After outlining the current situation in Panama and the environmental challenges facing the government, this article highlights the potential positive impact of peri-urban agriculture on reducing the degradation of tropical rain forests and urban pollution. As peri-urban agriculture serves to ease the pressures of traditional agriculture on forest land, it is in fact a complementary activity to environmental protection policy (watershed and natural resource management, conservation of biodiversity) while at the same time subscribing to the national policy of agricultural modernization and intensification.
The specifics of peri-urban agriculture in a service economy such as that of Panama are emphasized and advantages of peri-urban agriculture are identified, including: i) reduced urban pollution; ii) a lower level of malnutrition; and iii) more employment. The author then goes on to show that peri-urban products are not in competition with rural products.
The article is directed towards decision-makers, donors, mayors and civil society and aims essentially to accelerate the implementation of policies that will maintain and develop employment-generation activities.
Tras una breve descripción de las condiciones actuales del Panamá y de los desafíos a los cuales tiene que hacer frente el Gobierno con objeto de conservar el medio ambiente, el autor pone de manifiesto los efectos positivos que podría tener el desarrollo de la agricultura periurbana en la reducción de la degradación de los bosques tropicales húmedos y de la contaminación de las ciudades. Puesto que dicha agricultura contribuye a reducir la presión que ejerce la agricultura tradicional sobre los terrenos forestales, constituye en realidad una actividad complementaria de las políticas de protección del medio ambiente (ordenación de las cuencas hidrográficas y de los recursos naturales, conservación de la biodiversidad), en el marco de la política del país de modernización e intensificación de la producción agrícola.
La agricultura periurbana ofrece diversas ventajas: reduce la contaminación de las ciudades, la malnutrición y el desempleo. Se destacan en este artículo los aspectos específicos en un país con economía dominada por el sector terciario como el Panamá. Por último, se demuestra que los productos periurbanos no compiten con la producción rural.
Este texto está dirigido a las autoridades, los proveedores de fondos, las administraciones locales y la sociedad civil, a fin de acelerar la introducción de políticas de mantenimiento y desarrollo de actividades creadoras de empleo.
Mario Margiotta1
Spécialiste en cultures horticoles
Après une brève description du contexte actuel du Panama et des défis auxquels doit faire face le gouvernement en vue de la protection de lenvironnement, lauteur met en évidence les effets positifs que le développement de lagriculture périurbaine pourrait avoir sur la réduction de la dégradation des forêts tropicales humides et de la pollution des villes. En effet, puisque lagriculture périurbaine contribue à réduire la pression quexerce lagriculture traditionnelle sur les terres forestières, elle constitue de fait une activité qui va de pair avec les politiques de sauvegarde de lenvironnement (gestion des bassins versants et des ressources naturelles et conservation de la diversité biologique) tout en sinscrivant dans le cadre de la politique locale de modernisation et dintensification de la production agricole.
Sont également identifiés dans le présent article les avantages offerts par lagriculture périurbaine, notamment la réduction de la pollution des villes, de la malnutrition et du chômage. On démontre aussi que les produits périurbains ne sont pas en concurrence avec la production rurale. Le présent article met en valeur les spécificités de lagriculture périurbaine dans un pays à économie tertiarisée comme le Panama.
Ce document, qui sadresse aux décideurs, aux bailleurs de fonds, aux maires et à la société civile, explique comment accélérer la mise en place de politiques de maintien et de développement dactivités génératrices demploi.
Quatrième pays dAmérique centrale par sa superficie (75 517 km2), le Panama relie sur environ 750 km lAmérique du Nord à lAmérique du Sud. Grâce à son climat équatorial humide (pluviométrie allant de 1 000 à 7 000 mm par an), le pays est bien irrigué. Une végétation de type équatorial (forêts très denses) recouvre la côte atlantique et le golfe de Darién, alors quune végétation de type savane caractérise le côté pacifique; 43 pour cent de la superficie totale (3,35 millions dhectares) sont constitués de forêts tropicales humides; 39 pour cent
(2,9 millions dhectares) sont consacrés aux activités agricoles dont 50 pour cent à lélevage, 25 pour cent aux formations boisées, 10 pour cent aux cultures temporaires et 5 pour cent aux cultures permanentes; les 10 pour cent restants sont laissés en jachère.
Contrairement aux pays voisins dAmérique centrale, la structure économique du pays se caractérise par une forte participation du secteur tertiaire (les services représentant plus de 75 pour cent du PIB); le Centre bancaire international, le commerce, les activités libérales, le canal de Panama et la zone franche de Colón (entrepôt de marchandises destinées à la réexportation) constituent limage de marque de cette économie.
Par contre, la participation des activités agropastorales (agriculture, élevage, pêche et chasse) dans le PIB est faible (de 10 pour cent pendant la période «protectionniste», elle est tombée à 8,3 pour cent) et ne cesse de diminuer sous leffet des mesures de libéralisation commerciale.
FIGURE 1
Evolution de la part de lagriculture dans le PIB national de 1984 à 1995
Bien que la plus grande partie des terres agricoles soit cultivée selon les pratiques traditionnelles typiques de lagriculture extensive (élevage extensif et agriculture itinérante sur formations boisées), lagriculture intensive (qui ne concerne quune partie des terres destinées aux cultures permanentes et temporaires), assure lessentiel de la production. La banane représente environ 30 pour cent du PIB agricole, laviculture 17 pour cent et le sucre 6 pour cent. La part de lélevage (volailles, bovins et porcins) ne cesse daugmenter (passant de 27 pour cent du PIB en 1980 à 29 pour cent en 1985, 31 pour cent en 1990 et 33 pour cent à lheure actuelle).
Le Panama a longtemps pratiqué une politique favorisant les biens produits localement à un coût élevé, et ce au détriment dimportations meilleur marché. Le gouvernement a amorcé un changement dorientation économique et entamé une série de réformes internes dans le contexte dun renforcement du libre-échange. En vue de créer des emplois, le gouvernement suit aujourdhui une politique de réorientation de léconomie dans le cadre de la globalisation, de modernisation du secteur public et de développement du secteur privé. Il favorise en outre les capacités dexportation du pays moyennant une modernisation de lagriculture et un renforcement du capital humain. Par ailleurs, le gouvernement sest fixé comme objectif de lutter contre la dégradation de lenvironnement et contre la pauvreté.
La survie des ruraux les plus démunis dépendant de lexploitation des ressources naturelles (forêts, agriculture itinérante et élevage extensif), nombre dentre eux émigrent des régions les plus dégradées (Chiriqui, Coclé, Los Santos et Veraguas) vers les zones forestières (Darién, Bocas del Toro) ou urbaines (Panama et Colón surtout).
Ainsi, les migrations vers les zones forestières et les villes samplifient au détriment des régions du côté pacifique. En 10 ans, la population du Darién a augmenté de 65 pour cent, celle de Bocas del Toro de 75 pour cent et celle de Panama-Province de 32 pour cent.
Cet exode vers le front pionnier forestier de paysans et déleveurs chassés par le chômage, la pauvreté, ou le manque de terre participe à la dégradation du couvert végétal du Panama.
Plus quune stabilisation des flux migratoires actuels, les projections indiquent une confirmation de cette tendance à lhorizon 2015 (MIDA, 1997).
Lagriculture extensive est largement responsable de la dégradation du couvert forestier qui continue de diminuer: entre 1986 et 1992, quelque 300 000 ha de forêts ont disparu. Le PNUD (1996b) estime quenviron 36 000 ha de forêts ont été détruits chaque année pendant la période 1980-1989; le MIPPE chiffre ce déboisement à 70 000 ha pendant la période 1986-1992 (MIPPE/CONAMA, 1996). Les provinces les plus affectées par la déforestation ont été celles de Colón, Chiriqui, Herrera et Los Santos, la moins touchée étant celle de San Blas.
Basée sur lexploitation des ressources naturelles, lagriculture itinérante (les pratiques agricoles basées sur les techniques de défriche-brûlis) et, surtout, la pratique de lélevage extensif représentent pour le terroir un réel danger. En dautres termes, puisque la majorité des systèmes traditionnels de production se base sur les techniques délevage extensif (pâturage forestier )2 ou de culture de sols après défriche-brûlis, les éleveurs et les agriculteurs brûlent le sous-bois, défrichent et cultivent la terre, puis labandonnent pour migrer vers des zones boisées encore intactes. Linteraction de la croissance démographique, de la coupe de bois duvre et de lextension du réseau routier entraîne le déboisement dautres zones très vastes.
De 1980 à 1990, on a assisté, dune part à une progression des terres agricoles (de 2,3 millions dhectares en 1980 à environ 3 millions en 1990) au détriment du couvert forestier et, dautre part, à une augmentation des terres destinées à lélevage extensif (de 1,3 million dhectares en 1980 à presque 1,5 million en 1990).
La dégradation forestière a une influence directe sur leau potable et lénergie 3 (implication directe avec les bassins versants des fleuves alimentant les stations hydroélectriques et de pompage deau), sur lavenir du canal (qui consomme une quantité deau annuelle équivalente aux besoins dune ville de 11 millions dhabitants) et sur la production agricole à long terme.
A lheure actuelle, 58 pour cent de la population active habite en zone urbaine (40 pour cent en 1960); près de la moitié des Panaméens se sont installés dans le couloir du canal (de Panama à Colón), attirés à la fois par le «canal de Panama» et par la «Zona Libre de Colón», et environ
70 pour cent de la population urbaine vit dans des villes de plus de 750 000 personnes.
Quant à la population rurale, elle ne cesse de diminuer passant de 48 pour cent en 1970, à 45 pour cent en 1980, à 43 pour cent en 1990 et, enfin, à 42 pour cent en 1992 4.
FIGURE 2
Evolution de lemploi de 1991 à 1995
Les effectifs ruraux ont diminué passant de 187 000 en 1990 à 172 000 en 1995, et ce malgré laugmentation totale (nationale) des demandeurs demploi pendant la même période: les effectifs totaux sont passés de 715 000 en 1990 à 868 000 en 1995, et ceux-ci sont, dans la majorité, des citadins.
Un tiers de la population du pays vit dans la seule ville de Panama. Un million de Panaméens (sur les 2,6 millions que compte le pays) habitent la capitale et environ 7 000 sy installent chaque année (5 000 personnes en moyenne pendant la période 1980-1990). La ville connaît des taux de croissance de lordre de 2,9 pour cent par an (par rapport aux 2,3 pour cent de la période 1970-1975) alors que la population urbaine augmente de 2,4 pour cent par an et la population totale de 1,7 pour cent. Comparée à dautres capitales de la sous-région, Panama détient le taux durbanisation le plus élevé. Seules La Paz et Saint-Domingue affichent des taux supérieurs.
Augmentation du chômage provoquée par lurbanisation. Sur une population active dun million de personnes que compte le pays, environ 14 pour cent sont officiellement au chômage (contre 7,3 pour cent pendant la période 1970-1979). Si aux chiffres officiels on ajoute les travailleurs en situation précaire et les personnes sous-employées, le nombre total de demandeurs demploi atteint 50 pour cent (MIPPE, 1996), dont 70 pour cent dans la zone métropolitaine.
Lurbanisation a eu, outre des implications démographiques (chômage et sous-emploi), des répercussions négatives sur lenvironnement, les ressources et lalimentation. Ainsi, laugmentation du nombre dinstallations spontanées et précaires 5 pose de plus en plus de problèmes sociaux aigus, tandis que laugmentation du nombre de chômeurs a entraîné la paupérisation dune majorité des populations urbaines à tel point quenviron 40 pour cent de la population urbaine vit en deçà du seuil de pauvreté (PNUD, 1996a). Daprès Barre (communication personnelle), «... les principaux problèmes rencontrés par la capitale sont: la marginalité, la pauvreté urbaine, les occupations de terrains (asentamientos espontáneos), labsence dhygiène, lattraction sur les populations rurales, les transports, la pollution, la jeunesse délinquante... La grande difficulté pour gérer Panama réside dans la centralisation de trop nombreuses activités par les différents institutions, laissant la municipalité sans moyens dagir directement sur les problèmes qui se posent».
Conséquence de lurbanisation sur la pollution des villes. En matière dapprovisionnement, le plus grand problème pour Panama-Colón est lié à lévacuation des 100 000 tonnes de déchets (ménagers, des marchés communaux, des brasseries et des agro-industries) par an. Ramassés à 70 pour cent (CEASPA, 1997) et actuellement déversés dans des terrains vagues en périphérie ou dans les rivières, ils entraînent pour les collectivités urbaines un coût croissant dévacuation et de traitement. Le manque de systèmes de classification et de recyclage aggrave encore la pollution et empêche toute réutilisation.
Labsence dun système adéquat dévacuation des déchets solides, la faible extension du réseau dégouts, linsuffisance de stations dépuration sont les principales causes de la dégradation environnementale et de la pollution de la frange littorale de la Bahia de Panama. Les 40 millions de tonnes deaux usées déversées chaque année dans la Bahia (qui est, du reste, plus vivante et productive que la haute mer) génèrent une pollution organique (par manque doxygène) et bactérienne (risque pour les baignades et la consommation de coquillages) par des agents coliformes.
Lagriculture itinérante et lélevage sur pâturages forestiers sont les seules techniques adaptées aux stratégies dautosubsistance des paysans les plus pauvres (qui, de ce fait, nont pas besoin de recourir à lachat dintrants et au labour). Irremplaçables pour la petite paysannerie, ces techniques sont les seules compatibles avec les faibles moyens financiers de nombreux agriculteurs et éleveurs panaméens.
Néanmoins, elles contribuent à la dégradation des forêts du Darién, de Colón et de San Blas et à entraîner une destruction rapide de la végétation sur les versants orientaux et occidentaux du pays (front pionnier forestier). Chaque année, une superficie importante de forêts et de formations boisées souffre des brûlis répétés, du surpâturage et de la surexploitation en général (notamment pour le bois de feu).
Cette détérioration serait davantage imputable à la présence humaine quaux défrichements répondant aux besoins en nouvelles terres. Cette distinction est essentielle dans la mesure où contrairement aux défrichements impliquant une perte définitive du couvert boisé, les terres abandonnées par lagriculture et lélevage (jachère forestière) permettent la recrudescence des forêts secondaires.
Lorsque la pression de la population sur la terre est élevée, et que les agriculteurs et les éleveurs narrivent plus à tirer profit de ces pratiques traditionnelles (ceci en fonction de la fertilité des sols), ils émigrent à la recherche de nouvelles terres ou alors, chassés par la dégradation des forêts, le chômage, la pauvreté et le manque de terre, ils sont contraints démigrer en ville. Là, un chômage croissant repousse les ruraux vers les ressources forestières, accélérant ainsi la dégradation environnementale (CEASPA, 1997).
Que faire pour arrêter ce cercle vicieux? Conscient de limpact de la dégradation forestière sur lavenir du pays, le gouvernement a donné priorité à deux types dinterventions. Dune part, il envisage la réalisation de projets concernant la protection des ressources naturelles, la foresterie sociale, la gestion de bassins versants et la conservation de la biodiversité; dautre part, il finance des programmes de modernisation et dintensification de lagriculture (passage de lagriculture extensive à lagriculture intensive).
En effet, les interventions actuelles, basées sur les approches traditionnelles axées sur les «subventions», les préoccupations locales, la participation populaire, le développement forestier durable, le développement communautaire durable, le développement rural durable, lagroforesterie et la gestion durable des ressources forestières nont donné que des résultats faibles. Par exemple, en 15 ans, seuls 15 000 ha ont été reboisés malgré les moyens importants mis à disposition par plusieurs bailleurs de fonds et les avantages offerts par la Loi 24 de 1992 sur la reforestation. Cette loi semble avoir entraîné une répartition inégalitaire de la terre agricole au profit des grands exploitants privés qui ont acquis de nouvelles parcelles afin de toucher les subventions gouvernementales (crédits à taux préférentiels et facilitations pour lachat des terres et des équipements). Indirectement cette loi semble avoir accéléré le processus de défrichement au niveau de la petite paysannerie en contraignant les agriculteurs les plus pauvres à se déplacer vers de nouveaux sites à la recherche de nouvelles terres à défricher.
Malgré ces efforts, on peut redouter que, dans le contexte actuel (augmentation de la pauvreté, inégalités sociales et pression accrue sur le couvert végétal), la dégradation forestière saccentue, dautant plus que les politiques actuelles de dérégulation et les mesures dajustement structurel en cours ont des effets négatifs sur les revenus et salaires agricoles et renforcent la dépendance des populations rurales vis-à-vis des ressources naturelles.
De nombreuses questions demeurent sans réponse, en particulier:
En attendant de trouver des réponses à ces questions, on envisage de développer: i) des cultures et des techniques permettant de réduire la pression exercée par lagriculture traditionnelle sur les terres forestières; et ii) des cultures susceptibles de fournir un revenu acceptable aux chômeurs des villes, cest-à-dire des cultures plus rentables que lagriculture itinérante ou lélevage extensif, et donc des cultures à forte intensité de main-duvre. Cest le cas pour lhorticulture, la floriculture, laquaculture et lélevage intensif pratiqués à proximité des marchés de consommation. En un mot, cest le cas de lagriculture périurbaine.
Panama |
2,9 |
|
Caracas |
1,3 |
|
Mexico |
0,7 |
|
San José |
2,9 |
|
Buenos Aires |
0,7 |
|
Montevideo |
0,6 |
|
Santiago |
2 |
|
Bogotà |
2,9 |
|
São Paolo |
2 |
|
La Havane |
1,1 |
|
Saint-Domingue |
3,2 |
|
Lima |
2,8 |
|
La Paz |
3,6 |
|
Guatemala |
2,3 |
Lagriculture périurbaine englobe des activités diverses qui vont de laquaculture à lélevage et de lhorticulture à lagroforesterie. Certaines activités sont concentrées en zone périurbaine (élevage), alors que dautres sont pratiquées dans le tissu urbain même des villes (floriculture et cultures maraîchères); dautres encore sont directement liées aux spécificités des villes (laquaculture dépend de la présence détangs, de ruisseaux, destuaires, de lagons, tandis que lagroforesterie se pratique davantage en présence de ceintures vertes, de parcs et de forêts).
Malgré limportance et la diversité de ces produits dorigine intra- et périurbaine autoconsommés ou commercialisés (divers documents soulignent le rôle que ces cultures jouent dans lapprovisionnement des grandes capitales sud-américaines et africaines), il est difficile, faute détudes spécifiques sur ce sujet, den chiffrer les quantités, Panama néchappant pas à cette règle.
Aujourdhui, de nombreux producteurs, basés sur des parcelles périurbaines approvisionnent les petits marchés de quartier de la capitale (Ampuero, 1996) en produits de la pêche6, de laquaculture, de lélevage (lait frais), en fleurs et plantes dappartement et en légumes.
Lagriculture périurbaine permet de réduire la pression sur le front pionnier forestier et, de ce fait, la dégradation forestière. Elle permettrait en effet de réduire la pression exercée par les agriculteurs et éleveurs sur les forêts et représenterait une solution de sauvegarde des forêts et de la fertilité des sols. Elle pourrait également seconder les politiques de protection de lenvironnement (gestion des bassins versants et des ressources naturelles et conservation de la diversité biologique), tout en sinscrivant dans le cadre de la politique actuelle de modernisation et dintensification de la production agricole.
Lagriculture périurbaine permet de réduire la pollution dans les villes. Elle permettrait, en effet, de recycler les ordures ménagères et les déchets des villes (des marchés communaux, des brasseries, etc.). Les ordures et les déchets compostés sont particulièrement bien adaptés aux exigences dune agriculture périurbaine (horticulture biologique et aquaculture).
Lagriculture périurbaine répond aux politiques actuelles du gouvernement basées sur lintensification de lagriculture et de lélevage. Elle pourrait bénéficier de la récente politique de développement municipal en cours dans le pays. Enfin, elle rejoint les défis majeurs auxquels doit faire face actuellement le gouvernement, à savoir:
De nombreuses conditions sont réunies pour que lagriculture périurbaine se développe au Panama, notamment:
Aujourdhui, lagriculture périurbaine joue un rôle important au Panama, car elle permet: i) de développer une production pour une consommation supplémentaire; ii) de réduire les marges et les prix car ces produits, destinés aux marchés de quartier, ne requièrent pas demballage et sont vendus directement par les producteurs sans frais supplémentaires de transport; iii) dobtenir de petites quantités journalières de produits frais contribuant ainsi à lamélioration du régime alimentaire de la population; et iv) de réduire le chômage dans les grandes ville en créant des activités pour une population décidée à demeurer en ville.
Lagriculture rurale, quant à elle, est déjà spécialisée dans des produits destinés à lagro-industrie (par exemple tomates) ou à lexportation (bananes, café et canne à sucre), le succès de son développement étant bien sûr étroitement lié aux investissements dans les secteurs des infrastructures (routes et moyens de transport) et de lemballage.
En limitant la pression exercée par lagriculture traditionnelle sur les terres forestières, le développement de lagriculture périurbaine pourrait avoir des effets positifs sur lenvironnement et constituer, de fait, une activité allant de pair avec les politiques de protection de lenvironnement (gestion des bassins versants et des ressources naturelles et conservation de la biodiversité).
Le développement despèces à forte intensité de main-duvre et à valeur marchande élevée permettrait à lagriculture périurbaine de faire partie intégrante du plan de modernisation et dintensification de la production agricole du Panama, rejoignant ainsi la politique actuelle du gouvernement.
Le fait que le développement dactivités agricoles en milieu périurbain permette lutilisation durable des ordures ménagères et des eaux recyclées (qui créent de nombreux problèmes dévacuation et de pollution dans les villes et qui sont actuellement déversées dans la bahia de Panama) rejoint lactuelle politique de protection de lenvironnement du gouvernement. De plus, des activités rentables en milieu périurbain justifieraient les investissements consacrés au recyclage des eaux usées en augmentant le coût dopportunité de leau (cest-à-dire le prix que les usagers seraient disposés à payer).
Bien évidemment, il ne sagit pas de créer des activités susceptibles dattirer les ruraux dans les villes, mais plutôt de donner une occupation à ceux qui sont déjà venus augmenter les effectifs dune population à nourrir, et qui posent des problèmes sociaux de plus en plus aigus. En dautres termes, il ne sagit pas de développer une production périurbaine au détriment de la population rurale, mais de donner une possibilité de travail aux ruraux les plus démunis, contraints à abandonner des régions dont les ressources naturelles ne suffisent plus pour la pratique dune agriculture itinérante.
Indépendamment dune volonté politique, lagriculture périurbaine se développera sous la pression des mesures de libération du commerce (qui pénalise la production de produits frais loin des centres de consommation). En effet, les faibles coûts de commercialisation, la bonne diffusion de linformation parmi les opérateurs, laccès à des sources de matière organique diversifiée et bon marché (ordures ménagères et déchets des agro-industries), les marchés potentiels et surtout leur proximité (approvisionner en produits frais les 15 000 bateaux qui traversent chaque année le canal), la présence de bonnes terres et deau dirrigation, sont les principaux aspects positifs qui faciliteront le développement de lagriculture périurbaine. Cette dernière est donc appelée à jouer un rôle clé dans lapprovisionnement des villes. Plutôt que dadopter des mesures visant à encourager son développement, on devrait étudier les possibilités den assurer la durabilité.
Ampuero, R.L.A. 1996. Comercialización de productos agropecuarios. IMA, Panama.
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Margiotta, M. 1997a. Le rôle de lhorticulture urbaine et périurbaine dans lapprovisionnement des villes de Kinshasa, Libreville et Nouakchott. FAO, Rome.
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1 Courrier électronique: [email protected]
2 En opposition à lélevage extensif pratiqué en Argentine, au Brésil et au Mexique, le système panaméen devrait plutôt être appelé élevage sur pâturages forestiers. La forêt claire est défrichée pour permettre le pâturage et, dans une moindre mesure, pratiquer des cultures itinérantes. Lélevage dépend donc des ressources forestières et son développement entraîne la dégradation du couvert forestier.
3 Le pays dépend à environ 70 pour cent de lénergie hydroélectrique. La production dénergie thermique, cest-à-dire lénergie obtenue par combustion à partir de pétrole importé, ne satisfait que 10 pour cent de la consommation totale énergétique. Les autres sources dénergie sont le bois (15 pour cent environ) et le charbon (2 pour cent).
4 Censos nacionales de población y vivienda. Contraloría general.
5 En 1994, on comptait 116 asentamientos espontáneos ou subnormales dans la seule ville de Panama.
6 Plus de 40 pour cent des pêcheurs artisanaux (12 000 au total en 1995) sont concentrés dans la seule province de Panama.
7 Depuis trois ans, le transit y a augmenté sensiblement, ce qui semble amorcer une tendance durable liée à laugmentation des échanges internationaux: intensification des échanges entre les pays de lAsie et les Etats-Unis, entre lAsie et lEurope et montée en flèche du commerce extérieur des pays émergents de lAmérique du Sud (le Chili à lui seul compte pour 7 pour cent des marchandises transistant par le canal).
8 La région interocéanique, qui sétend sur près de 94 000 ha (5 pour cent du territoire du Panama), compte environ 7 000 bâtiments comprenant des aéroports, des ports, des écoles, des logements, des hangars, des hôpitaux et des terrains de sport et de golf, et des piscines. De fait, les anciennes bases américaines constituent un tissu urbain possédant des infrastructures demandant toutefois à être complétées ou modifiées selon les usages quon leur destinera. LARI sest fixé un plan pour trouver une utilisation économiquement rentable aux biens fonciers et immobiliers, et a retenu quatre secteurs principaux: le secteur maritime, le secteur industriel, celui du tourisme et le parc technologique de «Ciudad del Saber».