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2. PRINCIPALES CARACTERISTIQUES DE L’ACTIVITE PECHE EN MEDITERRANEE

L’activité halieutique dans l’ensemble du bassin méditerranéen jouit d’une longue tradition. Elle se caractérise notamment aujourd’hui par la coexistence, parfois conflictuelle, d’un secteur "artisanal" (ou plus exactement côtier) et d’un secteur industriel, par la polyvalence de la grande majorité des unités de pêche, et par une grande dispersion en général des activités de pêche et de commercialisation tout au long des côtes (ex. près de 800 ports/débarcadères en Italie).

2.1 Composition des flottilles

Jusqu’à présent, les flottilles ont été assez mal étudiées en Méditerranée pour diverses raisons, d’où la difficulté à obtenir ce type d’informations sur le plan national et a fortiori à l’échelle de la région. Les études les plus récentes portant sur les flottilles industrielles indiquent que le nombre d’unités a probablement augmenté dans la plupart des pays durant les années 70 et 80, avec une croissance annuelle de 3-5% en moyenne (Caddy et Oliver, 1996). En parallèle, leur capacité de pêche individuelle a cru avec les progrès technologiques. S’agissant de la pêche "artisanale" (c.a.d. côtière), un chiffre de 100 000 unités est couramment avancé pour estimer son importance dans la région.

Une estimation de l’effectif actuel (période 1992-95) de la flottille a pu être réalisée dans le présent document sur la base d’une étude bibliographique. Selon les pays, la classification des unités de pêche est souvent différente. Celle-ci peut porter, selon les cas, soit sur le type d’engin utilisé principalement, soit sur l’espèce cible, ou alors soit sur le mode de pêche (distinction entre pêche côtière/petits métiers et pêche au large, ou entre pêche artisanale, pêche traditionnelle et pêche industrielle).

Afin de rendre possible une agrégation de ces données, une classification a été adoptée, qui repose surtout sur une distinction entre la pêche côtière et la pêche industrielle. La pêche côtière se caractérise par des marées dont la durée n’excède généralement pas 24 heures, un rayon de pêche limité, des investissements relativement peu élevés, un salariat peu développé, une saisonnalité marquée, et des circuits de commercialisation courts. Cette classification distingue les groupes suivants :

- pêche côtière : comprend les petits métiers, la pêche artisanale, la pêche traditionnelle et la pêche polyvalente (filets maillants, palangres, casiers...) réalisée par des équipage de 2-3 personnes. Les ressources cibles sont essentiellement des démersaux ;

- pêche chalutière de fond et pélagique (industrielle) : ciblée vers les ressources démersales et dans une moindre mesure vers les pélagiques ;

- pêche à la senne (industrielle) : ciblée essentiellement vers les petits pélagiques ;

- pêche thonière (industrielle) ; et

- autres (unités industrielles mixtes ou indéfinies, et dragues).

Sur la base de cette classification, on estime qu’il y a près de 84 100 unités de pêche opérant en Méditerranée, dont 71 780 unités de pêche côtière (85,4%), 8 500 chalutiers (10,1%), 2 890 senneurs (3,4%), 100 thoniers (0,1%) et 830 "autres" (1,0 %).

La prédominance de la pêche côtière par rapport à l’ensemble de la flottille se retrouve dans pratiquement tous les pays, à l’exception de l’Algérie et de l’Albanie où le ratio est inférieur à 50% et, dans une moindre mesure de l’Egypte et de l’Espagne où le ratio est compris entre 60 et 75%.

Les pays membres de l’UE possèdent par ailleurs environ 57% de la flottille "industrielle", c.a.d. autre que côtière.

Tableau 3. Etat "actuel" de la flottille et de l’emploi dans la pêche en Méditerranée

Flottille opérant en Méditerranée Pêcheurs
Pêche côtière Chalutiers Senneurs Thoniers Autres Méditerranée Autres
Albanie

17

72

21

- - nd nd
Algérie

780

280

690

- -

23,000

0

Bosnie nd nd nd nd nd nd nd
Croatie

5,000

767

276

- -

12,200

800

Chypre

527

15

- - -

1,100

0

Egypte

2,562

1,355

135

- -

36,000

115,400

Espagne

3,648

1,234

454

- -

21,600

67,200

France

2,000

165

26

34

3,600

14,700

Grèce

20,860

410

400

- -

37,000

3,000

Israël

400

30

26

- -

1,250

0

Italie

11,753

3,400

380

-

457

40,000

4,500

Liban

1,000

- - - -

3,250

nd
Libye

3,340

91

130

- -

4,700

0

Malte

1,600

9

- - -

1,250

0

Maroc

2,000

56

- -

360

7,200

90,900

Slovénie

95

- - -

14

400

120

Syrie

1,470

20

- - -

4,200

2,500

Tunisie

13,680

458

319

65

-

60,000

700

Turquie

1,045

134

28

- - nd nd
Serbie nd nd nd nd nd nd nd

Remarques

- Croatie: pour la pêche côtière, (14.760 petits bateaux "enregistrés", pour un total de 12.230 pêcheurs, dont 9.750 occasionnels), l'hypothèse de calcul 2,5 pêcheurs pour 1 bateau côtier a été pris, soit environ 5.000 bateaux).

- Chypre: pour la pêche côtière, sont comptés 36 "large pelagic fishery" impliqués surtout dans la pêche à l'espadon.

- Egypte: sur les 2.562 bateaux côtiers, on a 547 palangriers, 385 trémailleurs et 1.630 autres bateaux.

- France: les 26 "senneurs" correspondent à 26 lamparos.

- Libye: les 130 "senneurs" correspondent essentiellement à des lamparos, et les chalutiers représentent l'essentiel de la flotte industrielle de 91 navires

- Maroc: les 360 "autres" se composent de 214 palangriers et de 146 mixtes (chal-sardin, chal-pal., pal-sard)

- Slovénie: les 14 "autres" sont composés de chalutiers et de senneurs de 25-30 m

- Tunisie: le nombre de chalutiers a été estimé d'après les résultats provisoires du projet FAO/TCP/TUN/4552

La figure 4 donne des indications sur la répartition de cette flottille entre les pays, en ne distinguant cependant que deux catégories : la pêche côtière et la pêche industrielle.

Figure 4. Répartition de la flottille de la pêche (côtière/industrielle) en Méditerranée

(source : tableau 3)

Le ratio "nombre d’unités de pêche / km de côtes" s’établit à 1,9 à l’échelle de la région (1,6 unités de pêche côtière et 0,3 de pêche industrielle), et à 3,4 en moyenne régionale, ce qui indique que la concentration des unités de pêche le long des côtes est très différente selon les pays. Le ratio régional est en fait fortement influencé par celui de la Grèce, de l’Italie et de la Tunisie qui concentrent près des deux tiers des unités de pêche et englobent près de la moitié de la longueur de côtes total (la Grèce a une tendance à diminuer le ratio tandis que la Tunisie a une tendance au contraire à fortement l’augmenter). Sur les dix-huit pays pris en compte dans ces calculs, onze d’entre eux ont des ratios supérieurs au ratio régional (1,9 par km de côte).

La classification employée dans le présent document peut paraître questionable car il conviendrait également de distinguer des sous-groupes au sein de chaque groupe, pour prendre en compte notamment les différences de capacité de pêche pouvant exister au sein d’un même groupe. Les principales remarques concernant les limites de cette classification sont exposées ci-dessous.

En ce qui concerne la flottille "industrielle", les chiffres avancés ne correspondent pas forcément à des unités en activité. Dans certains pays, une bonne partie de cette flottille est en effet inopérationnelle compte tenu de problèmes ou réajustements structurels (privatisations en cours, problèmes de main d’oeuvre qualifiée, problèmes de pièces de rechange, problèmes de manque de capacité d’usinage des industries de transformation, etc.). Un autre aspect qu’il convient également de prendre en considération est le caractère saisonnier de certaines pêcheries industrielles qui incite les armateurs à changer de méthodes de pêche et de ressources cibles au cours de l’année. Aussi, un nombre considérable de bateaux industriels sont des bateaux multi-engins (ex. au Maroc, près de 35% de la flottille "industrielle", appelée localement "pêche côtière", est multi-engins).

Par ailleurs, la flottille "industrielle" méditerranéenne ne correspond pas à une flottille industrielle stricto sensu. Il serait peut-être plus pertinent de la qualifier en général de flottille semi-industrielle. Enfin, et quelque soit le degré d’industrialisation de ces flottilles, l’importance de la flottille industrielle, en effectif, comparé à celui de la pêche côtière est peu utile pour estimer leur contribution réelle respective à l’effort de pêche total. Par exemple, la flottille industrielle en Grèce, qui représente environ 4% de l’effectif total, représentait en 1990 environ 40% de la capacité totale (mesurée en TJB) et 25% de la puissance motrice totale de la flottille grecque. En Italie, en 1989, la flottille industrielle qui représentait 24% de l’effectif de la flottille nationale représentait 62% du tonnage.

En ce qui concerne la pêche côtière, les chiffres présentés doivent être pris avec circonspection car ils agrègent des unités de pêche aux caractéristiques techniques souvent très différentes (tonnage moyen, puissance motrice, nombre et qualité des engins utilisés, nombre de jours de pêche dans l’année....). De plus, il est difficile d’identifier une ressource cible en fonction de cette classification. A titre illustratif, les "petits métiers" dans les quatre pays membres de l’UE utilisent près de 45 techniques de pêche et capturent au moins une centaine d’espèces différentes.

On peut également souligner qu’une partie importante de la flottille côtière opère en dehors des eaux sous juridiction nationale. Cela pourrait notamment s’expliquer par le fait que les unités de pêche côtière se caractérisent souvent par une grande mobilité : leur capacité (tonnage) est relativement faible mais leur puissance motrice est relativement élevée.

Cette classification, bien qu’insuffisante pour mesurer l’effort de pêche réel, permet néanmoins d’obtenir des indications sur la structure des flottilles.

Le CGPM a décidé à sa 21e session de fixer à 15 m la longueur minimum à laquelle s’applique l’Accord visant à promouvoir le respect par les navires pêchant en haute mer des mesures internationales de conservation et de gestion (Résolution 95/2). Consécutivement à cette Résolution, un registre des navires devrait être mis en place, ce qui permettra notamment d’améliorer les connaissances sur l’effort de pêche. Cependant, l’information collectée ne portera que sur une partie seulement de la flottille (ex. 4% en Grèce, 22% en Italie), c.a.d. essentiellement la flottille industrielle qui assure environ la moitié des captures totales en Méditerranée.

2.2 Contribution des flottilles aux captures et au chiffre d’affaires

La contribution respective de la pêche côtière et de la pêche industrielle aux captures n’a pas pu être estimée à l’échelle de la région. Lorsque l’information est disponible, on peut constater que cette contribution respective est fonction du contexte économique et halieutique des pays concernés. Dans les pays à faible production halieutique, la contribution de la pêche côtière aux captures totales semble très variable, empêchant toute généralisation (ex. Chypre 58%, Israël 29%, Slovénie 10%, Syrie 87%). Dans les pays à forte production halieutique, les informations disponibles laisseraient supposer en revanche que la pêche côtière contribue globalement autant que la pêche industrielle aux captures totales (ex. Grèce 56%, Italie 41%, Tunisie 44%).

S’agissant de l’évolution de la contribution des deux grands types de pêche aux captures totales, on peut mentionner le cas de l’Italie et de la Grèce pour la période 1990-93, pour lesquels des informations sont disponibles. En Italie, on constate que la contribution respective des deux grands types de pêche n’a pas changé. En revanche, en Grèce, la proportion s’est inversée : en 1990, la pêche industrielle contribuait à hauteur de 67% des débarquements, alors qu’en 1993 sa contribution n’était plus que de 44%. En parallèle, la production dans ce pays a augmenté d’environ 20% au cours de ces quatre années de référence, notamment suite à la mise en oeuvre de programmes communautaires de modernisation de la flottille.

La contribution respective de la pêche côtière et de la pêche industrielle au chiffre d’affaires de la pêche n’a pas pu être estimée à l’échelle de la région. Lorsque l’information est disponible par pays, on peut toutefois constater que la contribution de la pêche côtière par rapport à celle de la pêche industrielle est proportionnellement plus importante en valeur qu’en volume. Ceci s’explique par la composition des débarquements de la pêche côtière (importance relative des démersaux), et également par une meilleure valorisation des produits (cf. figure 5).

Figure 5. Contribution de la pêche côtière aux débarquements en volume et en valeur

Le prix du poisson (valeur des débarquements) en Méditerranée est relativement très élevé par rapport aux cours mondiaux. D’après les estimations produites par la FAO / FIDI, le prix moyen du poisson en Méditerranée est de 4 300 $EU/t, ce qui représente près de cinq fois le prix moyen de la production mondiale de poisson (910 $EU/t en 1995).

L’existence d’un prix élevé du poisson tient en particulier à la prédominance de marchés de proximité relativement porteurs (existence d’une demande importante en zone côtière en raison de la pression démographique, et, dans certains cas, du développement du tourisme). Cela peut également s’expliquer par l’importance des circuits de commercialisation courts, privilégiant la vente des produits en frais. Ainsi, en raison du faible nombre d’intermédiaires, les pêcheurs peuvent capter une partie plus importante de la valeur ajoutée de la filière. A titre d’exemple, il est estimé que, en France et en Grèce, près des trois quarts de la production méditerranéenne sont vendus hors criée.

Une autre raison peut également être invoquée pour expliquer le maintien d’un prix élevé en Méditerranée. Il s’agit des mécanismes de régulation des sorties/débarquements de la pêche côtière par la profession afin d’éviter de saturer les marchés (ex. rôle des Confradias en Espagne ou des Prud’homies en France).

2.3 Caractéristiques sur l’emploi

Le nombre de pêcheurs opérant en Méditerranée, à temps partiel ou à temps complet, peut être estimé à 257 000 au minimum. Cette estimation ne prend cependant pas en compte les données de quatre pays pour lesquels on ne dispose pas d’informations (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Turquie et Serbie-Monténégro). En se fondant sur une hypothèse selon laquelle la productivité du travail dans la pêche (production / nombre de pêcheurs) pour les seize pays concernés est en moyenne de 4, 7 tonnes par pêcheur (cf. figure 7), on peut, en extrapolant, estimer qu’il y a au total environ 280 000 pêcheurs en Méditerranée.

La distinction entre pêcheurs côtiers et pêcheurs industriels n’a malheureusement pas pu être faite. De manière générale, lorsque l’information est disponible, on constate que la pêche côtière est un fournisseur d’emplois important (ex. Croatie 80%, Egypte 31%, Espagne 33%, France 67%).

Figure 6. Répartition du nombre de pêcheurs en Méditerranée

(source : tableau 3)

Sur la base d’une productivité du travail dans la pêche s’établissant à 4,7 t/an par pêcheur dans la région, la moyenne régionale serait de 4,3 t/an par pêcheur. Sur les quinze pays pris en compte dans ces calculs, six d’entre eux affichent une productivité supérieure à la moyenne régionale.

Ces différences de productivité peuvent également être mises en évidence en comparant la contribution respective des pays aux captures et à l’emploi totaux en Méditerranée : en moyenne 64% et 40% pour les pays membres de l’UE, et 22% et 51% pour les pays de l’Afrique du Nord.

Figure 7. Productivité du travail dans la pêche en Méditerranée

(sources : tableau 3 et annexe 2)

Ces éléments d’analyse sur la productivité du travail ne sont cependant que partiels car la structure de l’emploi en fonction du type de pêche, et selon les pays, peut être très différente. Par exemple, dans la pêche côtière, le salariat est généralement peu développé. Ainsi, en Espagne, les propriétaires de bateaux côtiers, qui assurent environ 40% du volume de travail, se rémunèrent souvent sur la base du bénéfice d’exploitation réalisé, le système de rémunération des pêcheurs se faisant quant à lui essentiellement "à la part", proportionnellement aux captures débarquées.

Une autre caractéristique de la pêche côtière, à prendre en compte dans le cadre de l’étude de la productivité du travail, est que la pêche ne constitue souvent qu’une activité saisonnière en Méditerranée.

Pour les pays pour lesquels on dispose d’informations, la productivité du travail dans la pêche côtière est nettement moindre que dans la pêche industrielle. Cela peut être mis en évidence en comparant la contribution de la pêche côtière aux captures totales et à l’emploi (cf. figure 8).

En l’absence de données historiques, il est difficile d’évaluer les grandes tendances de l’évolution de l’emploi dans la pêche en Méditerranée. On peut toutefois relever que dans les pays membres de l’UE, les politiques de restructuration des flottilles (modernisation et réduction) sembleraient davantage affecter l’emploi dans la pêche côtière que dans la pêche industrielle. En France, par exemple, où le nombre de marins pêcheurs a diminué de 21% entre 1987 et 1990, ce sont essentiellement les petits métiers qui ont été touchés par le chômage.

Figure 8. Contribution de la pêche côtière aux captures totales et à l’emploi dans le

secteur des pêches en Méditerranée

Une autre caractéristique de l’emploi dans la pêche en Méditerranée peut être mise en évidence en évaluant, dans le cas des pays possédant et/ou exploitant d’autres pêcheries maritimes, la contribution de la pêche méditerranéenne aux performances du secteur des pêches "pris dans sa globalité". Pour ces pays, on constate que la pêche méditerranéenne contribue en proportion davantage à l’emploi qu’aux captures (cf. figure 9). Cela pourrait attester de la forte intensité de main-d’oeuvre de la pêche en Méditerranée, avec toutes les nuances qu’il convient cependant d’apporter compte tenu de son caractère saisonnier marqué.

Figure 9. Contribution de la pêche méditerranéenne aux performances du secteur des

pêches au niveau national (captures et emplois)

En ramenant le nombre de pêcheurs à la longueur de côtes, on peut estimer qu’il y a à l’échelle de la région 6,5 pêcheurs par km de côte. La moyenne régionale s’établit quant à elle à 12,2 pêcheurs par km de côte. Les pays membres de l’UE se situent en dessous de la moyenne, tandis que les pays de l’Afrique du Nord (à l’exception de la Libye) se situent en dessus de la moyenne. Pour les autres pays concernés par les calculs, les résultats sont variables en fonction de la structure des flottilles. Les deux pays insulaires se situent en dessous de la moyenne.

Les caractéristiques socio-économiques de l’emploi dans la pêche en Méditerranée sont mal connues. Par exemple, les questions liées à la rémunération des pêcheurs, et leur ordre de grandeur par rapport au salaire minimum dans les pays, sont souvent ignorées. La disponibilité de quelque études permet toutefois de définir quelques constantes. Ainsi, les pêcheurs côtiers entrent dans le secteur souvent par "affiliation", en raison du caractère héréditaire de la profession. Ils ont généralement un faible niveau de qualification, et un âge moyen élevé. Une grande partie des pêcheurs sont par ailleurs pluriactifs, la pêche se pratiquant souvent de manière saisonnière ou n’occupant qu’une partie de la journée de travail. Cependant, de manière générale, les données, ou études, qui permettraient de mieux comprendre les dynamiques économiques et sociales des pêcheries (étude des stratégies de pêche) font défaut dans la région.

2.4 Structure des coûts d’exploitation

Les études de coûts/bénéfices sur les pêches en Méditerranée sont rares, ou alors lorsqu’elles existent sont difficilement disponibles. Pour aborder ces questions, le présent document se fonde essentiellement sur les résultats d’études économiques réalisées en Italie par l’IREPA, et socio-économiques réalisées en Espagne, en France et en Italie au début des années 90.

Une unité de pêche industrielle mobilise en moyenne un investissement six fois plus élevé qu’une unité de pêche côtière. Le chiffre d’affaires moyen est 5 à 6 fois plus élevé que celui d’une unité de pêche côtière.

Le coût total par unité de capture ne semble pas différer fondamentalement entre la pêche côtière et la pêche industrielle. Le prix moyen d’un kilo de poisson produit est en revanche plus élevé dans la pêche côtière.

L’étude des coûts variables indique que le poste le plus important est celui du carburant/lubrifiant. Ramené aux coûts totaux, ce poste représenterait environ 40% dans le cas de la pêche industrielle et 25% dans le cas de la pêche côtière. La pêche industrielle est par conséquent plus sensible à l’évolution des prix du carburant.

En ce qui concerne les coûts fixes, on peut distinguer deux principaux postes que sont la maintenance et les salaires. Ramené aux coûts totaux, le poste maintenance représente environ 10% dans le cas de la pêche industrielle et 20% dans le cas de la pêche côtière. Les unités de pêche côtière disposent en général d’une large panoplie d’engins (d’où le coût important de la maintenance), ce qui leur permet de s’adapter plus facilement aux changements saisonniers des conditions de pêche et des marchés.

Le poste salaires constitue le poste le plus élevé des coûts fixes pour la pêche industrielle. Ramené au chiffre d’affaires, le poste salaire représente environ 40% pour la pêche industrielle et 23% dans le cas de la pêche côtière. Cette différence majeure peut s’expliquer par les caractéristiques de l’emploi dans la pêche côtière (salariat peu développé, saisonnalité de l’emploi...). Les capacités d’adaptation aux conditions de pêche et de marché, et la flexibilité dans les modes de gestion des entreprises pourrait du reste expliquer le maintien de la pêche côtière dans des proportions importantes en Méditerranée.

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