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Recherche et enseignement forestiers dans l'Inde

Par C. R. RANGANATHAN
Président de l'Institut de recherche et d'enseignement forestiers de Dehra Dun, Inde

Domaine de l'institut forestier de Dehra Dun

Dans l'Inde, la recherche et l'enseignement forestiers sont centralisés dans une grande institution: l'Institut de recherche et d'enseignement forestiers. Ce dernier, situé au pied de l'Himalaya, occupe un terrain d'à peu près 500 hectares, à six kilomètres environ à l'ouest de Dehra Dun. Le domaine, dénommé «New Forest», forme une sorte de colonie indépendante, dotée d'une école primaire et d'un hôpital et où vit la presque totalité du personnel de l'Institut. Une forêt de démonstration. un grand arboretum et un jardin botanique occupent plus de la moitié de la superficie. Les services de recherche forestière proprement dite, les bureaux d'administration, l'herbier, les musées, la bibliothèque centrale, la salle des réunions et l'école destinée à former des fonctionnaires de l'administration forestière sont situés dans l'imposant bâtiment principal, tandis que les laboratoires, ateliers et usines pilotes utilisés pour la recherche concernant les produits forestiers occupent des bâtiments séparés. Le domaine est placé sous le régime juridique d'une «forêt réservée», institué par l'Indien Forest Act, et relève du chargé des questions sylvicoles auprès de l'administration centrale.

La centralisation dans la même institution de la recherche relative aux forêts et aux produits forestiers et de l'enseignement donné aux futurs agents forestiers et gardes-forestiers, résulte moins d'un plan délibéré que de l'évolution historique. L'Institut de recherches forestières de l'Inde qui se livre à des recherches variées et fonctionne comme établissement d'enseignement, est sans doute unique en son genre. La dualité de ses fonctions lui confère le caractère et l'atmosphère d'une université, impression que corrobore et accentue sa situation de petite commune indépendante. Les services des recherches relatives aux produits forestiers, qui se sont considérablement développés au cours de ces dernières années, constituent véritablement un «institut dans l'institut». Cette centralisation des activités éducatives et de recherche présente, à coup sûr, de multiples avantages. Il est cependant probable que si le gouvernement de l'Inde projetait à nouveau la création d'un institut de recherches pour les produits forestiers, il en fixerait l'emplacement dans un centre industriel utilisateur de bois, tels que Bombay ou Calcutta.

Historique de la création et du développement de l'Institut

L'Institution actuelle est issue de l'école forestière créée en 1878 à Dehra Dun par l'administration locale de l'époque - le gouvernement des provinces du Nord-Ouest - pour assurer la formation de gardes forestiers et de sylviculteurs. En 1884, l'école est passée sous l'administration du gouvernement de l'Inde et a pris le nom d'«Imperial Forest College». Le premier poste de chercheur proprement dit fut celui d'entomologiste forestier, institué en 1900. L'Institut de recherche forestière a pris naissance en 1906, sous forme d'annexe de l'«Imperial Forest College», et a été dans l'ordre chronologique le deuxième institut national de recherche créé par le gouvernement de l'Inde, l'Institut de recherche agricole de l'Inde ayant été inauguré en 1901. L'institut comprenait au début les divisions suivantes: sylviculture, économie, botanique, entomologie et chimie. La Division de l'économie s'occupait, avec celle de la chimie, de tous les aspects des recherches sur les produits forestiers, tandis que les autres divisions avaient et ont encore pour principal objet l'étude des aspects biologiques de la sylviculture. La Division de l'économie a vu son organisation s'améliorer considérablement, lorsqu'elle s'est enrichie en 1921-22 de sections bien équipées s'intitulant Essais des bois, Travail des bois, Conservation des bois Séchage des bois, Papier et pâte et des ateliers du bois et de mécanique. Plus tard, a été créée la section de la technologie du bois, qui s'occupe de l'anatomie et de l'identification des bois de construction de l'Inde.

Il est intéressant de noter qu'entre 1906 et 1946, tous les chefs de division venaient de l'Indien Forest Service et de diverses provinces, sauf pour la Division de chimie, qui n'a jamais été dirigée par un technicien appartenant aux cadres de l'administration. Ceci et la formation à Dehra Dun de la quasi-totalité des agents forestiers de l'Inde recrutés depuis 1928, de tous les techniciens des cadres provinciaux et de la grande majorité des gardes généraux ont contribué à conférer du prestige à l'Institut de recherche forestière et à lui assurer une place prépondérante parmi les différents services forestiers de l'Inde: il est unanimement reconnu comme la Mecque de la sylviculture nationale.

A l'heure actuelle, la compétence de l'Institut ne s'exerce que dans les limites de l'Inde tel qu'elle résulte du partage de 1947, alors qu'elle s'étendait auparavant aux territoires qui forment aujourd'hui l'Inde et le Pakistan et à la Birmanie jusqu'à ce que celle-ci se sépare de l'Inde en 1937; la Birmanie continue cependant à faire appel aux services de l'Institut en matière de recherches.

Enseignement forestier

Institut d'enseignement forestier, cours de formation

Comme on l'a déjà indiqué une école de gardes généraux a été créée à Dehra Dun en 1878, elle a fonctionné régulièrement, exception faite d'une interruption de deux ans (1933/34), pendant laquelle la politique d'économies imposée par la crise du commerce a obligé les provinces à interrompre le recrutement des cadres techniques. Pendant plus de trente ans, le cours de gardes généraux d'une durée de deux ans, a représenté la formation la plus avancée dans l'Inde en matière de sylviculture, l'accès direct aux postes élevés (gazetted poste) étant réservé à des Européens ayant fait leurs études en Allemagne, en France ou en Angleterre. En 1912, il a été décidé d'admettre les Indiens aux «Provincial Gazetted Services». L´Institut de recherche forestière s'était considérablement agrandi depuis sa création et s'installa dans de nouveaux locaux à Chandbagh, dont la construction fut achevée en 1914. Le développement de l'Institut a permis de créer à l'intention des agents forestiers un cours supérieur de sylviculture, ce dernier, intitulé «Professional forestry course», a commencé à fonctionner en 1912. Bien que de même durée, il était d'un niveau plus élevé que le cours de gardes généraux les titulaires de diplômes d'études scientifiques ayant fait de bonnes études universitaires pouvant seuls y accéder.

Le revirement de la politique générale à la suite de la première guerre mondiale a eu pour effet, après 1.920, d'ouvrir progressivement aux Indiens l'accès à l' «Indian Forest Service». Les premiers a y être admis avaient été formés dans des universités britanniques. En 1926, on a décidé de créer à Dehra Dun un stage pour des candidats à l'«Indian Forest Service». Les forêts de l'Inde ayant été exploitées, pendant une cinquantaine d'années, par des professionnels. on pensait qu'il serait, possible d'enseigner de façon satisfaisante la pratique et les principes d'une sylviculture scientifique. On supprima le «Provincial Forest Service Cours», qui ne paraissait plus correspondre aux nécessités de La situation; toutefois le nouveau «Indian Forest Service Course» n'était destiné qu'à une existence éphémère. En 1932, en raison du recrutement pléthorique de la période 1918-1922, de la crise du commerce mondial, et de l'incertitude politique créée par l'imminence de réformes, la demande d'agents forestiers compétents se réduisit presque à néant, et le nouveau cours fut supprimé; en conséquence, le pays fut dépourvu pendant six: ans de tout centre d'études supérieures de sylviculture. En 1938, s'est ouvert l' «Indian Forest College», destiné à former le personnel supérieur des services forestiers des provinces et des Etats; cette école a fonctionné régulièrement; depuis cette date. Vers la même époque, les anciens «Indian Forest Service» et «Professional Forest Service» ont fusionné en une administration unique dont le recrutement s'est fait dans le cadre des provinces.

Les plans de développement d'après-guerre ont contribué dans une large mesure à accroître progressivement les demandes d'admission à l'«Indian Forest Colleges». Pour des satisfaire, les classes dans les deux établissements ont été doublées; toutefois, cette situation ne pouvait se prolonger indéfiniment sans nuire à la. qualité de l'enseignement. Aussi, le gouvernement de l'Inde a-t-il décidé en 1948 de prendre en charge le «Madras Forest College», de Coimbatore, pour en faire une école nationale placée sous l'autorité de l'Institut de recherche forestière. L'Ecole de Coimbatore relevait primitivement du gouvernement de Madras et assurait la formation des gardes généraux. Elle s'est maintenant développée et équipée de manière à pouvoir former annuellement comme les écoles de Dehra Dun, 30 agents forestiers et 70 gardes généraux.

Musée du bois où sont exposés des spécimens de bois indiens, avec indication de leurs caractéristiques et de leur utilisation.

L'Herbier, renfermant l'une des plus belles collections de plantes de l'Orient

Comme le laissaient entrevoir les paragraphes qui précèdent, l'enseignement forestier est assuré, dans l'Inde, par l'Etat et il est destiné, en principe, à des candidats appelés à servir dans l'administration forestière. La sylviculture n'est enseignée dans aucune université. Il existe, toutefois, un projet tendant à rattacher les cours de Dehra Dun à l'Université de New Delhi. Dans un pays comme l'Inde, le contrôle par l'autorité centrale de l'enseignement sylvicole professionnel offre de nombreux avantages. Le régime tendant à proportionner aux nécessités administratives le nombre de jeunes gens entrant chaque année dans les écoles forestières a donné, dans le passé, d'excellents résultats. La situation actuelle de l'Inde ne permet pas encore à des experts forestiers qualifiés de trouver un débouché dans des exploitations forestières ou dans l'industrie.

Recherche forestière

Recherches sylvicoles

La Division de la Sylviculture, qui est la plus ancienne de l'Institut. s'occupe de toutes les branches de la recherche sylvicole, y compris l'aménagement et l'inventaire forestiers. Elle entretient des rapports étroits avec les fonctionnaires du cadre provincial chargés de la recherche forestière, en leur apportant son aide technique, en coordonnant les résultats des travaux de recherche et en servant d'organe de centralisation pour les informations reçues du monde entier. La Division a déjà publié de nombreux ouvrages, dont les plus remarquables sont les suivants: «Silviculture of Indian Trees», de Troup (ouvrage monumental où sont décrits les résultats des recherches qui se poursuivent depuis de nombreuses années à l'Institut de recherche forestière et dans l'ensemble du pays); «Forest Types of India», de Champion; le «Manual of Indian Silviculture» de Champion et Trevor; le «Statistical Manual» et l'«Experimental Manual». La technique sylvicole appliquée dans l'ensemble de l'Inde s'inspire, dans une large mesure, des travaux de recherche effectués par la Division de la Sylviculture ou accomplis sous sa direction.

Le programme des recherches sylvicoles est élaboré dans ses grandes lignes par les conférences quinquennales qui se tiennent à l'Institut et auxquelles assistent des sylviculteurs provinciaux et les fonctionnaires supérieurs de l'administration forestière venus des différentes parties du pays.

Tandis que pour les mesures d'arbres sur pied et de peuplement, la Division se sert des nombreuses placettes échantillons situées dans différentes provinces, des expériences relatives aux essais de plants, aux pépinières, à la phénologie, aux espèces exotiques et à l'influence de l'hérédité ont lieu dans les forêts de démonstration et les plantations expérimentales de l'Institut.

Les répertoires de la Division, soigneusement tenus, constituent une mine de renseignements qui n'a été que partiellement explorée. La Division se distingue notamment par sa belle collection de photographies sur les différents aspects de l'activité forestière de l'Inde. Les photographies illustrant le présent article ont été tirées de cette collection.

La Division de la Sylviculture comprend les sections de l'écologie et de la pédologie.

Etudes de botanique systématique (L'herbier)

La Division de la Botanique se compose des sections de botanique et de mycologie. La section de botanique, de beaucoup la plus ancienne, a fait paraître de nombreuses publications, dont «The Flora of Bihar and Orissa», une édition revue de l'ouvrage: «Forest Flora of the Punjab», ainsi que «Flora of the Andamans», «Grasses of the United Provinces» et le tome V de «Flora of Assam» qui traite des graminées.

La Division est dotée d'un excellent herbier; on estime à plus de 250.000 le nombre de feuilles qu'il renferme. Il est particulièrement riche en herbes et on le considère comme étant l'un des meilleurs de l'Orient. Il possède, entre autres, 1.200 spécimens uniques de types et de co-types représentant de nouveau genres et espèces. Il renferme des collections remontant à 1816, ainsi que celles de Royle, Falconer, Griffith, Helfer, Wight, Stocks, Dalzell, T. Thomson, etc. Parmi les plus récentes, on trouve celles de Brandis, Lace, Gamble, Duthie, Haines, Parker, Parkinson, Bor, Stewart, Mooney et Raizada. Grâce à son herbier la Division de la Botanique peut fournir une aide qualifiée aux fonctionnaires de l'administration forestière et aux botanistes pour l'identification des plantes.

La Division possède un jardin botanique, tandis que les vastes terrains du domaine forment un grand arboretum qui s'est enrichi par l'apport successif de nouvelles plantes.

Recherches relatives à la pathologie des arbres et du bois

Bien que les premiers travaux de mycologie remontent à 1911, l'étude systématique des champignons pathogènes n'a guère été poussée avant 1927, date à laquelle a été créée une section de la mycologie, placée sous la direction d'un mycologue dûment qualifié.

On a effectué des recherches sur les rouilles attaquant les Pinus longifolia, Pinus excelsa, le deodar, l'épicéa et le sapin; des rapports ont été établis entre leur parasite-hôte et les rouilles de la tire et de l'aiguille, et des remèdes ont été proposés. On a étudié les maladies cryptogamiques du sel (Shorea robusta) et des travaux importants ont été consacrés aux champignons de la pourriture du bois en général. La section de la mycologie collabore avec celle de la conservation du bois dans les épreuves de toxicité du bois traité.

Insectes nuisibles et lutte contre ces derniers: collection d'insectes

La Division de l'Entomologie forestière compte parmi les plus anciennes divisions de recherches de l'Institut de concert avec celle de la sylviculture. Le premier entomologiste forestier (il portait alors le nom de zoologiste forestier) fut M.E.P. Stebbing (1906 à 1909), actuellement professeur de sylviculture à l'Université d'Edinbourg. Son livre Indian Forest Insects a été le premier ouvrage important consacré à l'entomologie forestière de l'Inde. Il a été remplacé en 1911 par M.A.D. Imms, qui a créé la collection d'insectes utilisée à titre de référence, l'une des plus belles de l'Orient. Cette collection contient plus de 17.000 espèces identifiées, soigneusement conservées, étiquetées, fichées et répertoriées. Des progrès importants ont été accomplis pendant la longue période d'activité de M.C.F. C. Beeson, entomologiste forestier, et l'on a mis au point et prescrit des mesures de lut te contre de nombreux insectes nuisibles notamment le térébrant des pousses du toon (Hypsipyla robusta), le térébrant du sel (Hoploceramibyx spinicornis) et les défoliateurs du teck (Hyblaea puera et Hapalia rnachaeralis). Le véhicule de la maladie de la flèche du santal (Santalum album) a fait l'objet d'études poussées. Les résultats de l'ensemble des travaux de recherches de la Division ont été publiés en 1941 dans le Forest Insects de Beeson. Les parasites du bambou et du bois abattus ont également été soumis à une analyse approfondie.

RECHERCHES RELATIVES AUX PRODUITS FORESTIERS

Les fondements des travaux de recherche dans le domaine des produits forestiers ont été jetés, dans l'Inde, par M.R.S. Pearson, qui est devenu par la suite directeur du laboratoire de recherches relatives aux produits forestiers à Princes Risborough. Travaillant avec des moyens insuffisants et dans des conditions difficiles, Pearson a constitué une documentation considérable concernant la conservation, le léchage et la résistance des bois indiens. L'importante Division de l'Utilisation, qu'il a créée et dirigée pendant de longues années, s'est aujourd'hui scindée en plusieurs autres divisions: Technologie du bois; Travail et mécanique du bois; Conservation du bois sur pied et bois collés; Séchage du bois; Chimie et produits forestiers secondaires; Cellulose et papier.

Etudes relatives à l'anatomie et à la structure du bois

La Division de la Technologie du bois - (dénomination sans doute mal appropriée) s'occupe de l'anatomie et de la diagnose des essences indiennes, de la corrélation existant entre les propriétés techniques, l'anatomie et le taux de croissance des différents bois. Le champ d'étude est énorme, car l'Inde ne compte pas moins de 5.000 essences de bois. 700 à 800 ont déjà été étudiées en détail et quelques autres centaines ont fait l'objet d'un examen général.

L'une des principales attributions de la Division (c'était particulièrement le cas pendant la dernière guerre) consiste à rechercher les essences indiennes susceptibles de remplacer les bois étrangers utilisés dans un but particulier, lorsqu'il devient difficile ou impossible d'importer ces derniers. La substitution du Red cutch (Acacia chundra) au lignum vitae (Guaiacum oficinale) pour la construction des coussinets de l'arbre porte-hélice des navires, a été une découverte importante. Les études actuellement en cours portent sur la possibilité d'utiliser le bois d'aubier à la place du bois de cœur, sur le rapport entre l'anatomie et les canaux résinifères, ainsi que sur la structure et l'identification des bois fossiles. Un ouvrage revu et détaillé sur les bois des essences Dipterocarpaceae, Malvaceae, Sterculiaceae, Tiliaceae, Guttiferae, Meliaceae, Combretaceae, Verbenaceae, et Lauraceae est en préparation.

Un ouvrage capital de Pearson et de Brown, intitulé Commercial Timbers of India, décrit les premiers résultats des travaux effectués par la Division et par d'autres.

La Division possède des spécimens authentiques de bois indiens et une vaste collection de microphotographies.

La Division du Travail et de la mécanique du bois est composée d'ateliers, dont une petite scierie, un atelier de mécanique bien équipé et un laboratoire d'essais.

Méthodes d'essai

On a créé la Section de l'essai des bois en 1921, lui donnant pour tâche de déterminer' les propriétés mécaniques et les qualités de résistance des bois indiens, en se basant sur les données scientifiques et sur les normes internationales. Ce travail avait déjà été entrepris par le Forest Products Laboratory de Madison (Wisconsin, Etats-Unis), dont la section a rigoureusement suivi les méthodes. Elle a effectué jusqu'ici plus de 250.000 expériences, portant sur un grand nombre d'essences indiennes, et a réuni une documentation concernant la résistance d'environ 150 essences. Des échantillons types provenant de nombreuses régions ont été expérimentés, notamment ceux d'essences aussi répandues que le teck, le sel (Shorea robusta) et le shisham (Dalbergia sissoo). En se servant des barèmes de coefficients de résistance publiés par l'Institut de recherche forestière, il est désormais possible de mettre au point des constructions en bois basées sur l'emploi d'essences indiennes avec la même sûreté et souvent à moins de frais que les constructions utilisant des matériaux tels que l'acier et le béton.

Le laboratoire a mis au point des chevilles en bois susceptibles de remplacer, à bon compte, les armatures, goussets et boulons en fer communément employés pour les constructions en bois.

Conservation des bois

La Division de la conservation des bois sur pied et des bois collés se livre à des recherches tendant à prolonger la durabilité des bois grâce à l'emploi de produits de conservation et à en accroître la résistance, la stabilité et les qualités techniques, en renforçant le bois sous forme de contreplaqués, de lamelles, ou de bois ou planches imprégnés ou pressés. L'emploi de produits de conservation présente une importance particulière dans le climat tropical de l'Inde où, par suite de l'action des fourmis blanches et des champignons, la durabilité de tous les bois est courte, à l'exception d'un petit nombre d'essences comme le teck, le sel et le deodar. On a procédé à des essais sur un certain nombre de ces produits et des études poussées ont été effectuées sur la créosote extraite du goudron de houille en tant que préservatif du bois.

Les travaux de la Division ont permis de mettre au point un produit efficace soluble dans l'eau et connu sous le nom d'Ascu (Greensalts aux Etats-Unis). D'autres produits de conservation ont été fabriqués à partir du raffinage de l'huile et de la résine du Pinus longifolia.

On a déterminé les conditions de traitement optima pour plus d'un millier d'essences de bois indiens, et mis au point un procédé permettant de conditionner les traverses de chemin de fer en bois vert.

Des études ont été effectuées sur la résistance naturelle au feu de plus de 50 essences et sur les lois de la combustion et l'ignifugation des bois; on s'est également livré à des travaux sur la résistance du bois à la corrosion.

Bois collés

On a obtenu divers types d'adhésifs pour l'assemblage des bois et des contreplaqués, à partir des protéines de tourteaux de graines et de feuilles, d'extraits aqueux et alcooliques de tourteaux de céréales, des formaldéhydes d'urée polymérisés, d'acides de goudron, d'huile de noix d'acajou, etc. Des essais sont en cours pour déterminer si les divers bois indiens conviennent à la fabrication des contreplaqués destinés au commerce; les recherches sur la fabrication de différents bois laminés, améliorés et modifiés ont donné de bons résultats. On est en train de doter la Division d'une usine pilote de contreplaqués complète et moderne.

Himalaya du Pendjab: Forêts de pins bleux (Pinus excella), de sapins (Abies Pindrow), et d'épicéas (Picea Morinda). Placette échantillon dans une plantation de teck constituée en 1870.

Enfin, la Division a entrepris la fabrication de planches de construction avec des tiges de bambou.

Problèmes du séchage du bois

La Division du séchage du bois a étudié les principes du séchage à l'air et a établi des barèmes de séchage au four pour un grand nombre de bois ayant une importance commerciale. Elle a étudié les variations saisonnières de la teneur en eau des bois soumis à des conditions climatiques différentes. Des recherches ont été entreprises et une documentation abondante est d'ores et déjà constituée sur les questions essentielles de la physique du bois telles que les propriétés électriques, la circulation d'eau et de chaleur, etc. La Division a fait oeuvre utile en simplifiant et normalisant les fours de séchage et mettant au point un type peu coûteux de four à séchage par la fumée.

L'une des principales activités de la Division consiste à étudier les possibilités d'utilisation des bois indiens dans la fabrication des navettes, bobines, baguettes chasse-navette, plaques de batterie crayons, etc. Des travaux sont également en cours sur la flexion du bois sous l'action de la vapeur.

Matières premières destinées à la cellulose et au papier

La Division de la cellulose et du papier se livre à des recherches au point de vue théorique et pratique sur l'utilisation des ressources forestières et des déchets agricoles et industriels susceptibles de servir à la fabrication de la pâte, du papier et de la cellulose. Ce sont surtout les travaux de la Division qui ont permis de développer dans l'Inde l'industrie du papier utilisant comme matière première le bambou et le sabai (Eulaliopsis binata). L'utilisation en a été rendue possible grâce à la mise au point, par l'Institut de recherche forestière, de la méthode fractionnelle de traitement, par la soude ou par le sulfate, pour la production à bon marché d'une pâte blanchissant facilement. Les recherches effectuées par la Division ont également abouti à la fabrication du papier d'emballage à partir du bambou.

L'un des principaux problèmes de la Division est de trouver une matière première pour le papier-journal, lequel n'est pas encore fabriqué dans le pays. On trouve dans l'Inde l'épicéa et le sapin argenté qui sont utilisés pour cette fabrication, mais ils ne poussent qu'à de très grandes altitudes dans l'Himalaya et ne peuvent être cultivés à proximité d'usines dans des conditions avantageuses. Les travaux que l'Institut a récemment consacrés à la Broussonetia papyrifera ont donné des résultats encourageants. L'on peut, croit-on, planter dans des régions appropriées ces essences à croissance rapide et les soumettre à un assolement de courte durée pour la production du bois de pâte.

Une machine à papier américaine moderne est en cours d'installation.

La Division fournit régulièrement une aide technique à l'industrie indienne du papier, en lui procurant de la documentation et en formant des techniciens, et maintient avec elle d'étroits rapports.

Utilisation des produits forestiers secondaires

La Division de la chimie et des produits forestiers secondaires se livre à des travaux de recherches sur l'utilisation de tous les produits forestiers autres que le bois de construction. Sur les 14.000 variétés que compte la flore de l'Inde, plus de 3.000 sont utilisées comme sources de matières premières pour les diverses industries, et à des fins médicinales ou autres. Parmi ces produits, citons les huiles essentielles, médicaments, gommes, mucilages, pectines, tans, huiles, colorants, cires, fibres, kapok, résines, etc. Le champ d'étude est donc immense. La Division a joué un rôle actif dans la création de l'industrie de la térébenthine et de la résine et dans la fabrication de la santonine et de l'éphédrine. Plus récemment, elle a été amenée à s'intéresser à la fabrication d'une substance à base de pectine à partir des graines de Tamarindus indica, qui est un déchet de l'industrie de la pulpe du tamarin. Celui-ci est utilisé comme apprêt dans l'industrie textile, à la place de l'amidon. On a découvert un arbuste susceptible de constituer une nouvelle source de camphre naturel; des essais de culture sont en cours.

D'intéressants travaux se poursuivent également concernant La stabilisation du sol par l'épandage de matières végétales en petites quantités.

Planisme et contrôle statistiques

On a récemment créé une Division de la Statistique chargée de formuler des avis concernant l'organisation des expériences et de procéder à l'analyse statistique des résultats obtenus non seulement à «l'Institut de recherche forestière», mais aussi dans les diverses provinces. L'utilité de la nouvelle Division se fait déjà sentir.

Réorganisation et expansion postérieures à la deuxième guerre mondiale

La deuxième guerre mondiale a nettement montré L'importance que les forêts et les produits forestiers présentent pour l'économie du pays. Pendant cette période difficile, non seulement l'Inde a vu l'importation de produits forestiers baisser sinon cesser, mais elle a été obligée d'exporter du bois de construction et d'autres produits forestiers vers le Moyen Orient et le Proche Orient, et de couvrir ses besoins considérablement accrus, à l'aide de ses propres ressources. Une, sévère ponction fut effectuée sur des ressources forestières de l'Inde. L'Institut de recherche forestière a été invité à rechercher des produits de remplacement pour de nombreuses catégories de bois de construction devenues rares, et à contribuer de, multiples manières à l'effort militaire. La guerre, a pleinement dégagé la valeur potentielle et effective, que l'Institut présentait pour le pays, mais a également mis en lumière ses lacunes en matière d'équipement et de personnel. Après la fin des hostilités, le Gouvernement de d'Inde a approuvé un vaste plan de réorganisation tendant à accroître et à moderniser l'équipement et les bâtiments et à renforcer les cadres de la recherche scientifique, représentant une immobilisation évaluée à plus de 6 millions de roupies (1.200.000 dollars des E.U); ce projet est en voie de réalisation.. La pénurie de matériaux de construction, de bois de chauffage et d'autres produits forestiers, qui s'est fait sentir au lendemain de la guerre! a fait apparaître la nécessité de recherches plus poussées concernant les forêts et les produits forestiers. Mais en raison de difficultés financières, il faudra ralentir le rythme de la réorganisation; les résultats acquis restent cependant considérables.

Malgré le nombre élevé de publications que, fait paraître l'Institut de recherche forestière et les liens étroits qui l'unissent; aux services forestiers et au' grandes industries utilisatrices de produits fores. tiers, il est nécessaire d'améliorer le système existant afin de diffuser plus rapidement les résultats des recherches et la documentation générale relative aux forêts, non seulement à l'usage de ceux qui s'intéressent directement à la sylviculture et aux industries forestières, mais aussi à celui du grand. public. C'est à cet effet qu'a été créée la Division de la Propagande et de la Liaison, chargée d'assurer les publications et la publicité nécessaires, de participer à des expositions, d'aménager des salles de démonstration. d'organiser des conférences. d'accueillir et de piloter les visiteurs de l'Institut et, en général, de prendre toutes dispositions utiles pour étendre les services d'ordre technique que l'Institut rend à la nation.

Mention d'origine: Nous devons la communication de toutes les photographies à l'obligeance de l'Institut de recherche forestière de Dehra Dun (Inde)

Forest research institute and colleges, India


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