Previous Page Table Of Contents Next Page

2. LES MOTEURS DU CHANGEMENT ET LEURS IMPLICATIONS FORESTIERES

2.1 CHANGEMENT SOCIO-ECONOMIQUE

2.1.1 Population

Au Tchad la population sédentaire (urbain –rural) se chiffre à 5.926.442 habitants (BCR, 1993). La population rurale totale est de 4.598.035 soit 73,21% et urbaine à 1.328.407 (21,17%) habitants. La population résidente nomade à 353.489 habitants soit 5,62%.

Les dernières années on note une amélioration du revenu par habitant. Nous avons 76,500,0 FCFA en 1993 à 152.900 FCFA en 1998. Il faut noter aussi que le Tchad est classé parmi les pays à faible développement humain. La part des femmes dans le PIB réel par habitant est 730 alors que celui des hommes est de 1216, le taux de scolarisation des femmes est de 9% et celui des hommes est de 38% en 1997 pratiquement le quart de celui des hommes.

Caractéristiques socio-démographiques de la population:

Selon le recensement général de 1993, on a dénombré 2.719.497 personnes âgées de 6 ans et plus comme faisant partie de la population résidente active. 82,2% de cette population vivent en milieu rural. On note une croissance des effectifs par groupe d’âge entre 6 et 29 ans chez les hommes et 6 et 19 ans chez les femmes, ce qui signifie que dans cette tranche d’âges s’effectuent assez rapidement les entrées des jeunes dans la vie active. 71,1% des hommes vivent en milieu urbain et 85,6% des actifs occupés vivent en milieu rural.

La stratégie à moyen terme du pays est la réduction de la pauvreté. Cette stratégie servira de plate forme à l’élaboration de la politique économique et sociale et ouvrira la voie à la transition vers l’ère pétrolière.

Des priorités ont été dégagées par secteur: il s’agit de:

Santé:

Développer des services de santé primaire de haute qualité accessible à toute la population

augmenter le nombre d’agents qualifiés de santé

améliorer la gestion du système de santé

accroître les efforts visant à éradiquer les maladies endémiques et épidémiques

Education:

La politique gouvernementale sera axée sur le relèvement à brève échéance des taux de scolarisation primaire, l’amélioration de la qualité de l’enseignement ainsi que l’environnement pédagogique et des conditions d’apprentissage

 

2.2 PERFORMANCES ECONOMIQUES GLOBALES

2.2.1 Performances économiques globales

La performance économique pour la période 1995-2000 a contribué à un redressement marqué de l’activité économique, à des progrès tangibles vers une amélioration de l’environnement économique qui a rendu propice à l’initiative privée. De part les indicateurs, le faible taux des revenus et la taille relativement réduite du secteur privé limitent l’épargne nationale et l’investissement nécessaire à la croissance. Le pays dépend de l’étranger en matière de l’énergie.

La politique économique du pays est axée sur la stabilisation budgétaire, la consolidation des acquis en matière de macro-économie basée sur le secteur privé par la libéralisation de l’économie, d’où une politique de privatisation des entreprises publiques.

2.2.2 Changements attendus dans le rôle relatif des différents acteurs

Développement rural:

Agriculture

La reforme de la filière coton constitue l’axe majeur de la politique agricole du pays. Une stratégie globale de libéralisation de la filière a été adoptée par le pays aux termes d’un processus de consultations intensives avec les parties prenantes. Le second élément majeur de la politique de développement rural est le renforcement de la sécurité alimentaire. Le gouvernement continuera à améliorer les services d’appui aux producteurs, notamment en promouvant la recherche et la vulgarisation.

Transport

L’un des principaux volets de la politique sectorielle des transports à trait à l’extension du réseau routier national permanent aux zones rurales. Le secteur des transports et les travaux d’entretien routier ont été libéralisés.

Environnement

Le gouvernement a lancé en mars 2000 la préparation d’un Plan National d’Action Environnementale (PANE), qui sera adopté avant fin 2002, ainsi qu’une campagne d’information, éducation et communication. D’autres actions complémentaires sont envisagées dans le court terme, notamment l’intégration des aspects environnementaux dans le processus de planification et de programmation utilisée par les ministères des finances et du Plan à partir de la préparation du budget 2001 et la réalisation d’une étude de faisabilité des activités environnementales transfrontalières les plus urgentes (Lac-Tchad). Réaffirmée lors du 10ème sommet des chefs d’états membres de la commission du bassin de lac Tchad.

 

2.3 Changements politiques et institutionnels

D’une manière globale, le pays entend redoubler d’efforts pour améliorer l’environnement dans lequel se déploie l’activité économique du secteur privé. Aussi, un programme global de renforcement des capacités et des institutions afin d’améliorer la transparence et la gouvernance et de consolider l’administration publique.

Cette politique s’accompagne des reformes spécifiques au niveau des textes du secteur forestier, notamment l’élaboration et l’adoption de la loi 14/PR/98 définissants les principes généraux de la protection de l’environnement qui précisent que tout citoyen, individuellement ou dans le cadre d’institutions locales traditionnelles ou d’associations sont chargées, en collaboration avec leurs collectivités territoriales décentralisées et l’Etat, d’œuvrer, de pérenniser et de lutter contre toutes sortes de pollution ou de dégradation de l’environnement dans le respect des textes législatifs et réglementaires en vigueur.

La Loi 36/PR/94 portant organisation de la commercialisation est plus explicite sur les systèmes de propriétés en précisant les personnes physiques ou morales propriétaires des forêts plantées par elles, sur des terrains leur appartenant. Elles jouissent sans restriction ni entrave. Les propriétaires des forêts privées peuvent obtenir à la demande l’immatriculation de leurs forêts, auprès de l’administration des forets de leur préfecture.

Le projet de loi portant régime des forêts, de la faune et de la pêche consolide le changement des politiques et institutionnelles pour ses dispositions institutionnelles et particulièrement, la définition en termes généraux, des missions et des compétences des administrations chargées de forêts, de la faune et la pêche.

 

2.4 SECTEUR AGRICOLE ET SES CONSEQUENCES POUR LE SECTEUR FORESTIER

Les facteurs des dégradations des ressources ligneuses restentles mêmes fondamentalement. Il s’agit de l’action de l’homme et de son bétail, ainsi que le climat sahélien est souvent défavorable. Pour atteindre un degré d’autosuffisance alimentaire, l’on assiste à une conversion des forêts, une augmentation de la dépendance des agriculteurs marginaux et des paysans sans terres à l’égard des forêts.

Autour des bas fonds ou des villages, on distingue des champs pluviaux généralement, souvent très surexploités quand la terre est épuisée, il y aura alors déplacement des champs et parallèlement du site du village. Au-delà de ces champs ‘itinérants’, les arbres du village sont complètement éliminés et la jachère est de plus en plus courte. Les sols sont ainsi dénudés, alors exposés à l’érosion éolienne et l’ensablement en zone soudanienne, l’équilibre assuré par les systèmes de cultures traditionnelles entre parcs arborés et jachères ont été profondément bouleversé par:

l’accroissement démographique

l’arrivée des populations en provenance des zones sahéliennes

l’introduction de la culture de coton, etc.

 

2.5 LE DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL ET SES EFFETS SUR LA FORÊT

La base économique du pays est essentiellement agricole: pour un PIB de 1,6 milliards de dollars en 1997, 39% proviennent de l’agriculture 46% des services, seulement 15% de l’industrie. Cette proportion de la contribution de l’industrie agricole au PIB provient principalement de l’agroalimentaire notamment la filière coton. Dans le contexte du Tchad, les principaux secteurs de changements en matière de l’industrialisation sur la forêt sont:

Les besoins en terre de culture pour la filière agro-industrielle, d’où les défrichements

L’industrialisation minière ( les fouilles de mine telles que les mines d’or de Pala)

La construction de pipe line pour l’exploitation du pétrole

Les besoins en combustibles pour les usages industriels (brasserie, boulangeries, briqueteries... )

Avec la politique de la restructuration et la privatisation de la plupart des entreprises publiques, la poursuite de la libéralisation du commerce ainsi que l’avènement de l’ère pétrolière, le pays est appelé à se développer industriellement. Le développement industriel doit nécessairement faire appel à la main d’œuvre supplémentaire, ce qui va extraire une grande partie de la main d’œuvre rurale au profit de l’industrialisation, d’où l’accentuation de l’urbanisation.

Selon le recensement général de la population, la population active se trouve en majorité en milieu rural. Mais la proportion de la population active occupée est supérieure dans les centres urbains que dans le milieu rural Le déplacement des populations ou la migration interne vers les zones productives de pétrole ou zones industrielles potentielles provoquera un vide dans le reste du pays. Ce qui permettra probablement aux formations végétales et la faune sauvage de se reconstituer comme il a été remarqué pendant les années de grande sécheresse en 1984.

 

2.6 FAIT NOUVEAU DANS LE DOMAINE DES SERVICES: LE TOURISME

Le Tchad est un pays touristique potentiel, surtout le tourisme écologique. De part sa cité séculaire et exceptionnelle, de ses sites et ses espèces en grande faune, le Tchad peut valablement valoriser un tourisme écologique. Il est vrai que le tourisme est une activité florissante pour les particuliers et de rentrée des devises pour le pays. Par la même occasion le tourisme peut occasionner des effets négatifs sur la forêt et surtout la biodiversité.

A côté de l’activité légale, des individus se livrent à des commerces illicites particulièrement la vente des espèces d’oiseaux strictement protégées, des reptiles, des gazelles etc. S’ajoute à cela l’abattage incontrôlé par les chasseurs autorisés et autres touristes avec des véhicules 4x4 qui déciment les antilopes sahariennes. En bref si le tourisme est une activité lucrative pour le pays, il peut constituer aussi une porte ouverte favorisant la perte de biodiversité.

 

2.7 CHANGEMENTS DANS LA CONSOMMATION D’ENERGIE ET CONSEQUENCES

Avec un taux de croissance de 2,5%, la population tchadienne atteindra 9,35 millions d’habitants en 2010 (projet Energie Domestique, 1997). Celle urbaine de l’ordre de 21% se dédoublera en 2010 avec un taux de croissance de 3,5%/an. De ce fait, la demande en bois énergie aura augmentée pour cette même période.

 

Les alternatives potentielles pour cette période sont plus:

Les foyers améliorés: Seulement 4% (Energie Domestique, 1997) de ménages tchadiens ont adopté les foyers améliorés. Ce faible taux d’utilisation des foyers améliorés est dû essentiellement au manque de vulgarisation des foyers améliorés ainsi qu’à l’insuffisance des activités de la promotion par les fabricants des foyers.

Le pays dispose à long terme des potentialités en matière de sources d’énergie non ligneuse. Avec l’avènement du pétrole et les politiques économiques visant à la réduction de la pauvreté, on peut envisager:

La pré-électrification rurale par des photo-voltaïques

La valorisation des déchets

L’introduction des butane-gaz

Les bio gaz

Un fonds pour le soutien du programme de substitution de bois - énergie par le gaz est créé au du ministère des Mines et de l’Energie et de Pétrole. Ce fonds a pour objectif l’accélération du recours à l’utilisation du gaz butane comme combustible de cuisson par:

la baisse du prix du gaz

la baisse du prix des équipements à gaz

le soutien aux activités d’animation et de sensibilisation des populations à l’utilisation du gaz

le soutien aux activités de suivi et de contrôle des prix et des mesures pris en commun accord entre les pouvoirs publics et les professionnels de gaz

Ces changements potentiels dans l’utilisation des sources d’énergie non ligneuse contribuent à la réduction de la pression exercée sur les forêts et peuvent la ramener à un niveau acceptable et à une baisse substantielle d’émission de gaz carbonique.

 

2.8 FAITS NOUVEAUX DANS LES INFRASTRUCTURES ET LES COMMUNICATIONS

Le Tchad, pays enclavé, entend développer une politique du désenclavement du pays et surtout la priorité est accordée au réseau interne afin qu’un développement économique équilibré puisse avoir droit de cité. Le réseau routier comporte 40.000 kilomètres qui se repartissent en 3 000 km de routes revêtues, 3.100 km de route en terre aménagée, 1.100 km de route en terre sommaire et de 300 km de pistes. Compte tenu des dimensions du pays, certaines régions productrices des produits agricoles, se trouvent coupées pendant du pays une bonne partie de l’année. C’est pourquoi, le Gouvernement a décidé de hiérarchiser le réseau actuel à trois niveaux de service et d’exploitation différente. Il est retenu un réseau national de 2.600 km qui devrait être entièrement revêtus au cours de la prochaine décennie et un réseau saisonnier de 3.600 km environ; un réseau de pistes d’intérêt régional devant permettre le passage de camions lors des récoltes; et un réseau de pistes d’intérêt local et les groupements d’acteurs économiques.

L’ouverture des routes à travers les formations naturelles est un facteur de la dégradation incontestable du point de vue floristique et faunistique surtout par la fragmentation des formations naturelles végétales.

 

2.9 CHANGEMENTS DE POLITIQUE FORESTIERE

La gestion forestière autrefois ba!H2sée sur la répression stricte a donné des résultats mitigés. Fort de ce constat, une prise de conscience s’est fait jour et traduite par un certain nombre d’initiatives gouvernementales. Ce changement de politique est marqué par l’élaboration d’un Plan Directeur de Lutte Contre la Désertification en 1987 qui est un cadre global pour une exploitation optimale et écologiquement rationnelle des ressources naturelles en vue de satisfaire les besoins immédiats des communautés rurales et le déclenchement auto-entretenu de préservation à long terme de l’environnement.

 

 

Previous PageTop Of PageNext Page