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4. CONCLUSION

Le présent document a été réalisé uniquement sur la base d’une étude bibliographique. Les données présentées sont partielles et incomplètes. Le manque de séries historiques cohérentes a par ailleurs empêché de développer une analyse dynamique de l’évolution des pêcheries. De plus, les aspects micro-économiques n’ont été traités que sur la base d’études de cas réalisées dans quelques pays. Enfin, on peut souligner que l’analyse de la dimension humaine du secteur dans une région aussi diverse des points de vue politique, économique, social, culturel et historique n’a pas pu être approfondie.

Toutefois, en procédant à une revue globale des principaux aspects de la pêche, le document met en évidence certaines spécificités du secteur en Méditerranée. L’une des plus importantes concerne la contribution importante des pêches côtières dans la réalisation des performances économiques et sociales du secteur. Les flottilles opérant en Méditerranée, côtières ou industrielles, ont par ailleurs des modes d’exploitation particuliers (ex. forte intensité de main-d’oeuvre, polyvalence des engins utilisés, organisation de la commercialisation orientée vers le frais).

Les données et études économiques sur les pêches, industrielles et côtières, en Méditerranée sont rares. Pourtant, il est reconnu que la disponibilité de quelques indicateurs faciliterait le processus de planification de l’aménagement des pêcheries (ex. structure des coûts, répartition de la valeur ajoutée, coûts d’opportunité en zones littorales, effets économiques induits fondés sur le concept de filière, etc.). Quelques études existent, notamment sur la pêche côtière. Par exemple, certaines d’entre elles suggèrent que le maintien de cette pêche pourrait s’expliquer, dans certains cas, par des motivations d’ordre socioculturel, et non en raison de la profitabilité des investissements ou des coûts d’opportunité du travail. L’économique (recherche d’un certain équilibre financier) pourrait ainsi, dans certains cas, être un moyen, pour se maintenir dans l’activité, et non l’objectif principal des pêcheurs côtiers. Ce type de résultats, qui reste à valider, atteste de l’intérêt de développer des études économiques sur la pêche en Méditerranée.

La présentation de quelques indicateurs macro-économiques permet de mettre en évidence la dimension "nord-sud" au sein de la Méditerranée. Cela se traduit implicitement par une grande diversité selon les pays en termes d’objectifs de politique générale et aussi en termes de moyens disponibles pour les mettre en oeuvre et les évaluer. Tous ces éléments ont une incidence sur les politiques des pêches conduites dans les différents pays ainsi que sur les objectifs de l’aménagement des pêcheries. Dans le cadre de la coopération halieutique régionale, les questions liées à la problématique "nord-sud" mériteraient d’être davantage étudiées, ceci afin d’apporter une meilleure visibilité lors des prises de décision communes en matière d’aménagement. Par exemple, dans certains pays, les priorités demeurent orientées vers la réduction de l’effort de pêche (programmes de modernisation et de réduction de la flottille), alors que dans d’autres pays, les priorités sont tournées vers l’augmentation et/ou la restructuration du nombre d’unités de pêche (plans de développement) ou encore vers la rationalisation de l’activité des unités (établissement de conditions de marchés plus libérales). Un autre exemple est que tous les pays ne disposent pas des mêmes moyens, ou mécanismes financiers, pour accompagner les politiques d’aménagement pouvant avoir des conséquences économiques et sociales négatives sur la filière, ce qui peut constituer un blocage pour leur mise en application.

Le présent document met également en exergue la diversité des situations rencontrées dans chaque pays par rapport aux enjeux économique et social de la pêche en Méditerranée, d’une part, dans le secteur pris dans sa globalité (c.a.d. incluant toutes les pêcheries et l’aquaculture), et, d’autre part, dans l’économie nationale et/ou locale, que ce soit en termes de production de poisson, de création de richesses et de création d’emplois. Selon la nature de ces enjeux, les attentes des pays, ou des autorités administratives locales, vis-à-vis de l’aménagement des pêcheries en Méditerranée risquent d’être très diverses selon les pays, ou groupes de pays. Dans le cadre de la coopération halieutique régionale, ou sous-régionale, l’étude des objectifs de l’aménagement (et des éventuels indicateurs de gestion utilisés dans les différents pays) faciliterait les prises de décision communes.

De manière générale, il est reconnu que les questions socio-économiques ne sont pas suffisamment prises en compte aujourd’hui dans le processus décisionnel pour l’aménagement des pêcheries en Méditerranée. Car même si l’objectif prioritaire de l’aménagement demeure la protection et la conservation des ressources halieutiques - la Méditerranée ne déroge pas à cette règle-, les responsables de l’aménagement auront de plus en plus besoin à l’avenir de critères objectifs de décision émanant des résultats des travaux de recherche et études conduits dans le domaine des sciences sociales.

Les conclusions du présent document suggèrent, de manière non exhaustive, un certain nombre d’axes de travail destinés à soutenir le processus de planification de l’aménagement des pêcheries en Méditerranée. Parmi ceux-ci, on peut mentionner en particulier les axes suivants, dont la mise en oeuvre pourrait se faire sous l’impulsion et la coordination du CGPM :

· Développement de la recherche halieutique en sciences sociales (économie, socio-économie, enjeux et objectifs de l’aménagement notamment).

· Prise en compte des spécificités de la pêche en Méditerranée lors de la définition des stratégies d’aménagement des pêcheries, au plan national et dans le cadre de la coopération régionale (ex. dynamiques économiques de l’exploitation, insertion des politiques d’aménagement de certaines pêcheries dans la gestion des zones côtières, dimension nord-sud).

· Amélioration des connaissances sur la pêche côtière dans le cadre de l’aménagement des pêcheries reposant sur l’exploitation de stocks sous juridiction nationale mais également sur l’exploitation des stocks transfrontaliers.

· Identification et mise en oeuvre d’un système de suivi socio-économique régional de la pêche dans la zone de compétence du CGPM.

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