Previous PageTable Of ContentsNext Page


2. L'impact du VIH/SIDA sur la production agricole: les effets au niveau familial


2. L'impact du VIH/SIDA sur la production agricole: les effets au niveau familial

L'impact négatif que le VIH/SIDA peut avoir sur la capacité productive des familles rurales a été couvert dans les études menées en Afrique de l'Est.2 Le document cité précédemment suggère que les effets du VIH/SIDA se ressentent sur deux principaux paramètres de la production agricole. En premier lieu, la qualité et la quantité de la main d'oeuvre familiale sont réduites, d'abord en termes de productivité lorsqu'une personne séropositive tombe malade, et plus tard en termes de baisse de la main d'oeuvre familiale lorsque cette personne décède. Qui plus est, la probabilité est forte que plus d'un adulte par famille soit infecté compte tenu du caractère hétérosexuel de la transmission du VIH en Afrique. Facteur aggravant, les taux d'infection sont plus élevés chez les femmes qui représentent 70 pourcent de la main d'oeuvre agricole et 80 pourcent de la production alimentaire. De plus, les autres membres de la famille consacreront du temps pris sur le temps de production pour s'occuper des personnes malades et satisfaire aux coutumes traditionnelles du deuil qui peut aller jusqu'à 40 jours pour certains membres de la famille, avec un effet adverse sur la disponibilité de main d'oeuvre.

2 Les études suivantes évaluent 1 impact du VIH/SIDA sur la production et la productivité agricoles des familles rurales: FAO. 1995. Les effets du VIH/SIDA sur les systèmes agricoles en Afrique de Est; A. Evans. 1992. Etude du marché du travail rural en Ouganda, University of Sussex; T. Barnett et P. Blaikie. 1992. Le SIDA en Afrique: impact présent et futur, Bellhaven Press; FAO. 1991. Impact potentiel du SIDA sur la production agricole et la consommation au Malawi; S. Gillepsie. 1989. Impact potentiel du SIDA sur les systèmes agricoles: étude de cas sur le Rwanda Publié dans Land Use Policy, 6:301-312. FAO. 1989. Impact potentiel du SIDA sur la production alimentaire et la consommation: Région de Tabora, étude de cas sur la Tanzanie.

Le second facteur de la production agricole familiale qui sera touché par le VIH/SIDA est celui de la disponibilité de revenus utilisables.3 Pendant les épisodes de maladies, les ressources financières de la famille peuvent être détournées pour les frais médicaux et, éventuellement, les frais d'obsèques. Ou alors, ces ressources peuvent servir à l'achat d'autres intrants agricoles tels un travailleur occasionnel ou d'intrants complémentaires (ex: nouvelles semences ou plantes, engrais, pesticides etc.). Les biens de la famille (ex: bétail) peuvent être vendus.

3 Le décès d'un chef de famille masculin des suites du VIH/SIDA est peu susceptible d'entraîner pour la famille des pertes immédiates dans la production alimentaire, mais il est susceptible de se traduire par une perte de revenu. Le décès d'un autre membre de la famille, en particulier celui de la femme chef de famille, est susceptible alors de toucher le revenu et la production alimentaire. Bien qu'une réduction de la taille de la famille signifie une baisse des besoins alimentaires, les adultes restants doivent s'occuper d'un nombre croissant de personnes à charge.

Si une famille se trouve dans l'incapacité soit de fournir cette main d'oeuvre au niveau interne, soit d'embaucher des travailleurs temporaires, la structure des exploitations peut être modifiée progressivement, passant des cultures de rente aux cultures de subsistance dans certains cas. La contrainte majeure se fera jour pendant les périodes de pointe en matière de main d'oeuvre, habituellement les périodes de semis et de récolte. Etant donné la nature du marché de la main d'oeuvre rurale, ces périodes sont aussi celles où les salaires ou les coûts d'opportunité sont les plus élevés. Une autre réponse aux pénuries de main d'oeuvre peut consister à réduire la superficie cultivée. En outre, il est possible que la production animale aussi soit moins intensive et que la qualité des travaux champêtres soit affectée par une baisse des activités de désherbage et d'émondage. Le passage des cultures à haute intensité de main d'oeuvre à celles à faible intensité de main d'oeuvre mettra un terme à la culture des légumes qui se traduira par un régime alimentaire moins varié et moins nutritif.

Les systèmes de production agricole à haute intensité de main d'oeuvre disposant d'un faible niveau de mécanisation et d'intrants agricoles sont particulièrement vulnérables à l'impact de la maladie. Suivent quelques effets des pénuries de main d'oeuvre dans les communautés fortement touchées en Afrique de l'Est:

Les résultats et les conclusions des activités que la FAO a menées en Afrique de l'Est révèlent que l'on ne peut pas généraliser, même à l'intérieur d'un pays donné, l'impact du VIH/SIDA sur les systèmes de production agricole et les moyens de subsistance en milieu rural, et qu'il y a lieu de prendre en considération autant des facteurs liées à l'éspace et au temps.4 Des études menées en Ouganda, en République Unie de Tanzanie et en Zambie ont montré que le VIH/SIDA suit un schéma pathologique différent dans chaque village et chaque district. Les facteurs géographiques et ethniques, la religion, le genre, l'âge, les coutumes matrimoniales et les conditions agro-écologiques jouent un rôle dans le schéma et dans l'impact du VIH/SIDA et dans la perception qu'ont les populations de la maladie. L'on peut regrouper les communautés selon trois types de situation: les communautés pré-impact (l'infection est là, mais l'impact de la maladie n'est pas visible), les communautés à impact initial (l'impact est visible, mais les systèmes communautaires de survie fonctionnent encore) et les communautés à plein impact (prévalence élevée de la morbidité et de la mortalité lices au VIH/SIDA, mais les systèmes traditionnels de survie ne fonctionnent plus). Cette différenciation est importante pour la planification et la mise en oeuvre de stratégies d'intervention géo-spécifiques.

4 L'Annexe II passe en revue les principales activités de la FAO en matière de VIH/SIDA.

Previous PageTop Of PageTable Of ContentsNext Page