(depuis la lre phase de la consultation: août-octobre 1986)
Dans l'avenir le crédit piscicole ne pourra se développer de manière autonome, indépendamment des vicissitudes actuelles de sa mise en oeuvre, que si le contexte financier et bancaire centrafricain le permet. Il est par conséquent utile de retracer l'évolution financière du pays ainsi que celle des banques de la place, depuis la précédente consultation, en mettant l'accent sur le développement du crédit à l'agriculture et aux activités économiques en zone rurale dont le crédit piscicole constitue une illustration particulière. Rappelons que la FAO, quant à elle, s'est récemment attachée à promouvoir le crédit agricole en République centrafricaine.1
Tendances Générales du Secteur
L'évolution récente du système bancaire centrafricain est caractérisée par des tendances contradictoires. D'une part le souvenir des faillites d'institutions étatiques qui avaient marqué le début de la décade, commence sans doute à s'estomper dans l'esprit des déposants. Même si le montant relatif des liquidités demeure élevé ainsi qu'en atteste la répartition de la masse monétaire globale entre ses principales composantes:
(en millions de FCFA)1
| 31 déc. 1984 | 31 déc. 1985 | 31 déc. 1986 | 31 juil. 1987 | |
| Monnaie fiduciaire | 37 236 (65%) | 37 147 (66%) | 41 108 (71%) | 404 468 (71%) |
| Dépot à vue | 11 008 (19%) | 13 796 (25%) | 10 874 (19%) | 10 787 (19%) |
| (dont CCP) | (321) | (321) | (309) | (309) |
| Dépot à terme | 8 870 (16%) | 4 959 (9%) | 6 170 (10%) | 6 134 (10%) |
| TOTAL | 57 114 (100%) | 55 902 (100%) | 58 152 (100%) | 57 389 (100%) |
Source: BEAC
1 1 US$ = 5,65 FCFA (Décembre 1986)
Ce faible taux de collecte des dépôts par les banques relativement à la masse monétaire en circulation ne constitue pas réellement un obstacle à la distribution des crédits bancaires car un taux de mobilisation très élevé desdits crédits auprès de la BEAC (55 % au 31 juillet 1987; 75 à 80% en fin d'année normale) permet aux banques centrafricaines de distribuer globalement 1,7 fois plus de crédits qu'elles n'ont encaissé de dépôts sans courir pour autant de risque excessif.
En effet le plafond de mobilisation de la BEAC (pour les crédits à court terme, FCFA 40 milliards; pour le court terme FCFA 3,5 milliards) est encore loin d'être atteint.
D'autre part, les trois banques de la République centrafricaine - BIAO, UBAC et BCAD - ont bénéficié récemment d'un fort accroissement du montant des dépôts privés lesquels ont quadruplé entre août 1984 et août 1986.
Cependant cet accroissement peut être interprété à la fois comme un indice de confiance retrouvé dans le système bancaire centrafricain et comme la conséquence du retrait des investisseurs étrangers ou encore comme le reflet monétaire, durant la même période, d'une contraction globale de l'économie centrafricaine (laquelle semble par ailleurs expliquer l'évolution de la structure du bilan de la BCAD - voir plus loin):
(en millions de FCFA)
| Août 1984 | Août 1985 | Août 1986 | |
| Déposants nationaux | |||
| Publics et parapublics | 3 354 (26%) | 5 117 (26,8%) | 1 707 (9,1%) |
| Privés | 4 095 (31,8%) | 12 862 (65,9%) | 16 158 (85,82%) |
| Déposants étrangers | 5 423 (42,1%) | 1 539 (7,9%) | 961 (5,1%) |
| Total des dépots | 12 872 (100%) | 19 518 (100%) | 18 826 (100%) |
A l'issue de la première consultation on avait noté l'effet préjudiciable (en ce qui concerne la distribution des crédits aux petits producteurs dispersés dans les campagnes) de la concentration des banques centrafricaines sur Bangui et de l'absence de réseaux d'agences en province, qui renchérit le coût de la distribution du crédit en zone rurale et dissuade les banquiers d'instruire les dossiers de prêts d'un faible montant. A cet égard la situation évolue lentement, bien que dans un sens favorable. Les agences en province sont en passe d'être ouvertes (ou réouvertes si le guichet avait été désaffecté) à Berbérati pour la BIAO, à Bouar (UBAC), à Bambari (BCAD). Les banques procédent à ces ouvertures avec circonspection, soucieuses de s'assurer que l'investissement dans chaque guichet sera rentable.
Corollaire à la relativement faible utilisation des comptes en banque et à l'absence de guichets en province; l'extrême liquidité de l'épargne (qui demeure pratiquement inexistante chez une grande partie de la population. A preuve: une vidange de bassin effectuée une semaine après la paye - entre le 7 et le 10 du mois - provoque une mévente du poisson). Cette épargne quand et là où elle existe n'est pas encore mobilisée, faute d'organisme relais comme les caisses de caution mutuelle à l'échelon du village (cf. les rapports précités FAO-AGS du projet TCP/AF/4506). Toutefois, les sociétés de développement régional intégré - telles que la SOCADA et l'ACADOP - commencent à jouer ce rôle de relais, au moins ponctuellement, entre la banque dispensatrice du crédit - en l'occurrence la BCAD - et les utilisateurs locaux.
En ce qui concerne les taux d'intérêt pratiqués: ils continuent d'être artificiellement imposés par la banque centrale et de ne pas refléter le coût réel du crédit.
La fiscalité bancaire demeure inchangée da son principe sinon dans son calcul: elle accroît l'artificialité des taux. Une taxe de distribution du crédit de 1% couplée à une taxe de 16,5% sur le chiffre d'affaires ajoute entre 2 et 3 points au taux de base qui demeure fixé à 5% (8% pour les crédits non privilégiés).
LE CREDIT AGRICOLE ET LA BCAD
Au plan de la politique d'ensemble, les dirigeants de la BEAC se sont refusés de mettre en place, au sein de la banque centrale, une cellule destinée à promouvoir le crédit agricole, comme le leur suggéraient les consultants FAO (MM. Prud'hommme et Charmetant dans le cadre du projet TCP/CAF/4506) arguant de la capacité des services existants - celui du Crédit, principalement - à assurer cette tâche.
La BCAD devra donc trouver seule sa voie.
Malgré un ralentissement net dans la collecte des dépôts, qui reflète le déclin récent de l'activité économique en RCA, les prêts pour la production agricole de la banque progressent (voir tableau ci-après). Cette banque ne joue toutefois pas encore le rôle de banque de développement qui lui était dévolu au départ.
Cependant, grâce à une ligne de crédit de DTS 5 millions que vient de lui consentir la BAD, la BCAD va devenir moins dépendante de la BEAC pour la reconstitution de ses ressources et va donc être en mesure d'élaborer sa propre politique en matière de crédit agricole.
Au total, il ne faut guère s'attendre à ce que le système bancaire centrafricain exerce un quelconque effet d'entraînement en faveur du crédit piscicole. A supposer que celui-ci fasse par ailleurs la preuve de sa viabilité intrinsèque, il continuera de représenter une expérience isolée, dans un contexte monétaire et financier peu propice.
Rappelons que les projets d'assistance technique (PNUD, FAO, FENU, FISE) qui se sont succédé depuis 1973 visent à doter la République centrafricaine des moyens propres à assurer, dans le cadre national, un développement autonome des activités piscicoles.
Depuis l'achèvement, fin décembre 1985 du projet PNUD/FAO intitulé “Vulgarisation de la pisciculture et autofinancement des stations piscicoles principales” (CAF/80/002), l'achèvement qui a été accompagné par le départ des derniers experts FAO, la geston du développement de la pisciculture en RCA relève exclusivement des instances centrafricaines compétentes.
Le nouveau project en cours “Développement de la pisciculture artisanale” (CAF/85/004) d'une durée de 2 ans (août 1986-juillet 1988) suppose que les acquis antérieurs ne soient pas remis en cause. L'autonomie de gestion des instances nationales en charge de la pisciculture se traduit par le fait que l'assistance technique extérieure assurée par la FAO et financée par le PNUD est devenue non plus permanente mais ponctuelle (18 hommes/mois répartis sur 24 mois).
Or une telle solution de continuité entre les missions successives d'experts représentant des disciplines différentes risque de porter atteinte à la cohérence de l'assistance fournie par la FAO, ainsi que cela avait été signalé lors de l'intervention initiale (laquelle avait amorçé le projet). Les difficultés rencontrées dans l'exécution du projet en cours qui sont analysées ci-après, du point de vue économique et organisationnel, exigent, pour être appréhendées correctement, une vue d'ensemble de l'évolution du secteur piscicole en République centrafricaine. La nomination pour la prochaine consultation, d'un expert ayant déjà résidé dans le pays et connaissant les antécédents du projet en cours permettrait d'améliorer le suivi entre des missions successives qui, bien qu'elles ne soient pas, dans leur principe, essentiellement destinées à être coordonnées, doivent cependant toutes oeuvrer dans le même sens.
PRODUCTION
Les quantités de poissons produites, tant dans les statios que par les pisciculteurs idividuels, sont en nette diminution.
D'une part, en effet, la surface totale de bassins sous eau diminue, et d'autre part les rendements eux-mêmes fléchissent partout: aussi bien dans l'environnement relativement contrôlé des stations d'Etat que dans les fermes piscicoles privées, plus directement soumises aux vicissitudes du climat ou de l'économie.
Il semble, d'après les rapports antérieurs, que la pisciculture centrafricaine ait connu une régulière “montée en puissance” entre 1980 et 1985.
Sur la base d'un sondage effectué dans neuf régions du pays, en 1983, le bilan de la production piscicole en RCA s'établissait ainsi:
| Nombre d'étangs en activité | 7 069 |
| Nombre de pisciculteurs actifs | 5 636 |
| Production totale de ces pisciculteurs | 205 t |
| Superficie moyenne d'un étang | 1,36 are |
| Superficie totale sous eau | 9 614 ares (=96 ha) |
| Rendement moyen | 21,3 kg/are/an |
(Source: Rapport annuel de vulgarisation piscicole RCA, 1983, J.P. Marquet, FAO)
D'après le bilan établi par M.J. Yamindou Directeur du Centre piscicole national en septembre 1987 (“La pisciculture en Centrafrique: Naissance & Evolution”) la production a continué à progresser et à la fin de 1985, elle atteignait les niveaux suivants:
| Nombre d'étangs en activité | 10 000 |
| Nombre de pisciculteurs actifs | 8 000 |
| Production totale de ces pisciculteurs | 289 t |
| Superficie totale sous eau | 13 556 ares |
| (Calculée au prorata) | (=135 ha) |
| Rendement moyen | 25 kg/are/an |
Depuis, la production privée a régressé considérablement. Selon un recensement partiel, effectué en 1987 et mentionnné par le directeur du Centre piscicole national, dans son rapport précité, on compterait au maximum 2 000 pisciculteurs qui exploiteraient une superficie totale de l'ordre de 3 000 à 4 000 ares dans le pays.
Sur la base d'un rendement moyen de 20 à 30 kg/are/an la production totale privée pourrait donc être estimée à 75–100 t en 1987 (soit le tiers environ du niveau atteint en 1985).
La production des trois stations principales du Centre piscicole national, pendant la même période, figure au tableau ci-dessous.
| Station Année | Bgui-Landjia | Bmbri-Bengue | Bouar-Paya | Total (tonnes) |
| 1985 | 12,5 | 7,0 | 7,3 | 26,8 |
| 1986 | 10,35 | 5,42 | 5,38 | 21,15 |
| 19871 | 2,8 | 3,3 | 4,8 | 10,9 |
(Source: J. Yamindou, cp. cit,p. 7, tableau 1, remis à jour avec l'auteur). Au tonnage global produit en 1987 correspond un rendement effectif moyen de 26 kg/are/an (compte tenu, non seulement des vidanges, mais aussi de la surface des bassins empoissonnés) alors que le seuil économique (pour le remboursement du crédit) se situe au-delà de 50 kg.
Parmi les raisons invoquées pour expliquer cette chute de la production piscicole en République centrafricaine les principales concernent:
la sécheresse et les difficultés d'approvisionnement en eau des bassins;
le manqùe de matière première pour les aliments complémentaires donnés au poisson;
En effet, à Pendé, l'unité d'égrenage de coton qui fournirait les tourteaux est fermée.
Toutefois on peut continuer à se procurer les graines de coton. L'huilerie d'Alindao qui fournissait les tourteaux d'arachide et de sésame a également cessé de fonctionner.
A Bangui aussi, la SICPAD, principale source de tourteaux d'arachide a (temporairement?) interrompu ses opérations.
Seuls demeurent disponibles comme produits de remplacement:
les graines de coton concassées (pratiquement gratuites: seul le coût du transport est à prendre en compte) que l'on peut se procurer à Bambari, Guiffa, Bossangoa et Pendé;
le son de riz (dans la zone de Bambari) se paie de FCFA 15 à 20 le kg;
la drèche de brasserie à Bangui dont la qualité nutritive est quatre fois inférieure à celle des tourteaux d'arachide (les coefficients de transformation respectifs étant de 12 à 18/1 centre 4/1) et qui crée donc, en raison des tonnages supérieurs mis en jeu, une contrainte sérieuse en ce qui concerne le transport (ce sous-produit étant en contrepartie, pratiquement gratuit).
ORGANISATION
Le Centre piscicole national (CPN)
Le Centre piscicole national - dont le siège est à la Station de La Landjia, à 12 km à l'est de Bangui - est l'organisme d'Etat chargé du développement de la pisciculture centrafricaine. Créé en 1968, ce centre a le statut d'établissement public et est doté de la personnalité morale et de l'autonomie financière.
Infrastructure et moyens de production
Sous ce vocable seront recensés ci-après à titre d'inventaire comparatif, essentiellement les immobilisations, les équipements et les éléments de stock qui ont, au centre, une fonction directement productive.
Le Centre piscicole national se composait à l'origine (et jusqu'en 1986) de:
Trois stations piscicoles principales (à Bangui - La Landjia, Bambari - Bengué et Bouar - Paya).
Treize sous-stations à :
| - Grimari | Préfecture de Ouaka | Centre |
| - Alindao | Préfecture de Basse-Koto | Centre Est |
| - Oyé-Carrefour | ||
| - Baoro | Préfecture de Nana-Mambéré | Ouest |
| - Baboua | ||
| - Bossembélé | Préfecture Ombella-M'Poko | Centre |
| - Ndress | ||
| - Bozoum | ||
| - Bocaranga | Préfecture Ouham-Pendé | Nord-Ouest |
| - Berbérati | Préfecture Hte-Sangha | Ouest |
| - Boda | Préfecture de Lobaye | Centre-Ouest |
| - M'Baïki | ||
| - Ippy | Préfecture de Ouaka | Centre-Est |
A la date de rédaction du présent rapport, seules les six premières de la liste précédentes sont encore en fonctionnement. Encore faut-il signaler que la sous-station de Baoro (qui comporte trois étangs de 10 ares et quatre petits étangs d'alevinage) a été “concédée” au Directeur de l'école primaire (sous-préfectorale) locale, et que les étangs de celle de Baboua sont à sec 9 mois sur 12. Ailleurs aussi, là où la sous-station fonctionne encore, la gestion en est, dans la plupart des cas, confiée à des particuliers.
Quant aux sept autres sous-stations elles ont été abandonnées.
Etat des bassins
Par suite de la désaffection de nombreux bassins au niveau des stations principales et à celui des sous-stations, la surface sous eau, ou utilisable, a été considérablement réduite. Le tableau suivant établit un bilan sommaire de l'état des bassins piscicoles dans le secteur étatique.
Elevages associés
Le déclin des effectifs - a par voie de conséquence des moyens de production et des sources correspondantes de revenu - est plus sensible à la Landjia qu'à Bouar ou à Bambari. Il convient par ailleurs de rapprocher ces effectifs des capacités installées à l'origine.
La décomposition détaillée des effectifs était, au 15 novembre 1987, la suivante:
| La Landjia | Bouar | Bambari | |
| Porcins | |||
| Verrat(s) | 1 | 1 | 1 |
| Truies | 9 | 2 | 5 |
| Porcelets | 11 | 21 | 48 |
| Effectif/capacité | |||
| installée | 100% | 100% | 100% |
| Volaille | |||
| Poulets de chair: | |||
| - moyens | - | - | 18 |
| - rachitiques | - | - | 17 |
| S. Total | 112 | 376 | 35 |
| Pondeuses | - | - | 80 |
| Effectif/capacité | |||
| installée | 33% | 50% | 33% |
| Canards | 130 | 110 | |
| Canetons | 85 | ||
| Effectif/capacité1 | 100% | 100% | 100% |
1 la trop forte densité s'explique ici par la crainte des vols
D'autre part, la dernière génération de canards à la Landjia a souffert de carence alimentaire évidente qui se traduit par des différences de taille et de poids considérables entre les animaux d'une même couvée. En outre, trois des poulaillers d'origine sont désaffectés dont celui des pondeuses.
MEUNERIE ET FABRICATION D'ALIMENTS
La capacité des trois stations principales à fabriquer des aliments complémentaires pour poissons n'a pas été affectée par un défaut de matériel, la vétusté de celui-ci ou son non-fonctionnement. Au contraire trois nouveaux broyeurs de fabrication italienne sont venus en 1988, remplacer les anciens qui avaient plus de dix ans d'âge. Les contraintes, dans ce domaine auront plutôt tenu au manque de matières premières (évoqué précédemment - voir paragraphe “Production”) et à l'insuffisance des moyens de transport (voir paragraphe suivant).
VEHICULES
Leur inventaire s'établit ainsi qu'il suit (en ce qui concerne le parc des stations principales):
A La Landjia:
Deux Camions
Quatre camionnettes tout terrain
Une voiture de tourisme: 1 Peugeot 504 (de 1977) mise à la disposition du Directeur du Centre piscicole national.
A Bouar:
Un camion Saviem SG 2 (dont le moteur a été réparé en novembre 1987, à Bangui).
Une Land-Rover en “bon état de fonctionnement” (Procès-verbal du 19 novembre 1987)
Une moto Suzuki, datant de 1984.
A Bambari
Un camion Saviem SG 2 1978 “en état de marche” (Procès-verbal du 13 novembre 1987)
Une Land-Rover “en état de marche” datant de 1978
Une moto Suzuki 125 cm3 “en état de marche”.
N'ont pas été prises en compte ici les motocyclettes (“mobylettes”) de certains cadres et des moniteurs (véhicules de fonction).
On ne saurait trop insister sur les limitations qu'impose au déroulement du projet l'insuffisance du parc de véhicules ainsi que le rationnement en carburant et lubrifiants (limités globalement à FCFA 2 millions par le budget de contrepartie - montant qui correspondait théoriquement à 22 litres de carburant non détaxé - par jour ouvrable de l'année 1987 - litrage auquel viennent s'ajouter les allocations ponctuelles du PNUD - pour les missions d'experts, bénéficiant de la détaxe, lesquelles pourraient s'élever, en 1988, à 4 000–4 500 1, au maximum).
Le montant du budget “carburant” du Centre piscicole national (10% du total) ne doit en outre pas faire illusion car le budget n'est débloqué, sur une base trimestrielle, que par des tranches partielles.
Or il conviendrait que le centre soit à même de profiter des disponibilités locales de matières pour les aliments, en mobilisant ses camions là et au moment où chaque opportunité nouvelle de reconstitution avantageuse du stock se présente.
MOYENS FINANCIERS
Les ressources financières susceptibles d'être mobilisées pour le développement de la pisciculture centrafricaine représentent la somme de trois composantes:
La ligne budgétaire pour l'année du projet PNUD au titre “Développement de la Pisciculture Artisanale” Référencé CAF/85/004/C/1/99).
Le budget de contrepartie du ministère centrafricain des eaux et forêts, chasses et pêches.
Les recettes auto-générées du Centre piscicole national (vente de poisson, fabrication et vente d'aliments, produits des élevages associés, etc.).
Le PNUD a alloué au projet un montant de US$ 100 341 (contre-valeur de FCFA 27 092 070) pour la seconde année (1988).
Sur ce total les frais de mission d'experts ont été budgetés à US$ 72 341 (72%).
L'élément “crédit piscicole” représente la contre-valeur de US$ 50 000. Une première tranche du US$ 25 000 ayant déjà été débloquée durant la lre année du projet, le même montant reste théoriquement disponible pour 1988, à titre de report.
Il n'est pas indifférent de noter, toutefois, que par suite de la baisse du taux du dollar US vis-à-vis du FCFA, la conversion de la seconde tranche (US$ 25 000) au taux actuel (US$ 1 = FCFA 270) représenterait pour le projet une perte de change équivalant à FCFA 1 750 000.
Le budget de contrepartie, quant à lui comporte les rubriques chiffrées suivantes (en 1987):
| FCFA | |||
| - | Infrastructure (bassin, bacs) | 2 000 000 | |
| - | Equipement | 2 500 000 | |
| - | Matériel, fournitures, services | 12 500 000 | |
| dont: | |||
| carburants, lubrifiants | 2 000 000 | ||
| réparations et entretien | 5 700 000 | ||
| - | Personnel1 (charges sociales comprises) | 3 000 000 | |
| TOTAL | 20 000 000 | ||
Enfin les ressources propres du Centre, qu'il est difficile de projeter pour 1988, en raison du non suivi, en 1977, des méthodes comptables établies antérieurement, pourraient s'élever à FCFA 15 millions (au maximum).
En résumé, les ressources financières mobilisables en 1988, s'établissent ainsi qu'il suit:
| SOURCE | MONTANT |
| PNUD | 27 |
| Budget de contrepartie1 | 17 |
| Recettes du Centre piscicole national | 15 |
| TOTAL | 59 |
1 Budget réduit de 15% par rapport à 1987
Il conviendrait, éventuellement, de rapprocher ce total du nombre de pisciculteurs en activité, pour évaluer la rentabilité du projet en termes économiques. Si, suivant le Directeur du Centre piscicole national (supra. op.cit.) on évalue ce nombre “résiduel” à quelque 2 000 individus, alors l'investissement par pisciculteur pourrait être évalué à FCFA 30 000 environ.
Ou encore, ramené au tonnage produit en 1987 et extrapolé en 1988, l'investissement consenti en faveur de la pisciculture représenterait au moins FCFA 700 par kilo de poissons - soit l'équivalent du prix d'achat.
Si approximatifs et contestables - du point de vue méthodologique - que soient de tels calculs visant à évaluer l'impact d'un projet isolé sur l'économie du pays tout entier, ils ont au moins le mérite de suggérer que si les tendances actuelles - en ce qui concerne les niveaux de production et les effectifs engagés - devaient se poursuivre, alors la pisciculture cesserait très rapidement d'être une activité économique en République centrafricaine pour redevenir un simple moyen d'auto- subsistance.
MOYENS HUMAINS
Experts mandatés par la FAO
En ce qui concerne l'assistance technique personnalisée, l'ensemble des missions budgetées pour l'exercice 1988 devait représenter un total de huit hommes/mois. Toutefois le présent rapport a été conçu et rédigé en partant de l'hypothèse que la mission, initialement prévue, du consultant en gestion ne serait pas effectuée. Par conséquent, l'auteur a quelque peu élargi son mandat d'origine, pour pallier - au moins partiellement - à cette lacune prévisible, à la demande du Directeur du Centre piscicole national.
Encadrement
Les effectifs “cadres” du Centre piscicole national sont demeurés stables depuis le début du projet, sauf, en ce qui concerne les vulgarisateurs de terrain qui sont moins nombreux. Se trouvaient en poste, à la date du ler février 1988:
A La Landjia:
Dépendant de ce dernier:
A Bambari:
Au total sept cadres dont deux sédentaires et cinq “itinérants”
A Bouar:
Au total six cadres dont quatre sédentaires et deux mobiles.
Pour l'ensemble du Centre piscicole national, les effectifs sont donc de 26 cadres dont 12 seulement mobiles et chargés de la vulgarisation (quatre de moins depuis 1986). Tous, sauf le gestionnaire du Crédit piscicole, sont détachés de la fonction publique.
L'apparente stabilité du personnel d'encadrement sédentaire (globalement les individus sont restés les mêmes) dissimule en réalité d'importants remaniements internes (entre le ministère de tutelle et le Centre psicicole national) dont il est difficile de mesurer encore toute la portée:
d'une part en ce qui concerne les différents postes de responsabilité (M. E. Ndjikara, ancien adjoint de M. L. Bangasi à la Direction des pêches du ministère, prend la tête du Service national de vulgarisation en remplacement de M. P. C. Abakar, muté à Bambari comme chef de station. M. M. Koyaguitrembi, ancien chef de station à Bambari, est devenu chef de station à Bouar, en remplacement de M. J. Bisset qui a été transféré à La Landjia, tandis que M. B. Ndodet, remplacé par le précédent à la tête de la station prenait en charge l'écloserie de silures. Le consultant formule le voeu qu'il ne s'agisse pas là de simples rotations qui auraient pour effet de déplacer, géographiquement, les problèmes de gestion sans nécessairement contribuer à les résoudre.)
d'autre part, en ce qui concerne la définition de certaines fonctions-clé ainsi que les méthodes de travail qui s'y rattachent, le nouveau chef de service administratif, financier (création de poste) devient apparement comptable des seuls fonds de contrepartie, tandis que la comptabilité journalière analytique de La Landjia demeure du ressort du chef de station. La tenue de comptes par centre de profit (les “spéculations”) interrompue en 1987, à la suite d'une directive ministérielle à cet effet, devrait reprendre rétrospectivement, à dater du ler janvier 1988.
Le consultant ne saurait trop insister sur l'impérieuse nécessité de ce suivi en comptabilité analytique, laquelle doit servir de base au contrôle de l'autofinancement des stations.
PERSONNEL D'EXECUTION
Il comprend:
A La Landjia:
Dix-neuf employés permanents dont:
A Bambari:
Neuf employés permanents dont:
A Bouar:
Egalement neuf employés permanents dont:
L'analyse des effectifs d'exécutants n'appelle pas de remarque particulière car ce n'est pas à leur niveau que se situent les faiblesses manifestes du Centre piscicole national (à l'exception sans doute du problème posé par le gardiennage et les vols, lequel dépasse le cadre du présent rapport).
Aux effectifs permanents s'ajoute le personnel temporaire, recruté à la tâche, dans la mesure où le budget et les recettes des stations le permettent.
En résumé, concernant cet inventaire, à la fois quantitatif et qualitatif, des ressources humaines dont dispose le Centre piscicole national:
l'encadrement, au-delà des mutations récentes, n'a pas encore trouvé son assise définitive;
la vulgarisation, déjà bien faible en effectifs, et de niveau médiocre, est encore amoindrie par des départs forcés à la retraite;
le maillon manquant dans la chaîne de la formation piscicole, celui des “animateurs” (75 à l'origine) qui quadrillaient le pays et assuraient le relais entre les vulgarisateurs et les pisciculteurs débutants n'a pas été reconstitué.
Il semble peu probable que le FISE qui les rémunérait jusqu'en fin 1985, renouvelle l'expérience.
GESTION FINANCIERE ET POSSIBILITES D'AUTOFINANCEMENT
La piéce maîtresse de la gestion financière du Centre piscicole national réside dans le système de comptabilité analytique mis au point par M. V.M. Deceuninck qui traite chaque “spéculation” (les poissons, la volaille, les porcins, la meunerie et les aliments) comme un centre potentiel de profit.
Le concept d'autofinancement du centre qui a prévalu jusqu'ici, veut que la marge brute d'exploitation (recettes- dépenses) correspondant à la somme arithmétique des différentes marges par spéculation, soit suffisante pour couvrir la masse salariale (salaires bruts moins retenues de sécurité sociale) du personnel permanent (cadres exclus, car ceux-ci émargent sur le budget de l'Etat).
Suivant le plan comptable que M. V.M. Deceuninck a établi, chaque recette d'une station principale est attribuée à l'une des spéculations. De même, du côté des sorties d'argent, chaque dépense est ventilée entre les rubriques: POISSONS, PORCS, VOLAILLES, ALIMENTS, MEUNERIE auxquelles sont ajoutées: VULGARISATION ET AUTRES.
Le chef de station, en fonction des tâches assignées par lui à chacun de ses employés ventile également, en fin de mois, les dépenses de personnel entre le rubriques précitées.
Le degré d'autofinancement du Centre piscicole national - selon la définition précisée ci-dessus - a été testé pour l'exercice 1986 (malheureusement, la solution de continuité introduite dans les méthodes comptables du centre ne permet pas d'actualiser les calculs pour 1987). La méthode dite du “direct costing” a été appliquée (c'est-à-dire que, faute d'une clé de répartition plus fine, les dépenses de vulgarisation ont été réparties également entre les différentes spéculations).
FCFA ANNEE 1986
| SPECULATION MARGE | POISSONS | PORCS | VOLAILLES | ALIMENTS ET MEUNERIE | AUTRES |
| RECETTES | 6 550 850 | 7 318 420 | 5 032 283 | 1 828 613 | 2 019 950 |
| DEPENSES | 6 351 346 | 3 108 839 | 863 675 | 6 896 135 | 3 009 754 |
| SOLDE | 199 504 | 4 209 581 | 4 168 608 | 5 067 522 | 989 804 |
| 2 520 367 | |||||
BENEFICE/PERTE TOTAL (E)
En raison de la ventilation insuffisante des comptes “accessoires” (aliments et meunerie) il n'est pas possible de porter un jugement définitif sur la rentabilité absolue de chacune des spéculations.
En effet les dépenses figurant dans la rubrique “aliments et meunerie” devraient être réparties - au plus tard en fin de période: le mois de l'année - entre les différentes spéculations, au prorata des consommations respectives d'aliments.
Cela n'ayant pas été fait, le tableau ci-dessus ne nous donne qu'une indication des rentabilités relatives (c'est-à-dire des différentes spéculations les unes par rapport aux autres, et cela même de manière incomplète puisque la rubrique “volailles” englobe à la fois les élevages de canards et de poulets qui gagneraient à être séparés aux fins d'analyse).
Quoi qu'il en soit, il apparaît toutefois nettement que les spéculations “Porcs” et “Volailles” se sont avérées nettement plus rentables que le poisson, ce qui est un paradoxe si l'on songe à la finalité principale du centre.
En réalité, la vente des poissons est déficitaire si l'on tient compte du coût des aliments que ceux-ci ont consommés (et dont le montant s'élève, en toute hypothèse, à plus de FCFA 199 504).
Il y a eu en quelque sorte une déformation de la notion d'élevage associé, puisque, en termes de rentabilité, l'activité piscicole est devenue, pour ainsi dire, subventionnée par les autres.
Dans de telles conditions, le critère de l'autofinancement, en tant qu'objectif, ne signifie plus grand'chose.
En outre, ce déséquilibre “structurel” dans l'auto- financement du centre s'est sans doute accru en 1987, puisque les recettes de l'année (estimées à FCFA 5 000 000 - les chiffres de décembre manquant, contre FCFA 11 487 000 en 1986) ont chuté de moitié, pour la seule station de La Landjia.
On ne saurait trop insister sur ce point: le critère de l'autofinancement ne peut s'appliquer valablement que dans la mesure où la production de poissons (couplée à celle des seuls aliments destinés à ceux-ci) demeure l'activité principale, et la plus rentable (relativement) du Centre piscicole national.
Les remarques précédentes conduisent à énoncer certaines directives concernant la tenue des comptes destinés à servir de base au calcul “vrai” de l'autofinancement.
Le consultant recommande de:
Poursuivre la comptabilité analytique par “spéculation” suivant en cela le plan comptable et la ventilation par rubrique, tels qu'ils ont été définis par M. Deceuninck. Il convient impérativement de reprendre les écritures, rétroactivement, depuis le 1er janvier 1988.
Toutefois les rubriques “Aliments” et “Meunerie”, ne représentent pas une “spéculation” particulière.
Elles constituent des comptes transitoires, dont le contenu doit être, en fin de période, déversé dans ceux des différentes spéculations (voir ci-après). D'autre part, il y aurait intérêt ultérieurement, à scinder la rubrique “Volailles” en deux composantes: celle des canards et celles des poulets lesquels ont des taux de croissance et de mortalité fort contrastés (et par voie de conséquence des rentabilités différentes);
Ventiler correctement les salaires du personnel permanent entre les différentes spéculations (les mêmes “clés” ou pourcentages, de répartition devant s'appliquer, uniformément, aux trois stations principales);
Séparer clairement les fonds de contreparties des recettes ordinaires;
Ventiler le montant des aliments produits pour la station en tenant compte, “a posteriori” (c'est-à-dire, par exemple, en fin de mois) des consommations effectives correspondant à chaque spéculation (ce qui signifie, pratiquement, que les porchers, les “préposés au volailler” et autres “alimenteurs” devraient commencer à tenir des fiches de stock rudimentaires pour comptabiliser leurs consommations respectives);
Réserver la rubrique “Autres” aux entrées et sorties d'argent véritablement exceptionnelles (autrement dit, qui n'entrent pas dans le cadre des activités normales et régulièrs de la station. Du côté “Entrées” y figureront principalement les fonds de contrepartie encaissés);
Pour l'analyse de fin d'année - destinée à contrôler la rentabilité de chaque “spéculation” - grouper les rubriques “Aliments” et “Meunerie”, lesquelles correspondent en fait à une seule et même activité;
Appliquer pour l'exercice récapitulatif annuel (calcul de l'autofinancement “vrai”) la méthode du “direct costing” (c'est-à-dire diviser par 4 les frais de vulgarisation et ajouter 1/4 du total de ceux-ci aux dépenses afférentes à chaque spéculation. Ou mieux encore, répartir ces frais au prorata du temps effectivement passé aux différentes spéculations par chacun des vulgarisateurs.