Rapport sur les produits

Expansion des exportations de produits forestiers des pays en voie de développement - Première partie
Evolution de 1959-61 à 1963-65

Expansion des exportations de produits forestiers des pays en voie de développement - Première partie

SECRÉTARIAT DE LA FAO

La FAO a présenté à la première Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement un mémoire (FAO/CNUCED, 1964) qui analysait les perspectives d'expansion des exportations de produits forestiers des pays en voie de développement. Ce document faisait remarquer que ces perspectives étaient exceptionnellement favorables. Les caractéristiques des ressources forestières des pays en voie de développement jointes à celles de quelques-unes des industries de transformation du bois et à celles des marchés de produits forestiers dans les pays développés, créent, pour ces produits, des possibilités d'expansion commerciale beaucoup plus rapide et plus considérable que celles dont bénéficient la plupart des principaux groupes de produits des pays en voie de développement. Le même document examinait encore les problèmes qui entravent ou pourraient entraver cette expansion, ainsi que les politiques et les mesures qui permettraient au contraire d'en activer la réalisation.

Durant la période qui s'est écoulée depuis que l'étude de la FAO a été entreprise, les exportations de certains produits forestiers des pays en voie de développement ont augmenté avec une rapidité remarquable. On exposera, dans la présente étude, préparée par J. E. M. Arnold pour la deuxième Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (1968), les circonstances qui ont contribué à cette expansion commerciale et réexaminera, à la lumière des connaissances actuelles, les tendances à long terme et les nouvelles perspectives d'expansion rapide du commerce des produits forestiers des pays en voie de développement, ainsi que les politiques et les mesures qu'appelle cette expansion.

Pour des raisons matérielles, cette étude devait rester brève. Aussi porte-t-elle seulement sur certains produits et certains courants commerciaux, à l'exclusion du commerce des produits qui n'occupent pas une place importante dans l'ensemble des exportations de produits forestiers des pays en voie de développement. Pour une analyse plus complète du commerce mondial des produits forestiers, de leur production et de leur consommation, on renverra le lecteur à l'étude de la FAO intitulée Le bois: évolution et perspectives mondiales, et pour les détails relatifs aux différentes régions ou aux différents produits, aux études énumérées dans la bibliographie figurant à la fin du présent document. On notera également que celui-ci ne traite ni des articles manufacturés à base de bois ou de papier, ni des produits forestiers autres que le bois, tels que le liège, les résines, les huiles, etc.

Evolution de 1959-61 à 1963-65

Le commerce mondial des produits forestiers

La valeur du commerce mondial des principaux produits forestiers primaires¹, exprimée en prix f.o.b. à l'exportation, est passée de 5,33 milliards de dollars en 1959-61 à 7,18 milliards en 1963-65, ce qui représente un accroissement considérablement plus rapide que celui des six années précédentes (tableau 1). En 1963-65², ces produits ont représenté 4,2 pour cent du commerce d'exportation de tous les produits pour l'ensemble du monde, 4,9 pour cent en ce qui concerne les pays développés, 3,6 pour cent pour les pays à économie planifiée et 2,3 pour cent pour les pays en voie de développement.

[¹ A l'exclusion des articles manufacturés en bois, en papier et en liège, ainsi que de quelques produits primaires de peu d'importance du point de vue commercial. Voir au tableau 4 les produits qui entrent en ligne de compte.
² Au moment où l'on a établi les statistiques des courants commerciaux sur lesquels repose la présente analyse, il n'existait de données complètes sur les exportations que jusqu'à 1965. On trouvera en annexe, pour la plupart des principaux pays exportateurs en voie de développement des données portant également sur 1966, qui ont été obtenues ultérieurement.]

Cependant, dans le cas de ces derniers, le commerce d'exportation des produits en question a continué de progresser beaucoup plus rapidement que le commerce mondial correspondant et bien plus rapidement aussi que celui de l'ensemble de leurs produits. En 1963-65, la part des pays en voie de développement dans le commerce mondial des produits forestiers atteignait 11 pour cent contre 8,3 pour cent en 1959-61 et 6,5 pour cent en 1953-55.

Les échanges de produits forestiers entre pays en voie de développement ont continué de constituer l'essentiel du commerce mondial de ces produits (70 pour cent), mais leur part décroît lentement (tableau 2). Les exportations de produits forestiers des pays en voie de développement vers les pays développés ont augmenté au taux annuel moyen de 16,7 pour cent entre 1959-61 et 1963-65, dépassant ainsi le courant en sens inverse pour venir occuper le deuxième rang dans le classement, par ordre d'importance relative, des mouvements commerciaux de ces produits entre chacun des trois groupes de pays figurant au tableau 1 et les deux autres groupes ainsi qu'entre pays d'un même groupe. Le déficit commercial net de 179 millions de dollars par lequel se soldait, pour les pays en voie de développement, leur commerce global de produits forestiers avec les pays développés avait fait place, au bout de la même période, à un excédent de 56 millions de dollars³. Une forte augmentation a également été enregistrée en ce qui concerne l'important courant d'exportations des pays à économie planifiée vers les pays développés (15,5 pour cent par an), les échanges beaucoup plus restreints entre pays en voie de développement (9,2 pour cent par an) et entre pays à économie planifiée (9,6 pour cent par an), ainsi que les exportations, encore plus limitées, de ces derniers vers les pays en voie de développement (10,1 pour cent par an), tandis que le courant en sens contraire entre ces deux derniers groupes de pays restait pratiquement inexistant.

[³ Valeur en prix f.o.b. à l'exportation. La valeur réelle des exportations (f.o.b.) en provenance de l'ensemble des pays on voie de développement accusait encore un léger déficit net par rapport à la valeur réelle de leurs importations (c.a.f.).]

TABLEAU 1. - VALEUR DES EXPORTATIONS DES PRINCIPAUX PRODUITS FORESTIERS ¹ET DE L'ENSEMBLE DES PRODUITS, 1953-55, 1959-61 ET 1963-65

Principaux produits forestiers¹

Ensemble des produits

Valeur annuelle moyenne

Accroissement annuel moyen

Valeur annuelle moyenne

Accroissement annuel moyen

1953-55

1959-61

1963-65

1954-60

1960-64

1953-55

1959-61

1963-65

1954-60

1960-64

Milliards de dollars U.S. f.o.b.

Pourcentage

Milliards de dollars U.S. f.o.b.

Pourcentage

Monde

4,32

5,33

7,18

3,6

7,7

87,5

125,9

170,8

6,2

7,9

Pays développés

3,75

4,45

5,68

2,8

6,3

56,6

84,0

116,5

6,8

8,5

Pays en voie de développement

0,28

0,44

0,77

7,8

15,0

22,3

26,9

34,1

3,2

6,1

Pays à économie planifiée

0,29

0,44

0,73

7,1

13,5

8,6

15,0

20,2

9,7

7,8

SOURCES: FAO. Annuaire statistique des produits forestiers. - OCDE. Statistiques des bois tropicaux. - ONU. - Yearbook of International Trade Statistics. - Publications nationales annuelles sur le commerce.
¹ Voir au tableau 4 les produits pris en ligne de compte.

En 1963-65, près des deux cinquièmes (en valeur) des échanges mondiaux de produits forestiers ont porté sur des produits transformés, près de la moitié sur des produits semi-transformés et un peu plus du dixième sur du bois à l'état de matière première. En fait, la part, dans les échanges, du bois exporté à l'état de matière première a légèrement augmenté de 1959 à 1961, les quantités additionnelles provenant surtout des pays en voie de développement qui, contrairement aux deux autres groupes de pays, continuent d'exporter leurs produits forestiers principalement sous cette forme.

Commerce des produits forestiers des pays en voie de développement

Effectivement, en 1963-65, les bois ronds ont représenté plus de la moitié (en valeur) des exportations de produits forestiers des pays en voie de développement, les sciages, un quart, et les placages et contre-plaqués, un septième. L'exportation de pâte de bois et de papier ou de panneaux (de particules et de fibres) a été minime. En fait, sauf quelques exceptions importantes, le gros des exportations de produits forestiers des pays en voie de développement ne consiste encore qu'en un nombre limité de feuillus des forêts tropicales humides - bois recherchés pour leurs caractéristiques décoratives, leur aptitude à l'usinage ou à certaines utilisations d'essences dont il est de plus en plus difficile d'augmenter beaucoup la production dans les forêts indigènes des zones tempérées. Seuls, par conséquent, quelques pays participent à ce commerce, mais le nombre de pays en voie de développement qui exportent des quantités importantes de produits forestiers va en augmentant. Néanmoins, en dehors des zones de forêts tropicales humides de l'Afrique occidentale et centrale et de l'Asie du Sud-Est, la balance commerciale de la plupart des pays en voie de développement présente encore, en ce qui concerne les produits forestiers, un déficit net, tandis que s'accroît, pour plusieurs d'entre eux, la valeur des importations nettes de ces produits (FAO/CNUCED, 1966).

TABLEAU 2. - IMPORTANCE RELATIVE DES ÉCHANGES DE PRODUITS FORESTIERS 1, 1953-55, 1959-61, ET 1963-65

Direction des échanges des

1953-55

1959-61

1963-65

Valeur annuelle moyenne en millions de dollars U.S. (f.o.b.)

Pourcentage de l'ensemble du commerce

Valeur annuelle moyenne en millions de dollars U.S. (f.o.b.)

Pourcentage de l'ensemble du commerce

Valeur annuelle moyenne en millions de dollars U.S. (f.o.b.)

Pourcentage de l'ensemble du commerce

Entre pays développes pays

3 246

76

3 813

71

4 990

70

Entre pays on voie de développement

92

2

111

2

158

2

Entre pays à économie planifiée

131

3

131

3

189

3

Des pays développés vers les pays à économie planifiée

87

2

134

3

136

2

Des pays à économie planifiée vers les pays développés.

138

3

256

5

456

6

Des pays développés vers les pays en voie de développement

412

9

505

9

550

8

Des pays à économie planifiée vers les pays on voie de développement

25

1

53

1

87

1

Des pays on voie de développement vers les pays développés

184

4

326

6

605

8

Des pays on voie de développement vers les pays à économie planifiée

1

-

4

-4

-

TOTAL

4 316

100

5 333

7 166

100

SOURCES: FAO. Annuaire statistique des produits forestiers. - OCDE Statistiques des bois tropicaux. - Publications nationales annuelles sur le commerce
¹ Voir le tableau 4 pour les produits pris en ligne de compte.

TABLEAU 3 - EXPORTATIONS DES PRINCIPAUX PRODUITS FORESTIERS ¹ DES PAYS EN VOIE DE DÉVELOPPEMENT VERS LES PAYS DÉVELOPPÉS, 1953-55, 1959-61 ET 1963-65
(Valeurs annuelles moyennes en millions de dollars U.S. f.o.b.)

Total pour les pays développés

Etats-Unis, canada

Europe Occidentale

Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud

Japon

1953-55

Amérique latine

40

21

18

1

-

Proche-Orient

1

-

1

_

-

Asie

68

9

22

7

30

Afrique

75

6

67

2

-

TOTAL

184

36

108

10

30

1959-61

Amérique latine

39

20

18

1

-

Proche-Orient

3

1

2

-

-

Asie

138

22

25

15

76

Afrique

146

6

132

8

-

TOTAL

326

49

177

24

76

1963-65

Amérique latine

44

19

25

0,5

-

Proche-Orient

6

0,3

6

-

-

Asie

309

72

37

22

179

Afrique

246

9

216

21

1

TOTAL

605

99

283

43

180

SOURCES: FAO Annuaire statistique des produits forestiers. - OCDE. Statistiques des bois tropicaux - Publications nationales annuelles sur le commerce.
¹ Voir le tableau 4 pour les produits pris en ligne de compte.

En 1963-65, plus des trois quarts des exportations totales de produits forestiers des pays en voie de développement ont été absorbés par les pays développés, et ce commerce entre ces deux groupes de pays s'est accru de près de 280 millions de dollars au cours des quatre années 1959-1961. Au moins 37 pour cent de ce commerce additionnel des pays en voie de développement vers les pays développés ont consisté en exportations de l'Asie vers le Japon, 30 pour cent en exportations de l'Afrique vers l'Europe occidentale (tableau 3) et encore 18 pour cent en exportations de l'Asie vers l'Amérique du Nord. Ce sont les exportations de produits forestiers d'Asie à destination des pays développés qui ont enregistré l'accroissement le plus considérable et le plus rapide pendant cette période de quatre ans, au cours de laquelle leur valeur a plus que doublé. Les exportations en provenance de l'Afrique se sont accrues de près des deux tiers tandis que, dans l'ensemble, celles de l'Amérique latine n'ont guère augmenté.

En 1963-65, environ 60 pour cent des produits forestiers exportés par les pays en voie de développement vers les pays développés ont consisté en bois ronds, et l'exportation de ces bois a augmenté d'environ 80 pour cent entre 1959-61 et 1963-65 (tableau 4). Mais, en même temps, les exportations totales de produits forestiers transformés, des pays en voie de développement vers les pays développés, augmentaient tout aussi rapidement, alors que pendant les années cinquante, au contraire, le taux de croissance des exportations de ces produits était nettement inférieur à celui des grumes. Pour analyser de plus près ce récent essor des exportations de produits forestiers transformés en provenance des pays en voie de développement, on examinera plus en détail, ci-après, ce qui s'est passé pour chaque produit et pour chaque producteur.

GRUMES DE FEUILLUS

Malgré l'accroissement accéléré de leurs exportations de produits forestiers transformés, l'exportation totale de bois ronds en provenance des pays en voie de développement ne s'est pas ralentie. Les exportations totales de grumes de feuillus des pays en voie de développement ont augmenté entre 1959-61 et 1963-65 de deux tiers et 192 millions de dollars, dont 158 millions pour les exportations à destination des pays développés (tableau annexe 1). Les exportations de l'Asie vers le Japon ont augmenté de 97 millions de dollars et celles de l'Afrique vers l'Europe, de 59 millions. Bien que les échanges, ainsi que leur accroissement, se soient pratiquement limités à ces deux courants (surtout à cause du fret qui élève si rapidement les prix du bois rond livré), l'expansion des exportations a été plus largement répartie que jusqu'alors parmi les pays producteurs d'Afrique centrale et occidentale et d'Asie du Sud-Est. Cette expansion des exportations a été plus lente dans quelques-uns des pays qui, auparavant, comptaient parmi les principaux fournisseurs de ces produits (tableau annexe 2); cela tient en partie à la diminution des quantités disponibles, du moins en ce qui concerne les bois recherchés, et en partie à la création progressive d'industries locales transformant les bois avant l'exportation. Les industries de transformation se sont aussi développées rapidement, pendant les années soixante, dans un certain nombre de pays de l'Asie orientale et du Proche-Orient qui, bien que situés en dehors des zones de forêts tropicales humides, sont favorablement placés à la fois pour l'importation de grumes de feuillus tropicaux et l'exportation de produits de feuillus transformés vers les marchés des pays développés. Il s'est formé ces dernières années un important courant d'exportations de grumes de feuillus de l'Asie du Sud-Est vers les autres pays d'Asie où se sont établies les principales de ces industries de transformation du bois importé travaillant pour l'exportation.

TABLEAU 4. - EXPORTATIONS DES PAYS EN VOIE DE DÉVELOPPEMENT VERS LES PAYS DÉVELOPPÉS PAR CATÉGORIE DE PRODUITS, 1953-55, 1959-61 ET 1963-65
(Valeurs annuelles moyennes en millions de dollars U S. f.o.b.)

1953-55

1959-61

1963-65

Bois ronds

90,2

197, 2

359, 8

Bois à pâte

-

2,5

3,7

Bois de mine

0,6

-

0,6

Grumes de conifères

-

1,4

4,4

Grumes de feuillus

89,6

193,3

351,1

Sciages, placages et contre-plaqués

91,6

12O,1

¹220, 5

Sciages de conifères

25,5

19,6

25,0

Sciages de feuillus

58,0

74,2

103,1

Contre-plaqués

8,1

26,3

72,1

Placages

..

..

20,3

Pâtes et papiers

2,0

8,7

24,8

Pâtes de bois

-

3,5

18,4

Papiers et cartons

2,0

5,2

6,4

TOTAL

184

326

² 605

SOURCES FAO, Annuaire statistique des produits forestiers. - OCDE. Statistiques des bois tropicaux. - Publications nationales annuelles sur le commerce.
¹ Si on exclut la valeur des exportations de placages qui, au cours des périodes précédentes n'étaient pas enregistrées, ce chiffre serait d'environ 200,2 millions de dollars. - ² Si on exclut la valeur des exportations de placages qui, au cours des périodes précédentes n'étaient pas enregistrées, ce chiffre serait d'environ 585 millions de dollars.

SCIAGES DE FEUILLUS

Les exportations de sciages de feuillus (des espèces tropicales pour la plupart) des pays en voie de développement ont augmenté entre 1959-61 et 1963-65 de plus de 30 pour cent et de 32 millions de dollars (tableau annexe 3), soit à un rythme moins rapide que les exportations de grumes de feuillus mais beaucoup plus rapidement que l'ensemble du commerce mondial de sciages de feuillus (+ 22 pour cent) et plus rapidement aussi que la consommation mondiale de ces sciages. Les pays en voie de développement ont donc continué à gagner du terrain et, en 1963-65, ils fournissaient 43 pour cent de la totalité des sciages de feuillus entrant dans le commerce international.

Sur l'augmentation de 32 millions de dollars des exportations en provenance des pays en voie de développement, 29 millions représentent les exportations à destination des pays développés. Les exportations de l'Asie vers les pays développés, qui ont augmenté de 15,8 millions de dollars, ont progressé substantiellement sur les marchés de l'Europe occidentale (+ 8,2 millions de dollars), de l'Afrique du Sud et de l'Australie (+ 5,8 millions de dollars en tout pour ces deux pays et la Nouvelle-Zélande) et de l'Amérique du Nord (+ 1,4 million de dollars). Cette expansion est due, en majeure partie, aux exportations de la Malaisie et de Singapour (tableau annexe 4) qui ont créé des industries modernes et bien organisées. L'Afrique a également augmenté ses exportations, notamment à destination de l'Europe (+ 12 mil lions de dollars)⁴. L'accroissement global des exportations de l'Amérique latine vers les pays développés a été très faible pendant la période considérée; cependant, certaines régions d'Amérique latine ont vu leurs exportations de sciages de feuillus vers l'Amérique du Nord progresser ces dernières années, le Brésil et la Colombie étant jusqu'ici les principaux fournisseurs. Une certaine augmentation (+ 3 millions de dollars) a également été enregistrée dans les échanges de sciages de feuillus entre pays en voie de développement.

[⁴ Contrairement à celle de la plupart des autres produits, la valeur unitaire moyenne des sciages de feuillus exportés d'Afrique a, semble-t-il, rapidement augmenté entre 195961 et 1963-65. L'Asie a fourni 70 pour cent du volume additionnel de sciages de feuillus exportés durant cette période par les pays en voie de développement vers les pays développés, et l'Afrique 26 pour cent (la part de l'Amérique latine a été de 4 pour cent).]

SCIAGES DE RÉSINEUX

Le commerce de sciages de résineux en provenance des pays en voie de développement (tableau annexe 5) se limite presque exclusivement aux grosses quantités exportées par le Brésil et aux exportations de l'Amérique centrale (les deux seules régions en voie de développement du monde possédant d'abondantes ressources indigènes de conifères) vers les autres pays de l'Amérique latine, l'Europe et l'Amérique du Nord.

La plupart des autres fournisseurs (tableau annexe 6) exportent des sciages provenant de forêts de plantation. L'augmentation totale des exportations de sciages de résineux des pays en voie de développement n'a été, de 1959-61 à 1963-65, que de 12 pour cent et de 6,4 millions de dollars, dont 5,3 millions correspondent à l'accroissement des exportations vers les pays développés notamment des exportations de l'Amérique latine vers l'Europe. La Chine continentale s'est aussi créé un marché d'exportation de sciages résineux vers le Japon.

CONTRE-PLAQUES

L'augmentation la plus rapide et, à bien des égards, la plus importante enregistrée par les exportations de produits forestiers des pays en voie de développement a été celle des contre-plaqués et placages, fabriqués presque en totalité à partir de feuillus tropicaux. Les exportations de contre-plaqués en provenance des pays en voie de développement (tableau annexe 7) ont augmenté, entre 1959-61 et 196365, de plus de 150 pour cent et de 51 millions de dollars, dont 46 millions correspondent à l'accroissement des exportations vers les pays développés. En 1963-65, plus du quart de la totalité des contre-plaqués entrant dans le commerce international provenait des pays en voie de développement, contre un sixième en 1959-61 et un dixième en 1953-55. La plus forte augmentation a été celle des exportations de l'Asie vers l'Amérique du Nord (+ 38 millions de dollars), provenant en majeure partie des industries de transit des pays qui importent des grumes pour les transformer en vue de l'exportation (tableau annexe 8) et dont les ventes ont augmenté à un rythme spectaculaire.

Les exportations des industries de transit importatrices de grumes de feuillus tropicaux sont rapidement devenues un élément majeur du commerce mondial de contre-plaqués de feuillus. Dans ce domaine, c'est le Japon qui, dans les années cinquante, a joué le rôle de pionnier avec ses expéditions à destination des Etats-Unis. En 1960, il a exporté 274 500 mètres cubes de contre-plaqués de feuillus tropicaux. Comme on peut le voir au tableau annexe 8, le Japon a été suivi, depuis 1960, par la Chine (Taiwan) et la République de Corée, les exportations de l'une et de l'autre ayant rapidement atteint un niveau à peu près aussi élevé (tandis que les exportations japonaises fléchissaient). Ces deux pays occupent actuellement le quatrième et le cinquième rang parmi les exportateurs de contre-plaqués. Les industries de transformation de transit se sont surtout développées dans les pays de l'Asie orientale, pour alimenter le marché des Etats-Unis, mais une expansion analogue, quoique plus restreinte, s'est produite au Proche-Orient, pour l'approvisionnement des marchés européens. Quelques pays de l'Europe occidentale exportent également des contre-plaqués fabriqués à partir de grumes de feuillus tropicaux importés. En 1964, les producteurs qui travaillaient cette matière première pour la réexportation fournissaient au total près des trois quarts des contre-plaqués de feuillus entrant dans le commerce mondial et, parmi eux, des producteurs des pays développés en fournissaient plus du quart.

En même temps, quelques pays tropicaux producteurs de contre-plaqués ont, eux aussi, développé leurs exportations pendant la période considérée; tel est notamment le cas des Philippines (+ 103 pour cent), qui exportent principalement aux Etats-Unis, et de quelques pays de l'Afrique occidentale qui exportent surtout en Europe occidentale.

PLACAGES

Les exportations de placages provenant des pays en voie de développement - fabriqués, eux aussi, presque en totalité à partir de feuillus tropicaux - qui ont augmenté d'environ 14 millions de dollars entre 1959-61 et 1963-65, ont apparemment presque triplé⁵ et sont à peu près entièrement absorbées par les pays développés. Ces placages sont de trois sortes, selon qu'ils servent à la fabrication de contre-placages décoratifs, à celle d'emballages, ou qu'ils sont transformés en contre-plaqués dans les pays d'importation. Cette dernière catégorie est celle dont la production se développe le plus rapidement. La fabrication de placages exige des installations et des opérations beaucoup plus simples que celle des contre-plaqués, tout en permettant de réaliser les économies de poids et de volume souhaitables avant l'expédition. En raison de sa simplicité, cette industrie a pu être implantée dans un plus grand nombre de pays producteurs de feuillus tropicaux que celle des contre-plaqués (tableau annexe 9). Les exportations qui ont le plus augmenté sont celles en provenance d'Asie, dont la plus grande partie a été absorbée par l'Amérique du Nord, ainsi que celles de l'Afrique à destination de l'Amérique du Nord et de l'Europe occidentale.

[⁵ Lorsque le commerce est peu important, il est probable que les statistiques commerciales ne mentionnent pas séparément les placages. Il se peut donc que les données relatives à ce secteur soient incomplètes.]

PÂTE ET PAPIER

Les exportations de pâte de bois et de papier des pays en voie de développement restent faibles, aussi bien en termes relatifs qu'en termes absolus, et plus encore la part de ces exportations destinée aux pays développés. Sur les 16 millions de dollars que représente l'augmentation des exportations de pâte de bois et de papier des pays en voie de développement vers les pays développés (tableau annexe 10), 11,5 millions proviennent des exportations d'une nouvelle usine du Swaziland travaillant pour l'exportation, principalement à destination de l'Afrique du Sud voisine et de l'Europe. Les autres courants d'exportation - d'Afrique, d'Angola et du Maroc vers l'Europe - sont beaucoup moins importants et n'ont pas sensiblement augmenté (tableau annexe 11). Par contre, le commerce interrégional entre pays en voie de développement s'est accru notamment en Amérique latine où le Chili est devenu un fournisseur important de pâte de bois et de papier journal. La Chine (Taiwan), de son côté, exporte depuis peu des quantités croissantes de papier et de carton vers les autres pays asiatiques.

En résumé, l'expansion des exportations de produits forestiers des pays en voie de développement vers les pays développés a été très substantielle de 1959-61 à 1963-65. C'est encore sur les feuillus tropicaux qu'a porté la plus grande partie de l'accroissement des exportations, dont les trois cinquièmes ont encore consisté en grumes, mais le commerce du bois sous forme transformée a augmenté aussi rapidement que celui des grumes. En fait, l'exportation de produits forestiers transformés s'est considérablement développée au cours des dix ans qui ont précédé 196365, et la part du bois exporté sous forme transformée semble avoir augmenté ces dernières années. Cet accroissement est dû, pour beaucoup, à l'apparition de grandes industries modernes de transformation dans un petit nombre de pays en voie de développement, mais les pays qui y ont participé dans des proportions plus modestes sont beaucoup plus nombreux et leur nombre va croissant. L'Asie a fourni la majeure partie de l'accroissement des exportations de produits forestiers transformés, comme d'ailleurs de celles des bois ronds. Le reste des exportations additionnelles est venu principalement d'Afrique. En Amérique latine, les signes d'une participation à cette expansion des exportations vers les pays développés commencent à peine à se faire jour.

Le marché principal des produits forestiers a été l'Europe occidentale, qui a absorbé plus des deux cinquièmes des quantités additionnelles de ces produits exportées par les pays en voie de développement pendant la période considérée. Le Japon en a absorbé un tiers, l'Amérique du Nord un sixième et l'Australie, la Nouvelle-Zélande et l'Afrique du Sud à peine un dixième à elles trois. Le Japon a continué à importer les produits forestiers des pays en voie de développement presque exclusivement sous forme de bois rond, et les marchés des produits forestiers transformés ont été par ordre d'importance: l'Amérique du Nord, deux cinquièmes; l'Europe occidentale, près de deux cinquièmes; et l'Australie, la Nouvelle-Zélande et l'Afrique du Sud, un cinquième. Dans les pays à économie planifiée, les importations globales de feuillus tropicaux d'un volume très faible n'ont pas augmenté.

J.E.M.A.
(A suivre)

TABLEAU ANNEXE 1. EXPORTATIONS DE GRUMES DE FEUILLUS DES PAYS EN VOIE DE DÉVELOPPEMENT, PAR DESTINATION, 1953-55, 1959-61 ET 1963-65 - (Valeurs annuelles moyennes en millions de dollars f.o.b.)