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Rapport sur les produits

Développement de la production des pâtes et papiers en Asie et en Extrême-Orient

Une conférence relative au développement de la production des pâtes et papiers en Asie et en Extrême-Orient s'est tenue à Tokyo, Japon, du 17 au 31 octobre 1960. Elle a été organisée conjointement par la FAO et par la Commission économique des Nations Unies pour l'Asie et l'Extrême-Orient (CEAEO). Y ont participé des délégations d'Australie, Birmanie, Cambodge, Etats-Unis d'Amérique, France, Inde, Indonésie, Japon, Malaisie, Nouvelle- Zélande, Pakistan, Philippines République chinoise, République coréenne, Républiqué vietnamienne. Royaume-Uni, Thaïlande et U.R.S.S. A titre consultatif, ont participé aussi aux réunions des représentants et des experts des pays suivants: Allemagne, Argentine, Brésil, Canada, Chili, République Dominicaine, Finlande, Italie, Mexique, Norvège, Roumanie, Suède, Suisse, Tchécoslovaquie' ainsi que des représentants de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) et des observateurs de la Confédération internationale des Syndicats indépendants (CISI), organisme extragouvernemental.

M. Mitsujiro Ishii, Ministre de l'industrie et du commerce international, a souhaité la bienvenue aux délégués de la part du gouvernement japonais. Il a indiqué que dans les 90 années qui se sont écoulées depuis que la fabrication mécanique du papier a été introduite au Japon, ce pays est devenu le troisième producteur de papier du monde. En 1970, le Japon doit en produire 9,6 millions de tonnes, c'est-à-dire presque le double du chiffre actuel. A son avis, bien qu'en Asie la production et la consommation soient faibles pour le moment, il ne serait pas très difficile, eu égard aux richesses forestières de cette région, de développer l'industrie papetière à condition de trouver d'abord le moyen d'en utiliser les produits. Il pense qu'il serait tout à fait souhaitable que les pays de cette région mettent en commun, dans ce but, leurs possibilités économiques et techniques.

M. U. Nyun, Secrétaire exécutif de la CEAEO, a souligné la place importante du Japon dans l'industrie papetière. Il a retracé l'activité de la Commission économique régionales et de ses organismes spécialisés, dans le domaine de la planification des ressources forestières et du développement de la production des pâtes et papiers. Il a rappelé les excellents résultats obtenus par une conférence semblable qui a eu lieu à Buenos-Aires en 1954, et a exprimé la conviction que l'on obtiendrait, cette fois encore, un égal succès. Cette réunion est susceptible de jouer un rôle de catalyseur pour accélérer l'expansion de la capacité de production de la région en pâtes et papiers. Il a rappelé que, d'après certaines estimations, les besoins de la région en papier seraient en 1975, équivalents à la consommation globale du monde entier avant guerre. Pour faire face à une telle demande, les divers pays devront produire davantage. L'industrie de la région doit trouver le moyen d'utiliser la très large gamme de matières premières susceptibles de fournir des fibres et c'est aux experts réunis ici de résoudre les difficultés correspondantes. Les disponibilités en fibres traditionnelles provenant de bois résineux sont limitées, mais on doit s'efforcer d'y remédier par des plantations. A son avis, on devrait encourager les industries produisant du papier sur une petite échelle, et, pour les petits pays dont la demande ou les matières premières sont insuffisantes, on pourrait concevoir des entreprises créées grâce à une collaboration entre pays voisins.

M. Egon Glesinger, Directeur de la Division des forêts et des produits forestiers de la FAO, a rappelé que l'organisme qu'il représente considère les pâtes et les papiers comme une de ses principales responsabilités. Il a précisé que la présente conférence s'inscrivait dans le cadre des efforts faits par sa division au cours des; douze années qui viennent de s'écouler. Mais elle est particulièrement importante pour deux raisons. Tout d'abord, bien que le papier, comme les aliments et les vêtements, soit de consommation universelle, la production est restée concentrée jusqu'à présent, dans un petit nombre de pays. En second lieu, les industries papetières représentant la production individuellement la plus considérable que l'on obtienne à part* de la forêt, les pâtes et papiers deviennent dans le monde, pour les forestiers, les produits les plus importants en valeur.

Actuellement, la consommation de papier dans la région est de 6,5 millions de tonnes. En 1965, les besoins devraient dépasser 11 millions de tonnes et atteindre, en 1975, près de 25 millions de tonnes. On ne peut envisager de faire face à un tel accroissement au moyen d'importations. Il serait inconcevable d'augmenter, dans les 15 années qui viennent, les importations de papiers d'environ 18 millions de tonnes, non seulement par manque de moyens de transport utilisables, mais surtout parce qu'il faudrait décaisser quelque chose comme 4 milliards de dollars de devises étrangères. Si l'on veut faire face à l'augmentation des besoins, il faut que l'expansion industrielle ait lieu à l'intérieur même de la région. Trois problèmes se posent dès que l'on parle d'une telle expansion. Le premier est relatif aux matières premières utilisables, aussi bien en qualité qu'en quantité. Le second est celui du personnel qualifié, et on peut le résoudre partiellement si le développement d'une capacité de production nouvelle doit résulter d'une collaboration entre les pays qui ont déjà des industries de ce genre et ceux qui voudraient´ créer de nouvelles usines. Le troisième est celui des capitaux. M. Glesinger a exprimé l'espoir que la Conférence permettrait de progresser vers la solution de ces trois problèmes.

Compte rendu de la conférence

Ont été élus à l'unanimité, M. T. Shimoda (Japon) président de la Conférence, M. Anondo (Indonésie) premier vice-président, et M. Ramiro (Philippines) second vice-président.

Un comité, réunissant les représentants de l'Australie, du Canada, des Etats-Unis d'Amérique, de la Fédération de Malaisie, de la France, de l'Inde, de l'Indonésie, du Japon, du Pakistan, des Philippines, de la République chinoise et de l'U.R.S.S. a été chargé de la rédaction du rapport final.

Pour étudier les tendances de la production, de la consommation et du commerce des pâtes et papiers, la Conférence a adopté les méthodes préconisées par le Secrétariat pour l'estimation des besoins futurs. Ces méthodes avaient déjà été approuvées pour la consultation mondiale qui avait eu lieu à Rome en septembre 1959. Elle a souligné l'importance, pour les pays de la région, des estimations de besoins ainsi établies.

La plupart des pays asiatiques en sont au premier stade de l'industrialisation. La nécessité de dégager et d'attribuer des crédits les oblige à procéder à une planification de leur développement industriel, et à utiliser toute une gamme de moyens pour agir sur le déroulement et sur la structure de leur croissance économique. Etant donné que les mesures qu'ils prennent influencent, de toutes sortes de façons, le niveau futur de la production et de la consommation du papier, il est nécessaire de se fixer des objectifs, même provisoires, pour pouvoir prendre des décisions pratiques. A ce titre, les estimations des besoins futurs faites par le Secrétariat ont constitué une bonne base de départ.

Cependant, de nombreux délégués ont dit que ces estimations du Secrétariat étaient nettement au-dessous de la vérité, étant donné qu'elles aboutissaient à des niveaux futurs de consommation qui, à en juger par des comparaisons historiques et géographiques, seront vraisemblablement liés à l'obtention de certains niveaux de revenus, étant donné la relation étroite qui existe entre ces derniers et la consommation. Les besoins estimés de cette façon ne correspondent pas aux besoins de base, et leur sont, en fait, inférieurs. De nombreux gouvernements asiatiques, surtout ceux qui ont des programmes de lutte contre l'analphabétisme, ajustent leurs plans, ou désireront le faire, en vue d'objectifs plus ambitieux. Viser plus bas, c'est-à-dire donner la priorité au développement d'autres secteurs, comporterait une réduction délibérément consentie de la consommation de papier, avec toutes ses répercussions sur les programmes concernant l'éducation, la culture, et l'expansion industrielle.

La Conférence a recommandé que les tendances de la demande et de la capacité de production des pâtes et papiers dans la région soient suivies de façon constante. Elle a prié la FAO de continuer, en collaboration étroite avec la CEAEO et l'UNESCO, à rassembler, analyser et diffuser les chiffres disponibles au profit des gouvernements membres dans la région. La Conférence a recommandé aussi que les gouvernements membres de la région accordent plus d'importance à l'amélioration des bases statistiques nécessaires aux études de ce genre, et encouragent, sur le plan national, la poursuite d'études sur les tendances de la consommation.

Pour déterminer quelle priorité accorder au secteur des pâtes et papiers dans le cadre de la planification industrielle, il faut considérer un grand nombre de facteurs. Ce secteur se caractérise par des investissements élevés et une qualification professionnelle spéciale. D'autre part, les pâtes et papiers permettent d'économiser largement les importations, car ils servent à la fabrication de produits chers à partir d'une matière première d'origine nationale. Tout développement dans ce secteur en engendre d'autres: il entraîne celui d'industries secondaires, basées sur l'utilisation du papier, et suscite la création d'industries associées, par exemple des industries chimiques. Si la fabrication elle-même utilise rarement beaucoup de main-d'œuvre, les opérations qui lui sont associées, qu'il s'agisse du travail en forêt ou de l'obtention de fibres non ligneuses, peuvent fournir les occasions d'emploi dont on a besoin pour absorber la main-d'œuvre rurale excédentaire ou, dans certains cas, remplacer les chantiers d'Etat. Bien plus, le développement de l'industrie des pâtes et papiers rend normalement possible une décentralisation industrielle souhaitable et facilite souvent des investissements essentiels dans les domaines eau, énergie, communications. Mais le plus important est le fait que des ressources en papier insuffisantes retardent inévitablement le développement d'autres secteurs.

La Conférence a remarqué que, dans de nombreux pays de la région, les marchés nationaux du papier, encore restreints à l'heure actuelle, croissent rapidement. Il en résulte trois conséquences. En premier lieu, lorsque l'on projette d'établir de nouvelles usines, on doit toujours penser à la possibilité d'une expansion future. Second point: étant donné que la création d'une nouvelle usine peut demander 5 à 7 ans, surtout si l'on doit faite l'inventaire de la ressource en matière première, il est souhaitable d'élaborer dès maintenant les plans de développement industriel, même si les débouchés sont encore faibles, pour éviter de se trouver plus tard en face d'une situation critique., Troisièmement, la faible importance des marchés nationaux, les dimensions imposées par des facteurs économiques des unités de production de pâtes et papiers, et, dans certains cas le caractère complémentaire des ressources des divers pays, tout cela montre la nécessité d'une planification régionale et d'une certaine coordination des programmes de développement. A cet égard, la Conférence a attiré l'attention sur le fait qu'il n'était pas toujours souhaitable qu'un Etat se contente de satisfaire ses propres besoins. Par exemple, si cette autonomie économique est obtenue en montant des usines à grands frais, elle aboutira à satisfaire, à des prix très élevés, la demande effective, tout en laissant non satisfaits les besoins de base. Toutes ces questions méritent d'être étudiées avec soin par les gouvernements de la région.

Alors même que, d'une façon générale, cette région dispose de ressources en fibres suffisantes pour permettre une expansion importante de l'industrie des papiers, la Conférence a attiré l'attention sur le fait que, dans les dernières décennies du XXe siècle, les besoins en papier se seront multipliés. Les gouvernements de la région ont le devoir de conserver, et, là où c'est nécessaire, de créer, des ressources en fibres pour l'avenir. Comme les mesures à prendre sont surtout à long terme, qu'elles n'auront d'effet que dans plusieurs décennies, la Conférence a demandé à tous les gouvernements de la région de revoir leurs politiques forestières à la lumière de ces faits, et de prendre, sans retard des mesures pour que la pénurie de matière première n'entraîne pas de diminution de la consommation de papier dans un avenir plus on moins lointain.

Depuis la guerre, la région est parvenue, dans une large mesure, à réduire sa dépendance vis-à-vis des importations pour de nombreuses catégories de papiers. Mais un certain nombre de facteurs techniques et économiques ont limité les progrès acquis pour le papier journal. D'autre part, malgré l'augmentation de la production de papier de la région, ses importations ont, au total, augmenté. Même si les nouveaux projets en cours d'étude prennent corps, il faudra certainement continuer à importer en provenance d'autres régions pour compléter la production régionale pendant la plus grande partie de la prochaine décennie. Les indications dont on dispose sur les tendances de la capacité de production et de la demande dans les régions traditionnellement exportatrices montrent que les quantités nécessaires seront disponibles. Mais, au-delà, on ne peut avoir aucune certitude qu'il existera quelque part des surplus exportables et disponibles d'importance suffisante pour satisfaire les besoins, en rapide augmentation, de la région asiatique. Ce qui est certain, c'est que cette région ne pourra satisfaire ses besoins en papiers s'il lui faut compter massivement, et de façon croissante, sur des importations. C'est pourquoi la Conférence a recommandé aux gouvernements membres de la région, qui ne l'auraient pas encore fait, de procéder soigneusement à l'estimation de leurs besoins futurs en papiers, et de prendre toutes les mesures qui sont à leur portée pour encourager le développement des industries des pâtes et papiers dans le cadre de la région, partout où les disponibilités en fibres et les autres facteurs de production permettent d'espérer le succès dans la création d'entreprises saines de ce genre. L'opinion de la Conférence est que, si l'on ne prend pas effectivement des mesures dans ce but, on risque fort de compromettre le résultat des programmes éducationnels en cours de réalisation, de retarder la constitution d'une communauté de citoyens éclairés, de conserver des circuits commerciaux de distribution périmés, de freiner le progrès industriel.

Progrès techniques récents et technologie future de la fabrication des pâtes et papiers

La Conférence a examiné les progrès techniques récents et la technologie future de la fabrication des pâtes et papiers à la lumière de quatre communications concernant la situation actuelle dans ce domaine. Ces documents ont avant tout permis de se rendre compte de la rapidité du développement technique dans les dix dernières années. Il touche à toutes les phases de la production, depuis la récolte et le transport des matières premières fournissant les fibres, jusqu'à la mise en valeur des produits. Au cours de la discussion, on a évoqué certaines méthodes non classiques de fabrication des pâtes et papiers. De l'avis général, la cadence du progrès ne fera que s'accélérer: il faudra que ceux qui ont la charge de la planification le suivent de près pour tous les secteurs de la production des pâtes et papiers.

La discussion s'est axée sur deux questions essentielles: l'utilisation plus poussée des ressources de la région en matières premières susceptibles de fournir des fibres courtes; l'incidence des techniques modernes sur les projets de création de nouvelles usines de pâtes et papiers dans la région.

On connaît de nombreux cas où l'utilisation d'un fort pourcentage de pâtes à fibres courtes a donné satisfaction pour toute une gamme de papiers. Cependant il serait urgent, dans le cadre de la région, d'amplifier les recherches poursuivies dans ce secteur. A cet égard la Conférence a recommandé que les gouvernements s'assurent une assistance technique internationale (ou bilatérale) pour développer et renforcer leurs organismes de recherches. Elle a appelé l'attention des gouvernements sur la faculté qu'ils possèdent de solliciter dans ce but l'aide du Fonds spécial des Nations Unies.

La Conférence a attaché une importance particulière à l'amélioration des échanges de renseignements sur les programmes et les résultats des recherches à l'intérieur de la région. Elle a recommandé de réunir à intervalles réguliers, des chercheurs et des techniciens de fabrication ce qui constitue un moyen efficace de diffusion des renseignements et permet d'éviter les doubles emplois dans les travaux de recherche et de développement des techniques.

On a souligné l'intérêt qu'il y aurait à étudier plus complètement les propriétés élémentaires des fibres courtes et la façon de les utiliser correctement dans la fabrication du papier. On ne devrait pas toujours calquer les normes de qualité et les spécifications sur celles mises au point pour les pâtes de fibres longues. On ne devrait les établir qu'après avoir rassemblé, dans chaque pays, une expérience considérable.

La Conférence a souligné que les techniques modernes devraient être utilisées dans les usines nouvelles à construire dans la région. Cela n'implique pas nécessairement que la mécanisation et l'automatisation atteindraient le même degré dans les pays industriellement développés et dans ceux qui le sont moins. Cela signifie; simplement que l'on devrait profiter à fond des progrès techniques récents qui ont amélioré l'efficacité des opérations. On a noté, en outre, que les usines de pâtes et papiers, nécessitant de très gros investissements, ne peuvent jouer elles-mêmes qu'un rôle secondaire pour résoudre les problèmes de plein emploi de la main-d'œuvre. Dans ce domaine les exploitations forestières offrent des possibilités plus considérables. Mais ici encore on devrait se préoccuper d'accroître la productivité de la main-d'œuvre en améliorant son outillage.

On a remarqué que, dans bien des cas, la fabrication de la pâte en continu présente des avantages. Ses côtés attrayants sont les faibles investissements, la facilité du fonctionnement et du contrôle.

On peut espérer des progrès rapides dans le sens de la réalisation d'usines de pâtes et papier plus petites mais efficaces. Corrélativement, le choix de l'équipement industriel sera plus difficile. La Conférence a souligné l'importance qu'il y a à procéder à des études préalables très poussées, en s'assurant les services de spécialistes qualifiés, surtout lorsqu'on s'attaque à un projet qui implique l'emploi de techniques nouvelles. On a noté, en outre, qu'il était vraiment nécessaire, dans la région, de se tenir au courant de façon continue et objective des nouveaux procédés.

Les ressources en matières premières susceptibles de fournir des fibres et leur mise dans le circuit économique

La Conférence a examiné les disponibilités de la région en matières premières susceptibles de fournir des fibres et leur mise en circuit économique, en se basant sur les notes du Secrétariat et sur les études pratiques poursuivies dans l'Inde, la Birmanie, la Thaïlande par l'Ins titut de recherches de Stanford et le Secrétariat CEAEO/FAO.

La Conférence a déjà estimé que les besoins, rapidement croissants, de papiers et de cartons - la consommation a été multipliée par quatre dans les quinze dernières années en ce qui concerne l'Extrême-Orient (à l'exclusion de la Chine continentale) et a doublé en Océanie - devraient être surtout satisfaits par la production régionale. Il faut avant tout pour cela que l'on dispose, à des prix raisonnables, de matières premières convenables pour fournir des fibres. C'est pourquoi la Conférence a examiné les ressources en bois, bambou, bagasse, paille, graminées et autres matières premières possibles, en s'attachant aux questions suivantes:

1. Quelles sont les quantités dont on a besoin?

2. Quelles sont les matières premières disponibles dans chaque sous-région?

3. Peut-on les obtenir en quantités suffisantes, à des prix viables, pour satisfaire les besoins minima en pâte chimique à fibres longues et en pâte mécanique?

La Conférence a adopté les estimations du Secrétariat en ce qui concerne les besoins potentiels en matières premières génératrices de fibres: elles supposent qu'on aura besoin, en 1975, de plus de 32 millions de m³ de bois, de 1,8 million de tonnes de bagasse et bambou, et plus d'un million de tonnes de pailles et de bagasse en Extrême-Orient (à l'exclusion de la Chine continentale), et de 3,8 millions de m³ de bois en Océanie.

On en est arrivé aux conclusions suivantes en ce qui concerne la mobilisation possible de ces diverses matières premières:

a) Bois. Les perspectives d'approvisionnement en pâte de bois à fibres courtes sont en général plus favorables que pour les pâtes de résineux à fibres longues. Mais, dans bien des cas, les bois à pâtes obtenus dans les peuplements mélangés des forêts tropicales actuelles coûteront plus cher que des matériaux de substitution comme la bagasse ou la paille de riz. Ils reviendront aussi probablement plus cher que les bois à pâtes produits par les plantations existantes ou futures d'essences indigènes ou exotiques à croissance rapide. Il n'en reste pas moins qu'il faudrait étudier les forêts tropicales pour chercher à augmenter leur capacité de production en essences susceptibles de fournir des pâtes. On aurait intérêt, également, à considérer l'utilisation des déchets de bois.

b) Bambou. Il est probable que la pâte constituera le substitut principal de la pâte chimique de résineux, étant donné que dans les pays où les bambous sont disponibles, ils sont souvent moins chers que les pins provenant de peuplements naturels. Il en existe des quantités assez fortes en Asie australe et en Asie continentale du Sud-Est pour permettre une grosse expansion de la production de pâtes. La principale source de bambou, encore inexploitée susceptible de fournir plusieurs millions de tonnes par an, est la Birmanie. Le bambou provenant de plantations sera peut-être encore moins cher que celui fourni par les peuplements naturels.

c) Autres graminées. Il existe dans la région un certain nombre d'herbes et de roseaux susceptibles d'être employés pour la fabrication des pâtes. On devrait étudier les conditions économiques de leur utilisation.

d) Bagasse. Dans la plus grande partie de la région, la bagasse sera vraisemblablement la matière première à fibres courtes la moins onéreuse dont on puisse disposer par grandes quantités. On prévoit une expansion considérable de la fabrication de pâtes à partir de la bagasse.

e) Paille. Il est peu probable que, dans l'ensemble, la paille devienne une matière première importante. Mais elle pourra permettre une expansion limitée d'usines de petite et moyenne importance en Asie continentale et insulaire du Sud-Est, aussi bien que dans l'Asie de l'Est.

Une communication du Secrétariat fournit une étude sur la mise dans le circuit économique de diverses matières premières, dans différents pays, pour certains emplacements possibles d'installation d'usines. La Conférence a appelé l'attention des pays membres sur la méthode utilisée qui, en comparant, pour chaque emplacement, le coût de chacune des matières premières par tonne de pâte blanchie, a permis de choisir le plus favorable, de déterminer la meilleure combinaison possible des matières premières, la capacité optimale de l'usine, en précisant l'influence d'une augmentation de cette capacité sur le prix de revient moyen des matières premières approvisionnées.

Les principales conclusions suivantes ont été adoptées:

1. Les potentialités globales d'approvisionnement sont plus que suffisantes pour faire face aux besoins prévus jusqu'en 1975 et même au-delà.

2. Chaque sous-région semble capable de satisfaire ses propres besoins, à l'exception possible de l'Asie de l'Est.

3. Sauf dans l'Asie de l'Est, on peut mobiliser les disponibilités en matières premières à des prix qui soutiennent favorablement la comparaison avec ceux des pays occidentaux.

4. Il existe trois sources d'approvisionnement remarquables: les réserves de bambou inexploitées de la Birmanie, la bagasse industrielle de l'Asie du Sud et de l'Est, les plantations existantes, ou qu'il est possible de créer, de feuillus et de résineux, en Asie continentale et insulaire du Sud-Est et de l'Est.

Dans de nombreux pays on ne dispose pas des données de base nécessaires pour permettre d'analyser la situation. La Conférence a donc recommandé que les études suivantes soient entreprises sans retard:

a) inventaires sommaires des forêts;

b) inventaires détaillés, susceptibles de fournir des renseignements sur le matériel existant, la composition par essences et la croissance pour des zones forestières choisies, que l'inventaire sommaire a désignées comme étant susceptibles de posséder un potentiel industriel;

c) études économiques et pratiques pour le choix des emplacements d'usines. On ne doit pas perdre de vue la possibilité d'obtenir l'aide financière du Fonds spécial des Nations Unies pour la réalisation d'études préalables de ce genre.

Dans l'idée de créer de nouvelles ressources, dont on aura certainement besoin, pour un grand nombre de régions, dans un délai plus ou moins long, la Conférence a réaffirmé qu'il était nécessaire de procéder à une réévaluation soigneuse et à la révision des politiques forestières. Elle a repris à son compte la recommandation faite récemment par la Commission des forêts, à sa 5e session, pour l'Asie et la Région du Pacifique en ce qui concerne les études sur les tendances du marché du bois qui viennent d'être entreprises par la FAO et la CEAEO. On a préconisé la réalisation de plantations d'essences à croissance rapide, et la conversion des forêts mélangées naturelles en peuplements de composition plus favorable. On a cité le cas de la Nouvelle-Zélande comme exemple de forêts artificielles d'une essence exotique (Pinus radiata) conçues pour la satisfaction des besoins de l'industrie.

Autres conditions indispensables à la production des pâtes et papiers

Les déclarations faites par les délégués ont montré que de nombreux pays de la région sont assez bien placés en ce qui concerne l'approvisionnement en divers produits chimiques nécessaires à la fabrication des pâtes, des papiers et des cartons, pour satisfaire leurs besoins présents et futurs. Ceux qui manquent aujourd'hui de certains produits chimiques pourraient se les procurer par le commerce intra-régional, par des importations d'Europe et d'Amérique, ou par l'exploitation de leurs propres ressources potentielles.

La Conférence a approuvé la procédure adoptée par le Secrétariat pour estimer les besoins totaux en divers produits chimiques de chaque sous-région. Les tableaux devront cependant être complétés et révisés si des usines de la région adoptent des procédés de fabrication de pâtes autres que ceux indiqués dans les notes du Secrétariat.

En ce qui concerne la récupération de produits chimiques dans les lessives résiduelles, la Conférence a été d'avis qu'il n'était pas rentable de créer des installations de récupération qui coûtent relativement cher pour des usines produisant moins de 50 à 60 tonnes par jour. Mais on a signalé les recherches en cours pour la mise au point de procédés et d'installations permettant de récupérer les produits chimiques et la chaleur des lessives résiduelles pour de petites installations (10 à 15 tonnes par jour); la réalisation de ces petites installations de récupération sera vraisemblablement rentable dans un avenir prochain.

On a approuvé, de façon générale, les suggestions sur la production et la mise en circuit des quantités nécessaires de produits chimiques dans les divers pays, ainsi que l'estimation des besoins en eau, énergie, combustible et transports contenus dans la note n° IV du Secrétariat.

Un obstacle à l'expansion de la production de pâtes et papiers dans la région est la pénurie de techniciens, d'ingénieurs, et de technologues qualifiés et expérimentés. La Conférence a souligné l'intérêt qu'il y aurait à développer les organismes de formation technique dans la région, à tous les échelons. Elle a pris connaissance des travaux déjà réalisés dans ce domaine par l'UNESCO et l'OIT. Elle a pris note de l'aide que ces organismes pouvaient apporter pour développer les programmes de formation technique dans la région.

La Conférence a demandé que les organisations spécialisées des Nations Unies collaborent à la préparation d'un répertoire des organismes de formation technique existants. Les délégués des pays de la région aussi bien que ceux de l'extérieur ont exposé quels étaient les organismes existant dans leurs pays. Ils ont dit qu'ils étaient prêts à accueillir, dans leurs établissements nationaux, des étudiants et des stagiaires étrangers, ainsi qu'à organiser des stages de perfectionnement dans les usines. La FAO et la CEAEO continueraient à aider les pays désireux d'obtenir le moyen d'essayer de fabriquer du papier à partir de matières premières diverses, fibreuses ou non.

Aspects techniques et économiques de la production des pâtes et papiers

La Conférence a discuté, en se basant sur vingt-quatre communications et sur une note du Secrétariat, un certain nombre d'aspects des problèmes techniques et économiques relatifs à la fabrication des pâtes et papiers. Ces communications ont donné les résultats de l'expérience acquise, non seulement en Extrême-Orient, mais aussi dans d'autres régions du monde, aussi bien dans les pays où le développement industriel est très poussé que dans ceux qui sont en cours d'industrialisation. Elles ont traité des divers procédés et matériels dont on peut disposer pour fabriquer des pâtes à partir du bois, du bambou, de la bagasse, de la paille et autres matières premières fibreuses existant dans la région.

La discussion a fait ressortir la possibilité de produire aussi bien des pâtes mécaniques que des pâtes à haute: résistance à partir des matières premières disponibles, compte tenu des ressources limitées de la région en bois résineux, qui servent traditionnellement à produire les pâtes de ce genre. On a précisé qu'il existe déjà des méthodes permettant de fabriquer des pâtes mécaniques de façon économique à partir de certains feuillus à fibres courtes et de bagasse. On produit actuellement dans la région, à partir de certains feuillus, des pâtes exclusivement mécaniques, des pâtes mécano-chimiques et des pâtes mécaniques, avec traitement à la soude à froid. On projette la création d'une usine destinée à utiliser la pâte mécanique obtenue à partir de la bagasse. Mais il faudrait améliorer les méthodes d'emploi de ces matières premières, et on devrait accorder plus d'intérêt aux travaux de mise au point dans ce domaine.

En ce qui concerne la production des pâtes à haute résistance, il est indispensable d'améliorer les méthodes actuelles de fabrication et si l'on veut produire dans la région une quantité suffisante de pâtes de cette qualité. En effet, même avec le bambou, qui est la principale matière première à fibres longues du secteur, on ne fabrique pas actuellement de pâtes qui aient véritablement une haute résistance. On est tombé d'accord sur le fait que la préparation des matières premières avant cuisson a une influence importante sur la qualité de la pâte, et qu'il serait souhaitable de disposer de meilleures méthodes pour éliminer les composants inutiles de la matière première aussi bien avant qu'après cuisson.

On a remarqué que pour déterminer comment utiliser ces diverses matières premières à fibres courtes, on doit connaître des propriétés des fibres autres que leur longueur. L'épaisseur des parois cellulaires, la présence d'éléments non fibreux par exemple, sont à prendre en considération pour déterminer les possibilités d'emploi de la matière première et la résistance à obtenir.

Il est nécessaire de faire des recherches sur la possibilité de séparer les fibres les plus longues ou les plus résistantes, soit par des procédés mécaniques, soit par cuisson fractionnée.

On a discuté des mérites respectifs de la cuisson en continu et par opérations séparées. Une tendance s'est dégagée en faveur des méthodes de cuisson en continu, de courte durée, en soulignant l'intérêt d'une bonne imprégnation de la matière première avant cuisson. Il serait très souhaitable de faire très vite des recherches sur la façon d'obtenir une imprégnation plus rapide et plus complète. Il existe des équipements pour le filtrage, le lavage, la préparation de la pâte, et aussi la fabrication du papier, utilisables pour produire du papier à partir d'une forte proportion de pâtes à fibres courtes. Mais on pourrait avantageusement faire certaines transformations pour employer des matières premières nouvelles, et on devrait s'efforcer d'améliorer le matériel dans ce but.

L'emploi de toiles métalliques plus longues, un vide plus poussé, l'adoption de rouleaux de transfert entre les toiles métalliques et la première presse, l'amélioration des garnitures des rouleaux des presses pour diminuer l'arrachage, sont susceptibles de faciliter la manutention des pâtes à fibres courtes.

La Conférence a considéré que la proportion entre les matières à fibres longues et celles à fibres courtes dans les besoins globaux futurs en pâtes tels qu'ils ont été évalués dans la note du Secrétariat étaient acceptables comme base des plans à établir pour 1965 et 1975.

En ce qui concerne les besoins en fibres à plus longue échéance, on devrait se préoccuper de planter des essences dont les fibres ont les caractéristiques voulues pour produire les meilleurs types de pâtes mécaniques et de pâtes à haute résistance. Pour se faire une idée des qualités probables d'arbres ou d'essences déterminés, on peut se baser sur certains caractères morphologiques. En les étudiant avec soin, on peut éliminer un grand nombre d'espèces sans avoir à procéder à d'importants essais de fabrication de pâtes. Il faut procéder à des recherches sur le choix des essences les plus convenables, parmi celles qui existent dans les peuplements mélangés des forêts tropicales, en tenant compte tout particulièrement de leur régénération et des études génétiques qui ont été faites à ce sujet, si l'on veut être. assuré d'obtenir plus tard une ressource de bois à pâtes possédant des fibres des caractéristiques souhaitées.

Puis la discussion a porté sur les investissements nécessaires à la création de nouvelles usines de pâtes et papiers de diverses importances. Les chiffres provenant de sources différentes étaient en désaccord. Les représentants de divers pays de la région ont fourni des chiffres d'investissement relatifs à des usines déjà établies ou en cours de construction qui faisaient ressortir des divergences considérables.

Il est impossible de fournir des estimations qui s'appliquent à tous les cas particuliers. Des évaluations précises doivent être faites pour chaque situation après une enquête technique et économique très poussée. En ce qui concerne les évaluations des frais d'équipement des usines en matériel de diverses provenances, elles doivent, pour être comparables, se rapporter aux mêmes spécifications. La Conférence a demandé que le Secrétariat rassemble et diffuse des renseignements complémentaires sur les investissements, comportant l'indication des spécifications correspondant à des usines de divers types et d'importances variables, de façon que l'on puisse comparer les évaluations établies par les fournisseurs dans les divers pays constructeurs de machines. La Conférence a également demandé à la FAO de mettre à jour et de rééditer la publication Matières premières pour fabriquer davantage de papier (Collection: Etudes des forêts et des produits forestiers, n° 6).

Avant d'entreprendre la réalisation d'un projet, quel qu'il soit, des avis compétents sont nécessaires. Cette aide techniquement spécialisée peut être obtenue de toute une série de sources: des usines existantes, de sociétés d'ingénieurs consultants, de consultants individuels, de fabricants de machines ou d'entreprises générales de construction d'usines.

Les questions de mécanisation et de productivité de la main-d'œuvre ont été discutées; en dépit du fait que les salaires sont relativement bas dans la région, on a nettement intérêt à mécaniser et à obtenir le maximum de productivité. Cependant, là où le problème des possibilités d'emploi se pose avec acuité, il est susceptible d'entraîner quelques sacrifices en matière de productivité de la main-d'œuvre. En toute hypothèse, on devrait donner aux industries nouvelles la possibilité de démarrer avec les installations les plus modernes.

Papier journal

Evoquant les problèmes particuliers aux ressources et aux besoins en papier journal dans la région, la Conférence a remarqué que, dans de nombreux pays, la consommation actuelle est plus faible qu'elle ne devrait l'être compte tenu de leur degré de développement économique et culturel. Sur la base des renseignements contenus dans une note du Secrétariat et quatre communications générales, on a discuté des conditions dans lesquelles on pourrait faire face aux besoins rapidement croissants, en utilisant des matières premières fibreuses de production indigène mais qui ne sont pas d'emploi habituel.

La Conférence a été d'avis que l'estimation des besoins présentée par le Secrétariat était probablement trop faible pour de nombreux pays. Le but à atteindre, dans tous les pays de la région, devrait être de faciliter la diffusion des nouvelles au prix le plus bas possible pour le public. La Conférence a remarqué que, dans les pays développés, c'était surtout possible grâce aux revenus tirés de la publicité. Mais dans des pays moins développés les revenus de ce genre sont généralement faibles: le prix du papier est donc un élément plus important du coût final du journal. A cet égard la Conférence a observé que, dans la plupart des pays, les méthodes habituelles de distribution ont pour effet d'augmenter, sans nécessité, le prix du papier journal, surtout pour les faibles tirages.

La question des caractéristiques souhaitables du papier journal a été étudiée et la Conférence est tombée d'accord sur le fait qu'elles ne peuvent être définies par des normes minimales relatives aux propriétés spécifiques, Les normes acceptables peuvent varier considérablement selon les conditions pratiques dans lesquelles travaille l'éditeur, le matériel d'imprimerie qu'il utilise, mais la qualité doit en tout cas être uniforme.

La Conférence a fait sienne l'opinion, exprimée dans la note du Secrétariat, que l'on dispose aujourd'hui de procédés de fabrication qui permettent de produire économiquement des pâtes mécaniques à partir d'une large gamme de feuillus. Ces procédés sont aujourd'hui utilisés commercialement pour la fabrication de papier journal, aussi bien dans les principales régions de production de papier d'Amérique du Nord et d'Europe, que dans quelques-uns des pays d'Extrême-Orient. Mais il est certain que, dans la plupart des secteurs, les peuplements mélangés des forêts tropicales ne pourraient constituer une source économique d'approvisionnement en bois pour une production de ce genre, étant donné la faible proportion habituelle d'espèces qui conviennent. Les mangroves, comportant souvent un fort pourcentage d'espèces à bois de couleur claire et de faible densité, constituent l'exception à la règle. La Conférence est arrivée à la conclusion que - si l'on utilise le bois comme matière première - on obtiendra vraisemblablement les meilleurs résultats en créant des plantations d'essences à croissance rapide - résineuses ou feuillues - qui possèdent des caractéristiques acceptables.

Examinant la possibilité de fabriquer du papier journal à partir de la bagasse, la Conférence a constaté que cela n'est possible ni économiquement, ni techniquement si l'on veut partir d'une pâte exclusivement chimique. On a exprimé l'opinion que pour arriver à rendre cette production rentable et pour obtenir du papier ayant les caractéristiques désirées, la moitié au moins de l'élément fibreux doit être de la pâte mécanique. On a appris avec beaucoup d'intérêt qu'une fabrique de papier journal utilisant de la pâte mécanique obtenue à partir de bagasse était en cours de construction en Inde.

En ce qui concerne la rentabilité de la production, tout le monde est d'accord sur la netteté des économies dues à l'importance des installations dans le cas de la fabrication du papier journal. Les fabriques établies dans les pays dont il s'agit, et qui ont des capacités journalières inférieures à 150 ou 200 tonnes, ne pourront donc concurrencer le papier journal d'importation que si elles opèrent dans des conditions très favorables. La Conférence en a déduit que, dans les pays où le marché du papier journal est faible, l'autonomie de son approvisionnement ne constitue pas toujours un but souhaitable. Toutefois on a remarqué que l'on peut, dans bien des cas, améliorer la rentabilité de la production en l'intégrant avec la fabrication d'autres qualités de papier, par exemple des papiers d'impression à la machine. La Conférence a demandé que l'on examine à fond les possibilités de création de centres régionaux de production, comme l'avait recommandé la Réunion de l'UNESCO sur le développement des moyens d'information dans l'Asie du Sud-Est qui s'est tenue à Bangkok en janvier 1960.

La Conférence a souligné l'importance des études préalables pour les projets d'installation d'usines de papier journal. En raison de l'importance des investissements, de la nécessité de maintenir le prix du produit obtenu au niveau le plus bas possible, il faut planifier soigneusement les installations, procéder à des études de laboratoire, à des essais de fabrication avec des matières premières non classiques, à des recherches sur l'économie du projet, pour s'assurer que l'on a bien trouvé la solution la plus avantageuse sur les plans économique et technique. On a insisté aussi sur le fait que l'agrandissement des usines existantes constitue généralement un moyen moins coûteux de satisfaire l'accroissement de la demande, que la création de nouvelles installations. Ceci, une fois de plus, fait ressortir combien il est souhaitable que la planification soit faite à l'échelon de la région ou de la sous-région.

Bien que la Conférence ait conclu que l'on pouvait obtenir des matières premières fibreuses pour la production du papier journal, à des prix de revient raisonnables, pour couvrir, selon les estimations, les besoins des quinze prochaines années, elle a souligné l'importance d'une planification immédiate des besoins à long terme. Elle a recommandé que les gouvernements de la région examinent la possibilité de créer des plantations d'essences forestières à croissance rapide, convenant à la fabrication du papier journal dans des stations bien choisies.

Ramassage et utilisation des vieux papiers

La récupération des vieux papiers pourrait permettre de faire face à plus du quart des besoins en pâtes de fibres de la région et, en fait, à près du tiers pour certains pays.

On ne peut encourager le réemploi direct des vieux papiers pour l'emballage sans mise au pilon car il n'est guère hygiénique. Mais il semble difficile, dans un grand nombre de pays, d'empêcher cette pratique.

La création de fabriques locales de carton peut être recommandable dans les pays où il existe un approvisionnement convenable en vieux papiers.

Le développement de la production de certaines catégories de papiers d'emballage, en particulier ceux qui sont revêtus de plastique, de paraffine, etc., ou doublés avec des feuilles de plastique et de métal, ne semble pas abaisser beaucoup le taux de récupération des vieux papiers. Mais il conviendrait d'indiquer nettement à ceux qui pratiquent le ramassage que l'on doit trier soigneusement ce genre de papiers pour éviter des difficultés dans la fabrication des pâtes à partir des vieux papiers récupérés.

Dans les pays où l'industrie des papiers et cartons en est encore à ses débuts, il serait utile d'adopter une classification très simple des vieux papiers, telle que:

a) rognures provenant des presses à imprimer;
b) rognures provenant des ateliers de reliure;
c) vieux papiers provenant des administrations;
d) vieux journaux.

Compte tenu des conditions habituelles dans la région, il serait intéressant d'encourager l'industrie de la fabrication du papier à la main, dans le but, en particulier, de fournir des emplois à mi-temps ou à plein temps.

On pourrait songer tout particulièrement á des qualités spéciales qui se vendent cher, ont une valeur artistique, et ne provoquent pas la concurrence. Mais il ne faudrait pas imposer de restrictions à l'industrie du papier fabriqué à la main pour limiter son champ d'activité.

Dans des situations favorables, avec des techniques améliorées, elle devrait avoir la liberté de fabriquer des qualités correspondant à celles produites par les usines. Dans des cas appropriés, les gouvernements pourraient étudier la possibilité de lui réserver certaines qualités de production.

Les gouvernements devraient aussi l'aider en faisant faire des recherches, en lui prêtant des fonds. Les subventions proprement dites ne seraient pas indispensables si des progrès techniques étaient réalisés dans le sens convenable.

Le matériel et les techniques de fabrication devraient être améliorés rapidement. A cet égard on estime souhaitable de réaliser le libre échange des renseignements et on a demandé au Secrétariat de la CEAEO de les rassembler et de les diffuser. Il en outre, intérêt à faire des études sur la commercialisation. Mais aucune opinion particulière n'a été exprimée sur l'intérêt de la centralisation de la fabrication de la pâte.

Production industrielle des pâtes et papiers sur une petite échelle

On ne peut établir de règle applicable à coup sûr pour déterminer les dimensions économiques d'une usine de faible importance. Tout dépend des conditions locales et de la nature du projet, par exemple s'il s'agit d'une fabrique de pâtes, de papier, ou d'une usine intégrée.

Même dans les pays industrialisés, il existe un grand nombre de petites usines de pâtes et de papiers. Dans la plupart des cas, ces installations, qui représentent souvent 80 pour cent du nombre total d'usines, ne fournissent que 10 à 25 pour cent de la production en volume. Certaines continuent encore à fonctionner de façon rentable sans beaucoup modifier leur équipement ou leur façon de travailler, tandis que d'autres, lorsqu'elles entrent en concurrence avec des entreprises plus importantes, doivent se moderniser ou s'adapter à d'autres productions. D'autre part, un certain nombre d'entre elles ont déjà fermé leurs portes. C'est en fonction de ces données rétrospectives que l'on a examiné les plans établis dans plusieurs pays de la région pour encourager les petites usines de pâtes et de papiers.

Les petites entreprises bénéficient de certains éléments favorables: utilisation de matières premières produites localement et diminution des frais de transport; vente des produits finis sur le marché local et abaissement des frais de distribution; adaptation immédiate aux besoins des marchés locaux; adaptation à un approvisionnement en eau limité; moins de personnel à grosse qualification technique et de main-d'œuvre spécialisée; investissements relativement faibles; emploi de machines de fabrication locale; répartition géographique des possibilités d'emploi. Dans les régions où il n'existe pas de fabrique de pâtes ni de papiers, une petite installation peut souvent constituer l'amorce d'une industrie de ce genre. La qualité n'est pas nécessairement inférieure dans une usine de faible importance.

La production des pâtes destinées à être vendues aux industries transformatrices ne se prête pas, en général, au fonctionnement sur une petite échelle. Les usines spécialisées dans la production de papiers spéciaux peuvent être ou non intégrées, tandis que les fabriques de petits papiers d'emballage et de cartons de paille le sont normalement.

Dans certains cas on peut retirer des avantages économiques considérables de l'intégration d'une petite usine fabriquant du papier dans une fabrique de pâte plus importante et même vice versa. Un grand nombre d'améliorations techniques récentes tendent à rendre possible et économique la fabrication sur une échelle plus faible que celle jugée actuellement souhaitable. Entre autres on remarque qu'il est bien plus facile de se procurer un équipement convenable et que des procédés bien adaptés ont été mis au point. Les résultats des recherches communiqués à la Conférence indiquent que de nouveaux progrès sont en vue.

Les petites usines de pâtes et papiers se sont avérées particulièrement à leur place là où on ne peut disposer que de quantités limitées de matières premières - surtout lorsqu'il s'agit de pailles, vieux papiers, chiffons et graminées diverses.

En principe, parmi les divers procédés que l'on peut utiliser pour fabriquer des pâtes à partir des matières premières de ce genre, il y a lieu de préférer ceux qui ne nécessitent que des équipements simples, comportant une faible consommation de produits chimiques. Parmi les méthodes consommant peu de produits chimiques que l'on n'a pas besoin de récupérer, citons le procédé au bisulfite. Une réduction de la consommation des produits chimiques dans les procédés de fabrication du papier kraft en cycle rapide pourrait être un jour possible.

Dans la plupart des pays, on a besoin de petites aussi bien que de grandes installations. Les papiers spéciaux, comme les papiers à cigarettes, à usage électrique, pour la fabrication des billets de banque, sont presque toujours préparés dans des usines relativement petites. Il en est souvent de même pour les cartons à base de paille, les papiers hygiéniques, et un petit nombre d'autres catégories de papiers et de cartons de consommation locale. D'un autre côté, des articles comme le papier journal et certains papiers kraft, obtenus à partir de matières premières très répandues comme le bois, le bambou, et la bagasse, ne se prêtent pas, sur le plan économique, à la production sur une petite échelle. Certains pays de la région prévoient d'obtenir une plus grande part de la production totale dans de petites installations. Tout en reconnaissant amplement les divers avantages que présente la production sur une faible échelle, la Conférence a adopté le principe qu'on doit la considérer comme une première phase du développement industriel. Par conséquent on devrait établir quelques-unes de ces petites usines là où il existe des ressources en matières premières qui resteront vraisemblablement limitées, avec l'idée d'y fabriquer des papiers spéciaux et certains cartons. D'autres petites installations, par contre, devraient être prévues dès le départ pour permettre ensuite leur développement, au moins jusqu'à des dimensions moyennés, au fur et à mesure de la croissance de la demande. On devrait alors prévoir l'organisation d'un approvisionnement constant en matière première pour un certain nombre d'entre elles. La Conférence a conclu que les conditions suivantes étaient, entre autres, nécessaires à la réussite des petites entreprises:

1. Les investissements doivent être maintenus au minimum possible. On se contentera de fournitures d'eau et d'énergie par abonnement, et l'on rejettera directement les lessives résiduaires. On s'assurera qu'il existe des possibilités de transports publics, et que l'on peut bénéficier des facilités qui existent normalement dans une agglomération, par exemple pour loger le personnel.

2. La matière première doit être peu coûteuse.

3. Il doit exister un marché local, ce qui permet de diminuer les frais de transport et de distribution.

Fabrication de matériel d'équipement pour les usines de pâtes et papiers

La Conférence a examiné les besoins en équipement de la région pour divers secteurs de l'industrie papetière et pour des installations de grande, moyenne et faible importance. Elle a pris connaissance du programme établi pour acheter, au début, du matériel à l'extérieur, puis pour le fabriquer dans la région elle-même, afin de permettre le développement de l'industrie en cause au cours des quinze années qui viennent. Il est nécessaire d'étudier plus avant la conception même de l'équipement en fonction des matières premières disponibles et des dimensions des entreprises que l'on souhaite créer.

La Conférence a souligné la possibilité de fabriquer le matériel nécessaire aux petites entreprises dans certains pays de la région, celle d'en améliorer la conception pour les adapter au traitement de matières premières nouvelles, et a pris note de la capacité potentielle des fabricants et fournisseurs de matériel industriel qui existent dans la région.

Dans certains pays industriellement développés, les ingénieurs et consultants se sont groupés pour entreprendre des études spéciales relatives aux besoins en équipement industriel de la région. La Conférence a noté avec plaisir les promesses de coopération qui lui ont été faites par certains pays développés extérieurs à la région pour lui permettre de faire face à ces besoins, et pour aider les pays de la région à fabriquer des machines.

Il est vraisemblable que le prix de revient de l'équipement industriel sera, dans une certaine mesure, supérieur aux prix mondiaux au cours de la première période de leur fabrication dans les pays utilisateurs eux-mêmes. Mais, à la longue, il se pourrait que leur coût s'abaisse même au-dessous de ce niveau. La Conférence a estimé qu'il fallait tenir compte de la nécessité de faire appel aux services d'ingénieurs spécialisés. Si c'est nécessaire, les pays de la région pourront les obtenir dans les pays développés.

En raison de l'absence de fabriques de machine dans la région, les fabriques de papiers n'ont pu se procurer qu'avec certains délais les pièces détachées et les matériels consommables nécessaires aux usines.

La Conférence a pris note de la résolution de la CEAEO n° 31 (XVI) concernant la coopération économique régionale en vue du développement du commerce et de l'industrie. Cette note invite les pays de la région à collaborer entre eux et à organiser en coopération des fabriques de machines pour l'industrie. Elle invite aussi les pays extérieurs à aider ceux de la région de leurs connaissances techniques et de leurs capitaux dans la réalisation de ces usines. La Conférence a recommandé que les pays de la région, là où les circonstances le permettent, se préparent à construire du matériel pour les usines de pâtes et papiers, et à le commercialiser en commençant par les articles les moins compliqués.

Perspectives de développement - Investissements nécessaires

La Conférence a évalué les investissements qui seraient nécessaires jusqu'en 1975 pour obtenir une augmentation de capacité suffisant à faire face à l'augmentation des besoins en papier. Les chiffres suivants ont été adoptés (en sus des projets qui sont actuellement en cours de réalisation) pour l'ensemble de la région (à l'exclusion de la Chine continentale): 4 500 millions de dollars au cours des 15 prochaines années, soit environ 200 millions de dollars par an jusqu'en 1965, et 350 millions de dollars par an au cours de la décennie suivante.

Si les zones industriellement développées (Océanie et Japon, où une grande partie de l'expansion nécessaire pourrait être réalisée par l'industrie existante sous forme d'auto-financement) étaient exclues, les chiffres seraient: 75 millions de dollars par an jusqu'en 1965, et 95 millions de dollars par an au cours de la décennie suivante, soit un total de 1 300 millions de dollars jusqu'en 1975. Les crédits nécessaires en devises étrangères représenteraient à peu près la moitié des chiffres ci-dessus. Ils correspondraient donc en gros à la valeur de la production d'une année si l'on atteignait la capacité souhaitée.

L'ordre de grandeur de cette expansion non seulement permet d'envisager mais nécessite que l'on crée de bonne heure une industrie produisant l'équipement des usines de pâtes et papiers. C'est particulièrement important, car il faudra des crédits considérables en devises étrangères pour importer, non seulement l'équipement de première mise, mais aussi des pièces détachées et des denrées consommables constituant des dépenses à renouveler régulièrement.

Des déclarations des délégations, il est nettement ressorti que l'insuffisance des capitaux nationaux privés constitue un obstacle à la réalisation de l'expansion souhaitable au moins dans certains pays de la région. La plupart des gouvernements prennent des mesures pour encourager l'initiative privée à s'intéresser à ce domaine. Mais il est évident que, compte tenu de l'importance vitale des approvisionnements en papier pour le progrès industriel et culturel, l'administration devra' prendre l'initiative si les capitaux privés se montrent hésitants. Néanmoins la Conférence a été d'avis qu'il faudrait obtenir une importante participation de capitaux étrangers. Elle a enregistré avec une grande satisfaction les déclarations faites de la part de tous les pays participants possédant des industries papetières bien établies. Ces déclarations ont montré, dans tous les cas, que les raisons qui militent en faveur d'un- développement rapide de l'industrie papetière à l'intérieur de la région sont bien comprises. Elles apportaient des offres d'aide, en particulier sous forme de conseils techniques, de possibilités de formation professionnelle et de recherches. Tout en exprimant l'espoir que les capitaux étrangers seront prêts à venir s'ajouter, de plus en plus, aux ressources propres à la région, tout en insistant sur les caractéristiques souhaitables d'entreprises établies en commun, la Conférence a reconnu que la plus grande partie de l'expansion devait être fondée sur les capitaux d'origine nationale.

La Conférence a indiqué que le promoteur d'une usine peut:

a) soit réaliser son projet lui-même, en recrutant son propre personnel, en achetant l'équipement dont il a besoin, en utilisant les services d'un ingénieur consultant;

b) soit collaborer avec des fabricants de pâtes et papiers possédant une grande expérience, en leur demandant des conseils techniques et en se laissant guider par eux;

c) soit, encore, passer un contrat pour la création de l'usine entière, ou seulement pour la fourniture de l'équipement, que la construction et la direction de l'installation soient ou non comprises dans le marché.

Souvent on réalise dans ce cas des contrats qui équivalent à l'achat d'une marchandise toute empaquetée. Dans les hypothèses b) et c) il est possible que l'on obtienne une participation financière du coopérateur ou de l'entrepreneur. Dans tous les cas le promoteur doit s'assurer que l'accord conclu comporte bien la fourniture de conseils techniques par des personnes compétentes et que des mesures seront prises pour former le personnel local; ou à défaut que des dispositions soient prévues à ce sujet.

Avant que l'on puisse intéresser les capitaux à des projets bien déterminés, il est nécessaire de procéder à des recherches longues et coûteuses. Alors qu'il est possible, dans certains cas, que l'entrepreneur procède lui-même à ces études préalables (pour vérifier et compléter les renseignements dont on dispose déjà), la Conférence a recommandé que les gouvernements rassemblent les données de base dont ils ont besoin. Cela les aidera à attirer les capitaux, à peser les avantages de projets de remplacement et, éventuellement, à négocier les réalisations à de meilleures conditions. C'est particulièrement important en ce qui concerne les ressources en matières fibreuses, car chaque gouvernement de la région est responsable de la conservation et de la bonne gestion de cette ressource.

On a exprimé l'espoir que le Fond spécial des Nations Unies permettrait d'aider les gouvernements à procéder à ces études préalables aux investissements.

La Conférence a noté l'intérêt qu'il y aurait à intégrer les plans de développement des industries papetières dans les plans d'ensemble de développement des pays. Etant donné l'influence considérable des investissements d'infra-structure sur l'économie des fabriques de pâtes et papiers, la Conférence a recommandé que les gouvernements, lorsqu'ils établissent les programmes des investissements de base en routes, voies ferrées, énergie, eau, etc., ne perdent pas de vue qu'il est souhaitable de les orienter de façon que l'on puisse tirer parti économiquement des ressources en fibres utilisables pour la fabrication des pâtes et papiers.

Les divers programmes d'assistance technique, multilatérale et bilatérale, ont représenté un apport important de capitaux dans la région, sous forme de connaissances techniques, d'équipement, de bourses universitaires, de possibilités de formation professionnelle. Un grand nombre de délégués ont proposé des améliorations qui pourraient leur permettre de contribuer de façon plus efficace au développement des industries papetières dans la région. Ce qui est indispensable avant tout, c'est que l'on connaisse et comprenne bien les problèmes des pays en cours de développement: un moyen d'y parvenir consisterait à obtenir une représentation convenable des pays de la région dans le personnel des organismes internationaux.

Reprenant ses conclusions antérieures, la Conférence a confirmé que la réalisation d'un effort général en vue d'assurer dans la région certaines autonomies nationales au point de vue papetier ne constituerait pas l'utilisation optimale des ressources. Elle a appelé l'attention des gouvernements membres sur le fait qu'il était souhaitable de traiter la question sur le plan régional, en particulier en ce qui concerne la production de papier-journal. On a enregistré l'offre faite par la CEAEO d'accorder son aide à de tels projets à réaliser en commun, si les gouvernements intéressés le désiraient.

La Conférence a eu communication des rapports sur les plans de développement nationaux pour l'expansion de l'industrie papetière. Elle a remarqué que la FAO avait été chargée d'étudier les tendances de la capacité de production et de la demande pour le monde entier. Estimant que les perspectives de développement en Extrême-Orient doivent être suivies de façon précise et continue, la Conférence a invité la CEAEO et l'UNESCO à collaborer avec la FAO pour rassembler, analyser et diffuser les renseignements et pour fournir l'occasion de consultations périodiques entre les divers pays.

En définitive, la Conférence a exprimé le souci qu'elle a éprouvé en constatant l'attention insuffisante accordée jusqu'ici à la conservation et à la création de ressources satisfaisantes en matières fibreuses en vue de satisfaire les besoins à long terme. Elle a invité les gouvernements de la région à bien tenir compte de cette question dans la mise au point de leurs programmes et plans d'ensemble d'utilisation des terres.

Politiques douanières

La Conférence a pris connaissance des droits de douane frappant diverses catégories de papiers et cartons dans certains pays de la région.

Tout en reconnaissant que l'ensemble de la question de la politique douanière ne pouvait être de sa compétence et, qu'en la matière, les gouvernements seuls peuvent prendre des décisions, la Conférence a attiré l'attention sur certains points qui ne doivent pas être perdus de vue si l'on veut obtenir un accroissement souhaitable de la consommation de papier, de sa production et de l'expansion industrielle générale:

a) Tant que les pays dépendent surtout d'importations de papiers pour satisfaire leurs besoins propres, on doit adopter des politiques commerciales et des tarifs libéraux pour les catégories de papiers que l'on estime essentielles à la réalisation des programmes nationaux concernant l'éducation, la culture, et le développement industriel (papier-journal, papier d'impression, certains papiers et cartons industriels).

b) Le développement des industries locales serait facilité par des tarifs favorables à l'importation des équipements industriels.

c) La vie même des installations nouvelles dépend de l'importation sous tarif douanier favorable des éléments de production essentiels, à savoir les produits chimiques, les matériels d'usine, et, dans certains cas, les matières premières fibreuses, y compris la pâte. Il peut être nécessaire de prévoir un degré de protection douanière raisonnable pour le produit fini, mais on ne doit pas perdre de vue l'intérêt du consommateur.

d) Toute forme d'aide à la nouvelle industrie, sous forme de droits de douane, de subventions, d'exemptions de taxes, ou autres mesures, doit toujours être accompagnée d'un contrôle gouvernemental permanent et strict des frais de fabrication et de commercialisation.

La Conférence a souligné l'importance qu'il y a à obtenir un approvisionnement adéquat et bon marché en papier pour la réalisation des programmes éducationnels et économiques. Elle a exprimé l'espoir que les gouvernements en tiendraient compte lorsqu'ils formuleraient ou réviseraient leurs politiques douanières.


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