8.1 Région de travail
On ne peut pas constater une différence d'intérêts des intermédiaires et des participants entre les diverses régions. Normalement, nos activités sont partout reçues avec enthousiasme.
Plus les activités se déroulant dans une certaine Commune sont connues, plus l'intérêt est montré dans des Communes voisines nouvellement contactées. Ceci on le constate à Gisenyi ainsi qu'à Kibuye.
Les monitrices Piscicoles à Kibuye et à Cyangugu ont déjà contribué à un bon nombre d'activités dans ces régions. Leur présence contribue à un meilleur suivi et à la bonne continuation des diffusions sur le terrain.
La seule difficulté d'importance qu'on rencontre dans l'élaboration de la vulgarisation, se trouve dans ce qui forme en même temps son motif. Le poisson n'est pas encore facile à acquérir dans la plupart des régions du pays ; même dans certaines Communes où nous travaillons, le poisson n'est pas encore intégré dans les structures de commerce existantes. Ce fait justifie la sensibilisation des consommateurs pour contribuer à la création de la demande, mais empêche en même temps nos intermédiaires de réaliser de leurs propres moyens, des démonstrations auprès de la population. De plus on est facilement découragé par le fait relaté, que le poisson n'est pas encore à la portée de la population à former. Ceci nous rend également difficile l'intégration plus formelle de nos activités dans les programmes de travail de nos intermédiaires, imposés au niveau national.
Prenons l'exemple du Bureau Pédagogique et du SMEP. Ce sont des services au niveau national, chargés de l'enseignement en ce qui concerne le développement du matériel didactique et l'encadrement pédagogique sur des cours pratiques. Leur matériel et cours à développer doivent être applicables dans tout le pays en même temps et de façon que les élèves aient l'occasion réelle d'appliquer à la maison ce qu'ils ont appris à l'école.
Ces services sont intéressés par nos efforts, mais il n'est pas faisable pour le moment, d'établir une vraie collaboration.
A part la raison ci-haut citée, la région de travail est limitée par le fait que le travail est très intensif. Les activités sont entamées au niveau communal et ont besoin d'un suivi régulier. Les Monitrices Piscicoles nécessitent un appui régulier en ce qui concerne la planification des activités et la formation des intermédiaires.
8.2. Vulgarisation
En ce qui concerne la vulgarisation, il faut nous rendre compte que le Projet n'a aucune liaison officielle avec les dites institutions.
Personne n'est obligé de suivre ou de poursuivre notre programme. Nos intermédiaires ont encore beaucoup d'autres tâches d'importance.
Nous ne pouvons qu'essayer de les sensibiliser à nos intérêts mutuels, les stimuler et leur offrir notre assistance pour effectuer des activités sur le terrain.
Les cours aux CERAI's et aux Ecoles Normales sont toujours appréciés sans exception.
Nous donnons nous-mêmes ces cours aux heures leur destinées sur l'horaire.
La formation des enseignants et les cours résultants aux écoles primaires se déroulent de façon satisfaisante. Il est clair que les enseignants reçoivent un appui d'importance sur le plan nutritionnel et l'organisation d'un cours pratique.
La plupart des enseignants du 3ème cycle sont des hommes qui ont reçu peu de formation en ceci. Pourtant ils se montrent très intéressés pendant les journées de formation.
Ils approchent la matière comme quelque chose de nouveau et il est très évident qu'ils cherchent à apprendre. Il y en a qui n'ont jamais fait la cuisine avec les élèves avant, parce qu'il leur manquait de l'expérience eux-mêmes et ils ont pensé qu'il serait compliqué de l'organiser à l'école. L'expérience au cours de nos activités leur apprend le contraire et les rend plus portés à le refaire. Ceci est déjà un résultat en soi. Le cours à l'aide du flanellographe est également reçu avec enthousiasme. La matière devient plus claire pour les eneignantsmêmes, et donc plus facile à enseigner.
On peut conclure que la plupart font vraiment des efforts remarquables auprès de leurs élèves.
La formation des formateurs/trices ne s'est pas encore développée aussi bien que celle des enseignants, et les résultats des diffusions à la population ne sont pas du même pas. L'institution CCDFP est relativement nouvelle au Rwanda et il n'est pas encore crée des groupements partout dans les Communes. Même s'il y en a, on aperçoit une pauvre participation de paysans. La moitié des invités n'arrivent pas, probablement parce que leur participation est sans engagement.
Nous compensons partiellement ce défaut par stimuler les formateurs à créer des groupements uniquement pour nos activités et d'y assister directement nous-mêmes.
Ceci donne un certain appui aux formateurs. Ils sont stimulés dans leurs efforts et gagnent de l'expérience. Pourtant ce n'est pas notre objectif de remplacer le formateur auprès de la population.
Néanmoins il est encourageant qu'en ce moment il y a 2 CCDFP's à Gisenyi, qui sont entrain de sensibiliser leurs groupements pour une répétition des activités dans le cadre du Projet. Et dernièrement un CCDFP qui n'avait pas encore été impliqué dans nos activités a manifesté son intérêt. Cependant nous pourrions arriver à un meilleur résultat en faisant un peu plus d'efforts pour améliorer la formation des formateurs et développer du matériel didactique approprié, pour que les activités soient plus intéressantes pour la population ainsi que pour les formateurs.
La formation donnée aux cadres nutritionnistes se déroule de manière satisfaisante.
On ne peut rien changer au fait qu'ils sont essentiellement chargés de l'éducation nutritionnelle plus que les enseignants et les formateurs. Ils sont bien capables, sur le plan organisatoire, de donner une poursuite à notre formation, d'après l'intérêt de leur région. Les centres nutritionnels ont l'objectif d'utiliser le plus souvent possible les ingrédients que les participants amènent. Suivant la région, ces ingrédients comprennent des petits poissons séchés (toutes sortes), malheureusement la composition des repas résultants n'est pas toujours favorable en ce qui concerne l'équilibre alimentaire, par manque de connaissance appropriée. Il faut voir la contribution du projet dans la meilleure compréhension de la valeur nutritive du poisson en rapport avec des recommandations alimentaires et exprimé en quantités pratiques des aliments.
Pour toutes les activités de diffusion, il est très important de supporter les intermédiaires par un suivi régulier.
Ceci a été impossible à Kibuye avant que la Monitrice Piscicole ne soit installée.
On a constaté que la période d'absence de trois semaines par mois était très longue. En Commune Gishyita, le CCDFP ainsi que le secteur scolaire ont arrêté leur programme avant qu'il soit terminé. Moins on nous voyait, plus on était tenté de laisser tomber les activités prévues.
Les résultats finaux de la vulgarisation au niveau de la population ne sont pas mesurés jusqu'à ce moment.
On peut penser à deux sujets à rechercher; la connaissance reçue par les élèves et les paysans et le changement de leur comportement alimentaire.
Il est encore tôt pour rechercher ce dernier et de supposer que le changement mesuré serait l'impact de la vulgarisation. Il faut beaucoup plus de temps pour changer du comportement alimentaire résulté d'une augmentation de connaissance individuelle. Cependant il est bien possible de mesurer la connaissance reçue, par exemple par des enquêtes ou concours. Ceci n'est pas encore fait, pour la raison que ce n'était pas notre occupation d'urgence.
En ce qui concerne l'acceptabilité du poisson, on peut conclure que le goût du poisson est bien apprécié et il n'y a pas de différence entre le produit frais, séché et pilé.
Par rapport au poisson séché, parfois le poisson pilé est préféré parce “qu'on ne voit plus les yeux”, mais il est aussi considéré comme un aliment pour enfants.
8.3. Promotion
En ce qui concerne la promotion aux restaurants, on peut dire que l'intégration du poisson dans les menus sous forme d'un repas complet n'a pas été une réussite.
Il s'agit de petits restaurants qui ont une clientèle fixe, composée de fonctionnaires et cuvriers de tous genres qui ne sont pas dans la possibilité de rentrer à la maison à midi. Ils n'ont pas beaucoup de temps pour manger et veulent satisfaire leur faim avec un repas de routine pour un prix bas et ne sont pas soucieux de la variation.
Ces restaurants roulent sur un bénéfice marginal, limitant la variété du menu et préparant la nourriture en avance en grande quantité. Chacun connait ses clients.
L'Isambaza n'étant pas connu, on ne sait pas sur combien de clients il faut compter et chaque repas invendu est une perte.
Dans les hôtels, dont la clientèle est plus susceptible aux nouveautés, l'Isambaza semble trouver plus facilement sa place sous forme d'entrée ou d'amuse-gueule.
D'après la promotion aux internats et camps militaires, on peut conclure que les filles sont beaucoup plus difficiles envers les nouveautés que les garçons et puis que dans les environnements où il est régulièrement mangé de la viande (les camps militaires), le poisson n'est pas perçu dans la mesure de remplacer la viande.
C'est aux internats pour garçon et où le poisson prend la place des haricots que nos activités se sont répétées à plusieurs reprises.