Conformément aux principes largement adoptés de l'économie de marché, la plupart des pays de la région ont poursuivi leurs efforts de déréglementation, de privatisation et d'ouverture de leur économie sur l'extérieur. Ces politiques ont continué d'atténuer les problèmes que posent de longue date une forte inflation, le déficit des comptes extérieurs et les déséquilibres budgétaires. La pression inflationniste s'est ralentie, parfois de manière spectaculaire. L'endettement extérieur, qui demeure un obstacle majeur à toute reprise véritable, a néanmoins diminué quelque peu grâce aux mesures de restructuration et de réduction de la dette ainsi qu'à la baisse générale des taux d'intérêt depuis le début des années 90. Le nouveau climat de confiance engendré par l'amélioration des perspectives économiques et l'ouverture sur l'extérieur a favorisé d'importants apports de capitaux privés. L'intégration régionale a pris un élan significatif, une caractéristique remarquable du processus actuel étant l'élargissement des arrangements commerciaux régionaux vers l'extérieur.
Cependant, ces réalisations ne sont pas exemptes de certaines zones d'ombres et d'incertitudes. Si la croissance économique a connu une accélération certaine dans la plupart des pays au cours des années 90, rares sont ceux qui ont réalisé un gain significatif en matière de production par habitant. En 1993, la progression du PIB régional est demeurée notable dans l'ensemble (3,2 pour cent ou 2,6 pour cent sans compter le Brésil), mais elle est tombée bien en dessous de la moyenne annuelle des deux années précédentes qui était de près de 5 pour cent. L'inflation est tombée à moins de 10 pour cent en Argentine, en Bolivie et au Mexique et elle a reculé considérablement dans les économies qui connaissaient auparavant une hyperinflation tels que le Pérou et le Nicaragua. Cependant, le taux d'inflation a dépassé 2 200 pour cent au Brésil, ce qui a eu une influence déstabilisatrice sur toute la région. Le déficit régional des comptes courants a augmenté considérablement en 1993 (atteignant 2,5 pour cent du PIB, contre environ 1 pour cent au début des années 90), la balance commerciale étant devenue négative pour la deuxième année consécutive depuis l'apparition de la crise au début des années 80. Les apports massifs de capitaux dans des économies qui sont notoirement vulnérables à l'inflation ont créé 1 «nouvelle génération» de problèmes de gestion économique. Devant la nécessité de contrer le gonflement excessif des liquidités, les gouvernements ont eu recours à des ajustements monétaires - et, dans une moindre mesure, budgétaires - dont l'effet général a été d'augmenter les taux d'intérêt. En même temps, les politiques de change ont continué à être appliquées à des fins de stabilisation interne, ce qui a entraîné une surévaluation progressive de la monnaie nationale dans de nombreux pays et a eu des effets négatifs sur la compétitivité extérieure de ces pays.
Enfin, et ce n'est pas là le moindre problème, des efforts majeurs restent à faire pour élargir la base de la reprise économique et étendre ses avantages à de vastes secteurs de la société qui continuent à vivre dans la misère. L'ajustement structurel a enfin commencé à porter ses fruits en matière de croissance et de stabilisation et a peut-être jeté les bases d'une structure de croissance plus stable et plus soutenue dans de nombreux pays. Néanmoins, il reste à démontrer que les réformes orientées vers le marché sont efficaces pour créer dans la région les conditions d'une répartition plus équitable des ressources et du bien-être. La reprise économique donne aux gouvernements l'occasion de prendre du recul par rapport à la gestion quotidienne de la crise pour s'attacher à des problèmes plus structurels, notamment dans le domaine social.
Au-delà des facteurs climatiques et autres propres aux divers pays, le bilan du secteur agricole en 1993 a été fortement influencé par le contexte macroéconomique général. La capacité de production et d'exportation de l'agriculture régionale a été compromise par la poursuite des mesures de stabilisation qui ont réduit les moyens d'intervention des gouvernements, par la surévaluation des monnaies qui a entraîné des pertes de compétitivité, et par la persistance des problèmes nés d'une demande déprimée, tant intérieure qu'internationale, de produits agricoles, problèmes encore aggravés par le protectionnisme que les principaux marchés d'exportation de la région n'ont cessé de pratiquer.
De tout cela il résulte qu'en 1993 l'indice de la production agricole de la région dans son ensemble a accusé un recul de près de 1 pour cent par rapport à l'année précédente. Cette baisse a fait suite à plusieurs années de performances médiocres ou mauvaises dans plusieurs pays de la région. La production agricole régionale n'a augmenté en moyenne que de 1,2 pour cent par an entre 1990 et 1993, rythme n'atteignant que la moitié environ de la croissance déjà faible des 10 années précédentes.
Le secteur des exportations agricoles de la région a été marqué par une tendance toute aussi terne, qui contraste nettement avec l'évolution relativement dynamique des exportations des autres secteurs depuis le début des années 90.
On s'attend, au cours des prochaines années, à une certaine amélioration de l'environnement politique international pour le commerce agricole, notamment à la suite de la conclusion des Négociations commerciales multilatérales de l'Uruguay Round du GATT. Le récent raffermissement des prix agricoles de certains produits d'exportation de la région constitue à cet égard un signal encourageant44. Toutefois, les prix du café, du sucre, du blé et du soja demeurent bien au-dessous de leur niveau moyen des années 70 et de la plus grande partie des années 80. En outre, bien que de nombreux pays se soient engagés à réduire le niveau de leur soutien à l'agriculture et à améliorer l'accès au marché, la région continuera à rencontrer une forte concurrence pour ses exportations agricoles et risque de se heurter à de nouvelles formes de protectionnisme telles que mesures sanitaires et phytosanitaires.
Politiques sectorielles. Comme dans le reste de l'économie, les politiques régionales ont progressivement mis l'accent sur le rôle des forces du marché dans l'agriculture en tant que mécanisme d'affectation des ressources. Ce processus a amené à redéfinir le rôle du secteur public, y compris dans le domaine de l'agriculture, ce qui est une tâche difficile. Comme le montre l'expérience récente de la région, un changement radical de stratégie entraîne le risque de tomber d'un extrême à l'autre - dans le cas présent, d'une présence excessive dans les mécanismes de production et de commercialisation à une absence excessive du secteur public.
Ces questions sont d'autant plus actuelles que les résultats de l'agriculture régionale ont été généralement médiocres ces dernières années. Parmi les divers facteurs qui expliquent cette tendance, quel a été le rôle des nouvelles orientations politiques? Plus précisément, est-ce que l'ensemble des agriculteurs, ou du moins un grand nombre d'entre eux, risquent d'être les grands perdants d'une réforme axée sur la liberté du marché? Bien que cette question très controversée ne puisse trouver de réponse qu'à long terme, elle a des implications immédiates pour les décideurs. Sans un soutien adéquat des pouvoirs publics, de larges pans de l'agriculture, secteur historiquement négligé dans la région, risquent de perdre leur viabilité économique pendant la période de transition, en attendant que les forces du marché leur donnent plus d'efficacité et plus d'autonomie à long terme. Les interventions devraient s'attacher à améliorer la productivité agricole et à accélérer le processus de modernisation. On peut y arriver en améliorant les conditions d'exercice de l'activité agricole sur divers plans: infrastructure, vulgarisation et formation, assistance technique et financière.
Une prise de conscience de ces problèmes et de ces besoins a incité plusieurs pays de la région à renforcer le rôle des politiques sectorielles en 1993, en ce qui concerne en particulier les politiques institutionnelles et les instruments de soutien à l'agriculture.
La création de ministères de l'environnement en Bolivie, en Colombie, en El Salvador et au Nicaragua a constitué un important domaine de réforme institutionnelle ayant de larges implications pour l'agriculture. Cette évolution est particulièrement significative non seulement parce qu'elle indique une reconnaissance croissante de l'importance des problèmes d'environnement dans la région mais aussi parce qu'elle marque une ligne de conduite nouvelle et importante pour ces gouvernements dans le contexte de la redéfinition du rôle du secteur public. On peut aussi y voir une indication de l'amélioration de l'environnement économique et politique en matière d'action publique, dans la mesure où les gouvernements peuvent diriger des ressources humaines et financières importantes vers des objectifs à long terme.
Un autre domaine qui a connu une évolution importante en matière institutionnelle est celui de l'intégration régionale et sous-régionale qui est étudiée dans la section sur les arrangements commerciaux en Amérique latine et aux Caraïbes.
En ce qui concerne les mesures intérieures de soutien à l'agriculture, un certain nombre de décisions importantes ont été prises, notamment en Colombie, au Mexique et en Argentine. En 1993, le Gouvernement colombien a adopté un ensemble de mesures destinées à favoriser le développement agricole au cours des années à venir: la Loi générale sur le développement de l'agriculture et des pêches, un plan décennal d'amélioration et de mise en valeur des terres, la mise en place d'un système national de transfert de technologie, la création d'un institut coopératif de recherche agricole et l'établissement de Colombia International, institut de promotion des exportations. La nouvelle Loi générale définit un certain nombre de normes et de règles concernant le soutien à l'agriculture. Les mesures prévues portent sur l'élimination des prélèvements à la source sur les services agricoles, les incitations à la formation de capital dans les zones rurales et la création de fonds de stabilisation pour les prix agricoles, les assurances-récoltes et les subventions aux familles paysannes.
Les autres mesures de soutien à l'agriculture comprennent des modifications du système des prix visant à protéger les entreprises agro-industrielles, des prix minimaux à l'importation destinés à contrer l'effet des exportations subventionnées et une modification du régime de licences d'importation de certains produits qui ont une incidence sur la production animale. En même temps, le fonds de stabilisation des prix du coton a été réaménagé dans le but d'améliorer son efficacité opérationnelle et un accord spécial a été conclu avec le Venezuela en vue de réglementer le commerce bilatéral du riz. Enfin, un certificat de restitution d'impôts a été établi pour les activités productives touchant l'agriculture et la pêche.
Le programme PROCAMPO a constitué un élément nouveau important pour le processus des grandes réformes entreprises par le Gouvernement mexicain depuis la fin des années 8045. Introduit en 1993, ce programme devrait aligner les prix intérieurs des produits concernés sur les cours mondiaux d'ici avril 1995. PROCAMPO vise à remplacer progressivement les soutiens des prix par des aides directes aux revenus. Une aide directe est prévue pour les producteurs qui ont cultivé les principales céréales et graines oléagineuses au cours des trois dernières années. Les agriculteurs seront libres de passer à des cultures plus profitables à l'avenir. Ce sont les agriculteurs vivant en économie de subsistance plutôt que les producteurs commerciaux qui sont visés par les mesures de soutien direct au revenu. Dans le cadre de ce nouveau programme, le gouvernement versera une aide directe aux agriculteurs sur la base du nombre d'hectares cultivés en maïs, haricots, blé, riz, coton, soja, carthame, orge, sorgho et café. Les sommes versées par hectare resteront constantes en termes réels pendant 10 ans et seront ensuite réduites progressivement de la onzième à la quinzième année. On s'attend à ce que les terres à maïs soient converties à la culture du blé, du coton, des fruits et des légumes. Les agriculteurs de subsistance qui en général n'avaient pas profité du système de prix garantis bénéficieront directement de PROCAMPO. Ainsi, le programme devrait atténuer les effets de l'exode de travailleurs agricoles des zones rurales vers les zones urbaines. Le budget alloué en 1994 à PROCAMPO représente une augmentation de plus de 80 pour cent par rapport au soutien aux producteurs en 1993.
Dans le cadre du programme «Argentina en crecimiento (l'Argentine en expansion) 1993-1995», un grand nombre de mesures de soutien à l'agriculture ont été annoncées par le gouvernement en 1993. Afin d'améliorer la rentabilité et les investissements dans le secteur agricole, les taxes sur les actifs et les droits d'importation sur les biens d'équipement ont été éliminés; un programme de crédit a été lancé, avec la participation de banques publiques et privées pour le refinancement de la dette agricole à des taux d'intérêt proches de ceux du marché international; des facilités élargies ont été prévues pour le préfinancement des exportations agricoles; un nouveau fonds de crédit agricole d'un montant de 200 millions de dollars a été créé pour la période 1993-1995; la Banque nationale argentine a introduit de nouvelles lignes de crédit encadré pour la reconversion des unités agricoles à l'élevage des moutons, la production des fruits et légumes, l'agro-industrie et l'agrotourisme. Ce nouveau train de réformes comprend également des mesures visant à améliorer la compétitivité des agro-industries, à renforcer la vulgarisation agricole et à réduire les risques climatiques. Un programme d'assistance technique a également été lancé pour aider à la reconversion de la production et à la diversification de quelque 30 000 petites et moyennes exploitations agricoles.
Arrangements commerciaux en Amérique latine et dans les Caraïbes
La volonté de nombreux pays de s'ouvrir à un régime commercial plus libéral est mise en évidence par la revitalisation récente d'arrangements commerciaux anciens et nouveaux dans la région. Inspirés notamment par l'Enterprise for Americas Initiative (EAI)46 et par l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), de nombreux pays ont négocié un élargissement du marché grâce à des accords d'accès privilégié réciproque avec des pays voisins, ce qui a eu pour effet de redonner vie à d'anciens arrangements commerciaux intéressant la région.
Les projets de coopération régionale ne sont pas une nouveauté en Amérique latine et dans les Caraïbes. Nombre des groupes ayant pour objectif de promouvoir l'intégration économique et la liberté des échanges (voir encadré 7) ont été constitués dans les années 60 (Pacte andin et Marché commun d'Amérique centrale [MCAC]), 70 (Communauté et marché commun des Caraïbes [CARICOM]), et 80 (Association latino-américaine d'intégration [ALADI]). L'ALENA, qui est entré en vigueur en janvier 1994, est le dernier et de loin le plus grand des blocs commerciaux de la région (voir Quelques questions importantes). En outre, de nombreux autres accords bilatéraux ont été signés. Néanmoins, jusqu'à ces derniers temps, les progrès ont été limités tant à cause d'obstacles à court terme liés à la crise économique qu'en raison de facteurs de nature structurelle (complémentarité limitée, moyens de transport et de commercialisation insuffisants, rigidité économique et forte intervention de l'Etat).
ENCADRÉ 7
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Nom |
PACTE ANDIN OU GROUPE ANDIN (ACCORD DE CARTAGENA) |
PIB (1992): 151 milliards de dollars | |
Création |
26 mai 1969, entré en vigueur le 16 octobre 1969 |
Objectifs |
Encourager le développement harmonieux grâce à l'intégration économique |
Membres |
Bolivie, Colombie, Equateur, Pérou, Venezuela |
Statut actuel |
Les droits de douane extérieurs du Pacte andin sont de 13,6% alors qu'ils étaient de 41% en 1989. En 1992, la Bolivie, la Colombie, l'Equateur et le Venezuela ont instauré un régime de commerce en franchise. Le Pérou a conclu séparément un accord de libre-échange avec la Bolivie et le Venezuela. Le Venezuela et la Colombie ont supprimé toutes les barrières tarifaires et non tarifaires en janvier 1992 |
Nom |
COMMUNAUTÉ ET MARCHÉ COMMUN DES CARAÏBES (CARICOM) |
Population (1990): 6 millions | |
Création |
4 juillet 1973, entrée en vigueur le 1er août 1973 |
Objectifs |
Promouvoir l'intégration économique et le développement, notamment parmi les pays peu avancés |
Membres |
Antigua-et-Barbuda, Bahamas, Barbade, Bélize, Dominique, Grenade, Guyana, Jamaïque, Montserrat, Saint-Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les Grenadines et Trinité-et-Tobago |
Membres associés: Iles Vierges britanniques, îles Turques et Caïques | |
Observateur: Mexique | |
Statut actuel |
Le CARICOM s'achemine vers un marché unique en 1994. Les droits extérieurs devraient être réduits de 45 à 20% en 1998. Le CARICOM et le Venezuela ont signé un accord de commerce préférentiel |
Nom |
MARCHÉ COMMUN D'AMÉRIQUE CENTRALE (MCAC) |
PIB: 33,3 milliards de dollars | |
Création |
13 décembre 1960, entré en vigueur le 3 juin 1961 |
Objectifs |
Promouvoir la création d'un marché commun en Amérique centrale |
Membres |
Costa Rica, El Salvador, Guatemala, Honduras et Nicaragua |
Statut actuel |
En 1992, le Honduras, le Guatemala et El Salvador ont signé un accord de libre-échange visant à éliminer tous les droits de douane. Les droits régionaux vont de 5 à 20%, avec un tarif extérieur commun de 15%. En février 1993, la région a également lancé le Système d'intégration centraméricain (SICA) qui fait fonction de parlement centraméricain et remplace l'Organisation des Etats d'Amérique centrale. Le MCAC a signé un accord de libre-échange avec le Venezuela et la Colombie en 1993. Le Mexique a également signé un accord de libre-échange avec le MCAC en 1992 qui deviendra pleinement effectif en 1996 |
Nom |
ACCORD DE LIBRE-ÉCHANGE CHILI-MEXIQUE |
PIB (1992): 86 milliards de dollars (au taux de 1987) | |
Création |
Février 1992 |
Objectifs |
Promouvoir le libre-échange |
Membres |
Chili et Mexique |
Statut actuel |
L'accord de libre-échange entre les deux pays entrera pleinement en vigueur le 1er janvier 1996 |
Nom |
ACCORD DE LIBRE-ÉCHANGE NORD-AMÉRICAIN (ALENA) |
PIB (1992): 6 200 milliards de dollars | |
Création |
1er janvier 1994 |
Objectifs |
Promouvoir la libération des échanges régionaux |
Membres |
Canada, Mexique et Etats-Unis |
Statut actuel |
L'ALENA est entré en vigueur le 1er janvier 1994 |
Nom |
ASSOCIATION LATINO-AMÉRICAINE D'INTÉGRATION (ALADI) |
PNB par habitant (1990): 1 681 dollars | |
Création |
12 août 1980, entrée en vigueur le 18 mars 1981 |
Objectifs |
Promouvoir la libération des échanges régionaux |
Membres |
Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Equateur, Mexique, Paraguay, Pérou, Uruguay et Venezuela |
Statut actuel |
La lenteur des progrès de l'ALADI vers l'intégration a emmené certains de ses membres à rechercher une intégration bilatérale et sous-régionale |
Nom |
MARCHÉ COMMUN AUSTRAL (MERCOSUR) |
PIB (1992): 485 milliards de dollars | |
Création |
26 mars 1991 |
Objectifs |
Promouvoir la coopération économique régionale |
Membres |
Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay |
Statut actuel |
Les membres du MERCOSUR prévoient d'éliminer la plupart des obstacles au commerce et à l'investissement d'ici la fin de 1994. Les droits de douane sont réduits de plus de moitié et ne dépassent pas un plafond de 20%. Le tarif extérieur commun entrera en vigueur le 1er janvier 1995. |
Sources: CEPALC/ONU; Banque mondiale; C. Valdés et al. 1993. Aperçu général du commerce agricole des Etats-Unis avec l'hémisphère occidental. Dans Western Hemisphere Situation and Outlook Report. RS-93-2. ERS/USDA, Washington. |
Depuis le début des années 90, les groupes les plus anciens ont renouvelé leurs dispositifs en assurant une intégration plus poussée en vue d'un accord de libre-échange ou d'une union douanière. Ainsi, le Pacte andin a réduit de plus de 40 pour cent ses droits de douane extérieurs tandis que deux de ses membres, la Colombie et le Venezuela, ont établi la première union douanière binationale de la région en janvier 1992. Cette mesure a permis aux exportations colombiennes vers le Venezuela d'augmenter de 30 pour cent en 1993, tandis que les exportations du Venezuela vers la Colombie ont progressé de 20 pour cent. Ces groupes anciens progressent maintenant plus vite vers un marché commun ou une zone de libre-échange avec les Etats membres du groupe ou extérieurs à celui-ci. Les nouveaux accords commerciaux concernent le Marché commun austral (MERCOSUR), la zone de libre-échange Chili-Mexique et le Groupe des trois (G3) - Mexique, Colombie et Venezuela - qui n'ont pas encore signé l'accord commercial. De nombreux blocs commerciaux de la région sont des unions douanières ou des marchés communs tels que le MCAC ou le MERCOSUR (voir encadré 7).
Le MERCOSUR, créé en 1991, est le plus grand bloc commercial d'Amérique latine et vient juste après l'ALENA, avec un PIB de 485 milliards de dollars en 1992 et une population totale de 196 millions d'habitants. Les échanges commerciaux à l'intérieur du MERCOSUR ont augmenté considérablement ces dernières années, notamment en ce qui concerne les céréales et les produits animaux, domaines où les pays membres jouissent d'avantages relatifs. Ainsi, plus du quart du commerce total de l'Argentine en 1994 devrait se faire avec les pays du MERCOSUR et les trois quarts avec le Brésil. Le décalage entre le Brésil et les autres pays membres en ce qui concerne le taux d'inflation et les politiques de change constitue un obstacle majeur aux progrès du programme et à la réalisation des objectifs prévus. S'agissant de l'agriculture, le Brésil pratique une politique de soutien plus active que ses partenaires, encore que l'Argentine, comme on l'a vu plus haut, a beaucoup renforcé l'intervention en faveur de l'agriculture ces derniers mois.
On trouvera ci-après quelques faits récents qui ont marqué ces programmes d'intégration régionale.
Depuis les années 80, l'économie brésilienne a fait l'objet de divers programmes de stabilisation et d'ajustement. Parmi ceux-ci, on peut citer le plan classique de stabilisation de la balance des paiements de 1982, le plan hétérodoxe Cruzado en 1986, le plan hétérodoxe et orthodoxe Bresser de 1987, le plan Summer de 1988 dont l'application a été de courte durée et, enfin, le plan Collor en 1990. Pendant cette période, le taux d'inflation et la croissance du PIB ont connu de larges fluctuations et, depuis 1987, l'hyperinflation est une menace persistante.
L'agriculture a été fortement affectée par un environnement économique défavorable, caractérisé par une récession profonde pendant une bonne partie des années 80 ainsi qu'une instabilité institutionnelle et politique et des efforts acharnés pour restaurer l'équilibre macroéconomique intérieur et extérieur. Ainsi, la croissance agricole s'est ralentie, passant d'une moyenne annuelle de 3,4 pour cent pendant les années 70 à 2,4 pour cent pendant la période 1981-1990. La production vivrière par habitant a quasiment plafonné pendant cette dernière période, mais les importations alimentaires ont augmenté sensiblement. Les exportations agricoles ont stagné, alors qu'elles avaient fait preuve d'un grand dynamisme dans les périodes précédentes. Toutefois, la plupart des analystes considèrent que, compte tenu des difficultés économiques majeures qu'a connues le Brésil au cours de la décennie écoulée, le bilan général de l'agriculture a été remarquable. Le dynamisme de ce secteur est confirmé par la forte reprise qui a eu lieu entre 1991 et 1994.
Programmes de stabilisation et d'ajustement lancés depuis les années 80
Entre 1980 et 1994, les tentatives de stabilisation et de réformes structurelles ont été nombreuses. La politique macroéconomique visait principalement à réduire le déficit croissant - qui est devenu insoutenable après 1982 - des comptes extérieurs grâce aux programmes de stabilisation classiques recommandés par le FMI.
Alors que l'on parvenait à équilibrer les comptes des opérations courantes, l'économie brésilienne est entrée dans la plus forte récession qu'elle ait jamais connue, qui s'est accompagnée d'une inflation passant de 100 pour cent par an en 1981-1982 à 230 pour cent en 1983-1984.
A partir de 1985, après que le pays eut traversé la phase la plus critique de recherche d'un équilibre extérieur, la politique économique s'est attachée davantage à maîtriser l'inflation grâce à une série de programmes de stabilisation hétérodoxes. La principale expérience dans ce domaine a été le plan Cruzado qui a été mis en vigueur en février 1986, à une époque où le taux d'inflation mensuel atteignait 28 pour cent. Parallèlement à la mise en place d'une réforme monétaire, tous les prix, les salaires et les taux de change ont été bloqués. Les mécanismes officiels d'indexation des prix ont été supprimés. Pour essayer de favoriser la relance économique, les restrictions ont été assouplies en matière de crédit et des ressources abondantes et bon marché ont été affectées à l'agriculture en particulier. Toutefois, confirmant l'incohérence d'une politique qui associait blocage des prix et mesures monétaires et budgétaires expansionnistes, le taux d'inflation s'est accéléré et a atteint 26 pour cent en juin 1987.
Le plan Bresser qui a suivi associait des mesures hétéro-doxes (blocage des salaires et des prix) à une dévaluation et une politique monétaire restrictive. La confiance dans le Plan s'est rapidement affaiblie, le gouvernement n'ayant pu aboutir à un accord satisfaisant d'allégement de la dette avec les créanciers étrangers, ni réduire le déficit public et mettre en oeuvre une réforme budgétaire.
En 1989, le gouvernement a lancé un nouveau plan de stabilisation - le plan Summer - fondé sur le blocage des prix et des salaires lié à un taux de change nominal fixe et une politique monétaire restrictive. Toutefois, les effets stabilisateurs du plan Summer n'ont duré qu'un mois. Le gouvernement, ayant perdu toute maîtrise des dépenses publiques, comptait entièrement sur des obligations d'Etat à court terme et à intérêt élevé pour financer son déficit et éviter l'hyperinflation.
En mars 1990, le plan Collor, de nature plus radicale, a introduit une réduction sans précédent des liquidités par un blocage général des actifs bancaires, suivi peu après d'un blocage des prix. En même temps, un programme de réformes structurelles était lancé qui comprenait la privatisation des entreprises du secteur public, une réforme administrative, la libéralisation du commerce et une déréglementation intérieure. Il était particulièrement important de remplacer le taux de change fixe de référence par un taux de change flottant fortement influencé par les opérations de la banque centrale.
Malgré la contraction des liquidités, qui a pratiquement paralysé l'économie, les prix ont augmenté et, à la fin de 1990, le taux d'inflation mensuel avait atteint 20 pour cent. En janvier 1991, une nouvelle phase du plan - Collor II - a été lancée. Elle comportait un nouveau train de blocage des prix, de mesures de désindexation et une réaffirmation de la politique monétaire restrictive47, mais elle a bientôt été abandonnée en faveur d'une approche plus libérale. Des mesures plus rigoureuses de réforme fiscale et de privatisation ont été mises en vigueur pour lutter contre la cause première de l'inflation - le déficit du secteur public. D'autres mesures anti-inflationnistes ont été prises dont la libéralisation des échanges et une politique monétaire encore plus restrictive48.
Le nouveau gouvernement qui a pris les rênes en août 1992 a accentué la tendance libérale. En février 1994, un nouveau programme d'ajustement - le plan Real - a été publié, sa caractéristique principale étant qu'à la différence des plans précédents il n'envisageait aucun blocage des prix. Le plan Real a été appliqué par phases successives: rétablissement de l'équilibre du budget public par une réforme fiscale; création d'une valeur de référence unitaire (VRU) pour les salaires, les contrats et les prix; et, enfin, introduction d'une nouvelle monnaie (le real) qui est entrée en circulation le 1er juillet 1994. Bien qu'elle ne soit pas officiellement rattachée au dollar EU, la VRU a dans la pratique suivi les fluctuations du dollar depuis sa création.
Il est trop tôt pour porter un jugement sur l'efficacité et la viabilité du Plan mais, dans l'ensemble, un certain optimisme semble régner aujourd'hui. Le Plan devrait aider à consolider les améliorations macroéconomiques réalisées ces derniers mois. Bien que le gouvernement n'ait pas pu faire approuver l'ensemble de la réforme fiscale, le déficit budgétaire devrait être éliminé en 1994. En même temps, la dette publique a été ramenée à l'équivalent de 10 pour cent du PIB, les réserves de devises ont atteint le niveau record de 40 milliards de dollars et la dette extérieure a été renégociée dans des conditions relativement favorables et réduite à 15 pour cent du PIB. Malgré une inflation élevée, le Brésil attire de nouveau les capitaux internationaux. D'une manière générale, on s'attend que l'ouverture de l'économie contribue à supprimer les goulets d'étranglement de l'offre et favorise la stabilité des prix. Enfin, la récolte de céréales record à laquelle on s'attend en 1993/94 devrait aider à normaliser les approvisionnements alimentaires.
L'appréciation de la monnaie nationale (de l'ordre de 15 à 20 pour cent depuis le début des années 90) compromet les gains de compétitivité récents en matière d'exportation qui ont été réalisés grâce à un relèvement de la productivité et à la libéralisation du commerce. Malgré tout, de nouveaux gains de productivité et des réductions d'impôts pourraient encore entraîner des améliorations importantes.
Le Plan devrait avoir un impact positif sur l'agriculture dans la mesure où la demande intérieure, dont l'atonie est l'un des principaux facteurs qui freine la croissance du secteur, serait stimulée par le ralentissement de l'inflation. En outre, la libéralisation du marché et la réduction de l'inflation devraient créer un environnement plus favorable pour l'investissement agricole et une répartition plus efficace des ressources.
Rôle et bilan de l'agriculture brésilienne
Bien que l'agriculture ne fournisse que 10 pour cent du PIB, c'est un secteur clé de l'économie brésilienne. Outre son rôle traditionnel de source de revenu, d'emploi et de devises, l'agriculture a également des liens importants, en amont et en aval, avec l'industrie; elle a servi de soupape de sûreté pour les pressions sociales pendant les périodes de crise et a joué un rôle anticyclique utile depuis les années 50. Environ 27 pour cent de la population active travaille dans le secteur agricole et près de 30 pour cent de la population vit encore en milieu rural.
ENCADRÉ 8 La concentration de la propriété foncière demeure un problème fondamental de l'agriculture brésilienne. Les exploitations sont petites - environ 50 pour cent du nombre total - occupent 2,2 pour cent des terres agricoles tandis que les grandes exploitations constituent 5 pour cent du nombre total et occupent 69,2 pour cent de la superficie totale. Cette répartition inégale des terres, jointe à une politique macroéconomique et sectorielle qui désavantage la production familiale, a créé un modèle bipolaire d'agriculture moderne et traditionnelle. Les gouvernements qui se sont succédé ont lancé des programmes de réformes agraires. Entre 1979 et 1993, quelque 325 000 familles ont reçu des terres du gouvernement fédéral et des Etats. Entre 1985 et 1991, le gouvernement fédéral à lui seul a créé 524 zones de colonisation d'une superficie de 4,7 millions d'hectares, au profit de 94 000 familles. Une étude récente, menée conjointement par la FAO et le Ministère brésilien de l'agriculture, des approvisionnements et de la réforme agraire1, présente un bilan relativement positif des actions de réforme agraire menées depuis 1985. Elle conclut notamment que 90 pour cent de ceux qui ont bénéficié de la réforme ont enregistré une amélioration sensible de leur bien-être et de leur revenu. Leur revenu familial moyen, qui équivaut à 3,7 fois le salaire minimal, est proche de la moyenne nationale (3,82 fois le salaire minimal). Malgré ces résultats, la pression sociale des pauvres sans terre s'est accrue ces dernières années. Quelque 20 000 familles sans terre campent dans des conditions précaires le long des grandes routes et les occupations illégales de terres ont considérablement augmenté. Ces problèmes ont poussé le gouvernement à lancer, en mars 1993, un Programme d'urgence de réforme agraire doté d'objectifs ambitieux: fournir par l'entremise d'un Programme spécial de crédit pour la réforme agraire, un soutien financier à environ 100 000 petits producteurs qui ont reçu des terres depuis 1986; et installer 120 000 familles sur 5 millions d'hectares en 1993 et 1994. Alors que les plans précédents visaient à réformer les grandes exploitations agricoles, ce programme d'urgence renforce la propriété familiale. Dans cette optique, une action doit être entreprise dans les zones où existent des problèmes particuliers de pauvreté ou de tension sociale en utilisant des terres domaniales ou inoccupées. Malgré d'énormes problèmes financiers et institutionnels, les objectifs fixés pour 1993 ont été atteints et 20 000 familles ont été installées. 1 Ministère de l'agriculture, des approvisionnements et de la réforme foncière et Instituto Nacional de Colonização e Reforma Agraria (INCRA). Programa Emergencial de Reforma Agrária. 1993. Brasilia. |
La crise économique du début des années 80 a touché les produits agricoles de différentes manières. La production animale a augmenté de 6,3 pour cent, mais la production végétale est tombée de 5,1 pour cent pendant la période 1981-1983. La production pour le marché intérieur a décliné ou plafonné, mais la production de coton, de cacao, de café, de jus d'orange et de canne à sucre s'est développée de manière significative. Cette réorientation vers des biens exportables s'explique surtout par des incitations de prix découlant de la dévaluation de la monnaie nationale pendant la première moitié des années 80.
Les années 1984 à 1989 ont vu un développement plus dynamique de l'agriculture sous l'effet du soutien des pouvoirs publics, d'une certaine reprise économique et de l'amélioration du marché international pour divers produits brésiliens. La croissance des productions d'exportation s'est poursuivie, mais à un rythme plus lent, en partie à cause de l'appréciation de la monnaie nationale. En revanche, la production d'aliments de base a progressé, notamment en ce qui concerne le riz, le maïs et les pommes de terre. C'est le blé qui a connu l'expansion la plus rapide au cours de cette période (12,6 pour cent par an).
Cette évolution générale favorable a pris fin brutalement en 1990-1991. La production agricole est tombée de 3,7 pour cent en 1990 (la baisse des récoltes atteignant dans certains cas 10 pour cent) et n'est pas repartie en 1991. Les mauvaises conditions météorologiques ont certes joué un rôle, mais le recul de 1990 traduisait également une dégradation de l'économie au deuxième semestre de 1989 et l'impact négatif du plan Collor adopté en mars 1990. La production de riz, de haricots, de maïs, de coton et de canne à sucre a marqué une reprise en 1991, mais cette reprise a été largement contrebalancée par un recul important de la production de soja (qui est tombée de 19,8 millions de tonnes en 1990 à 14,9 millions en 1991), causé par des restrictions de crédit et les prévisions pessimistes du marché.
Après la courte crise de 1990-1991, la croissance agricole a repris, la production animale progressant de 5,3 pour cent et la production végétale de 6,5 pour cent en 1992. La production de maïs a augmenté de 29 pour cent, atteignant un record de 30,5 millions de tonnes, et la production de soja s'est quelque peu redressée. Grâce à l'amélioration de la situation du marché international et au renouvellement du soutien de l'Etat, la production agricole en 1993 a atteint un niveau élevé, malgré les fortes réductions du coton et du blé, productions qui ont subi le contrecoup de la libéralisation des échanges et d'un changement de politique qui a accordé une priorité moins élevée à l'autosuffisance en agriculture. Selon les estimations préliminaires officielles, la récolte de céréales de la campagne 1993/94 devrait atteindre un record absolu.
Les exportations agricoles ont connu des fluctuations, mais dans l'ensemble elles ont été marquées par une stagnation qui s'est traduite par un déclin sensible de la part de ce secteur dans les exportations totales (45 pour cent en 1980, 39 pour cent en 1985 et 28 pour cent en 1993). Néanmoins, les exportations agricoles du Brésil (10,4 milliards de dollars en 1993) représentent encore plus de 5 pour cent du total mondial.
Le plafonnement des exportations a été dû en partie à la politique gouvernementale qui défavorisait les exportations de produits agricoles non transformés. Mais les marchés et les prix internationaux étaient en général déprimés, particulièrement pour les produits tropicaux, dont le Brésil est traditionnellement gros exportateur. Les prix faibles ont réduit à néant les efforts faits pour accroître les recettes d'exportation en augmentant le volume des produits agricoles exportés. Néanmoins, le secteur a fait preuve de souplesse en ajustant sa production aux conditions du marché. Les années 80 ont enregistré notamment une expansion significative des exportations de produits non traditionnels et de produits agricoles transformés ce qui a largement compensé le déclin des exportations traditionnelles.
Les produits agricoles constituaient traditionnellement un poste d'importation secondaire jusqu'en 1988, date à laquelle les importations alimentaires ont fortement augmenté (atteignant un maximum de 3,1 milliards de dollars en 1991 pour retomber à 2,1 milliards en 1993). Cette évolution traduit un glissement de la production nationale qui, autrefois consacrée essentiellement à des produits de base, s'est orientée vers des biens d'exportation, ainsi que la libéralisation du commerce, notamment en ce qui concerne le blé dans le cas duquel, pour des raisons naturelles et climatiques, le pays est fortement tributaire de l'étranger.
Le bilan favorable du secteur agricole n'a cependant pas entraîné d'amélioration correspondante au niveau des exploitations. Les prix agricoles et les revenus des exploitants ont pris du retard par rapport à l'inflation générale et supportent mal la comparaison avec les prix et les revenus des autres secteurs. Les prix nominaux à l'exploitation corrigés par l'indice des prix à la consommation font apparaître un déclin des prix réels, surtout après 1986. Dans l'ensemble, les prix agricoles réels au début des années 90 ont diminué de moitié par rapport au niveau qu'ils avaient 10 ans auparavant49. Récemment, les prix réels ont montré des signes de reprise, mais la durée de cette reprise dépendra principalement du succès du plan Real. En outre, à partir de 1986, on a pu constater une nette relation inverse entre les taux d'inflation et les termes de l'échange de l'agriculture et de l'industrie50.
Une étude51 comparant l'évolution des prix agricoles et industriels depuis 1970 aboutit aux constatations suivantes: i) les prix de gros agricoles ont baissé tandis que les prix industriels ont augmenté; ii) les prix à la production ont reculé pour les denrées agricoles, tant au plan national qu'à l'exportation; iii) les prix agricoles ont été plus instables que les prix industriels, tant au niveau de la vente en gros qu'au niveau des producteurs; enfin iv) l'instabilité des prix agricoles s'est accentuée aux deux niveaux pendant la deuxième moitié des années 80, ce qui indique un accroissement de l'incertitude et du risque. Une autre étude récente52 a conclu que le revenu brut tiré des 20 principales cultures du Brésil a baissé régulièrement depuis 1985, sauf en 1988 et en 1991.
Toutes ces études reconnaissent que l'impact négatif de la faiblesse et de l'instabilité du marché, l'environnement macro-économique défavorable et l'effet des mesures de stabilisation ont plus que neutralisé les gains de productivité et les avantages résultant d'une baisse des prix réels des engrais, des produits agrochimiques et des carburants.
Politiques sectorielles dans le contexte de l'ajustement macroéconomique
Jusqu'au moment où la crise de la dette a éclaté au début des années 80, la politique macroéconomique du Brésil était axée essentiellement sur une croissance rapide du secteur industriel. Par la suite, les responsables ont été obligés de donner la priorité à la stabilisation macroéconomique. Les contraintes financières liées à la dette et la détérioration de l'environnement économique national et international se sont conjuguées pour modifier les objectifs et les instruments généraux et sectoriels. Les politiques sectorielles, qui pendant les années 70 s'étaient attachées à favoriser la modernisation de l'agriculture grâce à des transferts financiers paraissant illimités, ont dû se plier aux objectifs et contraintes macroéconomiques.
Dans ce nouveau contexte, la politique agricole a également été moins orientée vers le développement et elle est devenue plus spécifique pour tenir compte de préoccupations sectorielles ou de stabilisation à court terme. Avant 1987, les marchés agricoles étaient marqués par une forte intervention de l'Etat, sous forme de mesures sectorielles ou de politique commerciale. Malgré la réduction des ressources et les autres contraintes liées à l'environnement budgétaire et monétaire restrictif, les politiques agricoles se sont efforcées d'équilibrer les objectifs sectoriels - telle l'augmentation de la production vivrière - avec les objectifs macroéconomiques, notamment les recettes d'exportation et la stabilisation des prix. Les objectifs de stabilisation et la nature spécifique des interventions ont suscité des inefficacités et des distorsions. Néanmoins, jusqu'à la campagne agricole 1987/88, les politiques de soutien ont effectivement aidé les agriculteurs à surmonter les effets des conditions macroéconomiques et commerciales défavorables.
Pendant la période 1988-1991, le gouvernement a tenté de déréglementer et libéraliser, d'abord les marchés agricoles intérieurs puis, depuis 1990, le commerce extérieur. Certains mécanismes d'intervention sur le marché ont été abandonnés (café, blé, cacao et canne à sucre) alors que les mécanismes de fixation des prix minimaux ont continué à exister, mais ils se sont révélés inefficaces.
L'environnement macroéconomique défavorable, s'ajoutant aux mesures de libéralisation visant la stabilisation à court terme, a entraîné une baisse de la production agricole qui a ensuite stagné pendant les années 1990-1991. Après 1991, le gouvernement a poursuivi la stratégie de libéralisation adoptée en 1990, mais a également réactivé en partie les instruments de politique sectorielle destinés à maîtriser la crise agricole et ses effets négatifs sur la stabilisation.
Crédit rural. Avant la crise des premières années 80, le gouvernement subventionnait largement le crédit rural qui était le principal instrument de promotion de la modernisation de l'agriculture et de renforcement des industries de transformation et de fabrication d'intrants et de matériel agricoles. Depuis lors, l'offre de crédit rural a connu une chute spectaculaire, passant de 26,8 milliards de dollars en 1979 à 6,1 milliards en 1991 et 8 milliards environ en 1992 et 1993. Les prêts publics continuent à représenter la plus grande partie des prêts agricoles (plus de 82 pour cent en 1992).
Non seulement l'offre de crédit rural a été considérablement réduite, mais les conditions de prêt et les règlements sont devenus plus restrictifs et ont été modifiés presque tous les ans entre 1980 et 1993. Dans les limites que permettaient les contraintes budgétaires, les politiques de crédit tentaient toujours de compenser les effets négatifs des politiques macroéconomiques sur les agriculteurs et d'orienter les décisions de production à la lumière des besoins à court terme du marché.
La réduction des subventions au crédit rural est un objectif de la politique depuis le début des années 80. En 1981, les taux d'intérêt du crédit rural n'ont été indexés que partiellement pour compenser l'inflation53 mais, lorsque celle-ci s'est accélérée, les taux d'intérêt réels sont progressivement devenus négatifs. Sauf pour de courtes périodes, cela ne s'était pas produit depuis 1984, époque où le crédit rural a été intégralement indexé sur le taux d'inflation général. Bien que les taux d'intérêt du crédit rural aient été progressivement relevés, ils sont restés nettement inférieurs aux taux des banques commerciales.
De 1984 à 1987, les taux d'intérêt réels préférentiels ont oscillé entre 3 et 7 pour cent, en fonction de la culture en cause, de la région et de la taille de l'exploitation. Les petits producteurs de produits de base bénéficiaient de conditions meilleures que les grands producteurs et 100 pour cent de leurs frais de production étaient en général financés par le Système national de crédit rural (SNCR). Après le lancement du plan Summer, en janvier 1988, les taux d'intérêt réels ont été portés à 12 pour cent par an et ont atteint un maximum sans précédent de 18 pour cent par an en 1990-1991, à l'époque de la forte contraction des liquidités imposée par le plan Collor. Deux années consécutives de récession dans le secteur et les perspectives médiocres pour la campagne 1991/92 ont incité le gouvernement à présenter un plan d'urgence pour l'agriculture en octobre 1991. Parmi d'autres mesures pour stimuler la reprise, les taux d'intérêt réels ont été ramenés à 12 pour cent pour les grands producteurs et 9 pour cent pour les petits producteurs54. Ces taux étaient encore en vigueur pour la campagne 1993/94.
Malgré les mesures prises par le gouvernement, les grandes exploitations ont continué à bénéficier d'une proportion excessive de crédits; elles ont été les principaux bénéficiaires du financement du SNCR à des taux d'intérêt préférentiels. En 1990, 27 pour cent des ressources du SNCR sont allées à des petits producteurs, 18,7 pour cent à des agriculteurs moyens et 33,6 pour cent à de gros agriculteurs.
Une étude couvrant la période 1987-1992 fait penser que, pour sept des 10 produits agricoles envisagés, les prix à la production ont pris du retard par rapport à l'inflation générale, mais ont augmenté plus rapidement que le coût du crédit rural55. Cette constatation intéressante doit être interprétée avec prudence, car les corrections monétaires se font automatiquement chaque jour tandis que les prix à la production sont liés aux fluctuations du marché. Dans la réalité, le coût financier des emprunts peut être beaucoup plus élevé que les revenus tirés de la vente des récoltes étant donné que l'inflation et les prix agricoles ne sont pas directement liés.
En 1993, 12 pour cent des emprunteurs agricoles étaient en retard sur leurs remboursements, contre une moyenne de 2,5 pour cent en 1981-1988. Cette forte progression semble indiquer l'apparition d'un problème financier aigu qui pourrait freiner considérablement la croissance de l'agriculture au cours des années à venir. Entre 1986 et 1988, l'annulation des dettes a coûté environ 455 millions de dollars au Banco do Brazil. Cependant, un récent rapport du Banco do Brazil indique que 51 000 producteurs ont des arriérés de paiements s'élevant à 615 millions de dollars; 10 pour cent des arriérés de 1993 ont déjà été annulés par la banque en 1994. Les agriculteurs qui ont des arriérés sont à concurrence de 85 pour cent des gros producteurs, à concurrence de 1 pour cent des très petits producteurs et à concurrence de 8 pour cent des petits producteurs. Le rapport limite au minimum le rôle du détournement du crédit à d'autres fins dans l'augmentation des arriérés et rend plutôt responsables le contexte macroéconomique instable, la perte de compétitivité, notamment pour le blé et le coton, la faiblesse des prix agricoles et la baisse de la consommation intérieure.
Depuis 1986, le gouvernement recherche de nouvelles sources de financement non inflationnistes et encourage le secteur privé à participer davantage au financement de l'agriculture. Le compte d'épargne «Caderneta Verde», qui a couvert près de la moitié des prêts ruraux en 1993, a eu un succès remarquable. Toutefois, cela n'a pas suffi pour compenser le déclin général du crédit rural. Depuis 1990, les producteurs ont accès au Fonds de développement régional constitutionnel (Fundo Constitucional), qui accorde des prêts d'investissement à long terme à des taux préférentiels, et bénéficie de l'inclusion de l'agriculture dans le programme FINAME, géré par la Banque de développement économique et social (BNDES).
Pour atténuer les incertitudes découlant de la forte inflation, les agriculteurs brésiliens ont fait pression sur le gouvernement pour que celui-ci adopte la notion d'«équivalence-produit» qui figurait dans la loi agricole de 1990 mais n'avait jamais été appliquée. Selon cette notion, l'établissement de prêt fonde la valeur du prêt sur la valeur du produit. Ainsi, si un producteur de haricots emprunte des fonds équivalant à 100 sacs de haricots, il remboursera la valeur courante des 100 sacs, plus les intérêts.
Ce système protège les agriculteurs, mais amène le gouvernement à subventionner la différence entre la valeur marchande du produit et le coût financier réel du prêt. Cette différence peut être élevée les années où la récolte est abondante et les prix en baisse. Néanmoins, pour la campagne 1993/94, le gouvernement a accepté d'appliquer des prêts d'équivalenceproduit pour six cultures (coton, manioc, riz, haricots, maïs et blé) à concurrence d'environ 200 000 dollars. Cette mesure a suscité l'enthousiasme des agriculteurs, d'autant plus que l'on prévoit une récolte de céréales record. Cette expérience intéressante mérite d'être suivie de près.
Crédit, investissement et bilan de l'agriculture. L'investissement agricole a été entravé par les variations du volume et des conditions du crédit rural. Toutefois, l'ampleur de son déclin et ses effets réels sur la croissance de l'agriculture sont difficiles à évaluer. D'après les données dont on dispose, les achats de tracteurs et autres équipements sont en baisse, la mise en valeur des terres dans la zone frontière dynamique du centre-ouest se ralentit, la consommation d'engrais est en régression et les investissements dans l'amélioration et la conservation des sols sont en baisse.
Néanmoins, contrairement aux prévisions des analystes, le recul du crédit subventionné et de l'investissement pendant les années 80 ne semble pas avoir freiné la performance de l'agriculture, et ce, pour plusieurs raisons. Avant le resserrement du crédit, d'importantes subventions avaient été détournées vers des fins non agricoles, ce qui explique peut-être que la baisse du crédit ait moins touché l'agriculture que ne semblent l'indiquer les données disponibles. Il se pourrait aussi que dans un contexte d'accès réduit au crédit et face au risque que présentaient des prêts indexés en période d'inflation forte et irrégulière, de nombreux gros et moyens producteurs aient augmenté l'autofinancement, réussissant ainsi à maintenir l'investissement et la croissance.
Programme de prix minimaux. Depuis le début des années 80, les prix minimums ont progressivement remplacé le crédit agricole comme principal instrument de stimulation de la croissance sectorielle et d'orientation de la production vers des cultures prioritaires, notamment les produits alimentaires de base. Les prix minimums se sont avérés un puissant moyen d'action sur l'importance et la répartition des cultures.
Jusqu'au début des années 80, le programme de prix minimums (PPM) n'a guère eu d'influence sur les décisions des producteurs car ces prix étaient en général nettement inférieurs aux prix du marché. Les prix minimums étaient en général fixés avant les semis et tenaient compte de l'inflation prévue par le gouvernement. Toutefois, l'inflation effective a toujours dépassé les prévisions et la valeur réelle des prix minimums à l'époque de la récolte a toujours été très incertaine.
En 1981, le gouvernement a remplacé le prix minimal fixé par un prix de base indexé sur l'inflation. Pour les campagnes 1983/84 et 1984/85, les prix minimaux ont été relevés pour tenir compte de la réduction du crédit rural public et des pertes dues à la dévaluation réelle. Les agriculteurs ont réagi de manière positive en augmentant la production végétale (de 8,5 pour cent en 1984 et de 13,1 pour cent en 1985) et en modifiant la répartition des cultures. Dans la pratique, la reprise par rapport à la crise de 1981-1983 a été initialement due à des cultures qui avaient été stimulées par le PPM, telles que le riz, le maïs, le coton, les haricots et le soja.
Dans une certaine mesure, ce sont des critères techniques objectifs qui sont entrés dans le calcul des prix minimums, car ces prix étaient en général censés couvrir les coûts variables de production. Dans la pratique, la définition des prix a été essentiellement une opération politique car les besoins agricoles ont souvent été subordonnés aux impératifs du trésor public. Cette optique a été à l'origine de larges fluctuations des prix minimums au cours de la décennie, mais deux grandes tendances se dégagent: une hausse générale de 1981 à 1986 et un recul important à partir de 1987. Le prix minimal de tous les produits est tombé au plus bas en 1990-199156.
Après le déficit de production agricole de 1990-1991, le gouvernement a décidé de remettre en vigueur le PPM sur une base sélective en le reciblant sur un nombre réduit de cultures (riz, maïs et haricots) et sur les petits et moyens producteurs. En 1993, le PPM a été élargi à d'autres cultures et à tous les producteurs. Depuis 1992, le gouvernement a fixé des prix de soutien minimums plus intéressants pour les denrées alimentaires de base, mais il n'a guère mis d'empressement à effectuer des achats aux niveaux de soutien fixés. Il a ainsi provoqué des frictions avec l'association des agriculteurs, un des groupes de pression les plus puissants du pays.
L'importance du PPM peut être appréciée d'après la mesure dans laquelle les producteurs ont utilisé les deux instruments qu'il comporte: les prêts du gouvernement fédéral (EGF) et les achats du gouvernement fédéral (AGF). Pendant la période 1980-1987, près de 80 pour cent de la production de coton était soit achetée par l'Etat à un prix minimal garanti, soit stockée dans le cadre de l'EGF. Pour le riz, 50 pour cent environ de la production en 1985-1988 a été couvert par le PPM. Certaines années, le maïs, le soja et les haricots ont eux aussi largement bénéficié de ces dispositions.
Pendant la période 1981-1988, la production céréalière a augmenté rapidement dans les provinces du centre-ouest (10,8 pour cent) et du nord (7,3 pour cent), et une partie importante de cette production a tiré profit du PPM qui fixait des prix minimums garantis sans tenir compte de la distance parcourue entre l'exploitation et le marché et des frais de transport correspondants.
Dans l'ensemble, le PPM a joué un rôle positif sur les marchés agricoles jusqu'à la campagne 1987/88, à partir de laquelle le système a perdu son efficacité et sa crédibilité. Malgré toutes leurs lacunes, les prix minimums garantis indexés sur l'inflation ont offert aux producteurs une certaine protection contre les risques liés aux prix. Ils ont également donné pour l'affectation des ressources des indications que le marché n'était pas en mesure de donner dans l'environnement économique très instable des années 80.
Intervention de l'Etat en matière de commercialisation
L'Etat brésilien a toujours joué un rôle très actif dans toutes les opérations liées à l'achat, au transport, à la distribution et au commerce extérieur des produits agricoles, mais les inconvénients de cet interventionnisme sont devenus de plus en plus manifestes au cours de la décennie critique des années 80. Après 1986 surtout, au lieu de garantir des débouchés et des prix, la politique gouvernementale est devenue une source additionnelle d'incertitude qui a perturbé non seulement les cibles directes de l'action entreprise - producteurs et consommateurs - mais aussi l'ensemble de la chaîne commerciale.
Le stockage privé de céréales a également été gêné par l'environnement économique et commercial défavorable. Des marchés déprimés, une inflation forte et imprévisible, une politique monétaire restrictive, le resserrement du crédit à la commercialisation et la rentabilité élevée des obligations d'Etat et autres instruments financiers à court terme ont tous contribué à réduire le marché du stockage des céréales. Dans ces conditions, l'Etat est devenu le principal acheteur de céréales, surtout dans les zones de la frontière.
En conséquence, l'Etat a accumulé d'importants stocks de céréales qu'il a utilisés principalement pour contrôler les prix alimentaires. Cependant, la gestion des stocks du secteur public a été inefficace et n'a guère contribué à l'équilibre du marché. La charge financière liée à la détention des stocks a été alourdie par les frais de transport à partir des zones de la frontière et la vente à des prix subventionnés. De fait, en 1985-1988, l'intervention sur les marchés représentait en moyenne 80 pour cent des dépenses publiques totales en matière d'agriculture. Il y a également eu d'importantes pertes en raison de problèmes de manutention et de gestion de l'entreposage par le secteur public57. En 1987, le gouvernement, n'étant plus en mesure d'honorer ses engagements d'achat au prix minimal et de soutenir le PPM, a commencé à se retirer du marché agricole.
Le gouvernement tentant de discipliner et libéraliser les marchés agricoles, d'encourager la participation du secteur privé à la constitution de stocks de céréales et de réduire les dépenses, a défini et introduit en 1988 les «règles d'intervention». En vertu de ces règles, les achats officiels ne devaient avoir lieu que lorsque les prix du marché agricole dépassaient les prix d'intervention (prix plafonds) pendant 15 jours consécutifs. Les produits achetés ne pouvaient être vendus sur le marché qu'au prix coûtant augmenté des frais de stockage. Au début, ces règles de libéralisation ne s'appliquaient qu'à un nombre limité de produits (riz, maïs, coton, soja et haricots) mais elles ont plus tard été élargies à la viande de boeuf et au blé.
La loi agricole de 1991 mettait, elle aussi, l'accent sur le rôle de l'Etat en matière de sécurité alimentaire et de stabilité des prix, mais il était manifeste que son objectif principal était de libérer les marchés agricoles de l'intervention de l'Etat.
Pour déréglementer le marché, le gouvernement a supprimé, en 1991, le monopole des importations de blé dont il jouissait depuis 30 ans et libéré le secteur de la minoterie qui était auparavant dominé par un nombre restreint de minotiers grâce à un système de quotas administré par l'Etat. L'Institut du sucre et de l'alcool ainsi que l'Institut brésilien du café ont également été supprimés. Bien que l'Etat ait continué à diriger le commerce du sucre et la production d'alcool, le secteur du café a fait l'objet d'une déréglementation complète.
Politiques de change et marchés agricoles
Les politiques de change et de commerce extérieur n'ont pas joué un rôle cohérent dans la détermination des prix agricoles réels et des niveaux et structures de la production agricole.
Pendant la majeure partie des années 80, le Brésil a appliqué une politique de «mini-dévaluations» périodiques, associées à un certain nombre de dévaluations officielles. Ces mesures ont provoqué de fortes fluctuations du taux de change réel mais, jusqu'au milieu des années 80, elles ont réussi dans l'ensemble à maintenir la parité du pouvoir d'achat vis-à-vis des monnaies des pays industrialisés. Cependant, après 1985, le taux de change réel a monté sensiblement. Bien que cette tendance se soit atténuée ces dernières années, la plupart des estimations indiquent encore que la monnaie était surévaluée de 15 à 20 pour cent en 1993.
La dépréciation de la monnaie pendant la première partie des années 80 a donné des résultats contradictoires. Les dévaluations réelles ont atténué l'impact négatif de la baisse des prix agricoles à l'exportation et les mini-dévaluations ont amorti l'instabilité monétaire. Toutefois, les producteurs locaux qui souffraient déjà de la stagnation de la demande, ont cependant payé plus cher les intrants importés dont ils avaient besoin pour leur production. Parallèlement, les possibilités de substitution des importations ont été dans une large mesure réduites à néant par des décisions ponctuelles du gouvernement en matière d'importations alimentaires et d'interventions sur les prix.
La forte appréciation de la monnaie nationale après 1985 a eu des effets opposés. Elle a affaibli la compétitivité des cultures commerciales de sorte que, malgré la croissance généralement robuste de ces productions, le secteur des exportations a souffert pendant de nombreuses années. Ce problème est devenu particulièrement aigu en 1990 et en 1991 lorsque le taux de change indexé sur l'inflation a été remplacé par un taux de change flottant encadré. Pendant cette période, les producteurs de biens marchands ont été exposés aux risques d'un taux de change imprévisible sans guère avoir de possibilités, du moins au début, de se couvrir. Ce problème a été une des causes importantes du déficit catastrophique de la production agricole en 1990-1991.
Depuis 1992, les interventions de la banque centrale sur le marché des changes tendent, avec succès, à fixer des objectifs monétaires compatibles avec une stabilité du taux de change réel.
Politique commerciale. Traditionnellement, la politique commerciale du Brésil s'est orientée vers le soutien de l'industrie locale, notamment l'agro-industrie, l'approvisionnement du marché local en produits vivriers et agricoles et la promotion et la diversification des exportations. A cette fin, le gouvernement a appliqué une large gamme d'instruments, parmi lesquels des restrictions et des interdictions commerciales, des barrières tarifaires, un régime de licences d'exportation et d'importation et des subventions à l'exportation. Ces mesures ont été appliquées vigoureusement jusqu'au début des années 80 et, bien que leur effet net soit difficile à dégager, la plupart des évaluations semblent indiquer qu'elles ont été défavorables à l'agriculture.
Pendant les années 80, les politiques commerciales ont été redéfinies en fonction des impératifs de stabilisation à court terme. Pour l'agriculture, cette réorientation a amené à délaisser encore davantage le secteur et a souvent été à l'origine de signaux contradictoires et de mesures incohérentes. Ainsi, des importations alimentaires ont été autorisées à des moments où le marché intérieur était incapable d'absorber même la production locale et des incitations ou des restrictions à l'exportation ont parfois été imposées sans tenir compte des intérêts ou des besoins des agriculteurs, du secteur industriel et des consommateurs58.
En 1987, le gouvernement a commencé à libéraliser progressivement les exportations agricoles. Néanmoins, ce n'est qu'en 1990 qu'il a introduit une réforme commerciale majeure. L'objectif principal de la réforme était d'abandonner les restrictions quantitatives et d'instaurer un système de droits de douane qui, tout en étant compatible avec les accords du GATT et le MERCOSUR, pourrait également servir de moyen de restructuration de la production et de lutte contre les pressions inflationnistes. Cette réforme a quasiment éliminé les restrictions administratives et quantitatives frappant le commerce, simplifié les procédures administratives dans ce domaine et supprimé les taxes à l'exportation. Les droits de douane ont été sensiblement réduits, passant d'une moyenne de 51 pour cent en 1988 à 25,3 pour cent en 1991. Le processus de libéralisation s'est accéléré ces dernières années: au début de 1994, le taux maximal appliqué aux importations agricoles était de 10 pour cent sauf pour le lait et le lait en poudre (20 pour cent) et le riz (15 pour cent). Les droits à l'importation sur les intrants agricoles ont aussi été fortement réduits, s'établissant entre 0 (pour la plupart des engrais) et 20 pour cent (pour le matériel agricole et les tracteurs) en 1993. Les droits de douane frappant les importations agricoles en provenance de partenaires du MERCOSUR vont de 0 à 5 pour cent. D'une manière générale, les taux nominaux de protection en 1992 allaient de -47 pour cent (maïs) à 8,5 pour cent (coton)59.
Il est trop tôt pour avoir une idée précise des effets nets de la libéralisation sur l'agriculture. D'une part, il est probable qu'au moins en 1990 et en 1991 les importations de produits alimentaires ont aggravé les problèmes que connaissait l'agriculture, notamment depuis le lancement du plan Collor. En revanche, les agriculteurs ont bénéficié des réductions tarifaires sur les intrants et le matériel agricole, qui ont permis au secteur d'accroître sa productivité et de compenser en partie les effets négatifs de la surévaluation de la monnaie.
Marchés financiers, inflation et agriculture
Dans un environnement économique et financier caractérisé par le risque et l'incertitude, les opérations sur le marché libre constituaient un bon moyen de convertir presque instantanément les actifs en liquidités. En utilisant ce mécanisme de manière de plus en plus raffinée, les détenteurs de capitaux ont pu s'assurer un degré élevé de sécurité financière et de rentabilité.
Le développement des opérations sur le marché libre a eu une profonde influence sur l'agriculture par les liaisons ainsi établies avec l'inflation, les marchés financiers et les prix et revenus agricoles. Ces interfaces sont trop complexes pour être étudiées ici en détail, mais on évoquera certains de leurs aspects principaux.
A court terme, les prix à la production ont été fortement influencés par l'évolution de la demande à des fins de stockage, celle-ci étant à son tour étroitement liée au taux d'inflation60.
Pendant les périodes de forte inflation et de grande incertitude, les instruments financiers indexés, rentables et facilement convertibles en liquidités deviennent plus intéressants. Ainsi, de nombreux producteurs ont décidé de vendre une partie de leurs produits à prix peu élevé tout de suite après la récolte dans l'espoir de compenser le manque à gagner en investissant les recettes de leur vente sur le marché financier. Les entreprises privées de stockage et de transformation ont également réduit leur demande à des fins de stockage.
Les marchés financiers étaient d'autant plus attirants que l'indexation des prix agricoles était «imparfaite». Si les prix industriels s'ajustaient quasi instantanément sur l'inflation passée et prévue, les prix à la production agricoles ont souvent été instables et prenaient du retard par rapport aux autres prix, notamment à l'époque de la récolte. Il est donc logique que les producteurs disposant d'excédents aient préféré un marché financier prometteur à des marchés très instables et incertains pour leurs récoltes.
ENCADRÉ 9 Bien que le niveau du PIB par habitant (environ 2 500 dollars EU au début des années 90) place le Brésil parmi les économies à revenu moyen supérieur, la distribution de la richesse, des ressources productives et de l'accès aux services sociaux est profondément déséquilibrée. Quelque 45 millions de personnes, soit près du tiers de la population, vivent, selon les estimations, au-dessous du niveau de pauvreté absolue (revenu familial par personne égal ou inférieur au quart du salaire minimum légal). La pauvreté absolue, qui était autrefois un problème surtout rural, a de plus en plus gagné les villes au cours de la décennie critique des années 80; en 1988, on estimait que la moitié environ des indigents vivaient en milieu urbain. Une incidence aussi élevée de la pauvreté a des conséquences multiples. Quelque 67 pour cent de la population consomment moins que la moyenne minimale de 2 400 calories par jour recommandée par la FAO et l'OMS1. La mortalité infantile - 64 pour 1 000 naissances - est la troisième d'Amérique latine et des Caraïbes, après les taux du Honduras et de la Bolivie. Selon les estimations, 12 pour cent de la population urbaine et 44 pour cent de la population rurale n'ont pas convenablement accès à l'eau potable. Environ 10 pour cent de la population totale souffriraient de formes physiques et/ou mentales d'incapacité permanente ou temporaire2. Environ 59 pour cent seulement des jeunes âgés de 10 à 17 ans fréquentent l'école à plein temps; 12 pour cent sont employés à temps partiel et 18 pour cent à plein temps (plus de 40 heures par semaine). A peu près 500 000 jeunes filles (âgées de moins de 19 ans) s'adonnent à la prostitution. Les conditions de travail, surtout à la campagne, sont souvent très dures. En 19803, la durée du travail pour 35 pour cent de la main-d'oeuvre rurale était d'au moins 49 heures par semaine; en outre, le salaire moyen de 60 pour cent des personnes travaillant 40 heures ou plus était inférieur au minimum légal. Par ailleurs, plus de 80 pour cent des travailleurs ruraux n'avaient pas de contrat de travail ni de couverture sociale. La différence de 11 ans d'espérance de vie moyenne qui existe entre les populations du nord-est, région traditionnellement déshé-ritée et celles de la région économiquement dynamique du sud traduit de façon frap- 2 Selon l'OMS, 70 pour cent de ces incapacités pourraient être évitées par des soins et des mesures préventives simples, telles que la vaccination, l'assistance pré et postnatale, l'éducation sanitaire, etc. 3 Bien qu'on ne dispose pas d'informations complètes pour les dernières années, il semble que les conditions de travail aient empiré sous l'effet de la crise économique des années 80. 1 On estime qu'en l'an 2000 il faudrait quelque 120 millions de tonnes de céréales, de légumineuses et de soja chaque année pour couvrir le déficit nutritionnel, compte tenu de l'accroissement démographique prévu. Ce volume représente près du double de la production nationale actuelle de ces denrées. |
Dans une certaine mesure, la propension des agriculteurs à «brader» leurs produits tout de suite après la récolte et à se lancer sur le marché des obligations d'Etat a été favorisée par leur situation financière précaire qui les empêchait de conserver des stocks. Si cette pratique a pu protéger certains agriculteurs, elle a également affaibli les prix agricoles après la récolte, au moment où la plupart des agriculteurs vendent la majeure partie de leur production. Ces effets opposés montrent comment la crise et la prospérité ont caractérisé simultanément divers secteurs de l'agriculture brésilienne au cours des 10 dernières années.
Pour le Brésil, les années 80 ont constitué une période de turbulences économiques extraordinaires et de recherche acharnée d'un dosage politique approprié qui a abouti aussi bien à des réussites qu'à des échecs. Au total, le taux de croissance a été décevant et l'inflation catastrophique. La crise, et les mesures prises pour y faire face, ont touché tous les secteurs et toutes les activités économiques. Malgré tout, l'agriculture a fait preuve d'une capacité remarquable à refaire surface dans les circonstances les plus difficiles. Ce phénomène s'explique en partie par les caractéristiques structurelles et l'inertie de l'agriculture qui la rendent moins vulnérable aux chocs économiques, commerciaux et politiques que d'autres secteurs; mais la situation particulière de l'agriculture brésilienne - son territoire immense et ses riches ressources - y est également pour quelque chose.
D'autres facteurs ont joué un rôle tout aussi important, dont la politique des pouvoirs publics. Pendant la plus grande partie de cette période - en gros jusqu'en 1987 - les programmes publics de soutien sectoriel ont, malgré leurs lacunes et leurs incohérences, assuré une protection efficace aux producteurs qui y avaient accès. Après 1987, l'arrêt de l'intervention de l'Etat dans un contexte de restrictions financières et de perte de crédibilité, a conduit à une dégradation de la situation agricole qui a atteint son point culminant durant la courte crise de 1990-1991. Toutefois, l'agriculture s'est redressée par la suite, profitant de divers facteurs favorables: la reprise des marchés intérieurs et extérieurs, la diminution des risques grâce au contrôle des prix et à l'intervention de l'Etat sur le marché et des «règles du jeu» mieux définies et plus crédibles. Le renouvellement du soutien de l'Etat a également joué un rôle.
L'autofinancement de l'agriculture constitue un autre facteur non négligeable. Malgré une forte inflation et une conjoncture économique défavorable pendant les années 80, le fait que les agriculteurs ont moins compté sur des prêts et ont réussi à autofinancer leurs investissements et maintenir un taux raisonnable de croissance sectorielle témoigne clairement de la force et du potentiel de l'agriculture brésilienne. Néanmoins, l'autofinancement n'aurait pas été possible en l'absence des garanties limitées offertes par les programmes de soutien sectoriel, en particulier les prix minimums, et des possibilités financières offertes par le marché des obligations d'Etat.
Si l'agriculture a bien réagi au soutien de l'Etat et à l'évolution du marché, son développement a également connu certaines limites. D'abord, les agriculteurs n'ont pas tous pu bénéficier du soutien de l'Etat ou des possibilités financières du marché. Dans le même ordre d'idées, les fruits de la croissance agricole ont été irrégulièrement répartis selon les types de culture, selon les régions et selon les catégories de producteurs, et il reste beaucoup à faire pour corriger les déséquilibres structurels qui caractérisent encore le secteur rural. Tout fait penser qu'au cours des 10 dernières années la répartition déjà notoirement inéquitable des actifs productifs et des revenus au Brésil l'est devenue encore plus.
La tendance au déclin de l'autosuffisance alimentaire peut être considérée comme une anomalie compte tenu du riche potentiel agricole du Brésil et de la situation nutritionnelle précaire d'une grande partie de la population.
On peut certes soutenir que la promotion de l'agriculture d'exportation peut également contribuer à financer les importations alimentaires, peut-être d'une manière plus rentable, mais il est douteux que ce raisonnement puisse s'appliquer à un pays comme le Brésil jouissant d'avantages comparatifs réels et potentiels pour la production alimentaire et que les consommateurs pauvres tirent profit à long terme de ce processus.
La bonne réaction des producteurs aux incitations des pouvoirs publics et des marchés, même durant les années 80, particulièrement difficiles, et la reprise de la production agricole après 1990-1991, sont des signes encourageants. La sortie progressive de la crise économique et le nouvel environnement libéral qui prend forme devraient offrir des possibilités sans précédent à la croissance future de l'agriculture. Dans le nouveau cadre orienté vers le marché, les politiques de soutien sectoriel devraient mettre l'accent sur la création, surtout pour les petits paysans, des conditions de base nécessaires au développement général du secteur - infrastructures, technologie, vulgarisation rurale et éducation - plutôt que sur le soutien direct à court terme.
44 Les prix du café se sont accrus de 10,6 pour cent, ceux du sucre de 10 pour cent, de la viande de boeuf de 6 pour cent, du riz de 8 pour cent, du blé de 8,4 pour cent et du soja de 3 pour cent.
45 Voir La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 1993.
46 Il s'agit d'une initiative pour le commerce et l'investissement annoncée par les Etats-Unis en 1990 qui vise à promouvoir la libéralisation du commerce régional, à réduire la dette publique et à augmenter les investissements étrangers en Amérique latine et dans les Caraïbes. Elle repose essentiellement sur une proposition tendant à instaurer une zone de libre-échange dans l'hémisphère occidental. Toutefois, mis à part quelques engagements de réduction de la dette, aucun des objectifs de l'initiative n'a fait l'objet d'une mesure législative d'application ou d'un crédit budgétaire. Néanmoins, la perspective d'un élargissement du marché des Etats-Unis a constitué un message économique puissant dans l'ensemble de la région et tous les pays d'Amérique latine et des Caraïbes, à l'exception de trois, ont signé l'EAI avec les Etats-Unis.
47 Malgré le «choc de crédibilité» infligé par le plan Collor, la compression des liquidités a rendu son attrait au marché obligataire public et redonné une certaine efficacité à la politique monétaire. Elle a également contribué à réduire fortement la dette publique.
48 Dans une certaine mesure, le succès de la politique monétaire a eu des effets inattendus par rapport à sa cible principale, l'inflation, car les taux d'intérêt très élevés ont provoqué un afflux massif de capitaux qu'il est devenu difficile de gérer.
49 I. Goldin et G.C. Rezende. 1993. A Agricultura brasileira na década de 80: crescimento numa economia en crise. IPEA Serie No. 138. IPEA, Rio de Janeiro.
50 G.C. Rezende. 1992. Do Cruzado ao Plano collor: os planos de estabilização e a agricultura. Revista de Economia Política, 12(2): 106-125.
51 C. Contador et L.C.A. Silva Jr. 1992. Inflação, preços-relativoes e risco na agricultura: algumas notas. Anais do XXX Congresso Brasileiro de Economia e Sociologia Rural. SOBER, Brasilia.
52 B.D. Albuquerque. 1993. Brasil: la política de comercio exterior y el sector agropecuario. In FAO. Políticas de desarrollo de las exportaciones en países seleccionados de América Latina. Document RLAC/93/09-COEX-48. Santiago.
53 La valeur nominale des prêts a été indexée sur un certain pourcentage des variations de prix des obligations d'Etat (40 pour cent pour les petits producteurs et 60 pour cent pour les producteurs moyens et grands). En outre, les taux d'intérêt sont demeurés fixes. Après 1984, la valeur résiduelle des prêts a été ajustée en fonction de l'indice général des prix ou d'autres indicateurs financiers.
54 Cet écart de taux était négligeable dans le contexte de la forte inflation.
55 Coton, riz, haricots, oranges, manioc, maïs et soja; les prix du cacao, du café et du blé ont augmenté moins vite que les coûts financiers (CONAB, Anexo 4, CC 93/341).
56 Si on prend comme base 1981 = 100, les prix minimaux réels des principales cultures en 1990 et 1991 s'établissaient aux niveaux suivants: 40 et 47 (coton); 38 et 43 (riz); 51 et 60 (haricots); 57 et 59 (maïs); 42 et 48 (soja).
57 En 1988, l'organisme public responsable de la gestion des stocks a estimé les pertes annuelles à 4 pour cent.
58 Ainsi, en 1982-1983, un recul important de la production végétale a coïncidé avec une forte expansion des exportations aux dépens de l'approvisionnement local; en 1986, les exportations de viande de boeuf et de volaille ont été restreintes sans tenir compte des contrats à long terme conclus entre les entreprises d'exportation et leurs clients habituels, notamment au Proche-Orient. Les exportations de volaille ont gravement souffert et n'ont jamais retrouvé leur niveau antérieur.
59 Projet de surveillance de la Banque mondiale (LATAG).
60 Selon la théorie classique de constitution du portefeuille, plus le taux d'inflation attendu est élevé, plus les agents délaissent l'argent liquide au profit d'actifs réels, y compris les produits agricoles. En revanche, plus le taux d'intérêt servi sur les obligations d'Etat est élevé, plus les agents cherchent à les conserver.