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LES MÉDIAS ET LES CHOIX TECHNOLOGIQUES

CONTEXTE

La télévision et la vidéo

Dans le secteur, huit structures publiques et parapubliques sont présentes au Mali:

Il existe également des structures privées, dont le TAP (Télé action progrès);

En ce qui concerne l'ORTM, on peut retenir que 80% des programmes diffusés sont en français; les 20% restants sont consacrés à quelques magazines, quelques sketchs et micro-programmes de sensibilisation. L'insuffisance d'une réelle production en langues nationales est due à l'absence de budget de production et un manque de formation professionnelle des agents.

Bien qu'ayant été érigé en EPA (Etablissement public à caractère administratif), l'ORTM reste dans les mêmes structures de service central. Il ne bénéficie encore d'aucune subvention, l'Etat assurant seulement le budget de fonctionnement (salaires essentiellement). Son rôle de "porte-parole" de l'Etat perdure, malgré son nouveau statut d'EPA: il enlève à l'ORTM la crédibilité nécessaire pour une mission de média mobilisateur pour le développement.

Le CNPC, malgré la notoriété internationale du cinéma malien, ne dispose pas de budget de production; il est en outre dans le dénuement absolu au plan matériel. Une réorganisation du secteur cinéma s'avère indispensable.

Le CESPA est le produit d'une réflexion commune et de l'engagement réciproque du Mali, du PNUD, et de la FAO autour des problèmes de développement du monde rural à travers la communication pour le développement. Après quatre années en tant que projet, le CESPA est aujourd'hui un Etablissement public à caractère industriel et commercial, structure nationale de droit malien dotée de la personnalité juridique et de l'autonomie financière et de gestion. Il a pour mission :

Le CESPA est actuellement premier dans son domaine d'intervention, tant sur le plan national que régional. Il devra néanmoins renforcer la formation de son personnel pour faire face à une demande grandissante qui nécessite un accroissement de productivité et une diversification des compétences.

Dans le secteur privé, TAP est le seul diffuseur par vidéo dans les zones rurales. Les thèmes retenus pour ses futures productions répondent en partie aux attentes des populations rurales. Il est indispensable pour TAP de rechercher un moyen de financement régulier, car il n'est soutenu que par les prestations de services aux associations villageoises.

Les moyens traditionnels de communication

Les moyens traditionnels de communication regroupent l'ensemble des genres ou des styles traditionnels de communication réactivés dans des situations de communication pour le développement.

Leur efficacité est fortement tributaire du contexte social et culturel auxquels ils renvoient.

Le théâtre populaire et les chansons ont permis de véhiculer une masse importante de messages. La scénarisation et la dramatisation semblent aujourd'hui être le genre le plus productif en sensibilisation.

Les moyens traditionnels de communication représentent un potentiel important de communication parce qu'ils mobilisent des ressorts culturels qui permettent une excellente réception des messages par les populations des projets de développement. La difficile question de la "participation" et de la créativité des populations devient ici une donnée d'emblée acquise, pour ce qui concerne en tout cas leur participation au processus de communication.

Les moyens traditionnels de communication sont des genres et des styles vivants parce qu'ils s'insèrent dans le tissu de la communication sociale quotidienne et évoluent en rapport intime avec la société au sein de laquelle ils sont pratiqués. C'est pourquoi ils sont en mesure d'exprimer, mieux que n'importe quel autre médium, la sensibilité particulière d'un groupe social.

Cependant, il convient de mentionner quelques contraintes qui limitent l'emploi des moyens traditionnels de communication :

Certaines opérations de développement et quelques institutions réactivent les moyens traditionnels de communication: le PADREF de Sikasso, l'OAPF, 1'ATD2 de Ségou, la DNAFLA, le CESPA (dix productions avec le théâtre KOTEBA et deux avec les marionnettes) et les audiothèques rurales.

La radio rurale

II existe aujourd'hui au Mali 17 stations de radio qui émettent quotidiennement et dont 14 sont des radios privées: la liste ne cesse de s'allonger. Les différentes radios couvrent presque totalement l'ensemble du territoire; seul le nord du pays n'est pas pourvu (Tombouctou, Gao, Kidal).

Parmi les 17 stations fonctionnant, cinq ont une vocation essentiellement rurale.

La radio rurale nationale a été lancée au Mali en 1967. Très tôt, elle a acquis une grande audience auprès des populations rurales. De 1967 à 1980, ses émissions représentaient 60% de la grille des programmes de la radiodiffusion nationale. Aujourd'hui, elle se trouve dans un dénuement presque total: personnel qualifié peu nombreux, pratiquement aucun matériel, impossibilité de sortir sur te terrain faute de ressources financières.

Un programme de relance de cette radio est actuellement en cours d'exécution, tinancé par la FAO (formation) et par l'UNICEF (équipement).

Deux stations régionales fonctionnent à Kayes et à Mopti.

Des radios rurales locales fonctionnent à Kayes depuis Août 1988 et à Douentza depuis Juillet 1993. D'autres seront installées à Kadiolo, Bandiagara, Nioro, Kidal.

Les radios privées sont, soit de type commercial, soit de type associatif.

De nombreuses carences sont à corriger: elles sont à la fois humaines, matérielles et structurelles:

La presse écrite en français

La presse écrite en français est en pleine mutation. Point n'est besoin d'insister sur les circonstances liées aux retombées des journées insurrectionnelles de mars 1991 pour justifier le foisonnement de titres dont la diversité témoigne du dynamisme de ceux qui les animent.

Dans le contexte socioculturel d'aujourd'hui, les objectifs de la presse, surtout d'Etat, ne sont plus d'assurer la transmission verticale des informations, mais de favoriser la communication et la dynamique d'échange entre les composantes de la société.

Le cadre réglementaire permet et défend cette expression plurielle qui se structure selon trois genres:

Le traitement de l'information se fait autour des questions d'ordre politique, social et économique. Certains titres consacrent une page aux lettres des lecteurs. Cette presse devient un véritable baromètre de l'opinion publique. Elle joue, de plus, un rôle important, prenant en charge une partie notoire de la communication institutionnelle du Gouvernement et des Ministères impliqués dans le développement rural.

L'Etat, conscient de son devoir d'aide et d'assistance à un secteur stratégique mais fragile, a d'ores et déjà pris ou initié toute une série de mesures portant sur des avantages divers dont bénéficient les organes de presse.

Cependant, cette presse connaît des contraintes majeures qui font peser beaucoup d'hypothèques sur son avenir:

La presse communautaire en langues nationales

En 1972, le Mali comptait 45 000 néo-alphabètes chez lesquels le besoin de lire et de s'exprimer se faisait sentir. C'est ainsi que "KIBARU", référence obligée des journaux ruraux maliens, fut créé le 11 mars 1972. De quatre pages au lancement, il est aujourd'hui passé à huit. En 20 ans d'existence, il est passé de 5 000 à 20 000 exemplaires. Onze ans plus tard naissait "KABAARU" destiné aux lecteurs peulh, tiré à 2000 exemplaires, puis six ans plus tard naissait. "XIBARE", journal en langue soninké. Pour coordonner ces différentes structures, l'AMAP créait en 1986 la DIPRESCOM. L'appellation "presse communautaire" est l'expression d'une volonté, celle de susciter, de stimuler et d'entretenir un dialogue fécond entre centres de décision et communautés de base. La presse communautaire compte aussi trois autres titres en langue bambara : "JEKABAARA", "KOTE", "NIETA".

Les rubriques partagées par la quasi totalité des titres sont celles de la formation permanente (agriculture, santé, hydraulique, etc.), de la formation politique et civique et enfin la rubrique dite des initiatives locales.

La zone de diffusion et de rayonnement de cette presse communautaire correspond aux zones d'intervention des opérations de développement.

Les atouts de la presse communautaire :

Cependant, la presse communautaire doit faire face à un certain nombre de contraintes :

Les aspects techniques et technologiques (radio, télévision, télécommunications)

Pour ce qui concerne la radiodiffusion sonore de l'ORTM, les équipements de studio sont vieux de plus de 20 ans, les bâtiments délabrés, les installations électriques et acoustiques obsolètes. Les émetteurs à ondes courtes ont 23 ans, les émetteurs plus récents (1982) nécessitent des pièces de rechange à des prix prohibitifs, la transmission entre Bozola (centre de production) et Kati (centre d'émission) nécessite d'être revue, le personnel de maintenance n'a pas d'outils de travail, sa formation ne suit pas l'évolution des techniques et il manque de motivation.

Pour ce qui concerne la télévision, l'unicité du studio a entra”né une surexploitation des équipements: il est impossible de produire en période d'antenne: le matériel de reportage disponible est complètement absorbé par l'actualité à Bamako; ta maintenance préventive n'est pas assurée: les techniciens n'ont pas reçu de formation adaptée aux équipements: la transmission des signaux TV, domaine de la compétence de la SOTELMA, souffre de fréquentes interruptions, étant transmis sur le canal de secours avec priorité accordée à la téléphonie.

Pour ce qui concerne la commutation, le Mali compte 46 commutateurs dont 15 seulement automatiques: plusieurs commutateurs manuels sont soit saturés, soit hors service; sur les 15 autocommutateurs, seuls trois sont du type numérique: l'entretien et la maintenance des centraux deviennent de plus en plus difficiles et coûteux.

Pour ce qui concerne la transmission, le Mali compte 2460 km de faisceaux terrestres dont 778 seulement en système numérique; la commutation par satellite est développée pour la desserte du réseau international et régional; la grandeur du territoire malien justifierait le développement de ce système au réseau domestique pour la desserte des localités éloignées.

Les réseaux locaux sont de faible densité, restent généralement saturés et se trouvent confrontés à de nombreux dégâts causés par les utilisateurs du sol, les transporteurs ou les arbres qui cassent.

Techniquement, les réponses ont pour nom: modulation de fréquence pour la radio, plan directeur de la radiodiffusion, système numérique, satellite DOMSAT, meilleure gestion humaine et financière.

CONCLUSIONS

Les principaux médias traditionnels et modernes utilisés au Mali, sont les suivants:

Médias traditionnels:

Médias modernes:

Les critères qui permettent d'apprécier l'efficacité de ces médias sont les suivants:

Il est donc nécessaire d'instituer un système de pondération, devant permettre le choix des médias appropriés pour le développement, comme t'indique le tableau.


TYPES DE MÉDIASCHARACTÉRISTIQUES DES DIFFÉRENTS MÉDIAS
Principaux médias traditionnels (pour le développement)CoûtCrédibilitéFacilité d'assimilationAudience (portée)FiabilitéInteractivitéSouplesse d'utilisationRapiditéAdapatbilitéFacilité d'expression
1. Théatre-xxxxxxxxxx
xx
2. Contes proverbes devinettes-xxxxxxxxx
xxx
3. Marionnettes+xxxxxxxxxx
xx
4. Chants-xxxxxxx
xx
xxxx
Principaux médias modernes (pour le développement)
1. Radiodiffusion+xxxxxxxxxxxxxxxxx
2. Télévision+xxxxxxxxxxxx
3. Vidéo+xxxxxxxxxxx
4. Cassettes audio-xxxxxxxxxxxx
5. Diapositives-xxxxxxxxxx
6. Imprimés (journaux, affiches, panneaux, tee shirts)-xx


xx

7. Cinéma++xxx
xx


xx
8. Tableau à feuilles mobiles+xxxxxxxxxxxxxxxxxx

-- = faible
x = bon
xx = très bon
- = peu coûteux
+ = coûteux
++= très coûteux

RECOMMANDATIONS

Considérant la diversité des réalités socioculturelles du pays,

considérant la place marginale réservée aux médias traditionnels de communication,

considérant l'importance de la communication interpersonnelle au niveau du monde rural,

considérant la nécessaire complémentarité entre les moyens modernes et traditionnels de communication,

considérant les coûts élevés et la complexité de la production cinématographique, ainsi que l'absence d'une politique cinématographique nationale,

considérant l'importance des fonctions et la diversité des services offerts par les télécommunications,

considérant l'évolution rapide des technologies de communication,

considérant l'importance du rôle de la radiodiffusion et de la télévision dans le développement socio-économique du Mali,

considérant l'inexistence d'une structure chargée d'élaborer des normes techniques appropriées au Mali,

considérant le rôle de consolidation des acquis en alphabétisation fonctionnelle et l'influence qu'exerce la presse communautaire au Mali,

l'atelier recommande:

AXES D'ORIENTATION

La mise en Ïuvre de la politique nationale de communication pour le développement a fait l'objet d'une programmation à court, moyen et long terme.

Le court terme couvre la période allant d'octobre 93 à septembre 94, le moyen terme la période allant d'octobre 94 à décembre 97 et le long terme la période commençant en janvier 1998.

La Commission chargée de la communication pour le développement au sein du CSG assurera la mise en place et le suivi des activités énumérées ci-après.

COURT TERME (octobre 93 à septembre 94) RESPONSABLE
Saisir le gouvernement pour approbation des conclusions et recommandations relatives à la politique nationale pour le développement. Ministère chargé de la communication.
Entreprendre les travaux préparatoires pour la relecture des textes juridiques existants et identifier les nouveaux textes à initier. Ministère chargé de la communication en collaboration avec les départements ministériels, structures et organismes concernés.
Publier et diffuser les actes de l'atelier relatif à la définition de la politique nationale pour le développement. Ministère chargé de la communication, FAO.
Mettre en place, à titre transitoire, une Commission chargée de la communication pour le développement à la Primature, dont le secrétariat exécutif sera au Ministère chargé de la communication. Ministère chargé de la communication, Primature
Elaborer un plan d'action, en concertation avec les partenaires au développement. Ministère chargé de la communication et départements et structures concernés.
MOYEN TERME (octobre 94 - Décembre 97) RESPONSABLE
Finaliser, adopter et promulguer les textes. Ministère chargé de la communication, Gouvernement, Assemblée nationale, Présidence.
Mettre en place des cellules de coordination des activités de communication pour le développement au sein des départements ministériels. Tous les départements ministériels.
Instituer une Commission chargée de la communication pour le développement au sein du Conseil supérieur de la communication. Conseil supérieur de la communication.
Renforcer institutionnellement le CESPA. Ministère chargé de la communication.
Mettre en place un système centralisé d'information et de documentation. Ministère chargé de la communication.
Elaborer un programme de perfectionnement des professionnels de la communication. Ministère chargé de la communication.
Créer un cursus de formation en communication pour le développement à l'Université du Mali. Ministère chargé de l'enseignement supérieur, MCC, MFPMA.
Instituer la communication comme discipline dans toutes les filières de l'enseignement supérieur. Ministère chargé de l'enseignement supérieur.
Elaborer un schéma directeur de la recherche en communication pour le développement. Ministère chargé de la communication et Ministère chargé de la recherche scientifique.
LONG TERME (à partir de 1998) RESPONSABLE
Mettre en place une structure de coordination sur la recherche en communication pour le développement. Ministère chargé de la communication, Ministère chargé de la recherche scientifique, Commission chargée de la communication pour le développement au Conseil supérieur de la Communication
Promouvoir des structures de production d'outils de communication pour le développement. Ministère chargé de la communication.
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