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Cities of Latin America

A proposal for the development of urban and peri-urban horticulture

For a number of years, the governments of Latin American countries have had to deal with the phenomenon of urban migration. Major cities are now growing by some 3 percent annually, which means that by the turn of the century more than three-quarters of the continent’s population could be living in urban areas. Apart from the demographic implications – unemployment and underemployment as well as impoverishment of a majority of the urban population – this migratory flow has had negative repercussions on the environment, on available resources and on levels of nutrition.

Urban and peri-urban horticulture can provide effective answers to the problems of rapid urbanization, as it paves the way for sustainable development and facilitates the integration of production and the environment (e.g. recycling of household waste), a reduction in unemployment and an enhanced vitamin and protein intake for the population throughout the year.


Aldeas de América Latina

Propuesta para el mejoramiento de la horticultura urbana y periurbana

Los gobiernos de América Latina tienen que hacer frente al fenómeno de la emigración hacia los centros urbanos. El ritmo de crecimiento de las grandes ciudades es de alrededor del 3 por ciento al año, lo cual significa que al final del siglo la población urbana debería llegar a los tres cuartos de la población total del continente. Además de las consecuencias demográficas (desempleo, subempleo, empobrecimiento de la mayoría de la población urbana), este flujo migratorio ha tenido repercusiones negativas en el medio ambiente, en los recursos disponibles y en la alimentación.

La horticultura urbana y periurbana puede dar una respuesta adecuada a los problemas de desarrollo de las ciudades con un crecimiento rápido. Dicha horticultura abre el camino de un desarrollo sostenible y permite integrar mejor la producción en el medio ambiente (reciclaje de los residuos domésticos), reducir el desempleo, y mejorar la nutrición en cuanto a vitaminas y proteínas a lo largo de todo el año.


Villes d’Amérique latine

Proposition pour le développement de l’horticulture urbaine et périurbaine

Wilfried Baudoin

Fonctionnaire principal, Groupe des cultures horticoles de la FAO

Mario Margiotta1

Spécialiste en cultures horticoles

Depuis de nombreuses années, les gouvernements d’Amérique latine sont confrontés au phénomène de migration vers les centres urbains. Les grandes villes connaissent des taux de croissance d’environ 3 pour cent par an, ce qui signifie que la population urbaine devrait représenter plus des trois quarts de la population totale du continent à la fin du siècle. Ce flux migratoire a eu des implications démographiques (chômage, sous-emploi et paupérisation d’une majorité des populations urbaines), ainsi que des répercussions négatives sur l’environnement, sur la disponibilité des ressources et sur l’alimentation.

L’horticulture urbaine et périurbaine (HUP) peut apporter des solutions efficaces aux problèmes de développement d’une ville en croissance rapide. L’HUP ouvre la voie à un développement durable et permet de: i) mieux intégrer la production à l’environnement (recyclage des ordures ménagères); ii) réduire le chômage; et iii) améliorer l’apport en vitamines et protéines tout au long de l’année.

INTRODUCTION

Dans le contexte de la culture en zone urbaine et périurbaine, les produits horticoles présentent un certain nombre d’avantages par rapport à d’autres produits agricoles, que ce soit du point de vue d’une grande diversité des espèces et des variétés; d’un potentiel de rendement par unité de temps et par unité de sol très élevé; d’une croissance rapide; d’une haute intensité de main-d’œuvre; d’une valeur marchande élevée; de qualités nutritionnelles; et d’un caractère périssable.

Les traits spécifiques de l’horticulture urbaine et périurbaine

Par rapport à l’horticulture en zone rurale, l’horticulture urbaine et périurbaine (HUP) se distingue par au moins deux aspects: d’une part, elle est en compétition pour l’espace urbain et, d’autre part, elle revêt un caractère intensif.

L’HUP s’est spontanément développée dans de nombreuses villes des pays en développement, soit par nécessité, soit sous l’impulsion de l’évolution du niveau de vie et des habitudes alimentaires. Malgré cette réalité et les nombreux avantages qu’on reconnaît à l’HUP, le secteur est mal connu et négligé. Faute de stratégie et d’encadrement, on assiste au développement incontrôlé d’une activité qui est pourtant étroitement liée à la gestion de l’espace urbain, aux ressources en eau, à la protection de l’environnement et à l’approvisionnement des consommateurs en produits de qualité.

La problématique

Depuis de nombreuses années, les gouvernements d’Amérique latine sont confrontés au phénomène de migration vers les centres urbains. Les grandes villes connaissent des taux de croissance d’environ 3 pour cent par an, ce qui signifie que la population urbaine devrait représenter plus des trois quarts de la population totale du continent à la fin du siècle. Ce flux migratoire a eu des implications démographiques (chômage, sous-emploi, et paupérisation d’une majorité des populations urbaines), ainsi que des répercussions négatives sur l’environnement, sur la disponibilité des ressources disponibles et sur l’alimentation.

TABLEAU 1

Métropoles de plus de 2 millions d’habitants en 1990

Villes

Habitants (en millions)

Croissance (en pourcentage)



1960-1970

1970-1980

1980-1990

São Paulo

17,1

6,9

4,3

3,2

Mexico

16,8

5,4

4,2

0,9

Buenos Aires

11,2

2,1

1,5

0,9

Rio de Janeiro

11,2

4,2

2,4

2,2

Lima

6,4

5,2

4,1

3,3

Bogotá

5

6,7

3,9

2,7

Santiago

4,9

3,2

2,2

2,2

Belo Horizonte

3,6

6,6

4,9

3,7

Caracas

3,3

4,9

2,8

0,6

San Diego-Tijuana

3

4,3

3,4

3,6

Guadalajara

3

5,8

3,9

2,5

Porto Alegre

2,9

4,7

4,1

2,8

Recife

2,8

4,2

2,4

2,6

Monterrey

2,6

6,8

3,7

2,5

Medellín

2,4

5,3

2,9

2,1

Salvador

2,4

4,7

4,5

3,4

Source: François Moriconi-Ebrard. 1993. L’urbanisation du monde depuis 1950. Anthropos.
TABLEAU 2

Part de la population urbaine dans différents régions en pourcentage (2000 et 2025: projections)

Région

1950

1960

1970

1980

1990

2000

2025

Amérique latine

41

49

57

65

71

76

84

centrale

40

47

54

60

66

71

80

sud tempérée

65

73

78

82}

75

80

87

sud tropicale

36

46

56

66}

75

80

87

Caraïbes

34

38

46

53

59

65

75

Source: Nations Unies, (1987). The Prospects of World Urbanization, revised as of 1984-85, New York. Nations Unies, (1991). World Urbanization Prospects 1990. New York.

Ainsi, aujourd’hui, environ 60 pour cent de la population des villes d’Amérique latine connaît le chômage; de nombreux retraités disposent de trop maigres pensions de retraite; nombreux sont ceux qui ont besoin d’inventer de nouvelles activités productives; les vendeurs ambulants se multiplient et font de moins en moins de recettes; et, enfin, les migrants en provenance des zones rurales continuent d’affluer.


Amérique latine – la région la plus urbanisée du monde

L’Amérique latine se distingue de l’Afrique et de l’Asie – encore essentiellement rurales – par une forte concentration de la population en milieu urbain. En effet, sur une population totale de 500 millions de personnes, environ 350 millions vivent en milieu urbain. Au début des années 50, les agglomérations d’Amérique latine dépassant le million d’habitants étaient au nombre de six. En 1990, ces agglomérations étaient trois fois plus nombreuses et leur population totalisait 110 millions d’habitants.

Sur un total mondial de 298 métropoles de plus d’un million d’habitants, 175 se trouvent dans les pays en développement, dont 44 en Amérique latine et dans les Caraïbes1. Avec moins de 12 pour cent de la population des pays en développement, l’Amérique latine compte donc 25 pour cent des agglomérations ayant plus d’un million d’habitants.

Les surfaces urbanisées et les populations des villes ont vu leurs effectifs et leurs étendues se multiplier par 40 (Mexico et Lima), par 50 (Bogotá), et par 70 (São Paulo).

Jamais, dans l’histoire des villes, un continent n’a connu, en 100 ans, une aussi forte croissance urbaine: 123 millions de citadins supplémentaires entre 1975 et 1990 et 9 millions de plus chaque année entre 1985 et 1995.

En 2025, la population urbaine de l’Amérique latine atteindra 85 pour cent de la population totale du continent2.

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1 Selon les données de Géopolis, qui recense, depuis 1950, toutes les agglomérations de plus de 10 000 habitants.

2 Source: Nations Unies, (1991). World Urbanization Prospects 1990. New York


Les politiques visant à ralentir ou empêcher cette tendance n’ont souvent pas porté leurs fruits et, à présent, il faut affronter la réalité: les personnes qui ont migré vers les villes ont abandonné leurs terres productives ou leur agriculture de subsistance et sont venues grossir l’effectif des gens à nourrir.

Objectifs poursuivis et résultats escomptés

L’HUP peut apporter des solutions efficaces aux problèmes de développement d’une ville en croissance rapide. Elle ouvre la voie à un développement durable et permet de: i) mieux intégrer la production à l’environnement (recyclage des ordures ménagères); ii) réduire le chômage; et iii) améliorer l’apport en vitamines et protéines tout au long de l’année.

Le développement et l’intensification de l’HUP peuvent contribuer à atteindre les trois objectifs suivants:

On attend surtout de ce développement et de cette intensification de l’HUP une amélioration de la sécurité alimentaire interne. Il s’agit de promouvoir la production locale d’une vaste gamme de fruits et légumes et d’en répartir la disponibilité tout au long de l’année. On escompte en outre une amélioration du statut socioéconomique de la famille et en particulier de la femme, résultat induit ou complémentaire non négligeable.

Stratégie FAO d’appui au développement de l’HUP

Pour canaliser les initiatives et l’évolution d’un secteur en plein essor, la FAO recommande aux pays d’initier une dynamique ordonnée de développement de l’HUP et elle propose une stratégie en quatre axes:

Mettre en œuvre ces axes stratégiques suppose cinq lignes d’action essentielles:

Les bénéficiaires directs visés par la dynamique de développement sont les petits producteurs, et les bénéficiaires ultimes sont l’ensemble de la population urbaine. Ces interventions devraient concerner en priorité les couches les plus démunies des populations urbaines, les femmes en particulier.

Il est certain que pour assurer un impact durable des actions engagées il faudra obtenir la participation de différents partenaires de la filière et encourager un esprit de responsabilité collégiale entre les autorités gouvernementales (aux niveaux central, régional et municipal), les partenaires relais (tels qu’associations professionnelles, ONG, missions, projets et commerçants), les partenaires associés (autorités, média, éducation nationale et statistiques), les producteurs et les consommateurs.

CONCLUSIONS

L’HUP permet de faire face à la croissance urbaine ainsi qu’au chômage tout en préservant l’environnement. On peut, en effet, affirmer que l’HUP contribue à réduire le chômage; à améliorer la situation alimentaire de l’ensemble des habitants (producteurs et consommateurs); et à aider à développer des liens sociaux (voisinage, relations de travail, préparation collective des repas, cantines populaires et marchés de quartiers marginaux).

La participation des femmes dans le processus de production, commercialisation, et cantines populaires serait, bien entendu, des plus importantes.

L’HUP peut être considérée comme une action d’aménagement urbaine accompagnant de près la vie de la politique locale. Elle peut donc représenter un instrument de gestion politique des villes. Toutefois, avant de pouvoir lancer des programmes d’HUP, il faudrait étudier les relations villes-campagnes en matière de production agricole, et régler les questions foncières, notamment le statut de la propriété, l’organisation des marchés et le cadre juridique et réglementaire.

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1 Courrier électronique: [email protected]

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