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1. INTRODUCTION ET CONTEXTE DU SECTEUR FORESTIER

1.1 OBJECTIF DU RAPPORT

Les ressources naturelles et plus particulièrement les forêts constituent l’élément majeur de production pour la population tchadienne dont 70% est d’origine rurale (BCR, 1993). Cette primauté de la forêt se justifie par:

Son rôle d’approvisionnement des populations en bois-énergie à hauteur de 97% (FAO, 1994) et en bois de service

En produits forestiers secondaires tels que la gomme arabique. Ce produit place le Tchad parmi les premiers producteurs

La conservation de la productivité du «capital terre» et de la biodiversité, convention opérationnelle que le Tchad a ratifié au même titre que celles relatives au changement climatique et à la couche d’ozone.

A la lumière des vertus que révèlent les forêts, le Tchad se doit de jeter les bases d’une gestion durable des ressources forestières moyennant une étude prospective avec un horizon temporel de 20 ans. Ainsi, suite à la préoccupation de la commission des forêts et de la faune sauvage pour l’Afrique née en 1998, à l’instar des pays africains qui ont donné mandat à la FAO de superviser l’étude prospective du secteur forestier pour l’Afrique (FOSA) avec le soutien BAD et d’autres partenaires (BM), le Tchad prenant partie s’est résolument engagé dans cette logique.

Des termes de référence (en annexe), le document national prospectif du secteur forestier se fixe comme objectif principal l’examen de la situation du secteur forestier. A partir d’un état de lieu, l’étude tentera de suivre l’évolution la plus probable des forêts et des institutions durant les 20 années prochaines et d’évaluer les conséquences économiques, sociales et environnementales. A ce titre, la dynamique des forêts est vue à travers les principaux secteurs ayant un impact sur son développement.

 

1.2 CONTEXTE DU SECTEUR FORESTIER

1.2.1 Contexte Général

Le Tchad est un vaste pays qui couvre une superficie de 1.284.000 km². Par rapport à la zonation climatique, les formations végétales du Tchad s’ordonne du sud au nord de la manière ci-après:

Domaine soudano-guinéen correspondant au climat tropical humide (P> 1000 mm/an) englobe 2 types de formations: foret claire à légumineuses et combretacées dominantes et savane arborée forestière, formation dont la composition peut varier selon la proportion des espèces comme Anogeissus leiocarpus, Prosopis africana, Butyrospermum parkii

Domaine soudanien(700Ð PÐ 1000 mm/an) correspondant à des formations de type savanes soudaniennes plus ou moins boisées à combretacées

Domaine sahélo-soudanien correspondant à la marge sud du climat sahélien (500Ð PÐ 700 mm/an) caractéristique des savanes arbustives où dominent les Acacias

Domaine sahélien correspondant à la marge Nord du climat sahélien et au climat désertique recevant moins de 500 mm/an. Il a pour caractéristique des formations basses, ouvertes ou pseudo-steppes

L’esquisse phytogéographie ainsi présentée montre à suffisance l’appartenance d’un type de formation à une zonation spécifique ou le gradient pluviométrique reste le facteur déterminant. Selon la zonation les possibilités et les potentialités qu’offrent ces formations, à travers les travaux de plusieurs auteurs se présentent comme suit.

Potentialités:

Tableau 1: Les potentialités par type de formation (m3/ha):

Préfecture

Forêt claire

Formation arborée

Formation arbustive

Lac

   

2

Kanem

22

12

7

Chari baguirmi

27

14

9

Source: CFFT/CIRAD in CTA, 1994

Possibilités:

Concernant les possibilités de l’analyse de ses estimations faites dans des conditions de formations forestières sèches soudano-sahéliennes, un gradient de potentialité est établi du nord au sud.

1.2.2 Contexte politique et Institutionnel

Le Tchad, est dirigé par un régime de type présidentiel élu au suffrage démocratique. Il est membre de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), de la Commission du basin du Lac Tchad (CBLT), du Comité Inter-Etat de Lutte Contre la Sécheresse au Sahel (CILSS).

Un Haut Comité National pour l’Environnement (HCNE) composé de16 Ministres et présidé par le Premier ministre a été crée par décret n° 822/PR/MET/95dans le but d’impulser, d’harmoniser et de veiller à la mise en œuvre des politiques et stratégies en matière d’environnement en vue d’un développement durable ayant pour taches spécifiques de:

veiller à la mise en application effective des recommandations des conférences nationale souveraine concernant l’environnement et le développement

veiller à la mise en application effective des recommandations et de l’agenda 21 de la conférence des nations unies de Rio de Janeiro de juin 92

veiller à l’intégration effective de l’environnement et du développement

orienter les politiques de développement durable et veiller à leur mise en œuvre concrète

opérer des arbitrages en cas d’options contradictoires entre priorité de développement et de protection de l’environnement

définir les modalités de mise en place et de fonctionnement d’un fonds national pour l’environnement, notamment les actions de lutte contre la désertification

mobiliser les partenaires institutionnels et sociaux afin de promouvoir la protection et l’amélioration de l’environnement

1.2.3 Contexte démographique et social

Le recensement général de la population et de l’habitat ( RGPH ) d’avril 1993 indique une population de 6. 279. 931 habitants très inégalement répartis sur le territoire. Sur le plan de la densité au km2, quelques densités par zones sont les suivantes:

Zone saharienne 0,12 habitants/km²

Zone sahélienne 4,46 habitants /km²

Zone soudano-sahélienne 8,52 habitants /km²

Zone soudanienne 22,4 habitants/km²

Moyenne nationale 4,9 habitants/km²

La répartition de la population selon le sexe donnait une prépondérance féminine avec 52 % (RGPH, 1993). Du taux de croissance annuel de 2,5%, la projection de la population sur la base de sa dynamique de 1993 donne une estimation de 9 480 900 et de 12 134 200 en 2010 et 2020 respectivement.

Parmi la population résidente on dénombre environ 21% de la population vivant dans les centres urbains. La population nomade recensée représente 6% de la population totale.

Le rapport mondial sur le développement humain 1999 a classé le Tchad au rang de 162ème pays sur 174 au total. Le même rapport indique l’espérance de vie à la naissance de 47,2 années, le taux d’alphabétisation des adultes de 50,3% (hommes), 64% des femmes et 37,1% enfants. La population n’ayant pas accès à l’eau potable est de 76%, pas d’accès aux services de santé est de 74% et celle privée à l’assainissement de 79%.

1.2.3 Le Contexte environnemental

80% des richesses biologiques se trouvent sous les tropiques. Le Tchad compris entre le tropique de cancer et de l ‘équateur, est une «mine» de niches écologiques, par la diversité de ses zones bioclimatiques. Malgré la réduction par la guerre de 1979, le Tchad est réputé d’avoir un potentiel en grande faune; jusqu’à présent les actions de conservation sont focalisées sur les deux grandes réserves de faunes (parc national de Zakouma et celui de Manda). La biodiversité du Tchad est menacée par l’aridité de son climat et la pression anthropique. On dénote également une flore et une faune spécifiques aux zones montagnardes et une gamme d’espèces endémiques.

1.2.4 Le Contexte économique

Le dernier programme de facilité d’ «Ajustement structurel» a permis d’obtenir globalement de résultats satisfaisants. Le taux de croissance réel a atteint 4,6% en moyenne par an durant la période 1995-1997 (Mémorandum des Politiques Economiques et Financières, 1999). Ce résultat tient en grande partie, à des gains de compétitivité et à la hausse de la production agricole et agro-industrielle. Le taux d’inflation qui s’est établi à 9% en moyenne sur la période de 1995-1997 est tombé à 4,3% en 1998.

 

1.3 LES RESSOURCES FORESTIERES: SITUATION ET ANALYSE CRITIQUE

Au Tchad, le domaine forestier regroupe les massifs sous juridiction des régimes des forêts: Les forêts classées

Les forêts protégées et mises en défens

Les parcs nationaux

Les réserves de faune

Les réserves cynégétiques

A cela, s’ajoutent les périmètres de reboisements. Plusieurs estimations ont été avancées jusqu’à ce jour sur la superficie de forêts au Tchad. Les superficies des forêts classées (593.000 ha), les parcs nationaux (414.000 ha) et réserves de faunes (11.080.000 ha ) constituent environ 12.087.000 hectares. Les formations végétales naturelles d’après le Centre Technique Forestier Tropical (1989) seraient d’ environ 23.000.000 hectares. En utilisant le taux de dégradation estimé par la FAO en 1995 qui est de 0,6%/an, nous estimons à environ 21.000.000 ha.

1.3.1 Conservation et gestion des ressources forestières

Depuis l’indépendance (1960), la conservation de ressources ligneuses du Tchad est caractérisée par l’adoption des textes législatifs reconnaissant des pratiques coutumières de gestion en vertu du «droit d’usage». Toutes les lois prises depuis lors du moins jusqu’à l’élaboration du projet de code forestier de 1989 sont centrées sur la conservation. Ces lois portent sur le régime domanial et foncier. Parallèlement aux différentes lois, les responsables coutumiers gèrent le domaine forestier selon les pratiques ancestrales. Présentement, seuls les parcs nationaux sont gérés selon les textes officiels.

L’Etat tchadien, afin de constituer un dispositif global régissant le statut, l’aménagement, l’exploitation et la protection de ces diverses ressources, a élaboré un nouveau projet de code avec l’appui de la FAO. Si ce texte est adopté, il ambitionne de définir le principe de durabilité qui suppose une gestion rationnelle, équilibrée et équitable des ressources, soucieux du présent autant que de l’avenir, le principe de participation qui implique la prise en compte des avis, besoins, et intérêts de l’ensemble des acteurs concernés (projet de code forestier, 1999).

1.3.2 L’utilisation des produits forestiers

Le bois-énergie:

Le bois de chauffe et le charbon de bois représentent 97% d’énergie consommée par les ménages du pays. En milieu rural, les besoins en bois de feu varient selon les zones écologiques et la densité des populations de 0,5 m³/pers/an au Nord à 1,5 m³/pers/an au Sud. En milieu urbain, la consommation est estimée à 1m³/pers/an. Sur la base des projections, l’évaluation de la consommation de bois-énergie comme source d’énergie est en progression vertigineuse pour atteindre 5.300.000 m³ en l’an 2000 dont 1.700.000 m³ dans les villes et 3.600.000 m3 en milieu rural (CILSS, 1978, cité par Agala, 1994).

Le produit industriel:

La production ligneuse pour les bois de chauffe plus de charbon de bois est croissante. La production en charbon de bois est de 415.000 en 1990 et 501.000 tonnes métriques en 1997. Il se dégage que la production tout comme la consommation connaissent une croissance. Ceci correspond nécessairement aux besoins créés par la croissance démographique.

La production de bois industriel (grume + sciage = placage, bois rond) varie de 559 000 m³ en 1990 à 685.000 m³ en 1997. Les sciages et traverses varient de 1.200 m³en 1990 à 465 m3 en 1997. Cependant, les importations en sciages et traverses ont passé de 93 m³ (1992) à 17.400 m³ (1997).

Ces chiffres montrent que le Tchad est un importateur net en bois rond industriel. Les importations du Tchad se chiffrent rien que pour les sciages et traverses à 1.056.000 $ en 1997. Ceci est d’abord dû par le fait que le pays ne dispose pas d’usine de transformation et les potentialités en bois rond industriel se trouve en petites quantités et à l’extrême sud du pays, loin des grands Centres. Il s’avère nécessaire pour que le Tchad envisage des plantations industrielles ainsi que l’installation des usines appropriées dans les zones qui s’y prêtent, pour atténuer la dépendance stricte en bois industrielle.

Les produits forestiers non-ligneux:

Les produits forestiers non ligneux représentent une source importante de devise pour le pays. Les principaux produits sont: la gomme arabique, le Karité, le néré et le Balanites.

La gomme arabique que produit l’Acacia Sénégal couvre un territoire de 380.000 km². La productivité est d’environ 1 500 tonnes en 1998

La filière karité constitue une potentialité importante. Le nombre de pieds de karité en age de produire est estimé à 4.600.000. La consommation est locale actuellement.

Les autres produits forestiers non-ligneux sont consommés abondamment surtout en temps de disette, mais ils n’ont jamais connu d’estimation. Ces produits contribuent significativement à l’économie rurale et nationale au Tchad.

Les produits forestiers secondaires:

A part les produits forestiers non-ligneux cités ci haut, les autres produits secondaires sont principalement dans l’artisanat. Au Tchad, il est très difficile d’avancer des ch iffres de ces produits tant sur leur quantité que sur leur contribution à l’économie nationale. Toutefois, des estimations ont été faites dans le cadre restreint des projets et peuvent être extrapolés. Un des exemples est celui du Projet GCP/024/NET, qui s’est fixé trois conditions principales de succès à savoir:

la mise en place des structures adaptées

l’arrêt des exploitations anarchiques et délictueuses qui ravagent les forêts

la création des conditions permettant une bonne commercialisation des produits issus de la forêt

Toutes ces conditions sont mises en œuvre pour satisfaire deux objectifs immédiats qui sont:

Consolidation et mise en œuvre du plan d’aménagement participatif des forêts

Et la définition des grandes lignes d’un programme global de foresterie rurale

Autres formes d’utilisation de la forêt:

Eco tourisme

Très étendu en latitude, le Tchad offre une grande diversité de paysages. A ce titre, ils constituent une mine touristique. La faune du Tchad doit devenir l’élément prépondérant du tourisme. Un certain nombre de réserves assurent sa protection et son renouvellement.

Chasse-vente des gènes et commerce du carbone

Toutes les catégories de chasse se pratiquent au Tchad, dans les aires de chasses contrôlées et les aires de chasse des zones banales. Grâce à la mise en œuvre de la convention sur la conservation de la biodiversité, le pays entend tirer profil de la disponibilité des gènes à long terme.

Avec l’exécution du projet énergie domestique, les émissions de CO2 évités représenteront un avantage réel au plan mondial. Au total, environ 1,05 millions de tonnes de carbone seront évités sur une période de 20 ans (1997-2017), essentiellement en raison de la réduction de la consommation du bois de feu, de l’amélioration de la gestion des ressources ligneuses et des techniques de carbonisation (Rapport P.E.D, 1997). Il s’agit ici d’une estimation très prudente dans la mesure où la situation «avec projet» sera caractérisée par une réduction du déboisement et partant des émissions des gaz à effet de serre.

1.3.3 Les contextes institutionnels

Politique forestière et cadre légal:

Le Ministère de l’Environnement et de l’Eau est chargé de l’application de la politique arrêtée par le gouvernement en matière d’environnement. A ce titre, il a la responsabilité de mener les actions suivantes en relation avec les autres départements ministériels concernés.

Dans le domaine de l’environnement, il est chargé de la sauvegarde de l’environnement de la lutte contre la désertification à travers la protection de l’environnement et le développement de toute action visant à générer les ressources naturelles renouvelables; la coordination des activités en matière de lutte contre la désertification, l’initiation, la coordination, la réglementation et le suivi des actions liées à l’assainissement de l’environnement et à l’amélioration du cadre de vie tant en milieu rural qu’urbain.

Le Ministère de l’Environnement et de l’Eau est aussi chargé de suivi de la politique des forêts et de la faune à travers la constitution, le classement, la conservation, l’aménagement et la gestion du patrimoine forestier national. La constitution, le classement, la conservation des forêts et réserves de faune et de flore; la valorisation du potentiel cynégétique et halieutique et de l’algue verte; chargé du développement de la pisciculture, la gestion des parcs nationaux

Les communautés internationales ont élaboré une stratégie régionale de lutte contre la désertification visant à la recherche d’un équilibre socio-économique entre la satisfaction des besoins fondamentaux de la population et la préservation de l’environnement. Ainsi pour sa part, le Tchad a élaboré dès 1988 un plan directeur de la lutte contre la désertification (PDLCD) qui fut adopté par le gouvernement en 1989. Ce plan a retenu quatre (4) axes stratégiques devant être traduits en programmes d’action. Il s’agit de:

La protection et la régénération des ressources écologiques incluant la restauration des potentiels forestiers et pastoraux, l’amélioration de la gestion des ressources végétales et de la protection des sols

L’élaboration d’un schéma national d’aménagement du territoire

Le renforcement du cadre institutionnel et juridique incluant la formation des cadres, l’adoption des structures, l’élaboration d’un code rural (forestier) intégrant notamment les aspects liés au régime foncier, la création des structures de coordination multi-sectorielle au niveau régional, la création des structures de recherche et le renforcement de la coopération scientifique et technique dans la lutte contre la désertification

L’amélioration des systèmes de production de faune et de flores

Administration forestière:

Au niveau central, l’administration forestière est représentée par la direction des forêts et de la protection de l’environnement (DFPE), d’attributions entre autres: La mise en œuvre et le suivi de la politique nationale en matière de l’environnement et des forêts, la mise en application de la réglementation nationale des accords et conventions régionales et internationales relatives à l’environnement, de prévention et la lutte contre les nuisances de la nature, la conception et l’élaboration des stratégies de lutte contre la désertification et la coordination des programmes s’y rattachant. Dans l’accomplissement des ses attributions au niveau territorial, l’administration forestière est supplée par des inspections forestières au niveau départemental avec pour base des postes forestiers.

 

 

La formation:

Le ministère de l’Environnement et de l’Eau à travers les directions techniques a initié des programmes de formations continue et initiale pour pallier insuffisances techniques aussi bien en qualité et quantité ( voir tableaux en annexe ). Au vu de ces tableaux, l’effectif pourra être doublé à l’horizon 2005 si jamais le rythme de programmation est soutenu. On pourra atteindre des améliorations notoires avec comme corollaire en perspectif la réduction des superficies sous surveillance qui sont actuellement d’environ 64.000 ha/ agent à un niveau acceptable.

Recherche:

La recherche en tant que structure n’existe pas. Cependant avec l’organigramme en vue, cet aspect pourra connaître un essor.

Les financements du secteur forestiers:

Pour faire face aux besoins croissants des populations en bois-énergie et des services et des pratiques culturales (cultures itinérantes sur brûlis), dans la recherche des solutions durables, le gouvernement tchadien, avec le concours des partenaires extérieurs (coopération internationale, FAO, PNUD, ONG, etc.), a mis en œuvre des actions de conservation, de restauration et de gestion des ressources naturelles, à travers des projets forestiers (exécutés ou en cours de l’être). Egalement, la DFPE a participé à l’organisation et la tenue de la réunion sectorielle sur le développement rural. Des fiches des projets ont été élaborées et soumises à l’intention des différents partenaires pour d’éventuels financements.

 

 

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