Le consultant a fait le point avec l'ancien gestionnaire du crédit piscicole, M. Paul-Célestin Abakar, qui est actuellement Chef de station principale à Bambari.
L'examen des états récapitulatifs des crédits TIA et USAID conservés à La Landjia et transmis par M. Abakar à son successeur laissait en suspens certaines questions qui demandent à être élucidées, notamment, en ce qui concerne:
La liste des anciens bénéficiaires des crédits TIA/USAID ayant obtenu également un crédit du PNUD (en contravention de la condition de principe imposée pour la distribution de ce dernier): ceux-ci étaient au nombre de neuf dont un seul (M. Jean Kago) s'était acquitté entièrement de sa dette antérieure (FCFA 81 780).
Les arguments avancés par les membres du Comité d'agrément des prêts pour justifier cette infraction au principe de base établi initialement invoquent la nécessité d'une consolidation de la dette des pisciculteurs intéressés pour permettre à ceux-ci le remboursement des anciens crédits, compromis par des circonstances indépendantes de leur volonté.
L'examen détaillé des arriérés enregistrés fait apparaître la situation récapitulée dans le tableau synoptique ci-après.
| Nom du pisciculteur béné ficiaire du crédit PNUD | Type de crédit antérieurement obtenu | Solde restant dû (arriéré sur crédit FCFA | Arriéré montant total du crédit antérieur (%) |
| Marago Raphaël | Direct. “Ecloserie” | Néant (?) | - |
| Dawili Fidèle | idem | Néant (?) | - |
| Seremalet Roger | USAID “Aliment” | 9 130 | 100 |
| Inga Jean | USAID “Aliment” | 9 130 | 100 |
| Oryemba Noël | USAID "Elevage | ||
| associé (poulets) | 233 000 | 68 | |
| Moussa-Ngoupande | idem | 232 000 | 100 |
| Malebada Jean | idem | 174 000 | 100 |
| Mboyema Raphaël | idem | 298 000 | 86 |
| Nganamo | USAID “Aliment” | 13 695 | 100 |
| Emmanuel | |||
| Total des arriérés: FCFA | 973 955 | ||
CREDIT TIA
Le bilan du crédit TIA à la date du 10 novembre 1987 a été dressé par le consultant et figure dans l'Annexe l (volet A). En fonction des préoccupations énoncées ci-dessus, ce bilan suggère les commentaires suivants:
Il n'existe aucune preuve documentée du fait que les débiteurs qui ne figurent plus dans la dernière liste en date ont effectivement remboursé leur dette dans l'intervalle.
CREDIT USAID
Tandis que le crédit TIA avait été lancé à titre expérimental, le crédit USAID, lui était d'un montant plus élevé et devait être géré en tant que tel, et non pas comme un don à fonds perdu.
Le bilan présenté à l'Annexe 1 (volet B) doit donc être examiné de manière plus critique encore que le précédent. Or il s'avère à l'examen que le recouvrement du crédit USAID a été peu ou prou abandonné (sauf peut-être, en ce qui concerne les doubles bénéficiaires des crédits antérieurs et du nouveau).
Le consultant insiste pour que l'effort de relance auprès des anciens débiteurs défaillants soit réactivé systématiquement.
Le bilan des remboursements du crédit USAID présenté en annexe est incomplet. En effet la majeure partie (“Construction- Matériel”) n'a pu faire l'objet d'un pointage effectif, en l'absence de suivi dans la tenue des états comptables, d'une part et, d'autre part, en raison d'une discontinuité dans la transmission des responsabilités en matière de contrôle du crédit. L'ancien gestionnaire du crédit USAID “aliment” est à présent l'adjoint du Responsable national de la vulgarisation, tandis que l'ancien responsable du crédit PNUD est devenu Chef de station à Bambari. Quant au nouveau gestionnaire du crédit PNUD, il a recueilli les dossiers transmis par ses prédécesseurs sans pour autant être investi de la responsabilité de poursuivre les recouvrements.
Il suffit de constater que le remboursement du crédit USAID “Construction-Matériel” totalisant FCFA 3 365 179, sur un montant global de FCFA 4 760 000 (71%) n'a pas apparemment progressé depuis la première consultation, à l'exception du paiement du solde intégral de sa dette (FCFA 81 780) par J. Kago (d'Alindao).
Le total des sommes distribuées au titre du crédit s'élève à FCFA 4 235 225 et le solde au compte de la BIAO (N° 36 280 0787) est de FCFA 553 511.
Une partie des aliments ont été vendus comptant, et faute d'une comptabilité régulièrement tenue par les responsables successifs, le taux de recouvrement n'a pu être évalué (celui-ci est en tout état de cause très bas).
Demande de prêts déjà agréés
Les conditions dans lesquelles ont été accordés les prêts correspondant à la première tranche (US$ 25 000) du crédit PNUD représentent un double test:
d'abord quant à la validité des critères de sélection initialement énoncés et à l'adéquation des procédures mises en place à l'origine;
ensuite quant à l'opportunité du déblocage de la seconde tranche et aux modalités éventuelles de celui-ci.
Le tableau qui récapitule la distribution de la 1re tranche du crédit PNUD (voir Annexe 2) a pour objet de synthétiser les remarques qui peuvent être formulées en ce qui concerne l'application des critères sur lesquels devaient être fondés la sélection les pisciculteurs bénéficiaires et l'octroi des prêts.
Au total 24 prêts ont été octroyés pour un montant global de FCFA 5 613 955: le solde de la 1re tranche restant disponible est donc de FCFA 2 823 545.
La répartition globale des prêts entre les différentes utilisations était, par ailleurs, la suivante:
Achats d'alevins: 20%; Achats d'aliments: 42%; Construction de bassins: 38%.
Le montant moyen des prêts accordés s'élevait à FCFA 234 000. Le prêt le plus faible était de FCFA 30 300, alors que le plus élevé, octroyé au groupement de Kapou, était de FCFA 1 471 105.
On peut observer que les quatre premiers prêts octroyés sont d'un montant nettement supérieur à la moyenne.
Ces décisions initiales ont, paraît-il, été critiquées, ce qui explique sans doute que les prêts suivants sont redescendus à un niveau plus modeste. Cependant elles étaient conformes à la politique définie d'un commun accord entre le consultant et les dirigeants du Centre piscicole national avant le départ de celui-ci, à l'issue de la mission initiale. Cette politique pouvait se résumer ainsi: concentration sur un petit nombre d'exploitations piscicoles les plus rentables (de niveau quasi commercial); concentration géographique des bénéficiaires sur la zone centrale pour permettre une supervision plus efficace; préférence aux groupements effectifs et aux pisciculteurs “vétérans” dont l'aptitude avait pu être testée au cours des projets précédents.
Le respect des critères d'attribution des prêts fixés à l'origine appelle quant à lui, les commentaires suivants:
Non-éligibilité des pisciculteurs ayant bénéficié de crédits antérieurs (TIA ou USAID): les exceptions à la règle ont été de 9 sur 24 cas, pour cause de consolidation (légitime?) de la dette des pisciculteurs incriminés.
En l'absence, signalée par ailleurs, d'une comptabilité régulière concernant le remboursement des crédits antérieurs, le consultant n'a pu se prononcer en toute connaissance de cause.
Sur le plan des principes, la question reste toutefois, sérieusement posée.
La “surface financière” des pisciculteurs (garanties patrimoniales): dans un pays comme la RCA où le droit coutumier prime, et où les titres de propriété concernant les liens fonciers enregistrés au cadastre sont rares, ce type de garantie est dans la plupart des cas illusoire1; en fait, il n'avait été ajouté à la liste à l'origine, que pour “s'aligner” sur la pratique des banques occidentales, laquelle n'a que peu de place ici.
Topographie du site et alimentation en eau: c'est dans ce domaine que les demandes de prêts introduites jusqu'à présent pêchent le plus.
Compte tenu de l'importance de ces critères pour le succès du crédit PNUD, le consultant a demandé aux moniteurs, sur le terrain, et au gestionnaire du crédit, pour le Centre piscicole national, d'être désormais plus précis et rigoureux en la matière.
L'établissement de croquis, même très schématiques où figureront à la fois la topographie (et la dimension) des bassins, ainsi que la disposition et l'indication de la distance de ceux-ci par rapport aux sources d'alimentation en eau, contribuera à remédier aux carences constatées dans l'information de base fournie par les dossiers de demande de prêts antérieurs.
Ces croquis, obligatoirement joints au dossier, serviront désormais à étayer la décision du Comité.
Dispositifs de surveillance des bassins: étant donné la fréquence, et, pourrait-on dire, l'omniprésence des vols, la validité des dispositions prises (ou annoncées) par les pisciculteurs à cet égard, ne se révèle, hélas qu'à l'usage. La vérification de ce critère s'avère par conséquent plus rituelle qu'efficace.
Marché/vente des poissons: c'est en général, le “maillon faible” dans la chaîne des conditions imposées pour l'octroi des prêts, car les marchés locaux n'existant pas, dans la plupart des cas, de manière régulière, il est difficile d'apprécier pratiquement leurs seuils de saturation éventuelle. Qu'au minimum soient mentionnées, à ce sujet, les habitudes locales (marchés “rotatifs” en périodiques entre villages d'une même zone, par exemple) et le mode de fixation des prix (en kilogrammes ou “en tas” et dans ce dernier cas, composition des tas).
Dans le cas, encore rare, de vidanges groupées dans le temps, en un même lieu, la vulgarisation doit s'interposer pour favoriser l'écoulement des produits (en contactant tout spécialement la direction du personnel des grandes sociétés nationales ou privées, principalement dans la zone centrale).
Examen des nouveaux dossiers
Le consultant a décidé de donner le coup d'envoi au déblocage de la seconde tranche du crédit PNUD, en convoquant, lui étant présent, le Comité d'agrément des prêts, pour le mardi 9 février 1988, à la BCAD.
Le lien de la réunion, qui a par ailleurs une valeur symbolique, est destiné à mettre l'accent sur la “bancabilité” des dossiers présentés. Ceux-ci, au nombre d'une douzaine, concernent en priorité, et de propos délibéré, les zones de Bouar et Bambari.
Tout en se livrant à son propre “mea culpa” puisqu'il était responsable de la relative complexité (en excès de sophistication ?) du système mis en place à l'origine, le consultant a basé son effort de réorganisation sur la constatation suivante: dix-sept documents différents (10 à l'origine, plus sept nouveaux introduits depuis, à savoir:
C'est beaucoup trop pour administrer un crédit d'un montant global de quelque 15 millions de FCFA intéressant tout au plus une cinquantaine de bénéficiaires.
Certes manquaient, dans le système mis au point à l'origine, un échéancier des remboursements prévus, axé sur un calendrier de vidanges et l'outil comptable capable d'enregistrer les livraisons d'aliments aux pisciculteurs et de gérer le stock d'aliments “stratégique” au niveau du CPN. Les documents numérotés 2, 3 et 6 ci-dessus suppléent amplement à cette carence originelle.
La remise en ordre décrite ci-après en détail correspond, chez le consultant, à une double préoccupation: simplifier au maximum la procédure tout en renforçant le contrôle de la gestion du crédit.
Afin d'éviter des interprétations erronées, à l'avenir, de la politique dont les responsables de la pisciculture, tant au ministère des eaux et forêts qu'au CPN étaient convenus au départ avec le consultant, les fondements de celle-ci méritent d'être réaffirmés explicitement, à titre de rappel.
Rappel des principes antérieurement admis
Non-éligibilité des anciens débiteurs: les infractions passées à cette règle, pour légitimes qu'elles aient pu paraître dans une certaine conjoncture et à propos de certains individus, n'en sont pas moins à proscrire pour l'avenir.
La consolidation de dettes en souffrance, puisque c'est bien cela dont il s'est agi en l'occurrence, accrédite l'idée d'un amalgame dangereux entre les diverses formules de crédit successivement pratiquées (“écloserie”, TIA, USAID, PNUD). Cela signifie, en termes clairs que le crédit PNUD est condamné à subir le sort des précédents.
Comme le disait l'adage latin “Dura lex, sed lex” (la loi est sévère, mais c'est la loi), aucune loi ne se trouve étayée par le principe des circonstances atténuantes.
Profil-type du pisciculteur éligible
C'est une personne répertoriée par le CPN qui a fourni la preuve de sa compétence en matière piscicole. Cette personne est de préférence un ancien animateur ou membre d'un groupe qui fonctionne effectivement (c'est-à-dire qui n'a pas été constitué dans le seul but de faciliter l'éligibilité au crédit).
La seule bonne volonté ou le dévouement exclusif à la cause piscicole ne suffisent pas.
Priorité au crédit aliment
Il faut voir là en quelque sorte le corollaire du principe précédent, en ce sens que le crédit aliment vise essentiellement à intensifier la production chez ceux des pisciculteurs qui ont déjà fait leurs preuves.
Toutefois pour être remboursé ce crédit ne doit pas être trop cher. Afin de s'en assurer, il faut donner au QN une interprétation économique et établir le rapport entre le coût des aliments achetés et la recette escomptée de la vente des poissons.
A titre d'exemple: calculons à quelle productivité minimale correspond (implicitement) le recours à l'aliment composé fourni par le CPN à La Landjia (et facturé à FCFA 70/kg) dans l'hypothèse (réaliste) où le pisciculteur répartit ses recettes en deux parts égales: l'une (50%) destinée à rembourser le crédit aliment; l'autre (50%) à rémunérer son travail et ses frais.
Quantité d'aliment consommée (are)
| Mois | kg | Coût FCFA |
| 1–2: 0,250 × 60 | 15 | |
| 3–4: 0,350 × 60 | 21 | |
| 5–6: 0,450 × 60 | 27 | |
| Total/an | 63 × 2 = 126 kg | 126 × 70 = 8 820 |
Recette minimale: 8 820 × 2 = FCFA 17 640 (= 25 kg de poisson à FCFA 700/kg)
Conclusions
Pour pouvoir contracter un autre crédit (en plus du crédit “Aliment”) le pisciculteur doit être assuré d'un rendement de 40 kg/are/an (performance déjà rare); sinon il ne fait que rembourser le crédit.
Le son de riz, seul, vendu à FCFA 15/kg dont le QN est de 10/1 (10 kg de son pour 1 kg de poisson) peut, dans ces conditions, constituer une solution rentable (l'achat de FCFA 150 de son “rapporte” FCFA 700).
Ce ne sont là que des exemples. Le calcul doit être refait systématiquement, pour chaque formule alimentaire utilisée (et dont le QN est connu; voir Annexe 9).
Caractère exceptionnel des prêts aux élevages associés
On ne le répétera jamais assez: c'est la pisciculture qui doit être associée aux élevages, en se nourrissant de leurs sous-produits et non pas l'inverse.
Le concept est si mal passé dans les faits qu'on a abouti à un renversement de la proposition originelle. D'où, sur le plan économique, la situation paradoxale décrite dans le dernier paragraphe du chapitre B: les élevages de canards, de poulets et surtout de porcs en sont venus à “nourrir” les stations piscicoles principales, ce qui interdit de poser dans des termes corrects le problème de leur autofinancement.
En pratique, de tels prêts exceptionnellement octroyés, doivent être réservés à des éleveurs confirmés qui adjoindraient la pisciculture à leur activité principale: l'élevage.
Cas de rééchelonnement des prêts
Aucun cas de rééchelonnement ne s'est encore présenté à la date de rédaction du présent rapport. Toutefois il est utile de rappeler concrètement l'application du dispositif qui avait été mis au point lors du séminaire de formation au crédit des cadres du CPN et des vulgarisateurs (organisé par le consultant du 22 septembre au 1er octobre 1986 à La Landjia).
Principes à appliquer
Les cas de force majeure justifiant une modification de l'échéancier des remboursements avaient, à l'époque, été définis d'un commun accord entre le consultant et les cadres du CPN. La matière étant, par essence évolutive (en effet s'il était possible de prévoir ou de cataloguer les catastrophes, celles-ci pourraient être enrayées) il appartient désormais au Comité d'Agrément des Prêts de fixer la “jurisprudence” (c'est-à-dire de définir précisément les événements qui constituent des cas de force majeure justifiant le rééchelonnement légitime d'un prêt).
Mode de calcul
A titre d'illustration les Annexes 4 à 6 fournissent des exemples de calcul pour le rééchelonnement des prêts.
Ces calculs s'appuient sur trois règles:
L'intérêt est calculé une fois pour toutes (sur le montant total du prêt et non sur le solde restant à rembourser; cela contribue certes à renchérir le coût du crédit, mais en contrepartie, le délai de grâce accordé, intervalle de temps entre la 1re vidange (test qui ne compte pas) et la 2e, à dater de laquelle est calculé le ler remboursement du prêt, l'abaisse.
Toutes les échéances sont maintenues (quelque soit la gravité de l'événement ayant justifié le rééchelonnement): dans les cas les plus graves, toutefois, seul l'intérêt reste à payer à la date initialement prévue, le paiement du principal étant, lui, reporté à l'échéance suivante (neuf mois après).
La fraction de principal à rembourser est proportionnelle aux recettes escomptées.
Pour simplifier, deux éventualités seulement ont été retenues:
la recette est inférieure à 50% du montant initialement prévu; on la suppose nulle
ou
la recette est comprise entre 50 et 100% du montant prévu à l'origine: on la suppose amputée de moitié et le principal se rembourse en deux fois par moitié: 50 % à la date initialement prévue et 50% 6 mois plus tard (1re de la vidange suivante).
Nouveaux principes de gestion à mettre en oeuvre
Aux 17 documents recensés ci-avant et à l'ensemble des règles de procédure initialement édictées se substitue un nouveau mode de gestion du crédit, considérablement allégé et simplifié qui comporte quatre aspects principaux:
Le regroupement des deux comptes du CPN à la BCAD en un seul (compte No 3311).
La tenue, sous forme de journal sur fiches “périodiques” (la période en question correspondant à l'intervalle de temps séparant deux réunions successives du Comité d'agrément des prêts) d'une comptabilité “Aliments” interne au CPN. Cette comptabilité enregistre à la fois les variations du stock d'aliments constitué dans les stations et les livraisons aux pisciculteurs individuels.
La redéfinition des règles de fonctionnement du Comité d'agrément des prêts.
Le contenu (inventaire des pièces à réunir et des renseignements à collecter) des dossiers concernant les pisciculteurs bénéficiaires du crédit.
Simplification nécessaire des règles et procédures
La multiplication des documents à remplir (17 par bénéficiaire) et la complexité croissante des méthodes utilisées pour administrer de petits dossiers d'un montant unitaire relativement faible (complexité encore accrue par les contrordres entre consultants successifs) rendaient nécessaire une simplification du dispositif prévu à l'origine.
Renforcement du contrôle
Il est rendu possible par la simplification qui a été réalisée et par la fusion des deux comptes du CPN à la BCAD.
Rôle croissant d'intermédiation de la BCAD
Ce devrait être la conséquence logique de la réorganisation proposée ici, laquelle fait de tous les pisciculteurs bénéficiaires des clients de la banque et “acclimate” progressivement cette dernière à la gestion du crédit piscicole, qu'elle devrait être en mesure d'administrer ultérieurement de manière autonome et de financer sur ses ressources propres.
A l'origine, en effet, il n'avait pas été prévu que les pisciculteurs qui bénéficieraient du crédit ouvriraient un compte individuel à la BCAD.
Le corollaire de cette ouverture de compte individuel est de faire du crédit alimentaire un crédit en argent et non plus en nature. L'inconvénient principal qui a trait à cette innovation - laquelle nécessite un contrôle pour s'assurer que les fonds débloqués ne sont pas détournés par les bénéficiaires à d'autres fins que la pisciculture - est très largement compensé par le plafonnement automatique des dépenses occasionnées par le projet piscicole de chacun (dans la mesure où la BCAD n'accorde pas de découvert aux intéressés). Le non-dépassement du plafond de crédit autorisé par le Comité d'agrément des prêts pour chaque pisciculteur aurait été beaucoup plus difficile à contrôler, s'il avait relevé du seul CPN.
En outre rien n'empêche les pisciculteurs bénéficiaires du crédit d'effectuer des dépôts - provenant d'autres sources de revenu que la pisciculture - sur le compte ouvert à leur nom (au contraire la BCAD devrait logiquement les y encourager). De la sorte, ces apports personnels pourraient garantir de nouveaux prêts piscicoles - au même bénéficiaire - dans l'avenir.
Le “découplement” du compte central crédit (BCAD No 3311) et du compte “Aliment” (No 3831) partait d'une intention louable de transparence dans la gestion du crédit piscicole. Toutefois, il risquait d'avoir, à terme, des effets pervers tout à fait opposés à l'intention d'origine.
En effet, cette dualité de comptes aboutit à comptabiliser deux fois des sommes correspondant en fait à une seule et même opération, au cours d'une période donnée, sans qu'on y prenne nécessairement garde:
une première fois lors de la constitution du stock d'aliment par le CPN;
une seconde fois lors de l'octroi du crédit “Aliment” aux pisciculteurs individuels.
Autre conséquence fâcheuse de ce dédoublement des comptes crédit: le rôle de fonds de roulement du compte central (destiné à être reconstitué au fur à mesure des remboursements successifs) n'apparaît plus nettement.
Le consultant recommande par conséquent instamment de fusionner les deux comptes du CPN à la BCAD.
Contrôle des mouvements du compte central crédit
(compte n° 3311 à la BCAD)
Les écritures passées dans le cadre des rubriques décrites à l'Annexe 7 retranscriront les relevés de compte obtenus de la BCAD.
Après la fusion préconisée plus haut, l'enregistrement dans un seul et unique compte de tous les mouvements, sans exception, affectant le crédit, permettra de contrôler la reconstitution du fonds de roulement.
En l'occurrence le contrôle relève conjointement des deux co-signataires autorisés: le Directeur du CPN et le Gestionnaire du crédit piscicole.
Comptabilité interne “Aliments” du CPN
Celle-ci est décrite dans l'Annexe 8.
Le journal comptable correspondant (tenu sur fiches séparées - une fiche pour chacune des périodes s'écoulant entre deux réunions successives du Comité d'Agrément des Prêts) enregistre à la fois les achats destinés à la constitution de stocks “stratégiques” d'aliments au niveau des stations principales et les distributions ponctuelles aux pisciculteurs bénéficiant individuellement d'un crédit aliment.
Cette comptabilité n'a d'utilité pratique que si elle est couplée avec un système de gestion de stocks de son de riz, tourteaux, drèche, etc.) si rudimentaire soit-il.
L'objectif visé ici est double:
d'une part contrôler le degré d'autofinancement des stations principales (c'est-à-dire, en dernière analyse, la rentabilité de chaque “spéculation”)
d'autre part séparer hermétiquement (du point de vue comptable s'entend) les besoins propres en aliments, des stations principales et le stock destiné à être redistribué aux pisciculteurs, au titre du crédit.
Ce contrôle interne concernant la comptabilité “Aliments” relève du seul gestionnaire du crédit piscicole, lequel rapporte périodiquement (à chaque réunion, en principe au Comité d'Agrément des Prêts).
Fonctionnement du Comité d'Agrément des Prêts
Responsabilités
Pour fonctionner efficacement le Comité ne doit pas être seulement responsable de l'octroi du crédit. Il est tenu de s'intréresser également au remboursement effectif des prêts accordés antérieurement. Autrement dit sa responsabilité est à la fois prospective et rétrospective. Seul le premier aspect avait retenu l'attention jusqu'a présent. Il faut maintenant tenir compte du second dans l'établissement des nouvelles règles de fonctionnement.
Par ailleurs, les délibérations du Comité ont jusqu'ici été relatées de manière plus narrative que systématique. Des critiques ont été formulées quant à la manière dont les décisions ont été prises. Lorsque des divergences d'opinion sont apparues au sein du Comité, à propos de certains prêts, il eut été utile, pour la bonne forme, de relater scrupuleusement les points de vue en présence.
L'unanimité est-elle de règle pour qu'une décision d'octroi de prêt puisse être valablement prise?
Les renseignements collectés concernant les projets piscicoles faisant l'objet des demandes de prêts ont-ils été suffisamment détaillés?
Autant de questions auxquelles le consultant n'a pu répondre de manière décisive. Cette incertitude sur des points aussi importants a rendu nécessaire les dispositions énoncées ci-après qui ont pour but de mettre les délibérations futures du Comité à l'abri de la critique.
Organisation des délibérations
Celles-ci devront dorénavant se dérouler selon un ordre du jour quasiment immuable et être relatées de manière plus systématique, pour faciliter les évaluations à posteriori. (Le gestionnaire du crédit piscicole assure le secrétariat du Comité.)
Présentation - type des comptes rendus
Séance du: (date)
Nom (titres et fonctions, éventuellement) des présents ou représentés
(chaque compte rendu devra comporter, au moins les cinq rubriques suivantes:)
a) Récapitulation synthétique des demandes de crédit examinées en cours de séance (une ligne par demandeur suffit)
| Nom du Demandeur | Localité | Montant du crédit demandé | Décision | Motif1 (succinct) |
b) Extrait du compte central “crédit” (BCAD no 3311)
(enregistrant les mouvements du compte depuis la réunion précédente du Comité)
c) Extrait de la comptabilité “Aliment” du CPN
(mouvements enregistrés pendant la même période)
d) Echéancier (mobile) des vidanges chez les bénéficiaires du crédit
e) Sujets divers
Le compte rendu lui-même sera signé par chaque membre et tous les feuillets paraphés également.
Composition du dossier individuel des pisciculteurs bénéficiaires du crédit
Chaque dossier de pisciculteur bénéficiaire du crédit doit comporter les pièces ou éléments suivants:
La demande d'assistance et de crédit, dûment remplie (la page de garde p. 1 comportant une nouvelle rubrique additionnelle, en bas de page destinée à recevoir la signature des membres du Comité d'Agrément des Prêts) L'échéancer de la p. 5 modifié (par M. Delincé) et le compte d'exploitation prévisionnel - sortie d'imprimante modèle BCAD ajouté à la p. 8)
Reconnaissance de dette, signée par le pisciculteur
Fiche individuelle de livraison d'aliment (pour les seuls bénéficiaires du crédit “Aliment”)
Statut juridique (concerne uniquement les groupements)
Journal individuel des opérations de crédit (portant au crédit les sommes débloquées, au débit les dépenses engagées)
Factures détaillées pour les travaux, fournitures et services extérieurs (en particulier un état des paiements de la main-d'oeuvre)
Ventilation du crédit global entre constructions, alevins, aliments, etc.
CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
Les modalités de la gestion du crédit piscicole ne peuvent être isolées du contexte général de la pisciculture en RCA dont la survie même est douteuse.
Le consultant quant à lui place ses espoirs dans ceux des pisciculteurs privés qui ont persévéré dans cette activité, malgré le faible appui que pouvaient leur apporter les services de vulgarisation officiels.
A son avis, le meilleur usage qui pourrait être fait du solde restant à distribuer sur le crédit PNUD consisterait à constituer un stock d'aliments dans chacune des trois stations principales. Encore faudrait-il que chaque composante de ce stock tienne compte, de manière réaliste, des sources d'approvisionnement locales en sous-produits agricoles. Le temps des formules alimentaires universelles - véritables panacées - que l'on distribuait à partir de la Landjia est révolu.
Il convient à présent, pour augmenter les chances de survie de la pisciculture centrafricaine, de minimiser le coût des aliments complémentaires tout en intensifiant au maximum la production de poissons.
L'autre contrainte à respecter est que les stations ne revendent pas ces sous-produits agricoles à perte: elles ne peuvent plus se le permettre (on est hélas bien loin du seuil d'autofinancement).
Il n'est pas inutile d'analyser le coût des aliments complémentaires afin de fixer un prix réaliste pour leur facturation aux pisciculteurs.
| SOURCE DE FINANCEMENT | COMPOSANTE DU COÛT |
| Crédit PNUD | Prix d'achat des matières premières en usine (drèche, son de riz, tourteaux, graines de coton, etc.) |
| Budget du CPN | Transport entre usine et station Transformation (broyage, séchage, etc.) |
| Stockage dans les magasins des stations | |
| Transport entre magasin et ferme du pisciculteur (susceptible de péréquation) | |
| Pisciculteur bénéficiant du crédit | Intérêt sur crédit “Aliment” |
| Acheteur (qu'il ait ou non bénéficié du crédit) | Prix facturé |
Cette préparation d'aliments adaptée aux sources d'approvisionnement locales est le rôle “résiduel” - le seul peut-être - à assigner aux stations principales du CPN
Tableau 1
| BCAD | STRUCTURE DU BILAN |
| (Collecte et emplois) | |
| en millions de FCFA |
| 31.12.85 | 31.12.85 | 31.12.87 | |
| Collecte | |||
| Dépôt à vue | 1 103 595 | 1 373 370 | 870 445 |
| Dépôt à terme | 224 357 | 334 740 | 335 763 |
| Total | 1 327 952 | 1 708 010 | 1 206 209 |
| Emplois | |||
| Crédits à moyen terme | 143 963 | 363 102 | 408 272 |
| Crédits à court terme | 4 637 222 | 5 177 467 | 5 506 987 |
| dont coton, tabac, café, hydrocarbure | (4 137 620) | (3 824 914) | (3 605 274) |
| Escomptés et Découverts | (121 380) | (359 363) | (576 107) |
| Autres prêts à court terme | 378 222 | 993 190 | 1 325 606 |
| Total | 4 785 185 | 5 542 569 | 5 915 259 |
| Rapport collecte/crédit | 27,75% | 30,81% | 20,39% |
| Rapport mobilisation BEAC/emplois | 74,43% | 63,23% | 71,64% |
Tableau 2 ETAT COMPARATIF DES BASSINS PISCICOLES
| ZONE | LOCALISATION | TYPE DE STATION | SUPERFICIE TOTALE (ares) A L'ORIGINE | SUPERFICIE UTILISABLE AU 1.01.88 |
| CENTRE | Bangui-Landjia | CPN (Station Piscicole Principale) | 882,5 | 190 |
| Ndress | Station secondaire d'alevinage | 18 | - | |
| M'Baki | " | 50 | - | |
| Boda | " | 7 | - | |
| Bossembélé | " | 42,8 | 42,8 (?) | |
| EST | Bambari | Station Piscicole Principale | 322,7 | 10 |
| Ippy | Station secondaire d'alevinage | 25,0 | - | |
| Grimari A | " | 20,2 | 20,2 (?) | |
| Grimari B | " | 16,2 | 16,2 (?) | |
| Alindao A | " | 38,0 | 38,0 (?) | |
| Alindao B | " | 20,0 | 20,0 (?) | |
| Oyé-Carrefour | " | 14,0 | 14,0 (?) | |
| OUEST | Bouar | Station Piscicole Principale | 176,0 | 176,0 |
| Baboua | Station secondaire d'alevinage | 32,0 | 8 | |
| Baoro | " | 20,0 | 20,0 (?) | |
| Bocaranga | " | 27,0 | - | |
| Bozoum | " | (?) | - | |
| Berbérati | " | (?) | - | |
| TOTAL | 1 711,4 | 555,2 |
N.B.: Sous bénéfice d'inventaire (le consultant ne s'étant pas rendu sur les lieux)
Source: Rapport terminal - Projet CAF/80/002, FAO, Rome 1986 (remis à jour par l'auteur) A noter que la diminution des surfaces de bassins piscicoles utilisables est proportionnelle à celle de la production globle (-2/3)