La communication est sans doute lune des grandes questions de notre temps. Aujourdhui et à la faveur de la mondialisation, les enjeux stratégiques et économiques quelle présente sont incommensurables: dune part, parce que la communication permet avant tout de prendre des décisions qui, de plus en plus, ne relèvent plus de lintuition ou du simple bon sens et, dautre part, parce que - par les connaissances quelle induit - elle crée les conditions dune intégration progressive des communautés.
Cest pourquoi, depuis bientôt un an, le Niger sest engagé - avec lappui financier du Fonds des Nations Unies pour lenfance (UNICEF) et lOrganisation des Nations Unies pour lagriculture et lalimentation (FAO) - dans la mise en uvre dune politique nationale de communication pour le développement (PNCD) dont lobjectif est de prendre en compte les véritables préoccupations des populations des aires agro-pastorales autant dans le choix et la définition de leurs propres objectifs de développement que dans la réalisation des options dune communication adaptée à leurs exigences et à leurs besoins.
Dans les faits, la démarche nest pas nouvelle dans la mesure où, au lendemain de lindépendance déjà, les autorités de la 1ère République avaient initié et expérimenté une politique qui faisait de lhomme nigérien le moyen et la fin du développement, politique qui sappuyait essentiellement sur la participation populaire.
Dans le schéma préconisé, les autorités de lépoque avaient privilégié les lignes de force de lanimation, de la coopération et de linformation pour soutenir et promouvoir léconomie à travers une modernisation des modes de production du monde rural, la vulgarisation de thèmes techniques, la valorisation des langues nationales et, à travers les radios clubs, la verbalisation collective de messages plus adaptés aux différentes ambiances orales
La création dun Commissariat général de la promotion humaine participait de cette logique politique qui mettait lhomme nigérien au centre de toutes les actions de développement. Cétait cela lidéal de la société de développement conçue dès lorigine, cest-à-dire pendant les années 60; cétait comme le substratum de toutes les options du Niger en matière de création de richesse, damélioration des conditions de vie et déducation politique des populations afin que, conscientes des enjeux de la post-colonisation, celles-ci puissent assumer le devenir de leur pays.
En eux-mêmes, les objectifs de ce projet de société étaient nobles en tant quils sinscrivaient dans une dynamique réflexive, prospective, transversale et interactive:
Réflexive parce que les autorités de la 1ère République ont mis à contribution les trois premières années de lindépendance pour réfléchir, analyser, concevoir et décider - par lentremise dun plan intérimaire - des actions à entreprendre pour engager le Niger et son peuple dans le combat contre les aléas du sous-développement;
Prospective parce que leur souci était dinscrire ces actions dans la durée (Perspectives décennales 1964 - 1973), dassurer leur visibilité, dapprécier le degré de leur cohérence et de mesurer la pertinence de leur cadrage en termes dimpact et dévaluation formative. Pour conférer une plus grande efficacité à cette politique, les pouvoirs publics avient décidé également de promouvoir lorganisation administrative et politique (réforme de 1964) pour rapprocher non seulement ladministration des administrés, mais pour favoriser surtout les conditions dune meilleure homogénéisation des zones de développement. Une telle démarche pouvait évidemment aider à la résolution des problèmes de développement si les hommes politiques navaient dévié le projet de société de ses objectifs, et si lénergie des populations navait été canalisée dans le moule réducteur de la pensée unique;
Transversale parce que, lieu de connaissances par excellence, la communication se situe à la confluence des neurosciences, des sciences cognitives et donc du cerveau (langage, mémoire, traitement des images...), et de la technique, cest-à-dire des machines et des sciences sociales;
Interactive parce que la communication pour le développement est essentiellement orientée vers les activités de terrain et que, généralement, tous les acteurs de développement à la base sont, chacun dans son domaine, des communicateurs avisés.
Aujourdhui, la politique nationale de communication pour le développement que lon envisage de promouvoir correspond à lévolution et aux exigences de la société nigérienne dont lancrage démocratique peut être considéré, depuis la Conférence nationale des années 90, comme un atout majeur, avec la multiplication notamment des espaces de liberté, la diversification du paysage politique, le foisonnement des médias, le renforcement des capacités institutionnelles des organisations paysannes et de la société civile, etc.
Les conditions semblent donc réunies pour engager les populations dans la réalisation de leurs propres objectifs, en remisant les concepts désuets du développement pour ou du développement avec pour promouvoir les notions plus prégnantes de lautopromotion et du développement à la base.
Pour asseoir les bases de telles options, le Gouvernement nigérien, la FAO et lUNICEF ont décidé, dès 1997, de mettre en commun leurs efforts pour élaborer lossature dun projet de politique de communication pour le développement.
Après un inventaire systématique des besoins en communication des différentes régions du Niger consigné dans une dizaine détudes sectorielles et thématiques (radio, presse écrite, télévision et vidéo, technologies de la communication, communications institutionnelle, gouvernementale et traditionnelle, les nouvelles technologies de linformation et de la communication, la formation, etc.), les enquêtes de terrain qui en ont précisé les contours, le projet de PNCD en est aujourdhui à la phase de validation.
Ainsi, du 3 août au 12 septembre 2001, une équipe conjointe Ministère de la communication/partenaires FAO-UNICEF a sillonné le Niger pour recenser les besoins en information et communication des populations de toutes les régions et débattre de la problématique de la communication pour le développement avec les cadres des services techniques décentralisés et déconcentrés, les représentants des organisations non gouvernementales, les associations de la société civile, etc.