1ère Conférence sur les sols Afro-méditerranéens : « Contraintes et potentialités pour une gestion durable »

165 participants provenant de 18 pays se sont rencontrés à Marrakech les 18 et 19 décembre 2015 pour discuter les conditions critiques des sols, particulièrement en Afrique. L’évènement a été organisé par la Fondation OCP et l’INRA (Institut National de Recherche Agronomique) en partenariat avec la FAO. Le communiqué final souligne le rôle crucial que les sols jouent  pour la sécurité sociale et celle économique du peuple Africain, en particulier pour ceux qui dépendent de l’agriculture à petite échelle.

Pendant que le taux de croissance mondial si situe autour de 34%, il peut atteindre 120% dans certaines régions d’Afrique. Pendant ce temps les récoltes diminuent en moyenne de -8% pour atteindre des niveaux alarmants jusqu’à -40% dans certaines zones. Plus de 50% de la surface des terres est dégradée, majoritairement dû à l’érosion causée par l’eau et le vent, mais aussi par la perte de nutriments, la salinisation et la matière organique du sol sur les terres agricoles en sont d’importantes causes.

Même si ces conditions n’étaient pas considérées, la grande majorité du sol africain serait difficile à gérer vu ses conditions naturelles : capacité réduite de stoker les nutriments et ses bas niveaux de nutriments. La plupart de l’Afrique sub-saharienne a des sols naturellement acides. La matière organique du sol, qui est l’élément le plus important pour fournir les nutriments aux racines des cultures, a souvent une concentration naturellement basse. En effet, les meilleurs sols sont souvent trouvés en montagne, ce qui rend les cultures physiquement difficiles.

Plus d’informations sur la condition des sols en Afrique sont disponibles dans le rapport sur l’état des ressources mondiales en sols Status of the World Soil Resources du Groupe technique intergouvernemental sur les sols du Partenariat mondial sur les sols, lancé au cours de la Journée mondiale des sols 2015.

Alarmant manque de données et d’informations mises à jour sur les sols en Afrique.

Seulement 8% des terres africaines sont aptes à l’agriculture, avec une hausse potentielle si les sols dégradés étaient restaurés. Par contre, des données fiables sur la dégradation des sols, la fertilité des sols et les améliorations potentielles à travers une gestion durable des sols manquent. Les connaissances sur le potentiel de séquestration du carbone des sols africains sont insuffisantes.

Trouver des solutions aux défis.

Plusieurs inventaires et études scientifiques sont en cours pour explorer les écarts de rendement actuels, qui se réfère à la disparité entre le rendement potentiel et celui réel.

En outre, des programmes à grande échelle sur les sols sont en cours avec le but spécifique de combler l’écart de rendement à travers le soutien à la décision de l’usage efficace des engrais. Au Maroc le projet Fertimap couvre 6.8 millions d’hectares de terres cultivées avec 26 000 échantillons de sol prélevés. Les résultats seront rendus disponibles via un système d’information des sols basé sur le web qui offrira un soutien à la prise de décisions aux agriculteurs. Similairement, en Ethiopie, EthioSIS couvre presque le pays entier avec près de 53 000 points de prélèvement.  6 000 spécialistes s’assurent que les données recueillies soient partagées avec les agriculteurs.

Quels mécanismes sont en place ?

La coopération Sud Sud est considérée un moyen important pour l’utilisation des ressources disponibles et de transfert des connaissances et des capacités dans les zones où celles-ci sont en manque. En outre, le partenariat régional des sols pour l’Afrique du nord et du Proche-Orient et l’Afrique Sub-saharienne, qui sont des organismes régionaux du Partenariat Global sur les sols, intensifiera la coopération à l’intérieur de la région africaine. Un approfondissement des échanges de connaissances au niveau régional est aussi poursuivi par la Société scientifique des sols africains où des réseaux régions ont été fondés pour permettre de mieux répondre et conseiller sur les questions des défis reliés à la gestion durable et la restauration des sols.

Les sols et le changement climatique.

Récemment, la communauté internationale a commencé à discuter de l’agriculture et du changement climatique, particulièrement dans le contexte de l’adaptation et de l’atténuation. Pendant la COP21 à Paris, les sols et la gestion durable des sols ont reçus de l’attention à travers  l’initiative 4pour1000, qui faisait également partie de l’agenda d’Action Lima-Paris. En outre, l’Accord de Paris adopté à la COP21 demande explicitement le renforcement des liens entre l’adaptation et l’atténuation. Cet accord aura de fortes implications sur tous les agendas internationaux concernant les activités agricoles et le stockage de carbone dans la biomasse et les sols.

Le Maroc sera l’hôte de la 22ième Conférence des Parties (COP) de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) 

Vu la situation alarmante des ressources naturelles les plus menacées d’Afrique – l’eau et les sols – cette conférence fournira l’occasion d’altérer la dégradation continuelle de ces ressources, d’améliorer l’information sur leurs conditions et de les gérer de manière durable.

22/01/2016
Morocco

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