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4.6 Matériaux et main-d'oeuvre

Il n'existe pas de matériau universellement optimal pour le captage et le stockage. Le coût d'autres sources d'eau et l'importance de l'approvisionnement en eau déterminent les coûts qui peuvent se justifier dans un système. Habituellement, on utilise les moins chers des matériaux disponibles localement. Les systèmes de collecte de l'eau destinés à fournir de l'eau potable sont généralement construits avec des matériaux plus coûteux que ne le justifieraient leurs applications à l'agriculture par ruissellement. Il faut comparer le coût des matériaux et le coût de la main-d'oeuvre. Certains matériaux et certaines techniques d'installation sont gros consommateurs de main-d'oeuvre, mais les investissements qu'ils nécessitent sont relativement faibles. D'autres matériaux peuvent être plus coûteux au départ mais nécessiter un minimum de main-d'oeuvre pour la construction.

4.7 Entretien

Si l'on ne prévoit pas d'entretien, le système ne fonctionnera pas longtemps. Ne pas réparer les petites détériorations peut aboutir à la destruction complète du système. Un programme d'entretien doit être suivi même lorsque l'eau recueillie n'est pas utilisée. Si certains types de traitement de captage et de stockage nécessitent un entretien plus fréquent et plus intense que d'autres, la plupart des systèmes de collecte de l'eau peuvent être entretenus de façon suffisante moyennant une visite ar an d'inspection et de réparation, lorsque les problèmes qui peuvent apparaître à d'autres moments sont traités immédiatement. Tous les éléments du système doivent être inspectés; il faut notamment vérifier qu'il n'y a pas de fuite aux robinets, aux tuyaux ou aux réservoirs et s'assurer que l'aire de captage n'est pas envahie par les mauvaises herbes, les animaux et les insectes. Les inspections et les réparations ne prennent généralement que quelques heures mais sont aussi indispensables au système que l'installation de départ.

5. Exemples

De nombreux systèmes de collecte de l'eau ont déjà été installés dans diverses zones arides du monde et beaucoup d'autres sont actuellement mis en place. Bien qu'on en soit généralement au stade expérimental et qu'il soit peut-être trop tôt pour évaluer les résultats finals, la plupart des installations semblent réussies Nous ne citerons ici que quelques cas représentatifs

Mexique

Il existe au Mexique un certain nombre de projets de collecte de l'eau destinés à divers usages, depuis les usages domestiques jusqu'à l'agriculture de ruissellement. Nous en donnerons ici deux exemples.

Nuevo Leon

Ce système est constitué d'un ensemble de 248 micro-captages de 70 m2 chacun pour la culture de pistachiers Chaque arbre est planté dans un micro-captage. L'un des objectifs majeurs est d'évaluer différents traitements de captage, à savoir: 1) la terre compactée, 2) la cendre de soude (Na2CO3), 3) le bitume, 4) le polyéthylène couvert de gravier, 5) l'asphalte couvert de gravier et 6) le sol lissé L'humidité du sol a été surveillée sous chaque arbre à des profondeurs de 15, 35 et 55 cm Il a été également mis à l'essai divers systèmes de couverture de sol immédiatement autour des arbres pour réduire l'évaporation (Velasco et Carmona, 1980)

Il s'agit d'un projet de démonstration expérimental à long terme en raison de la lenteur de croissance des arbres. D'après les premières observations, il apparaît que le sol érodé sur l'aire de captage traitée au sel est déposé autour de l'arbre La terre ainsi déposée réduit les infiltrations.

Techo cuenca

Un système de collecte de l'eau a été construit en 1975 pour accroître la quantité d'eau à usage domestique disponible pour 30 familles (environ 180 personnes) du village de Laguntia y Ranchos Nuevos dans l'État de Nuevo Leon. Ce système se compose d'un toit en métal galvanisé renversé (269 m2) installé sur un cadre en acier au-dessus d'un réservoir en acier de 80000 litres La main-d'oeuvre villageoise employée à la construction du système a représenté 36% du coût total de 143000 pesos de 1975. Le système fournit chaque année de l'eau potable à tous les habitants du village pendant 4 mois et demi sur la base d'une ration de 20 litres par jour et par famille au tiers environ de ce que serait le coût du transport de l'eau (Carmona et Velasco, 1981).

Inde

Des essais ont été faits avec le gombo pour étudier les effets de différentes méthodes de conservation de l'eau sur la croissance et le rendement des plantes On a constaté que sur huit méthodes mises à l'essai, le rendement le plus élevé était obtenu avec des plants sur deux rangées espacées de 45 cm dans des sillons orientés est/ouest avec des billons espacés de 60 cm. L'effet bénéfique de cette méthode a été attribué au drainage de l'eau de pluie des billons vers les sillons (Vashistha et al., 1980).

Iran

Des revêtements d'asphalte ont été appliqués sur une colline proche de Téhéran à raison de 1 litre/m2 sur des pentes situées au-dessus des parcelles et des terrasses expérimentales de ruissellement (de 2 m de large), afin de récolter l'eau de pluie pour l'arboriculture. Le ruissellement d'eau de pluie sur une période de cinq ans a été substantiel. Des Robinia pseudoacacia, Cupressus arizonica et Fraxinus rotundifolia ont été plantés Les chiffres montrent que sur les parcelles traitées à l'asphalte, la hauteur, le diamètre du tronc et le développement de la frondaison des arbres étaient nettement supérieurs à ce qu'ils étaient dans des parcelles témoins (Mehdizadeh et al., 1978).

Pakistan

En 1982, le Pakistan Forest Institute a installé des micro-captages sur plus de 40 ha en 1982 dans une zone qui reçoit 250 à 300 mm de précipitation annuelle. Le but du projet était de créer des plantations forestières. Des variétés d'Acacia, Prosopis, Tecoma et Parkinsonia ont été plantées. La survie des espèces plantées dans une zone témoin sans micro-captage n'a été que de 10%. Celle des espèces plantées dans les micro-captages a été de 80 à 90%. C'est l'Acacia tortilis qui a présenté le taux de survie le plus élevé et il a poussé de plus de 4 pieds par an.

Australie

L'Australie a été parmi les premiers pays occidentaux à installer des systèmes opérationnels de collecte de l'eau destinée à l'abreuvement du bétail et aux besoins domestiques. Une grande partie de ces travaux ont été effectués dans le sud-ouest de l'Australie occidentale.

Collecte à partir des surfaces naturelles (250 mm de précipitation)

On a profité des affleurements naturels de granit qui se rencontrent couramment sur les crêtes des grandes plaines sableuses de la région. Le ruissellement provenant des 250 mm de précipitation annuelle sur beaucoup de ces affleurements est récolte au moyen de caniveaux construits en béton ou en maçonnerie autour du bas des pentes de la roche. L'eau ainsi collectée est amenée au moyen du caniveau jusqu'à un réservoir de stockage en béton construit sur le roc ou à proximité, ou jusqu'à un réservoir de terre situé en contrebas de la roche. L'eau de ces captages de roc est connue pour son excellente qualité. Le ministère des Travaux Publics a construit des systèmes de ce genre sur quelques-uns des principaux affleurements pour alimenter des adductions publiques d'eau potable.

Le ministère des Travaux Publics de l'Australie occidentale a lancé en 1948 un programme de construction de captage en chaussées (Carder, 1970). Il s'agissait de défricher, façonner et tracer des courbes de niveau pour réguler la longueur et le degré de la pente et de compacter à l'aide de rouleaux pneumatiques. On estime que 2500 de ces captages ont été installés principalement pour l'abreuvement du bétail. Ils font en moyenne 1 hectare. Il existe aussi 21 captages du même type qui totalisent 706 ha, ont une dimension de 12,1 à 70,8 ha chacun et sont actuellement utilisés pour fournir de l'eau à usage domestique aux petites villes d'Australie occidentale (Burdass, 1975).

États-Unis

Les réserves indiennes du sud-ouest des États-Unis ont beaucoup de points communs avec les pays en développement des régions arides: isolement, pastoralisme, manque d'eau et économie pauvre. Un certain nombre de systèmes de collecte de l'eau ont été testés sur ces réserves par divers organismes. Nous en citerons trois.

L'Arizona Strip

L'Arizona Strip s'étend de part et d'autre du Colorado à partir de la réserve indienne des Hualpai et au sud de la frontière entre l'Arizona et l'Utah. Les terres relèvent de l'U.S. Department of the Interior, Bureau of Land Management, et sont louées pour le pâturage. Les cours d'eau et les sources permanents sont rares et l'eau souterraine est inacessible parce qu'elle est trop profonde et parce que les aquifères situés dans les hauteurs sont isolés. On utilise souvent des réservoirs de terre, mais ils sont rarement fiables en raison de l'importance des pertes par suintement et par évaporation et de la faiblesse du ruissellement.

Deux systèmes de collecte de l'eau ont été installés en septembre 1974 pour évaluer les possibilités offertes par cette technique pour l'abreuvement du bétail en eau potable. Les aires de captage (0,3 et 0,4 ha) ont été traitées par pulvérisation d'une cire de paraffine raffinée sur la surface du sol préparée au préalable. L'eau collectée a été stockée dans un réservoir à parois d'acier et à fond de béton de 300000 litres, avec une couverture flottante en mousse de caoutchouc pour éviter l'évaporation. Le coût total (en 1974) a été de 8925 et 9150 dollars, y compris la main-d'oeuvre et divers postes tels que clôtures et abreuvoirs. Ces systèmes sont entretenus par le Bureau of Land Management.

Au cours d'une période de sécheresse en 1976-77, ce sont eux qui ont fourni la seule eau disponible. Toutes les autres sources étaient à sec. Sans cette ressource, les éleveurs auraient été obligés de transférer ailleurs leur bétail. Ils ont observé que ces systèmes étaient aussi satisfaisants ou préférables à une source (Cooley et al, 1978). Depuis, le Bureau of Land Management a mis en place plus de 60 unités supplémentaires de types divers avec des traitements différents et plusieurs éleveurs locaux sont en train d'installer leurs propres unités. Il y a eu certains échecs parmi les plus récentes, mais ils n'ont pas dissuadé les «ranchers» d'accepter cette méthode d'approvisionnement en eau. Il a été démontré en effet que, lorsque l'installation et l'entretien étaient corrects, la collecte de l'eau pouvait être une méthode efficace d'approvisionnement.

Black Mesa

L'installation de collecte de l'eau de Black Mesa est située sur la réserve des Indiens Navajos dans le nord-est de l'Arizona sur un mort-terrain provenant d'une mine de charbon. C'est l'un des systèmes les plus appliqués aux États-Unis. Il se compose: (1) de trois bassins de stockage d'une capacité totale légèrement supérieure à 3 millions de litres, (2) de deux terrasses agricoles nivelées de 1 ha chacune, (3) d'un captage en "chaussées" pour un verger de 0,5 ha, (4) d'un captage de fibres de verre-goudron-gravier de 3,2 ha et d'un captage traité au sel de 2,9 ha. Un système de pompage est utilisé pour transférer l'eau recueillie entre les réservoirs et la relever pour irriguer les zones cultivées. Au début, l'irrigation se faisait par submersion, mais il a été installé par la suite un système d'irrigation par aspersion.

Les espèces annuelles cultivées et qui ont fait l'objet d'une évaluation ont été la betterave, l'oignon, le navet, la pomme de terre, la carde, la laitue, le chou, la tomate, la courge, le haricot, le potiron, le melon, la betterave fourragère et le maïs. Toutes, à l'exception des tomates, ont bien réussi, certaines produisant davantage que la moyenne nationale. La production de maïs a été la moins rentable. Cela n'a pas été une surprise, car le maïs étant un aliment traditionnel dans cette région, il a été planté pour des raisons sociales. Les arbres fruitiers n'y avaient jamais été cultivés auparavant Après trois ans, tous les arbres poussaient bien, mais il était trop tôt pour dire quel pourra être le rendement des variétés plantées. Le projet de collecte de l'eau a produit des recettes nettes d'environ 1700 dollars par hectare cultivé (1981) Ces recettes devraient augmenter lorsque les vergers parviendront à maturité (Thames et Cluff, 1982).

Shungopovi

Le village de Shungopovi est situé sur la Second Mesa, sur la réserve indienne des Hopis dans le nord de l'Arizona. Le village construit au sommet d'une mesa rocheuse constituée de grès n'avait pas de source d'eau. Depuis que le village existait, ses habitants transportaient l'eau à partir de la vallée, d'abord à pied et plus tard à dos d'âne. Au début des années 1930, un petit système de collecte de l'eau a été installé pour remédier en partie au manque d'eau dans le village Une surface d'environ le tiers d'un hectare a été défrichée et la terre retirée pour mettre à nu la roche de grès. En dessous, une citerne profonde a été creusée dans le roc et un toit en béton a été construit. Ce système a fourni une partie de l'eau du village pendant une trentaine d'années; ensuite, il a été installé un puits communautaire, une pompe dans le fond de la vallée et un système d'adduction d'eau (Chiarella et Beck, 1974).

Israël

Les chercheurs israéliens ont été les premiers à expérimenter de nouvelles techniques de collecte de l'eau. Ils ont inventé diverses méthodes efficaces pour augmenter le ruissellement des terres de surface soit isolément, soit en combinaison avec d'autres méthodes, notamment le lissage et la compaction de la terre, la formation de croûtes sodiques, la pulvérisation de divers matériaux asphaltiques. Parmi ces derniers, le fuel lourd dilué avec du kérosène s'est révélé à la fois efficace et économique.

Les Israéliens ont trouvé des rapports de superficie de l'ordre de 3:1 à 6:1 entre les aires d'apport et de réception dans une zone de précipitations de 200 à 250 mm L'accrétion de l'eau reçue dans les zones de plantation de parcelles expérimentales a fourni une humidité du sol équivalant à la totalité des précipitations normales d'hiver dans la zone climatique méditerranéenne du nord du pays, où les vergers non irrigués assurent un moyen d'existence à un nombre appréciable d'agriculteurs (Hillel, 1967).

6. Lacunes des connaissances

Même en Israël, en Australie et aux États-Unis où la plupart des technologies modernes ont été mises au point, l'économie de la collecte de l'eau n'a jamais fait l'objet d'études complètes, en particulier sur le long terme. Il est nécessaire de mieux connaître la rentabilité des différentes méthodes dans différents contextes économiques, en particulier dans ceux des pays en développement.

Outre qu'ils fournissent davantage d'eau utilisable, une fonction essentielle des systèmes de collecte de l'eau destinée à l'abreuvement du bétail, aux usages domestiques et à l'agriculture de ruissellement, est d'atténuer les variations des précipitations naturelles en fournissant de l'eau au cours des périodes intermédiaires. Il n'en reste pas moins que la fiabilité d'un système et le degré de risque qu'il comporte dépendent de la fiabilité des précipitations et de la régularité de la demande d'eau. C'est pourquoi les relevés des précipitations sont indispensables pour concevoir et exploiter les systèmes. Ils sont souvent insuffisants dans les pays en développement et surtout dans les zones arides moins peuplées de ces pays En outre, compte tenu de la grande irrégularité des précipitations d'une année sur l'autre dans les zones arides, il est nécessaire que les relevés portent sur de plus longues périodes du passé que dans les zones tempérées. Il faudrait que les organismes internationaux de développement encouragent une couverture plus adéquate par les stations météorologiques et la tenue de relevés journaliers. On a grand besoin d'informations sur les besoins minimums en eau des cultures dans différentes régions climatiques des zones arides, afin de réduire le risque d'une mauvaise conception des systèmes de collecte de l'eau pour l'agriculture.

L'évaporation de l'eau stockée pose un grave problème. Deux mètres ou plus de pertes des surfaces d'eau à l'air libre ne sont pas exceptionnels dans les terres arides. Jusqu'à présent, mis à part les réservoirs et les citernes, aucune méthode économique et efficace n'a été mise au point pour empêcher l'évaporation des bassins de stockage et cela, malgré la grande diversité de matériaux essayés.

Il est important par ailleurs de procéder à des études techniques pour réduire les coûts de traitement des captages et pour adapter le traitement à des sols et des situation plus divers. L'industrie crée constamment de nouveaux matériaux qu'il faudrait constamment étudier pour voir s'ils peuvent servir à la fois pour traiter le captage et empêcher l'évaporation.

C'est en grande partie par les expérimentations empiriques que la technologie de la collecte de l'eau pourra progresser. C'est pourquoi des informations plus complètes et plus précises portant sur un plus large éventail de conditions climatiques, pédologiques, économiques et sociales sont indispensables. On a certes besoin d'informations sur les projets qui ont réussi, mais celles qui concernent les échecs et les raisons de ces échecs sont tout aussi utiles et beaucoup plus difficiles à obtenir. Il faudrait s'efforcer de créer un moyen international d'avoir accès à ces informations.

À mesure que l'on dispose de plus d'informations, des travaux supplémentaires sont nécessaires en ce qui concerne la modélisation et la synthèse des systèmes de collecte de l'eau. Jusqu'à ce que soient mis au point des programmes de prévision adéquats, la conception des systèmes de collecte de l'eau continuera de dépendre de l'expérience acquise dans la pratique par un nombre limité d'experts.

Bien que les techniques et leurs variantes soient nombreuses, des idées nouvelles sont nécessaires. Par exemple, des serres en plastique où l'eau est constamment recyclée pourraient être couplées à un système de collecte de l'eau pour produire des cultures de haute valeur. Ceci n'a pas encore été fait.

Les informations quantitatives sur la qualité de l'eau recueillie au moyen des systèmes de collecte de l'eau sont limitées. Elles sont pourtant nécessaires en ce qui concerne divers traitements utilisés pour les captages, afin de pouvoir les comparer avec les normes de sécurité pour l'eau destinée au bétail, à la consommation humaine et à la culture. L'analyse de la qualité de l'eau devrait faire partie intégrante de tout projet de collecte de l'eau.

7. Conclusions

La collecte de l'eau constitue un moyen efficace d'exploiter les rares ressources en eau des régions arides. Contrairement à l'exploitation des eaux souterraines, dont la quantité est limitée dans les zones arides, cette méthode permet d'utiliser l'eau "renouvelable" des précipitations même si celles-ci ne se produisent, bon an mal an, qu'en quantités limitées. C'est aussi un moyen relativement peu coûteux d'approvisionnement en eau que l'on peut adapter aux ressources et aux besoins des ruraux pauvres. Il est forcément artisanal et, en tant que tel, il peut assurer la stabilité et améliorer la qualité de vie des petites communautés rurales et celle des petits exploitants agricoles qui sont loin de pouvoir bénéficier des avantages des grands projets de développement. Malgré cela, la collecte de l'eau n'est pas une panacée. Elle comporte certains risques, selon les caprices du climat. De nouvelles compétences sont nécessaires, même si elles sont simples, l'entretien est une nécessité permanente et une bonne conception est indispensable.

Il n'existe pas de système universellement optimum de collecte de l'eau mais il y aura toujours, pour un lieu donné, un système qui peut être adapté à ses contraintes. Chaque site a ses caractéristiques propres qui influeront sur la conception du système optimum. Tous les facteurs, techniques, sociaux, physiques et économiques, doivent être pris en compte. Au cours des vingt dernières années, beaucoup de systèmes de collecte de l'eau ont été conçus et évalués en différents lieux du monde. Certains ont été des réussites remarquables et d'autres, malgré des efforts importants, des échecs complets dus à une mauvaise conception ou à des matériaux inadéquats. D'autres ont échoué malgré une bonne conception et des matériaux adéquats, parce que les facteurs sociaux n'ont pas été pris en compte: il y a eu un manque de communication et un manque de participation de la population locale à la fois à la planification et au financement des projets. Malheureusement, un seul échec dans un système social traditionnellement conservateur, comme le sont de nombreuses sociétés rurales des pays arides, peut annuler les effets de dix réussites. Pour réussir, un système doit:

1. être techniquement valable, convenablement conçu et entretenu;
2. être économiquement réalisable compte tenu des ressources de l'utilisateur;
3. pouvoir s'intégrer aux traditions sociales et aux aptitudes des utilisateurs.

On a beaucoup appris depuis 20 ou 30 ans. Il reste encore beaucoup plus à apprendre mais on a maintenant accumulé suffisamment de connaissances et d'expérience pour mettre en oeuvre des projets de collecte de l'eau dans toutes les zones arides du monde. Il est nécessaire de recueillir des informations empiriques et de la documentation sur les réussites aussi bien que sur les échecs pour pouvoir mettre au point une technologie mieux adaptée.

8. Références

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3.12 Restauration des terres et reconstitution du couvert végétal


1. Introduction
2. Objectifs
3. Méthodes appliquées pour restaurer les terres et reconstituer le couvert végétal
4. Études de cas
5. Stratégies et contraintes
6. Lacunes dans les connaissances
7. Conclusions et recommandations
8. Références


A. ELHOURI AHMED
Directeur, Forestry Research Centre
Khartoum, Soudan

1. Introduction

Il y a dégradation des terres lorsque les ressources (sol et végétation) sont utilisées au-delà des possibilités de récupération de l'écosystème. Cette mauvaise utilisation est due à la pression démographique qui a donné lieu à surpâturage, à de mauvaises pratiques culturales et à un déboisement excessif dû à la culture, au pâturage et à la collecte de bois de feu.

Les mesures correctives jugées nécessaires et justifiées ne peuvent réussir que si elles sont définies puis appliquées dans le cadre socio-économique existant pour rétablir l'équilibre écologique.

La présente communication traite des objectifs de la restauration et de la revégétation des terres, des stratégies et pratiques mises en oeuvre pour les atteindre compte tenu des contraintes existantes et recommande des lignes de conduite à suivre pour s'attaquer à ce problème.

2. Objectifs

Étant donné l'impossibilité d'appliquer des solutions telles que la migration ou le soutien continu des populations des zones touchées, compte tenu des réalités politiques et de la dignité de l'homme, les grands objectifs de la restauration des terres et de la reconstitution du couvert végétal sont les suivants:

a) restaurer les terres et la végétation afin d'accroître la production vivrière, non seulement pour les besoins de la population du moment, mais aussi en tenant compte des taux élevés de croissance démographique (2 à 3,6% par an). Le revenu actuel par habitant étant faible (200 dollars par personne et par an dans la zone soudano-sahélienne, Thomas (1980)), il ne suffit pas de maintenir le statu quo à mesure que la population s'accroît, il faut aussi essayer de dépasser ces niveaux minimums Il faudrait créer de meilleurs services sociaux, notamment dans les domaines de la santé, du logement, de l'enseignement et dans d'autres;

b) renforcer la production vivrière et générer en même temps des revenus et améliorer la qualité de la vie grâce à la conservation et à la mise en valeur des ressources.

Les objectifs précis sont les suivants:

1. protection du sol contre l'érosion par le vent et l'eau et maintien de sa fertilité;

2. protection des aires de captage et des cours d'eau permanents et saisonniers pour assurer un débit d'eau régulé tant en quantité qu'en qualité. En outre, utilisation efficace et raisonnable des maigres ressources en eau;

3. renforcement du rôle productif de la végétation afin d'obtenir une production maximum de fourrage, de bois, de fibres, de produits médicinaux, de tanins, de parfums, de gommes et autres produits.


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