Les apports financiers extérieurs injectés dans le secteur
forestier sont jugées de plus en plus insuffisantes par rapport à l’ampleur
du phénomène de la dégradation des formations forestières et des besoins
; L’Etat devrait mieux s’impliquer financièrement dans l’exécution de programmes
pertinents , le suivi et l’évaluation des actions menées. Il devrait revoir
son niveau de contribution à l'investissement dans le secteur.
Le chiffre d'affaire global du secteur forestier national n'est en rien comparable aux volumes du fonds forestier national et des investissements qu'ils pourraient prendre en charge. Il serait réaliste d'effectuer une révision profonde de sa politique fiscale. A ce titre, les conclusions et recommandations de l'étude sur" l'analyse des bénéfices économiques de la forêt au Sénégal " qui sera menée ultérieurement pourraient être d'un grand intérêt.
Les projets de développement forestier ont englouti beaucoup de ressources sans pour autant que des changements significatifs ne soient constatés. Il serait judicieux d’envisager dès l’étape de leur conception, leur ancrage et leur intégration au service forestier national pour permettre d’une part d’accroître leur efficience et assurer une continuité dans les actions d’autre part.
La mise en œuvre de politique de décentralisation en cours au Sénégal transfère un certain nombre de responsabilités aux collectivités locales ; dans ce cadre, la législation forestière qui s’y est adaptée a fait beaucoup de concessions aux collectivités de base en leur donnant de nouvelles opportunités de générer des ressources financières propres et autonomes du point de vue de leur utilisation. Des mesures urgentes doivent être prises dans le sens de familiariser ces collectivités aux dispositions législatives et réglementaires qui y sont attachées.
Le PAFS depuis son adoption en 1993 n’a pas fait l’objet d’une revue conséquente et par conséquent il tend à devenir obsolète. La création de cadre de concertation élargi aux intervenants d’autres secteurs (agriculture, énergie etc.) permettrait d’une part ,de faire un contrôle systématique des politiques sectorielles ayant une influence directe sur la gestion des ressources forestières et de procéder en temps réel à l’évaluation et à l’harmonisation des stratégies d’intervention d’autre part. Cette démarche a l’avantage de faciliter les réajustements continus sans qu’il soit nécessaire d’investir de gros moyens ;
Initier un cadre national de référence sur la gestion et la planification des écosystèmes ; il devrait servir de soubassement aux différentes politiques sectorielles notamment hydraulique, agricole, forestière, environnementale etc.
Il y a lieu de mettre en œuvre un programme de recherche sur les potentialités des formations forestières au Sénégal et sur les capacités réelles de régénérations de ces formations. Ce programme pourrait être renforcé avec la mise en place d’un système d’informations et de suivi continu sur l’évolution des ressources notamment les superficies, les prélèvements,et, sur les acteurs.
Développer des mécanismes adaptés pour mieux connaître et maîtriser les paramètres qui déterminent la demande et la consommation des ménages en combustibles ligneux. A ce titre la maîtrise et la limitation des structures d’exploitation forestières autorisées à opérer dans le secteur deviennent nécessaire ;
La destruction progressive des formations forestières semble
inévitable compte tenu des besoins énergétiques des ménages. Cependant leur
reconstitution ne peut être seule l’affaire de l’Etat et /ou des communautés
de base ; elle incombe à tous les acteurs et en particulier à ceux qui
vivent de l’exploitation forestière et qui ont le devoir de renouveler les
ressources. Une contribution obligatoire réelle et réglementée au reboisement
est à exiger aux exploitants privés par le service des forêts sous forme de
cahier de charges. Elle portera sur des plantations à effectuer et à réussir
sur des superficies données et une localité donnée etc et déterminé suivant
le quota reçu.
Comme nous pouvons le constater, les actions de foresterie
menées dans le cadre de la décentralisation par les collectivités de base
vont difficilement relever le défi de la reconstitution ou de la conservation
des formations forestières. Une réflexion approfondie est à mener sur la mise
en place et la promotion d’une foresterie privée (contrôle, restauration,
conservation etc.) saine qui pourrait d’une part aider le service forestier
à se désengager et à se libérer des groupes de pression et d’autre part assurer
un ralentissement du phénomène de dégradation.
Compte des changements régulièrement constatés ; il est à envisager d’effectuer régulièrement des évaluations de la politique forestière nationale. Ces évaluations pourraient se faire à des intervalles de temps de cinq ans au plus.