5800 et 1300 mS m-1 respectivement sur les sites (Malcolm, 1985a). On peut les comparer aux niveaux de salinité des sols portant des communautés de plantes halophytes (Tableau 3). Les conductivités les plus faibles (au Tableau 3) sont le plus souvent supérieures au niveau de réduction de croissance de 50% pour les halophytes les plus tolérantes (5800 mS m-1). Ces conductivités élevées sont à comparer à celles de sols où la production céréalière a échoué en raison de la salinité au Canada et au Texas (Lüken, 1962; Carter et Wiegand, 1965).

La répartition des espèces halophytes sur les sites salins est découpée en zones en fonction de différences mineures de topographie. Clarke et Hannon (1970) ont constaté que, dans les marais littoraux, les différences d'élévation étaient liées à des différences d'inondation provoquant des niveaux différents de salinité et de saturation en eau. Les halophytes du site ont été réparties en zones en fonction de leur tolérance à la salinité et à la saturation en eau. La salinité et l'hydrologie des sites ont également été identifiées comme les principaux facteurs qui influent sur la distribution des espèces dans les zones salines intérieures (Novikoff, 1961; Ungar, 1965; Sankary, 1985). Des recherches complémentaires sont nécessaires pour définir les niveaux de tolérance à la salinité ou à la saturation en eau de différentes espèces et la manière de caractériser un site en fonction de ces niveaux de tolérance.

Les sites peuvent être décrits en fonction des critères nécessaires à la croissance ou à la survie. Une saturation exceptionnelle en eau peut tuer des espèces qui ont prospéré sur un site pendant des années. Ou bien certaines espèces peuvent survivre sur le site sans grandir de façon vraiment notable.

Le Séminaire de recherche pour le développement intitulé "Production de fourrage et de bois de feu sur les terres salées" (1985) a formulé des recommandations sur la manière de caractériser les sites salins; on les trouvera au Tableau 4. Ce système pourrait servir de base pour l'établissement une banque de données sur les sites salins dans le monde. Il serait complété par des informations sur l'adaptation des espèces aux sites.


Table des matières - Précédente - Suivante