Page précédente Table des matières Page suivante


6. ANALYSE DE LA DEMANDE

Nous nous limitons pour cette étude à l'analyse de la demande au niveau des commerçants grossistes et détaillants, l'enquête KIVUSTAT ne nous fournit pas de données concernant la consommation de poisson par habitant.

6.1 Organisation interne pêcheurs - commerçants

L'aspect organisationnel est plus identifie du côté Zaïre et surtout dans les sites de débarquement les plus importants (Kalengera, Amsar,… etc). Dans d'autres sites, l'organisation est moins structurée et parfois absente essentiellement dans les sites occasionnellement fréquentés.

D'une façon plus distincte, du côté Zaïre, il y a ce que l'on appelle le comité des pêcheurs artisanaux qui fait partie intégrante des brigades agricoles artisanales. C'est une organisation qui coordonne les activités des pêcheurs et des commerçants et défend évidement leurs intérêts aussi bien pour les zaïrois que pour les rwandais. C'est ce comité qui à la fois oblige les unités rwandaises le plus souvent plus productives et achetent le pétrole moins cher à pratiquer les prix locaux pour ne pas casser le marché, et aussi leur permet de continuer a débarquer leur production pour maintenir l'emploi des femmes commerçantes zaïroises.

Au Zaïre, il y a également un responsable charge de l'environnement qui est présent en permanence surtout dans les grands sites de débarquement.

Du côté rwandais, et contrairement à certains lacs du pays, mise à part la coopérative de pêcheurs de Tilapia de la baie de la brasserie, il n'y a aucune organisation au lac KIVU, qui puisse instaurer une coordination des activités des pêcheurs et des commerçants.

6.2 Aspects techniques de la commercialisation

6.2.1 Les commerçants et le circuit de distribution

Dans la plupart des cas, la production est acheminée par les unités actives elles-mêmes ou par des pirogues, le plus souvent motorisées, rassemblant les captures d'une ou de plusieurs unités, elles sont appelées pirogues de “transport”.

Une fois débarquée, la production est vendue à des femmes marchandes qui ont au préalable, conclu un marché avec le patron ou le capitaine de l'unité.

Du côté du Zaïre, là où les marchés hors-projet sont les plus développés et les plus organisés, il existe 3 types de femmes commerçantes:

  1. les femmes cheftaines
  2. les femmes grossistes
  3. les femmes détaillantes

  1. La femme cheftaine est l'intermédiaire entre les femmes commerçantes et les pêcheurs.

  2. Les grossistes: ce sont les femmes qui achètent des caisses entières de poissons pour les détailler ensuite à la “mesure” et en “petits tas”. Les “mesures” sont des récipients en plastiques de contenances diverses (5 types de récipients sont identifiés). Les femmes grossistes sont généralement associées et chacune d'elles est assistée par une adjointe avec qui elle s'arrange individuellement pour le partage des bénéfices. Lors de l'achat du poisson une femme peut représenter tous les membres de l'association.

  3. Les détaillantes, peuvent, quant à elles, acheter une ou plusieurs mesures pour les détailler par la suite. Les détaillantes s'associent en principe pour acheter une caisse qu'elles se partagent. Certains jours, les femmes marchandes sont obligées de se rendre dans des marchés à l'intérieur du pays, généralement très loin et parfois à 50 km des points de débarquement, dans ce cas les poissons sont le plus souvent écoulés à l'etat sechés.

Dans d'autres sites moins importants, la situation recontrée est complètement différente, les pêcheurs y débarquent uniquement pendant les jours de marché. Le système d'achat repose de la même façon sur une convention entre le gérant de l'unité et les commerçantes.

La femme cheftaine, discute discrètement le prix des caisses avec le gérant de l'unité. Une fois le prix convenu, elle propose et défini le prix des mesures. La mesure n'est souvent pas la seule unité de vente, il y a aussi des ventes en petits tas évalués à l'oeil.

Pour le côte rwandais, le système est beaucoup plus simple, les pêcheurs débarquent leur production dans des sites fréquentés par des femmes marchandes qui viennent discuter les prix des mesures conventionnelles et les quantités achetées sont détaillés par la suite dans les collines, le plus souvent pour des clients fidèles chez qui elles passent régulièrement.

6.3 Estimation du nombre de commerçants de poissons

L'enquête KIVUSTAT nous a permis en se basant sur les données des 12 points d'enquêtes d'obtenir les résultats suivants:

18,5 kg de poissons (Isambaza + Haplochromis) disponibles/acheteur (grossiste/détaillante) et 13,3 kg (Isambaza + Haplochromis) achetée/acheteur (grossiste/détaillante)

Comme la production totale estimée sur le lac est de l'ordre de 3.793 tonnes de poissons (Isambaza + Haplochromis)/an, c'est une quantité estimée effectivement achetée par 285.188 acheteurs/an ou plutôt 285.188 jours de vente (vendeurs)/an.

Parmi les 285.188 acheteurs, il y a des grossistes et des détaillants. Les grossistes achètent généralement au moins une caisse de poissons et fournissent encore une moyenne de 5 détaillantes.

Il est difficile de déterminer le nombre de jours de vente par commerçant sur tout le lac, mais l'analyse des marchés de Gisenyi et de Goma faite en Août 1989 a montré que pour les commerçantes qui sont régulièrement approvisionnées par le projet ce chiffre s'élève à presque 270 jours de vente/commerçante/an.

Nous estimons que pour l'ensemble des marchands autour du lac Kivu et pour les marchés hors-projet en principe moins réguliers que les centres du projet, une moyenne de 200 jours de vente de poissons par commerçant et par an est vraisemblable.

Nous aboutissons cependant à un nombre préliminaire de 1426 commerçants grossistes et détaillants, mais comme on l'a dit les grossistes fournissent 5 détaillantes en moyenne chacun.

Grossistes/détaillants

Les données concernant la spécification grossistes/détaillantes sont le plus souvent incomplètes, on peut cependant déduire de certaines données fiables les pourcentages suivants:

73, 3% de détaillantes contre 27, 7% de grossistes.

Donc parmi les 1426 commerçants, il y a 1045 détaillantes et 381 grossistes qui fournissent presque 1905 détaillantes. Nous aboutissons alors aux résultats suivants:

2950 détaillantes d'Isambaza pendant 1990 et sur tout le lac et 381 grossistes d'Isambaza soit un total de 3.331 commerçants grossistes et détaillants d'Isambaza sur les marchés hors-projet tout autour du lac Kivu.

6.4 Estimation de la rentabilité des commerçants de poissons

Selon l'analyse du marché de Gisenyi et de Goma et en actualisant les chiffres obtenus, le résultat global moyen serait de 270 FRW/femme/jour de vente, soit donc un revenu individuel moyen de 54.000 FRW/femme/an.

Si on considère que les commerçantes grossistes et détaillantes sur l'ensemble du lac Kivu gagnent également 270 FRW/jour de vente chacun, nous aboutissons à l'estimation suivante:

le revenu global de la commercialisation d'Isambaza, produit de la pêche du lac Kivu, la nuit à la lumière est de l'ordre de:

77.000.000 FRW pour l'ensemble des commerçants de poissons du lac Kivu (Isambaza + Haplochromis) au cours de l'année 1990

Si nous regroupons les 2 activités principales développées au lac Kivu, la pêche artisanale d'Isambaza la nuit à la lumière et la commercialisation de leurs captures au courant de l'année 1990 nous aboutissons aux chiffres suivants:

388.908 jours de travail (pêcheurs)/an sur tout le lac et
285.188 jours de travail (vente de poissons)/an.

Nous aboutissons également aux revenus globaux respectifs suivants:

  54.000.000FRW
  77.000.000FRW
131.000.000FRW

Page précédente Début de page Page suivante