Le Gouvernement de la République centrafricaine avec l'aide du Programme des Nations Unies pour le développement et l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture est engagé dans le projet “Développement de la pisciculture artisanale” (FI:DP/CAF/85/004) dont l'objet principal est de mettre en place un système de crédit piscicole.
Dans le cadre des activités du projet, la FAO a désigné M. R. Fulconis comme expert en crédit piscicole du 17 janvier 1988 au 27 février 1988, avec le mandat suivant:
Sous la responsabilité et les directives du conseiller technique principal, l'expert sera chargé du contrôle de la mise en place du système de crédit piscicole financé par le PNUD et extension éventuelle du système en fonction de ces résultats.
La pisciculture en République centrafricaine régresse. Parmi les causes de régression certaines sont du ressort des hommes et relèvent de leur contrôle. D'autres sont imputables à la nature et les hommes impliqués n'ont guère de prise sur elles.
Faire la part des unes et des autres et conclure un court séjour dans le pays (de cinq semaines) par un diagnostic sans appel n'est pas chose facile (à supposer même que cela soit souhaitable).
En outre, lorsque le déroulement d'un projet n'est pas conforme aux prévisions, les domaines d'intervention des uns et des autres ont tendance à s'interpénétrer. Alors que si les choses se déroulent selon le plan prévu à l'origine, chaque consultant peut (et doit) borner son investigation aux limites de sa discipline.
Toutefois le présent rapport n'introduira pas de confusion supplémentaire en mélangeant les genres: le consultant en crédit piscicole rendra principalement compte, dans ce qui suit, des problèmes relatifs au crédit, même si certains des autres aspects de la gestion du projet ne lui sont ni étrangers ni, a fortiori, indifférents.
Afin de clarifier la situation découverte sur le terrain au cours de la mission, il est utile de rappeler que les objectifs généraux du projet CAF/85/004 s'inscrivaient dans un schéma de développement parallèle et synchronisé du crédit et de la pisciculture en République centrafricaine. A titre de rappel le Tableau 4 (p.37) du rapport initial de l'auteur (daté de novembre 1986) est reproduit ci-après.
La situation piscicole rencontrée en République centrafricaine vide le mandat originel du consultant de la majeure partie de son contenu. En effet, l'essentiel n'est plus aujourd'hui d'affiner la gestion du crédit aux pisciculteurs. Il est de sauver la pisciculture centrafricaine et d'assurer sa survie au-delà du projet. L'enjeu principal de celui-ci est maintenant devenu d'éviter une régression irrémédiable, en deçà de la phase (A) décrite ci-dessous. Cela suppose que soient levés les deux obstacles principaux au déroulement normal du projet, lesquels ont trait:
d'une part à la composition des aliments complémentaires fournis aux pisciculteurs (de telle manière que ces fournitures puissent être régulières et suivies, et non pas, comme aujourd'hui, tributaires d'importations aléatoires);
d'autre part à l'alimentation en eau des bassins piscicoles, qu'ils soient anciens ou récemment excavés.
Ce n'est que dans la mesure où ces obstacles fondamentaux parviendront à être levés que la pisciculture artisanale pourra redémarrer et partant, dégager un surplus commercialisable qui permettra de rembourser les prêts accordés au titre du crédit PNUD.
| Phase de développement du crédit | Phase de développement de la pisciculture | |
| (I) | (A) | |
| Crédit en nature supervisé (à taux d'intérêt subventionné) | Exploitation piscicole de type familial (pour l'autoconsommation) | |
| - | Monoculture (Tilapia) extensive (jusqu'à 3 ares de bassins) | |
| - | Alimentation naturelle (par compostière) | |
| - | Alevinage interne | |
| (II) | (B) | |
| Crédit en argent supervisé (à taux d'intérêt subventionné) | Exploitation artisanale (avec production d'un surplus commercialisable) | |
| - | Superficie des bassins: 3 à 20 ares | |
| - | Monoculture (Tilapia) intensive ou bi-culture (Tilapia-Clarias) | |
| - | Alimentation complémentaire | |
| - | à base de tourteaux de coton, son de riz, etc. | |
| - | sous-produits de l'élevage associé (fientes) | |
| - | Approvisionnement en alevins à l'extérieur (auprès du CPN) | |
| (III) | (C) | |
| Crédit en argent non supervisé (à taux d'intérêt subventionné) | Exploitation commerciale | |
| - | Superficie des bassins: Monoculture: minimum 120 ares Bi-culture: 50 ares | |
| - | Production intensive | |
| - | Alimentation complémentaire | |
| - | Alevinage externe (cas rare) | |
| (IV) | ||
| Crédit en argent non supervisé (à taux d'intérêt commercial) | ||