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Juin 1999
WFS

Sommet mondial de l'alimentation

13-17 novembre 1996
Rome, Italie


"La Déclaration de Rome nous invite à réduire de moitié d'ici l'an 2015 le nombre de personnes souffrant de sous-alimentation chronique ... Si chacun de nous fait tout ce qu'il peut, je pense que nous pourrons atteindre, voire dépasser, cet objectif que nous nous sommes fixé".

S.E. M. Romano Prodi, Président du Conseil des Ministres de la République italienne et Président du Sommet mondial de l'alimentation

"Nous sommes capables de réaliser cet objectif, nous avons les ressources et, comme le prouvent la Déclaration de Rome et le Plan d'action, nous avons aussi la volonté politique de le faire".

 

M. Jacques Diouf
Directeur général de la FAO


Table des matières

Le Sommet mondial de l'alimentation et son suivi

Réalisations

Réalisation des objectifs du Sommet

Suivi des progrès accomplis

Le droit à la nourriture

Programme spécial pour la sécurité alimentaire (PSSA)

La société civile s'organise

Dans le sillage du Sommet

Mobilisation mondiale

LE SOMMET MONDIAL DE L'ALIMENTATION

Historique

Participation

Société civile

Préparation du Sommet

Activités menées au niveau des pays

Documentation technique

Couverture par la presse

Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation

Les engagements


Le Sommet mondial de l'alimentation et son suivi

Le Sommet mondial de l'alimentation, qui s'est tenu du 13 au 17 novembre 1996, a réuni pendant cinq jours, au plus haut niveau, des représentants de 185 pays et de la Communauté européenne. Cet événement de portée historique, qui a eu lieu au Siège de la FAO à Rome, a rassemblé près de 10 000 participants et servi de forum pour débattre d'un des problèmes les plus importants auxquels seront confrontés les responsables mondiaux durant le prochain millénaire - l'éradication de la faim.

L'adoption par 112 Chefs d'Etat et de gouvernement et par plus de 70 représentants de haut niveau d'autres pays de la Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale et du Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation, lors d'un Forum auquel ont participé activement des représentants d'organisations intergouvernementales (OIG) et non gouvernementales (ONG), notamment, a contribué à influencer l'opinion publique et a posé les fondements d'importants changements dans les politiques et programmes nécessaires pour assurer de la nourriture à tous.

Réalisations

L'objectif du Sommet est de renouveler l'engagement mondial au niveau politique le plus élevé, d'éradiquer la faim et la malnutrition et d'assurer à tous une sécurité alimentaire durable. La forte visibilité du Sommet a permis de sensibiliser les responsables des secteurs public et privé, les médias et le public en général à ce problème. Elle a aussi mis en place le cadre politique, théorique et technique d'un effort constant visant à éradiquer la faim dans tous les pays et, dans l'immédiat, à réduire de moitié le nombre des personnes sous-alimentées d'ici 2015 au plus tard.

Réalisation des objectifs du Sommet

"Nous estimons intolérable que plus de 800 millions de personnes dans le monde, et plus particulièrement dans les pays en développement, n'aient pas une nourriture suffisant à leurs besoins nutritionnels essentiels. Cette situation est inacceptable."

Le suivi consiste donc essentiellement à vérifier que les mesures annoncées dans le Plan d'action du Sommet se traduisent par des actions concrètes de façon que les 800 millions d'hommes, de femmes et d'enfants sous-alimentés voient leur nombre diminuer conformément à l'objectif fixé par le Sommet, si ce n'est plus rapidement.

La Déclaration de Rome énonce sept engagements (voir la dernière page) qui posent les fondements d'une action en faveur de la sécurité alimentaire durable de tous et le Plan d'action décrit pour sa part les objectifs concrets à atteindre et les mesures à prendre pour mettre en oeuvre ces sept engagements.

L'Engagement sept souligne que c'est au niveau national qu'il faut agir, car c'est à chaque gouvernement qu'il incombe au premier chef de créer un environnement politique et économique qui assure la sécurité alimentaire de ses citoyens, en impliquant à cette fin tous les éléments de la société civile. Un grand nombre de pays développés et en développement ont déjà mis au point des plans d'action nationaux impliquant tous les secteurs de la société. Le Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation appelle aussi les gouvernements à lancer des campagnes nationales sur le thème "De la nourriture pour tous", afin de mobiliser dans chaque pays toutes les parties prenantes de la société et leurs ressources à l'appui de l'exécution des mesures identifiées. A cette fin, les pays doivent commencer par constituer un forum national incluant les ONG, la société civile, dont les universités et les instituts de recherche, les parlementaires, les groupes de femmes et de jeunes, les médias et d'autres groupes qui s'intéressent plus particulièrement aux problèmes d'alimentation et de sécurité alimentaire.

L'importance d'une coopération régionale et internationale active pour l'exécution du Plan d'action est également soulignée. La priorité donnée au soutien des activités au niveau national est l'un des principes fondamentaux des accords de coopération entre organisations des Nations Unies pour le suivi du Sommet.

Suivi des progrès accomplis

Au sein du système des Nations Unies, le Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) de la FAO est responsable du suivi et de l'évaluation de la situation internationale en matière de sécurité alimentaire et chargé d'organiser des consultations à ce sujet. Il analyse les besoins alimentaires, évalue la disponibilité des aliments et suit et diffuse l'information sur le niveau des stocks. Le Comité de la sécurité alimentaire mondiale recommande aussi des politiques propres à assurer des approvisionnements céréaliers suffisants en vue d'une surveillance active de la sécurité alimentaire, qui évalue la situation actuelle et les perspectives en matière d'offre et de demande de denrées alimentaires.

Le Comité a été chargé par le Sommet de suivre l'exécution du Plan d'action et d'entreprendre un examen complet d'ici l'an 2006 au plus tard. Pendant la vingt-troisième session du Comité, en avril 1997, des dispositions ont été prises en vue du suivi de l'application du Plan d'action du Sommet et de l'établissement de rapports à ce sujet, qui doivent reposer sur trois filières, à savoir:

Le délai de présentation à la FAO des rapports nationaux a été fixé au 31 janvier 1998. Ces rapports individuels, censés décrire brièvement la situation et les orientations prises par les gouvernements, serviraient à l'établissement d'un Rapport intérimaire sur l'application du Plan d'action que le Comité examinerait à sa prochaine session, en juin 1998.

Au niveau régional, les Conférences régionales de la FAO de 1998 ont consacré une journée chacune à un débat sur le suivi du Sommet au cours duquel les ONG pourront aussi faire entendre leur voix.

Pour des informations à jour sur les progrès réalisés par le CSA dans le suivi de la mise en oeuvre ; consulter le site Web de la FAO sur Internet : <http://www.fao.org/unfao/bodies/cfs/default.htm>

Le droit à la nourriture

Le Sommet mondial de l'alimentation a réaffirmé le droit de chacun à une nourriture saine et suffisante et a décidé que la teneur des droits en matière d'alimentation, tels qu'ils sont décrits à l'Article 11 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, devrait être précisée.

Le Sommet a décidé en outre que le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme devrait être invité à mieux définir les droits en matière d'alimentation et à proposer des moyens d'appliquer ces droits. Cette demande a été approuvée par la Commission des droits de l'homme des Nations Unies dans sa Résolution 1997/8. En mai 1997, le Directeur général de la FAO et le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme ont signé un Mémorandum d'accord en vue d'une coopération à cet effet.

Le Haut Commissaire des Nations Unies a pris les premières mesures importantes pour s'acquitter du mandat que lui avait confié le Sommet les 1er et 2 décembre 1997, lors des consultations sur le droit à une alimentation suffisante en tant que droit de l'homme à Genève.

A ce jour, une vingtaine de pays ont inclus le droit à la nourriture dans leur constitution. En novembre 1998, la deuxième Consultation d'experts du Haut Commissaire aux droits de l'homme sur le droit à une alimentation suffisante en tant que droit de l'homme a recommandé que les Etats envisagent d'adopter une loi-cadre au titre de leur stratégie nationale et que la FAO et les autres organisations des Nations Unies et organismes fournissent leur aide sur demande. Le Comité des droits économiques, sociaux et culturels a adopté une Observation générale (No 12) sur le droit à une alimentation suffisante en mai 1999 et il a formulé la même recommandation.

Pour plus d'informations sur les activités, les publications et un calendrier des événements relatifs au Droit à la nourriture, consulter le site Web de la FAO sur Internet: <http://www.fao.org/legal/rtf-e.htm>

Programme spécial pour la sécurité alimentaire (PSSA)

La FAO contribue de manière essentielle à l'exécution du Plan d'action dans le domaine du développement agricole. A cet égard, le Programme spécial pour la sécurité alimentaire dans les pays à faible revenu et à déficit vivrier (PFRDV), lancé bien avant le Sommet, continuera à focaliser l'action de la FAO dans ce domaine.

Le Programme spécial, qui concerne 86 pays à faible revenu et à déficit vivrier, est opérationnel dans 30 pays et est sur le point d'être lancé ou en cours de formulation dans 40 autres pays. Dès le premier trimestre de 1998, il devrait être opérationnel dans plus de 60 pays.

Le Programme spécial vise à accroître la production et la disponibilité d'aliments par un accroissement rapide de la productivité et de la production alimentaire et par la réduction de la variabilité annuelle de la production. Il repose sur une approche participative respectueuse de l'environnement et de l'équité sociale. Le but ultime est d'améliorer les conditions de vie des populations rurales les plus pauvres et plus particulièrement des femmes.

Devant apporter une contribution essentielle à la mise en oeuvre du Plan d'action dans les PFRDV, dans le cadre du suivi du Sommet, la FAO a accéléré l'incorporation des 86 PFRDV dans le Programme spécial. Elle a cherché notamment à les aider à mobiliser le soutien financier nécessaire à l'exécution du Programme spécial auprès de ses partenaires de développement.

La coopération entre les pays en développement joue aussi un rôle vital dans l'application du Programme spécial. Dans le cadre d'un accord de coopération Sud-Sud, un pays en développement avancé accepte de fournir des experts et des techniciens de terrain à un autre pays en développement, pour qu'ils travaillent directement avec les agriculteurs des communautés participant aux activités du Programme spécial.
Consulter le site Web de la FAO sur Internet:
<http://www.fao.org/spfs>

La société civile s'organise

Pendant le Forum des ONG qui s'est tenu parallèlement au Sommet, 112 participants représentant des ONG africaines ont constitué une plate-forme continentale des ONG africaines, connue sous le sigle COASAD, qui s'est réunie à Tunis, en juin 1997, pour mettre au point un plan de travail initial centré sur la sécurité alimentaire.

En août 1997, la Coalition asiatique des ONG pour la réforme agraire et le développement rural s'est réunie en Thaïlande pour décider des activités à entreprendre pour donner suite au Sommet. Le Réseau d'Asie du Sud sur l'alimentation, l'écologie et la culture s'est réuni à la même époque au Bangladesh et a souligné l'importance cruciale de la sécurité alimentaire pour tous les mal nourris d'Asie du Sud.

Une réunion régionale des réseaux de sécurité alimentaire pour l'Amérique latine et les Caraïbes s'est tenue à Brasilia en août 1997, en même temps qu'une réunion générale des réseaux des partenaires du sud et du nord. A cette occasion, le Forum mondial sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle durable a été créé. Ses principaux objectifs sont l'instauration d'une sécurité alimentaire durable au niveau national, le suivi des engagements en matière de sécurité alimentaire pris par la communauté internationale lors du Sommet et d'autres grandes conférences et la participation à l'examen des accords de l'Organisation mondiale du commerce.

L'Union interparlementaire (UIP) a elle aussi été extrêmement active à l'appui des objectifs du Sommet. En août 1997, le Conseil interparlementaire a signé un Accord de coopération avec la FAO, rapidement suivi du soutien du Conseil à une résolution du 16 septembre 1997 réitérant l'approbation de la Déclaration adoptée par les participants à la Journée des Parlementaires, organisée le 15 novembre 1996 parallèlement au Sommet mondial de l'alimentation.

Du 29 novembre au 2 décembre 1998, une Conférence interparlementaire spécialisée s'est tenue au Parlement italien à Rome sous l'égide de l'UIP et avec le soutien technique de la FAO. Cette Conférence a réuni 200 membres de parlements de près de 80 pays. Les participants ont adopté un document final qui contient des conclusions et des recommandations en vue d'une action parlementaire à l'appui de l'application du Plan d'action du Sommet et qui passe en revue les progrès réalisés par les Etats dans ce domaine.

L'UIP continue à jouer un rôle capital de promotion et de soutien des objectifs du Sommet mondial de l'alimentation.

Dans le sillage du Sommet

Le Plan d'action réclame une action concertée de la part de toutes les organisations des Nations Unies pour aider les pays à atteindre les objectifs du Sommet.

Le Comité administratif de coordination (CAC) a créé le Réseau du CAC sur le développement rural et la sécurité alimentaire en avril 1997. Ce réseau encourage les activités à l'échelon national en organisant des groupes thématiques sur le développement rural et la sécurité alimentaire, qui fonctionnent dans le cadre du réseau de coordonnateurs résidents, en étroite collaboration avec le gouvernement et des partenaires non gouvernementaux. Ces groupes thématiques bénéficieront d'un soutien de la part du siège du Réseau, géré conjointement par la FAO et le FIDA et avec la participation étroite du PAM et d'autres organisations intéressées. Consulter les sites Web sur Internet: <http://www.fao.org/sd/rdfs> et <http://www.ifadeval.org/cgi.bin/forum/EVAK.pl>

La FAO appuie la préparation de stratégies nationales et régionales de sécurité alimentaire et de développement agricole pour les pays du tiers monde et les pays en transition. Elle sert aussi de catalyseur pour mobiliser la communauté internationale et obtenir l'assistance et le soutien technique nécessaires aux pays en développement pour appliquer le Plan d'action.

En collaboration avec d'autres organismes des Nations Unies, des institutions nationales et des ONG, des progrès ont été accomplis dans le lancement du Système d'information et de cartographie sur l'insécurité alimentaire et la vulnérabilité (SICIAV). Il est prévu de concevoir et de mettre en place progressivement le système aux niveaux national et international, sur la base des systèmes et mécanismes d'information existants.

A l'issue d'une Consultation technique sur le SICIAV organisée par la FAO en mars 1997, il a été proposé de former un groupe de travail interinstitutions sur le SICIAV pour surveiller l'élaboration du système au niveau international et coordonner les efforts concertés dans le domaine de l'insécurité alimentaire et de la vulnérabilité. Il a également été recommandé que la FAO fournisse un secrétariat permanent au groupe de travail. L'action interpays à l'appui du SICIAV devrait être facilitée par les groupes thématiques créés dans le cadre du Réseau du CAC sur le développement rural et la sécurité alimentaire. Consulter le site Web sur internet: <http://www.fivims.net>

Mobilisation mondiale

Afin de perpétuer l'élan créé par le Sommet mondial de l'alimentation, la FAO participe à d'autres activités visant à sensibiliser les gouvernements et à les aider à mettre en place des projets de lutte contre la pauvreté et l'insécurité alimentaire.

La Journée mondiale de l'alimentation est marquée, notamment, par la tenue d'une Téléconférence annuelle organisée par le Comité national des Etats-Unis pour la Journée mondiale de l'alimentation en collaboration avec la George Washington University et la United States Information Agency (USIA). La Téléconférence regroupe un millier de sites interactifs surtout au Canada, au Mexique, aux Etats-Unis et, pour la première fois en 1997, la Chambre des représentants des Etats-Unis et la Banque mondiale.

Au cours des célébrations de la Journée mondiale de l'alimentation en 1997, la FAO a lancé le TeleFood, qui allait devenir une manifestation annuelle. Le but du TeleFood est de sensibiliser le public aux problèmes liés à la sécurité alimentaire et de mobiliser son soutien dans la lutte contre la faim et la malnutrition dans le monde. Lors de sa vingt-neuvième session en novembre, la Conférence de la FAO a adopté une résolution approuvant l'initiative du Directeur général de créer le TeleFood et elle a manifesté le désir que cette manifestation se poursuive et étende son champ d'activités. Cette résolution a également approuvé la décision d'allouer les fonds recueillis grâce au TeleFood pour financer directement des projets de sécurité alimentaire dans les communautés de base, sans prélèvement pour les dépenses administratives par l'intermédiaire du Fonds spécial TeleFood. Pour plus d'informations sur le TeleFood, consulter le site Web Internet: <http://www.fao.org/Food/Default.htm>


LE SOMMET MONDIAL DE L'ALIMENTATION

Historique

Le Sommet a été convoqué en réaction à la persistance d'une sous-alimentation généralisée et à une inquiétude croissante quant à la capacité de l'agriculture de satisfaire les besoins alimentaires à venir. Les stocks céréaliers mondiaux étaient tombés à leur niveau le plus bas depuis le début des années 70, ce qui avait entraîné de fortes hausses des prix, et l'aide alimentaire avait diminué de près de moitié au cours des trois années précédentes.

En 1974, les gouvernements participant à la Conférence mondiale de l'alimentation avaient proclamé que "chaque homme, femme et enfant avait le droit inaliénable d'être libéré de la faim et de la malnutrition afin de développer pleinement ses facultés physiques et mentales". La Conférence s'était fixé pour objectif l'éradication de la faim, de l'insécurité alimentaire et de la malnutrition avant dix ans. Pour de nombreuses raisons, d'ordre politique et financier notamment, ce but n'a jamais été atteint.

Des progrès remarquables ont été accomplis dans certains pays et la sous-alimentation chronique diminue lentement dans de nombreux pays en développement. Les 5,8 milliards d'habitants que compte aujourd'hui notre planète ont 15 pour cent de plus de nourriture par habitant que la population de 4 milliards d'il y a 20 ans.

Mais la FAO estime que si les progrès ne s'accélèrent pas, 680 millions de personnes pourraient encore souffrir de la faim d'ici l'an 2010, dont plus de 250 millions en Afrique subsaharienne. Théoriquement, le monde produit suffisamment d'aliments pour nourrir sa population; mais ce sont les secteurs les plus pauvres des sociétés qui n'ont pas les ressources nécessaires pour se procurer leur part.

D'après les estimations de la FAO, la production alimentaire mondiale devrait augmenter de plus de 75 pour cent pendant les 30 prochaines années pour assurer des approvisionnements alimentaires suffisants à une population mondiale qui pourrait atteindre 8,3 milliards d'êtres humains d'ici l'an 2025.

Au cours de la vingt-septième session de la Conférence de la FAO, en novembre 1993, les pays membres ont exprimé leur profonde inquiétude face à la situation et aux perspectives d'avenir et ont souligné que les grands problèmes mondiaux que sont l'alimentation, la nutrition et la durabilité exigent une action immédiate aux niveaux national et international.

Après avoir consulté un grand nombre de Chefs d'Etat et de gouvernement de toutes les régions du monde, M. Jacques Diouf, Directeur général de la FAO, a invité la Conférence de la FAO à envisager de convoquer un Sommet mondial de l'alimentation. Cette proposition, approuvée par la Conférence à sa vingt-huitième session, en octobre 1995, a ensuite été confirmée à l'unanimité par l'Assemblée générale des Nations Unies en décembre 1995.

Participation

Au total, 185 pays, plus la Communauté européenne, ont participé au Sommet, dont 82 étaient représentés au niveau du Chef d'Etat ou de gouvernement et 30 au niveau du Chef d'Etat ou de gouvernement adjoint. Plus de 70 autres représentants de haut niveau ont également participé au Sommet au nom des autres pays.

Vingt-quatre institutions des Nations Unies et 55 autres organisations intergouvernementales ont également pris part au Sommet.

En tout, 790 délégués d'ONG ont assisté au Sommet mondial de l'alimentation, représentant un total de 457 organisations. Cent un autres représentants d'ONG ont assisté au Sommet en tant que membres de leur délégation gouvernementale. Parmi les représentants des ONG, plus de 60 pour cent étaient des femmes.

Un total de 243 déclarations ont été prononcées pendant les cinq jours de séances plénières du Sommet, y compris celles prononcées à la cérémonie d'ouverture, et au nom des participants lors des trois événements parallèles au Sommet.

La présence de Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II, qui a prononcé une allocution à la cérémonie d'ouverture, ainsi que les déclarations de S.E. M. Oscar Luigi Scalfaro, Président de la République italienne, du Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, M. Boutros Boutros-Ghali et du Directeur général de la FAO, ont servi à souligner la gravité et l'urgence du problème et à le replacer dans un contexte de solidarité internationale.

Société civile

Une stratégie avait été mise au point dès le début des préparatifs pour assurer la participation des ONG au processus de préparation du Sommet aux niveaux national, régional et international ainsi qu'au Sommet lui-même. Au niveau national, les gouvernements ont fréquemment consulté les ONG, jetant les fondements de ce qui pourrait constituer des mandants pour la sécurité alimentaire. Cette participation a également suscité la création et le renforcement de réseaux de sécurité alimentaire spécifiques.

Au niveau régional, des consultations avec les ONG ont précédé chacune des Conférences régionales de la FAO, tandis qu'au niveau mondial, les ONG ont été consultées avant la tenue de la session du Comité de la sécurité alimentaire mondiale et ont pu assister au Sommet.

Les ONG du monde entier ont également organisé leurs propres réunions pour débattre des questions examinées au Sommet. Plusieurs déclarations d'ONG pour le Sommet mondial de l'alimentation ont été soumises au Secrétariat du Sommet.

Parallèlement au Sommet, le Forum des ONG s'est tenu à Rome du 11 au 16 novembre 1996. Y ont assisté 1 300 représentants d'ONG venus de 80 pays. Les participants ont formulé une déclaration qui a été présentée au Sommet le 17 novembre 1996.

Partout dans le monde, les ONG se sont mobilisées autour du thème de la sécurité alimentaire de diverses façons: organisation de réunions, publication d'articles et de brochures, envoi d'observations sur le Plan d'action pendant le processus de négociation, création de réseaux par région ou par thème, organisation de groupes de pression auprès de leurs gouvernements, création de nouvelles associations et de nouveaux réseaux axés sur la sécurité alimentaire.

Un important résultat de cette mobilisation est l'élargissement de la gamme des intérêts (voir ci-dessus) représentés par les ONG impliquées, qui contribue à l'ouverture de l'éventail traditionnel d'organisations connues de la FAO et travaillant avec elle.

Outre des ONG de soutien au développement, des organisations d'agriculteurs, des organisations populaires et de travailleurs ruraux et des ONG spécialisées dans l'humanitaire et les secours d'urgence, le processus de préparation du Sommet a attiré des ONG travaillant en zones urbaines, dans le domaine des droits de l'homme ou de la politique économique, ainsi que des nombreux universitaires, chercheurs et scientifiques.

Outre le Forum des ONG, deux autres réunions influentes ont eu lieu parallèlement au Sommet mondial de l'alimentation, à savoir le Forum international de la jeunesse (15 et 16 novembre 1996) et une Journée des parlementaires le 15 novembre 1996.

Des jeunes de plus de 130 pays représentés au Forum international de la jeunesse ont demandé notamment: la création d'un comité international de médiation en vue de la remise de la dette des pays pauvres et en développement d'ici la fin du millénaire; "la formation d'un conseil international de la jeunesse, qui encouragerait l'échange d'idées à l'échelle mondiale sans discrimination politique, raciale ou sociale", et la formation dans les écoles, d'associations de jeunes dont les représentants pourraient participer aux réunions de la FAO et d'autres organes internationaux.

Accueillie par le Sénat de la République italienne et organisée par l'Union interparlementaire (voir aussi ci-dessus), organisation représentant des groupes parlementaires de toutes les régions du monde, les délégués qui ont participé à la Journée des parlementaires se sont engagés à promouvoir l'application du Plan d'action du Sommet dans leurs parlements respectifs et, en coopération avec la FAO, à établir un mécanisme de suivi de l'application, au niveau parlementaire, des engagements pris à Rome.

Préparation du Sommet

Pour préparer le Sommet mondial de l'alimentation, des consultations élargies ont eu lieu entre les gouvernements, les OIG, les OING et les ONG ainsi qu'avec le secteur privé. Le centre de liaison de ces préparatifs était le Comité de la sécurité alimentaire mondiale, ouvert aux membres de la FAO ainsi qu'à tous les membres de l'Organisation des Nations Unies qui souhaitent participer à ses travaux. Un Groupe de travail intersession du Comité de la sécurité alimentaire mondiale a été mis en place pour orienter les préparatifs et examiner les principaux projets de documents du Sommet, la Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale et le Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation.

Les débats qui ont eu lieu au sein des Conférence régionales de la FAO pendant le cours de l'année 1996 ont largement contribué à l'établissement de ces documents. Il s'agissait des conférence suivantes:

· Vingt-troisième Conférence régionale pour le Proche-Orient, Rabat (Maroc) (26-30 mars).

· Dix-neuvième Conférence régionale pour l'Afrique, Ouagadougou (Burkina Faso) (16-20 avril).

· Vingtième Conférence régionale pour l'Europe, Tel Aviv (Israël) (29 avril-3 mai).

· Vingt-troisième Conférence régionale pour l'Asie et le Pacifique, Apia (Samoa) (14-18 mai).

· Vingt-quatrième Conférence régionale pour l'Amérique latine et les Caraïbes, Asunción (Paraguay) (2-6 juillet).

· Consultation régionale pour l'Amérique du Nord organisée par les Etats-Unis d'Amérique et le Canada, East Lansing, Michigan (24 et 25 juin).

Les rapports établis pendant les consultations régionales ont été intégrés dans la documentation soumise aux réunions du Groupe de travail afin de garantir que les points de vues régionaux soient pleinement pris en compte dans les documents du Sommet.

De nombreuses OIG ont prêté leur soutien officiel au Sommet mondial de l'alimentation et demandé une participation de haut niveau de la part des gouvernements. Des résolutions ont été adoptées, par exemple, par l'Organisation de l'Unité africaine, l'Organisation de la Conférence islamique, l'UIP, CARICOM et bien d'autres.

En juillet 1996, une réunion des représentants des académies des sciences du monde entier, mais surtout des pays en développement, a eu lieu à Madras (Inde) avec le soutien de la FAO et du gouvernement italien. Cette réunion avait pour but d'articuler le point de vue scientifique sur les questions soumises au Sommet. Parmi les grandes questions traitées dans la Déclaration de Madras, rédigée à l'issue de la réunion, figuraient: la science pour le progrès agricole durable; la faim cachée, la biodiversité agricole et les technologies postérieures à la récolte; et les technologies de l'information au service d'une révolution de l'apprentissage.

Des dizaines d'autres instances ont contribué au processus du Sommet, à commencer par une Assemblée mondiale sur la sécurité alimentaire et un symposium international organisé par le Gouvernement fédéral du Canada et par le Gouvernement du Québec, en octobre 1995, dans la ville de Québec. Ces sessions ont précédé la réunion ministérielle sur la sécurité alimentaire mondiale convoquée à Québec à l'occasion du cinquantenaire de la FAO fondée à Québec en 1945.

Activités menées au niveau des pays

Le Sommet a été conçu de façon à tirer parti des expériences nationales en matière d'activités visant à améliorer la sécurité alimentaire. Plus de 62 pays en développement ont bénéficié d'une assistance financière limitée pour couvrir certaines de ces activités, telles que la préparation d'un document de synthèse nationale, l'organisation de séminaires et d'ateliers et le lancement de campagnes de sensibilisation du public. Dans de nombreux pays, la FAO a également pu trouver des ressources supplémentaires auprès d'autres organismes des Nations Unies, ainsi que de donateurs bilatéraux, du secteur privé et d'ONG.

Bien avant le Sommet, quelque 150 pays avaient mis en place des secrétariats/comités nationaux du Sommet mondial de l'alimentation pour coordonner leurs contributions nationales au processus du Sommet;

Quelque 200 séminaires et ateliers nationaux, sous-régionaux et régionaux ont été organisés et ont rassemblé plus de 15 000 participants de tous les secteurs de la société. La plupart de ces ateliers ont porté sur un ou plusieurs des aspects suivants du Sommet:

1. Examen de la situation en matière de sécurité alimentaire et formulation de recommandations en vue de son amélioration;

2. Examen des projets de documents du Sommet et formulation d'observations et de propositions spécifiques pour examen par la Conférence régionale et/ou le Comité de la sécurité alimentaire;

3. Débat et observations sur les documents d'information technique du Sommet (voir titres ci-après):

Plus de 300 manifestations ont été organisées au niveau national, dans différentes régions du monde, telles que: production et/ou distribution locale d'affiches et de souvenirs, organisation d'événements sportifs ou de concours de rédaction et manifestations artistiques.

Documentation technique

Quinze documents d'information technique, dont un atlas technique en couleurs, ont servi de base aux décisions et mesures politiques approuvées au Sommet. Préparés par le personnel de la FAO et des experts de nombreux centres d'excellence, ces documents traitent de manière détaillée de quelques-unes des grandes questions liées à la situation actuelle, passée et à venir en matière de sécurité alimentaire.

Des projets de documents ont d'abord été distribués, à titre provisoire, dès le début de l'année 1995 et des observations ont été demandées et reçues dans le cadre d'un vaste processus d'examen auquel ont participé des experts des gouvernements, d'autres institutions des Nations Unies, des banques de développement, des centres d'excellence de chaque région, des ONG, le secteur privé et des personnalités invitées au Sommet.

Une fois révisés et arrêtés, les documents d'information technique et l'atlas technique ont été traduits dans les cinq langues officielles de la FAO et publiés en trois volumes, peu de temps avant le Sommet. Ces documents, ainsi que la Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale et le Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation, ont également été mis à la disposition du public sur Internet et sur un CD-ROM.

Les documents d'information technique ont également été utilisés dans le cadre des cinq groupes techniques qui se sont réunis pendant le Sommet et au sein desquels des experts mondiaux ont débattu avec les participants au Sommet des leçons apprises et des options ouvertes pour une accélération des progrès vers la sécurité alimentaire universelle. De nombreuses contributions techniques ont également été préparées par des OIG, des ONG et des gouvernements et ont enrichi le débat aux niveaux national et international.

Documents d'information technique

    1. Alimentation, agriculture et sécurité alimentaire: évolution depuis la Conférence mondiale de l'alimentation et perspectives

    2. Sécurité alimentaire: exemples de réussite

    3. Cadre sociopolitique et économique pour la sécurité alimentaire

    4. Besoins alimentaires et croissance démographique

    5. Sécurité alimentaire et nutrition

    6. Les leçons de la révolution verte - vers une nouvelle révolution verte

    7. Production vivrière: le rôle déterminant de l'eau

    8. Produits alimentaires destinés aux consommateurs: commercialisation, transformation et distribution

    9. Rôle de la recherche dans la sécurité alimentaire mondiale et le développement agricole

    10. Investissement dans le secteur agricole: évolution et perspectives

    11. Production alimentaire et impact sur l'environnement

    12. L'alimentation et le commerce international

    13. Sécurité alimentaire et assistance alimentaire

    14. Evaluation des progrès réalisables en matière de sécurité alimentaire

    15. Atlas technique

Couverture par la presse

L'un des objectifs du Sommet étant de sensibiliser le public aux questions critiques liées à la sécurité alimentaire mondiale, la couverture du Sommet et de son processus préparatoire par la presse était appelée à jouer un rôle fondamental. Pendant les deux années qui ont précédé le Sommet et plus particulièrement au cours des 12 derniers mois, de nombreuses interviews radio et télédiffusées, des articles et des suppléments ont paru avec une fréquence croissante dans les journaux, les magazines et les principaux services télégraphiques internationaux.

Pendant le Sommet lui-même, des centaines d'articles supplémentaires ont été publiés dans la presse mondiale, du nord comme du sud. Plus de 35 conférences de presse, auxquelles ont assisté des journalistes et reporters de radios, télévisions, journaux et magazines, ont été organisées pendant le Sommet, avec des chefs d'Etat et de gouvernement, des ministres et autres hauts fonctionnaires, ainsi qu'avec des responsables de groupements régionaux, d'institutions des Nations Unies et d'organisations intergouvernementales et non gouvernementales.

Grâce à cette couverture par la presse internationale, les questions liées à la sécurité alimentaire, et plus particulièrement la pauvreté et la sous-alimentation, ont bénéficié d'une attention accrue aux niveaux mondial et national. Le thème de la faim et de la pauvreté a même tragiquement occupé le devant de la scène pendant le Sommet lui-même, alors que la presse mondiale faisait état de la fuite des réfugiés et de la crise alimentaire concomitante dans la région des Grands Lacs de l'Afrique.


Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation

Les engagements

Engagement un: nous assurerons un environnement politique, social et économique propice, visant à instaurer les meilleures conditions pour l'éradication de la pauvreté et le maintien d'une paix durable, fondé sur la pleine participation des hommes et des femmes sur un pied d'égalité, particulièrement favorable à la sécurité alimentaire durable pour tous;

Engagement deux: nous mettrons en oeuvre des politiques visant à éradiquer la pauvreté et l'inégalité et à améliorer l'accès physique et économique de tous, à tout moment, à une alimentation suffisante, adéquate du point de vue nutritionnel et sanitaire, et son utilisation efficace;

Engagement trois: nous poursuivrons des politiques et méthodes participatives et durables de développement alimentaire, agricole, halieutique, forestier et rural dans les régions à potentiel élevé comme dans celles à faible potentiel, qui sont essentielles pour assurer des approvisionnements alimentaires adéquats et fiables au niveau des ménages, ainsi qu'aux échelons national, régional et mondial, et lutterons contre les ravageurs, la sécheresse et la désertification, considérant le caractère multifonctionnel de l'agriculture;

Engagement quatre: nous nous efforcerons de faire en sorte que les politiques concernant le commerce des denrées alimentaire et agricoles et les échanges en général contribuent à renforcer la sécurité alimentaire pour tous grâce à un système commercial mondial à la fois juste et axé sur le marché;

Engagement cinq: nous nous efforcerons de prévenir les catastrophes naturelles et les crises provoquées par l'homme, d'y être préparés et de répondre aux besoins alimentaires provisoires d'urgence, d'une façon qui stimule la reprise, le redressement et le développement et renforce la capacité de satisfaire les besoins futurs;

Engagement six: nous encouragerons l'affectation et l'utilisation optimales de l'investissement public et privé pour faire progresser les ressources humaines, les systèmes alimentaires, agricoles, halieutiques et forestiers durables et le développement rural, dans les zones à fort comme à faible potentiel;

Engagement sept: nous exécuterons ce Plan d'action et assurerons son contrôle et son suivi à tous les niveaux en coopération avec la communauté internationale.

Le site Web du Sommet mondial de l'alimentation <http://www.fao.org/wfs/homepage.htm> contient tous les principaux documents du Sommet, y compris ceux publiés depuis le Sommet, le rapport du Sommet (première et deuxième parties) et la liste révisée des participants. Un CD-ROM sur le Sommet mondial de l'alimentation est également disponible.


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