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Améliorer le mode de vie des populations des zones protégées du Viet Nam

N.N. Phuong et S.A. Dembner

Nguyen Nhu Phuong est chef du Service de l'aménagement des parcs forestiers nationaux, des réserves naturelles, et de la faune et de la flore sauvages au Ministère des forêts, à Hanoi.

Stephen A. Dembner est rédacteur d'Unasylva.

Etude de l'aménagement des sites protégés grâce à l'octroi d'une aide au développement agroforestier en faveur des communautés locales démunies

Le Viet Nam s'étend le long de la côte sud-est de la péninsule indochinoise. Situé entre approximativement 8° et 23° de latitude nord, il a une superficie totale de plus de 330000 km² et compte environ 3200 km de côtes. Les trois quarts du pays sont formés de montagnes et de collines, le point culminant atteignant 3145 m dans le nord-ouest du pays.

Bien que la quasi-totalité du territoire soit située en zone tropicale, le Viet Nam s'étire du nord au sud sur 1600 km. Dans les plaines du sud, le climat et la végétation sont de type tropical, tandis que les hauts plateaux du nord se caractérisent par un climat tempéré. Les forêts vietnamiennes renferment 12000 espèces de plantes vasculaires supérieures, dont plus de 7000 ont été répertoriées et environ 2300 sont utilisées par les Vietnamiens à différentes fins - nourriture, médicaments, fourrage, bois, essences, etc.

Les neuf parcs nationaux du Viet Nam

Aujourd'hui, plusieurs milliers d'hectares de mangroves ont été reboisés avec succès au Viet Nam

Le Viet Nam possède également une faune très variée, qui comprend 273 espèces de mammifères, 774 espèces d'oiseaux, 180 espèces de reptiles, 80 espèces d'amphibies, 475 espèces de poissons d'eau douce, environ 1600 espèces de poissons de mer et des milliers d'invertébrés.

En ce qui concerne les écosystèmes, le Viet Nam possède différents types de forêts depuis les forêts tropicales à feuilles persistantes jusqu'aux forêts de feuillus, qu'elles se situent en plaine ou en zone montagneuse, submontagneuse et subalpine, sans compter les forêts sur terrain calcaire, les mangroves et les forêts de Melaleuca. C'est grâce à la diversité des ressources biologiques que la population du Viet Nam a pu survivre jusqu'à maintenant et qu'elle continuera de le faire à l'avenir.

Cependant, au cours des 40 dernières années, la population du Viet Nam a doublé pour atteindre environ 70 millions d'habitants. Pendant cette même période, le développement des ressources naturelles est resté limité et a été gravement perturbé durant les guerres d'indépendance et de réunification. La forêt a été dégradée à un rythme accéléré aussi bien par le gouvernement qui devait nourrir une population en plein essor et pourvoir aux besoins des armées qu'à la suite d'attaques aériennes délibérées. A la fin de la guerre, le couvert forestier n'était plus que de 29 pour cent, tant au nord qu'au sud, les forêts primaires ne représentant guère plus de 10 pour cent.

Les formations végétales les plus touchées ont peut-être été les forêts de mangrove, sur lesquelles ont été pulvérisés à maintes reprises des herbicides auxquels elles se sont révélées particulièrement vulnérables. La quasi-totalité des formations de Rhizophora/Avicennia ont disparu, ce qui a entraîné l'effondrement de la production halieutique et des captures de crevettes. Les forêts de Melaleuca sur sols tourbeux, qui se trouvaient derrière les mangroves, sont devenues inflammables pendant la saison sèche, et nombre d'entre elles ont été détruites au napalm.

Après la guerre, le Viet Nam a lancé un programme de reboisement des forêts de palétuviers. De vastes superficies ont été replantées en Rhizophora, mais peu d'arbres ont survécu en raison probablement des toxines encore présentes en trop grande quantité dans la boue. Au début des années 80, un nouveau programme de reboisement a été lancé et, cette fois-ci, les jeunes plants ont survécu. A l'heure actuelle, des milliers d'hectares de mangroves ont été replantés avec succès, les pêcheries se sont réinstallées, les captures de crevettes augmentent chaque année, et les oiseaux des marais qui avaient complètement disparu pendant la guerre ont recommencé à faire leur nid.

Création d'aires protégées

Le gouvernement a commencé à constituer des réserves naturelles dès 1962, lorsqu'il a annoncé la création du premier parc national à Cuc Phuong, à 130 km environ au sud de Hanoi. Après un ralentissement pendant la guerre, ces initiatives ont repris rapidement depuis la fin des années 70. Le pays compte désormais neuf parcs nationaux et, en 1986, le gouvernement a approuvé l'augmentation du nombre de réserves. Elles sont maintenant 87 au total, dont 47 réserves naturelles et 31 forêts culturelles, historiques, scéniques et environnementales, pour une superficie globale d'environ 1,1 million d'ha - soit 5,7 pour cent de l'ensemble des terres forestières. Ces réserves sont destinées à fournir un échantillon représentatif de pratiquement toutes les formations forestières du pays. Quelques-unes sont vastes, mais la plupart d'entre elles sont très petites (quelques milliers d'ha) en raison de l'extrême fragmentation de ce qui reste du couvert forestier.

Exemple d'Immense Dalbergia bariaensis dans le parc national de Cat Tien. En dehors des zones protégées, les spécimens de cette taille sont de plus en plus rares

Le Département de la protection forestière, rattaché au Ministère des forêts, est chargé de l'aménagement des aires protégées. L'aspect le plus difficile de la conservation et de l'aménagement des réserves et des parcs nationaux du Viet Nam est, à l'heure actuelle, la présence de groupes de population locale (souvent tribale), dont la plupart étaient déjà implantés dans la zone avant que celle-ci ne soit déclarée réserve naturelle. Il s'agit généralement de communautés démunies et isolées, qui tirent leur subsistance de l'agriculture itinérante, de la chasse et de l'exploitation des produits forestiers d'où de fréquents conflits avec les objectifs de conservation. Les paragraphes qui suivent décrivent deux tentatives faites pour résoudre le problème, à savoir, d'une part, la réinstallation des communautés tribales en dehors des aires protégées et, d'autre part, l'amélioration du mode de vie d'une population tribale et sa stabilisation à l'intérieur de la zone tampon d'un site protégé grâce à l'adoption de pratiques agroforestières durables, ce qui permet de soulager la pression exercée sur les ressources.

Parc national de Cuc Phuong

Créé en juillet 1962, le parc de Cuc Phuong est le plus ancien et le mieux aménagé du pays. Il s'agit d'une forêt tropicale vierge, située à 80 km au sud-ouest de Hanoi et s'étendant sur 22200 ha, sans compter une zone tampon d'environ 6550 ha. La flore et la faune y sont extrêmement variées et regroupent près de 2000 espèces végétales, 64 espèces animales, 137 espèces d'oiseaux et 36 espèces de reptiles.

Etablissements humains fixes dans la zone tampon qui entoure le parc national de Cat Tien

A l'intérieur du parc se trouvent huit hameaux d'une population comprise entre 1500 et 2000 habitants (dont une grande partie appartient à la minorité ethnique Dao). Ces communautés, qui vivaient de l'agriculture itinérante et de la chasse, se caractérisaient par un niveau de vie très faible et provoquaient une destruction accélérée des ressources. Afin de freiner ce processus, le gouvernement a adopté une double stratégie - déplacer les communautés vivant à l'intérieur du parc et améliorer la production agricole des familles habitant dans la zone tampon.

Entre 1986 et 1990, 138 familles (dont 22 appartenaient à la minorité Dao) habitant dans six hameaux de la commune de Cuc Phuong ont été transportées en dehors du parc national. Malgré les primes qui leur ont été offertes (environ 1000 dollars des Etats-Unis chacune), un grand nombre de familles de la minorité Dao ont fait des difficultés pour partir, prétendant que, contrairement aux nouveaux arrivants, elles étaient implantées sur le site de Cuc Phuong bien avant la création du parc national, qui était la terre de leurs ancêtres.

Des efforts particuliers ont donc été déployés pour améliorer de façon sensible le niveau des nouvelles communautés. Le gouvernement a fait construire des maisons en brique ainsi que des écoles, des dispensaires et de petits réseaux d'adduction d'eau. En outre, une aide alimentaire a été attribuée aux familles pour leur permettre de faire redémarrer leur production agricole. Selon M. San, chef d'une famille de cinq personnes particulièrement réfractaire aux changements, la nouvelle communauté lui a permis d'accroître d'environ quatre à cinq tonnes par an sa production de riz, ainsi que de créer et d'exploiter un étang de pisciculture. Grâce à l'accroissement de ses revenus, il a pu acheter une machine de traitement du riz et une télévision pour sa famille.

Examen des traces de rhinocéros de Java à Cat Loc, site proposé pour une réserve naturelle de 30000 ha

Amélioration de la production agricole dans la zone tampon de Cuc Phuong

La zone tampon qui entoure le parc national de Cuc Phuong s'étend sur un territoire de 6550 ha qui relève de la juridiction de 14 communes, elles-mêmes situées dans quatre districts répartis dans trois provinces. D'après une récente enquête, 1737 familles habitent dans cette zone, soit 8560 personnes dont 3690 sont les travailleurs principaux. Près de 90 pour cent de ces familles appartiennent à la minorité Muong.

L'agriculture est caractérisée par une faible productivité, une riziculture extensive et une production moyenne annuelle inférieure à 250 kg de riz par personne. Les terres se dégradent de plus en plus, en particulier dans la région des hauts plateaux. Plus de 50 pour cent des familles souffrent de pénuries alimentaires pendant au moins un à trois mois de l'année. Environ 20 pour cent d'entre elles continuent de mener une vie semi-nomadique, et il leur arrive souvent de pénétrer sur le site protégé du parc pour pratiquer la chasse de façon illicite, ramasser du bois de feu ou de construction et récolter d'autres produits forestiers pour leur usage personnel ou pour les vendre.

Afin de stabiliser ces populations locales et d'alléger ainsi la pression exercée sur les ressources du site protégé, le Gouvernement vietnamien a lancé en 1993 un programme de trois ans destiné à appuyer le développement de l'agroforesterie dans la zone tampon. Il a établi un plan définissant comme suit les priorités d'utilisation des terres dans cette zone:

· Terres forestières = 4500 ha

- Forêts existantes (moins de 80 m³/ha) = 2500 ha
- Terres en friche destinées au reboisement = 2000 ha

· Terres agricoles = 1474 ha

- Rizières = 606,7 ha
- Cultures vivrières stables = 867,3 ha

· Terrains à bâtir (par exemple logements) = 576 ha

Des primes ont été offertes aux familles locales afin de les encourager à participer au programme. Les familles qui acceptent de protéger et de remettre en état les terres forestières reçoivent une indemnité de 50 dollars par hectare et par an pendant trois ans. Les activités de reboisement sont rémunérées à raison de 100 dollars par hectare. En outre, pendant les deux premières années, c'est-à-dire avant que le couvert forestier n'ait été entièrement reconstitué, les cultures intercalaires sont encouragées. Un soutien est également accordé à la création de jardins familiaux agroforestiers, qui associent cultures vivrières et arbres fruitiers. En outre, le gouvernement finance la mise en place d'un petit réseau d'eau potable.

Stabiliser les minorités Dao et améliorer leur mode de vie dans le parc national de Ba Vi

Création de jardins forestiers

Situé au nord de Hanoi, le parc national de Ba Vi s'étend sur 7377 ha et se divise en deux parties: une forêt primaire, dont l'altitude est comprise entre 400 et près de 1300 m et qui atteint le sommet de la montagne; une forêt secondaire et dégradée, de plus faible altitude, s'étendant sur 5237 ha. Le parc est limitrophe d'une zone tampon couvrant 15035 ha.

La région compte au total quelque 42000 habitants, dont la quasi-totalité habite dans la zone tampon. Toutefois, un nombre non négligeable de personnes appartenant aux minorités Muong et Dao (environ un tiers de la population locale) vivent à plus haute altitude (souvent au-dessus de 300 m); elles pratiquent l'agriculture itinérante et récoltent les produits forestiers tant dans la zone tampon que dans le parc.

Le Gouvernement vietnamien encourage les familles des minorités ethniques à se transférer dans les zones d'une altitude inférieure à 100 m, dans la province de Cau So. De nouvelles communautés ont été établies à l'intention de 85 familles appartenant à la minorité Dao, et 10 ha supplémentaires de rizières en terrasses ont été aménagés. Une aide est accordée à toutes les familles des minorités Dao et Muong pour créer des jardins forestiers. Chacun de ces jardins comporte 0,4 ha pour la culture du thé, 0,2 ha pour les arbres fruitiers et 2 ha pour les plantations de bois de feu. En ce qui concerne les communautés, le gouvernement a fait construire quatre barrages d'irrigation, 60 puits, une école et un dispensaire. Grâce à l'accroissement des cultures vivrières stables et à la possibilité de produire des cultures de rapport dans les jardins familiaux, les familles réinstallées peuvent déjà améliorer leur niveau de vie et ne plus exploiter les ressources des sites protégés du parc national (voir l'encadré à la page 20).

Création de jardins forestiers pour les Dao du parc national de Ba Vi

Les Dao sont arrivés sur le mont Ba Vi aux alentours de 1920, et c'est en 1938 que leur communauté, composée d'une centaine de personnes, a été officiellement reconnue. Ces populations, qui vivaient principalement de la chasse et de la cueillette, menaient une vie semi-nomade et habitaient dans des grottes, à une altitude supérieure à 600 m.

En 1959, le gouvernement a lancé une campagne visant à stabiliser les Dao (environ 600 à l'époque), qui ont reçu un terrain de 18 ha pour la culture du riz irrigué, à proximité duquel ils sont venus s'installer à une altitude comprise entre 85 et 150 m. A l'époque, les contreforts de la forêt étaient recouverts d'arbres jusqu'à 80 m d´ altitude. Même si les Dao possédaient désormais 18 ha de terrain, ils n'avaient aucune expérience de la riziculture irriguée et, en l'absence de formation, ils sont revenus aux cultures itinérantes. Aucun contrôle strict n'était exercé alors sur la forêt et nous pouvions choisir de brûler n'importe quelle parcelle boisée de bonne qualité. Tout en reconnaissant qu'il était dommage de détruire un hectare de forêt pour produire une tonne de riz [pluvial], nous devions également admettre que cela était nécessaire si nous voulions cultiver le riz ou les pommes de terre dont nous avions besoin pour nous nourrir, d'autant plus que le terrain qu'on nous avait donné pour la culture du riz irrigué est resté le même, bien que la population ait continué d'augmenter. C'est ainsi qu'entre 1965 et 1985 le peuple Dao s'est progressivement installé tout en continuant de pratiquer l'agriculture itinérante. La forêt a reculé jusqu'à une altitude de 800 m, les terres dégradées se sont considérablement étendues et notre existence est devenue de plus en plus difficile.

En 1985, le gouvernement nous a attribué 1000 ha de terre que l'on nous a encouragés à reboiser (essentiellement en eucalyptus). A partir de 1987, nous avons reçu des plants, des instructions techniques et du riz à titre d'incitation pour la plantation d'arbres, dans le cadre d'une aide accordée par le Programme alimentaire mondial (PAM). Le rythme des plantations s'est accéléré au fil des ans et, à la fin de 1993, les 1000 ha seront sans doute entièrement reboisés.

Mais la question était la suivante: Comment les Dao vivraient-ils une fois que toute la superficie aurait été reboisée et que l'aide du PAM aurait cessé? En 1991, notre population comptait 1315 personnes, alors que nous disposions toujours de la même parcelle de 18 ha pour la riziculture. En outre, nous ne pouvions pas encore tirer profit des plantations car les eucalyptus ne dépassaient pas en moyenne 8 à 9 m de hauteur, pas assez pour que nous puissions les vendre à l'industrie du papier.

En 1989, un ingénieur du Ministère des forêts est venu rendre visite à notre communauté afin d'observer notre mode de vie et nos habitudes. Sur la base des résultats de l'enquête, on a introduit un jardin forestier type caractérisé par la plantation de canneliers pour la production à long terme. Les cultures intercalaires ont été constituées par le thé, Toxidodendron succedanea, ainsi que de nombreux arbres fruitiers. Outre ces derniers, des plantes médicinales et des légumes s'alternent avec des légumineuses, comme Tephrosia candida, pour améliorer le sol. Ce jardin forestier type convient parfaitement au mode de vie et aux aspirations du peuple Dao. En effet, la cannelle est chez nous un produit traditionnel, et nous avons pu acquérir un complément d'expérience grâce à des stages organisés dans la province de Hoang Lien Son.

Au cours des trois années suivantes, une trentaine de familles ont commencé à créer des jardins forestiers. Cependant, il nous faudrait une aide initiale supplémentaire, des conseils techniques, des plants et du matériel végétal. Avec les investissements et les moyens de démarrage nécessaires, ce jardin forestier type permettra au peuple Dao de disposer de produits forestiers et autres qui lui serviront à acquérir le riz et les outils dont il a besoin. Nous pourrons aussi vendre certains de ces produits - notamment fruits, thé et plantes médicinales - aux visiteurs du parc national de Ba Vi. Les jardins forestiers contribueront à embellir le paysage tout en allégeant la pression exercée sur la forêt naturelle, ce qui rendra la région plus attrayante pour les visiteurs nationaux et internationaux.

Le jardin forestier nous permettra d'atteindre un équilibre économique et social, il protégera et développera indirectement la forêt, contribuera à stabiliser le parc national et à attirer les touristes. Il représente une formule raisonnable et viable d'utilisation des terres à long terme, qui pourrait être appliquée à de nombreuses régions boisées du Viet Nam.

NDLR: Le présent encadré est extrait d'une communication de Leu Van Trong, membre de la minorité Dao vivant dans le parc national de Ba Vi, à l'occasion du séminaire national sur l'établissement de priorités de recherche en matière d'utilisation des terres au Viet Nam. Ce séminaire, qui s'est tenu à Hoa Binh en septembre 1991, a été parrainé conjointement par l'Institut vietnamien des sciences forestières, l'Institut international pour l'environnement et le développement et l'Agence suédoise d'aide au développement international.

Défis pour l'avenir

Comme il a été mentionné ci-dessus, le Gouvernement vietnamien a consacré une somme considérable d'efforts et d'argent pour mettre en place et entretenir un réseau d'aires protégées, et des progrès remarquables ont été accomplis à cet égard. De vastes zones gravement endommagées au cours des guerres récentes voient leur faune et leur flore se régénérer progressivement. En fait, une espèce jusqu'ici inconnue de chèvre à longues cornes (Pseudoryx nghe tinhensis) a récemment été découverte dans la réserve naturelle Khe Thoi de la province de Nghe An. Toutefois, une action plus vigoureuse est encore nécessaire à bien des égards. Tout d'abord, la superficie totale des aires protégées - environ 1,1 million d'ha, soit 5,7 pour cent de la superficie totale - est certainement trop restreinte; plusieurs zones écologiques caractéristiques ne possèdent encore aucun site protégé, par exemple dans l'ouest de Quang Nam, à Da Nang et dans l'archipel de Turong Sa. En outre, nombre des réserves naturelles actuelles sont trop petites pour permettre des mesures de conservation à long terme. Les plans nationaux prévoient un élargissement du réseau d'aires protégées, qui devrait atteindre 2 millions d'ha et couvrir 6 pour cent du territoire national et 10 pour cent des terres forestières. Une attention particulière sera accordée aux réserves marines et côtières, y compris les marais et les estuaires. Il est également prévu de créer des réserves transfrontières en reliant les zones protégées situées en bordure de la Chine, du Laos et du Cambodge à des parcs se trouvant dans ces pays.

L'un des principaux obstacles est la grave pénurie de personnel qualifié en matière de conservation de la nature et des forêts. Le gouvernement a lancé un programme de formation à différents niveaux. De brefs stages de recyclage sont organisés à l'intention des gardes qui travaillent dans les parcs nationaux et les autres aires protégées. Des cours de brève durée sont également offerts aux directeurs et aux responsables des parcs et des réserves. De nouvelles disciplines sont introduites dans les cours sur l'aménagement des sites protégés dans les établissements d'enseignement forestier. Parallèlement, le gouvernement s'efforce de financer des voyages d'étude à l'étranger pour les cadres supérieurs et d'accorder des bourses d'études aux techniciens. Enfin - et ce n'est pas là le moins important - une campagne générale a été lancée pour sensibiliser les responsables gouvernementaux aux problèmes. Des cours spéciaux auront lieu dans les centres de formation des parcs nationaux de Cuc Phuong, Bach Ma et Cat Tien, ainsi qu'à l'école de foresterie.

L'un des principaux défis pour les années à venir consiste à s'assurer la collaboration de la population locale qui habite aussi bien à l'intérieur qu'à proximité des sites protégés. Des zones tampons sont prévues à la périphérie de nombreux sites protégés, pour satisfaire les besoins des habitants en produits forestiers et réduire ainsi la pression exercée sur les réserves proprement dites. En outre, la stabilisation de la population locale empêchera l'afflux des migrants en provenance d'autres zones, qui pourraient vouloir pénétrer sur le site pour y récolter des produits forestiers. Afin d'encourager le soutien de la population locale, on continuera de lancer des projets spéciaux d'aide comme ceux décrits plus haut, de façon à mettre en place des unités socio-économiques autosuffisantes à long terme. Les efforts porteront essentiellement sur des formes plus durables d'utilisation intensive (par opposition à extensive) des terres, ainsi que sur l'agroforesterie, les jardins familiaux, les cultures de rapport et l'élevage.


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