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LA CONTRIBUTION DU SAVOIR DES EXPLOITANTS AGRICOLES À LA RECHERCHE SUR LES PRODUITS FORESTIERS NON LIGNEUX

Jonathon Okafor

Résumé

Les agriculteurs, ainsi que l'ensemble de la population rurale, possèdent un patrimoine considérable de connaissances traditionnelles sur les PFNL, du fait de leur utilisation ancestrale. Ces connaissances sont le plus souvent rassemblées grâce à des prospections ethnobotaniques. L'information ethnobotanique est essentielle pour déterminer la diversité des plantes, leur variation intraspécifique, la sélection des meilleures lignées, l'adaption et l'introduction des espèces de PFNL dans des systèmes d'agriculture traditionnels. Les connaissances des agriculteurs et leur système de classification de la biodiversité ont été utilisés dans un travail récent sur les arbres fruitiers indigènes du Nigeria (Okafor, 1990), travail qui fait l'objet du présent article. La manière dont les agriculteurs perçoivent les problèmes et les solutions éventuelles liées à la préservation de la biodiversité (et donc des PFNL) sont essentielles pour l'orientation de la recherche sur les PFNL et son application concrète (Okafor, 1995). Dans cet article, nous analysons le potentiel commercial des espèces indigènes. Nous mettons en évidence les principales leçons tirées de projets utilisant la participation des agriculteurs et proposons un plan d'action possible.

Mots clés: Produits forestiers non ligneux, connaissances traditionnelles, diversité génétique, ethnobotanique.

1. L'importance des connaissances traditionnelles

Les agriculteurs et les habitants des forêts disposent d'un savoir traditionnel important, né d'une longue utilisation des PFNL et des cultures agricoles. Ils sont conscients de la variation et des caractéristiques des arbres et des espèces génétiquement supérieurs. Cette connaisance des différences entre les arbres et des usages pour la consommation est utile pour la recherche et le développement des PFNL. Dans cet article, nous analysons, grâce à des études ethnobotaniques et socio-économiques approfondies, dans quelle mesure les connaissances traditionnelles des agriculteurs contribuent à l'amélioration génétique des espèces et à la recherche appliquée sur les PFNL.

2. En quoi consistent les informations ethnobotaniques ?

Il s'agit des informations que les communautés locales détiennent sur les ressources naturelles dont ils disposent, à savoir l'utilisation et la distribution des resssources végétales dans leur écosystème, la classification et l'identification des plantes et les liens entre les plantes, les animaux et les hommes dans cet écosystème (Eyzaguirre, 1995; Aameeruddy, 1994). Les données ethnobotaniques qui émanent des enquêtes ethnobotaniques, des études socio-économiques et de la littérature sont souvent basées sur les connaissances traditionnelles des populations locales. Aussi, la manière dont les agriculteurs se représentent la classification des espèces est souvent fondamental pour la recherche et le développement des PFNL.

3. Enquêtes sur les connaisances traditionnelles

Les procédures et les méthodes utilisées lors de la réalisation des enquêtes ethnobotaniques et socio-économiques permettant d'obtenir des informations sur les connaissances traditionnelles (Shepherd et Okafor, 1991) comprennent:

4. L'utilisation des informations ethnobotaniques pour cibler la cueillette et pour le développement des ressources génétiques de PFNL

Dans son étude, Eyzaguire (1995) a déclaré que l'information ethnobotanique est essentielle pour l'évaluation de la diversité et l'adaptation des cultures et que, en terme éco-géographique, "il reste encore beaucoup à apprendre sur la diversité socio-éco-édaphique des cultures et à comprendre sur l'adaptation des cultures à des micro-niches ou micro-environnements". Lors de la collecte de matériel génétique d'espèces cultivées ou importantes économiquement, l'information ethnobotanique (dont les différences culturelles, les structures socio-économiques, l'environnement institutionnel et la localisation des terrains) est essentielle pour pouvoir cibler les zones oú le prélèvement d'échantillons peut contenir une variation intraspécifique significative. De plus, les données ethnobotaniques facilitent l'identification de micro-environnements et de micro-niches (spatiales et temporelles), tant dans les exploitations agricoles que dans les terres non agricoles qui les entourent.

Finalement, les données ethnobotaniques fournissent des informations sur la sélection et la variation intraspécifique des espèces, sur l'adaptation des plants à leur environnement (c'est-à-dire des indications sur les relations de compétition, de complémentarité ou de symbiose entre les espèces, ainsi que leur résistance aux maladies). L'utilisation de données ethnobotaniques est utile à la recherche sur les PFNL (surtout en ce qui concerne la domestication et la sélection des meilleurs génotypes d'arbres fruitiers). Cela vaut particulièrement pour la zone forestière du Nigeria dont traite notre article.

5. Sélection des espèces

5.1. Diversité des espèces

La gamme impréssionante d'espèces forestières et la multiplicité de leurs usages respectifs illustre un aspect de la diversité des PFNL dans la zone tropicale d'Afrique de l'ouest. La variation naturelle existant entre les arbres fruitiers, se traduisant par des taxons intraspécifiques bien définis, parfois même au niveau variétal, est un autre aspect de cette diversité. Tout effort visant à domestiquer les espèces forestières commestibles devra tenir compte de ces deux caractéristiques cruciales de la diversité des espèces (Okafor, 1985).

Au cours de notre recherche, nous avons sélectionné 19 espèces ligneuses menacées d'extinction, en vue d'une étude intensive dans le cadre de notre programme, financé par le "Biodiversity Support Programme" du World Wildlife Fund (Fonds Mondial pour la Nature). Ces espèces ont été sélectionnées pour leur importance alimentaire (épices, fruits, noix graines ou légumes feuillus) et ont été identifiées par les agriculteurs comme étant de première importance pour leur subsistance.

5.2. Le degré de variation intraspécifique

L'existence d'une variation intraspécifique est utile pour la sélection, la culture et l'utilisation de nombreuses espèces d'arbres (Whitmore, 1976; Okafor, 1980a). Parmi les exemples de différence variétale entre des arbres fruitiers en Afrique de l'ouest, citons Irvingia gabonensis (Okafor, 1975) dont une des variétés a été élevée au rang d'espèce (Irvingia wombulu) par Harris (1996); Treculia africana subsp. african (Okafor, 1981b) et Dacryodes edulis (Okafor, 1983). Ces exemples montrent qu'il est possible d'étendre la période de fructification, d'accroître la gamme des produits, améliorer le rendement et choisir un modèle de plante bien spécifique, tout autant que la saison de fructification (Okafor, 1978, 1981a; Okigbo, 1977). Certains taxons exhibent une variation intraspécifique, telle qu'un floraison plus abondante et précoce, des fruits plus bas dans l'arbre, une production plus importante, une meilleure qualité des fruits, etc, ... (Okafor, 1985).

Tableau 1: Espèces ayant une valeur ethnobotanique (Okafor et al., 1996a)

Nom botanique

Famille

Nom vernaculaire (ibo, Anglais)

Partie de la plante consommée

Type d'aliment traditionnel

Arbres

       

Chrysophyllum albidum

Sapotaceae

Udara, star apple

Pulpe de fruits

Fruits

Dacryodes edulis

Burseraceae

Ube, pear

Pulpe de Fruits

Fruits

Dannettia tripetala

Annonaceae

Mmimi

Fruits

Epicé

Garcinia kola

Guttiferae

Akuilu, bitter kola

Graines

Graines comme kola

Irvingia gabonensis

Irvingiaceae

African mango

Fruit/graines

Pulpe de fruits,

Graines de condiment

Monodora myristica

Annonaceae

Ehuru, nutmeg

Graines

Épices

Pentaclethra macrophylla

Mimosoideae

Ukpaka, oil bean

Graines

Produits fermentés

Pterocarpus mildbraedii

Papillionoideae

Oha

feuilles

Légumes feuillus

P. santalinoides

Papillionoideae

Nturukpa

feuilles

Légumes feuillus

P. soyauxii

Papillionoideae

Oha

feuilles

Légumes feuillus

Treculia africana

Moraceae

ukwa, breadfruit

Noix

Noix grillées

Xylopia aethiopica

Annonaceae

Uda

Graines

Epices

Plantes grimpantes

       

Dioscoreophyllum cumminsii

Menispermaceae

utobili, serendipity berry

Fruits

Edulcorant

Gnetum africanum

Gnetaceae

Okazi

Feuilles

Légume feuillu

G. buchholzianum

Gnetaceae

Okazi

Feuilles

Légume feuillu

Gongronema latifolium

Sapotaceae

Utazi

Feuilles

Légume feuillu

Piper guineense

Piperaceae

uziza, Guinea pepper

Graines

Epices

Plukenetia conophora

Euphorbiaceae

ukpa, conophor

Noix

Noix

Arbustes

       

Vernonia amygdalina

Compositae

onugbu, bitter leaf

Feuilles

Légume feuillu

5.3. Biodiversité: la vision traditionnelle des agriculteurs

Dans son rapport, Aumeeruddy (1994) rapporte plusieurs récits qui soutiennent l'idée selon laquelle les sociétés traditionnelles disposent de leurs propres systèmes de classification des espèces, basés sur leur représentation du monde naturel. Par exemple, les plantes peuvent être classées dans deux catégories, "chaude" ou "froide", en fonction de représentations symboliques plus générales de l'environnement. Selon ce mode de classification, on attribue à chaque élement, qu'il soit vivant ou inerte, une valeur "chaude" ou "froide". L'eau est associé au froid et par conséquent, les fleuves, les sources, les plaines inondées, ainsi que les plantes qui s'y trouvent le sont également. Toute plante ayant des parties charnues ou des exsudats aqueux est considérée comme une plande "froide". Les plantes au goût acide sont également considérée comme "froide", comme le sont les espèces ayant un parfum fort et persistant tels que Ocinum spp. et les espèces de gingembre appartenant à la famille des Zingiriberaceae.

En revanche, les espèces ayant des caractéristiques irritantes (le latex ou les feuilles irritantes) et celles qui ont un parfum très épicé sont classées comme "chaudes". Ce sont des plantes qui dégagent une essence "chaude", qui les distingue des autres plantes parfumées "froides", telles que Ocinum spp. Les plantes épineuses et celles qui assèchent le sol (par exemple Imperata cylindrica) sont également des plantes chaudes. Le classement des plantes selon les catégories "chaud" et "froid" a des conséquences sur l'utilisation de celles-ci, surtout pour les plantes alimentaires ou médicinales, et sur les pratiques agricoles (Aumeeruddy, 1994).

On utilise également un autre système de classement au Nigéria, se basant sur une représentation symbolique selon laquelle les plantes se distinguent par leur genre ("mâle" ou "femelle") selon leur fonction, leur utilisation, leur distribution écologique et leurs attributs morphologiques. Dans ce système, les plantes sont classés dans les catégories "mâle" ou "femelle" d'après des critères tels que la taille et la forme du fruit, la longueur des entre-n_uds, la pilosité des feuilles, etc ... Certaines plantes sont également classées d'après leur distribution. Par exemple, Uvaria chamea qui se trouve dans des fermes éloignées et des terres mises en jachère, est appelé "uda ofia", terme qui correspond également au nom local de la plante. Ce terme se distingue de "uda", qui désigne certaines espèces du genre Xylopia sur les fermes de cultures mixte.

Pour conclure, il ne fait aucun doute que les systèmes de classement indigènes sont fondamentaux pour l'identification et l'utilisation des espèces.

5.4. La sélection génétique: les conditions préalables et les différentes étapes

La diversité et la variation des espèces de PFNL fournissent la base permettant la sélection de lignées supérieures. Le premier critère de sélection est l'existence d'informations et de données sur la distribution de l'espèce considérée. Cela nécéssite des enquêtes et des observations dans les forêts naturelles, les exploitations agricoles traditionnelles, les marchés aussi bien ruraux qu'urbains, ainsi qu'une documentation de référence sur l'identification, la classification et l'évaluation des espèces de PFNL, comme par exemple celles des arbres fruitiers indigènes (Okafor, 1993). La deuxième condition préalable est l'étude de leur variation taxonomique et de leur phénologie.

5.5. Les paramètres utilisés lors de la sélection de lignées supérieures

Le tableau 2 illustre les paramètres ou les caractéristiques souhaitées pour trois des espèces étudiées.

Tableau 2: Caractéristiques recherchées pour trois arbres agroforestiers de grande valeur (Okafor 1990).

Irvingia gabonesis & wombolu

Dacryodes edulis

Treculia africana

· Taille du fruit

· Production de fruits (quantité)

· Saveur

· Absence de fibres

· Rapidité dans l'atteinte du stade reproductif

· Vaste gamme de produits

· Qualité et valeur élevée

· Taille du fruit

· Production de fruits (quantité)

· Epaisseur de la pulpe

· Saveur

· Saison de fructification étendue sur l'année

· Taille du fruit

· Nombres de grappes de fruits/ arbre

· Nombre de fruits par grappe

· Taille des noix

· Qualité de la cuisson

· Fructification régulière, étendue sur l'ensemble de l'annèe

6. Résultats de la recherche

6.1. Développement des essais en pépinière

Afin de déterminer la pérennité de l'intégration des espèces sélectionnées du tableau 1 dans des systèmes agroforestiers, il est indispensable d'étudier les meilleures techniques de multiplication pour chacune des espèces. Ainsi, les meilleures méthodes de multiplication des semences et les pré-traitements nécessaires pour la germination des graines ont été identifiés pour chaque espèces.

Tableau 3: Conditions de germination optimales pour les espèces sélectionnées (Okafor, et al., 1996a)

Espèce

Jours nécéssaires avant la première germination

Pré-treatment utilisé

% de germination

Chrysophyllum albidum

Dacryodes edulis

Dennettia tripetala

Dioscoreophyllum cumminsii

Garcinia kola

Gongronema latifoluium

Irvingia gabonensis

Pentaclethra macrophylla

Piper guineense

Plukenetia conophora

Treculia africana

Vernonia amygdalina

18

12

28

68

55

6

14

21

33

15

7

16

Enlever le tégument et tremper la veille dans de l'eau froide

Enlever l'endocarpe

Enlever la pulpe seulement

Enlever la pulpe et sécher au soleil une journée

Planter dans le faux-tronc du plantain pendant 3 semaines

Aucun

Enlever la pulpe et sécher à l'air pendant 2 jours

Aucun

Aucun

Aucun

Enlever le péricarpe et tremper la veille dans l'eau froide.

Aucun

98.9

85.0

66.0

69.6

80.0

81.6

80.0

84.3

16.2

80.0

86.0

92.0

On a également étudié la méthode de greffe en écusson, qui s'est révélée efficace pour 27 des espèces sélectionnées (voir tableau 4). Selon plusieurs sources, cette méthode de multiplication végétative permettrait de réduire l'âge de la production de fruits de 10 ans ou plus, à une moyenne de 2 à 4 ans, et faire passer la hauteur des fruits de 8 mètres ou plus à 1-3 mètres et ce, pour plusieurs arbres fruitiers (Okafor et Lamb, 1994; Okafor et al.; 1996a).

6.2. Avantages pour les agriculteurs locaux

Une fois l'information rendue disponible, des séminaires de formation et des ateliers ont été organisés, afin de diffuser les techniques de multiplication des plants auprès d'agriculteurs intéréssés. Des techniques d'écussonnage in situ (voir Okafor, 1990) ont été montrées sur le terrain et ont été adoptées à grande échelle.

Comme stratégie de conservation, les agriculteurs locaux ont été impliqués dans l'établissement de haies-clôtures, à partir d'arbustes légumineux, tels que Cajanus cajan, Pterocarpus santalinoides, etc... et des espèces non légumineuses, telles que Acioa barteri, Moringa oleifera et Ricinodendron heudelotii pour permettre l'enrichissement du sol et l'approvisionnement en produits utiles (fourrages, poteaux, légumes feuillus). De nombreux agriculteurs ont également planté des espèces produites par la pépinière du projet (et leur propre pépinipère) dans leur jardin personnel ou sur leur exploitation agricole traditionnelle. Les agriculteurs ont eu l'occasion d'adopter toute une série de pratiques agroforestières telles que l'utilisation de cultures intercalaires, de haies-clôtures, de haies vivantes, de piquets vivants, ainsi que des techniques d'agriculture en ligne. De plus, les agriculteurs impliqués dans le projet, on pris l'initiative de créer une coopérative dans le but de participer à la conservation de la biodiversité, à l'occasion d'une campagne vigoureuse de plantation d'arbres.

Le tableau 5 reprend les problèmes et contraintes auxquels les agriculteurs ont été confrontés pendant la periode de transfert des technologies du programme.

Tableau 4: Arbres ayant des parties commestibles et ayant été multipliés avec succès dans le sud-est du Nigeria grâce à la technique d'écussonage (Okafor, 1998).

N° de l'espèce .

Nom de l'espèce

Famille

1.

2.

3.

4.

5.

6.

7.

8.

9.

10.

11.

12.

13.

14.

15.

16.

17.

18.

19.

20.

21.

22.

23.

24.

25.

26.

27.

Afzelia africana

Trilepisium madagascariense

Detarium microcarpum

Dialium guineense

Afzelia bella var. Bella

Myrianthus arboreus

Treculia africana

Parkia biglobosa

Pentaclethra macrophylla

Tetrapleura tetraptera

Canarium schweinfurthii

Ceiba pentandra

Chrysophyllum albidium

Cola accuminata

C. gigantea

C. hispida

Hildegardia barteri

Monodora myristica

Xylopia sp.

Pterocarpus mildbraedii

P. santalinoides

P. soyauxii

Spondias mombin

Vitex doniana

Irvingia gabonensis

Dacryodes edulis

Ricinodendron heudelotii

Caesalpiniaceae

Moraceae

Caesalpiniaceae

Caesalpiniaceae

"

Moraceae

"

Mimosaceae

"

"

Burseraceae

Bombacaceae

Sapotaceae

Sterculiaceae

"

"

"

Annonaceae

"

Papilionaceae

"

"

Anacardiaceae

Verbanceae

Irvingiaceae

Burseraceae

Euphorbiaceae

Tableau 5: Problèmes rencontrés par un échantillon représentatif d'agriculteurs

Problème

% des agriculteurs confrontés à ce problème

Mortalité/survie des semis

91.7

Manque de capital

91.7

Pénurie de semences et de matériel de plantation

83.3

Outillage et matériel de tavail rudimentaire

66.7

Dégâts causés par les animaux lors de pâturages

66.7

Insuffisance de main d'oeuvre disponible

66.7

Pénurie d'eau

58.3

Manque de terres et droit d'usage limité

50.0

Connaissances insuffisantes quant aux techniques de conservation, de stockage et d'utilisation

41.7

Manque de connaissances sur les techniques de germination et de culture des espèces

25.0

7. Le potentiel commercial des espèces indigènes

Un certain nombre de produits alimentaires dérivés d'espèces forestières ou agricoles ayant un potentiel commercial important ont fait l'objet de plusieurs études: Okafor (1991), Okafor et Lamb (1991), Okafor et al. (1996a), Ejiofor et Okafor (1997). Ces produits comprennent les confitures, gelées et jus de fruits fabriqués à base de Irvingia gabonensis et Chrysophyllum albidum, les boissons non-alcoolisées à base de fruits de Treculia africana réduits en poudre, les boissons diététiques à base de graines de Garcinia kola ou de calices de Hibiscus sabdariffa, les assaisonnements à base de graines de Piper guineense, de Monodora myristica et de Xylopia spp., etc ... Parmi les préparations médicales à base de plantes, citons un baume contre l'arthrite à base de feuilles de Cassia tora et un thé anti-malaria à base de Morinda lucida, Azadirachta indica, Carica papaya et Cymbopogon citratus. On peut également fabriquer des savons pharmaceutiques à partir de feuilles de différentes espèces telles que Aloe vera, Cassia alata, Azadirachta indica et Lonchocarpus cyanescens. L'exploitation commerciale de ces espèces est source d'une amélioration du revenu des populations locales et de bénéfices en terme de soins médicaux. La valeur de ces produits a des conséquences, à la fois sur le potentiel de développement comercial et sur la nécessité d'une conservation à grande échelle des espèces dont ils sont tirés.

Leçons tirées de ces projets

Notre étude pourra sans doute offrir une contribution importante et influencer les prochaines recherches sur le développement et l'utilisation des PFNL, tant au sud-est du Nigéria que dans les autres régions tropicales. Les points importants à souligner sont les suivants:

Plan d'action recommandé

Etant donné l'importance très grande des plantes alimentaires et médicinales, et la perte de biodiversité qu'elle engendre du fait de la déforestation et la pression démographique, il est nécessaire d'affronter de manière continue les besoins et les problèmes soulignés par notre étude, tels que l'accès aux forêts ou terres forestières naturelles, la difficulté croissante de se procurer des échantillons de plantes et le besoin d'une campagne de sensibilisation cohérente, ciblée sur la conservation. Des propositions favorisant le recours des populations locales aux plantes alimentaires et médicinales dans l'économie rurale devront être développées en accord avec les valeurs des populations locales au niveau individuel, communautaire, administratif, gouvernemental, national, et international (Okafor, 1998). Par exemples, de telles propositions peuvent être :

8. Conclusions et recommandations

La participation des agriculteurs locaux à la conservation et à l'évaluation des PFNL s'est avérée une stratégie viable pour stimuler la recherche, le développement et la promotion de l'utilisation des espèces ligneuses indigènes au Sud-ouest du Nigeria. Notre travail a souligné le besoin urgent de réaliser davantage de recherches appliqués ciblées sur les besoins, les opportunités et les obstacles effectivement recontrés par les agriculteurs eux-mêmes. Nous devrions concentrer nos efforts pour aider à identifier les variations de la demande et les nouveaux produits pouvant être exploités par les agriculteurs. Il s'agira d'explorer davantage le potentiel de nombreuses espèces sélectionnées dans les schémas agroforestiers, afin de stimuler la production durable et la protection de l'environnement (Okafor, 1989, 1990b, 1992; Shepherd et Okafor, 1991).

Références

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