NOTES SUR LA NUTRITION
Pesez régulièrement les jeunes enfants et donnez des conseils sur l'alimentation; un enfant en bonne santé est un enfant qui grandit bien |
La plupart des enfants courent les plus grands risques de malnutrition entre l'âge de 6 mois environ (ils grandissent vite et le lait maternel à lui seul ne peut pas couvrir tous les besoins en nutriments) et de 2 ou 3 ans (la croissance se ralentit et ils peuvent manger tout seuls).
Les familles et le personnel de santé peuvent savoir si un enfant est bien nourri ou mal nourri en le pesant de façon régulière et en reportant son poids sur un graphique de croissance (voir la figure 14 à la page 98). Un enfant peut:
prendre du poids au rythme d'un enfant en bonne santé, ce qui signifie qu'il est certainement bien nourri et se porte bien;
prendre du poids trop lentement ou ne pas en prendre du tout, ce qui indique que quelque chose ne va pas; il se peut que l'enfant soit malade et/ou ne mange pas assez;
perdre du poids, ce qui est très mauvais signe; l'enfant ne mange pas assez et risque fort d'être malade;
prendre du poids plus rapidement qu'un enfant en bonne santé, ce qui signifie sans doute qu'il récupère le poids perdu pendant une maladie, mais peut aussi signifier qu'il a un problème de santé pouvant déboucher sur l'obésité.
Un enfant souffre de dénutrition sévère quand:
Ces enfants sont très malades et doivent recevoir immédiatement un traitement à l'hôpital. Assurez-vous qu'ils sont au chaud et alimentés pendant qu'on les transporte à l'hôpital.
Les enfants dénutris ont besoin de repas fréquents et nutritifs |
Le personnel de santé doit travailler avec la famille de l'enfant dénutri pour:
chercher à découvrir pourquoi l'enfant ne grandit pas bien; il doit poser des questions sur les habitudes alimentaires (quantité de nourriture, variété et fréquence des repas), l'appétit, le comportement et les maladies; examiner l'enfant pour détecter d'éventuelles infections ou tout état relevant de la médecine; essayer de trouver les causes sous-jacentes, telles que pénuries alimentaires dans la famille, pratiques alimentaires médiocres ou soins insuffisants consacrés à l'enfant (voir l'introduction à la page 11);
planifier avec la famille comment aider l'enfant, et la famille devra:
- mieux nourrir l'enfant, ce qui peut signifier augmenter l'allaitement maternel, améliorer l'alimentation complémentaire, nourrir plus souvent et/ou accorder davantage d'attention à l'enfant pendant les repas (voir les thèmes 6 et 7); il convient de parler avec la famille des croyances concernant l'alimentation des enfants et des obstacles à une meilleure alimentation (par exemple, le manque de ressources telles que nourriture, argent, temps disponible ou moyens de cuisson), puis de décider avec la famille quelles améliorations elle peut et désire apporter en matière de pratiques alimentaires;
- faire donner un traitement à l'enfant s'il est malade, et apprendre comment prévenir à l'avenir les infections infantiles.
Figure 14. Contrôler que les enfants se développent bien en les pesant souvent
Le personnel de santé doit surveiller très attentivement le poids des enfants dénutris. Si une famille n'est pas en mesure de fournir à l'enfant un régime alimentaire sain et équilibré, il vous faudra peut-être distribuer pendant un certain temps des produits alimentaires (inscrivez l'enfant dans un programme d'alimentation complémentaire) et des micronutriments (par exemple, vitamine A et fer), ce qui ne vous empêche pas d'aider la famille à décider comment mieux nourrir l'enfant. Il faut parfois orienter la famille vers un assistant social, un agent de terrain spécialisé en agriculture, ou tout autre service communautaire, afin que les causes sous-jacentes d'une médiocre nutrition soient mieux prises en compte.
(voir également l'introduction à la page 11)
Conseillez aux personnes anémiques d'avoir une alimentation riche en fer et, si nécessaire, donnez des suppléments de fer |
Les signes d'anémie sont les suivants:
taux d'hémoglobine faible (<13 g/dl chez les hommes; <12 g/dl chez les femmes non enceintes et les adolescents; <11 g/dl chez les femmes enceintes et les jeunes enfants; 11,5 g/dl chez les enfants de 5 à 11 ans);
paumes des mains et paupières inférieures pâles.
Les principales causes d'anémie sont:
le manque de fer, qui est la cause la plus fréquente dans de nombreuses régions, les autres causes d'origine nutritionnelle étant le manque de folate, de vitamine B12 et de vitamine A;
le paludisme, l'infection parasitaire due à l'ankylostome, d'autres infections (par exemple le VIH/SIDA), un fort saignement et la drépanocytose.
Les personnes anémiques:
ont besoin de savoir comment améliorer leur régime alimentaire pour obtenir plus de fer, c'est-à-dire en consommant davantage d'aliments riches en fer (notamment viande, abats, volaille et poisson) et d'aliments qui favorisent l'absorption de fer, par exemple les fruits (voir l'encadré 6 à la page 24, ainsi que les tableaux 1 et 3 à l'annexe 1);
ont souvent besoin qu'on leur prescrive des suppléments de fer et parfois de folate, comme l'acide folique, et d'autres suppléments en micronutriments, en plus d'une bonne alimentation; il faut leur expliquer qu'elles doivent prendre ces suppléments de façon régulière et aussi longtemps qu'ils sont prescrits, et les avertir des effets secondaires des suppléments de fer, tels que l'indigestion (à laquelle on remédie en prenant les suppléments en même temps que la nourriture) et les selles noires;
ont parfois besoin d'un traitement pour d'autres causes d'anémie, comme l'infection parasitaire due à l'ankylostome, le paludisme ou d'autres parasitoses, entre autres la bilharziose.
Traitez toutes les causes de l'anémie |
Expliquez aux personnes anémiques ou à leur famille que, pour éviter l'anémie à l'avenir, elles doivent:
avoir une alimentation riche en fer (et en vitamine C si le fer provient principalement d'aliments d'origine végétale); il arrive que des suppléments de fer soient nécessaires, par exemple pendant la grossesse, mais ils ne doivent jamais remplacer une bonne alimentation;
prévenir l'infection parasitaire due à l'ankylostome, le paludisme et d'autres causes d'anémie.
(voir également l'introduction à la page 12)
Trouvez quels sont les aliments riches en vitamine A disponibles et encouragez leur consommation |
Quand le régime alimentaire est pauvre en vitamine A, le système immunitaire s'affaiblit, ce qui entraîne souvent la maladie et la mort, notamment chez les enfants. Une avitaminose A sévère affecte la vision; l'un des premiers signes est la cécité crépusculaire (incapacité d'y voir au crépuscule et quand la lumière est faible). Il risque d'y avoir un problème d'avitaminose A dans la région, si le taux de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans est élevé (plus de 50 décès pour 1 000 naissances) et/ou si beaucoup de femmes souffraient de cécité crépusculaire pendant leur dernière grossesse menée à terme (au moins 5 pour cent).
encourager la consommation d'aliments enrichis en vitamine A (par exemple, matières grasses et huiles), si on peut s'en procurer et s'ils présentent de l'intérêt par rapport à leur prix;
donner des suppléments de vitamine A aux jeunes enfants, ainsi qu'aux femmes pendant les six semaines qui suivent l'accouchement, selon les protocoles nationaux; il ne faut jamais donner de fortes doses de suppléments de vitamine A à une femme qui pourrait être enceinte, car cela risquerait de porter préjudice à l'enfant à naître;
faire aux enfants les vaccins de routine pour empêcher des infections comme la rougeole; les enfants avec la rougeole commencent souvent une carence en vitamine A.
Si une personne présente des signes oculaires d'avitaminose A, tels que la cécité crépusculaire ou la xérosis (sécheresse) de la conjonctive ou de la cornée, elle doit recevoir d'urgence des soins médicaux et des suppléments de vitamine A.
Les personnes trop grosses ou obèses ont besoin d'aliments moins énergétiques, d'un régime alimentaire sain et équilibré et de plus d'exercice |
Le surpoids et l'obésité (le fait d'être trop gros) sont d'autres formes de malnutrition. Dans les deux cas, le poids de la personne est trop élevé par rapport à sa taille. L'encadré 18 explique comment déterminer si le poids d'un adulte est normal.
ENCADRÉ 18 · L'INDICE DE MASSE CORPORELLE |
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Nous utilisons l'indice de masse corporelle (IMC) pour déterminer si un adulte a un poids normal, un poids insuffisant, un surpoids ou de l'obésité. IMC = poids (kg) divisé par taille (m)2. Par exemple, si une femme pèse 50 kg et mesure 1,5 m, son IMC est de 50 ÷ (1,5 x 1,5) = 22. En se reportant à l'IMC ci-dessous, ce résultat de 22 la classe dans la catégorie de poids normal. |
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Catégorie de poids |
IMC |
Poids insuffisant |
Moins de 18,5 |
Poids normal |
De 18,5 à 24,9 |
Surpoids |
De 25 à 29,9 |
Obésité |
30 ou plus |
Les personnes qui présentent un surpoids ou qui sont obèses risquent d'avoir une maladie de cur, de l'hypertension ou une attaque, du diabète, certains types de cancers et la vésicule biliaire malade. Le plus dangereux est quand la personne a une taille épaisse (tour de taille trop fort par rapport aux hanches).
Une personne grossit si elle consomme plus de calories alimentaires qu'elle n'en dépense. C'est généralement le cas lorsque la vie normale de la personne (ou son travail) ne comporte pas beaucoup d'activité physique et que ses repas contiennent une grande quantité d'aliments caloriques, tels que matières grasses et huiles.
Bien que le sucre ne soit pas un aliment particulièrement énergétique (voir la page 27), les personnes trop grosses ou obèses, ou qui risquent de le devenir, devraient limiter leur consommation. Les aliments sucrés sont souvent riches en graisses et ils encouragent à trop manger car beaucoup de gens aiment le goût du sucré.
Le surpoids et l'obésité sont en général considérés uniquement comme un problème d'apport excessif d'énergie alimentaire, et certains agents de santé ne savent pas que les personnes qui présentent un surpoids souffrent souvent aussi de carences en micronutriments (en particulier de vitamines A, E et C, et de certaines vitamines du groupe B), car leur régime alimentaire est souvent médiocre et déséquilibré. Il est important de le faire remarquer, afin que les personnes trop fortes ou obèses puissent être bien conseillées (voir l'encadré 19). Ces personnes doivent non seulement réduire leur apport énergétique et/ou intensifier leur activité physique, mais aussi avoir un régime alimentaire sain et équilibré.
L'obésité est un état complexe et difficile à traiter, où les normes et les valeurs sociales (par exemple, les personnes grosses sont considérées comme riches), ainsi que les facteurs psychologiques, jouent également un rôle important. Ainsi, il est plus difficile de persuader les personnes obèses de modifier leurs habitudes alimentaires et leur niveau d'activité physique.
ENCADRÉ 19 · PRÉVENIR ET CONTRÔLER LE SURPOIDS ET L'OBÉSITÉ |
Comment aider les gens à prévenir le surpoids et l'obésité
Comment aider les personnes trop grosses à perdre du poids
La plupart des personnes trop grosses ou obèses ont du mal à maigrir. Il faut les encourager fréquemment et avec bienveillance, et ne jamais se moquer des obèses ou leur manquer de respect. Il s'agit d'un état de santé qui nécessite votre aide. |
METTRE EN COMMUN CES INFORMATIONS
Avant d'échanger ces informations avec les familles, il vous faudra peut-être:
1 Chercher à savoir: quels sont les types et les causes les plus courants de la malnutrition, y compris du surpoids et de l'obésité; quels genres de familles sont les plus touchés; quelles sont les appellations locales pour une croissance médiocre, l'anémie, l'avitaminose A et l'obésité, et ce que les gens croient à leur sujet; quelles sortes de traitements et de soins les familles et le personnel de santé donnent aux personnes qui souffrent des différents types de malnutrition.
2 Etablir des priorités: décider quelles sont les informations les plus importantes à échanger avec différents groupes, familles ou personnes.
3 Décider qui atteindre: par exemple, les parents et d'autres personnes qui s'occupent d'enfants mal nourris; les adultes mal nourris et les membres de leur famille; le personnel de santé et les volontaires des centres médicaux ou engagés dans des activités communautaires de suivi de la croissance.
4 Choisir les méthodes de communication: par exemple, discussions collectives avec des associations locales ou dans les centres médicaux; démonstrations sur l'alimentation; entretiens personnels dans les centres médicaux ou à domicile.
Exemples de questions pour entamer une discussion
(Choisissez seulement une ou deux questions qui traitent des informations dont les familles ont le plus besoin)
Si, dans la région, beaucoup de jeunes enfants grandissent lentement
Comment pouvons-nous savoir si nos enfants grandissent trop lentement?
Pourquoi certains enfants grandissent-ils trop lentement?
Comment pouvons-nous aider ces enfants et leurs familles?
Quels conseils d'alimentation devons-nous échanger avec les familles des jeunes enfants dénutris?
Si beaucoup d'enfants et de femmes sont anémiques
Est-ce que l'anémie (utilisez le nom local) pose ici un problème?
Savez-vous ce qui cause l'anémie? Insistez sur les causes locales importantes.
Comment pouvons-nous prévenir l'anémie causée par l'ankylostome, le paludisme ou un régime alimentaire médiocre?
Quels sont les aliments d'origine locale riches en fer? Comment pouvons-nous améliorer la quantité de fer que nous absorbons à partir des aliments? (Voir le thème 1 à la page 24.)
Si beaucoup de gens ont des troubles liés à l'avitaminose A
Qu'est-ce que la vitamine A? Que se passe-t-il si un enfant ou un adulte ne reçoit pas assez de vitamine A?
Comment pouvons-nous prévenir les troubles liés à l'avitaminose A?
Quels sont les aliments d'origine locale riches en vitamine A?
Si beaucoup de gens ont un surpoids ou sont obèses
Quels sont les problèmes de santé liés au surpoids ou à l'obésité?
Comment pouvons-nous éviter de devenir trop gros?
Comment les personnes trop grosses ou obèses peuvent-elles maigrir? Est-il facile de perdre du poids?