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LE PROGRAMME DU CARPE SUR LES PRODUITS FORESTIERS NON LIGNEUX

David Wilkie

Cadre général

Les forêts situées dans la région du bassin du Congo recouvrent une superficie d'environ 2,8 millions de km2, ce qui représente un tiers de la superficie des Etats-Unis. Il s'agit de la plus grande étendue de forêts tropicales dans le monde, juste après la forêt amazonienne (BSP, 1993). De plus, elles abritent un patrimoine d'espèces animales et végétales d'une grande richesse et d'une grande diversité dont certaines ne se trouvent pas ailleurs en Afrique. Enfin, elles sont sources d'aliments, d'abris et de revenus pour quelques 25 à 30 millions de personnes (Bahuchet, 1995).

Contrairement à ce que l'on pense habituellement, les forêts du bassin du Congo se sont modifiées au cours des millénaires, s'étendant ou perdant de leur superficie. De même, les espèces qu'elles abritent ont varié suite aux modifications climatiques et aux activités humaines (Oslisly, 1995; Oslily, 1998). Au cours des 20 dernières années, en raison de la globalisation des économies mondiales et de la croissance de la demande, le taux d'exploitation des produits forestiers non ligneux (PFNL) s'est accru à une vitesse que l'on n'avait jamais connu auparavant. Les conséquences de ce changement sont importantes: dans de nombreuses régions du bassin du Congo, l'exploitation des ressources forestières est telle que les seuils d'exploitation durable sont bel et bien dépassés. La surexploitation des ressources et le risque de disparition des PFNL sont préoccupants, tant au niveau local que planétaire. En effet, l'extinction d'une espèce animale ou végétale au niveau local :

Le Service forestier du Département de l'Agriculture des États-Unis a organisé, du 10 au 15 mai 1998, une réunion internationale d'experts sur les produits forestiers non ligneux en Afrique centrale1 au Jardin Botanique de Limbe (Cameroun). Cette réunion a été soutenue par le Programme régional pour l'environnement en Afrique centrale (CARPE), financé par l'Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) et par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

Cet atelier a rassemblé plus de 60 experts au niveau régional et international dans le but de :

En considérant le nombre élevé de produits forestiers utilisés par les communautés humaines: (grumes, bois de sciage, poteaux, bois de feu, charbon, ...), la variété importante de produits forestiers non ligneux (écorce, racines, tubercules, bulbe, feuilles, fleurs, graines, fruits, jus, résine, miel, champignons, produits d'origine animale, depuis les termites jusqu'aux éléphants, ...) les facteurs influençant la disponibilité des produits au cours de l'année, les innombrables possibilités d'utilisations domestiques et commerciales de ces produits et la complexité des filières allant du producteur au consommateur, il est évident qu'un seul atelier ne pouvait pas suffire pour couvrir l'ensemble du domaine et pour identifier les activités prioritaires pour une gestion durable de tous les produits forestiers. Les organisateurs de la réunion, voulant maintenir le nombre d'experts en dessous d'un certain seuil (100 participants) et identifier les d'actions prioritaires dans le délai imparti, ont jugé préférable de se concentrer exclusivement sur les produits forestiers non ligneux d'origine végétale en excluant des débats tant les produits ligneux que les vertébrés.

La décision d'exclure la chasse d'animaux de brousse, la chasse de trophées et le commerce des animaux capturés pourrait susciter quelques polémiques. Certains pourraient objecter en soulignant que le commerce des animaux est un problème majeur étant donné sa contribution à l'économie locale et la menace qu'il représente pour la conservation de la biodiversité. Les organisateurs de cet atelier ne visent d'aucune manière à minimiser l'importance de ce problème mais ont estimé que leur domaine de compétence et leur spécialisation les portaient davantage à organiser une réunion sur les produits forestiers non ligneux d'origine végétale. L'exploitation de la faune dans les forêts du bassin du Congo est un enjeu important qui ne sera donc pas traité dans le cadre de notre réunion, mais nous exhortons d'autres experts, spécialisés dans ce domaine de compétence, à se rassembler pour identifier les activités prioritaires et promouvoir l'utilisation durable de la faune sauvage dans les forêts du bassin du Congo.

Les deux principaux objectifs de cet atelier étaient de réunir des experts afin de :

Pour répondre à ces objectifs, l'atelier a été divisé en deux parties :

L'utilisation les ressources naturelles pour la consommation domestique ou comme source de revenus soulève la question de la durabilité des ressources. Lorsqu'une ressource est exploitée de manière non durable, le stock diminue progressivement à tel point qu'elle ne peut plus être utilisée comme source d'aliments, de matériels de construction, de médicaments ou de revenus des communautés locales. Les espèces et leur pool génétique risque de disparaître totalement du patrimoine forestier. Le problème de la durabilité des ressources est la clé de toute discussion sur les PFNL même s'il s'agit d'un sujet complexe dont les composantes sont étroitement liées. De ce fait, toute discussion sur les PFNL relève du défi, tant les différents aspects à considérer en même temps son complexes. De plus, la division des questions relatives aux PFNL en différentes catégories est d'une certaine manière arbitraire et, ce qui est très important, risque de ne pas prendre assez en compte les différents liens d'interconnection et d'interdépendance existant entre les composantes du secteur des PFNL.

Figure 1: Reconcilier développement et conservation des ressources

L'atelier a été organisé de manière à traiter les 3 enjeux majeurs de l'exploitation des PFNL à savoir les enjeux (1) écologiques; (2) socio-politiques; et (3) économiques et commerciaux. Pour chacun de ces thèmes, des articles ont été préparés et présentés. Au cours de l'atelier, la nécessité d'ajouter un autre domaine d'intérêt, celui de la formation de réseaux et l'échange d'informations a également été mis en évidence.

Il va de soi que les limites entre ces domaines sont particulièrement floues et qu'il existe de nombreux liens d'interconnection et d'interdépendance entre eux. Cependant, cette division a le mérite de permettre des discussions ciblées sur l'état des connaissances dans chaque domaine et d'établir une échelle de priorités pour les actions à entreprendre. Le fil conducteur reliant ces trois domaines est la volonté commune de «promouvoir l'exploitation durable des produits forestiers non ligneux, de sorte qu'elle contribue à la fois au bien-être des populations et à la conservation des forêts». Tout en discutant sur l'importance, les valeurs et l'aménagement des PFNL dans le bassin du Congo, ce message clé a été soutenu par l'ensemble des participants lors de la réunion et a été reconnu comme le défi principal à relever par tous ceux qui sont impliqués dans la recherche de moyens pour combiner la volonté d'améliorer les «conditions d'existence des populations» avec la nécessité de «préserver la biodiversité».

Les présentations ont été préparés en tenant compte des critères suivants :

La liste des noms de tous les auteurs et les titres des articles présentés lors de l'atelier sont contenus dans la table des matières du présent document.

Figure 2 : Modèle d'exploitation durable des PFNL

Vouloir synthétiser l'apport extrêmement diversifié et la profondeur de ces articles peut sembler à première vue une entreprise herculéenne. Cependant, il semble que les sujets traités dans les articles correspondent assez bien au modèle remarquablement simple présenté par Tony Cunningham et développé par Brad Bennet (1992). D'après ce modèle, les approches visant à favoriser un aménagement durable des PFNL dépendent de deux facteurs principaux :

Lorsque la valeur d'un PFNL est peu importante et l'intensité de l'exploitation est faible, il est très probable que les activités humaines aient un impact minimum sur cette ressource et, si besoin est, une gestion légère peut être requise. A l'inverse, lorsque la valeur et l'intensité d'exploitation d'un PFNL sont très élevées, il est très probable que la ressource soit surexpoitée et menacée d'extinction locale. Dans ce cas, la substitution ou la domestication de l'espèce est souvent le seul moyen de préserver les ressources sauvages sans bouleverser le mode de vie des populations locales. Entre ces deux extrêmes, il subsiste de nombreux autres cas où l'exploitation des ressources sauvages a un impact significatif sur l'abondance et la productivité des espèces de PFNL mais où l'utilisation de systèmes d'aménagement adéquats peut garantir la durabilité de l'exploitation, grâce à un contrôle de l'accès aux ressources et du niveau des récoltes.

Grâce à ce modèle, nous pouvons davantage nous rendre compte que tous les articles présentés au cours de cet atelier cherchent à éclairer certains aspects de ce modèle de gestion durable des PFNL. Certains articles considèrent par exemple les moyens d'évaluer l'impact des activités humaines sur les PFNL, de déterminer des niveaux d'exploitation durable ou d'estimer la valeur des PFNL pour la consommation des ménages ou pour la commercialisation. Ceci nous aide donc à déterminer où se situe une communauté utilisant un PFNL sur un gradient continu de gestion allant d'un impact humain nul jusqu'à l'extinction du PFNL. D'autres articles mettent l'accent sur les méthodes d'aménagement à mettre en place afin de déterminer qui sont les utilisateurs de PFNL et quel est le volume exploité. D'autres encore traitent de la domestication et l'amélioration des espèces les plus prisées par les utilisateurs des ressources et menacées d'extinction (il s'agit d'un accroissement de la productivité, d'un accroissement de la facilité de récolte, du contrôle de la qualité ou du moyen de s'assurer la propriété).

En se basant sur le modèle, quelles sont les principales leçons à tirer de ces exposés ? Il semble que deux options principales s'avèrent appropriées quant à l'aménagement des PFNL: la première se base sur la domestication ou la culture de l'espèce en exploitation agricole, lorsque les ressources sauvages sont surexploitées, la deuxième s'applique dans le cas où l'exploitation ne dépasserait pas le seuil de durabilité et se base sur la mise en place de systèmes contrôlant l'accès aux ressources sur un territoire donné et surveillant (mesures et contrôle) le niveau de l'exploitation. Une troisième approche s'appliquant aux deux précédentes est également posssible: l'accroissement de l'unité de valeur obtenue lors de la commercialisation des PFNL. Cette approche tent à accroître la valeur des PFNL sans pour autant augmenter les quantités de ressources exploitées.

Plus spécifiquement, les présentations ont identifié toute une série de points critiques qui doivent être pris en compte pour la promotion de la gestion durable des PFNL dans le bassin du Congo. Les citations ci-après se réfèrent aux articles inclus dans la présente publication.

Les groupes de travail participant à notre atelier ont eu pour objectif d'identifier un ensemble de priorités quant aux actions à entreprendre à court ou à moyen terme. Celles-ci devraient tenir compte des travaux passés et actuels dans le domaine de l'exploitation durable des PFNL dans le bassin du Congo.

Les discussions menées lors des sessions de groupes ont abordé une grande variété de sujets et de préoccupations. Toutefois, il est possible de tirer le message principal de chaque groupe qui résume, espérons le, les efforts entrepris par les experts dans l'établissement des priorités quant aux actions à entreprendre à l'avenir. Le tableau suivant contient, pour chaque groupe de travail, ce message clé.

Groupe de travail

Message principal

Ecologie

Le perfectionnement des méthodes de collecte de données de référence et de contrôle des PFNL et la formation des personnes responsables de leur aménagement à une gestion rationelle sont essentiels pour garantir un aménagement durable des ressources naturelles de PFNL.

Socio-politique

Il est fondamental, pour une gestion durable des PFNL, d'assurer l'existence d'institutions sociales qui limitent l'accès aux ressources ainsi que leur niveau d'exploitation.

Economique et commercial

La recherche de moyens facilitant l'approvisionnement des PFNL et augmentant leur valeur contribue à fournir des motivtions économiques (par exemple en terme de bien-être) qui favorisent l'utilisation durable des PFNL.

Réseaux et échange d'informations

La diffusion, en Afrique centrale, des informations sur les PFNL, déjâ publiées par d'autres organismes et réseaux auprès de la population, permet d'augementer l'état des connaissances et d'éviter la duplications des efforts.

En rapport avec les messages clés contenus dans ce tableau, les différents groupes de travail ont proposé une série d'actions prioritaires à entreprendre :

Le groupe de travail sur l'écologie est arrivé à la conclusion que la sélection de quelques espèces clés de PFNL constituait la première étape dans l'établissement d'actions prioritaires en vue de promouvoir leur exploitation durable dans le bassin du Congo. Deux critères principaux ont été retenus pour la sélection des espèces clé de PFNL. Le premier critère, et le plus important, est que le PFNL doit avoir une valeur élevée, tant pour la consommation domestique que pour la commercialisation. Le second critère pris en considération est la supériorité de la demande par rapport à l'offre pour les espèces les plus prisées de PFNL. Pour l'exprimer de manière plus simple, les critères retenus dans la sélection des PFNL sont ceux qui placent le PFNL dans la partie supérieure vers la droite dans le modèle d'exploitation durable présenté dans la figure 2. La diversité des experts présents à l'atelier a fournit une opportunité unique pour sélectionner les PFNL pour lesquelles il fallait entreprendre des actions prioritaires à court et à moyen terme. Les tableaux 1 et 2 montrent le résultat de ce processus de sélection en deux étapes. Les étapes 1 et 2 correspondent respectivement à l'identification des PFNL ayant valeur élevée et à l'identification de celles qui sont exploitées de manière intensive.

Tableau 1 : sélection des espèces clés de PFNL

Espèces

Priorité du point de vue de la conservation in situ

Valeur de subsistance

Priorité du point de vue de la domestication de l'espèce

Potentiel commercial

Baillonella toxisperma

***

***

   

Gnetum africanum & G. buchholzianum

***

***

***

***

Rattan (Laccosperma secundiflorum & Eremospatha macrocarpa)

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Cola acuminata & C. nitida

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Irvingia gabonensis & I. wombolu

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Dacryodes edulis

 

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Piper guineense

 

***

 

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Garcinia lucida, G. mannii & G. kola

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Marantaceae

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**

   

Ricinodendron heudelottii

 

**

   

Prunus africana

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Pausinystalia johimbe

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Tabernanthe iboga

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Ce premier travail de mise en priorité montre que des efforts, à court et à moyen terme, devront être concentrées sur les espèces suivantes: Gnetum, Baillonella, les rotins (surtout les espèces Laccosperma secundiflorum et Eremospatha macrocarpa). Les espèces Prunus africana et yohimbe (Pausinystalia johimbe) peuvent également être considérées comme très importantes, du fait de leur importance sur les marchés internationaux et de leur potentiel de domestication. Enfin, Cola, Irvingia et Dacryodes sont des espèces de priorité moindre, car elles ont déjà été introduites de manière assez importante dans certains systèmes de production agricole.

Espèces Volume exploité Usage domestique Marché Marché international Impact de l'exploitation Partie de la plante utilisée Utilisations Etat de domestication Distribution Habitat
Baillonella toxisperma élevé élevé élevé élevé Elevé bois d'œuvre, fruit médicament, bois d'œuvre, nourriture sauvage Cameroun, Gabon, Guinée Eq., Congo-Brazza, Congo-Kinshasa forêt primaire, plantation
Cola acuminata, nitida élevé élevé élevé moyen Faible fruit, graine médicament, teinture, nourriture sauvage, cultivé Cameroun, Gabon plantation, fermes
Dacryodes edulis élevé élevé élevé faible Faible fruit fruit, fourrage, ombre, médicament cultivé Cameroun, Nigéria, Gabon, Guinée Eq., Congo-Brazza, République Centrafricaine, Congo-Kinshasa fermes, forêt secondaire
Dioscorea élevé élevé élevé moyen Elevé tubercule nourriture, médicament sauvage, cultivé Cameroun, Nigéria, Gabon, Guinée Eq., Congo-Brazza, République Centrafricaine, Congo-Kinshasa  
Champignons faible faible faible faible Faible tout nourriture sauvage Partout  
Garcinia lucida, mannii, & kola moyen élevé moyen faible Elevé racines, écorce, bois d'œuvre médicament, cosmétiques, épice sauvage, cultivé Cameroun, Gabon forêt secondaire, forêt primaire, culture d'arbre
Gnetum africanum G. buchholzianum élevé élevé élevé moyen Elevé feuille nourriture, médicament sauvage, toléré, cultivé Cameroun, Nigéria, Rep. Cent. Afr., Congo-Kinshasa, Congo-Brazza, Guinée Eq., Gabon forêt primaire, forêt secondaire, jachère
Irvingia gabonen- sis & wombolu élevé élevé élevé moyen Faible graine, fruit médicament, nourriture, cosmétique, épice, bois de feu, bois d'œuvre sauvage, toléré Cameroun, Nigéria, Gabon, Guinée Eq., Congo-Brazza, Congo-Kinshasa forêt primaire, forêt secondaire, fermes
Marantaceae (feuilles d'emballage) élevé élevé élevé faible Elevé feuille, fruit emballages, artisanat sauvage Cameroun, Gabon, Guinée Eq., Congo-Brazza, Congo-Kinshasa forêt secondaire
Pausinystalia johimbe élevé faible   élevé Elevé écorce médicament sauvage, cultivé Cameroun, Gabon, Guinée Eq., Nigéria, Congo-Brazza forêt primaire
Physostigma venenosum moyen faible faible faible Faible graine médicament, culturel sauvage, cultivé Cameroun, Nigéria, Congo-Kinshasa forêt secondaire
Picralima nitida faible faible faible   Moyen graine, écorce médicament sauvage Cameroun, Gabon, Congo-Brazza, Congo-Kinshasa, Guinée Eq. forêt primaire
Piper guineense élevé élevé élevé faible Faible graine, feuille épice sauvage, cultivé Cameroun, Gabon, Guinée Eq., Congo-Brazza, Congo-Kinshasa forêt secondaire
Prunus africana élevé faible élevé élevé Elevé écorce médicament, bois d'œuvre sauvage, cultivé Guinée Eq., Congo-Kinshasa, Cameroun forêt primaire, fermes
Rattan (Laccosper- ma secundiflorum Eremospatha macrocarpa moyen élevé moyen faible Moyen tronc artisanat, nourriture, médicament sauvage Cameroun, Nigéria, Rep. Cent. Afr., Congo-Kinshasa, Congo-Brazza, Guinée Eq., Gabon forêt primaire, forêt secondaire
Ricinodendron heudelottii moyen moyen moyen faible Faible fruit, graine nourriture sauvage, toléré Cameroun, Gabon, Congo-Brazza, Congo-Kinshasa, Guinée Eq. forêt secondaire, plantation, fermes
Strophanthus gratus faible faible faible faible Faible graine médicament sauvage, cultivé Cameroun, Gabon, Guinée Eq., Congo-Brazza, Congo-Kinshasa forêt secondaire
Tabernanthe iboga faible faible faible faible Elevé résine médicament, culturel sauvage, cultivé Cameroun, Gabon, Guinée Eq., Congo-Brazza, Congo-Kinshasa forêt secondaire
Voacanga africana moyen faible moyen moyen Faible graine, écorce, résine, latex médicament sauvage, cultivé Cameroun, Gabon, Guinée Eq., Congo-Brazza, Congo-Kinshasa forêt secondaire

En outre, le groupe de travail sur l'écologie a souligné l'importance de :

En combinant la sélection des espèces prioritaires de PFNL et les trois facteurs ci-dessus, le groupe de travail sur l'écologie a été en mesure de préparer une série d'actions à entreprendre à court et à moyen terme pour promouvoir l'exploitation durable des espèces clés de PFNL dans le bassin du Congo.

12.1. Actions recommandées à court et à moyen terme

1° étape: rassembler et diffuser la documentation dont nous disposons sur le Gnetum, Baillonella, P. johimbe et les rotins. Ces documents doivent: a) montrer de façon détaillée quels sont les efforts entrepris quant à l'aménagement durable de chaque PFNL et qui sont les personnes impliquées dans ce processus, b) identifier les lacunes dans notre connaissance, c) déterminer le potentiel et les contraintes pour la promotion de l'aménagement durable de ces espèces de PFNL.

2° étape: soutenir des projets de recherche appliquée (voir par exemple l'article de Patricia Shanley) pour développer et partager des méthodes appropriées (à savoir peu coûteuses, respectueuses des coutumes locales, et économiquement viables et réalisables) afin de collecter les données de bases sur les ressources sauvages de Gnetum, Baillonella, P. johimbe et les rotins et faciliter leur contrôle.

3 ° étape: soutenir les activités de recherche basées sur les agriculteurs pour mieux comprendre les processus, les avantages, les contraintes et les impacts de la domestication du Gnetum, Baillonella, P. johimbe et les rotins et promouvoir cette méthode à une plus grande échelle.

Le groupe de travail socio-politique a d'abord concentré ses discussions sur les enjeux liés aux institutions sociales déjà en place, ainsi que sur celles qui devraient être créées pour pouvoir contrôler et réglementer l'accès aux PFNL et favoriser leur exploitation durable. Dans le modèle représentant l'utilisation durable des PFNL (voir figure 2), l'éventail des acteurs impliqués dans l'exploitation et la surexploitation des PFNL est aussi vaste que la gamme des systèmes réglementant l'accès aux ressources. Ces systèmes définissent ce qu'est une exploitation appropriée et impose des sanctions à ceux qui violent les règles d'utilisation des ressources. Une question clé a été soulevée lors des discussions: pourquoi les systèmes traditionnels d'aménagement des forêts sont-ils ébranlés ? Peuvent-ils être restaurés ou sinon, qu'est-ce qui peut les remplacer ?

En se déplaçant le long d'un «gradient d'utilisation durable» (de la zone situé en bas à gauche vers la zone située en haut à droite de la figure 2), on constate que les systèmes d'aménagement des ressources passent d'un régime de propriété commune vers un régime de propriété individuel des ressources sauvages ou de culture. C'est entre ces deux extrêmes, que les institutions d'aménagement des ressources s'effondre ou deviennent inefficaces. Dans la transition d'un régime de propriété public à un régime de propriété individuel, les institutions communautaires déterminant l'accès aux ressources plutôt que le niveau de récolte autorisé, sont souvent dominées par des étrangers ou des élites ne résidant pas sur place de sorte que les ressources diminuent rapidement, provoquant un appauvrissement de la communauté locale.

L'exploitation des bâtonnets à mâcher de Garcinia au Cameroun et au Nigeria constitue un exemple intéressant de la dynamique existant entre les étrangers visant à obtenir l'accès aux ressources et la capacité de la communauté locale d'en réglementer l'accès et d'obtenir des bénéfices de cette réglementation. Au Cameroun, les cueilleurs de bâtonnets à mâcher d'origine nigériane paient l'accès aux stocks de Garcinia appartenant à la communauté mais ont le droit de récolter des quantités illimitées de cette ressource. En traversant la frontière, nous sommes confrontés à une situation différente: au Nigeria, les communautés locales ne font pas payer seulement l'accès mais également les quantités de Garcinia récoltées. Il est clair que la récolte de Garcinia est moins intensive au Nigeria et que les communautés locales en bénéficient davantage. A l'inverse, les ressources de Garcinia sont surexploitées au Cameroun et les communautés locales ne profitent que fort peu de l'exploitation de leur capital naturel. Les questions soulevées par cet exemple sont: a) pourquoi deux communautés appartenant au même groupe ethnique utilisent des systèmes différents pour réglementer l'accès à leurs ressources forestières et b) comment faire en sorte que les Camerounais tirent des leçons de l'exemple nigérian ?

Pour mieux comprendre le rôle joué par les institutions sociales dans la réglementation de l'accès aux PFNL et dans la détermination des taux de récolte acceptables et favoriser les systèmes sociaux promouvant l'utilisation durable des PFNL, le groupe d'étude socio-politique a recommandé les actions suivantes :

13.1. Actions recommandées à court et à moyen terme

1° étape: soutenir une série d'études de cas afin de mieux cerner les institutions sociales (tant au niveau local qu'au niveau de la région) réglementant l'accès aux ressources et le niveau d'exploitation des PFNL, déceler les points forts et les faiblesses des systèmes d'aménagement des ressources et identifier les opportunités pour renforcer la capacité locale de gestion de la ressource. Ces études de cas devront évaluer les différents degrés d'exploitation allant de l'exploitation ayant peu d'impact sur les ressources à la surexploitation pouvant causer l'extinction de certaines espèces. Chaque cas devra être étudié attentivement, en développant, si nécessaire, des projets déjà existants. Ces études de cas devront être consacrées en priorité aux espèces considérées comme importantes par le groupe de travail écologique (à savoir le Gnetum, Baillonella, P. johimbe et le rotin).

2° étape: Diffuser les résultats de ces études auprès des communautés locales et des autorités nationales s'occupant d'aménagement forestier (voir l'article de Shanley), pour renforcer la capacité des populations locales à réglementer l'utilisation de leurs ressources forestières et donc pour accroître les bénéfices qu'ils tirent de leur forêt.

En étroite collaboration avec les deux autres groupes de travail (écologie et socio-politique), le groupe d'étude économique et commercial a jugé qu'il était important, afin d'établir une échelle des priorités, d'identifier les PFNL clés en se basant: a) sur leur valeur économique tant pour les consommateurs que pour les producteurs, b) sur leur importance en terme de conservation.

Ce groupe de travail s'est également fixé comme objectif d'identifier les lacunes subsistant dans le domaine des connaissances: a) sur les marchés locaux, nationaux et internationaux pour les PFNL clés, b) sur les approches apportant une plus value au PFNL clés introduits sur ces marchés, c) sur la législation et les politiques favorisant ou entravant l'aménagement durable des PFNL.

Afin de répondre à ces préoccupations, le groupe de travail a préconisé l'application des mesures suivantes :

14.1. Mesures à prendre à court et à moyen terme

1° étape: réaliser un examen analytique des études de marché réalisées sur les PFNL au niveau local, national et international, afin d'évaluer: a) la valeur économique des PFNL commercialisés, b) les variations saisonnières de l'offre des PFNL et de leurs prix, c) les marges de profit des négociants à différents niveaux de la filière allant du producteur au consommateur, d) les opportunités et les contraintes posées par la valorisation des PFNL, e) les lacunes subsistant dans notre connaissance des PFNL.

2° étape: soutenir la mise au point de méthodes de stockage et de transformation efficaces, afin de donner plus de valeur ajoutée à des PFNL clés tels que le Gnetum, Baillonella, Cola, Garcinia, Irvingia et le rotin.

3° étape: contribuer à une étude régionale de la législation et des politiques promouvant ou entravant l'aménagement durable des PFNL et identifier les possibilités d'harmoniser la législation et les politiques forestières dans le bassin du Congo, ainsi que les principaux obstacles à cette harmonisation.

Ce groupe de travail, pour des contraintes d'organisation d'emploi du temps, n'a pu se réunir que pendant une heure au cours de notre atelier. Malgré cette contrainte, les participants ont toutefois été en mesure de présenter un plan détaillée des actions qu'ils souhaiteraient voir entreprises durant les 18-24 prochains mois, pour promouvoir les réseaux et l'échange d'informations pendant une période allant de 18 à 24 mois.

Ce groupe a commencé par mettre au point une liste des informations importantes qu'ils souhaitaient voir diffusées et partagées plus régulièrement:

Ce groupe de travail a également souligné la nécessité d'organiser régulièrement des réunions afin que les acteurs du secteur des PFNL puissent se retrouver entre eux et partager leurs expériences, développer une plus grande collaboration et éviter la duplication des efforts. Il est également important selon les participants, au moins dans un premier temps où la demande d'informations est encore imprécise (ou, du moins, non quantifiée), de privilégier le recours à des réseaux déjà en place ainsi qu'à des bulletins d'information, des journaux et des réunions déjà existants, plutôt que de créer de nouvelles structures coûteuses à entretenir.

Afin de faciliter le flux et l'échange d'informations sur les PFNL entre les différents acteurs de la forêt dans le bassin du Congo, le groupe de travail a recommandé les actions suivantes :

15.1. Actions recommandées à court et à moyen terme

1° étape: Identifier pour chaque pays du bassin du Congo, des points focaux pour les PFNL, souhaitant diffuser les informations disponibles sur les PFNL dans son pays et rassembler les informations créés à l'intérieur de son pays pour les mettre à disposition de tous sur le réseau PFNL du bassin du Congo. Ces points focaux devront également faire en sorte que tous les partenaires intéressés remplissent des fiches d'information sur les acteurs du secteur des PFNL et seront chargés d'envoyer ces informations à la FAO pour qu'elle puisse les introduire dans sa banque de données d'experts sur les PFNL.

2° étape: Afin d'utiliser les informations sur les PFNL rassemblées par ces points focaux, et les diffuser dans l'ensemble de la région, la FAO a offert d'assurer la révision, l'impression et la diffusion de ces travaux dans sa publication annuelle Non-wood News. Le groupe de travail a également prévu que les points focaux envoient à la FAO les informations utiles glanées sur le terrain. La FAO insérerait ces données dans sa publication Non-wood News et en enverrait des copies aux points focaux pour diffusion auprès des personnes intéressées dans la région.

3° étape: afin que toute personne en Afrique centrale puisse avoir accès à ces informations qui sont diffusées gratuitement sur Internet, le Service forestier de l'USAID entreprendra des prospections trimestrielles sur les PFNL sur Internet et se chargera de compiler des informations dans des brochures sur papier, qui seront distribués à tous les points focaux chargés de les diffuser dans leur région.

4° étape: Pour créer des fichiers sur la documentation existante concernant les PFNL dans le bassin du Congo, le Service forestier du Département de l'agriculture des Etats-Unis mettra au point un CD-ROM contenant un compte-rendu des connaissances sur certains PFNL clés, tels que le Gnetum, Baillonella, Cola, Garcinia, Irvingia et le rotin.

16. Le rôle potentiel des PFNL dans la conservation des forêts

Par rapport à l'agriculture et l'exploitation forestière, le secteur des PFNL demeure le moins bien compris, en ce qui concerne :

Les articles de cette publication, basés sur des recherches menées sur le terrain et présentés durant l'atelier organisé à Limbe, offrent une vue d'ensemble sur les différents acteurs du secteur des PFNL, les enjeux écologiques, socio-politiques et économiques qu'il s'agira d'approfondir si nous voulons combler les lacunes de notre connaissances sur les PFNL et comprendre le rôle des PFNL dans la conservation des forêts et dans le développement des communautés. Ces articles constituent en quelque sorte une base solide sur laquelle nous pouvons bâtir un programme cohérent de recherche appliquée. Cependant, pour évaluer pleinement le rôle des PFNL dans la conservation des forêts, il est important de continuer à soutenir les activités de recherche appliquée, visant à combler nos lacunes dans ce domaine. Ainsi, nous pourrons répondre aux questions suivantes :

Références

ENJEUX ECOLOGIQUES

1 «Atelier international d'experts sur les Produits forestiers non ligneux en Afrique centrale»

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