J. C. WESTOBY
Une déclaration du Directeur de la Division des forêts et des produits forestiers
JE VOUDRAIS VOUS parler des tendances actuelles de nos programmes extérieurs. Leur envergure est désormais telle que j'aurais du mal à vous décrire en détail le travail que nous faisons actuellement dans diverses parties du monde. Mon compte rendu ne saurait donc être complet: je m'efforcerai plutôt d'illustrer les divers aspects de ce programme en citant quelques exemples.
Tout d'abord, je voudrais signaler le changement de structure de notre programme opérationnel, ainsi que son volume croissant. Je voudrais attirer votre attention sur les effets que ces changements ont sur notre travail et qu'ils auront sur nos programmes futurs.
Deuxièmement, je voudrais montrer clairement aux délégués des pays qui ont besoin d'assistance pour faire progresser leurs programmes en matière de forêts et d'industries forestières les différentes façons dont nous pouvons les aider, directement ou indirectement.
Troisièmement, je voudrais indiquer aux délégués des pays développés leurs responsabilités - je dirai même leurs obligations - et plus particulièrement celles de leurs services forestiers pour que les différents programmes auxquels les gouvernements ont promis d'accorder leur appui inconditionné puissent atteindre les objectifs proposés.
Tout d'abord, permettez-moi de dissiper certains malentendus. Il y a deux ans, le Comité technique des forêts et des produits forestiers, et la Conférence en général, ont exprimé une vive inquiétude devant la mutilation de notre programme ordinaire du fait du développement de nos programmes extérieurs. Cette inquiétude était justifiée: il est vrai que notre programme ordinaire était sérieusement affecté. Je suis heureux de pouvoir vous dire aujourd'hui que la situation s'est dans une certaine mesure améliorée, et cela pour deux raisons. Premièrement, nous avons obtenu, dans le cadre des crédits alloués au Siège par le Fonds spécial des Nations Unies, plusieurs postes supplémentaires. Deux nouveaux postes viennent d'être approuvés, ce qui porte le nombre total des postes du Siège financés par le Fonds spécial à neuf. Ces deux postes sont toutefois encore vacants. Une fois que les titulaires seront nommés, nous serons, je l'espère, en mesure de faire face à nos engagements actuels - en tout cas, dans de bien meilleures conditions que ces dernières années. Deuxièmement, nos difficultés d'il y a deux ans étaient dues en partie au fait que nous avions alors beaucoup de travail d'une nature préparatoire (qui a depuis donné lieu à un grand nombre de projets nouveaux approuvés); or, pour ce travail préparatoire, lorsque le Fonds spécial se trouvait à son stade initial, en plein développement, la compensation que nous recevions était loin d'être suffisante.
Je ne dirai pas que nous n'avons plus de problèmes, loin de là. La situation demeure sérieuse, non seulement pour notre Division, mais pour l'ensemble de la FAO. Notre situation est toutefois beaucoup moins désespérée qu'elle n'était il y a deux ans, et les délégués à ce Comité seront heureux de constater qu'une certaine amélioration est intervenue.
'Permettez-moi aussi de souligner que, depuis la dernière réunion du Comité, notre programme ordinaire n'est pas resté stationnaire. Il est vrai que nous avons dû renoncer à plusieurs projets que nous avions l'intention d'exécuter. Malgré tout, nous avons depuis deux ans accompli un gros travail, et je crois pouvoir affirmer qu'aucune période de deux ans avant celle-ci n'avait vu un programme ordinaire aussi riche et aussi varié.
Enfin, je voudrais faire encore une remarque d'ordre général. Nous avons tendance à prendre l'habitude de parler du programme ordinaire et du programme extérieur comme s'il s'agissait d'entités isolées, chacune dans un compartiment étanche. Rien ne saurait être plus faux. Ces deux programmes sont soudés de façon indissoluble, tant dans leur conception que dans leur exécution. Il n'est pas un projet extérieur qui n'ait ses racines dans un aspect de nos activités ordinaires, et tous :les projets extérieurs influencent à leur tour le programme ordinaire. En ce qui nous concerne, nous sommes heureux de l'expansion rapide de nos programmes extérieurs; nous nous félicitons que des pays de plus en plus nombreux prennent conscience de l'apport considérable qu'un bon programme de mise en valeur des forêts et de développement des industries forestières pourra constituer pour leur progrès économique d'ensemble et nous demandent de les aider et de les conseiller. Nous sommes heureux d'avoir de plus en plus d'occasions de traduire concrètement les principes forestiers que nous nous efforçons de diffuser depuis la fondation de la FAO. Pendant les premières années, faute de moyens, notre effort en vue d'améliorier les pratiques forestières se limitait souvent à des exhortations. L'histoire de nos commissions forestières régionales, de nos diverses conférences, et même du Comité technique des forêts et des produits forestiers, est pleine de pieuses résolutions, dont beaucoup sont restées lettre morte. Si elles sont restées lettre morte, c'est parce que la plupart des pays n'avaient pas les moyens de les appliquer, tandis que nous n'avions pas les moyens de les aider. Mais la situation change aujourd'hui, et change rapidement. Le temps des exhortations est passé. Des programmes d'action, embrassant des projets concrets sur le terrain, avec des objectifs clairs et sans équivoque, indiquent la voie du progrès, tant par leur effet direct que par leur action de démonstration.
Nous ne considérons donc nullement notre programme extérieur comme un intrus, un étranger venu bouleverser la régularité de notre programme ordinaire. Bien au contraire, nous considérons que c'est lui qui donne son sens et sa valeur au programme ordinaire. C'est pourquoi nous réexaminons constamment le programme ordinaire en fonction des besoins constatés dans l'exécution de notre programme extérieur.
Vous avez pu remarquer que le programme ordinaire est de plus en plus orienté vers le soutien de notre programme extérieur. Cette tendance se maintiendra. Elle représente en effet la meilleure contribution que nous puissions apporter à la solution de ce que je considère comme le problème par excellence de notre époque: comment freiner, arrêter et finalement faire régresser l'accroissement constant de l'écart qui sépare les nations développées, industrialisées, de celles qui en sont encore aux premiers stades du développement économique. C'est notre réponse au défi que nous pose la Décennie des Nations Unies pour le développement.
Je voudrais dire ici quelques mots sur ce point, que je considère comme très important pour le sujet de nos débats d'aujourd'hui. En outre, ce que j'ai à dire pourra constituer des références, un contexte, pour nos débats.
Lorsque le Secrétaire général des Nations Unies a proposé de désigner la décennie en cours comme la Décennie des Nations Unies pour le développement, il a reçu l'approbation unanime de tous les Membres des Nations Unies. La FAO, comme les autres institutions spécialisées des Nations Unies, s'est engagée à donner son appui. L'objectif proposé par la Décennie des Nations Unies pour le développement est à vrai dire modeste: atteindre d'ici 1970 un taux global de croissance économique autonome de 5 pour cent par an dans les pays en voie de développement. C'est là un taux modeste en ce sens que, si l'on tient compte du taux prévu d'accroissement de la population, cela se traduira par une augmentation du revenu par habitant comprise entre 2 et 3 pour cent par an. Mais, même ce progrès modeste exigera un progrès considérable: au cours des dix dernières années, le revenu brut du monde sous-développé s'est accru en moyenne de 3 pour cent par an. Du fait de la croissance démographique, l'augmentation du revenu par habitant n'a été que de 1 pour cent par an, soit environ 1 dollar par an et par habitant. Par contraste - ce qui donnera une idée de la rapidité avec laquelle l'écart s'accroît encore actuellement - dans certaines des zones développées, aux Etats-Unis et dans les pays de la Communauté économique européenne par exemple, le revenu moyen s'est accru au cours de la même période de 20 dollars par habitant et par an.
Le progrès des pays en voie de développement au cours des dix dernières années a été d'une lenteur décourageante, surtout en regard des espoirs qui s'étaient levés au lendemain de la guerre. Depuis quelques années, on commence à mieux comprendre les raisons de la lenteur relative de ce progrès. Ce n'est pas mon propos ici de faire une étude générale sur la difficulté d'accélérer le taux de croissance économique dans les pays à faibles revenus. Mais certains des éléments de ce problème ont une incidence directe sur notre travail actuel et futur.
Par exemple, beaucoup dos plans de développement qui ont été formulés jusqu'à présent ignorent les relationnelles qui lient étroitement les secteurs agricole et industriel, la nécessité que l'industrie fournisse les instruments qui permettront à l'agriculture de franchir le seuil du développement, ainsi que le rôle de l'agriculture en tant que base pour l'industrialisation. A ce propos, permettez-moi d'attirer votre attention sur un document de la Conférence, Place de l'agriculture dans le développement économique, à la rédaction duquel la Division des forêts et des produits forestiers a apporté une contribution importante.
Un autre sujet d'une certaine importance est le fait que le courant actuel de capitaux et d'assistance technique fournis aux pays en voie de développement par les pays développés reste nettement inférieur à 1 pour cent du revenu global des pays développés. Non seulement ce montant est trop bas pour avoir l'effet nécessaire, mais encore une bonne partie de ces sommes sont utilisées de façon moins efficace qu'elles ne pourraient l'être. Ainsi, si les crédits disponibles pour les études préalables aux investissements augmentent régulièrement, les ressources financières - sous forme de dons, ou de prêts à long terme à faibles taux d'intérêt ou sans intérêt- destinées à des travaux d'amélioration foncière, à des investissements pour l'infrastructure générale, ou, en particulier, à de grands projets de boisement et d'améliorations forestières à des fins productives ou protectives sont encore très insuffisantes. (3e problème devient de plus en plus angoissant au fur et à mesure que les pays se rendent compte que le remboursement des emprunts de développement antérieurs est pour eux une pierre au cou. D'autre part, comme l'a souligné la Conférence des Nations Unies sur l'application de la science et de la technique dans l'intérêt des régions peu développées, qui s'est tenue au début de 1963 à Genève, on ne consacre encore pas un effort suffisant à l'adaptation de la technique et de la recherche aux besoins particuliers des pays en voie de développement. Une grande partie du travail de la Division consiste à adapter et diffuser les connaissances et la technologie au profit des pays en voie de développement.
Pour que l'écart croissant puisse être comblé, il faudra donc accroître et rendre plus efficace le flux de capitaux des pays privilégiés vers les pays en voie de développement. Nous sommes persuadés que cela se fera. Notre confiance ne vient pas seulement de la constatation que la conscience du monde est désormais éveillée. Je suis persuadé que l'accord récent sur les essais nucléaires sera suivi d'autres mesures de désarmement contrôlé, ce qui libérerait des ressources immenses dont une partie sera certainement consacrée à satisfaire les besoins des pays en voie de développement. Au cours des prochaines années, notre Division sera à même d'envisager les moyens d'employer de façon constructive une partie des ressources ainsi libérées pour aider au développement des forêts et des industries forestières dans les pays en voie de développement.
Un autre point présente un intérêt considérable pour le travail de notre Division. L'expérience des dix dernières années indique clairement que, tant que les pays en voie de développement resteront fortement tributaires de leurs exportations de produits primaires et des importations de produits manufacturés provenant des pays développés, ils feront la course au progrès avec un boulet au pied. Personne n'ignore que la détérioration des termes de l'échange des pays en voie de développement au cours des dernières années a fait plus qu'annuler l'effet des sommes reçues au titre de l'assistance financière et technique. La structure des relations internationales comporte une tendance inhérente vers cette détérioration des termes de l'échange des pays en voie de développement. Seule une diversification de leur économie et de leurs exportations et la possibilité de trouver dans les pays développés des débouchés pour les produits de leur industrie permettraient de mettre fin à cet te tendance. Ces problèmes seront le principal centre d'intérêt de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, à laquelle notre Division présentera une étude spéciale. Nous sommes persuadés que l'évolution rapide de l'économie mondiale des forêts et du bois donnera de grandes possibilités aux pays en voie de développement. Nous sommes également convaincus que dans tous les pays les forêts et :les industries forestières, outre les avantages directs qu'elles procurent sous la forme de profits et de produits nécessaires, sont capables d'apporter une contribution importante à la croissance de l'économie générale. Notre opinion sur ce point est exposée dans l'article spécial publié dans Unasylva «Le rôle des industries forestières dans la lutte contre le sousdéveloppement économique».
Je me suis quelque peu écarté de mon propos, mais j'espère que ce que j'ai dit ne sera pas considéré comme inutile.
Dans son discours d'ouverture, le Directeur a dit que notre Division a actuellement un programme extérieur portant sur plus de 5 millions de dollars par an, outre 1E, programme ordinaire d'environ 1 million de dollars par an. La majeure partie de ce programme extérieur consiste aujourd'hui en projets du Fonds spécial des Nations Unies. En janvier 1964, notre Division sera responsable de quelque 28 ou 29 grands projets, tous conçus pour éliminer des goulots d'étranglement dans la voie du développement. Ainsi, certains de ces projets sont, typiquement, des enquêtes préalables aux investissements, qui ont pour objet d'évaluer les ressources forestières et d'étudier la possibilité de développer des industries sur la base de ces ressources. Parmi ces projets, citons nos projets au Mexique, au Honduras, en Grèce, en Equateur, au Venezuela, en Thaïlande et à Ceylan. D'autres projets concernent la recherche et le développement, par exemple ceux du Pakistan, du Chili, de la Turquie et du Soudan. D'autres encore visent à former des cadres moyens et supérieurs, tels nos projets en Argentine, au Brésil, au Pérou, au Libéria, au Nigeria et en Iran.
Nous sommes responsables d'un quart des projets du Département technique de la FAO, venant au deuxième rang des divisions techniques. L'exécution de ces projets demandera environ 250 experts.
Entre-temps, nos travaux normaux au titre du Pro gramme élargi d'assistance technique continuent, et nous avons actuellement environ 80 experts sur le terrain, dans quelque 25 pays. Toutefois, il faut ici souligner que les indications préliminaires que nous avons reçues sur le Programme élargi d'assistance technique pour 1965-66 laissent présager une réduction des demandes de la part de certains pays. Dans certains cas, la mise en uvre d'un projet du Fonds spécial a eu pour effet la suppression totale du Programme élargi d'assistance technique dans le domaine des forêts. Cela se justifie peut-être dans les cas où les projets du Fonds spécial absorbent et poursuivent toutes les activités précédemment menées dans le cadre du Programme élargi d'assistance technique, mais il semble que l'établissement d'une faculté forestière ou l'exécution d'une enquête préalable aux investissements dans une zone donnée n'élimine pas la nécessité de continuer à progresser dans des domaines tels que l'utilisation de forêts leur aménagement, la législation forestière et l'administration des forêts. Or, vous savez que les programmes sont établis dans les pays, et non à la FAO. C'est dans les pays mêmes que les services forestiers doivent faire valoir leurs demandes en face de celles des autres services. Je tiens à vous rappeler que la cause des industries forestières et des forêts ne doit pas être perdue par défaut, lorsqu'une assistance est nécessaire.
Outre les affectations d'experts dans différents pays, le Programme élargi d'assistance technique nous permet de fournir des conseillers régionaux, de contribuer à certains projets régionaux et d'organiser un certain nombre de séminaires et de centres de formation. Malheureusement, nous nous trouvons ici arrêtés par une rigoureuse limitation, car la proportion des fonds du PEAT qui peut être consacrée à des projets régionaux est strictement limitée. Il est vrai que cette proportion vient d'être portée de 12 à 15 pour cent. Toutefois, cela ne nous permet encore pas de satisfaire toutes les demandes de séminaires et de centres de formation. Nous avons conscience des recommandations répétées des conférences forestières régionales auxquelles on n'a pas pu donner suite, à cause du manque de fonds PEAT pour des projets régionaux. Vous avez déjà pu remarquer, dans notre Programme de travail et Budget pour les deux prochaines années, que les mots «si les crédits sont disponibles» ne reviennent que trop fréquemment. Les séminaires et centres de formation régionaux peuvent jouer un rôle crucial pour la diffusion de la technologie et la communication des idées nouvelles. Nous savons où sont les besoins les plus pressants et si, parmi les responsables de l'assistance bilatérale dans le domaine des forêts, certains désirent apporter leur concours en organisant des séminaires et des centres de formation, nous aurons plaisir à collaborer avec eux.
Avant d'en terminer avec la question du PEAT, je désire attirer votre attention sur un progrès probable dans ce domaine. Normalement, nos experts sur le terrain n'ont qu'un rôle consultatif. Toutefois, dans certains pays en voie de développement le besoin d'assistance dépasse les simples avis d'expert. Il y a un besoin de personnel qualifié pour occuper des postes permanents dans l'administration forestière nationale, pratiquement comme des fonctionnaires nationaux, mais avec une responsabilité particulière pour la formation des cadres locaux. Des missions de ce genre ont été dans le passé organisées par l'Administration de l'assistance technique des Nations Unies, et nous avons collaboré en proposant des candidats compétents. A l'avenir, ce genre de service (désigné sous le terme de mission du type OPEX) pourra également être fourni dans le cadre du Programme élargi d'assistance technique de la FAO.
Si le Fonds spécial et le PEAT forment l'essentiel de nos programmes extérieurs, ils n'en constituent pas la totalité. La dernière Conférence a approuvé un programme spécial d'éducation et de formation agricoles en Afrique; dans le cadre de ce programme, nous avons pu organiser une enquête sur les besoins en matière d'éducation et de formation professionnelles dans le secteur forestier en Afrique, ainsi qu'un centre de formation spécial sur les problèmes de la savane. Ce centre se tiendra au Soudan, avec la collaboration du gouvernement du Soudan.
Notre Division a assumé des responsabilités considérables dans le cadre de deux autres grands programmes extérieurs. Le Programme alimentaire mondial est entré en activité le 1er janvier de cette année. Cette nouvelle organisation, qui est responsable devant la FAO et l'ONU, a été établie à la suite du rapport du Directeur général: Les produits alimentaires au service du développement, lors de la Conférence de 1961, et a pour objet d'exécuter un programme expérimental de trois ans. Trois genres d'assistance sont envisagés: aide alimentaire d'urgence; alimentation scolaire; assistance à des projets de développement sous forme de denrées alimentaires. C'est cette troisième catégorie qui nous intéresse ici.
Nous aidons souvent les pays à préparer des projets convenant à ce Programme, en qualité de conseillers techniques. Jusqu'à présent, il n'y a que deux projets forestiers en activité, un en Syrie et l'autre au Maroc. Ce dernier, qui est un projet de reboisement et de conservation des sols, est particulièrement intéressant car il s'insère dans le cadre du Projet de développement méditerranéen. D'autres projets doivent être approuvés prochainement ou sont sur le point d'être signés, en Turquie, au Soudan, en Corée, en Irak, en Jordanie, au Liban, en Chine (Taïwan) et à la Jamaïque. A l'heure actuelle, les projets relevant de notre Division représentent un total d'un peu plus de 7 millions de dollars, soit plus de 12 pour cent du montant total des projets à l'étude dans le cadre du Programme alimentaire mondial. Ces chiffres vous donneront une idée du volume de travail que représente pour la Division le Programme alimentaire mondial.
Nous jouons aussi un rôle technique important dans les projets de la Campagne mondiale contre la faim. Dans ce cas, la procédure est plus compliquée, car une fois vérifiée la valeur technique d'un projet, la FAO joue pour ainsi dire un rôle de courtier et confie le projet à un organisme bailleur de fonds. Il n'est pas toujours facile de concevoir un projet qui réponde aux besoins réels d'un pays tout en ayant l'attrait nécessaire pour les bailleurs de fonds éventuels. Depuis un an ou deux, nous avons étudié attentivement du point de vue technique quelque 30 projets. Jusqu'à présent, seulement deux petits projets sont en activité. Nous espérons cependant que d'autres entreront en activité prochainement. Mais nous nous trouvons devant une situation assez décourageante. Les demandes, et les projets bien conçus, dans le domaine des forêts, entendu au sens large, qui nous parviennent des pays ne manquent pas, mais il est extrêmement difficile de trouver des bailleurs de fonds pour des projets dans ce secteur. Ceux qui militent pour la Campagne mondiale contre la faim ne se rendent pas compte que cette campagne a pour objet fondamental d'éliminer le besoin, et que des plantations de bois de feu, des rideaux-abris, la fixation des dunes, etc., sont autant de contributions utiles à cette campagne. Nous espérons que tous les délégués, de retour chez eux, voudront bien faire tout ce qui est en leur pouvoir pour persuader les organisations qui soutiennent la Campagne mondiale contre la faim que les projets de ce genre, eux aussi, constituent une contribution réelle aux objectifs de la Campagne. Si les organisations donatrices n'adoptent pas une optique plus large, nous nous trouverons obligés de déconseiller aux pays de présenter des demandes dans ce secteur.
L'essentiel est que ces deux programmes offrent de nouvelles possibilités de trouver l'assistance nécessaire au développement.
J'ai parlé de l'évolution de nos programmes extérieurs, et des nombreuses formes d'aide qui existent maintenant pour aider les pays aux premiers stades du développement économique. Permettez-moi de dire quelques mots des obligations des pays développés.
Pendant encore plusieurs dizaines d'années, le monde des pays en voie de développement aura besoin de l'assistance d'experts étrangers. Selon le niveau de développement atteint, ce besoin prendra des formes différentes, certains pays n'auront besoin que de conseils très spécialisés, sur des problèmes particuliers, souvent pour des périodes très brèves, et donnés par les consultants les plus éminents. D'autres auront besoin d'une assistance de plus longue haleine pour développer certains aspects de leur travail; ils ont des services raisonnablement développés, mais dans lesquels certains secteurs ou certains aspects ont été négligés. D'autres encore ont un personnel à peu près suffisant, mais qui, dans l'ensemble, manque d'expérience. Dans ce cas, on a besoin d'un renforcement général avec un personnel qualifié et expérimenté - dont tous les membres ne seront pas nécessairement à l'échelon supérieur. Enfin, dans certains pays, le service des forêts est à construire pratiquement à partir de zéro.
En ce qui concerne les pays développés, des déclarations de bonne volonté ne servent à rien, si elles ne s'accompagnent de mesures pour libérer des experts.
Deuxièmement, on pourrait prendre des mesures pour susciter l'intérêt des jeunes générations de forestiers à l'égard des problèmes forestiers des pays en voie de développement. Les facultés forestières des pays développés qui donnent des cours sur les problèmes mondiaux de la foresterie sont encore trop peu nombreuses.
Troisièmement, il faudra consacrer une plus grande part de la recherche des institutions gouvernementales, universitaires ou indépendantes à chercher des solutions aux problèmes particuliers qui se posent aux pays en voie de développement.
On a déjà fait des progrès considérables, mais il reste beaucoup à faire avant que l'on puisse considérer la situation comme satisfaisante. A chaque réunion de ce Comité, nous sommes conscients du lien qui relie les forestiers du monde entier. Nous parlons chacun de nos problèmes, mais nous nous passionnons pour les problèmes de nos collègues venus d'autres parties du monde. Si vous réussissiez à transmettre à vos collègues des services forestiers de vos pays respectifs ce sentiment de l'aspect international de la foresterie, ce sens d'une tâche commune à laquelle nous travaillons en commun, il ne serait pas à craindre que les hommes dévoués disposés à prêter leur expertise pour accélérer le développement forestier clans les pays qui sont partis en retard dans la course vers l'amélioration des niveaux de vie fassent défaut.
Nous voudrions ici remercier particulièrement les pays qui ont adopté le système des «experts associés». Notre Division a tiré un large parti de ce système. Plus d'un tiers des experts associés qui travaillent sur le terrain aux côtés d'experts de la FAO sont associés à des experts de la Division des forêts et des produits forestiers. Beaucoup de ces experts se sont révélés tellement capables qu'ils travaillent maintenant directement comme experts à plein titre. Dans certains cas, nous avons constaté que les pays qui les fournissaient avaient une certaine hésitation à leur permettre de travailler au Siège de l'Organisation ou clans nos bureaux régionaux. Nous croyons que c'est une erreur. L'orientation qu'acquièrent les experts associés au Siège, la connaissance de tous les aspects de notre travail et de tous les types de problèmes forestiers, peuvent leur être extrêmement utiles dans leur carrière future et très précieuses pour le pays au service duquel ils travailleront. Dans un certain sens, on peut même affirmer que la Division des forêts et des produits forestiers de la FAO représente la meilleure école des hautes études forestières existant aujourd'hui dans le monde. Nous préconiserions pour certains de ces experts associés une «carrière-sandwich» où, à la suite d'une période d'initiation au Siège, l'expert suivrait un expert sur le terrain, pour revenir enfin passer une brève période au Siège avant de se rendre à son nouveau poste. Le système des experts associés est un excellent moyen de former des cadres compétents, dotés d'une conscience internationale.
Un dernier point. Nous avons tendance à insister sur l'ampleur et la variété de nos travaux sur le terrain et sur l'aide qu'ils peuvent constituer pour surmonter les problèmes du sous-développement. Outre les programmes de la FAO, il existe évidement de nombreux programmes bilatéraux qui ont les mêmes objectifs; et les pays qui fournissent une assistance bilatérale ont de plus en plus tendance à coordonner leurs programmes avec les nôtres. Mais il ne faut jamais oublier que l'essentiel de l'effort doit être fourni par les pays en voie de développement eux-mêmes, et que c'est sur eux que retombe l'essentiel de la responsabilité. Notre contribution doit être conçue de façon à compléter leurs propres efforts. Ce n'est pas à nous de leur prescrire les objectifs à viser, non plus que les moyens à adopter pour les atteindre. Notre contribution est marginale, et sera rarement décisive. Il est donc essentiel d'affronter notre tâche avec un sentiment d'humilité autant que de responsabilité.
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Les photographies aériennes dans les inventaires forestiers: applications et travaux de recherche (1963). Cet ouvrage est le premier d'une série que publie l'Union internationale des instituts de recherche forestière. Mises au point par un groupe consultatif de la Section 25 de l'IUFRO les versions anglaise, allemande et française, réunies en un seul volume, paraîtront à Munich (Allemagne), la version espagnole, au Mexique. Pour se procurer cette étude, s'adresser à l'IUFRO, 8 München 13, Amalienstrasse 52 (Allemagne). |