Inventaire des techniques de lutte contre l'ensablement


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1 - Les procèdes de lutte mécanique
2 - Les procédés de lutte biologique


L'inventaire des techniques de lutte contre l'ensablement, actuellement en usage dans les différents pays de la région arabe couverte par le projet RAB/89/034, fait ressortir une importante diversité de ces techniques, laquelle diversité se trouve dictée par l'expérience propre à chaque pays, des particularités des sites traités et de la disponibilité des matériaux usités.

Ainsi, quatorze types de technique peuvent être identifiées. Ils se rapportent globalement à deux procédés de lutte mécanique et biologique.

Nous reprenons ci-après dans le détail l'ensemble de ces techniques en insistant particulièrement sur celles qui connaissent une large utilisation.

 


1 - Les procèdes de lutte mécanique


La lutte mécanique recourt à une panoplie de techniques visant à stabiliser, par des moyens mécaniques, les masses sableuses en mouvement ou à empêcher la formation de dépôts de sable.

Au niveau des pays étudiés, ces techniques, malgré leur variabilité apparente, se subdivisent en quatre groupes:

Le choix de telle ou telle technique dépend de la dynamique éolienne, de l'objectif recherché et de la nature et la disponibilité des matériaux.

1.1 - La technique de la palissade

1.1.1 - La palissade proprement dite

Comme partout ailleurs les techniques de palissades reposent sur le principe d'obstacles s'opposant au vent et l'obligeant à déposer sa charge. Selon l'orientation de la palissade par rapport à la direction du vent, elle peut être soit" Palissade d'arrêt" quant celle-ci est perpendiculaire au vent soit "palissade de défilement ou diversion" dans le cas où elle est placée en biais par rapport au vent.

La nature de la palissade diffère selon les matériaux utilisés pour son édification. Au niveau des pays étudiés les matériaux en usage sont d'origine végétale ou synthétique.

Parmi les matériaux d'origine végétal, généralement inerte, il y a lieu de citer: la palme, l'alfa, le dis, Leptodenia, sp, Aristida sp, le roseau, les branchages (Tamarix, retama, génevrier, Pin d'Alep...), les résidus de produits agricoles (Mais, Riz, Tournesol...).

La hauteur efficace de la palissade varie d'un pays à un autre et selon la nature du matériau de confection. Elle varie généralement de 0,3 à 1m.

Dans un dispositif de protection à plusieurs rangées, l'espacement observé entre les palissades est très variable, de 50 a 150 m au Maroc, voire jusqu'à 500 m en Tunise.

La distance séparant l'objectif à protéger de la palissade varie également dans une large mesure, de 20 à 300 m dans le cas de la Tunisie par exemple.

Au besoin et compte, tenu de son ensevelissement progressif, la palissade est réhaussée continuellement jusqu'à un stade où la contre dune formée par la palissade atteind un certain profil d'équilibre (ce cas est pratiqué en Tunisie).

A noter enfin que la stabilité de la palissade face à l'agressivité des vents impose une certaine perméabilité.

 

1.1.2 - Le Quadrillage

Cette technique consiste en l'installation d'un réseau de palissades disposées en échiquier et portant le nom de quadrillage ou corroyage. Elle est employée dans le cas où les directions des vents sont variables.

Le quadrillage peut couvrir systématiquement l'ensemble du front dunaire comme il peut être installé par bande.

Les matériaux de confection de palissade cités plus haut sont aussi utilisés pour le quadrillage. Mais reste à noter cependant que seuls les matériaux d'origine végétale sont développés. Les autres matériaux d'origine synthétique ne sont introduits qu'a titre expérimental.

La hauteur du quadrillage dépend des matériaux utilisés et varie de 0,30 m (alfa, retam...) à 0,70 m (palme, branchages...).

La maille du quadrillage varie essentiellement en fonction de la hauteur de ce dernier et des particularités du site.

Le tableau ci-après fait état des dimensions généralement utilisées au niveau des pays du projet.

 

PAYS TYPE DE PRODUIT DIMENTION QUADILLAGES (m) QUANTITES PRODUITS UTILISES
Maroc Palmes
Alfa
7x7 à 12x1
2x2 à 4x4
40.000 Pal/ha
45 T/ha
Algérie Palmes
Fibro-ciment
6x6 à 12x12 7.500 Pal/ha
3.666 Pal/ha
Tunisie Palmes
roseau
3x3 20 Pal/ha
Libye Diss
Aristida
2x2 à 4x4 -
Soudan Lepto-denia
pyrothechnia
variable -
Egypte Alfa/végét. inertes
Dérivés de Mais
Arundo
Palmes
2x2
2x2
2x2
7x7
 

Pal = Palmes.

La forme de la maille la plus usitée est losangique mais peut être aussi carrée ou rectangulaire.

1.2 - Le paillage ou le mulching

Ce procédé regroupe toutes les techniques de lutte basées sur l'installation d'une couverture intégrale ou partielle de la dune. Les objectifs recherchés sont la conservation de l'humidité du sol et l'immobilisation des particules de sable risquant de causer un ensevelissement ailleurs.

Au niveau des pays du projet, plusieurs matériaux sont utilisés ou testés. Il se présentent comme suit:

 

1.2.1 - Couverture végétale

Les sous-produits forestiers et agricoles sont employés généralement pour la confection de cette couverture. Les premiers sont plutôt utilisés dans les dunes littorales le plus souvent situées à la lisière de formations forestières. Les seconds par contre s'emploient couramment dans les périmètres agricoles couverts de voiles sableux et sur les fronts dunaires contigus à ces périmètres.

Sur les dunes littorales Marocaines, l'épaisseur de la couverture inerte à base de retama ou de branchages de genévrier rouge est telle que le tonnage à l'hectare de ces deux matériaux est respectivement de 12 et 25 tonnes; Ce tonnage reste toutefois lié à la texture sableuse en présence. Plus le sable est fin plus la couche de protection est mince et vice versa.

1.2.2 - Traitement à base de produits pétrolière

Initié dés le début des année 60 par certains pays arabes pétroliers, la Libye notamment, cette méthode consistait au départ en un simple épandage d'huile lourde sous forme d'une mince pellicule de 5 mm. Au fil des années cette méthode a fait l'objet d'améliorations nécessaires touchant à la fois aux moyens de traitement et à la période d'application. L'application de cette méthode peut être systématique que par bande. Pour cette dernière variante la bande a une largeur de 20 m et nécessite entre 2,5 à 4 tonnes d'huile lourde par hectare.

D'autres dérivés de pétrole et en particulier le bitume ont été testés à petite échelle en Algérie, en Tunisie, au Maroc et en Egypte.

L'expérience Algérienne qui date déjà d'une dizaine d'années a porté sur trois variantes de traitement (en plein à raison de 2 à 9 tonnes par hectare, en bande parallèles ou en V, de 1m de large).

1.2.3 - Couverture en matériaux synthétiques

Deux principaux produits sont testés en Egypte et en Algérie. Il s'agit du filet ''Texand'' et du film plastique. Leur étalement sur la dune est systématique ou en bande. Une technique assez particulière a été par ailleurs essayée en Algérie et consiste en l'utilisation de pneus usés placés à plat sur la dune ou enfoncés et à raison de 1600 unités/ Hectare.

1.2.4 - Utilisation des produits chimiques

Plusieurs expériences à base de produits chimique ont été tentées:

 

1.2.5 - Epandage d'eau de crue

Cette technique a été développée exclusivement par l'Egypte, entre 1950 et 1952, dans la région d'El boussili, et permettait d'amener les eaux de crues du Nil chargées de particules fines et des épandre sur quelques 1600 Ha. Mais la construction du Barrage "Essad El Ali" devait mettre fin à cette pratique.

1.2.6 - Couverture en terre

Pratiquée exclusivement dans les provinces du sud marocain, cette technique utilise le tout venant des carrières pour l'étaler sur la dune constituant ainsi une couche de protection de l'ordre de 20 cm d'épaisseur. Cette pratique a été utilisée pour protéger les routes en milieu saharien par stabilisation des abords immédiats.

1.3 - Les techniques aérodynamiques

Ce sont des techniques dont Le principe de base est d'utiliser la force du vent pour faciliter le transport du sable au niveau des sites à protéger et éviter son accumulation.

Les techniques tirent leur origine de pratiques anciennes et d'une observation assidue et continue sur le terrain. En effet elles ont évolué au fil des années d'une simple pose de pierres au sommet des dunes à évacuer à un procédé aérodynamique plus élaboré.

Trois techniques sont utilisées jusqu'à présent et dont le choix est lié à la nature de l'ouvrage à protéger:

 

1.3.1 - Technique de la pierre à turbulence

Technique assez simple, anciennement utilisée par les agriculteurs des régions oasiennes en cas de désensablement de moindre importance. Elle consiste à poser au sommet de chaque édifice sableux une pierre de diamètre variant de 20 à 50 cm.

Jouant par son poids et sa forme, cette pierre crée avec le vent et autour d'elle une zone de turbulence qui cause le départ plus ou moins rapide du sable et par là une réduction progressive de l'édifice sableux.

En cas de dépôts relativement important, il est procédé à la pose de deux pierres opposées reliées par un tronc de palmier 'stipe). Ce dispositif permet de créer un couloir renforçant le départ du sable.

 

1.3.2 - Reprofilage aérodynamique

Cette technique, assez élaborée, a été testée et appliquée au Maroc pour la protection des tronçons de routes menacés et des Khettaras (canalisation souterraine reliant un réseau de puits).

Pour le cas des routes, il s'agit de pratiquer un écrêtement des talus de sorte à donner aux abords immédiats de la route un profil aérodynamique facilitant la circulation des vents chargés au niveau de la chaussée.

Pour les khettaras, par contre, la technique consiste à construire des margelles autour des bouches des puits ("Foum des Khettaras") pour éviter le comblement de ces puits.

 

1.3.3 - Technique du venturi

Ce procédé a été introduit à titre expérimental dans le sud marocain et prend appui sur le principe du venturi. Il s'agit de construire un ouvrage en dur suivant un plan incliné et de forme trapézoïdale situé aux abords immédiats de la chaussée et où le vent s'engouffre et prend une vitesse importante à la sortie facilitant ainsi la circulation du sable.

 

1.4 - Technique de désensablement

Ne se basant sur aucune technicité particulière, cette technique consiste simplement en une évacuation du sable soit manuellement (cas des vergers agricoles) soit par engins lourds. Pour le dernier cas il s'agit d'un travail de dégagement de sable qui s'opère par bande de part et d'autre de la chaussée et notamment dans les zones sahariennes.