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4. CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES DE DÉVELOPPEMENT DE L'APPROCHE PARTICIPATIVE

Le développement de l'approche participative en tant que méthodologie d'intervention en milieu rural est relativement récent. Il répond au souci des divers Gouvernements de la sous-région d'associer étroitement les populations à la restauration du milieu et à la gestion des ressources naturelles et forestières.

La volonté politique d'encourager la participation des populations rurales aux diverses actions de restauration/gestion du milieu montre le changement d'attitude de l'ensemble des responsables et décideurs vis-à-vis du rôle précis que doivent jouer les populations. Ce changement d'attitude fait suite au constat d'échec des actions de grande envergure menées par le passé dans le cadre notamment de la lutte contre la désertification. Ces actions effectuées en régie responsabilisaient très peu les populations dans la gestion proprement dite et le suivi des ressources forestières.

Cette transformation a été favorisée également par le processus de démocratisation qui se développe dans les pays de la sous-région, la redéfinition du rôle et le désengagement progressif de l'Etat des activités de production et de gestion. Ce dernier est lui-même accompagné par la décentralisation des services techniques.

A l'heure actuelle, tous les projets de gestion des ressources naturelles ou de gestion de terroirs en Afrique sahélienne se disent participatifs, en ce sens qu'ils prônent le plus souvent l'association étroite des populations, leur implication et leur participation aux diverses activités menées. Tous ne se basent pas cependant sur la mise en œuvre d'une méthodologie définie, ce qui conduit sur le terrain à des modes d'intervention et des résultats très variés, parfois contradictoires.

L'approche participative, telle que décrite, constitue un ensemble méthodologique qui respecte une logique d'approche des problèmes et qui se définit à travers la réalisation d'une série d'étapes. Elle est mise en œuvre avec succès par divers projets forestiers dans la sous-région.

Son application à des contextes très diversifiés montre qu'il est possible de créer les conditions favorables à une dynamique de développement au niveau des terroirs et une prise en charge par les populations des actions de restauration du milieu et de gestion durable des ressources forestières. Toutefois, il faut rappeler que l'approche participative n'est pas une fin en soi: elle doit être appliquée pour atteindre des objectifs de développement définis.

La mise en œuvre de l'approche participative dans le cadre des projets de développement implique à la fois:

Elle nécessite pour les uns et les autres l'apprentissage d'un mode nouveau d'intervention, basé sur l'écoute, le dialogue, l'échange d'informations et de savoirs, l'engagement et le respect mutuel. Ceux-ci sont facilités par la mobilisation des divers outils et supports de la communication. La communication va jouer un rôle essentiel en rendant possible la participation. Elle doit être considérée à ce titre comme faisant partie intégrante de la méthodologie d'approche participative, nécessaire à sa mise en œuvre.

Les supports de communication doivent être conçus et/ou adaptés au contexte national, régional et local. Ils doivent être faciles d'utilisation par l'ensemble des intervenants et peuvent s'appuyer notamment sur les structures traditionnelles et communautaires de communication ou sur l'utilisation des médias, comme la radio rurale, la télévision, etc. La mobilisation conjointe des divers supports de communication va permettre notamment de:

Pour rendre plus efficaces les activités de communication dans le cadre de la gestion participative des ressources forestières, des stratégies de communication doivent être définies et adoptées au niveau national, régional et local. Leur élaboration doit s'appuyer sur deux principes essentiels: d'une part, la nécessaire prise en compte de la communication comme composante de tout programme de gestion participative des ressources naturelles et d'autre part, la formation des agents forestiers et autres intervenants aux méthodes et techniques de communication, ainsi que la formation et/ou le recyclage des journalistes et animateurs des médias aux questions environnementales.

Parmi les moyens de communication qui doivent être privilégiés dans le cadre de ces stratégies, on peut citer la radio rurale, qui est amenée à se développer rapidement, et les supports de communication traditionnelle et communautaire, proches des populations et maîtrisés par elles.

Très populaire, la radio rurale présente l'intérêt d'être à la fois un instrument d'enquête et d'investigation, un outil d'information souple, rapide et efficace (car utilisant les langues parlées par ses auditeurs) , un vecteur d'expression et de témoignage pour les populations et un support capable de relayer certaines formes traditionnelles de communication.

La connaissance des supports de communication traditionnelle et communautaire, comme le théâtre villageois? les marionnettes, les contes, la musique, la danse... s'avère quant à elle particulièrement utile dans le cadre de la mise en œuvre de l'approche participative, même s'ils sont encore peu développés au niveau des projets forestiers. Leur mobilisation doit être encouragée à toutes les étapes. Leur utilisation permettra de surcroît une meilleure appropriation de la méthodologie par les populations.

On estime généralement que le coût du volet communication représente environ 10% du budget total d'un projet de développement. Ce coût comprend la formation des agents et des populations aux différents outils, la conception, la production et la diffusion des dits outils. De nombreux supports peuvent être conçus et produits localement à peu de frais. Vu leur importance dans le développement de l'approche participative, ces aspects de la communication devraient être pris en compte dès la conception de tout projet basé sur le principe de la participation.

Les perspectives du développement de l'approche participative en tant que méthodologie efficace d'intervention en milieu rural sont très prometteuses. Les résultats que l'on peut observer sur le terrain dans des contextes très variés sont positifs. Ils se manifestent par l'intérêt que cette approche suscite et surtout par l'implication et la participation effectives de la population aux diverses actions menées dans le cadre de la restauration/gestion des ressources forestières au niveau de leur terroir.

Il convient toutefois de rappeler que cette méthodologie repose sur un processus itératif, qui doit permettre à terme la prise en charge par les populations elles-mêmes des activités de développement, plus particulièrement dans le domaine de la gestion des ressources forestières. Cette prise en charge ne peut se faire que progressivement et nécessite l'amélioration des capacités d'intervention des populations rurales. Par ailleurs, l'objectif global d'auto-promotion du développement local ne pourra être atteint qu'après plusieurs retours ou redémarrages du cycle de l'approche participative. Lors de sa mise en œuvre, chaque projet devra rechercher et promouvoir l 'intervention complémentaire d'autres partenaires. En effet, dans le contexte de la lutte contre la désertification et la dégradation alarmante des ressources forestières, les enjeux imposent de mener des actions cohérentes, visant à la fois la conservation et la production, de manière à assurer un développement durable. Dans cette optique, la méthodologie d'approche participative apparaît comme une méthodologie particulièrement adaptée et susceptible d'assurer une durabilité aux actions entreprises. Complémentaire de l'approche terroir, développée par de nombreux projets dans la sous-région, son adoption et sa mise en œuvre devraient être systématisées en vue précisément d'atteindre les objectifs d'une gestion des ressources naturelles sur base durable.

Le développement de la méthodologie d'approche participative est lié à la reconnaissance de son efficacité dans les textes (documents de politique, codes foncier et forestier, textes d'application). Reconnue et appliquée par tous comme méthode d'intervention en milieu rural, l'approche participative permettrait d'assurer une meilleure cohérence aux actions de développement et de favoriser une complémentarité réelle des moyens mis en œuvre par les divers intervenants.

Enfin, elle nécessite la mise en place de cadres de concertation au niveau national et régional (à l'exemple de ceux qui sont mis en place au Sénégal) qui marqueront la volonté effective d'harmoniser les interventions et de favoriser la collaboration, la concertation et la transparence entre tous les acteurs de la gestion des ressources forestières.

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